Homélies
Liste des Homélies
Année C - 26e DIMANCHE TO – 2019 09 29
Amos 6, 1.4-7 Ps 145 1 Tim 6, 11-16 Lc 16, 19-31
Homélie du F.Hubert
Il y avait un homme riche,
vêtu de pourpre et de lin fin.
Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare.
Cette parabole est une illustration parfaite du chapitre 25 de st Matthieu :
J’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé.
Allez-vous-en loin de moi, dans le feu éternel.
Elle est l’antithèse de la parabole du bon samaritain :
Un Samaritain arriva près de l’homme à demi-mort ; il le vit et fut saisi de compassion.
Il s’approcha, pansa ses blessures et prit soin de lui.
Puisse cette parabole ouvrir nos yeux et notre cœur
pour que tout ce que Dieu nous donne soit au profit de tous nos frères et sœurs !
Pour que nous sachions aussi recevoir de ceux de qui, spontanément, nous sommes portés à ne rien attendre,
ou portés à ne regarder que comme des intrus qui nous dérangent ou nous agressent.
Pour que chacun d’eux, quelle que soit leur condition, soit un visage
que nous respections, que nous honorions, que nous aimions !
Qu’as-tu fait de ton frère ?
Avec le pape François, puissions-nous dire du fond du cœur :
Ce ne sont pas seulement des migrants ! Ce sont des êtres humains, nos frères, nos sœurs…
Il y a quelques jours, une femme m’écrivait:
« Je suis très heureuse d’avoir retrouvé les groupes de jeunes et un nouveau groupe d’adolescents « déficients mentaux », quelle horrible façon de présenter quelqu’un !
Je reçois beaucoup lors de ces rencontres, elles sont pour moi source de Vie »
J’ai reçu une lettre de la Déléguée générale de l’ACAT. Elle écrit :
« Comment ne pas être indignée, révoltée, face au désespoir de tant de personnes que l’on veut briser,
face aux souffrances qu’elles ont subies dans leur chair, dans leur âme ?
Nous pouvons choisir de détourner le regard et nous persuader que cela ne nous concerne pas.
Ou bien, faire entendre notre voix, agir, refuser l’inacceptable !
C’est ce que je m’efforce de faire, à hauteur de mes possibilités, chaque fois que mes valeurs spirituelles et humanistes sont heurtées. J’espère que vous ressentez, vous aussi, ce besoin d’agir face à des situations aussi intolérables ! Ensemble, nous ne restons pas impuissants ! »
Les réponses possibles sont multiples et les souffrances ne sont pas que matérielles ou physiques.
Pour chacun de nous, la prière et le jeûne sont des chemins privilégiés de conversion et d’ouverture aux autres. C’est bien ce que nous enseignent l’Ecriture – Moïse et les prophètes – et la contemplation de Jésus, notre Sauveur, celui qui a pris soin de nous.
La prière pour écouter le désir de Dieu et répondre avec Jésus : « Me voici, pour faire ta volonté. »
Le jeûne pour nous libérer de tout ce qui nous rend esclaves,
tout ce dont nous sommes « accros » et qui nous domine,
nous empêche d’être ouverts aux autres et à la vie véritable.
Cette parabole n’est pas seulement un enseignement moral ;
il s’agit pour nous, disciples du Christ, d’être des révélateurs de Dieu :
nous sommes créés à son image, notre vocation est de vivre à son image.
Soyez miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux.
La mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous.
Nous avons à révéler Dieu, à le rendre présent, à manifester sa sollicitude et son amour !
L’archange st Michel dont c’est la fête aujourd’hui, porte un nom qui signifie « Qui est comme Dieu ? »
Personne n’est comme Dieu !
Et pourtant, dans notre finitude même, nous avons à révéler le visage et le cœur de Dieu !
Vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre, dit Jésus aux Apôtres lors de l’Ascension.
Comment y parvenir, sinon en contemplant Jésus, Dieu fait homme,
afin devenir un peu plus comme lui.
Lui qui est revêtu de magnificence, qui a pour manteau la lumière (Ps 103),
il est mort nu, couvert de crachats et de son propre sang, dans un état pire que celui de Lazare.
Il a crié J’ai soif !
Lui, le Dieu de communion et d’amour, il est mort rejeté, abandonné de tous
afin de nous aimer jusque dans notre rejet.
Il a continué de nous regarder, de visage à visage, de cœur à cœur.
Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font.
Il a traversé l’abîme infranchissable.
Notre parabole nous ouvre à l’écoute de l’Ecriture.
Nous ne pourrons pas vivre à l’image de Dieu et révéler son visage, si nous n’écoutons pas sa parole.
Si nous n’écoutons pas Moïse et les Prophètes, si nous n’écoutons pas le Verbe fait chair.
De notre foi au Christ, écrit le pape dans La joie de l’Evangile,
de notre foi au Christ qui s’est fait pauvre et toujours proche des pauvres et des exclus,
découle la préoccupation pour le développement intégral des plus abandonnés de la société. […]
Chaque chrétien et chaque communauté sont appelés à être instruments de Dieu pour la libération
et la promotion des pauvres, de manière à ce qu’ils puissent s’intégrer pleinement dans la société. […]
Faire la sourde oreille à ce cri, alors que nous sommes les instruments de Dieu pour écouter le pauvre,
nous met en dehors de la volonté du Père et de son projet. […]
L’impératif d’écouter le cri des pauvres prend chair en nous quand nous sommes bouleversés au plus profond
devant la souffrance d’autrui.
Dieu d’amour, montre-nous notre place dans ce monde comme instruments de ton affection
pour tous les êtres de cette terre, parce qu’aucun n’est oublié de toi.
Seigneur, saisis-nous par ta puissance et ta lumière pour protéger toute vie, pour préparer un avenir meilleur,
pour que vienne ton Règne de justice, de paix, d’amour et de beauté. Loué sois-tu. Amen.
