Homélies
Liste des Homélies
Année B - 2° dim. de Carême - 28 février 2021
Gen 22 1-18 ; Rom 8 31-34 ; Mc 9 2-10
Homélie du F.Bernard
Nous avons entendu trois textes majeurs de l’Écriture : le sacrifice d’Isaac ; la finale du chap.8 des Romains : Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il n’a pas refusé son propre Fils, il l’a livré pour nous tous ; enfin le récit de la Transfiguration de Jésus, sur la montagne, selon Marc. Trois textes qu’il faut relier les uns aux autres, les éclairer les uns par les autres pour en découvrir pleinement le sens à l’intelligence croyante, à nous en ce deuxième dimanche de Carême.
D’ailleurs l’évangile de ce jour nous y invite à sa manière : Jésus sur la montagne s’entretient avec Moïse et Élie. De quoi s’entretiennent-ils sinon de la Loi et des prophètes, des Écritures en tant qu’en elles se révèle le dessein de Dieu, qu’elles éclairent aussi la destinée de Jésus ? Celui-ci vient d’annoncer à ses disciples que le Fils de l’homme doit monter à Jérusalem, y souffrit sa Passion, être mis à mort et le troisième jour ressusciter. Jésus en son humanité a besoin du réconfort des Écritures pour comprendre sa mission, assumer pleinement son destin de Messie Sauveur et sa Pâque rédemptrice. Notons-le si Moïse et Élie s’entretiennent avec Jésus, les trois disciples sont aussi présents, mais il n’est pas dit qu’ils entendent ce qui se dit alors : l’entretien est réservé à Jésus.
Mais revenons à la première lecture, le sacrifice d’Isaac. Dans l’ancien temps, en particulier au Proche Orient, on concevait de tels sacrifices, en certaines circonstances exceptionnelles, et la Bible nous en rapporte plusieurs exemples. Les prophètes de la Bible ont par contre toujours été unanimes à les condamner absolument.
Alors pourquoi Dieu demande-t-il à Abraham de lui sacrifier son propre fils, son unique, celui qu’il aime ? De surcroît, c’est l’enfant de la promesse, celui par lequel Dieu s‘est engagé à donner au patriarche une postérité innombrable, comme les étoiles du ciel. Pour tester l‘obéissance d’Abraham ? l’explication est un peu courte. L’auteur de la Lettre aux Hébreux est plus proche certainement du mystère quand il écrit : Dieu, pensait Abraham, est capable de ressusciter un mort. C’est pour cela qu’il retrouva son fils, dans une sorte de préfiguration (He 11, 19).
Mais l’Ange du Seigneur intervient et retient le geste d’Abraham. A la place de son fils, il va sacrifier un bélier trouvé là, pris par les cornes dans un buisson. Ainsi se perpétuera en Israël la pratique de l’offrande à Dieu des premiers nés. Tout garçon premier né sera consacré au Seigneur, dit le livre de l’Exode (Ex 13,2). Et c’est en accomplissement de ce rite, prescrit par la Loi de Moïse, que Marie et Joseph présenteront au Temple leur Enfant, offrant en sacrifice un couple de tourterelles. Dans le sacrifie d’Isaac, nous entendons déjà la Présentation de Jésus au Temple.
Plus encore le sacrifice d’Isaac laisse pressentir le sacrifice du Fils bien aimé, du propre Fils de Dieu, de l’Agneau qui enlèvera le péché du monde, et en qui tous les sacrifices anciens trouveront leur accomplissement. Où est l’agneau pour le sacrifice avait demandé Isaac à son père ? Dieu saura bien pourvoir à l’agneau pour le sacrifice, mon fils (Gn 22, 7-8), lui avait répondu Abraham.
Abraham a vu mon jour et s’est réjoui (Jn 8, 56), dit Jésus dans l’Évangile. De quel jour s’agit-il ? et en quelle circonstance Abraham a-t-il vu ce jour ? Peut-être lors de la naissance d‘Isaac, dont le nom signifie le rire, mais plus encore quand il lui fut demandé de sacrifier son fils. Alors Abraham a entrevu la Pâque du Fils de Dieu, le Jour du Seigneur.
Après la scène de la Transfiguration, la nuée lumineuse a couvert de son ombre les trois disciples. Puis du sein de la nuée, la voix divine s’est faite entendre pour eux : Celui-ci est mon Fils bien aimé. Écoutez-le. Les disciples reçurent la consigne du silence sur ce qu’ils avaient vu et entendu.
Cette consigne ne nous concerne plus, et nous pouvons contempler longuement cette scène de la Transfiguration que les peintres d’icônes ont aimé représenter. La contempler et la garder dans la mémoire du cœur pour affermir notre marche vers Pâques à la suite du Christ. Elle nous révèle l’amour trinitaire communiqué en Jésus et en sa Parole. Elle nous fait voir la Gloire du Christ au travers de la Croix et par-delà la Croix. Nous pouvons la regarder comme en surimpression de la Croix que nous pouvons alors justement appeler la Groix glorieuse.
Elevé de terre, dit le Seigneur, élevé sur la Croix, j’attirerai à moi tous les hommes (Jn 12, 32).
