vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 24 janvier 2021 — 3e dim. ordinaire — Frère Vincent
Cycle : Année B
Info :

Année B - 3 ° dim ordinaire - 24 Janvier 2021

Jon 3 1-10 ; 1 Co 1 14-20 ; Mc 1 14-20

Homélie du F.Vincent

Texte :

L’évangile de ce dimanche nous montre Jésus qui prêche la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Il passa au bord de la mer ! Ce n’est pas par hasard qu’il choisit cet endroit. Dans le monde de la Bible, la mer représente celui des forces mauvaises, et le Jonas de la 1ère lecture (même si ce n’est pas l’épisode qui est rapporté ici) en sait quelque chose. C’est là que Jésus va annoncer la bonne nouvelle de l’évangile. Pour Lui, Jésus, il est urgent de sortir les hommes de l’univers de la mort.

La tâche est immense ; aussi, pour embraser le monde de son amour, le Seigneur fait appel à des hommes, des hommes bien réels, bien insérés dans la vie, la vie concrète.

L’évangile nous raconte la vocation des quatre premiers apôtres. Marchant au bord de la mer, Jésus voit des pécheurs et aussi-tôt, dès qu’il les appelle, ils suivent Jésus.

Les 3 textes de ce 3ème dimanche, nous parlent de conversion, et on pourrait même dire, de la conversion-express, comme je le lisais dans un commentaire.

Dans la 1ère lecture, Jonas est envoyé par Dieu dans la ville de Ninive, connue à l’époque pour être un lieu de débauche. Il faut 3 jours pour la traverser tant elle est grande, mais Jonas (déjà dans le ton de la conversion express) la parcourt en une seule journée. Et hop ! Aussitôt, les gens se convertissent.

Dans la 2ème lecture, c’est St Paul qui dit à tout le monde que le temps est limité et qui invite chacun à se convertir tout de suite car les temps sont accomplis. Se convertir aussitôt !

De même l’évangile de St Marc - je dirais : plus encore - semble vouloir aller vite. Jésus passe sur les bords de le Mer de Galilée, il appelle Simon et André qui étaient en train de travail-ler, et « aussitôt ! » nous dit le texte, ils laissent les filets qu’ils viennent cependant de jeter pour la pêche, et ils suivent Jésus.

Un peu plus loin, à nouveau, Jésus voit Jacques et Jean. Aussi-tôt, (c’est encore une fois dans le texte), Jésus les appellent, et eux aussi, laissent leur barque, leurs filets, leur père et ses ouvriers pour le suivre. Aussitôt, ils laissent tout pour se mettre en route.

Je crois qu’on pourrait prendre une comparaison : Le petit en-fant à qui son papa dit : « Viens, je vais te montrer quelque chose de beau », l’enfant, il court, et aussitôt, il laisse tout en plan, il a confiance. La naïveté de la réaction des 4 premiers ap-pelés, prouve qu’ils appartiennent d’avance, petits patrons qu’ils sont, aux pauvres de cœur, aux humbles, aux enfants que Jésus donnera souvent comme modèles. « Si vous ne deve-nez pas comme des enfants vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux » dira Jésus plus tard ! Dès le départ, ils ont confiance dans ce rabbi qui les voit et qui les appelle !

Oui, tout va très vite dans les textes d’aujourd’hui. Ce sont des conversions-express qui nous accompagnent de la 1ère lecture jusqu’à l’évangile. En fait, les choses ne se sont pas, vraisemblablement, déroulées aussi vite. Si nos 3 textes vont, tous les trois, aussi vite, si ces textes sont choisis pour se re-trouver ensemble, en ce 3ème dimanche c’est pour nous montrer qu’il est important de se dépêcher à promouvoir le Royaume de Dieu, il est important de ne pas attendre pour suivre Jé-sus ! Il ne faut pas attendre… car le temps passe vite, très vite, trop vite, et chacun de nous le sait bien.

Bien sûr, St Marc schématise et simplifie ce qui a été l’itinéraire des premiers disciples ; les chemins de Simon, d’André, de Jacques et de Jean se sont inscrits sur toute une durée ; mais il s’agit bien de souhaiter pour chacun d’entre nous, cette disponibilité à répondre, que nous montre l’évangile de ce jour.

Oui, il y a toujours urgence à promouvoir le Royaume de Dieu. Il y a toujours urgence à mettre nos pas dans ceux de Jésus qui nous appelle à le suivre.

Demandons au Seigneur, cette grâce de la promptitude à ré-pondre à son Appel et cela chaque jour de notre vie.

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Homélie du 17 janvier 2021 — 2e dim. ordinaire — Frère Antoine
Cycle : Année B
Info :

Année B - 2ème Dimanche Ordinaire - 17 Janvier 2021

1 S 3..3b-10...19 1 - Co 613c-15a 17..20 - Jn 13 5 ..42

Homélie de F.Antoine

Texte :

Frères et Sœurs, nous sommes dans le temps ordinaire, il va nous conduire à accompagner la vie publique du Christ et à faire nôtre sa Parole.

L'Evangile d'aujourd'hui nous souligne trois points d'attention

Le premier est l'appel des disciples à suivre Jésus.. I' Agneau de Dieu. Appel précédé dans la liturgie par celui de Samuel qui mettent en valeur une réalité que nous connaissons et que nous essayons de vivre...cette réalité _est que_ TOUS nous sommes appelés sans cesse, d'une manière ou d'une autre, et que nous l'avons été un jour, non à la suite d'une intervention directe de Dieu mais par une intervention comme médiatisée par d'autres, et qu'il y a eu quelqu'un qui en est devenu le traducteur, le médiateur, parfois à son insu.