Année C -25ème dimanche du Temps ordinaire - 22 septembre 2019
Am 8, 4-7 ; 1 Tm 2, 1-8 ; Lc 16, 1-13
Homélie du F.Damase
La première lecture entendue, nous donne le contexte pour comprendre cet évangile. Le prophète Amos vécut durant le règne du roi Jéroboam II, dans le Royaume du Nord en Israël, à une époque où ce royaume avait atteint son plus haut niveau de prospérité.
Il y avait dans le pays abondance, splendeur et orgueil. Les riches vivaient dans l’opulence. La justice faisait défaut. Les pauvres étaient affligés, exploités et même vendus en esclavage. Alors le Seigneur jure : « Non, jamais je n'oublierai aucun de leurs méfaits ».
Tenons cet avertissement présent à l’esprit, passons à l'Évangile.
Il semble bien que Jésus fasse allusion à une escroquerie connue de son auditoire. Evidemment, Jésus n'a pas l’intention de nous enseigner comment tricher ; il veut nous enseigner autre chose !
En réalité l’enseignement de cette histoire est résumé dans la dernière phrase : "Vous ne pouvez pas servir Dieu et Mammon". Luc donne à l'argent un nom propre "Mammon", pour bien montrer que l'on devient esclave de l'argent, comme d’un maître - il nous domine. .
L’enseignement de Jésus est le suivant :
« Si les enfants de ce monde, qui sont esclaves des choses matérielles, sont si habiles... combien plus habiles devriez-vous être, vous Chrétiens, vous qui prétendez être les enfants de Dieu ».
« Vous devriez utiliser l'argent, non pas pour vous construire une sécurité en vue d'un avenir temporel, mais pour vous construire un royaume éternel, à la fois pour vous-mêmes et pour vos frères humains. Vous n'êtes pas les propriétaires de ce que vous possédez, vous en êtes les usagers. Vous pouvez en user pour votre famille, pour vos besoins personnels certes, mais toujours en pensant aux autres
Tout n’est pas permis parce que « ça m’appartient » !
DIEU en créant le monde, Dieu a remis la terre à tous et pour tous !
». – Cela nous rappelle l’enseignement de « Laudato si », L’encyclique du pape François sur l’écologie et l’usage de la terre !
St Benoît, dans sa Règle, rappelle aux moines qu’ils doivent veiller à ne pas s’approprier ce qui est donné par l’abbé pour l’usage de tous. Et veiller à ne pas être négligents envers les outils et objets de la communauté.
Nous savons qu'il y a une grande dose de cupidité et d’escroquerie dans le monde, dans les relations entre les individus comme entre les nations. Les invectives d'Amos demeurent pleines d’actualité. Et, comme au temps de Jésus, il nous faut choisir entre Dieu et Mammon.
Il ne s’agit pas de diaboliser les échanges financiers ! L’argent est nécessaire, pour que vivent des échanges entre les familles, comme entre les nations
.
Mais chrétiens, nous ne pouvons pas rester passifs devant le gaspillage de notre société de consommation, comme devant le luxe de quelques-uns…
Des besoins immenses restent insatisfaits pour l’éducation, la santé, l’alimentation du plus grand nombre…
A travers cette parabole du gérant malhonnête, Jésus veut nous alerter sur notre responsabilité de Chrétiens, qui est de lutter contre ces chaînes d’injustice !
En ce dimanche, optons à nouveau pour Dieu plutôt que pour Mammon, pour le partage des richesses plutôt que pour l’idole Argent.
Demandons à Dieu d’éclairer les yeux et de guider les actions de ceux qui ont entre leurs mains la vie économique et sociale de nos sociétés. Ils ont droit à notre prière comme à notre collaboration dans ce domaine de la justice !
- 22 septembre 2019
566 mots
Année C - 23° Dim du Temps Ordinaire - 8 septembre 2019
Sg 9 13-18; Philémon 9-17; Luc 14 25-33;
Homélie du F.Bernard
L‘Évangile de dimanche dernier évoquait un repas pris par Jésus, chez un Pharisien, un jour de sabbat. La discussion portait sur la conduite à tenir, quand on était invité, ou quand on invitait. Mais au- delà il était avant tout question du repas messianique auquel le Seigneur nous convie tous.
Aujourd’hui, le décor a changé. Jésus a repris la route vers Jérusalem. Des foules maintenant nombreuses le suivent. Mais Jésus les prévient : il ne s’agit seulement de le suivre quelques jours, le temps d’une montée à Jérusalem, mais de devenir ses disciples. Cela c’est le travail de toute une vie.
Etre de vrais fils d’Israël, entrer dans l’alliance, les contemporains de Jésus en connaissaient très bien les exigences. Trois fois par jour, ils devaient réciter le Shema Israël : « Écoute Israël, le Seigneur est Un. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces. » (Dt 6,5)
Cela voulait dire que rien ne devait s’interposer, faire de quelque manière obstacle entre le Dieu d’Israël et son fidèle, aucune affection familiale ou conjugale, aucun bien, pas même notre propre vie. Rien.
Mais la nouveauté ici est que Jésus revendique pour lui ce qui est dit du Dieu d’Israël. Jésus est la face visible de Dieu, la face visible du Père. Lui-même nous l’a dit : « Qui me voit, voit le Père ». Qui voit Jésus voit le Père. Qui aime Jésus aime le Père.
Ainsi il s’agit d’aimer Jésus d’un amour sans partage, sans compromission. Autrement la tour en construction ne sera jamais achevée. La guerre entreprise ne sera jamais gagnée, ce combat spirituel que nous devons mener sans cesse contre toutes les sollicitations qui nous assaillent et nous dispersent.