Mercredi des CENDRES - 17.02.2021
Jl 2, 12-18 ; 2 Co 5, 20-6, 2 ; Mt 6,1-6, 16-18
Homélie du Père Abbé Luc
Un double mouvement se dessine dans les lectures que nous venons d’entendre, un mouvement plus actif d’un côté, et un mouvement plus passif de l’autre. De manière active, nous sommes exhortés par le prophète Joël à nous mettre en mouvement: « Revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil, déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements et revenez au Seigneur votre Dieu… » De même dans l’évangile, Jésus nous enseigne la bonne manière active de nous engager sur les chemins de la justice… Pratiquer l’aumône, la prière et le jeûne, oui, mais en ne cherchant pas à exister aux yeux des hommes, pour avant toute chose ne se préoccuper que d’être sous le regard de notre Dieu. Ce regard seul nous rend juste. A travers les mots de Jésus se laisse entrevoir déjà l’autre mouvement dans lequel nous sommes conviés à entrer, un mouvement plus passif celui-là… Paul l’exprime de manière forte : « Nous vous exhortons à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de lui…car le voici maintenant le jour du salut » Une grâce est là offerte qu’il nous faut simplement accueillir et laisser agir en nous. « Au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. Celui qui n’a pas commis le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu »… Dans le Christ, Dieu a agi de manière définitive pour nous sauver, il nous revient d’accueillir ce salut et de le laisser déployer toute son énergie en nous…
Le double mouvement actif et passif qui se dessine dans les lectures entendues nous est proposé comme le dynamisme de ce Carême. De manière active, à travers le jeûne, la prière et le partage, nous voulons prendre quelques moyens de nous tenir plus en vérité avec nous-mêmes sous le regard de notre Père des Cieux. Cette attention renouvelée voudrait nous aider à changer des choses dans notre vie. Plus que des choses spectaculaires, nous repèrerons peut-être seulement des petites choses à changer. Mais si petites soient-elles, ces choses ouvriront peut-être vraiment de nouveaux chemins. Elles nous prépareront à entrer dans cette disponibilité plus profonde, plus passive dans laquelle le Seigneur désire nous voir entrer. Il veut nous offrir son Amour, la grâce de la réconciliation en Jésus. Là, il nous revient surtout de nous rendre disponibles, de nous laisser faire. De croire plus profondément que Jésus, mort pour nous, identifié au péché sur la croix, nous prend gratuitement dans sa vie. Il nous la partage en abondance, et à travers nous, il veut la donner généreusement au monde qui l’attend.
Dans l’invitation que nous entendrons lorsque les cendres seront déposées sur notre front, « convertis-toi et crois à l’évangile », se trouve résumé ce double dynamisme qui anime notre chemin vers Pâques : nous convertir, choisir de nous engager de manière plus décidée sous le regard de notre Dieu, pour sortir de nous-mêmes et aller vers Lui et vers les autres. Et croire, faire confiance que tout nous est déjà donné, entrer dans une relation plus aimante, plus filiale avec Dieu notre Père, et plus fraternelle avec nos frères et sœurs croisés sur notre route. Nous laisser renouveler dans l’Amour et dans la Vie du Ressuscité que nous célèbrerons à Pâques.
Année B - 14 février 2021 -6ème Dimanche du temps ordinaire
Lévitique 13,1-2.45-46 ;
Psaume 31 (32) ;
1 Corinthiens 10,31 à 11,1 ; Marc 1,40-45
Homélie du F. Matthieu
Aujourd’hui, l’évangile de Marc nous présente la rencontre de Jésus avec un « lépreux ». Dans la Bible et dans les Evangiles, les maladies pour bien réelles qu’elles soient, sont souvent interprétées symboliquement comme renvoyant à une déficience spirituelle.
La lèpre était vue comme un mal contagieux, transmissible et mortel. Elle récapitulait symboliquement toutes nos fragilités humaines. La lèpre représente tout ce qui coupe, sépare des autres et empêche de faire corps avec eux. C’est pour cela que le lépreux doit se tenir dans les lieux déserts et éviter tout contact avec ses frères et les hommes. Il est « impur », ce que nous pouvons traduire par « en déficit d’amour ». Le défaut d’intégrité physique sert à manifester l’insuffisance spirituelle. Le récit que nous lisons aujourd’hui veut donc nous parler, avec celle de ce lépreux, de l’histoire de toute l’humanité et, en premier lieu, de nous et de notre histoire personnelle. Nous aussi, nous avons à nous reconnaître d’une manière ou d’une autre « lépreux ». L’ignorer ou refuser de le reconnaître redouble notre infirmité.
La Bible, pour nous faire prendre conscience de la force destructrice du mal en nous, a souvent parlé de châtiments, que l’on peut comprendre comme de simples conséquences de notre « lèpre ». Mais avec le Christ, aboutissement de toutes les Ecritures, nous allons entendre un autre langage.
Suivons le récit évangélique :
Nous voici devant un lépreux qui transgresse la Loi, puisqu’il ne reste pas à l’écart comme cela lui était prescrit ; mais c’est qu’il a compris qu’il devait attendre sa « purification » mais peut-être aussi aller au-devant.
