Homélies
Liste des Homélies
Année C - Jour de NOEL - 25 décembre 2021
Esaïe 52, 7-10 / ps 97 ; Hébreux 1, 1-6 ; Jean 1, 1-18
Homélie du F.Basile
Frères et sœurs, quel contraste entre l’évangile de cette nuit, la naissance de Jésus à Bethléem racontée par st Luc, et le début de l’évangile de st Jean, un texte fascinant que nous venons d’entendre. Il a même été chanté ! C’est pourtant le même mystère exprimé cette fois en quelques mots : « Le Verbe s’est fait chair : il a habité parmi nous». Il n’y avait que lui pour nous dire les choses ainsi.
Le premier mot du 4° évangile m’attire : « Au commencement », car il reprend le premier mot de la Bible, le début de la Genèse. Mais de quel commencement s’agit-il, car il remonte bien plus loin que la création, il remonte en Dieu même, comme si en Dieu il pouvait y avoir un commencement. Ne sommes-nous pas ici devant l’intraduisible ? Le mystère caché en Dieu, la Parole tournée vers Dieu et par laquelle tout a été fait, parole créatrice, nous a rappelé la lettre aux Hébreux, cette parole, elle est Lumière et Vie, elle va se communiquer aux hommes, venir chez les hommes avec tous les risques de n’être pas reçue, ni reconnue : il y a comme un crescendo dans cette venue de Dieu parmi les hommes jusqu’à cet événement inouï que st Jean exprime dans cette phrase qui apparaît scandaleuse pour les juifs comme pour les grecs, scandaleuse aujourd’hui pour les musulmans.
Notre foi chrétienne tient dans ces 3 mots : « La Parole s’est faite chair. » Mystère de l’Incarnation, naissance de Dieu dans notre humanité, Dieu s’est fait homme. Le mystère de Noël., c’est l’humanité de Dieu. St Jean nous dit : « Dieu, personne ne l’a jamais vu », mais le Fils prend notre humanité pour nous le faire connaître. Il y a là un paradoxe étonnant entre l’homme et Dieu. Dieu nous parle par son Fils devenu l’un d’entre nous, et nous pouvons non seulement l’entendre, mais le voir et le toucher.
Dans un de ses livres, Christian Bobin écrit : « Je cherche l’humain : c’est pour voir Dieu. » L’évangile lui répond : Depuis que Jésus est venu dans notre humanité, nous pouvons voir Dieu, le reconnaître en tout homme rencontré, celui qui a faim, celui qui est malade ou en prison. Mais est-ce si évident ? C’est la foi qui nous le dit.
La clé n’est-elle pas dans ces 3 mots de l’évangile : « Nous avons vu sa Gloire ». Cela nous renvoie au psaume 84 « La Gloire habitera notre terre » Ce rapprochement est étonnant : dans l’évangile, Jean écrit : « Il a habité parmi nous, et nous avons vu sa Gloire ». C’est une expérience qu’il nous est donné de faire puisque Dieu vient habiter parmi nous. Apprendre à voir la Gloire de Dieu dans nos vies, dans nos relations humaines pour en être témoins et la porter aux autres, n’est-ce pas cela une des grâces de Noël, un chemin de lumière comme le Père Abbé le disait cette nuit en évoquant la belle crèche du frère Barnabé, un chemin qui monte de marche en marche vers l’enfant Jésus.
Il faut peut-être un cœur d’enfant pour voir la lumière. Ce n’est pas une lumière clinquante ou brillante, c’est une lumière douce, intérieure : c’est la Gloire de Dieu qui apparaît sur un visage d’enfant, sur le visage de nos frères, expérience d’un monde nouveau transfiguré, source d’espérance, espace de confiance.
Quelqu’un m’avait écrit un jour : « Sa Lumière, c’est dans nos ombres qu’elle donne toute sa pleine clarté. Sa Présence, c’est sa discrétion qui nous envahit pourtant. Sa Tendresse, c’est dans nos solitudes qu’elle accompagne et réchauffe. Sa Fidélité, c’est dans nos abandons qu’elle pardonne. » Il y a un avant et un après. « Nous avons vu sa Gloire. »
A Noël tout peut recommencer dans nos vies si nous laissons la lumière de Dieu, sa Gloire, nous pénétrer, donner dans nos ombres sa pleine clarté. Gloire à Dieu au plus haut des cieux, mais aussi dans le cœur de chacun d’entre nous.
Frère Basile
Année C - Vigiles de NOEL - 24 décembre 2021
Is 9, 1-6 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14
Homélie du Père Abbé
Frères et sœurs,
Au début des vigiles, nous sommes venus nous recueillir quelques instants devant la crèche, belle icône du mystère de la nativité que nous célébrons en cette nuit. Son réalisateur, F. Barnabé, qui vient du monastère de Thien An au Vietnam, a voulu souligner qu’avec la naissance de Jésus, il y a un avant et un après. Jésus se trouve au milieu de l’espace, il le coupe en deux. Sur la gauche, le sol est jonché de feuilles mortes, rien ne pousse…C’est l’image de la domination du péché et de la mort depuis Adam. Sur la droite, au contraire, des mousses vertes et des petits arbres poussent, à l’instar de celui qui surgit depuis la souche sur laquelle se tient l’enfant nouveau-né. C’est l’image de la vie qui renait avec la venue de Jésus. Il est le nouvel Adam qui détruit notre péché et nous libère de l’emprise de la mort.
