vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 01 mars 2020 — 1er dim. du Carême — Frère Ghislain
Cycle : Année A
Info :

Année A - 1er Dimanche de Carême - 1°mars 2020

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Genèse 2, 7-9 ; 3, 1-7 ; Romains 5, 12-19 ; Matthieu 4, 1-11

Homélie de F.Ghislain

Texte :

Au début de cette eucharistie, le célébrant qui parlait entre nom à tous, à nous qui sommes ici ce matin, a demandé à Dieu tout puissant, donc capable de répondre à notre requête, de « progresser dans la connaissance de Jésus-Christ ». A la fin de la célébration, il renouvellera notre prière : « apprends-nous à toujours avoir faim du Christ ». Connaître Jésus, avoir faim de lui. Voici ce que l’Eglise nous propose au début de ce Carême.

La première chose à faire, donc, maintenant, c’est de vérifier notre désir. Est-ce que la connaissance de Jésus, la faim de Jésus nous habite ? Sommes-nous comme saint Paul lorsqu’il écrit aux habitants de Philippes : « Il s’agit pour moi de connaître le Christ, d’éprouver la puissance de sa Résurrection et de communier aux souffrances de sa Passion » (3, 10). Peut-être, si nous sommes loyaux avec nous-mêmes, devrons-nous constater la faiblesse de ce désir, le peu d’appétit pour cette faim ? Pourtant nous avons été baptisés, nous avons reçu le Saint-Esprit, c’est-à-dire : nous sommes du Christ, la flamme spirituelle que Dieu a allumée en nous est encore là, vivante. De la sorte, la première chose à faire en ce début de Carême, n’est-ce pas de prendre le temps de rentrer en nous-mêmes, de retrouver au fond de notre cœur ce désir, de ranimer cette flamme qui vacille encore en nous ? Si nous nous donnons un moment de recueillement, nous comprendrons à nouveau ce qui nous anime en profondeur, le Saint-Esprit nous donnera de l’air, notre désir s’enflammera, notre faim grandira. Ne manquons pas cette occasion : elle nous permettra, à la fin du Carême, pendant les Jours Saints, de communier à la Passion et à la Résurrection de Jésus.

Qu’est-ce que nous connaîtrons alors de Jésus ? Le récit de la tentation nous le répète trois fois : son écoute du Père, de la parole de celui-ci, son obéissance. La première lecture nous aide à comprendre : quelle qu’ait été la réalité de ce qu’elle nous raconte sous le mode de l’histoire du Paradis perdu, il reste ceci qui est impressionnant : dès le moment où des hommes se sont rendu compte qu’il y avait un Dieu et que celui-ci leur parlait, ils n’ont pas répondu. Tout était possible à leur humanité naissante, à leur innocence inaugurale, ils se sont détournés. Comment expliquer cela ? Il n’y a pas d’explication ; c’est le mal, et la création tout entière a commencé à se dérégler, à se défaire, d’autant que les hommes, nous compris, ont continué ce chemin négatif.

Jésus à l’inverse, lui aussi innocent à l’origine, entrant dans le monde, déclare à Dieu dans le secret de son cœur : « Me voici, je suis venu pour faire ta volonté » (Heb. 10). Dès le début « sa nourriture est de faire la volonté de Celui qui l’a envoyé et d’accomplir son œuvre » (Jean 4). La Parole de Dieu est la lumière sur sa route, elle le fait vivre. Et saint Paul nous dit, dans la seconde lecture, que cette obéissance restaure et au-delà la malédiction initiale.

C’est cela, frères et sœurs, que nous demandons de comprendre au début de ce Carême : la gratuité insensée du mal, l’insondable générosité du bien en Jésus-Christ. C’est la lumière que nous désirons. Ce carême n’est pas le premier, cette connaissance de Jésus nous a déjà été donnée ; elle s’entretient, nous dit encore la prière initiale de ce dimanche, par une vie fidèle, c’est-à-dire illuminée par la parole de Dieu et la réponse que nous essayons de lui donner jour après jour. C’est la vie du Christ en nous , pénétrée d'un esprit de simplicité et d'enfance spirituelle, ravie par le souvenir de Dieu qui provoque émerveillement, adoration confiance. Au fond, ce n'est pas tellement compliqué, c'est à notre portée. On ne nous demande de grands desseins ni des merveilles qui nous dépassent, mais plutôt l'humble attention à la Parole et à la Vie, là où nous sommes, en communion avec nos frères les hommes, tout et chacun, pris entre le bien et le mal. Leur combat est le nôtre, le nôtre est le leur, et Jésus-Christ triomphe en tous.

2020

Homélie du 26 février 2020 — Mercredi des Cendres — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

Mercrdi des CENDRES - 26.02.2020

Jl 2, 12-18 ; 2 Co 5, 20-6, 2 ; Mt 6,1-6, 16-18

Homélie du P.Luc

Texte :

Frères et Sœurs,

Dans cette célébration, nous entendons beaucoup d’impératifs : « revenez à moi, déchirez vos cœurs, laissez-vous réconcilier avec Dieu, ne fais pas sonner la trompette quand tu fais l’aumône, ne soyez pas comme ceux qui se donnent en spectacle quand vous priez, ne prenez pas un air abattu quand vous jeûnez »… et dans quelques instants chacun de nous entendra « convertis-toi et croie à l’évangile »… En ce mercredi des cendres, ces impératifs, ces mots d’ordre voudraient nous mettre en marche, chacun et tous ensemble, pour que quelque chose change dans nos vies.