Il s’agit de prendre sa croix. Sans doute les contemporains de Jésus connaissaient-ils le supplice de la croix, son côté infamant et les souffrances qu’il causait, car les Romains avaient l’habitude d’infliger ce supplice à ceux qui se révoltaient contre leur domination. Mais pour nous, disciples de Jésus, prendre sa croix, c’est se situer en continuité totale avec Jésus, qui lors de sa Passion a porté lui-même sa croix (Jn 19,17).
Il s’agit de renoncer à tout, pour tout recevoir de lui. Certes il se peut que la radicalité de l’Évangile nous effraie. Pourtant elle est faite pour susciter en nous la joie spirituelle. Il s’agit de faire mourir le vieil homme, pour que grandisse l’homme nouveau, créé dans le Christ Jésus. Il s’agit de pressentir, d’accueillir « ce centuple promis par Jésus, avec des persécutions dans le temps présent, et la vie éternelle dans le monde à venir » (Mc 10,30).
Peut-être convient-il de nous arrêter un moment ici sur la deuxième lecture entendue. Elle était tirée de la lettre de Paul à Philémon. Cette lettre, l’une des sept lettres attribuées sans aucun doute à l’Apôtre, n’est utilisée qu’une seule fois, aujourd’hui même, dans le cycle des lectures du dimanche réparti sur trois ans. C’est dommage, car elle est remarquable de finesse psychologique et d’intelligence spirituelle. Je ne puis que conseiller à ceux qui ne la connaîtraient pas ou mal, de prendre la peine de la lire en entier dans le premier NT qu’ils auront sous la main. Ils ne regretteront pas sa lecture.
De quoi s’agit-il dans cette lettre ? Précisément de ce centuple expérimenté par Paul et proposé à Philémon. Celui-ci a été évangélisé par Paul. Il est propriétaire d’un esclave du nom d’Onésime, qui a fui son maître, lui dérobant en plus quelques biens. Réfugié à Éphèse, il a été instruit à son tour dans la foi chrétienne par Paul, alors prisonnier dans cette ville, et s’est mis à son service. Mais Paul ne veut pas le garder mais le restituer à son légitime propriétaire, pour que celui-ci le lui renvoie librement afin de le soutenir dans sa captivité.
Mais comment Philémon va-t-il accueillir Onésime ? Comme son esclave sur lequel, selon la législation antique, il a droit de vie et de mort, et qu’il peut châtier à sa guise ? Ou bien comme un frère devenu bien aimé dans le Christ ? C’est ce que suggère Paul. Il lui demande de l’accueillir comme si c’était lui-même.
De nos jours il n’y a plus d’esclave, du moins en principe, car on pourrait en trouver sans doute en bien des parties du monde. En tout cas beaucoup de personnes ont connu ou connaissent dans leur propre pays des situations de détresse qui les ont obligées à fuir. D’autres migrants viennent dans nos pays dans l’espoir d’un avenir meilleur. Peut-on le leur reprocher ?
Bien sûr il n’est pas question de rapprocher les situations vécues au temps de saint Paul et celles d’aujourd’hui. Mais peut-être la lettre à Philémon est-elle l’occasion d’éveiller nos sens spirituels, de nous faire pressentir combien dans des situations de grande détresse, établir des relations plus humaines, plus évangiles avec ceux qui les vivent peut faire découvrir ce centuple dont parle l’Évangile ? En tout cas c’est la conviction du pape François.
« Le Seigneur nous a envoyé d’en-haut son Esprit-Saint pour nous communiquer sa Sagesse, et nous faire connaître sa volonté », disait la première lecture .
Année C - 22° dim du Temps ordinaire - 1 septembre 2019
Ecclésiastique, 3, 17-18. 20. 28-29 Hébreux 12, 18-19. 22-24a Luc, 14, 1. 7-14
Homélie du F.Ghislain
Aujourd’hui, dimanche 1er septembre, nous finissons les vacances et nous commençons une nouvelle année laborieuse. Si nous sommes allés à la messe tous les dimanches de ce mois d’aout, qu’avons-nous entendu ? le 4 août, 18e dimanche, la parabole de l’homme qui s’est enrichi et pense sa vie en fonction de ses ressources nous a rappelé l’imminence possible de la mort et nous a donc invités à nous poser la question : quelles sont les valeurs qui ne passent pas, sur lesquelles construire ma vie ? Le dimanche d’après, la même chose nous a été redite, d’une manière en quelque sorte excessive, puisqu’il était question de vendre ce qu’on a et de le donner aux pauvres. Nous ne l’avons sûrement pas fait, nous n’avons pas programmé de le faire en rentrant des vacances, mais nous avons été invités à voir quelle traduction concrète dans nos vies nous pouvons donner à cette invitation à tout vendre. Le même évangile nous encourageait dans ce sens en nous demandant la vigilance : Le Seigneur va revenir, comment nous trouvera-t-il ? L’accent est mis sur le souci des autres qu’il faut servir et non sur les biens dont on pourrait abuser. Le 18 août, le thème a changé, mais la prédiction qu’il contenait était plutôt pénible : si nous décidons de vivre selon l’Evangile, dit Jésus, cela va nous isoler des autres, même dans la famille et peut-être provoquer des conflits. Dimanche dernier, Jésus nous invitait à entrer par la porte étroite, en soulignant que l’appartenance au peuple élu, - nous dirions aujourd’hui, à l’Eglise catholique,- ne nous garantit rien : la voie de l’Evangile est resserrée et ceux qui ne la prennent pas seront ignorés de Dieu. Enfin tout à l’heure nous venons d’entendre la prescription d’un côté d’avoir une attitude et des choix modestes, de l’autre de partager non avec les riches, mais avec les pauvres.