Ces appels, se renouvellent fréquemment dans une vie

pleinement chrétienne, ils le sont souvent sous formes de signes qui nous invitent à telle démarche, tel geste envers notre prochain ou qui nous conduisent à prendre une décision à la lumière de l'Evg, ou à envisager une vie plus conforme à notre foi.

Le deuxième point d'attention que l'Evg souligne concerne le rôle de Jean-Baptiste.

Interpellant les disciples, il leur dit « Voici !'Agneau de Dieu »...Or Jésus qui va et vient...n'a aucun signe apparent... aucun signe distinctif pouvant l'identifier comme !'Agneau de Dieu, Une seule parole a suffi et c'est sur cette unique parole que, immédiatement, les disciples se mettent à Suivre Jésus... Rien ne nous est dit de leur état d'âme,... Rien de ce qu'ils ont éprouvé...qui les a mis en route ...et la médiation de Jean-Baptiste provoque à son tour celle d'André qui annonce à son frère « nous avons trouvé le Messie »

L'enseignement est clair ...Devenir Disciple du Christ...suivre Jésus... c'est s'appuyer sur un ou sur des témoignages vécus par d'autres...

Enfin, le troisième point d'attention de cet Evq est la question de Jésus aux disciples

« ·Que cherchez-vous ?· »

D'emblée il se situe au niveau d'une recherche personnelle, au niveau d'une mise en route vers un vivre autrement, d'où la question des disciples:

« Où demeures-tu ? » et nous savons que dans l'Evg de Jean, la demeure est le signe de la présence de Dieu... Notre destinée de Chrétiens, de baptisés, est de demeurer avec Lui et de rester ainsi dans cette dynamique de l'appel si essentielle que l'Evg s'achève sur une scène étonnante où André conduit son frère à Jésus sans aucune invitation préalable sans aucune

sollicitation à suivre le Maître.

Jésus pose alors son regard sur Simon...Poser son regard sur quelqu'un quelle belle

expression ! que s'est-il passé lors de ce regard ?.. Quel échange...Quelle communion a dû se vivre pour qu’immédiatement, Jésus lui dise « Simon, tu t'appelleras, Pierre »

Ainsi... On ne devient pas chrétien par génération spontanée mais par la médiation de témoins et ...On devient de plus en plus chrétien quand, malgré nos manques, malgré nos erreurs, nos découragements, nous persévérons non seulement à suivre mais à demeurer avec le Maître, avec !'Agneau de Dieu, en essayant de tout faire... avec Lui et par Lui.

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Homélie du 03 janvier 2021 — Epiphanie du Seigneur — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

EPIPHANIE - 03.01.2020

Is 60, 1-6 ; Ep 3, 2-3a.5-6 ; Mt 2, 1-12

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :



Frères et sœurs,

Au début de cette célébration, je disais que l’Epiphanie est une fête qui ouvre à l’Espérance, celle de voir toutes les nations conviés à partager la joie de Dieu dans la reconnaissance du Christ. Paul résume en quelques mots cette espérance, ce mystère, ce dessein divin dans sa lettre aux Ephésiens : « Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile ». Nous pouvons entendre en ces mots le grand projet de Dieu qui désire ne voir personne exclu de son Amour et de la relation qu’il veut nouer avec tous. La venue des mages représente les prémices de ce projet, et la vision d’Isaïe entendue dans la première lecture comme l’aboutissement, dans la Jérusalem nouvelle… Laissons ces mots de Paul résonner en nous : « toutes les nations associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile »…

Associées au même héritage… Le premier janvier, nous entendions Paul nous assurer que nous étions devenus héritiers dans le Christ, heureux bénéficiaires, en Lui avec Lui de son Esprit…Nous qui n’appartenons pas au peuple juif héritier, nous voici fait héritiers avec lui. Héritier de l’Esprit qui nous fait nous écrier « Abba, Père… » Oui, cet héritage de la vie dans l’Esprit est offert à tous les hommes. Tous peuvent s’ouvrir à la vie des enfants de Dieu, car Dieu leur en fait généreusement don par son Esprit. Le P. G. François qui prêche notre retraite comme une marche en compagnie de M. Delbrêl, nous partageait un texte d’elle qui s’ouvrait avec cette phrase : « Il y a des lieux où souffle l’Esprit, mais il y a un Esprit qui souffle en tous lieux ». L’Esprit ne cesse de se donner et de susciter la vie en tous lieux, en toutes vies. Combien de personnes vivent et font des choses sous sa motion pour notre plus grand émerveillement quand nous savons le reconnaitre. Les mages venus d’Orient, guidés par une étoile, se sont laissé conduire par l’Esprit…le même Esprit qui continue mystérieusement à attirer ou à pousser des personnes vers le Christ. Durant l’été, est passé au monastère, Martin, un jeune afghan, qui a voulu quitter son pays pour devenir chrétien. Après tout un périple mené au péril de sa vie, il est arrivé en France. Là il a trouvé des gens, notamment des chrétiens qui l’ont accueilli. Et il s’est fait baptisé. A nous qui nous disons chrétiens, ne nous revient-il pas d’être ces lieux où souffle vraiment l’Esprit ? C’est-à-dire ces lieux où nous le laissons vraiment nous conduire et nous bousculer pour mieux manifester le visage du Christ à ceux qui le cherchent et que l’Esprit peut-être conduit vers nous… ?