Oui, avec Jésus, notre histoire humaine connait un avant et un après radical. La vie quotidienne en porte la marque lorsque nous comptons les années, en années avant le Christ et en années après le Christ. Plus profondément, notre regard de foi voit dans l’évènement Jésus, dans sa naissance, sa mort et sa résurrection comme un basculement dans la destinée humaine. Avec Lui, nous croyons que Dieu s’est proche en Jésus, de telle manière que la vie humaine en a retiré une infinie noblesse comme nous le chanterons dans la préface, et une puissante espérance.
Une infinie noblesse. Tel un ferment qui ne cesse de travailler la pâte humaine en son développement historique, désormais est à l’œuvre une compréhension toujours plus vive de la dignité de l’être humain et de sa grandeur. Depuis que Dieu a pris visage d’homme, le visage humain supporte de moins en moins d’être maltraité, bafoué, humilié. Si malheureusement cela arrive encore en trop d’endroits de notre terre, la conscience se diffuse toujours plus indignée et vigoureuse qu’il ne peut en être ainsi…
Depuis la venue de Jésus, la vie humaine est désormais portée par une puissante espérance. Lorsque les anges disent aux bergers : « Aujourd’hui, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur », ils ouvrent grandes les portes de l’espérance. Car cet « aujourd’hui » qui a changé le cours de l’histoire, au temps de l’empereur Auguste et de Quirinius, ne cesse d’être actif en chaque époque de l’histoire. Jésus, le Fils de Dieu venu en notre chair, désormais ressuscité auprès de son Père, ne cesse d’être présent à la destinée humaine. Dans un « aujourd’hui », toujours nouveau, pour chaque génération qui veut bien l’accueillir, il vient encore comme le Sauveur. Son « aujourd’hui » ne s’épuise pas. Nos liturgies aiment en témoigner en célébrant la mémoire du mystère de la mort et de la résurrection du Christ comme un unique évènement, un unique « aujourd’hui » dont le pouvoir agissant se renouvelle en chaque eucharistie. Oui, frères et sœurs, « l’aujourd’hui » de Dieu est encore à l’œuvre dans notre présent. « Aujourd’hui nous est né un sauveur ».
A quel signe allons-nous le reconnaitre dans notre quotidien souvent très absorbant ? Comment accueillir sa douce lumière aux milieux des vents contraires, ou des évènements apparemment hostiles ? F. Barnabé a dessiné un chemin de lumière qui monte de marche en marche vers l’enfant de la crèche. Belle image de notre cheminement humain. Demandons à notre Sauveur la grâce de reconnaitre la lumière qui nous sera utile aujourd’hui, celle qui nous sauve du faux-pas. Et puis allons vers la marche suivante où une autre lumière sera offerte, ce sera « l’aujourd’hui » de demain. A chaque marche, à chaque jour, nous est offert l’aujourd’hui du salut. Il sera tantôt don de la lumière pour décider, tantôt don de la paix pour demeurer ferme dans l’épreuve, tantôt don de l’amour pour oser la rencontre, tantôt don de la vérité pour tenir face au mensonge… De marche en marche, nous accueillerons le salut apporté par Jésus. Nous grandirons dans la connaissance de Lui, Jésus, qui va venir pour donner à notre humanité et à notre histoire, son plein accomplissement. Ainsi se réalisera la bienheureuse espérance qu’il a semée en nos cœurs, en nous prenant dans sa Vie.
année C - 19 décembre 2021 – 4ème dimanche de l'Avent "C"
Mi 5, 1-4; He 10, 5-10; Lc 1, 39-45 -
Homélie du F.Damase
Les textes de ce dimanche nous permettent d’entrer dans le mystère de Noël.
Dans la première lecture, le prophète Michée s'adresse à un peuple humilié par ses ennemis. Michée lui annonce le salut. Ce salut ne viendra pas d'une grande nation, mais d’un petit village de Juda, Bethléem « De toi, je ferai sortir celui qui doit gouverner Israël ». Dieu donne sa force à ceux qui sont petits et méprisés. Avec eux, il peut réaliser de grandes choses : « Il sera leur berger et ils vivront en sécurité, il sera la Paix » !
La lettre aux Hébreux nous apporte quelques précisions sur ce roi dont nous allons fêter la naissance. Ce roi nous rejoint dans un monde blessé par la violence, la haine, la misère, la pandémie. Dieu vient pour s'offrir lui-même. « Il n’a pas besoin de sacrifices, ni d’offrandes ; voici que je viens pour faire ta volonté » dit-il à son Père. Dieu visite le monde, pour sauver les hommes de leur brutalité.
Dans l’Evangile, nous trouvons Marie qui visite Elisabeth. Marie vient de dire OUI à l'ange Gabriel qui lui annonçait le projet de Dieu. Quand elle apprend que Élisabeth, sa vieille cousine stérile, est enceinte, aussitôt elle part la rencontrer. Elle entreprend une longue marche de qq 150 Kms entre la Galilée et la Judée.
Marie, comme toute juive pieuse, écoute la parole de Dieu et la met en pratique. Cette parole l'a poussée à partir, pour se mettre au service d’Élisabeth, sa cousine. Cette légèreté qui habite Marie lui vient de l'accueil de l'Esprit Saint qui est comme un feu dévorant, qu'elle ne peut garder pour elle.