Résumons : les évangiles de ce mois d’août nous demandent une très grande sobriété et une vigilance exigeante en ce qui concernent nos avoirs ; ils requièrent un souci des autres, qui nous éloigne de la société de consommation et nous pousse au partage. Ils nous avertissent que le sérieux d’une vie chrétienne va nous mettre en porte à faux, même éventuellement avec nos plus proches. Au total, la voie est étroite. Ils nous donnent enfin le critère que nous y sommes un peu entrés : préférer l’humilité et accueillir les pauvres. On a envie de dire : « N’en jetez plus, ça va comme ça ! - Si c’est ça l’Evangile, alors très peu pour moi, je ne suis pas à la hauteur ! ».
Permettez-moi de tirer de cette présentation une invitation très concrète. Dans l’année qui recommence demain, allez à la messe tous les dimanches ; si vous ne pouvez pas parce qu’il n’y a pas de messe dans le secteur, ouvrez la télévision ; si vous n’avez pas la télévision, prenez un de ces petits missels mensuels, comme Prions en Eglise ou Magnificat et donnez-vous le temps de lire les textes, de les prier, de vérifier leur impact dans votre vie. Et dans tous les cas, que ce soit la paroisse, la télévision, la méditation, unissez-vous à Jésus qui a mis en pratique son Evangile au point d’en mourir, ce que justement nous confessons et célébrons dans l’Eucharistie ; unissez-vous, par la présence et par le cœur à tous nos frères chrétiens. – C’est vrai que le résumé des évangiles de ces cinq derniers dimanches peut faire peur, mais si on les prend un par un selon un rythme hebdomadaire, ils font leur effet pour aujourd’hui et la semaine qui vient. Et semaine après semaine, ils creusent en nous cette voie étroite, mais dont on finit par s’apercevoir qu’elle est belle… En somme, il en est de la participation à l’Eucharistie comme de toute chose en ce monde : ce qu’on fait une fois de temps à autre nous divertit ; ce qu’on fait régulièrement nous construit. Si nous prenons le rythme de la Parole de Dieu et du Sacrement pascal, alors, un jour ou l’autre, nous comprenons une phrase de Jésus prononcée dans l’un de ces évangiles que je viens de rappeler : « Ne craignez pas, petit troupeau, il a plu à votre Père de vous donner le Royaume ». - 1+septembre 2019
Année C - 21e dimanche TEMPS ORDINAIRE - (25/08/2019)
(Is 66, 18-21 – Ps 116 – He 12 , 5-7.11-13 – Lc 13, 22–30)
Homélie du F.Jean-Louis
« N’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvé ? »
Dans le contexte de l’Evangile où la pensée, peut-être dominante, pouvait être que seuls ceux et celles qui appartenaient au peuple élu seraient sauvés, la question est aisément concevable.
On peut penser que ce « quelqu’un » anonyme qui interroge le Christ n’était peut-être pas satisfait de cette conception assez étroite du Salut offert par Dieu ou bien s’attendait-il à ce que le Christ lui dise que seuls les membres du peuple élu seraient sauvés.
En tout cas, la réponse du Christ n’est pas du tout une réflexion abstraite et spéculative sur le nombre des sauvés. Le Christ renvoie son interlocuteur à l’agir concret. Il ne s’agit pas de débattre sur le nombre des élus, il faut s’efforcer d’entrer par la porte étroite et, pour entrer, il n’y a pas de passe-droit, pas de privilège.
Beaucoup pouvaient s’imaginer que la seule appartenance au peuple élu, au peuple juif, pouvait suffire au Salut. Le Christ, lui, vient rappeler que ce n’est pas suffisant. Bien plus, si l’on commet injustice sur injustice, il ne servira à rien, même d’avoir mangé avec le Christ, même de l’avoir entendu en chair et en os. Il n’y a pas de droit automatique au Salut sinon celui de la charité, de la justice envers les autres.
Frères et sœurs, il me semble qu’il serait, là encore comme en d’autres passages des Evangiles, dangereux de croire que cela ne concerne que les contemporains du Christ. En effet, nous aussi, au cours de nos eucharisties, nous entendons le Christ parler dans la liturgie de la Parole, nous aussi nous participons au repas eucharistique où, non seulement nous mangeons et buvons en présence du Christ mais nous mangeons et buvons le Corps et le Sang du Christ.
Peut-être nous posons-nous parfois la question de savoir s’il n’y aura que peu de gens à être sauvés. Saint Augustin, parlait de la « massa damnata », la masse des damnés. Peut-être avons-nous encore cette vision peu optimiste du Salut quelque part dans notre esprit ou dans notre cœur.
Le Christ nous enseigne que là n’est pas la question. La question est celle de la justice dans nos vies. Pas seulement avec nos proches, ce qui est déjà fort bien, mais aussi de la justice envers tous.
Quel est notre souci de plus de justice dans notre monde ? Nous le savons bien, le pape François ne cesse de clamer l’importance capitale de l’attention aux mécanismes rendant l’homme esclave d’une logique d’enrichissement d’une minorité.
Il n’y a pas de Salut automatique et ceux qui pensent se réclamer de leur justice pourraient se retrouver très surpris. C’est inquiétant pour ceux et celles qui ont bonne conscience.
En même temps, la première lecture nous ouvre un horizon d’un extrême optimisme. Horizon qu’avait peut-être perdu de vue certains contemporains du Christ.