« Convertis-toi et croie à l’évangile », pourrait résumer le mouvement de fond qui nous est demandé. Se convertir, comment entendre ce mot de façon nouvelle alors qu’on l’entend déjà si souvent dans notre vie chrétienne et dans la vie monastique en particulier ? Comment l’entendre ? N’est-ce pas en regardant plus profondément Celui qui nous adresse cet appel ? N’est-ce pas en essayant d’entendre dans la voix qui nous interpelle « le Seigneur notre Dieu, qui est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour » ? N’est-ce pas en reconnaissant le regard d’espérance que Jésus porte sur nous, Lui qui s’est identifié à l’homme blessé par le péché ? Alors, oui, en nous fondant sur la tendresse de Dieu pour nous et sur sa proximité à nos côtés, nous pouvons entendre comme une invitation heureuse et très bonne, l’appel à nous convertir. Dieu espère pour nous plus que nous n’espérons pour nous-même. Dans son invitation à revenir à lui, à nous laisser réconcilier avec lui et à être juste dans nos relations avec les autres, nous pouvons apercevoir et reconnaitre son projet sur nous. Là où le péché nous tire sur des chemins de fatigue et d’usure, revenir à notre Dieu nous donnera de reprendre le juste chemin. Là où l’oubli de Dieu et des autres nous laisse vide d’amour, nous laisser réconcilier avec notre Père et avec nos frères nous rendra à nous-mêmes et à notre capacité d’aimer. Oui, frères et sœurs, tournons la page de nos vieilles habitudes, tournons le dos à nos idoles qui nous usent et nous abusent, et croyons à l’évangile.

Croire à l’évangile. Cette injonction peut paraitre étrange, car nous pensons évidemment que nous croyons déjà à l’évangile. Au seuil de notre marche vers Pâques, cependant, croire à l’évangile nous replace, non devant une évidence qui serait trop connue, mais devant un mystère encore à découvrir et à accueillir. En effet devant la grandeur de ce que Jésus a accompli pour nous en sa mort et sa résurrection, nous restons des mal-croyants. Nous peinons à laisser cette bonne nouvelle de la mort et de la résurrection illuminer vraiment notre vie. Car laisser cette bonne nouvelle illuminer notre vie, c’est consentir à prendre nous-même le chemin que Jésus à pris. Durant ces 40 jours, nous allons être entrainés à sa suite. Nous allons le laisser apprivoiser nos peurs, nos réticences, guérir nos répugnances. Nous allons lui confier nos impuissances et nos manques de foi. Croire en la Bonne Nouvelle de la mort et de la résurrection de Jésus le Christ, notre Seigneur, c’est laisser peu à peu cette lumière forte traverser jusqu’aux part d’ombre et de souffrance de notre existence, pour peu à peu nous apprendre à les unir à la Passion de Jésus.

Prenons avec confiance et joie le chemin de Pâques, sans crainte de nous laisser surprendre et déplacer, avec le seul désir d’écouter et de nous laisser transformer par les moyens modestes mais profonds qui nous serons suggérés par l’Esprit et par l’Eglise.

Homélie du 09 février 2020 — 5e dim. ordinaire — Frère Antoine
Cycle : Année A
Info :

Année A -5ème Dimanche Ordinaire - 9 Février 2020

ls 58.7-10. lCo 2. 1-5. Mt S. 13-16

Homélie du F.Antoine

Texte :

Frères et Sœurs ... qui d'entre nous s'est dit en se levant ce matin« Moi, je suis le sel de la terre et la lumière du monde ! » ... Même après une solide thérapie, arriverait-on à une pareille image de nous-même?... C'est pourtant ce que le Seigneur vient de nous dire...

Il ne nous dit pas« voulez vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde... ?

Il nous affirme..Oui..Vous..Vous tous..Vous êtes Le sel de la terre et la lumière du monde !

Ces images fortes...que veulent-elles dire ?

Par exemple celle du Sel ? Son usage est nécessaire ..et en même temps il est toujours mélangé à autre chose et il ne se voit pas! Il n'agit qu'au contact d'une autre réalité.

N'y aurait-il pas là une image du comportement chrétien qui nous est demandé?... une image d'avoir à vivre mélangé à une humanité de plus en plus loin de Dieu...de vivre mon être de baptisé, de croyant... dans cette société qui m'est donnée et qui est la mienne, en étant comme le sel... peu visible- mais actif, discret, à l'écoute des besoins ou des souffrances mises - comme par hasard- sur mon chemin... ?

Vous êtes le sel de la terre ! Quelle attitude pleine d'exigences nous est demandée, quelle foi profonde doit nous animer... pauvres humains que nous sommes guettés par l'affadissement, la lassitude, la lâcheté. En fait, nous essayons de croire en Jésus... mais... en réalité... c'est LUI qui croit en nous ... c'est LUI qui y croit...et totalement!

Mais le Seigneur ne s'arrête pas là, il ajoute « Vous êtes la lumière du Monde ! » Alors là, Le Seigneur va un peu fort! Nous... chacun d'entre nous ici présent, nous serions la lumière du monde?... ça se saurait quand même !... Il ne nous est pas dit d'essayer de l'être.. de faire des efforts. Non, vous les chrétiens, vous êtes la lumière...du monde= Vous l'Êtes, un point c'est tout et que votre lumière brille devant les hommes!..

Alors là, frères et sœurs, il y a de quoi est consterné ! Nous...être une lumière qui brille devant les autres.. !