Associées au même corps… La venue des mages, figure des nations éloignées géographiquement, mais aussi culturellement, nous laisse entrevoir à l’œuvre le beau projet de fraternité de notre Dieu. Il désire réunir en un seul corps tous les hommes. Immense projet auprès duquel certaines de nos tentatives humaines totalitaires se révèlent vouées à l’échec. Les idéologies communistes du XX°s ont caressé ce rêve d’une humanité réconciliée et unifiée autour d’une vision, celle d’une société sans classe, où tout est commun. Mais elles ont échoué, car elles n’avaient pas les moyens de leurs rêves. Lorsque Dieu nous convie à cette humanité réconciliée en un seul corps, il nous invite à nous tourner vers le Corps du Christ brisé sur la Croix. Là seulement, la haine et tous les murs de séparation sont détruits. En ce Corps offert par amour pour tous, peuvent trouver place et s’unifier tous les êtres qui acceptent de se laisser guérir. Oui, une nouvelle fraternité est possible, celle appelée de ses vœux par le Pape François. Une nouvelle fraternité offerte d’abord comme une grâce, mais nous savons qu’il s’agit d’une grâce qui coûte : l’abaissement de notre orgueil et l’ouverture sans exclusion à tout homme, toute femme, reconnue comme un frère, une sœur…

Associées à la même promesse. Avec nous les nations, toute l’humanité est appelée à cette terre promise que sera la Terre Nouvelle sous les Cieux Nouveaux. Tous, nous marchons vers cette terre promise-là. Il est heureux pour nous croyant en Jésus Christ, de ne pas l’oublier. Comme nous le suggérait l’oraison d’ouverture de cette célébration, « daigne nous accorder, à nous qui te connaissons déjà par la foi, d’être conduits jusqu’à la claire vision de ta splendeur ». Avec toutes les nations qui ne connaissent pas encore le Christ, et qui sont promises à le connaitre, nous restons avec elles des pèlerins en quête de la claire vision de la splendeur de Dieu. Nous ne sommes pas arrivés. Auprès de toutes ces personnes qui n’ont pas encore eu la joie de voir leur vie illuminée par la lumière du Christ, restons humblement avec elle ces pèlerins de l’invisible. C’est à la mesure où nous demeurons des chercheurs de Celui qui nous a touchés, que nous pourrons peut-être être à notre insu, des témoins du Christ.

Dans l’action de grâce d’avoir été appelés et illuminés par le Christ, « portons l’espérance de l’univers » de toutes ces nations en attente de rencontrer leur Seigneur.

Homélie du 01 janvier 2021 — Marie, Mère de Dieu — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

SAINTE MARIE MERE DE DIEU - 01.01.2021

Nb 6, 22-27 ; Ga 4, 4-7 ; Lc 2, 16-21

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et soeurs,

Quand on part pour une longue marche on prépare son sac, on emporte quelques vivres. Au début de cette année et de la marche qui s’ouvre, qu’emportons-nous avec nous ? Quels sont les vivres ou les instruments utiles que nous avons à notre disposition ? Les textes entendus en cette célébration nous offrent quelques secours utiles, autant de réserve d’huile ou quelques piles afin que nos lampes ne s’éteignent pas en cours de route.

Avec les Galates, Paul nous rappelle cette Bonne Nouvelle que nous avons reçu un héritage. Au départ de cette année, nous ne partons pas les mains vides…Depuis la naissance de Jésus, depuis sa mort et sa résurrection, un gros héritage nous est arrivé, et quel héritage, quel capital ! C’est l’Esprit Saint offert gratuitement à tous les enfants de Dieu. Depuis que le Fils de Dieu s’est fait chair et qu’il nous a rachetés des prises du mal, nous voilà devenus fils et filles de Dieu, bénéficiaires de l’héritage des fils de Dieu : le don de l’Esprit Saint. En Lui, nous pouvons dire avec assurance : abba, Père ! Cet héritage ne cesse de fructifier si on est attentif à bien le placer dans nos vies quotidiennes. Oui, au début de cette année, revivifions notre foi en la présence de l’Esprit Saint en nous. Il est notre meilleur allié en tout ce que nous aurons à faire. Invoquons-le en ce que nous avons à vivre. Laissons le nous guider par ses discrètes mais profondes impulsions. Confions-lui nos interrogations, nos doutes, nos découragements. Appelons-le lors de nos choix à faire…

Dans l’évangile, auprès de Marie, nous pouvons recueillir un autre secours utile à emporter pour la route, celui du recueillement. A l’arrivée des bergers qui viennent visiter le nouveau-né, Marie ne s’agite pas. On aurait pu imaginer qu’elle leur offre quelque chose, ou s’affaire pour les accueillir. L’évangéliste ne retient qu’une chose en cette scène : Marie retient ces évènements et les médite en son cœur. Marie se fait accueil en tout son être. Elle se laisse toucher et imprégner par les évènements insolites qu’elle vit, ainsi que les paroles étonnantes entendues. Durant l’année qui s’ouvre, nous aurons des évènements à accueillir, c’est lot de notre marche dans l’histoire. Il ne dépend pas de nous qu’ils soient heureux ou moins heureux. Mais il dépend de nous de les accueillir, de les méditer afin qu’ils deviennent sur notre route, peut-être un repère pour avancer, peut-être un point d’appui pour rebondir. Pour entrer dans l’intelligence de ces évènements, Marie sera à nos côtés comme une mère qui soutient, qui accompagne. L’Esprit Saint sera là pour ouvrir du sens par sa lumière apaisante et réconfortante. La méditation des Ecritures ou la réflexion théologique pourra être notre trésor dans lequel chercher la cohérence de toute chose dans le dessein d’amour de notre Dieu. Peut-être nous ne trouverons pas de réponse, mais en cherchant, en méditant, dans la confiance de Marie, nous restons debout, vigilants pour traverser ces évènements.