Dieu visite Marie. Marie visite Elisabeth. C'est en Marie et par elle que Dieu visite l'humanité, son peuple. En ce jour, nous pouvons nous associer à l'émerveillement et à l'action de grâces d'Élisabeth : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi » ? Oui, Marie vient visiter chacun de nous avec Jésus.
À l'approche de Noël, elle nous invite à accueillir le Fils de Dieu et à faire « tout ce qu'il nous dira ». Le pape François nous appelle souvent à aller vers les autres ; nous sommes tous frères et sœurs, les uns des autres, nous dit-il dans Fratelli Tutti. Nos visites peuvent et doivent devenir des « visitations ». Le message de Noël c'est précisément que la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres, aux malades, aux prisonniers, aux personnes seules, aux migrants. Noël c'est Jésus, qui vient nous visiter pour sauver l'humanité, pour sauver tous les hommes et toutes les femmes.
C'est en lui que nous trouvons la joie, la paix et l'amour. Noël c'est faire mémoire du don de Dieu. C'est de cette grande espérance dont nous avons à témoigner dans le monde d'aujourd'hui. En ce jour, nous pouvons rendre grâce au Christ notre Sauveur : « Toi qui es lumière, toi qui es amour, Tu mets à la place de nos ténèbres ton esprit d'amour de tous et de chacun ; tu es notre Paix, notre Joie ». – 514 mots
Année C - 3+dimanche de l'Avent - 12 décembre 2021
Homélie du F.Benoit Andreu de Fleury
« Que devons-nous faire ? », c’est la question qui revient trois fois dans l’évangile de ce dimanche : question des foules, des publicains et des soldats qui viennent auprès de Jean chercher remède à leur perplexité — « Que devons-nous faire ? » c’est une question qu’on posera encore à Jésus, la question du jeune-homme riche en particulier, et c’est très surprenant : lui qui, depuis sa jeunesse, a observé tous les commandements, lui dont on pourrait penser qu’il est un expert, qu’il sait parfaitement ce qu’il faut faire ou ne pas faire, lui aussi vient demander, désemparé : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? » — « Que devons-nous faire ? », c’est une question qui revient souvent dans nos vies, aux moments décisifs bien sûr, mais aussi quotidiennement, simplement parce que nous cherchons à faire le bien, parce que nous cherchons à faire la volonté de Dieu, mais sans trop savoir comment.
Certes, devant cette question nous ne sommes pas seuls. L’évangile nous montre les foules se rassembler, et venir demander conseil à Jean Baptiste, et ces foules étaient aussi porteuses de lois, de traditions censées aider au discernement. Oui, nous ne sommes pas seuls, mais le danger serait de croire que la réponse existe, en dehors de nous, toute faite, et pourquoi pas universelle, immuable, éternelle, sainte. Alors on s’enquiert de règles morales rigides, de recettes, ou encore de maîtres censés savoir. « Que devons-nous faire ? » l’angoisse d’avoir à relever personnellement ce défi est certainement à l’origine des légalismes, des cléricalismes qui confient à d’autres, purement et simplement, le soin de répondre à notre place.
Or ce n’est jamais ainsi que fonctionne une loi de vie. Écoutons le décalogue : « Honore ton père et ta mère ; tu ne tueras pas ; tu ne commettras pas l’adultère ». Fort bien, mais concrètement : jusqu’où ira le soin de parents âgés ? comment réagir aux débordements de la violence ou du désir ? comment cultiver la paix et la fidélité ? comment aimer en vérité ? La loi ne le dit pas, car cela dépend trop de la singularité des situations, des personnes, de leur faiblesse, de leur génie aussi. La loi parle et la loi se tait, et ce jeu de parole et de silence crée l’espace d’un véritable discernement personnel, le cadre où il pourra se mener avec justesse. Alors le jeune-homme riche avait raison de se demander encore : « Que devons-nous faire ? »
Mais, pour en revenir au thème de ce dimanche, cette triple question d’un évangile bien austère peut-elle vraiment nous donner la joie ? Nous savons bien le désarrois dans lequel elle peut plonger, nous connaissons le découragement de ne pas savoir que faire, ou sinon de ne pas savoir le faire, peinant au double labeur de notre liberté et de notre faiblesse. Allons-nous repartir, tout tristes, comme le jeune-homme riche ? « Qui nous fera voir le bonheur ? »
Jean Baptiste nous montre Jésus : « Il vient, celui qui est plus grand que moi. » En quoi Jésus est-il plus grand que Jean ? Parce qu’il donne de meilleurs conseils ? Là n’est peut-être pas l’essentiel. Quand Jésus rencontre le jeune-homme riche, il ne lui donne pas seulement un conseil de pauvreté plus radical que celui de Jean aux publicains, il lui dit encore ce que Jean ne dit à personne dans l’évangile : « Suis-moi ». Il ne s’agit pas simplement de faire ceci ou cela, mais d’être avec Jésus. De même, la dernière parole du Christ ressuscité n’est pas un conseil, c’est une promesse : « Je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps ». Or cette proximité, cette présence du Christ, du Dieu vivant, auprès de nous, en nous, est source de paix et de joie. Écoutons encore Sophonie : « Pousse des cris de joie, fille de Sion, car le Seigneur ton Dieu est en toi » ; Écoutons Paul : « Soyez dans la joie, le Seigneur est proche. »
Chers frères et sœurs, au seul jeu des « Que devons-nous faire ? », des « Qu’avons-nous pu faire ? », nous aurons souvent le sentiment que notre existence est un bricolage hasardeux, un édifice fragile, précaire, qui prend l’eau et le vent, et que nous construisons en nous donnant régulièrement des coups de marteau sur les doigts, ou sur les doigts des autres. Il y aurait de quoi être découragé, triste. Mais la joie de l’Avent, c’est de savoir que le Seigneur estime assez cette pauvre demeure de notre cœur et de notre vie pour venir l’habiter, pour en faire une crèche. Il ne vient pas d’abord la rafistoler, en faire un palais ; c’est un enfant : il vient s’y reposer, la remplir de sa présence, telle qu’elle est. Puissions-nous à notre tour nous arrêter un peu, nous reposer en sa présence, y trouver la lumière, la paix et la joie.