Heureusement, le Seigneur a dû prévoir l'état d'âme de ses disciples présents et à venir, et on peut se demander si le ton de sa voix ne s'est pas alors -remplie-de-douceur quand il leur dit et.. Nous dit« Voyant ce que vous faites de bien, les hommes rendront

gloire au Père qui est aux cieux. >

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Ce bien n'est pas précisé...à chacun de le trouver... Mais, faire ce bien, ne serait-il pas celui de réaliser le commandement nouveau qui est la clef de tous les évangiles « Et

moi, je vous dit: aimez vous les uns les autres ! »

- Oui, chaque fois que nous faisons quelque chose de bien,

- Chaque fois que nous mettrons en œuvre cet amour des uns pour les autres, alors la beauté lumineuse et radieuse de ce bien-- conduira des hommes non à_nous rendre

g_l9jrn...! mais à être 'avec nous' ceux qui glorifient - à Jamais- notre Père qui est aux cieux

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Homélie du 02 février 2020 — Présentation du Seigneur — Frère Jean-Louis
Cycle : Année A
Info :

Présentation du Sgr (02/02/2020)

(Ml 3, 1-4 – Ps 23 – Hb 2, 14-18 – Lc 2, 22–40)

Homélie du F.Jean-Louis

Texte :

Frères et sœurs,

Il y a donc 40 jours, nous fêtions la Nativité du Seigneur, la Noël, et ce dimanche 2 février, avec la fête de la Présentation du Seigneur au Temple, nous concluons ce cycle inauguré par Noël. Nous ont été présentés plusieurs aspects de la venue du Christ parmi les hommes. Sa manifestation aux bergers, aux Mages païens venus d’Orient (l’Epiphanie), son baptême inaugurant sa vie publique, mais aussi la sainte famille de Jésus, Marie et Joseph, ainsi que la fête de Marie, Mère de Dieu le 1er janvier. La liturgie nous a donc présenté de façon variée cette incarnation du « Verbe de Dieu qui s’est fait chair et a habité parmi nous » comme le proclamait l’évangile de la messe du jour de Noël.

Les premiers dimanches du temps ordinaire étaient eux aussi marqués par cette manifestation de Dieu aux hommes. Sortis du temps de Noël, nous sommes restés néanmoins dans son rayonnement. Ainsi, il y a 15 jours, l’évangile du 2e dimanche ordinaire, faisait dire à Jean le Baptiste : « Moi j’ai vu et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. » L’évangile de dimanche dernier, lui, parlant du choix par Jésus des premiers disciples, rappelait cette belle prophétie d’Isaïe entendue la nuit de Noël : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ».

Christ Fils de Dieu, Christ révélé aux marginaux du peuple d’Israël (les bergers) et même aux païens, Christ, Verbe fait chair, Christ Fils de Marie, Christ, lumière dans les ténèbres. La liturgie n’en finit pas de nous ouvrir au mystère de Jésus. Mystère insondable, il est vrai.

Aujourd’hui, 40 jours après le 25 décembre, l’Eglise célèbre donc la Présentation de Jésus au Temple de Jérusalem. Après 40 jours en effet, la famille juive pieuse présentait son fils premier-né au Temple pour le consacrer au Seigneur et le racheter par un sacrifice offert. Ainsi nous est révélé la condition pleinement humaine de Jésus. Il a vécu ce que vivait tout enfant juif de son temps et de son lieu. Cette consécration de Jésus au Temple est la raison pour laquelle l’Église a choisi ce jour pour en faire la journée de la vie consacrée.

Mais voilà que Siméon et Anne surviennent, le premier, pour révéler aux parents assez stupéfaits, il faut bien le dire, que leur fils est le salut préparé à la face des peuples et la lumière qui se révèle aux nations. Quant à Anne, elle proclame les louanges de Dieu et parle de l’enfant à tous ceux qui attendent la délivrance de Jérusalem, entendez qui attendent le Messie libérateur.

Frères et sœurs, en quelques semaines, la liturgie nous a nourris de manière extraordinaire. Nous avons fêté le Christ lumière alors que nous étions au cœur des nuits les plus longues de l’année, autour de Noël, et nous fêtons encore en ce jour le Christ lumière des nations, Messie libérateur, alors que les journées croissent de plus en plus et que, déjà nous espérons le printemps et le renouveau de la nature.

Et, de fait, l’évangile d’aujourd’hui, nous oriente déjà vers la Passion et donc vers Pâques. Siméon, en annonçant à Marie que son fils serait un signe de contradiction et qu’un glaive traverserait son âme, annonçait déjà le Mystère pascal.

L’enfant de la crèche et le crucifié ne font qu’un, nous le savons, et les lectures de ce jour complètent ce que nous avons déjà entendu depuis Noël et qui peut nourrir notre regard sur le Dieu de Jésus Christ et le Christ lui-même.

La première lecture nous a parlé de la venue du Seigneur dans son Temple. Venue sous un aspect assez fort : feu du fondeur, lessive du blanchisseur qui ne détruisent pas mais purifient pour pouvoir présenter l’offrande en toute justice. Le psaume qui suit, dans la même ligne, marque une réelle solennité de cette venue : « Portes, levez vos frontons, élevez-vous, portes éternelles, qu’il entre le roi de gloire, c’est le Seigneur, le fort, le vaillant, … »

Quant à la seconde lecture, extraite de la lettre aux Hébreux, elle nous oriente franchement vers la Passion et la Pâques en donnant le sens du Mystère pascal. « Parce que le Christ a souffert jusqu’au bout l’épreuve de sa Passion il est capable de porter secours à ceux qui subissent une épreuve. En effet, par sa mort, Jésus a rendu libres ceux qui, par crainte de la mort, passaient toute leur vie dans une situation d’esclaves. »