En effet, les nations paiennes sont, elles aussi, invitées au Salut. Bien plus, si les juifs avaient été dispersés dans les nations, comble du drame humain et religieux pour eux, c’était pour faire connaître à tous les peuples la gloire de Dieu, faire venir toutes les nations au Temple de Jérusalem. Et même des prêtres et des lévites seraient choisis parmi les païens. Ce texte du prophète Isaïe ne pouvait pas être inconnu des interlocuteurs du Christ. Trop dérangeant, peut-être avait-il été mis de côté comme nous savons le faire également nous-mêmes avec l’Evangile…
Ainsi donc, le Salut est offert à tous. Mais il ne suffit pas de se voir offrir le Salut, même par Dieu. Il importe d’être en capacité de l’accueillir, d’y participer. Souvenons-nous de l’Evangile selon saint Matthieu au chapitre 25 : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde (le Roi s’adresse à toutes les nations rassemblées devant lui a précisé l’évangéliste) car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, j’étais malade et vous m’avez visité, j’étais en prison et vous êtes venus jusqu’à moi», etc…
Pas de grandes vertus morales exigées sinon des actes concrets de miséricorde. Voilà la porte étroite que le Christ seul peut nous aider à passer car Il est La Porte.
Comme en toutes les époques, notre temps nous offre de quoi manifester là où nous sommes et avec les moyens qui nous sont donnés la venue du Royaume dans notre monde. Le bien et le mal sont mis devant nous. « Choisissons donc le Bien », comme le dit un passage du livre du Deutéronome, le cinquième livre de la Bible.
Et trouvons les moyens concrets de l’accomplir. Ils ne manquent pas. Que l’Esprit Saint nous aide en cela. Alors, la question ne se posera plus pour nous de connaître le nombre des élus.
AMEN - 25 aout 2019
Année C - 20ème Dimanche du temps ordinaire -18 août 2019
1ere lecture : Jérémie 38,4-6 et 8-10;
2eme lecture : Hébreux 12,1-4;
Evangile : Luc 12,49-53
Homéliedu F.Matthieu
Le message de l’évangile de ce dimanche se présente de façon abrupte, qui ne peut que nous surprendre : mais laissons-nous interpeler :
« Je suis venu apporter un feu sur la terre,
et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !
« Je dois recevoir un baptême,
et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli !
« Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ?
Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division.
Feu et division, voilà donc les mots-clés de notre évangile.
Le feu évoque à la fois la destruction et le danger, mais aussi la chaleur du sang et de l’amour. C’est bien le feu de l’Esprit d’amour que Jésus est venu allumer sur la terre et communiquer à ses disciples, mais, nous l’oublions trop souvent, cela a entraîné bien des hostilités et des divisions et finalement cela lui a coûté la vie ! Jésus parle de sa mort, comme d’un baptême, baptême du sang, pourrait-on dire. Et ses paroles nous rappellent le sens de notre baptême : nous avons été baptisés dans l’eau et confirmés dans le feu de l’Esprit Saint. Nous avons été d’abord plongés dans la mort du Christ pour vivre de sa vie.
Ne nous faut-il pas redécouvrir que le baptême n’est pas seulement une fête familiale de la naissance, mais qu’il a été et qu’il est le choix d’inscrire notre vie sous le signe du Christ mort et ressuscité, le choix de brûler du même feu que lui, d’accepter comme lui l’épreuve, le rejet et la division.
Saint Luc a écrit son évangile pour des chrétiens immergés dans une société païenne où n’existait pas la liberté religieuse. Choisir la foi et le baptême pouvaient conduire à des déchirures, familiales et sociales, et aussi à la persécution et au martyre.
Durant des siècles de chrétienté, tous étaient baptisés, tous étaient supposés croyants et vivaient dans un contexte de certitudes, d’évidences, d’assurance. Mais la vie chrétienne souvent réduite au culte et à des traditions stables pouvait être vécue en dehors ou à côté des combats du monde.
Mais aujourd’hui, Dieu merci, croire c’est prendre position dans une société largement sécularisée. L’incroyance, l’indifférence, et même l’hostilité anti-religieuse se sont faites omniprésentes. Tout cela a provoqué et provoque bien des divisions, bien des ruptures, et même parfois des persécutions.
Aujourd’hui ce que dit Jésus trouve un écho dans bien des situations. La foi chrétienne comporte le témoignage et l’engagement dans les débats qui concernent la paix, la santé, la dignité humaine, le partage des richesses et du travail et cela provoque bien des conflits, bien des divisions : Jésus nous parle de division en évoquant les relations familiales. Et c’est effectivement un domaine où elle apparaît de manière très forte aujourd’hui. Pas toujours heureusement pour conduire à des ruptures, mais en tout cas à des divergences en ce qui concerne la foi et la manière de la vivre. Parents ou grands-parents désemparés devant l’impossibilité de transmettre la foi à leurs enfants, ou choqués de les voir fonder ailleurs que sur l’Evangile leurs choix religieux. Familles déchirées par les échecs conjugaux, etc… Le Pape François nous invite sans cesse à regarder en face ces réalités objectives et tragiques de notre monde.
En fait, les deux autres textes de ce dimanche ont le même thème, celui de l’engagement au service des autres et du combat contre les forces du mal, qui peuvent prendre tous les visages, et poussent les hommes, même les plus proches, à s’opposer les uns aux autres.
Jérémie était en prison, à cause de la parole de Dieu qu'il avait transmise. Il est accusé d’avoir "démoralisé" les combattants de Juda, en leur demandant de se fier en Dieu plutôt qu’en la puissance des armes humaines. Et le voilà condamné à une mort horrible, enfoncé dans la boue d'une citerne sans eau, affamé… Et il ne devra son salut qu’à la compassion d’un païen qui saura rappeler le roi Ezéchias à son devoir de justice !
La seconde lecture évoque, elle, la croix : "Jésus a enduré la croix en méprisant la honte de ce supplice" ; mais elle va jusqu'à la glorification de Jésus ressuscité qui, "siège à la droite du trône de Dieu." Ainsi ce passage de l’épitre aux Hébreux nous montre clairement la victoire finale avec le Christ.
"Courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée,"… "Méditez l’exemple de celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle hostilité, et vous ne serez pas accablés par le découragement. Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre lutte contre le péché."