La grâce de Jésus, le Christ, notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint, soit toujours avec vous…
Chers frères et sœurs, au cœur de l’Avent, la liturgie de ce dimanche nous invite à la joie : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie » venons-nous de chanter.
Cet appel, évidemment, nous projette vers la joie de Noël, que nous attendons en veillant dans la prière ; mais elle nous rappelle aussi que déjà, dès maintenant, le Seigneur est proche, qu’il est présent : présent en chacun de nous, présent dans notre assemblée réunie en son nom, présent dans sa parole que nous écouterons, présent dans le sacrement de son corps et de son sang qui tissera notre unité. Oui, l’Avent est ce temps où l’Église célèbre « la présence au milieu de nous de celui qui doit venir », c’est un temps de joie.
Alors demandons au Seigneur la grâce d’être nous-mêmes présents à la présence du Seigneur ; préparons-nous à célébrer le mystère de l’eucharistie, en reconnaissant que nous avons péché.
8 décembre 2021 -
Gen 3 9-20 ; Eph 1 3-12 ; Lc 1 26-38
Homélie du F.Cyprien
….(Eve et Marie dans l’histoire, la chute et le pardon)
" L'Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre » En fait dès avant l’Annonciation, l’Esprit était déjà venu sur Marie, depuis le commencement de sa vie, depuis sa conception : nous célébrons celle dont la vie a été seulement et simplement un acte d’obéissance à Dieu.
« Vivez sous l’emprise de l’Esprit », écrit saint Paul.
L’Eglise met « sur les autels », comme on dit, les personnes qui ont su vivre de plus en plus sous l’emprise de l’Esprit de Dieu : on peut dire que pour elles la grâce a été de plus en plus forte, parce qu’il s’agissait d’aller à l’encontre de l’emprise du mal.
Pour Marie la grâce a été la plus forte seulement parce que cette grâce était toujours ce qui la faisait agir. Il faudrait nous dire sans cesse que cette faveur que Dieu a accordé à la mère de Jésus, c’est la même grâce qu’il nous propose pour vivre aujourd’hui, grâce qui permet de rester dans la paix avec nous-même, avec les autres et de rester unis à ce Dieu et Père qui nous conduit à la vraie vie, la sienne.
« A la louange de sa gloire, de la grâce dont il nous a comblés en son Bien-aimé »
HOMELIE du 2ème dimanche de l’Avent (Année C) – 05/12/2021
(Baruch 5,1-9 ; Phil. 1,4-11 ; Luc 3,1-6)
Homélie du F.Guillaume
Frères et sœurs
Avec le temps de l’Avent, nous avons commencé dimanche dernier une nouvelle Année Liturgique, où nous serons accompagnés chaque dimanche par la lecture de passages de l’Evangile selon Saint Luc. A la suite des 2 premiers chapitres relatifs aux naissances et aux 1ères années de vie de Jésus et de Jean, son cousin, chapitres qui ont été écrits séparément et ajoutés, Saint Luc au chapitre 3 ouvre son récit sur la mission de Jean, et du même coup celle de Jésus en les situant dans l’histoire et la géographie de leur temps.
Avec précision, il nomme les personnages, païens et juifs, et les lieux, non pas dans une intention d’historien ou de géographe au sens moderne où nous les entendons, mais dans une intention de théologien de l’histoire du salut.
Tibère, empereur à Rome, Pilate, son préfet en Judée, une région agitée de l’Empire, Hérode Antipas et Philippe, son frère, tous deux fils d’Hérode le Grand, qui gouvernent les provinces du Nord, la Galilée. Et du côté religieux, Luc mentionne les noms des grand ’prêtres Hanne et Caïphe, et le prêtre Zacharie, qui officient au Temple de Jérusalem ces années-là. Nous retrouverons ces différents personnages au long de l’évangile et notamment lors des passions de Jean et de Jésus.
Et dans ce cadre ainsi défini, sur quel évènement Saint Luc veut-il attirer l’attention dans le passage que nous avons entendu ? Ecoutons bien : « la Parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, fils de Zacharie ». Littéralement, si vous me permettez de revenir au texte original en grec : « la Parole de Dieu arriva (ou advint) sur Jean ».. O logos tou theou egeneto epi Ioanen. Oui, la Parole de Dieu sur-vient, sur-prend un homme, réfugié dans un désert. Il s’agit bien d’une « emprise divine ». Ce terme d’emprise me semble convenir à l’évènement, associé inséparablement à celui de vocation et d’envoi en mission. Saint Luc reprend d’ailleurs les formules utilisées dans l’Ancien Testament pour qualifier les vocations des prophètes Jérémie et Osée. Il tient à montrer par là que Jean est choisi par Dieu pour être un authentique prophète et qu’il aura à délivrer à son Peuple un message divin : message de conversion et de baptême pour le pardon des péchés.