Déjà, cette seconde lecture nous montre une victoire bien moins triomphale que ce que notre vision spontanée de la toute-puissance de Dieu nous aurait fait espérer. Pas de triomphe claironnant mais un Christ qui va affronter la mort et quelle mort, comme tout autre homme. La victoire du Christ passe d’abord par une défaite apparente. Et ce que nous voyons lors de la Passion, nous le retrouvons en quelque sorte dans la Présentation du Seigneur. Quand on y réfléchit un peu, ce n’est pas rien l’entrée du Fils du Père dans le Temple du Seigneur. Dieu rencontre Dieu. Et pourtant, cela se fait dans une simplicité désarmante. Pas de grande cérémonie mais le rituel habituel pour tout enfant juif premier-né. Purification de Marie selon la Loi mais dont on nous dit encore moins. C’est simplement évoqué. Et que dire de l’offrande (deux tourterelles) qui est l’offrande des pauvres, les riches pouvant offrir un taureau. Nous retournons à la simplicité de la crèche. Les témoins ne semblent être que deux vieillards dont une veuve, femme dont la destinée a été brisée et qui a dû vivre une vie bien pénible, sans la protection d’un mari. Mais elle était toute tournée vers Dieu dans le jeûne et la prière, comme Siméon était à l’écoute de l’Esprit Saint. Pas de grande foule donc, pas de cohortes de prêtres et de lévites, pas de prince pour accueillir le Messie. Mais deux pauvres d’Israël dont l’un a le culot d’annoncer, dans la ligne du prophète Isaïe, que cet enfant est le Salut non seulement pour Israël mais pour toutes les nations.

Frères et sœurs, la célébration d’aujourd’hui est sous le signe de la lumière. Nous l’avons vécu particulièrement lors de l’ouverture de cette célébration. C’est le Christ lumière pour tous les peuples que nous sommes venus rencontrer. C’est aussi un enfant fragile, c’est aussi un enfant qui ne sera reconnu comme le Messie, le Salut du monde que par deux marginaux de la société du temps et non pas par la hiérarchie religieuse ou politique.

Nous sommes ainsi confirmés par les lectures d’aujourd’hui dans cette réalité que Dieu, le Tout-Puissant, le créateur de tout ce qui existe, l’au-delà de tout et de tous, se révèle dans la pauvreté, la simplicité la plus radicales et ce ne sont que ceux qui sont pauvres de cœur (même s’ils sont mages) et ceux qui sont ouverts à l’imprévu de Dieu qui peuvent l’accueillir. Voilà la veille que Dieu nous demande : garder un cœur de pauvre avide d’accueillir la nouveauté incroyable du Dieu qui se fait homme, qui vit une vie d’homme dans toute sa simplicité. Nous rêvons de succès de réussite, d’efficacité, même au niveau spirituel, mais, pour accueillir le Seigneur pour le reconnaître lorsqu’il se présente, ne convient-il pas d’être d’abord des personnes acceptant leur pauvreté tout en se tournant vers le Seigneur qui seul peut nous enrichir ? N’est-ce pas la foi inconditionnelle en ce Dieu déroutant qui est nécessaire ?

Fête de lumière, Chandeleur, que les textes de ce jour et la célébration que nous vivons nous orientent vers l’accueil du Seigneur, le Tout-Puissant qui, pour nous libérer, s’est fait semblable à nous pour souffrir jusqu’au bout sa Passion.

La Naissance du Seigneur nous oriente déjà vers sa Pâque. Orientons nos cœurs à sa suite en suivant son enseignement de dimanche en dimanche.

AMEN

Homélie du 19 janvier 2020 — 2e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année A
Info :

Année A - 2e DIMANCHE DU TO – 12 janvier 2020

Is 49, 3.5-6 – 1 Co 1, 1-3 – Jn 1, 29-34

Homélie du f. Hubert

Texte :

« Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. »

Parole de Jean-Baptiste, que nous entendons à chaque eucharistie, avant de communier.

Qu’est-ce que cela veut dire ?

Chrétiens massacrés, églises profanées au Burkina Faso ; tueries, décapitations au Nigeria ;

en France : crèches et statues détruites, cimetières juifs profanés,

règne de la force et du mensonge, du refus de l’autre, guerres par morceaux…

Divisions, susceptibilités, rivalités, entre chrétiens, et à l’intérieur même des Eglises…

Abus de pouvoir et de conscience, incestes, perversion… blessures à vie, …

« Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. »

Qu’est-ce que cela veut dire ?

Le sang de l’agneau pascal a protégé les hébreux de la mort, la nuit de la sortie d’Egypte.

L’Agneau de Dieu a versé lui-même son sang pour protéger tous les hommes :

par lui le "salut" de Dieu peut parvenir "jusqu'aux extrémités de la terre"

et au plus profond de nous-mêmes.

Nous avons célébré dimanche dernier le Baptême du Christ :

Jésus a voulu vivre là un geste symbolique manifestant sa solidarité avec les pécheurs

– le contraire du refus de l’autre – ;

et Dieu a « manifesté en lui sa splendeur » : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je trouve ma joie. »

Au terme de sa vie publique, Jésus a vécu, non plus le symbole, mais la réalité :

il a pris la place du péché sur la croix,

pour que le pécheur soit libéré du péché.

Et Dieu a « manifesté en lui sa splendeur » en le ressuscitant des morts.

Dieu ne supporte pas le péché ; Dieu ne supporte pas que l’homme soit détruit par le mal.

Alors, Jésus, le Fils bien-aimé, porte lui-même le péché, il prend sur lui le mal, pour l’enlever.

« Dieu l’a identifié au péché, afin qu’en lui, nous devenions justes de la justice même de Dieu ».

L’Agneau de Dieu rend au pécheur – à l’homme blessé comme à l’homme agresseur – son vrai visage.

Dieu se laisse défigurer pour que l’homme retrouve son humanité.

Le péché, c’est ce qui abîme l’homme, dans sa relation à Dieu, aux autres, à la création, à lui-même.

La grâce, c’est tout ce qui établit l’homme dans la lumière, dans des relations heureuses et fécondes ;

ce qui restaure l’homme quand il est abîmé.