Au nom de notre foi au Christ, Il faut tenir fermes dans le combat et ne pas s’étonner de s’y trouver mêlés au cœur de notre monde travaillé par le péché : c’est la conséquence et la logique de notre foi à la suite du Christ.
Année C -ASSOMPTION 2019
Ap 11,19a, 12, 1-6a.10ab; 1 Co 15, 20-27a; Lc 1, 39-56
Homélie du P.Abbé Luc
Frères et sœurs,
En France, mais aussi dans de nombreux pays de tradition catholique, nous aimons en jour honorer la Vierge Marie, avec plus de solennité que d’habitude. La liturgie de la messe, mais aussi la liturgie des heures nous entrainent par les textes et les chants dans la contemplation de ce que Dieu a fait pour Marie, en l’élevant auprès de Lui avec son âme et son corps. Nous nous émerveillons devant la beauté de cette femme toute entière prise dans la lumière glorieuse de Dieu. « Femme revêtue du soleil, couronnée d’étoiles… » Certains diront que ce faste est exagéré et qu’il risque de faire de l’ombre à la gloire qui revient au Christ. Si toutes les expressions de foi mariale ne sont pas nécessairement ajustées, la tradition catholique, mais aussi orthodoxe, ne craint pas de donner à la Vierge Marie cette première place parmi les humains. Elle se nourrit d’une intime conviction qu’en honorant ainsi Marie, elle ne fait que manifester un juste accomplissement des choses, selon le plan de Dieu. Et cela de deux façons, d’une part Marie donne à voir de façon éclatante combien notre Dieu ne se plait qu’avec les petits, et d’autre part Marie préfigure pour notre humanité, la gloire à laquelle tout être humain est promis.
Dieu se plait avec les petits. En chantant son magnificat, Marie emboite le pas de tous ces petits que Dieu préfère. A la suite d’Anne la mère de Samuel mais aussi du prophète Isaïe, elle exulte dans le Seigneur, pour exalter sa bonté et sa bienveillance. Et elle ne s’attribue rien à elle-même, mais elle retourne tout à Dieu dont elle se sait toute entière redevable. « Il s’est penché sur son humble servante ». Aujourd’hui, si nous pouvons sans crainte chanter Marie sous les vocables de « fille de roi », de « diadème royal », de « bienheureuse », c’est parce que nous avons l’assurance qu’en elle l’humilité a été totale transparence. Elle n’a rien retenu pour elle, mais a tout retourné à Dieu. Toute sa vie cachée depuis Nazareth jusqu’à la croix témoigne de cet enfouissement au service de son Fils et de sa mission. Son humilité a été d’être là à la place qui était la sienne, à l’écoute, au service. Lorsque nous fêtons Marie dans sa beauté lumineuse, nous ne pouvons qu’entrer nous aussi dans le cortège de tous les pauvres du Seigneur. Alors que nous la chantons, Marie nous prend la main sur le chemin de nos fidélités. Elle se fait compagne, mère, sœur, amie qui apporte le réconfort, qui donne de l’assurance dans la foi, qui nous console dans nos errances. Elle, qui fut humble, pauvre devant Dieu, nous apprend la juste attitude devant notre Père du ciel, dans le service du Christ son Fils. De même qu’elle n’a pas retenu pour elle les louanges humaines lors de sa vie terrestre, les retournant toutes vers Dieu, de même maintenant dans sa gloire, elle ne retient rien des grâces et des lumières divines pour nous les transmettre… En Marie, l’humble servante, l’humilité se fait canal de grâce.
Marie, « la première en chemin » aime-t-on chanter. Dans sa gloire qui n’éblouit pas, Marie préfigure notre propre participation à la vie divine, celle des enfants de Dieu rassemblés dans la vie et la lumière du Christ ressuscité. Avec Jésus ressuscité, l’humanité a pris place dans la gloire divine. Nous croyons que Marie, la première parmi « ceux qui appartiennent au Christ », pour reprendre les mots de Paul, prend déjà part pleinement en son âme et son corps à la vie glorieuse du Christ ressuscité. La première en chemin, elle est « l’aurore de l’Eglise triomphante » comme nous le chanterons dans la préface. Regarder Marie, la célébrer avec joie et beauté, nous aide à élever notre regard, notre cœur, pour demeurer « attentifs aux choses d’en haut ». Marie attire notre regard, non sur elle-même, mais elle l’orienter vers la vraie réalité à venir, celle que nous pressentons confusément au plus profond de nous-mêmes. Dans la foi, cette clarté obscure, nous apprenons à reconnaitre dès ici-bas, la vie éternelle, ce qui dans nos vies ne passera pas. Sans savoir de quoi la vie dans l’au-delà sera faite, nous mesurons dès ici-bas ce qui a du poids : l’amour, la vérité, la beauté. Et nous croyons que la vie éternelle sera vie en plénitude, bonheur dans l’amour échangé, lumière et beauté qui grandiront à la mesure de la lumière et de la beauté divine… Première en chemin, Marie déjà dans la lumière, reste proche de ses frères et sœurs en humanité…comme en témoignent les diverses apparitions, discrètes trouées de lumières qui stimulent notre foi.
En nous confiant à son intercession, nous entrons à sa suite, dans le grand mouvement d’amour accompli par le Christ en sa mort et sa résurrection. Avec Lui, nous offrons toute notre vie, par Lui, nous recevons la vraie Vie.
Année C - 19ème Dimanche Ordinaire - 11 Août 2019
Sg 18,6-9. Ps 32. He 11.1-2,8-19 Luc 12.32-48
Homélie du F.Antoine
Attendre ... Veiller ... Se tenir prêt...Ce sont les maîtres mots de l'Evg d'aujourd'hui.
Ils qualifient ce que nous, désireux de suivre le Christ, avons à être et à devenir ... à savoir,
des serviteurs qui demeurent dans une attenteet veillent.. prêt à servir.