Arrêtons-nous sur cette notion d’emprise. On sait combien ce phénomène peut jouer dans les relations inter-personnelles ou sociales. Le dernier rapport de la CIASE l’a clairement désigné à propos des abus de pouvoir, abus spirituels et sexuels, en l’associant au cléricalisme dans l’Eglise. Mais on peut aussi parler de l’emprise des grandes entreprises sur l’économie mondiale, l’emprise des médias sur l’information, l’emprise de tel ou tel chef d’Etat pour imposer un régime totalitaire à la population de son pays. Toutes ces situations d’emprise sont bien connues et analysées, le plus souvent à propos de leurs effets négatifs aux plans psychologique et sociologique.
N’y a-t-il pas cependant des cas d’emprise positive, constructive, comme celle que relève notre passage d’évangile ou les récits de vocations prophétiquse ? Saint Paul lui-même ne déclare-t-il pas dans une des ses lettres avoir été « saisi » par le Christ, alors qu’il abusait de son pouvoir de pharisien en persécutant les premiers chrétiens. Sur le chemin de Damas, il fait l’expérience de cette emprise de Jésus, qui va le libérer de l’emprise de la chair, en le désarmant de son désir de contrôle et de domination, et il fait l’expérience d’une libération dans l’Esprit Saint. Désormais, Christ lui-même vit en Lui.
Les vocations de Jean, de Paul et de tant d’autres saints de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance nous renvoient à la nôtre. Par notre baptême, nous sommes tous appelés à devenir des prophètes, saisis par le Christ et par la Parole de Dieu qui nous est adressée. L’Eglise est ainsi un peuple de prophètes. L’Ecriture l’annonçait : un jour viendra, et il est venu pour nous avec Jésus, le Messie, où tous, dans le peuple, prophétiseront.
Alors, à quel type de témoignage sommes-nous renvoyés, à quelle proclamation de conversion, en ces temps difficiles que traverse notre Eglise ?
Nous entendions en communauté, mercredi soir la belle parole du nouvel évêque de Meaux, le Père Guillaume Lelille, ordonné dimanche dernier, acceptant sa lourde charge avec confiance mais surtout avec beaucoup d’espérance et de joie. Oui, la parole d’Isaïe en ce temps d’Avent 2021 nous rejoint encore et nous envoie : voici que le Seigneur vient, préparons son chemin aplanissons nos collines et rendons droits les sentiers tortueux de nos vies. Et réjouissons-nous, parce que le Seigneur se souvient. Il veut nous sauver, il aime sa création et ses créatures : Il est un Dieu avec nous. Seigneur Emmanuel.
AMEN
année C 1er Dimanche de l'Avent - 28 novembre 2021
Jér 33/14-16, 1Th 3/12-4/2, Lc 21/25-28, 34-36
Homélie du F.Cyprien
« Redressez-vous et relevez la tête… »
«Restez éveillés pour vous tenir debout devant le Fils de l'homme. »
Chers frères et soeurs, le temps passe : l’Eglise commence une nouvelle année avec ces jours qui nous conduisent à Noël, ce temps appelé temps « de l’Avent ».
Je préférerais d’ailleurs qu’on l’appelle temps de l’Avènement, car ce n’est le temps avant Noël ; non, c’est bien le temps où l’on célèbre l’avènement, « Adventus », la venue promise du Seigneur.
Pour ce temps de l’Avènement, j’aimerais évoquer le temps qui passe… avec le temps qui reste, celui qui nous reste à chacun d’entre nous…, temps d’attente et d’espérance peut-être, en tout cas temps qui passe…de plus en plus vite !
Le temps passe et nous aussi, à l’opposé de ce Dieu « qui est, qui était et qui vient » comme nous le nommons, Dieu qui est toujours présent, éternellement présent !
Par contre, nous, nous sommes dans ce temps qui passe, dans ce temps qui surtout nous échappe
C’est vrai, le temps nous échappe : le passé, nous ne pouvons pas le changer et souvent il nous rattrape. Les souvenirs agréables se mélangent avec de plus tristes choses…, nous ne le savons que trop : certains réalisent avoir été victimes d’abuseurs, de criminels, après les longues années…
Notons que beaucoup d’autres personnes font partie de notre passé; nous recevons une partie de notre passé …des autres : ce n’est pas nous qui avons appris seuls la date de notre naissance !
Le passé nous échappe, oui, et… nous ignorons l’avenir… Concrètement, comme nous l’ignorons, nous le meublons, cet avenir, souvent assaisonné de peur et d’angoisse… Peur de la vie ou peur de la mort, peur de la souffrance…D’où probablement aussi tous les scénarios de fin du monde qui alimentent les imaginations depuis les apocalypses de la sainte Ecriture. Nous savons hélas que le mal commis conduit rarement au meilleur…
… « Entre le passé qui nous échappe et l’avenir que nous ignorons, il y a le présent où est notre devoir ». Notre devoir de chrétiens : nous préparer à la venue du Seigneur, son retour dans la Gloire…
Dans la spiritualité chrétienne a été développée l’exigence de la préparation à la mort sans négliger l’espérance qui doit habiter le cœur croyant. Nous ne connaissons pas le jour et l’heure de notre mort et…nous devons nous y préparer…
Nous y préparer ?… Pourquoi ? …parce que nous avons à honorer notre Dieu et Père, le Dieu des promesses, préparer la rencontre avec Celui qui vient : le Seigneur, Il a promis qu’il reviendrait, avec cet avertissement : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre » !
Nous nous préparons à la fin… parce qu’il y a urgence : Restez sobres et veillez, dit l’Evangile…
Dieu était, Il a montré au long des siècles sa patience, sa pitié pour les hommes.
Dieu est : sa présence nous oblige de même « à être », être là où il nous veut, dans ce présent que lui-même habite, dans ce présent que nous avons, nous, du mal à habiter.
Nous confessons enfin que Dieu vient, notre acte de foi consiste en ceci : c’est Lui qui vient ; il vient à notre rencontre, … non pas hier, non pas demain…Hier j’avais mis ma foi en Lui, demain j’espère croire encore en Lui, …mais c’est maintenant que Lui vient à ma rencontre, que je peux lui consacrer ma vie, consacrer ce que je suis en train de faire.
Cet acte de foi est aussi acte de confiance, acte d’amour qui nous fait Le rejoindre, lui le Dieu d’amour.
Chers f. et s., c’est ainsi que le temps de l’Avent devient le temps de nos vies, temps pour préparer Noël 2021 bien sûr, mais, comme tous les autres temps liturgiques, le temps à la fois de la rencontre de Dieu au présent, et le temps qui aide chacun à se préparer à la rencontre définitive.
Si des hommes défaillent « de frayeur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde », nous avons à nous redresser, à relever la tête, à nous tenir debout, à rester éveillés. La fin de toutes choses ne peut pas être une catastrophe pour les enfants de Dieu ; ce sera l’accomplissement des promesses, la venue pour nous du Christ vivant, vainqueur de toute mort.
Alors, oui ! vienne et dure le temps de l’Avent, de l’Avènement où nous disons sans cesse : « Amen, Viens, Seigneur Jésus ! ».
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Année B - HOMELIE du 33ème dimanche du TO – 14/11/2021
(Daniel 12,1-3 ; Hébreux 10,11-18 ; Marc 9,30-37)
Homélie du F.Bernard
Dernier évangile de cette année, pris dans saint Marc. Dimanche prochain, pour la solennité du Christ-Roi, nous entendrons, dans l’évangile de Jean, le dialogue entre Jésus et Pilate sur la royauté de Jésus. Puis ce sera l’Avent et le début d’une nouvelle année liturgique avec l’évangile de Luc
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Nous venons d’entendre une partie du discours de Jésus sur la fin des temps : des paroles énigmatiques certes, mais confiées à notre vigilance. Aux disciples, qui s’étaient extasiés devant la beauté du Temple, Jésus avait répondu en annonçant brusquement sa ruine : Il n’en restera pas pierre sur pierre ; tout sera détruit (Mc 13,2). Déjà, il est vrai, quelques jours auparavant, il avait prononcé une parole mystérieuse sur le figuier stérile, annonçant que la maison de prière pour tous les peuples (Mc 11,17), serait désormais non plus le Temple mais son propre corps passé par la mort et ressuscité. Mais les disciples avaient-ils compris ?
Ils avaient alors posé deux questions : l’une précise sur la ruine du Temple : Quand cela arrivera-t-il ? ; l’autre plus vague, sur la fin des temps : Quel sera le signe que tout cela doit finir ?
Remarquons que Jésus ici ne s’adresse pas aux foules, ni à l’ensemble de ses disciples, ni même aux Douze, mais seulement à quatre d’entre eux, sa « garde rapprochée » en quelque sorte : Pierre, Jacques et Jean, les témoins privilégiés des grands moments de la vie publique de Jésus, et aussi André, le frère de Pierre. En somme, les quatre disciples toujours placés en tête dans les listes des apôtres.
Pourquoi cet auditoire restreint ? Peut-être pour souligner l’importance des paroles qui vont suivre : elles ne sont en tout cas nullement destinées à rester le secret d’un auditoire d’initiés. L’ultime parole de ce discours le dit explicitement : Ce que je vous dis à vous, je le dis à tous : veillez. Car vous ne savez pas quand le Maître de maison va venir (Mc 13, 35-37).
Jésus avait donc annoncé la ruine du Temple. L’événement aura lieu en l’an 70, peu avant ou peu après la rédaction de notre évangile. Ce sera un immense traumatisme pour le peuple d’Israël qui, perdant le Temple, perdait son centre spirituel, le lieu où chacun pouvait rencontrer son Dieu et le célébrer. Pour survivre le judaïsme devra se reconstruire sur d’autres bases.
Puis Jésus porte son regard plus en avant, vers le temps de la fin. Le moins qu’on puisse dire est qu’il ne nous annonce pas un avenir facile, comme s’il voulait nous faire sortir d’une certaine torpeur. Déjà le prophète Daniel avait annoncé un temps de détresse, comme il n’y en a jamais eu depuis que les nations existent, et Jésus d’ajouter : Le soleil s’obscurcira, la lune perdra son éclat, les étoiles tomberont du ciel. Mais ce sera aussi le temps du salut du peuple, avait dit Daniel. Alors on verra le Fils de l’homme venir sur les nuées du ciel avec grande puissance et grande gloire, précise Jésus.