Dans la lecture des Nombres, je retiens un dernier secours ou point d’appui pour notre marche en 2021. Avec Moïse et Aaron, nous pouvons devenir des porteurs de bénédictions pour les autres. « Voici en quels termes, vous bénirez les fils d’Israël… » Oui, bénir plutôt que maudire peut transformer notre vie quotidienne. Dire du bien plutôt que dire du mal sur les autres. Veiller à faire ressortir toujours ce qui est positif chez l’autre plutôt que se plaire à souligner les points sombres. Rude exercice et difficile programme qui nous prend souvent en défaut, tant nous sommes enclins à chercher chez les autres la part obscure, celle-là même que nous peinons à voir en nous-mêmes. Exercice salutaire car il nous introduit dans la manière divine de faire avec chacun de nous, avec tout homme. Dieu ne cesse d’appeler le bien sur nous. Comme le suggère le texte des Nombres, Aaron est invité non seulement à bénir, mais à appeler la bénédiction de Dieu sur tous : « Que le Seigneur te bénisse et te garde…Que le Seigneur tourne vers toi son visage… » Oui, qui sommes-nous pour dire du mal de nos frères et sœurs, alors que notre Dieu ne désire que leur dire et de leur faire du bien. Au contraire, avec Moïse et Aaron, le Seigneur nous fait porteur de sa bénédiction pour tous nos frères. Nous sommes ses ambassadeurs.

Frères et sœurs forts de ses secours reçus dans la Parole de Dieu, forts des vivres reçus maintenant dans le Pain de Vie, avançons-nous avec confiance dans cette année qui s’ouvre.

Homélie du 27 décembre 2020 — Sainte Famille — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

Année B - Dimanche de la Sainte Famille (27/12/2020)

(Genèse 15,1-6 ; Hébreux 11 ; Luc 2,22-40)

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs,

Les textes de la liturgie pour ce dimanche de la Sainte Famille mettent en avant 2 familles assez peu ordinaires, choisies par Dieu pour accueillir des évènements extraordinaires : celle d’Abraham, de Sarah et d’Isaac d’une part : un couple de vieillards donnant naissance à un enfant avec la promesse faite par Dieu d’une descendance innombrable, comme les étoiles du ciel ou les grains de sable du bord de la mer. Et puis Marie, Joseph et Jésus d’autre part : un jeune couple, tout juste fiancé n’ayant donc pas consommé encore l’union du mariage, qui va accueillir une naissance miraculeuse déjouant toutes les lois naturelles de l’engendrement : un garçon, Jésus, qui sera un signe de contradiction, provoquant la chute et le relèvement de beaucoup en Israël.

Plutôt que de me livrer à un commentaire biblique de ces 2 grands textes des Ecritures, je vous propose pour cette homélie de méditer sur la réalité de la famille chrétienne aujourd’hui, telle que la présente le cardinal Mario Grech, évêque de Malte, dans une interview qu’il a accordée récemment à un journal italien à un père jésuite et un laïc, père de famille, à l’occasion de la pandémie Covid’19 . Nous avons lu et apprécié cette interview en l’écoutant au réfectoire, dont une grande partie, sur la fin aborde la question de la famille. Et Il ne m’a pas semblé inutile pour les frères d’en réentendre des extraits, et pour vous chers amis voisins et hôtes de vous faire connaître cette réflexion.

Une question était ainsi posée : « peut-on dire qu’avec le confinement lié à l’épidémie, la maison soit devenue église, y compris au sens liturgique ? » Mgr Grech répond que cela lui a paru très clair : « nombre de familles se sont révélées de leur propre initiative, créatives dans l’amour, par la façon dont les parents accompagnaient les plus petits aux formes de scolarisation à domicile, l’aide aux personnes âgées et contre la solitude, dans la création d’espaces de prière, jusqu’à la disponibilité envers les pauvres ». Et il évoque alors une nouvelle ecclésiologie qui émerge de l’expérience forcée du confinement. « Là, réside l’avenir de l’Eglise, en réhabilitant l’église domestique.

Une Eglise-famille, composée de plusieurs églises-familles. C’est le présupposé valable de la nouvelle évangélisation. L’église domestique est la clé qui nous ouvre un horizon d’espérance. Et le cardinal renvoie à l’expérience des communautés chrétiennes des 3 premiers siècles, quand les fidèles se réunissaient dans leurs maisons avec un cadre familial. « La théologie et la valeur de la pastorale dans la famille, en tant qu’église domestique ont connu un tournant négatif au 4ème siècle, avec la sacralisation des prêtres et des évêques, au détriment du sacerdoce commun des baptisés qui commença à perdre de sa valeur. Plus l’institutionnalisation de l’Eglise a été mise en œuvre, plus la nature et le charisme de la famille, en tant qu’église domestique se sont épuisés. » Et le cardinal pointe ici le danger et le risque du cléricalisme. En fait, ce n’est pas la famille qui doit être l’auxiliaire de l’Eglise, mais c’est l’Eglise qui est l’auxiliaire de la famille, et c’est à la famille qu’il faudrait redonner une dimension sacrée et cultuelle.

A la question qui lui est posée : mais qui sont alors les ministres de cette église-famille ? Mgr Grech répond : « les parents, en vertu de leur sacrement du mariage sont ces ministres du culte qui, pendant la liturgie domestique, rompent le pain de la Parole, prient avec Elle, et ainsi favorisent la transmission de la foi à leurs enfants. » Et cela, sans aucunement discréditer la liturgie de la communauté paroissiale, car il y a passage et renvoi mutuel entre les 2 formes de liturgie. Il ne s’agit pas d’opposer frontalement liturgie cléricale et liturgie familiale.