Toute attenteest motivée .. par un désir .. par une tension vers un évènement plus ou
moins proche. Toute attente demande patience, force et persévérance.
Mais dans notre monde, elle est une attitude dévalorisée : ... tout doit vite arriver ... tout doit
être obtenu avec le moindre délai possible Même les moines qui vivent sous la règle de
St benoît peuvent connaître ... l'impatience alors que l'attente évanqélique est justement
patience .. maîtrise de soi .. dépossession d'un temps qui nous si cher ... ce temps qui
m'appartient, ce temps qui est à moi, ce temps que je garde jalousement... mais qui doit
aussi appartenir à Dieu.
Complétant l'attente, la notion de Veille y ajoute une dynamique: celle d'une
orientation volontaire vers ce qui conditionne le déroulement de notre vie .. vers ce qui
peut advenir... Les premiers chrétiens attendaient et veillaient au retour du Christ car ils
le croyaient imminent.
La veille chrétienne d'aujourd'hui est orientée vers l'attention à ce que le Christ nous
demande, à ce qu'il sollicite de nous qui avons été baptisés dans le Père et le Fils et l'Esprit
et dans une dynamique du Don de soi.
Veiller c'est rester réactif à l'enseignement du Christ, entendu tout au long de
l'année, c'est rester prêt, jour après jour, à affronter les évènements qui surgissent dans
notre vie et doivent entrainer une réponse .. nourrie par la Foi,
Car c'est la Foi qui nous permet de devenir .. lentement.. ces serviteurs qui restent en
tenue de service. C'est la Foi qui fait ces veilleurs dont la deuxième lecture nous donne de
magnifiques exemples ... Abraham .. Sarah ... tous ont affirmé que sur la terre ils étaient des
étrangers, des voyageurs ... et c'est appuyés sur une Foi inébranlable en la fidélité de Dieu,
c'est confiants en ses promesses, qu'ils ont vécu ... la réalisation de leurs attentes.
A leur suite, nous sommes appelés à rester en tenue de service, ceinture autour des
reins et lampes allumées, nous dit l'évangile, avec une promesse, et pas la moindre celle la,
la promesse d'être heureux ... ,Qu'on soit dans la pleine nuit ou à trois heures du matin,
c'est-à-dire ... plongés dans l'épreuve où nous ne savons plus où on en est, où nous ne
savons plus ce qu'il faut faire où ne pas faire ... heureux serons nous quand à l'heure où nous
n'y penserons pas, le maître arrivera et nous trouvera .. debout dans la Foi- et- la confiance,
... debout dans la veille- et- dans l'attente.
C'est à trois reprises dans l'Evg d'aujourd'hui que résonne l'enjeu du bonheur
Un bonheur qui est la condition de nos réponses au Seigneur.
Un bonheur qui nous est promis ... nous sera donné ... il nous est même évoqué sous la forme
du Maître qui, ceinture au reins, nous invitera à prendre place ... à sa propre table et c'est en
personne qu'il passera pour nous servir. Oui, heureux sommes-nous, frères et sœurs,
heureux d'être ... tous ... invités à sa table. - 11 aout 2019
TRANSFIGURATION - 06 août 2019
(Dn 7, 9-10, 13-14 ; 2P 1,16-19 ; Lc 9, 28b-36)
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
A travers le récit que nous venons d’entendre, suivons Pierre, Jean et Jacques sur la montagne. Les trois disciples accompagnent Jésus qui va prier. Ce n’est pas la première fois qu’ils se trouvent aux côtés de Jésus qui prie (Lc 9, 18). Mais ils semblent encore rester un peu extérieurs. Le sommeil les accable. Seulement un peu plus tard, ils oseront demander à Jésus, « apprends-nous à prier » (Lc 11, 1). Tirés de leur sommeil, ils se réveillent. Ils voient la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Quelque chose se passe : un instant de bonheur si dense et saisissant que Pierre veut absolument le retenir, le goûter. Jamais Jésus ne leur est ainsi apparu dans une telle lumière. « Dressons, ici trois tentes ….» lance Pierre qui ne perd pas sa spontanéité et son sens de l’organisation. Mais à peine a-t-il fini de parler qu’une nuée couvre les disciples de son ombre et les saisit de frayeur. En un instant, ils passent du bonheur indicible à la frayeur qui tétanise…. L’art iconographique s’est plu à représenter les 3 amis de Jésus complètement renversés, terrassés. De la nuée, vient une voix, qui fait écho à celle des prophètes (Is 42,1) parlant du serviteur de Dieu : « Celui est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le ». Et aussi soudainement qu’elle est survenue, la voix laisse place au silence. Jésus est là seul, en son aspect habituel. Les disciples ne vont rien dire de cette vision. Car l’heure est à l’écoute de ce maitre qu’ils ne connaissent pas vraiment.
Suivre les disciples en cette scène si unique des récits évangéliques, nous conduit avec eux, à reconnaitre que nous ne connaissons pas bien Jésus. Son mystère vient toujours nous tirer d’un certain sommeil, d’un certain aveuglement. Jésus nous entraine avec lui, à prier pour mieux découvrir son intimité lumineuse avec le Père. Dans la prière, dans la méditation des Ecritures avec Moïse et les prophètes, il nous guide pour contempler le mystère de sa vie donnée, son départ pour Jérusalem, pour mieux le comprendre, et mieux croire que là est notre salut. Jésus nous conduit à entrer dans cet échange d’amour qu’il vit avec son Père, en le reconnaissant comme le Fils choisi, le Bien aimé du Père. Entre bonheur et frayeur, avec les disciples, il nous faut accepter d’avancer avec confiance sur ce chemin de connaissance et d’amitié qui nous surprendra toujours.