Détresse donc, mais aussi allégresse. Détresse pour le monde, et allégresse pour les disciples. Il est vrai aussi que les disciples faisant partie du monde ne seront pas épargnés par cette détresse. L’avenir annoncé par Jésus sera donc un avenir bouleversé. Mais si nous regardons l’avenir immédiatement devant nous il semble déjà porteur de grands changements qui ne sont pas sans susciter inquiétudes ou angoisses. Nous voudrions spontanément que le temps présent, avec toutes ses imperfections dure, car nous y sommes habitués. Pourtant l’avenir nous imposera nécessairement ses changements.
Mais notre foi chrétienne, elle, nous fait porter résolument notre regard vers l’avenir. Là est notre espérance, avec la certitude de la venue du Seigneur au terme du temps. Jésus nous invite à nous y préparer, en prenant la comparaison du figuier au printemps. Quand la sève le parcourt à nouveau et monte dans ses branches, celles-ci s’assouplissent, la végétation repousse puis le fruit vient. L’avenir pour le chrétien, c’est ce temps du réveil que connait la nature au printemps, le temps de la germination. Plutôt que dans de grands bouleversements du monde, c’est davantage dans la discrétion des jours que nous saisirons peu à peu l’accomplissement de l’Évangile, comme un printemps discret annonçant le chemin vers la pleine lumière de l’été, vers la venue du Seigneur dans sa Gloire.
Le dernier mot de l’Apocalypse, qui est aussi celui de toute la Bible, résume la prière chrétienne : Viens Seigneur Jésus. Comme le dit par ailleurs l’Apôtre, quand nous célébrons l’eucharistie, nous annonçons la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne. Voilà notre espérance. Oui, viens Seigneur Jésus.
32e dimanche Temps Ordinaire (B) (07/11/2021)
(1 R 17, 10-16 – Ps 145 – He 9, 24-28 – Mc 12, 38-44)
Homélie du F.Jean-Louis
Frères et sœurs,
Ce dimanche, la première lecture et l’évangile ont un personnage commun : une veuve, veuve dont le psaume 145 qui a été chanté nous dit qu’elle est soutenue par le Seigneur, ainsi que l’orphelin.
La veuve, l’orphelin et l’immigré sont les trois catégories de pauvres les plus caractéristiques dans la Bible. La veuve et l’orphelin car ils ne disposent plus de la protection d’un mari, d’un père, et l’immigré, parce qu’il n’est plus sur sa terre et est étranger, sans repères culturels, familiaux et amicaux, avec tout ce que cela comporte de fragilité, nous le savons bien.
L’épisode de la veuve de Sarepta ne peut se comprendre que s’il est resitué dans la longue lutte du prophète Elie contre l’introduction de cultes païens en Israël, sous l’influence de la reine Jézabel, épouse du roi Achab. Ces dieux étaient censés favoriser la fertilité des sols grâce à la pluie dont ils étaient les maîtres. Elie va répliquer en annonçant une grande sécheresse de la part du Seigneur afin de montrer la supériorité de celui-ci sur ces dieux païens et c’est ce qui va arriver. Poursuivi, Elie se réfugie en terre païenne où il est accueilli par une veuve pauvre et son fils. Cette veuve va donner, partager tout ce qu’elle a et se verra comblée par le Dieu vivant, alors que les Israélites, eux, continueront à subir les privations causées par la sécheresse. Bien que païenne, elle a cru à la parole du prophète et a été récompensée.
D’une pauvre veuve, il est aussi question dans l’Evangile de ce jour. Le Christ vient de recommander aux foules de se méfier des apparences, en l’occurrence ici des scribes qui aiment les tenues d’apparat, les honneurs. Dans l’apparence, ils semblent impeccables, fervents, mais en fait, ils dévorent les biens des veuves, personnes les plus démunies face à ce genre de rapacité. Mais voilà qu’alors que le Christ est devant la salle du trésor du Temple et qu’il regarde des riches y mettre des grosses sommes, une pauvre veuve vient mettre deux pièces de monnaie. Le Christ déclare alors qu’elle a mis plus que tous les autres. Quel contraste pour des gens qui pensaient que les riches étaient riches par bénédiction de Dieu ! Nous voyons bien que ses critères à lui, les critères de Dieu, sont bien différents des critères de la société d’alors et sans doute d’aujourd’hui.
De la veuve de Sarepta, il sera question dans l’évangile de saint Luc, au chapitre 4, lorsque Jésus se retrouve dans la synagogue de Nazareth, lieu de sa jeunesse. Et ça tourne mal pour le Christ. Ce dernier, en effet, déclare que lors de la fameuse famine du temps d’Elie, le prophète avait été envoyé, non pas aux veuves d’Israël, pourtant nombreuses, mais à une veuve étrangère, de la ville de Sarepta, au pays de Sidon, et donc à une païenne. C’en est trop pour les personnes réunies dans la synagogue qui, alors qu’elles venaient de louer le message de grâce venant du Christ, veulent maintenant précipiter Jésus en bas de la colline. Revirement subit car il était impensable pour eux qu’un prophète soit envoyé à une païenne alors qu’Elie venait de lutter contre une autre païenne, reine celle-là : Jézabel. Là aussi, nous voyons combien les critères de Dieu ne sont pas les nôtres.