Le cardinal termine sa réflexion sur l’importance prophétique et missionnaire de la famille pour toute l’Eglise et pour le monde. « Beaucoup de chrétiens ne sont toujours pas convaincus du charisme évangélisateur de la famille. Ils ne croient pas que la famille ait une créativité missionnaire. Il y a encore beaucoup à découvrir et à intégrer. »

Comme l’a souligné le pape François, Dieu a confié aux époux et à la famille, non pas le soin d’une intimité comme une fin en soi, mais l’émouvant projet de rendre le monde domestique. « La famille est appelée à laisser ses empreintes dans la société où elle est insérée, afin de développer d’autres formes de fécondité qui sont comme la prolongation de l’amour qui l’anime. »

Frères et sœurs, ces propos pourront paraître à certains comme trop beaux et inaccessibles. Ils s’appuient néanmoins sur des témoignages réels, signes d’espérance et vécus dans la foi. Cette foi en Dieu qui rejoint alors celles d’Abraham et de Sara, et de la Vierge Marie et de Joseph, qui nous sont donnés en modèles d’abandon et de confiance à la grâce.

Oui, que la grâce de Noël repose sur toutes les familles aimées de Dieu, qu’elle apporte la joie et la paix dans les cœurs de chacun de leurs membres !

AMEN

Homélie du 25 décembre 2020 — Noël - Messe du jour — Frère Cyprien
Cycle : Année B
Info :

Année B - Messe du Jour de NOËL Vendredi 25 décembre202-

Is 52/7-10, Heb 1/1-6, Jn 1/1-18.

Homélie du F.Cyprien

Texte :

Chers frères et sœurs -

Noël : nous fêtons la naissance de Jésus, un anniversaire, un événement concret, heureux, précis. Mais notre foi en fait une célébration, une fête bien sûr … fête devenue populaire, tellement que certains ont oublié qu’il s’agissait d’un peu plus que de la naissance de Jésus à Bethléem…

Saint Irénée écrit que « les prophètes annonçaient que Dieu serait vu des hommes, selon ce que Jésus lui-même avait dit : Bienheureux les cœurs purs, ils verront Dieu ».

Dieu qui avait parlé autrefois par les prophètes, avait promis qu’il prendrait lui-même soin de son peuple, qu’il serait l’Emmanuel, « Dieu avec nous ».

…Alors Dieu est venu ! il est venu sous la forme du petit enfant de Marie, épouse de Joseph et je voudrais vous suggérer que ce Jésus, parole vivante pour le monde doit encore, aujourd’hui et chaque jour, être accueilli par nous comme le petit enfant de la crèche.

Nous croyons « à ce Dieu singulier à qui il a plu de se rendre aussi vulnérable que ce petit enfant qui s’abandonne entièrement à nos soins » : c’est l’expression d’une mère, une maman qui est aussi pasteure de l’Eglise protestante unie de France ; elle continue : « Alors oui, si Dieu arrive au monde comme un nouveau-né, son projet ne peut pas être de nous préserver du risque et de l‘inquiétude. Avec l’Evangile comme avec toute naissance, commence l’irréductible in-tranquillité. »

Petit enfant, tout petit, fragile et affamé de soins : Dieu est là et …qu’est-ce que nous en faisons ?

Nous savons que la Parole que nous entendons, que Dieu nous souffle au fond de notre cœur, cette parole est fragile ; elle a besoin de soins de notre part, pour qu’elle ne s’envole pas comme une vapeur, une fumée balayée par le vent…

Nous connaissons ces moments où nous nous attendrissons devant la fragilité du bébé, le caractère attirant de son être, de ses mimiques ; mais la tendresse a un temps, les mères savent mieux que les autres que cette petite personne demandera, exigera même tellement de dévouement et de sacrifices.

N’avons-nous pas conscience qu’en célébrant cette naissance avec toutes les naissances du monde, nous sommes responsables du devenir de l’humanité… ? C’est bien pourquoi Dieu a voulu vivre avec nous comme l’un de nous.

« Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous…»

Gloire du Fils unique, dit saint Jean, gloire qui triomphe dans sa résurrection, mais déjà présente au bébé dans les bras de sa mère, Lui l’Emmanuel, « Dieu-avec-nous ».

La rencontre de toute personne, de tout enfant à quelque âge qu’il soit, cette rencontre n’est jamais prévisible, cette rencontre va nous surprendre et nous déplacer : à chacun de nous de nous laisser conduire pour répondre aux besoins et aux demandes qui nous viennent de cet enfant, de cette personne : « Ce que vous aurez fait aux plus petits, c’est à moi que vous l’avez fait ».

Aujourd’hui c’est Noël : ce sera toujours le moment d’honorer les enfants, surtout les plus pauvres, les plus meurtris, c’est à eux que nous renvoie la crèche, l’adoration émerveillée des bergers, la recherche courageuse et patiente des mages.

Acte de foi de nous chrétiens, vigilance et espérance qui ont pu être celles du temps de l’Avent, attention à tous les instants où Dieu peut se manifester à nous, puisqu’il est avec nous pour toujours… Attention au présent, là où nous pouvons le rencontrer …et …où nous pouvons le manquer, Dieu qui a besoin de nos soins, de notre attention, de notre amour.

Dieu, nous l’avons cherché dans nos rêves de puissance et de grandeur. Il a épousé la réalité de notre fragilité, de notre faiblesse. Dieu s’est fait petit pour nous dire la grandeur de son amour. Il est la paix et le bonheur que nous cherchons, Lui, Jésus, l’enfant de la crèche, l’avenir de l’homme.