Et face à l’intrusion et à la transgression, Jésus est « saisi de compassion », une attitude qui n’appartient qu’à Dieu. Il guérit le lépreux et il le guérit en le touchant, ce qui lui fait violer la Loi et le rend lui-même « impur ».
Ainsi, dans le Christ, Dieu est venu prendre sur lui notre impureté, disons notre « déficit d’amour », pour nous conférer sa pureté, sa « compassion », qui redonne la plénitude de l’amour. Parce qu’il devient solidaire de notre injustice, nous devenons solidaires de sa justice. On repense aux chapitres 52 et 53 d’Isaïe : le Serviteur est reconnu comme un lépreux, mais ce sont nos iniquités, notre mal qu’il porte. Dans la même veine théologique, Paul, en Romains 8,3, dit que Dieu, en raison du péché, a envoyé son Fils dans une chair semblable à la chair du péché et encore en 2 Corinthiens 5,21 : « Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu ».
Jésus va jusqu’au bout de la miséricorde concrète : il envoie le lépreux guéri au prêtre, selon la Loi, pour qu’il puisse récupérer sa place au milieu de ses frères.
Mais lui, Jésus assume son geste jusqu’au bout, et c’est pourquoi les dernières lignes de notre évangile nous le montrent dans le statut de lépreux : il doit se tenir au dehors, dans les lieux solitaires, ne plus entrer dans les villes.
L’incarnation de Jésus n’es pas un faux semblant : il signe sa solidarité totale avec l’humanité « lépreuse », pécheresse, avec chacun de nous en quête de la seule guérison qui vaille, celle qui nous remet dans la dignité de « fils de Dieu », fils dans le Fils. Et Jésus ira jusqu’au bout ; il sera traité comme un « maudit » ; Il sera abandonné et seul sur la croix. Et c’est pour notre salut !
Mais le récit de Marc s’achève pourtant par ce constat étonnant : « De partout cependant on venait à lui. »
C’est comme le dit l’épître aux Hébreux (13,12-14) : « C’est pourquoi Jésus, lui-aussi, voulant sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert sa Passion à l’extérieur des portes [de la ville]. Eh bien ! pour aller à sa rencontre, sortons en dehors de l’enceinte, en supportant l’injure qu’il a subie. »,
Essayons de nous rappeler sans cesse que Jésus se trouve toujours hors les murs qui enferment, « aux périphéries », avec les « lépreux », les petits et les pauvres, qui crient pour leur guérison. C’est là qu’Il se révèle comme Sauveur, c’est là qu’il faut sortir à sa rencontre.
Année B - 5° dimdu TO - 7 Février 2021
Jb 7 1-4, 6-7; 1 Co 916-19, 22-23 ; Mc 1 29-39
Homélie du f.Hubert
De la synagogue à la maison de Simon et d’André,
De la maison de Simon et d’André à la porte de la ville,
De la porte de la ville au désert,
Du désert aux villages voisins, à l’ailleurs toujours ailleurs, toujours autre.
« Il y a des lieux où souffle l’Esprit, mais il y a un Esprit qui souffle en tous lieux » écrit M. Delbrêl.
La synagogue était le lieu du culte, de l’écoute de la Parole, transmise et réinterprétée de générations en générations. Mais la maison de Simon et d’André devient l’image de l’Eglise, dans le quotidien de la vie humaine. « Le Christ quitte la synagogue pour faire de la maison de Simon-Pierre une Eglise de salut. » entendions-nous hier soir aux vigiles.
Puis la porte de la ville – le lieu public et ouvert par excellence – devient le lieu de la guérison, de la création renouvelée, de laquelle le mal est expulsé.
Puis Jésus ne reste pas là : il part au désert, dans le silence encore de la nuit, pour descendre en lui-même, écouter le Père, boire à sa seule source, recevoir son inspiration.
De cette respiration profonde, parfaite, il repart vers l’univers entier ; « Allons ailleurs… C’est pour cela que je suis sorti. » Sorti de la ville, sorti plus fondamentalement du sein du Père. Sorti pour communiquer la vie aux hommes, les prendre par la main, les faire se lever, et servir, comme lui-même est le serviteur donnant sa vie pour tous.
Il a pris notre chair, notre souffle qui n’est qu’un souffle, pour que son souffle divin soit notre vie incorruptible.
Il a marché, il a franchi les frontières qui séparent les hommes : il a marché pour dire à chacun et à tous : sois vivant, comme Dieu est vivant !
Il a appelé quelques hommes pour en faire des « pêcheurs d’hommes » pour les envoyer proclamer comme lui la Bonne Nouvelle, proclamer le désir de Dieu sur l’homme : « Sois vivant ! »
Il est venu expulser les puissances du mal, arracher le mal mortifère, guérir les maladies, et offrir le souffle de la vie divine. Il est venu proclamer la parole vraie, source de vie.
Dans sa relation unique avec son Père, il cherche son chemin d’homme, la manière dont il doit être Témoin du Royaume, Témoin de ce que Dieu veut pour l’homme.
Il marche mais il n’est pas sans racines : il est enraciné en son Père : il l’écoute.
Sa décision a été affermie par sa prière : il est venu pour tous. Il ne peut se laisser accaparer par personne. Il ne peut ni s’arrêter ni se laisser enfermer. Il lui faut partir "ailleurs", avec ceux qu’il a appelés.
« Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile ! »
Cette parole de Paul, combien elle est vraie pour Jésus !
Pour lui – et maintenant pour nous – la pêche des hommes oblige à partir, à se déplacer vers d’autres lieux sans se laisser accaparer.
C’est en disciple du Christ que le pape François nous invite à « annoncer l’Evangile sans exclure personne ; à ce que l’Église sorte pour annoncer l’Évangile à tous, en tous lieux, en toutes occasions. »
Je reviens à M. Delbrêl. Elle écrivait :
« Nos pas marchent dans une rue mais notre cœur bat dans le monde entier. […]
Seigneur, attirez les hommes en nous pour qu’ils vous y rencontrent.
Dilatez notre cœur pour qu’ils y tiennent tous
gravez-les dans ce cœur pour qu’ils y soient inscrits à tout jamais.
Et nos cœurs iront toujours s’élargissant, toujours plus lourds du poids des multiples rencontres, toujours plus lourds du poids de votre amour,
pétri de vous,
peuplé de nos frères les hommes.
A l’invitation de st Marc laissons-nous guérir, remettre debout, laissons le Christ saisir notre main, nous remettre en marche et nous emmener avec lui à la rencontre des autres, découvrir leur visage, leur offrir le nôtre, et dans cet échange, laisser advenir la lumière du Visage du Ressuscité.
Laissons fructifier en nous la Parole de vie, recevons le Corps du Ressuscité, recevons l’Esprit Saint, le Souffle de Dieu !
Présentation du Seigneur - 2février 2021
Ml 3 1-4 ; Luc 2 22-40
Homélie du F.Prieur Hubert
Les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem
pour le présenter au Seigneur.
Non seulement tout premier-né appartient au Seigneur, mais tout être,
pas seulement le premier-né de sexe masculin, mais tout homme, toute femme.
Cette appartenance n’est pas un esclavage, mais une communion d’amour et de vie,
une plénitude de bonheur.
Si nous pouvons nous offrir à Dieu,
c’est parce que Dieu s’est offert et s’offre toujours à nous le premier.
Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est Dieu qui nous a aimés le premier.
Jésus, Homme-Dieu, est celui en qui Dieu s’offre à l’homme et en qui l’homme s’offre à Dieu.
Offrande parfaite, échange parfait.
C'est un oui sans réserve, Père,
Que tu dis sur nous par Jésus-Christ ;
Et par lui tu nous donnes encore
De répondre amen à ton appel, chantons-nous.
Marie et Joseph, remplis de l’Esprit saint, offrent leur enfant ;
ils ne savent pas encore jusqu’où ira son offrande à lui.
Entrant dans le monde, le Christ dit : « Me voici pour faire ta volonté » ;
à Gethsémani, il dira : « Non pas ma volonté, mais la tienne ».
En s’offrant à son Père, il réconcilie toute l’humanité et l’élève dans le sein vivifiant de son Père.
Il est le Temple vivant dans lequel le Père et toute l’humanité sont unis et respirent du même Esprit.
Il entre dans le Temple,
Marie le porte à Dieu :
C'est lui
Le temple où Dieu se dit
À ceux qui déjà le contemplent.
En l’offrant dans le Temple, Marie et Joseph se dépossèdent symboliquement de lui,
pour qu’il soit totalement à Dieu.
Au pied de la croix, Marie sera transpercée : son Fils lui sera arraché
pour qu’elle devienne la Mère de toute l’humanité rachetée et sanctifiée par l’offrande de son Fils.
C’est par son offrande que Jésus est la gloire d’Israël – le peuple dont il est né –
et la lumière des nations.
Notre baptême, notre profession monastique, s’inscrivent dans ce don total du Christ,
et dans l’offrande de Marie et Joseph.
Offrons-nous et laissons-nous offrir.
Attire-nous vers cette Pâque
Où Jésus Christ te glorifie
En nous sauvant.
Par lui ton œuvre s’accomplit,
Qu'il nous accueille en son offrande,
Et nous conduise jusqu’à toi,
O Dieu vivant !
Année B – 4° DIMANCHE DU TO – 31 janvier 2021-
Dt 18, 15-20 - Ps 94 (95), 1-2, 6-7abc, 7d-9 ; 1 Co 7, 32-35 ; Mc 1, 21-28
Homéliedu F.Damase
Les lectures de ce dimanche nous adressent un message d’espérance. Elles viennent nous rappeler la présence et l’amour de Dieu. À travers les prophètes d’autrefois et d’aujourd’hui, Dieu nous rejoint et Il nous parle. Son unique souci, c’est de sauver toute l’humanité.
Nous trouvons cette Bonne Nouvelle dans l’Ancien Testament, ainsi dans la première lecture de ce jour. Avant de mourir, Moïse promet aux gens de son peuple que Dieu ne les abandonnera pas. Il va continuer à les guider et à les enseigner : “Au milieu de vous, parmi vos frères, le Seigneur votre Dieu fera se lever un prophète comme moi, et vous l’écouterez.” Plus tard, les chrétiens relisent ce passage en l’appliquant à Jésus. Notre réponse est une attitude d’écoute et d’accueil. “Aujourd’hui ne fermons pas notre cœur mais écoutons la voix du Seigneur.” (Ps 94 7-8)
La seconde lecture nous indique la réponse que le Seigneur attend de nous. Saint Paul nous recommande d’être attachés à Dieu sans partage. Quand on a rencontré le Christ, toute la vie est changée. Les témoignages sont nombreux. L’important est de rester unis au Seigneur, chacun selon sa propre vocation.