En effet, ces textes nous montrent bien que le Dieu d’Israël, qui est le Dieu de Jésus Christ, sort des catégories et des conventions socialement et religieusement reçues. C’est une veuve païenne qui accueille Elie et lui donne tout ce qu’elle a. C’est elle qui est l’objet de la bénédiction de Dieu en étant nourrie au jour le jour, comme Israël avait été nourri au Désert. Dieu ne réserve pas sa Grâce à un peuple mais s’il s’est choisi un peuple, c’est pour ensuite choisir toutes les nations.
Et cette pauvre veuve de Jérusalem, une juive celle-là, se retrouve être admirée par le Christ, admirée par Dieu, alors que son geste, matériellement, est minime. On voit bien que le Christ, sans mépriser les riches (les épisodes de Zachée et de l’appel de Matthieu le montrent bien) pose son regard sur les plus pauvres les moins considérés de son temps.
Fort bien. C’était dans l’Antiquité et dans le monde juif. Mais pour nous aujourd’hui ?
La société prend soin des veuves ainsi que des orphelins. Ce serait quand même à voir de près car le nombre de pauvres dans notre société occidentale dite riche n’est pas négligeable, nous le savons bien. Et bien des mères élevant seule leurs enfants sont dans la pauvreté.
Et puis, il y a les immigrés, question brûlante et combien dérangeante. Alors que l’Eglise a pu montrer sa face sombre, nous ne le savons que trop, certains chrétiens posent des actes forts et clairs pour soutenir les immigrés traités de façon inhumaine par une société qui se veut égalitaire et fraternelle. Bien sûr, le discernement sur ce qu’il y a lieu de faire n’est pas toujours évident. Mais les prophètes et le Christ lui-même n’ont-ils donc pas été souvent incompris dans leurs paroles et leurs actes ?
Depuis 2000 ans et la venue du Christ, il y a certainement eu des progrès réalisés dans notre monde quant à la dignité des personnes. Mais ne fermons pas les yeux trop facilement sur les situations gênantes. Admettons que notre regard sur les plus petits de notre monde est parfois très loin de ce que le Christ nous enseigne, de ce que sa conduite nous dicte.
Il ne s’agit pas de nous mettre sur la paille pour aider les autres, ce serait une façon trop commode de trouver des arguments pour ne rien faire. Mais, au nom de notre foi, quels gestes, si petit soient-ils, quelles collaborations pouvons-nous mener pour aider ceux qui en ont besoin à se prendre en main ?
Frères et sœurs, nous arrivons à la fin de l’année liturgique et les évangiles nous redisent les enjeux concrets de notre foi. Ce dimanche, il s’agit de contempler le regard de Dieu qui se porte sur les gens démunis qu’ils soient païens ou juifs. Le Christ nous invite à porter nous-mêmes sur les plus démunis ce même type de regard. C’est certainement impossible par nos propres forces mais en nous laissant travailler par sa Parole et en recevant son Corps, nous pouvons laisser l’Esprit Saint opérer en nous bien plus que nous ne pouvons imaginer. AMEN
COMMEMORATION DES FIDELES DEFUNTS 2021
Rm 14, 7-9. 10b-12 ; Jn 6, 37-40
Homélie du Père Abbé Luc
Ce matin, les paroles entendues veulent nourrir notre espérance pour nos frères défunts et pour nous-mêmes face à la mort. Nous pouvons considérer les deux lectures en vis-à-vis. D’un côté nous avons le dessein de Dieu sur les hommes exprimé dans la bouche de Jésus à l’occasion du grand discours sur le pain de vie à la synagogue de Capharnaüm. De l’autre, nous avons Paul qui confesse sa foi au Christ Seigneur des morts et des vivants, à qui tous appartiennent. D’un côté, nous mesurons qu’entre le Père et son Fils Jésus, il y a un unique projet à l’égard des hommes : ne pas les perdre et les faire participer à leur vie par la résurrection au dernier jour. De l’autre, nous voyons Paul qui dit sa confiance d’être pris en charge par le Christ en sa vie comme en sa mort. Ainsi Jésus a annoncé et fondé la grande espérance chrétienne que tous les hommes qui croient en lui participent à la vie divine, et cela pour l’éternité. Paul est le témoin convaincu de cette espérance dès lors que son existence est complètement renouvelée par son lien avec le Christ, son Seigneur en sa vie comme en sa mort.
Et nous ? Nous recevons ces témoignages qui viennent fortifier notre espérance. Pas de certitude scientifique, mais la foi et l’espérance. Par la foi, nous croyons que Jésus le Christ est vraiment notre Seigneur, un Seigneur qui nous sauve. Si nous lui faisons confiance, il nous conduit aujourd’hui de telle façon qu’il nous donne déjà en cette vie un avant-goût de la vie éternelle. Par l’espérance, nous entretenons cette lampe de veille en l’amour de Dieu qui ne saurait nous décevoir demain car il ne peut se renier Lui-même, Lui qui est Amour. Ainsi dans la foi et l’espérance, nous nous tenons dans la prière pour tous les défunts, qui ont cherché comme nous, qui peut-être se sont égarés comme nous parfois. L’amour que le Seigneur répand en nos cœurs nous entraine à élargir toujours plus notre cœur et notre prière à tous ces êtres connus ou inconnus.
Avec action de grâce, faisons mémoire de la mort et de la résurrection de Jésus, car nous savons que là est le roc de notre espérance pour tous.