Chers f.et S., si la veille sanitaire obligée nous restreint les rencontres, que celles-ci, par la grâce du moment, nous permettent quand même de Le rencontrer de toutes les manières possibles, Lui le petit enfant de Bethléem : Il est la Bonne Nouvelle pour toujours : Bonne journée de fête à tous ! Amen.

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Homélie du 24 décembre 2020 — Noël - Messe de minuit — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

NOEL 2020 - Messe de Minuit -

Is 9, 1-6 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Depuis quelques semaines, nous lisons au réfectoire un livre assez passionnant sur De Gaulle. Deux chapitres ont ces titres évocateurs « du libérateur au sauveur » et « le nouveau Messie », titres qui ne sont pas sans résonance avec les textes entendus en cette nuit. L’auteur n’hésite pas à utiliser ce vocabulaire religieux pour désigner aussi bien les prétentions d’un homme à redresser la France, jusqu’à identifier son sort à celui de l’Etat, que les projections idéalisées portées sur lui par le peuple français durant la seconde guerre mondiale et après. Il est intéressant de noter qu’à ce moment critique de notre histoire où tous avaient été humiliés par la défaite subie en 1940, une forte attente s’est manifestée d’avoir un sauveur, un chef qui rassemble, et derrière lequel on puisse marcher. Les paroles du prophète Isaïe peuvent nous donner à entendre en creux cette même espérance. Le prophète annonce au peuple juif éprouvé et humilié par ses ennemis, qu’une grande lumière va se lever à travers la naissance d’un enfant royal dont le pouvoir s’étendra afin que la paix soit sans fin… L’histoire des peuples se présente souvent comme une alternance de périodes d’humiliations qui suscitent une attente en un sauveur, en un homme qui va rétablir la paix, l’unité, la sécurité politique. En bonne part, De Gaulle a tenu ce rôle avec toutes les ambiguïtés du jeu politique, à ce moment précis de notre histoire.

N’est-ce pas dans un semblable contexte d’oppression, lié à l’occupation romaine, que va naitre Jésus et que peuvent être entendues les paroles de l’ange aux bergers : « Je vous annonce une bonne nouvelle, aujourd’hui vous est né un Sauveur qui est le Christ (le Messie), le Seigneur ». Aussi lorsque Jésus annoncera le Royaume de Dieu, nous savons combien ses auditeurs auront du mal à sortir d’une vision messianique trop politique. La soif d’une justice et d’une paix immédiates était si forte que leurs espoirs ont été déçus. Celui en qui on pouvait vraisemblablement reconnaitre le Messie, le Sauveur d’Israël, n’a pas libéré le peuple de l’occupation romaine. Car Jésus est venu rassembler le peuple de Dieu, non en vue d’une libération politique ou matérielle, mais nous assure Paul en la seconde lecture, « pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien ». Jésus se révèle être un sauveur d’une autre nature. Il ne vient pas résoudre les difficultés politiques d’un moment, ni garantir la sécurité ou l’abondance, pas même la paix politique. Il vient renouveler son peuple de l’intérieur, en le libérant des entraves du mal et du péché, et en lui donnant une nouvelle capacité de faire le bien. Il ne vient pas nous sauver sans nous, mais il nous associe très étroitement à son règne de justice et de paix en nous rendant pleinement acteurs. Telle est la grâce d’une vie nouvelle dans le bien, la justice et l’amour que Jésus a proposé et que les premiers chrétiens ont expérimentée. Une vie nouvelle fondée sur leur foi en Jésus le Messie, mort et ressuscité pour nous, et vivifiée par les eaux du baptême et le repas eucharistique. Ainsi à travers la vie de l’Eglise, à travers les sacrements, cette grâce de vie nouvelle s’est transmise de générations en générations, jusqu’à nous, appelés nous aussi à devenir d’ardents artisans de son Royaume.

En cette fête de Noël, apparait dans toute sa profondeur ce mystère de grâce à l’œuvre. Nous contemplons combien est grand l’engagement de Dieu à notre égard : pour faire de nous des hommes et des femmes nouveaux, notre Dieu invisible s’est rendu visible, en notre chair il a assumé notre condition finie et fragile jusqu’à la mort. Et nous rendons grâce pour « l’échange merveilleux où nous sommes régénérés ». Car, comme nous le chanterons dans quelques instants : « lorsque le Fils de Dieu prend la condition de l’homme, la nature humaine en reçoit une incomparable noblesse : il devient tellement l’un de nous que nous devenons éternels ».

Faire mémoire ce soir de la venue du Messie Sauveur, Dieu fait homme, c’est nous disposer à accueillir encore son salut. Dieu veut nous sauver aujourd’hui, éclairer les zones d’ombre de nos vies. Il veut nous fortifier en ces temps d’épreuve liés à l’épidémie, où nous nous sentons plus fragiles afin de nous rendre plus vivants et heureux dans l’amour et dans le don de nous-mêmes. Avec nous, incluons tous ceux qui peinent à trouver les chemins de la lumière et de la vie. Confions à l’Enfant de la Crèche tant de visages en souffrance qui attendent que se lève pour eux la lumière.

Homélie du 20 décembre 2020 — 4e dim. de l'Avent — Frère Bernard
Cycle : Année B
Info :

Année B - 4ème dim. de l’Avent, - 20 décembre 2020

2 Sam 7 1-16 ; Rom 16 25-27 ; Lc 1 26-38

Homélie de F.Bernard

Texte :

Après les lointains oracles messianiques, après les paroles des prophètes, après la grande voix d’Isaïe, après la prédication du Précurseur, chargé de désigner Celui qui vient, en ce quatrième dimanche de l’Avent, l’Église oriente notre regard sur une jeune fille d’une humble bourgade de Galilée, Nazareth. Et le nom de la jeune fille est Marie.