L’Évangile de ce jour nous rapporte la première prédication de Jésus. Il est LE prophète qui enseigne avec autorité. Il est venu nous révéler le Père et nous enseigner le sens des Écritures. En face de lui, nous sommes appelés à devenir des disciples, des gens qui l’écoutent et le suivent. Je ne me fabrique pas MA religion ; je ne me fabrique pas un Dieu comme ça m’arrange. Je me mets à l’écoute de Jésus qui enseigne.
L’Évangile insiste : Jésus enseigne avec autorité. Il est le Verbe du Père, la Parole de Dieu. Il n’a à se référer à personne d’autre. En lui, habite la plénitude de la divinité. Par rapport aux scribes et aux pharisiens, c’est tout-à-fait nouveau. Dans leur enseignement, ces derniers répétaient ce qui avait été dit avant eux. Avec Jésus : sa seule référence, c’est le Père.
Dans la synagogue, un homme était possédé par un esprit impur. Cet esprit ne l’a pas empêché de venir écouter l’enseignement de Jésus. Un esprit impur, c’est un esprit qui nuit à notre intégrité (notre rectitude). Il nous empêche d’être complètement donnés à Dieu. Nous n’acceptons pas d’être remis en cause. « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? » Autrement dit, « pourquoi viens-tu nous déranger ? ». Cet évangile doit être reçu comme un appel à la foi… à une adhésion amoureuse et pas seulement à une simple connaissance.
Accueillons cet Évangile comme une bonne nouvelle : Jésus est venu pour nous débarrasser de tout ce qui nous empêche d’être nous-mêmes, en particulier ces esprits mauvais qui nous détournent de Dieu. La Parole de Dieu, manifestée en Jésus, est bien plus forte que tous nos démons. Avec lui, le mal ne peut pas avoir le dernier mot.
Comme autrefois dans la synagogue, Jésus rejoint les communautés réunies en son nom dans toutes les églises du monde, comme dans toutes les familles chrétiennes. Il nous fait entendre sa Parole. Ouvrons-nous à cette Parole qui guérit. Avec lui, nos actes et notre vie deviendront conformes à sa parole. En accueillant le Christ libérateur, nous pourrons dire en toute vérité : « Bénis sois le Seigneur, il nous appelle à sa lumière "-
561 mots
Année B - 3 ° dim ordinaire - 24 Janvier 2021
Jon 3 1-10 ; 1 Co 1 14-20 ; Mc 1 14-20
Homélie du F.Vincent
L’évangile de ce dimanche nous montre Jésus qui prêche la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Il passa au bord de la mer ! Ce n’est pas par hasard qu’il choisit cet endroit. Dans le monde de la Bible, la mer représente celui des forces mauvaises, et le Jonas de la 1ère lecture (même si ce n’est pas l’épisode qui est rapporté ici) en sait quelque chose. C’est là que Jésus va annoncer la bonne nouvelle de l’évangile. Pour Lui, Jésus, il est urgent de sortir les hommes de l’univers de la mort.
La tâche est immense ; aussi, pour embraser le monde de son amour, le Seigneur fait appel à des hommes, des hommes bien réels, bien insérés dans la vie, la vie concrète.
L’évangile nous raconte la vocation des quatre premiers apôtres. Marchant au bord de la mer, Jésus voit des pécheurs et aussi-tôt, dès qu’il les appelle, ils suivent Jésus.
Les 3 textes de ce 3ème dimanche, nous parlent de conversion, et on pourrait même dire, de la conversion-express, comme je le lisais dans un commentaire.
Dans la 1ère lecture, Jonas est envoyé par Dieu dans la ville de Ninive, connue à l’époque pour être un lieu de débauche. Il faut 3 jours pour la traverser tant elle est grande, mais Jonas (déjà dans le ton de la conversion express) la parcourt en une seule journée. Et hop ! Aussitôt, les gens se convertissent.
Dans la 2ème lecture, c’est St Paul qui dit à tout le monde que le temps est limité et qui invite chacun à se convertir tout de suite car les temps sont accomplis. Se convertir aussitôt !
De même l’évangile de St Marc - je dirais : plus encore - semble vouloir aller vite. Jésus passe sur les bords de le Mer de Galilée, il appelle Simon et André qui étaient en train de travail-ler, et « aussitôt ! » nous dit le texte, ils laissent les filets qu’ils viennent cependant de jeter pour la pêche, et ils suivent Jésus.
Un peu plus loin, à nouveau, Jésus voit Jacques et Jean. Aussi-tôt, (c’est encore une fois dans le texte), Jésus les appellent, et eux aussi, laissent leur barque, leurs filets, leur père et ses ouvriers pour le suivre. Aussitôt, ils laissent tout pour se mettre en route.