Puisque nous nous abîmons nous-mêmes, puisque nous nous abîmons les uns les autres, Dieu nous restaure.

C’est cela ôter le péché.

Dieu nous promet un ciel nouveau et une terre nouvelle où il n’y aura plus de mal.

La lumière de la Jérusalem céleste c’est précisément l’Agneau, qui ôte le péché en le prenant sur lui.

Innocent, nous l’avons condamné et rejeté ;

pécheurs, accusateurs, il nous a justifiés et unis à lui.

Lumière des nations, Alliance nouvelle,

il s’est laissé anéantir, prendre figure inhumaine et coupable, jusqu’à la mort,

pour que l’humanité soit délivrée de son inhumanité, et revête la splendeur même du Dieu saint.

« Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. »

Laissons-nous saisir par cette parole que nous l’entendons à chaque eucharistie,

avant de communier au mystère de l’amour sauveur :

Quand nous communions au Corps et au Sang du Christ,

nous recevons celui qui enlève notre péché,

celui qui enlève le péché du monde entier,

celui qui nous baptise et baptise le monde entier dans l’Esprit Saint.

« Rendons grâce à Dieu le Père… dit Paul.

Nous arrachant au pouvoir des ténèbres, il nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé :

en lui nous avons la rédemption, le pardon des péchés. »

Il nous rend à notre humanité et nous divinise.

Et pas seulement de chacun de nous, individuellement,

ni un peuple choisi – Israël ou l’Eglise – mais le monde entier :

« C’est trop peu que tu sois mon serviteur

pour relever les tribus de Jacob, ramener les rescapés d’Israël :

je fais de toi la lumière des nations,

pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. »

Baptisés dans le baptême du Christ, puissions-nous, avec le psalmiste, répondre :

« Tu as ouvert mes oreilles ; alors, j’ai dit : « Voici, je viens » ».

- 12 janvier 2020

Homélie du 12 janvier 2020 — Baptême du Seigneur — Frère Damase
Cycle : Année A
Info :

année A - 12 janvier 2020 -- Fête du Baptême du Seigneur

Is 42,1-4.6-7 ; Ac 10,34-38 ; Mt 3,13-17

Homélie du F.Damase

Texte :

Le prophète Ézéchiel avait annoncé qu’à la fin des temps l’Esprit de Dieu unirait tous les humains dans une communauté stable :

Je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés...

Et je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau...

Je mettrai mon esprit en vous ...

Vous serez mon peuple et moi je serai votre Dieu. (Ezéchiel 36, 25-28)

À travers les lectures de cette Fête du Baptême du Seigneur, nous entendons la voix de cet Esprit de Dieu, le murmure de ce souffle, la brise légère entendue par Ézéchiel sur le mont Sinaï.

Dans la première lecture, le prophète Isaïe annonce comment cet esprit plein de tendresse reposera d’abord sur le Messie, le Serviteur de Dieu : « J’ai fait reposer sur lui mon esprit...Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton... Il n’écrasera pas le roseau froissé, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit. »

Ceci se réalise au moment où Jésus descend dans les eaux du Jourdain. Les cieux s’ouvrent, l’Esprit de Dieu descend sur lui sous la forme d’une colombe et la voix du Père se fait entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j’ai mis tout mon amour. » On sent qu’on passe alors d’un Testament à l’autre. En effet, toute cette atmosphère d’amour et de tendresse contraste avec le caractère abrupt du style de vie et de la prédication de Jean le Baptiste (Ne disait-il pas aux Pharisiens et aux Sadducéens : « Engeance de vipères, qui vous a suggéré d’échapper à la Colère prochaine ? »).

À partir du moment où Jésus, le Fils de Dieu, est descendu dans l’eau du Jourdain avec tous les pécheurs qui venaient faire pénitence, et qu’il assumait ainsi toute notre condition humaine, les cieux – qui représentent la demeure de Dieu – sont ouverts et resteront ouverts. Désormais une communication ininterrompue entre le ciel et la terre est possible. Une relation d’amour entre le Père et tous ceux qui ont reçu l’Esprit de son Fils bien-aimé peut se réaliser. Non seulement la prière continuelle mais l’union contemplative devient une réelle possibilité, une vocation pour chacun de nous.

Au début de la création (Gen 1,2) le Souffle de Dieu planait sur les eaux et en les agitant en faisait jaillir la vie. C’est le même Souffle de Dieu qui est descendu sur Jésus dans les eaux du Jourdain, tout comme il était descendu sur Marie pour en faire la Mère de Dieu. Ce même Souffle, ce même Esprit est descendu sur chacun de nous le jour de notre baptême. Il nous a alors donné la mission d’apporter la paix, la bonté, la compassion, l’amour dans un monde toujours si rempli de violence et de revanche, d’attaques et de contre-attaques.

Ce qu’Isaïe décrit comme l’attitude du Serviteur devient pour nous une mission ou un mot d’ordre :

Il n’écrasera pas le roseau froissé,

il n’éteindra pas la mèche qui faiblit,

il fera paraître le jugement en toute justice.

Puissions-nous tous être dans notre monde des artisans de paix remplis de compassion et de compréhension, nous qui, dans le Christ, sommes les bien-aimés de Dieu.