Elle nous fait contempler cette scène où l’Ange de Dieu vient visiter la Vierge Marie et lui dit : Tu vas concevoir et enfanter un fils. En cet instant précis tous les oracles, toutes les prophéties, convergent et prennent sens. La parole de l’Ange, sous l’action de l’Esprit-Saint fait naître en Marie la Vie. Pas n’importe quelle vie, mais la vie même de Dieu, la Vie qui est Dieu.

Cette scène de l’Annonciation, nous sommes invités ce dimanche à l’éclairer par un autre événement décisif de l’histoire d’Israël, rapporté dans la première lecture de ce jour, la prophétie de Nathan.

De quoi s’agit-il ? C’est au temps de David. Jusqu’alors tout avait réussi à l’oint du Seigneur : il avait triomphé de tous ses ennemis ; il avait conquis la royauté sur les douze tribus d’Israël ; Il s’était doté d’une capitale, Jérusalem ; enfin il s’était bâti une résidence royale, une maison de cèdre.

Mais l’arche d’alliance, lieu de la présence de Dieu, du Seigneur, à son peuple, depuis l’exode, habite toujours sous la tente, comme au temps du désert. Regrettable négligence ou bien pressentiment que le Dieu Très-Haut ne peut pas habiter dans des maisons faites de mains d’homme (Ac 7, 48).

En tout cas, le Seigneur répond au projet de David, par l’intermédiaire de son prophète. Il entend garder l’initiative. Ce n’est pas à David de bâtir une maison au Seigneur, c’est le Seigneur lui-même qui lui bâtira une maison. Mais quelle maison, pour qui sera-t-elle bâtie, et avec quels matériaux ? Car la réponse n’est pas évidente. Cette maison, construite par Dieu, sera de fait la maison de David et de sa descendance, sa lignée, mais ce sera aussi la maison de Dieu, car la prophétie annonce ce descendant de David dont Dieu sera le Père et lui le Fils, et dont le règne n’aura pas de fin.

C’est cela même que l’Ange annonce à Marie. Elle va accueillir en son sein la promesse, elle sera la demeure du Fils du Très-Haut qui va naître d’elle, elle sera la véritable Arche d’alliance, comme la liturgie aimera l’appeler.

En continuité avec la Vierge Marie prononçant son fiat, le peuple chrétien, en ces jours qui précèdent Noël, se prépare à accueillir à nouveau son Seigneur, à le laisser s’incarner en lui, lui l’Emmanuel, le Dieu avec nous pour toujours jusqu’à la fin des siècles (Mt 28, 20).

Le vrai temple de Dieu, ce ne peut être le temple de Jérusalem réservé au seul peuple Israël, en sorte que tout étranger qui s’y aventurait était passible de mort. C’et le peuple croyant, c’est l’Église, c’est-elle la maison de prière pour tous les peuples (Is 56, 7), assurée de la présence de son Dieu en elle jusqu’à la fin des siècles. (cf la deuxième lecture, Rm 16, 25-27).

Certes le temple de Jérusalem aura bien été bâti, non par David, mais par son fils Salomon, puis il sera détruit sous Nabuchodonosor, reconstruit sous Zorobabel, magnifiquement décoré au temps du roi Hérode, pour être définitivement détruit par les Romains lors de la première guerre juive en l’an 70 de notre ère. Une histoire tragique. Il ne pouvait en être autrement. Ce temple de pierre ne pouvait être que le signe d’une autre présence de Dieu à son peuple, manifestée en la mort et la résurrection de son Fils, comme Jésus lui-même l’aura annoncé : Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai (Jn 2, 19).

Nos églises elles-mêmes, si belles soient-elles, si vénérables soient-elles, ne sont rien, sinon des musées, si elles ne sont pas des maisons de vraies communautés croyantes, des lieux de vraie prière où l’on vient de fait adorer le Père en Esprit et Vérité.

En ce moment de l’Annonciation où Marie reçoit en elle le germe de Dieu, elle seule le sait. Pas même Joseph qui lui a été accordé en mariage. Noël est encore devant nous. La liturgie entretient notre espérance. Elle le fait en particulier avec les mots de l’hymne que nous aimons chanter en Avent :

Comme va l’espérance, sans crainte de l’hiver,

L’homme attend le jour où tu viendras.

Dans un trop long désert, il découvre la nuit, la nuit qui t’enfantera…

Lieu caché, le lieu où tu viendras :

Dans la ville captive, le Roi va revenir,

Et du sein de la nuit, la Vierge t’enfantera.

Homélie du 13 décembre 2020 — 3e dim. de l'Avent — Frère Matthieu
Cycle : Année B
Info :

Année B,- 2ème dimanche de l’Avent – 6 décembre 2020

Isaïe 40,1-5.9-11 ;

Psaume 84;

2 Pierre 3,8-14 ;

Marc 1,1-8

Homélie de F.Matthieu

Texte :



« Il est écrit dans Isaïe, le prophète : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin. Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. »

Il est plutôt rare dans la liturgie de nos dimanches que la première lecture, tirée du Premier Testament, soit aussi explicitement liée à l’évangile du jour ; ici par une longue citation, dont va nous être donné un accomplissement en la personne de Jean le Baptiste avec son baptême, son appel à la conversion pour tout le peuple d’Israël, et plus encore son annonce de celui qui vient :

« Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ;

« lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »

Et ceci nous est présenté comme le « commencement », la racine de « l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu » : La Bonne nouvelle.