Je crois qu’on pourrait prendre une comparaison : Le petit en-fant à qui son papa dit : « Viens, je vais te montrer quelque chose de beau », l’enfant, il court, et aussitôt, il laisse tout en plan, il a confiance. La naïveté de la réaction des 4 premiers ap-pelés, prouve qu’ils appartiennent d’avance, petits patrons qu’ils sont, aux pauvres de cœur, aux humbles, aux enfants que Jésus donnera souvent comme modèles. « Si vous ne deve-nez pas comme des enfants vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux » dira Jésus plus tard ! Dès le départ, ils ont confiance dans ce rabbi qui les voit et qui les appelle !
Oui, tout va très vite dans les textes d’aujourd’hui. Ce sont des conversions-express qui nous accompagnent de la 1ère lecture jusqu’à l’évangile. En fait, les choses ne se sont pas, vraisemblablement, déroulées aussi vite. Si nos 3 textes vont, tous les trois, aussi vite, si ces textes sont choisis pour se re-trouver ensemble, en ce 3ème dimanche c’est pour nous montrer qu’il est important de se dépêcher à promouvoir le Royaume de Dieu, il est important de ne pas attendre pour suivre Jé-sus ! Il ne faut pas attendre… car le temps passe vite, très vite, trop vite, et chacun de nous le sait bien.
Bien sûr, St Marc schématise et simplifie ce qui a été l’itinéraire des premiers disciples ; les chemins de Simon, d’André, de Jacques et de Jean se sont inscrits sur toute une durée ; mais il s’agit bien de souhaiter pour chacun d’entre nous, cette disponibilité à répondre, que nous montre l’évangile de ce jour.
Oui, il y a toujours urgence à promouvoir le Royaume de Dieu. Il y a toujours urgence à mettre nos pas dans ceux de Jésus qui nous appelle à le suivre.
Demandons au Seigneur, cette grâce de la promptitude à ré-pondre à son Appel et cela chaque jour de notre vie.
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Année B - 2ème Dimanche Ordinaire - 17 Janvier 2021
1 S 3..3b-10...19 1 - Co 613c-15a 17..20 - Jn 13 5 ..42
Homélie de F.Antoine
Frères et Sœurs, nous sommes dans le temps ordinaire, il va nous conduire à accompagner la vie publique du Christ et à faire nôtre sa Parole.
L'Evangile d'aujourd'hui nous souligne trois points d'attention
Le premier est l'appel des disciples à suivre Jésus.. I' Agneau de Dieu. Appel précédé dans la liturgie par celui de Samuel qui mettent en valeur une réalité que nous connaissons et que nous essayons de vivre...cette réalité _est que_ TOUS nous sommes appelés sans cesse, d'une manière ou d'une autre, et que nous l'avons été un jour, non à la suite d'une intervention directe de Dieu mais par une intervention comme médiatisée par d'autres, et qu'il y a eu quelqu'un qui en est devenu le traducteur, le médiateur, parfois à son insu.
Ces appels, se renouvellent fréquemment dans une vie
pleinement chrétienne, ils le sont souvent sous formes de signes qui nous invitent à telle démarche, tel geste envers notre prochain ou qui nous conduisent à prendre une décision à la lumière de l'Evg, ou à envisager une vie plus conforme à notre foi.
Le deuxième point d'attention que l'Evg souligne concerne le rôle de Jean-Baptiste.
Interpellant les disciples, il leur dit « Voici !'Agneau de Dieu »...Or Jésus qui va et vient...n'a aucun signe apparent... aucun signe distinctif pouvant l'identifier comme !'Agneau de Dieu, Une seule parole a suffi et c'est sur cette unique parole que, immédiatement, les disciples se mettent à Suivre Jésus... Rien ne nous est dit de leur état d'âme,... Rien de ce qu'ils ont éprouvé...qui les a mis en route ...et la médiation de Jean-Baptiste provoque à son tour celle d'André qui annonce à son frère « nous avons trouvé le Messie »
L'enseignement est clair ...Devenir Disciple du Christ...suivre Jésus... c'est s'appuyer sur un ou sur des témoignages vécus par d'autres...
Enfin, le troisième point d'attention de cet Evq est la question de Jésus aux disciples
« ·Que cherchez-vous ?· »
D'emblée il se situe au niveau d'une recherche personnelle, au niveau d'une mise en route vers un vivre autrement, d'où la question des disciples:
« Où demeures-tu ? » et nous savons que dans l'Evg de Jean, la demeure est le signe de la présence de Dieu... Notre destinée de Chrétiens, de baptisés, est de demeurer avec Lui et de rester ainsi dans cette dynamique de l'appel si essentielle que l'Evg s'achève sur une scène étonnante où André conduit son frère à Jésus sans aucune invitation préalable sans aucune
sollicitation à suivre le Maître.
Jésus pose alors son regard sur Simon...Poser son regard sur quelqu'un quelle belle
expression ! que s'est-il passé lors de ce regard ?.. Quel échange...Quelle communion a dû se vivre pour qu’immédiatement, Jésus lui dise « Simon, tu t'appelleras, Pierre »
Ainsi... On ne devient pas chrétien par génération spontanée mais par la médiation de témoins et ...On devient de plus en plus chrétien quand, malgré nos manques, malgré nos erreurs, nos découragements, nous persévérons non seulement à suivre mais à demeurer avec le Maître, avec !'Agneau de Dieu, en essayant de tout faire... avec Lui et par Lui.