527 mots

Homélie du 05 janvier 2020 — Epiphanie du Seigneur — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

Année A - EPIPHANIE - 05.01.2020

Is 60, 1-6 ; Ep 3, 2-3a.5-6 ; Mt 2, 1-12

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

« Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi »… c’est avec ces mots qui résonnent depuis des siècles dans les assemblées juives et chrétiennes que le prophète Isaïe nous appelle à nous redresser dans l’espérance et à ouvrir nos yeux ce matin… Ouvrir les yeux de la foi, de la confiance en la promesse divine qui est fidèle. Mystérieuse lumière qui ne fait pas nombre avec les ténèbres, puisque le prophète ajoute aussitôt après : « voici que les ténèbres couvrent la terre, et la nuée obscure couvre les peuples ». Cette lumière-là inséparable de la gloire du Seigneur ne chasse pas les ténèbres, elle les traverse. « La lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas arrêtées » nous assure St Jean dans le prologue de son évangile. Selon notre manière spontanée de regarder la réalité physique, de façon binaire, nous aimerions que s’il y a lumière, il n’y ait plus ténèbres. La lumière divine qui se lève depuis les temps anciens traverse les ténèbres. Elle nous permet d’habiter avec les ténèbres, non de les faire disparaitre en ce monde



A la reconnaissance de cette lumière, tous les peuples sont conviés. Ils accourent vers elle à la manière des mages venus d’Orient, qui suivent leur étoile… Faible lumière de l’astre qui a lui dans leur nuit…à la manière de la vie, cette vie dont Jean nous dit « qu’elle était la lumière des hommes ». Les mages ont fait confiance à la vie et ils sont partis sans bien savoir où ils allaient. Ils se sont laissé guider par la vie, cette belle et fragile lumière pour aller vers la Vraie Lumière, un enfant, le Verbe fait chair. Cet enfant, attendu par le peuple juif pour être son chef, son berger, est reconnu d’abord par les étrangers venus de loin qui ont été à l’écoute de la vie. Le roi Hérode et les scribes avaient les Ecritures, mais les avaient semble-t-il un peu oubliées… Ils ne sont pas prêts à se prosterner devant le Vrai Roi. Hérode veut se renseigner, mais non se mettre vraiment à l’écoute. Il n’attend plus et ne cherche plus la Vraie Lumière, car peut-être n’est-il plus déjà à l’écoute de la Vie.

Les mages reconnaissent le Vrai roi dans cet enfant couché dans une mangeoire entre ses parents, deux pauvres de la lignée de David. Ils offrent l’or, l’encens et la myrrhe parce qu’ils ont reconnu sa gloire, non la gloire humaine qu’il n’a pas du tout, mais la gloire que cet enfant tient de son Père, comme Fils unique, plein de grâce et de vérité, pour reprendre les mots de Jean. L’or confesse sa dignité royale, l’encens atteste son origine divine et la myrrhe annonce sa destinée mortelle. Le Vrai Roi qu’ils adorent ne fait pas nombre avec les autres rois, comme la Vraie Lumière ne fait pas nombre avec la lumière et les ténèbres humaines. Son pouvoir ne s’étend pas sur des territoires, mais sur des cœurs. Il n’appelle pas la soumission servile, mais la révérence aimante. « Clarté d’en haut », il est venu se révéler dans la faible lueur d’un visage d’homme, jusqu’à se laisser obscurcir dans la défiguration de la passion. Il a traversé les ténèbres pour resplendir dans la pleine lumière de la Résurrection.

En cette eucharistie, accueillons de manière plus confiante cette Clarté d’en haut, en nous laissant guider vers elle par la vie. Tournons-nous vers le Christ, le Verbe fait chair, la Vraie lumière « avec un cœur plus aimant », sans crainte devant ce roi qui veut notre liberté. Offrons-lui l’or à travers notre générosité pour tous les êtres qui attendent de nous la reconnaissance de leur dignité royale. Présentons-lui l’encens de notre prière fidèle et persévérante, témoignage pour nous et pour le monde qu’Il est la Vraie Lumière. Apportons-lui la myrrhe, l’attestation de notre foi que sa mort est vraiment passage vers la vie, et que nos ténèbres et nos morts ne peuvent faire obstacle à sa Vie offerte en plénitude. - 5 janvier 2020

Homélie du 01 janvier 2020 — Marie, Mère de Dieu — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

Année A -SAINTE MARIE MERE DE DIEU - 01.01.2020

Nb 6, 22-27 ; Ga 4, 4-7 ; Lc 2, 16-21

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et soeurs,

« Marie retenait tous ces évènements et les méditait dans son cœur »… Nous imaginons Marie repassant dans son esprit les paroles des bergers qui ont raconté la vision des anges et leur parole : « aujourd’hui vous est né un sauveur qui le Christ, c’est-à-dire le Messie que tout juif attendait, le Seigneur ». Nous imaginons Marie se remémorant les évènements de l’enfantement, des moments uniques et inoubliables pour une femme. Et tout ceci ne peut que faire écho en son cœur avec les paroles de l’ange Gabriel lui annonçant qu’elle va concevoir un fils, qui sera « appelé Fils du Très-Haut, Fils de Dieu »… Que d’évènements, que d’émotions, que de paroles fortes si peu banales…Ainsi Marie en présence de son enfant nouveau-né qu’elle allaite, lange et cajole, roule dans son esprit et son cœur tout cela. Nous touchons dans cette scène racontée par l’évangéliste Luc, le profond travail d’intelligence qu’a dû faire Marie. De cette façon, elle s’est disposée intérieurement pour se prêter toute entière à sa mission de Mère du Sauveur, de Mère de Dieu comme on le dira plus tard pour bien faire comprendre comment Dieu a été proche jusqu’à devenir enfant, « né d’une femme, soumis à la Loi ». Voilà comment Marie une femme, une sœur de chez nous, a appris son métier de Mère de Dieu, pour dire familièrement les choses.