Bonne nouvelle en effet pour le peuple de Jérusalem en exil sur une terre étrangère, éprouvé en raison de ses infidélités ! Isaïe lui annonce que le Seigneur lui-même va venir conduire les siens sur le chemin du “retour”. Les événements désastreux ont laissé, dans le pays détruit, un désert matériel certes, mais surtout spirituel. Il s’agit de rétablir la “communication” entre Dieu et son peuple.

Bonne nouvelle aussi pour les auditeurs du Baptiste ! L’occupation romaine et la décadence religieuse ont créé une situation désespérante. Jean annonce que ce « désert » se transformera en “route” pour le Seigneur dont la venue est déjà là.

Bonne nouvelle qui nous parvient aujourd’hui avec une étonnante actualité !

Ne sommes-nous pas dans le « désert », spirituel plus encore que matériel, nous aussi ; ne sommes-nous pas nous aussi en exil, trop souvent coupés de la communication avec notre Dieu

Déserts d’humanité. Déserts de dignité pour des hommes et des femmes traités comme des objets et victimes d’intérêts face auxquels une vie humaine ne pèse pas lourd ! Déserts de solitude. Déserts d’amour. Déserts de pauvreté matérielle et morale. Déserts de foi…

Dans cette “tour de Babel” où les hommes ne se comprennent plus et ne se supportent plus, dans cet « exil » où nous sommes enfermés bien souvent, aujourd’hui, la Parole de Dieu se fait à nouveau entendre. Sur notre monde et sur nous, résonne l’appel de l’Évangile : tracer des voies où l’humain puisse marcher à la rencontre de lui-même, des autres et de son Dieu.

Jean proposait un « baptême de conversion ».

Un baptême, c'est-à-dire une mort à une façon de vivre et de penser et une naissance à une vie nouvelle. Conversion signifie changement d'optique, retournement, rénovation. Il s'agit de sortir du passé pour s'ouvrir au nouveau qui se présente. Jean-Baptiste est la figure de cet appel qui nous vient de notre avenir. L'évangile précise sa manière de se vêtir et de se nourrir pour montrer comme un signe son « dépouillement » : on ne peut accueillir celui qui vient que si l'on a les mains vides. Nous aussi, nous avons à faire le vide pour faire place à la nouvelle humanité, celle qui vient avec Jésus, vrai homme et vrai Dieu.

Car Jésus, lui, nous a donné son « baptême dans l’Esprit-Saint ».

La vie que Dieu a semée dans nos cœurs ne mourra plus jamais. A la première occasion favorable, elle se révèle à nouveau et peut s’épanouir.

Et ici, il faut revenir à la prophétie d’Isaïe, qui nous annonce un ultime accomplissement : c’est le Seigneur lui-même qui vient à nos devants et qui réalise notre salut :

« Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : ‘Voici votre Dieu !’ Voici le Seigneur Dieu ! Il vient avec puissance ; son bras lui soumet tout. Voici le fruit de son travail avec lui, et devant lui, son ouvrage. Comme un berger, il fait paître son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur. »

Oui, se convertir, c’est d’abord et surtout, se disposer à l’accueil du Seigneur qui vient nous sauver ; se rendre disponible dans l’attente de l’accomplissement du dessein d’amour, qui est « le travail » et « l’ouvrage » de notre Dieu.

L’Avent est un temps de conversion, d’attente, mais c’est d’abord le Seigneur qui vient ; lui seul peut accomplir en nous, toute chose nouvelle dans le don sans cesse renouvelé de son Esprit-Saint. Amen.

Homélie du 08 décembre 2020 — Immaculée Conception — Frère Cyprien
Cycle : Année B
Info :

Année paire - Immaculée conception - 8 décembre 2020

Homélie du F.Cyprien

Texte :

B 2020 8 décembre Immaculée Conception

= “Comblée de grâce” : cette grâce faite à Marie est la grâce que Jésus est venu apporter, offrir à tous les hommes, c’est la même…

C’est la 2e lecture : « le Père de NSJC nous a comblés de sa bénédiction spirituelle en JC »,

…et il a commencé par Marie sa mère.

Et saint Paul reprend encore une fois : « Grâce dont il nous a comblés en son Fils bien aimé ».

= Ēve a été la mère de tous les vivants, la mère de tous les enfants des hommes ; Marie est la mère et la sœur de tous les enfants de Dieu.

=> Dans le dessein de Dieu, il n’y a pas de différence entre la grâce faite d’avance à Marie et la grâce faite à tout être qui met sa foi en son Fils Jésus : c’est Dieu qui se donne et veut se donner totalement lui-même à tous.

On dit Marie préservée d’avance et on parle aussi de privilège, mais ce sont nos catégories : cela appartient au temps des hommes. Le Magnificat ne parle pas de privilège, il est seulement un chant d’action de grâce d’un cœur habité par Dieu.

= Grâce, oui mais avec le fait que Dieu veut se donner totalement et …plus il se donne, plus aussi il demande.

Pour Marie, ce fut la Croix : « Au pied de la Croix se tenait, Marie sa mère … »

Parce que…

Parce que la grâce n’est pas la paix… La grâce est « l’une des astuces de Dieu qui fait dire Oui sans qu’on sache à quoi l’on acquiesce ». (Marion Muller-Collard)

On ne peut que consentir et Marie a consenti à Dieu, « à ce que la nature humaine reçoive en elle tout l’éclat de sa beauté », la beauté de Dieu lui-même…

« Marie plus jeune que le péché »

Prémice du monde à venir,

Idéal de sainteté, parce la vie de Dieu en elle ne l’a jamais quittée.

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