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EPIPHANIE - 03.01.2020
Is 60, 1-6 ; Ep 3, 2-3a.5-6 ; Mt 2, 1-12
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
Au début de cette célébration, je disais que l’Epiphanie est une fête qui ouvre à l’Espérance, celle de voir toutes les nations conviés à partager la joie de Dieu dans la reconnaissance du Christ. Paul résume en quelques mots cette espérance, ce mystère, ce dessein divin dans sa lettre aux Ephésiens : « Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile ». Nous pouvons entendre en ces mots le grand projet de Dieu qui désire ne voir personne exclu de son Amour et de la relation qu’il veut nouer avec tous. La venue des mages représente les prémices de ce projet, et la vision d’Isaïe entendue dans la première lecture comme l’aboutissement, dans la Jérusalem nouvelle… Laissons ces mots de Paul résonner en nous : « toutes les nations associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile »…
Associées au même héritage… Le premier janvier, nous entendions Paul nous assurer que nous étions devenus héritiers dans le Christ, heureux bénéficiaires, en Lui avec Lui de son Esprit…Nous qui n’appartenons pas au peuple juif héritier, nous voici fait héritiers avec lui. Héritier de l’Esprit qui nous fait nous écrier « Abba, Père… » Oui, cet héritage de la vie dans l’Esprit est offert à tous les hommes. Tous peuvent s’ouvrir à la vie des enfants de Dieu, car Dieu leur en fait généreusement don par son Esprit. Le P. G. François qui prêche notre retraite comme une marche en compagnie de M. Delbrêl, nous partageait un texte d’elle qui s’ouvrait avec cette phrase : « Il y a des lieux où souffle l’Esprit, mais il y a un Esprit qui souffle en tous lieux ». L’Esprit ne cesse de se donner et de susciter la vie en tous lieux, en toutes vies. Combien de personnes vivent et font des choses sous sa motion pour notre plus grand émerveillement quand nous savons le reconnaitre. Les mages venus d’Orient, guidés par une étoile, se sont laissé conduire par l’Esprit…le même Esprit qui continue mystérieusement à attirer ou à pousser des personnes vers le Christ. Durant l’été, est passé au monastère, Martin, un jeune afghan, qui a voulu quitter son pays pour devenir chrétien. Après tout un périple mené au péril de sa vie, il est arrivé en France. Là il a trouvé des gens, notamment des chrétiens qui l’ont accueilli. Et il s’est fait baptisé. A nous qui nous disons chrétiens, ne nous revient-il pas d’être ces lieux où souffle vraiment l’Esprit ? C’est-à-dire ces lieux où nous le laissons vraiment nous conduire et nous bousculer pour mieux manifester le visage du Christ à ceux qui le cherchent et que l’Esprit peut-être conduit vers nous… ?
Associées au même corps… La venue des mages, figure des nations éloignées géographiquement, mais aussi culturellement, nous laisse entrevoir à l’œuvre le beau projet de fraternité de notre Dieu. Il désire réunir en un seul corps tous les hommes. Immense projet auprès duquel certaines de nos tentatives humaines totalitaires se révèlent vouées à l’échec. Les idéologies communistes du XX°s ont caressé ce rêve d’une humanité réconciliée et unifiée autour d’une vision, celle d’une société sans classe, où tout est commun. Mais elles ont échoué, car elles n’avaient pas les moyens de leurs rêves. Lorsque Dieu nous convie à cette humanité réconciliée en un seul corps, il nous invite à nous tourner vers le Corps du Christ brisé sur la Croix. Là seulement, la haine et tous les murs de séparation sont détruits. En ce Corps offert par amour pour tous, peuvent trouver place et s’unifier tous les êtres qui acceptent de se laisser guérir. Oui, une nouvelle fraternité est possible, celle appelée de ses vœux par le Pape François. Une nouvelle fraternité offerte d’abord comme une grâce, mais nous savons qu’il s’agit d’une grâce qui coûte : l’abaissement de notre orgueil et l’ouverture sans exclusion à tout homme, toute femme, reconnue comme un frère, une sœur…
Associées à la même promesse. Avec nous les nations, toute l’humanité est appelée à cette terre promise que sera la Terre Nouvelle sous les Cieux Nouveaux. Tous, nous marchons vers cette terre promise-là. Il est heureux pour nous croyant en Jésus Christ, de ne pas l’oublier. Comme nous le suggérait l’oraison d’ouverture de cette célébration, « daigne nous accorder, à nous qui te connaissons déjà par la foi, d’être conduits jusqu’à la claire vision de ta splendeur ». Avec toutes les nations qui ne connaissent pas encore le Christ, et qui sont promises à le connaitre, nous restons avec elles des pèlerins en quête de la claire vision de la splendeur de Dieu. Nous ne sommes pas arrivés. Auprès de toutes ces personnes qui n’ont pas encore eu la joie de voir leur vie illuminée par la lumière du Christ, restons humblement avec elle ces pèlerins de l’invisible. C’est à la mesure où nous demeurons des chercheurs de Celui qui nous a touchés, que nous pourrons peut-être être à notre insu, des témoins du Christ.