Commencer l’année en regardant ainsi Marie, peut nous être d’un bon secours pour mener au mieux notre vie de chrétien et de fils de Dieu. Comment faire pour que tous les évènements de l’année qui s’ouvre nous soient vraiment profitables et utiles ? Comment faire pour que notre quotidien nourrisse notre vie chrétienne et serve au projet de Dieu sur nous et sur le monde ? Avec Marie, il nous faut apprendre à comprendre notre vie quotidienne et les évènements qui la parsèment à la lumière du dessein de Dieu sur nous et sur le monde. Nos vies peuvent trouver à cette lumière un éclairage nouveau et plus profond. Pour cela, il nous faut apprendre comme Marie à faire silence, à nous recueillir de temps en temps pour retenir les choses importantes et à les méditer à la lumière de la Parole de Dieu qui donne du sens et du poids à nos réalités humaines… Comment faire ? Peut-être pouvons-nous être attentifs aux passages des Ecritures qui nous touchent, ou bien à une hymne ou une prière de la liturgie, pour les retenir, les apprendre par cœur afin de les retourner dans notre cœur. A cette lumière, du sens pourra peut-être jaillir. Peut-être pouvons-nous à l’école de la Vierge Marie, réciter le chapelet en méditant les grands moments de la vie de Jésus, « les mystères », qui éclairent le dessein de Dieu sur l’humanité, et du coup qui peuvent éclairer notre propre vie… Peut-être pouvons-nous laisser la liturgie nous enseigner par sa façon de donner du sens avec les paroles qui se recoupent, qui se complètent dans la méditation du mystère de Dieu et de son amour pour nous. Hier soir aux vigiles, le dernier chant de louange le faisait magnifiquement. Il chantait la louange de Dieu, Père, Fils et Saint Esprit, en rappelant à travers toute l’histoire du peuple d’Israël, combien notre Dieu nous crée sans cesse, combien il nous sauve et combien il vient nous parler d’âge en âge… toute l’histoire humaine est une histoire d’alliance entre Lui et l’humanité. A cette lumière, notre petite vie, notre quotidien le plus banal peut trouver sens, et recevoir force, goût et joie en s’insérant dans ce projet d’alliance que notre Dieu désire tisser avec chacun et avec tous.

En ce jour, appuyons-nous sur la prière de Marie, Mère de Dieu, notre sœur et notre Mère, pour avec elle oser avancer dans cette année avec le désir d’être plus à l’écoute de la Parole de Dieu qui fait sens. - 1 janvier 2020

Homélie du 25 décembre 2019 — Noël - Messe du jour — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

Année A -Messe de la nuit NOEL 2019

Is 9, 1-6 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Comment reconnaitre l’invisible dans le visible ? Comment habituer notre regard intérieur à voir, à reconnaitre ce que les yeux de chair ne verront jamais ? N’est-ce pas à cet exercice que nous entraine l’évangéliste Luc dans le récit que nous venons d’entendre, pour reconnaitre dans l’enfant nouveau-né, le Messie, le Seigneur d’Israël ? D’un côté, il nous montre un enfant nouveau-né ordinaire, de l’autre, à quelques lieux de là, il relate la présence d’anges qui prétendent que cet enfant est le Messie attendu, le Seigneur. D’un côté, Luc situe cet enfant dans l’histoire très concrète d’un peuple appelé à se faire recenser, de l’autre il suggère par la troupe céleste innombrable que la gloire invisible de Dieu donne à ce moment de l’histoire une dimension tout autre. Luc semble nous dire qu’il nous faut lire l’évènement sur deux registres pour ne pas passer à côté de son sens : celui de l’enracinement dans notre terreau humain et celui de l’irruption divine dans notre histoire. Et qui est chargé de faire le lien entre les deux registres ? Ce sont les bergers. Ces témoins improbables sont convoqués pour aller reconnaitre l’évènement et à en manifester la portée, comme la suite du récit l’atteste, lorsqu’ils vont raconter tout ce qui leur a été dit au sujet de cet enfant. A eux revient de nouer le sens véritable de cette naissance apparemment banale. Et il leur est donné un signe, un signe incongru au regard du message entendu : le Messie annoncé sera reconnaissable dans un nouveau-né couché dans une mangeoire.

Des anges, des témoins les bergers, un signe… voilà la manière avec laquelle Luc veut nous entrainer à reconnaitre l’invisible dans le visible le plus banal… Il ne s’agit pas de preuves, mais plutôt d’indices qui, liés ensemble permettent d’avancer sur le chemin de la foi. Pour croire qu’en Jésus, petit enfant, puis devenu adolescent et homme mûr, nous avons le Messie, le Fils de Dieu fait chair, il nous faut garder ensemble, et les paroles angéliques, et les témoignages et les signes. Paroles angéliques, me direz-vous, nous n’en entendons pas souvent. Nous n’avons pas eu d’apparitions d’anges. Dans le langage biblique, elles expriment toutes les paroles léguées par les Ecritures, qui nous mettent en présence de Dieu et à l’écoute de son dessein de salut pour le monde. A travers les Ecritures, Dieu ne cesse de se communiquer. Et les témoignages ? Nous les avons nombreux depuis les apôtres et les évangélistes jusqu’à ceux qui nous ont transmis la foi. Ils nous rapportent la manière avec laquelle ces témoins ont été touchés par le message de Jésus, Fils de Dieu fait homme, et comment cela a transformé leur vie. Ces témoignages nous nous les partageons continuellement en priant ensemble et en célébrant le mystère de notre foi en Eglise. Et les signes ? Chacun peut les découvrir dans son existence concrète et les discerner à l’aulne des signes éminemment christiques dans lesquels le Christ a voulu se faire connaitre en priorité : la croix, le plus petit d’entre les humains, le pain partagé dans l’eucharistie, le service du frère. Un signe qui serait trop en distance de ceux-là risque fort d’être une idole qui loin de conduire à la connaissance du vrai Dieu en Jésus-Christ, nous en éloignerait.