Année C - 18e DIMANCHE TO – 2019 08 04
Ecclesiaste 1,2-2,23; Col 3 1-11; Luc 12 13-21
Homélie du f. Hubert
Vanité des vanités, tout est vanité !
Les témoignages de jeunes adultes, qui,
ayant commencé leur vie en pensant que l’argent et la réussite leur apporteraient le bonheur,
se sont aperçus que ce n’était pas le bon choix, ne sont pas rares.
Ils ont constaté aussi que des gens fortunés, avec de belles situations,
ne sont pas nécessairement heureux. Et ils veulent faire autre chose de leur vie.
Le psalmiste du psaume 72 dit avoir été « jaloux des superbes »
« qui ne manquent de rien et amassent des fortunes ».
Non sans peine, voire sans souffrance – il comprend, « dans la demeure de Dieu »,
qu’ils « vont vers la ruine », qu’ils passent « comme un songe »,
et que, lui, il est toujours avec Dieu qui a « saisi sa main droite, le conduit selon ses desseins
et le prendra dans sa gloire ». « Ma part, le roc de mon cœur, c’est Dieu pour toujours ».
Le Psaume 33, particulièrement cher aux disciples de st Benoît, demande :
« Qui donc aime la vie et désire des jours où il verra le bonheur ? »
L’évangile de ce jour peut n’être accueilli que comme une simple parole de sagesse,
à l’instar de la fable de La Fontaine « Le savetier et le financier ».
Un Savetier chantait du matin jusqu'au soir :
C'était merveilles de le voir,
Merveilles de l'ouïr; …
Son voisin au contraire, étant tout cousu d'or,
Chantait peu, dormait moins encor.
C'était un homme de finance.
Mais l’Evangile est plus qu’une parole de sagesse : il est une parole et une promesse d’alliance.
La parole d’un Dieu « en qui brûle sans cesse Un grand désir de partager sa joie de Dieu »,
comme dit une hymne de la liturgie,
le Dieu de vie qui veut communiquer sa vie.
C’est dans la communion des personnes, dans la rencontre des visages qu’est notre bonheur,
des visages qui se reconnaissent frères, qui s’accueillent dans la réciprocité.
Ecoutons le pape François dans La joie de l’Evangile :
Quand la vie intérieure se ferme sur ses propres intérêts, il n’y a plus de place pour les autres,
les pauvres n’entrent plus, on n’écoute plus la voix de Dieu,
on ne jouit plus de la douce joie de son amour, l’enthousiasme de faire le bien ne palpite plus.
La vie augmente quand elle est donnée et elle s’affaiblit dans l’isolement et l’aisance.
La vie s’obtient et se mûrit dans la mesure où elle est livrée pour donner la vie aux autres.
L’homme riche de la parabole se dit :
Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.
Il n’a hélas amassé que pour lui-même, et sa vie fragile, stérile, s’évanouira sans être parvenue au bonheur.
Nous allons tout à l’heure bénéficier sans doute d’un bon repas, nécessaire à notre vie corporelle,
mais un repas que j’espère partagé, lieu et source du vivre ensemble, de la communion.
Pour l’heure, dans cette église, nous sommes réunis
pour partager une toute petite part de pain, et un peu de vin. Trois fois rien.
Et pourtant, c’est notre héritage le plus précieux.
Par le don mystérieux et absolu de Dieu, nous croyons qu’ils sont le Corps et le Sang mêmes du Christ.
Ce peu de pain et de vin, consacrés par l’amour, sont la richesse incommensurable que Dieu nous offre.
Dieu se donne lui-même à nous, qui que nous soyons,
que nous soyons savetier ou financier, pauvre moine, pape, ou chef d’Etat.
Ce pain et ce vin nous rendent frères et sœurs.
Il n’y a plus le païen et le Juif, le circoncis et l’incirconcis,
il n’y a plus le barbare ou le primitif, l’esclave et l’homme libre ;
mais il y a le Christ : il est tout, et en tous.
Un homme s’est donné de la peine, et sa peine n’a pas été vaine.
Cet homme est celui qui nous a valu la libération du mal,
la vie plénière, la paix et la communion,
c’est le Fils unique livrant sa vie pour nous.
La Parole de Dieu nous est adressée aujourd’hui, le pain et le vin eucharistiques nous sont offerts
pour que nous revêtions de l’Homme nouveau, que le Christ soit tout en nous,
que nous soyons en lui des fils et des frères, des sœurs, tournés les uns vers les autres,
tournés ensemble vers notre Père et recevant de lui la vie, par le Christ.
Tout est vanité pour l’homme centré sur lui-même.
Mais si nous croyons en Jésus Sauveur, si nous croyons dans le Dieu de l’alliance,
si nous croyons en la fidélité de la parole de Dieu,
tout n’est pas vanité,
car Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit en Dieu.
La vie s’est manifestée, nous l’avons vue, et nous rendons témoignage, écrit st Jean.
La vie est communiquée pour toujours.
Il n’y a pas de limite au don de Dieu et sa fidélité est sans faille, de toujours à toujours.
Seigneur, rassasie-nous de ton amour au matin,
que nous passions nos jours dans la joie et les chants !
Venez au festin du Dieu pauvre qui se donne pour faire de nous des riches,
riches de sa grâce, riche de son amour, riches dans le partage et l’échange.
Nous n’aurons jamais fini de découvrir notre véritable héritage, qui est Dieu même.
Même dans l’éternité, Dieu sera toujours au-delà de ce que nous connaîtrons de lui.
Nous irons d’émerveillement en émerveillement et d’action de grâces en action de grâces.
« Rendons grâce à Dieu le Père, lui qui nous a donné d'avoir part à l'héritage des saints, dans la lumière.
Nous arrachant à la puissance des ténèbres, il nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé, …
faisant la paix par le sang de sa croix, pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel. » Col 1