Dans l’action de grâce d’avoir été appelés et illuminés par le Christ, « portons l’espérance de l’univers » de toutes ces nations en attente de rencontrer leur Seigneur.
SAINTE MARIE MERE DE DIEU - 01.01.2021
Nb 6, 22-27 ; Ga 4, 4-7 ; Lc 2, 16-21
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et soeurs,
Quand on part pour une longue marche on prépare son sac, on emporte quelques vivres. Au début de cette année et de la marche qui s’ouvre, qu’emportons-nous avec nous ? Quels sont les vivres ou les instruments utiles que nous avons à notre disposition ? Les textes entendus en cette célébration nous offrent quelques secours utiles, autant de réserve d’huile ou quelques piles afin que nos lampes ne s’éteignent pas en cours de route.
Avec les Galates, Paul nous rappelle cette Bonne Nouvelle que nous avons reçu un héritage. Au départ de cette année, nous ne partons pas les mains vides…Depuis la naissance de Jésus, depuis sa mort et sa résurrection, un gros héritage nous est arrivé, et quel héritage, quel capital ! C’est l’Esprit Saint offert gratuitement à tous les enfants de Dieu. Depuis que le Fils de Dieu s’est fait chair et qu’il nous a rachetés des prises du mal, nous voilà devenus fils et filles de Dieu, bénéficiaires de l’héritage des fils de Dieu : le don de l’Esprit Saint. En Lui, nous pouvons dire avec assurance : abba, Père ! Cet héritage ne cesse de fructifier si on est attentif à bien le placer dans nos vies quotidiennes. Oui, au début de cette année, revivifions notre foi en la présence de l’Esprit Saint en nous. Il est notre meilleur allié en tout ce que nous aurons à faire. Invoquons-le en ce que nous avons à vivre. Laissons le nous guider par ses discrètes mais profondes impulsions. Confions-lui nos interrogations, nos doutes, nos découragements. Appelons-le lors de nos choix à faire…
Dans l’évangile, auprès de Marie, nous pouvons recueillir un autre secours utile à emporter pour la route, celui du recueillement. A l’arrivée des bergers qui viennent visiter le nouveau-né, Marie ne s’agite pas. On aurait pu imaginer qu’elle leur offre quelque chose, ou s’affaire pour les accueillir. L’évangéliste ne retient qu’une chose en cette scène : Marie retient ces évènements et les médite en son cœur. Marie se fait accueil en tout son être. Elle se laisse toucher et imprégner par les évènements insolites qu’elle vit, ainsi que les paroles étonnantes entendues. Durant l’année qui s’ouvre, nous aurons des évènements à accueillir, c’est lot de notre marche dans l’histoire. Il ne dépend pas de nous qu’ils soient heureux ou moins heureux. Mais il dépend de nous de les accueillir, de les méditer afin qu’ils deviennent sur notre route, peut-être un repère pour avancer, peut-être un point d’appui pour rebondir. Pour entrer dans l’intelligence de ces évènements, Marie sera à nos côtés comme une mère qui soutient, qui accompagne. L’Esprit Saint sera là pour ouvrir du sens par sa lumière apaisante et réconfortante. La méditation des Ecritures ou la réflexion théologique pourra être notre trésor dans lequel chercher la cohérence de toute chose dans le dessein d’amour de notre Dieu. Peut-être nous ne trouverons pas de réponse, mais en cherchant, en méditant, dans la confiance de Marie, nous restons debout, vigilants pour traverser ces évènements.
Dans la lecture des Nombres, je retiens un dernier secours ou point d’appui pour notre marche en 2021. Avec Moïse et Aaron, nous pouvons devenir des porteurs de bénédictions pour les autres. « Voici en quels termes, vous bénirez les fils d’Israël… » Oui, bénir plutôt que maudire peut transformer notre vie quotidienne. Dire du bien plutôt que dire du mal sur les autres. Veiller à faire ressortir toujours ce qui est positif chez l’autre plutôt que se plaire à souligner les points sombres. Rude exercice et difficile programme qui nous prend souvent en défaut, tant nous sommes enclins à chercher chez les autres la part obscure, celle-là même que nous peinons à voir en nous-mêmes. Exercice salutaire car il nous introduit dans la manière divine de faire avec chacun de nous, avec tout homme. Dieu ne cesse d’appeler le bien sur nous. Comme le suggère le texte des Nombres, Aaron est invité non seulement à bénir, mais à appeler la bénédiction de Dieu sur tous : « Que le Seigneur te bénisse et te garde…Que le Seigneur tourne vers toi son visage… » Oui, qui sommes-nous pour dire du mal de nos frères et sœurs, alors que notre Dieu ne désire que leur dire et de leur faire du bien. Au contraire, avec Moïse et Aaron, le Seigneur nous fait porteur de sa bénédiction pour tous nos frères. Nous sommes ses ambassadeurs.
Frères et sœurs forts de ses secours reçus dans la Parole de Dieu, forts des vivres reçus maintenant dans le Pain de Vie, avançons-nous avec confiance dans cette année qui s’ouvre.