Frères et sœurs, ce soir, accueillons notre Dieu qui s’est rendu visible en Jésus, et qui se donne en cette eucharistie. Laissons-le-nous entrainer dans cet admirable échange par lequel nous deviendrions semblables à Lui. - 25 décembre 2019

Homélie du 22 décembre 2019 — 4e dim. de l'Avent — Frère Ghislain
Cycle : Année A
Info :

Année A - 4e dimanche de l’Avent - 22 décembre 2019

Isaïe 7, 10-16 ;Romains 1, 1-7; Matthieu 1, 18-24

Homélie du F.Ghislain

Texte :

Nous nous préparons à fêter Noël dans des circonstances difficiles, qui vont mettre un certain climat de tristesse, sinon d’amertume à nos célébrations. En fait, ces sentiments pénibles viennent du fait que les circonstances nous touchent aujourd’hui de près. Si tout allait bien chez nous, nous serions plus sereins, mais à condition d’oublier que cela va mal ailleurs. Dans les évangiles lus à la fin de l’année liturgique qui vient de se terminer, nous avons entendu le récit des signes dramatiques qui accompagneront la venue du Seigneur. Quand nous voyons la marche houleuse aujourd’hui de toutes les parties du monde, parfois nous nous disons : « mais qu’est-ce qui manque aux catastrophes, et alors pourquoi le Seigneur ne vient-il pas ? »

Mais regardons comment les choses se sont passées pour la venue du Seigneur. Dans la première lecture, il est annoncé comme Dieu avec nous. Si nous y pensons, c’est une annonce extraordinaire, inimaginable…Or comment s’est-elle réalisée ? Une venue discrète, incompréhensible même à ceux qui en ont été les acteurs. Et quels acteurs ? un ouvrier et sa jeune femme. Et, si nous regardons la fin de l’évangile de saint Matthieu dont nous avons ici le début, nous voyons que Jésus ressuscité est apparu à un tout petit groupe d’hommes après s’être manifesté à quelques femmes. C’est à cette poignée d’êtres humains qu’il confie la mission universelle, et alors il reprend la prophétie d’Isaïe entendue au début : « je suis avec vous tous les jours ». Jésus, Emmanuel à sa naissance, Emmanuel à sa résurrection. Et dans les deux cas, une extraordinaire discrétion dans un monde aussi troublé que le nôtre. Un peu le contraire de ce qu’on aurait attendu.

S’il en est ainsi, comment pouvons-nous vivre ce Noël ? Je pense : pas autrement que les destinataires de l’annonce évangélique : celle faite à Zacharie, à Joseph, à Marie, et, à l’autre bout, celle aux disciples en Galilée...Chacun d’entre nous ne serait-il pas invité à entendre, là où il est, là comme il est : « Je te salue, François, Jean-Marie, Isabelle, Nicole… le Seigneur est avec toi », et à percevoir quelle mission lui est confiée ? Déjà, au temps des Juges, un homme parmi d’autres israélites, Gédéon, avait reçu la visite d’un ange qui lui avait dit : « Le Seigneur est avec toi », et il avait répliqué : « si le Seigneur est avec nous, pourquoi les choses vont-elles si mal ? » Et l’ange l’avait envoyé sur le champ de bataille, mais avec un contingent de soldats non pas considérable, mais au contraire toujours plus petit.

S’il en est ainsi, chacun d’entre nous, pourrait prendre un peu de temps, se recueillir seul devant Dieu, entendre dans le silence la salutation de Dieu et poser humblement la question de Marie : « comment cela se fera-t-il ? » Comment puis-je laisser éclore en moi l’Emmanuel qui s’y trouve, comment discerner, pour ma part, ce que veut dire être « Dieu avec nous » pour les hommes et femmes que je rencontre, en ce moment, en ce temps de mouvements sociaux comme on dit, mais peu à peu dans toute ma vie.

Chacun de nous aura sa réponse, s’il veut bien prendre le temps de poser la question. De toutes manières elle sera une invitation à continuer ce qui a été essentiel dans la vie de Jésus : s’il est toujours avec nous, c’est pour nous pousser à faire comme lui. Or il a sans cesse prié son Père et nous a enseigné à le faire ; puis il a sans cesse répété à ses disciples : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». S’il y ces deux choses, concrètement mises en œuvre, prière et souci des autres aujourd’hui, là où nous sommes le Royaume des Cieux sera un peu plus annoncé et établi.

Frères et sœurs, comment le monde tient-il encore debout aujourd’hui ? Nous en sommes convaincus : par ce réseau invisible mais réel et serré de ceux que le pape François appelle « les saints de la porte à côté ». Nous en connaissons quelques-uns, de ces saints ; il y en a beaucoup d’autres : dans l’Eglise catholique, certes, mais aussi dans les autres communautés chrétiennes, dans les autres religions, et parmi ceux-mêmes qui, ne croyant pas, ne peuvent prier le Père mais qu’un instinct intérieur pousse à s’engager pour les autres et le font selon leur conscience : seuls, dans des associations, en politique, dans les syndicats... cherchant non à faire triompher des idées mais à y être des instruments de paix

Ecoutons aujourd’hui la salutation de l’ange qui, bien des fois déjà, mais à nouveau aujourd’hui, nous dit que le Seigneur est avec nous, qu’une part, même minime de l’Emmanuel, nous est confiée, et désirons entendre et répondre. Rejoignons ce réseau essentiel d’hommes et femmes de bonne volonté. Cela contribuera à changer la face du monde : c’est possible car l’Esprit-Saint nous a été donné que la puissance de Dieu transfigure notre petitesse et que « le Seigneur est avec nous ». - 22 décembre 2019