vendredi 7 novembre 2025 : journée de solitude pour la communauté
(eucharistie vers 6h45, juste après Laudes). 

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 14 novembre 2021 — 33e dim. ordinaire — Frère Bernard
Cycle : Année B
Info :

Année B - HOMELIE du 33ème dimanche du TO – 14/11/2021

(Daniel 12,1-3 ; Hébreux 10,11-18 ; Marc 9,30-37)

Homélie du F.Bernard

Texte :

Dernier évangile de cette année, pris dans saint Marc. Dimanche prochain, pour la solennité du Christ-Roi, nous entendrons, dans l’évangile de Jean, le dialogue entre Jésus et Pilate sur la royauté de Jésus. Puis ce sera l’Avent et le début d’une nouvelle année liturgique avec l’évangile de Luc

.

Nous venons d’entendre une partie du discours de Jésus sur la fin des temps : des paroles énigmatiques certes, mais confiées à notre vigilance. Aux disciples, qui s’étaient extasiés devant la beauté du Temple, Jésus avait répondu en annonçant brusquement sa ruine : Il n’en restera pas pierre sur pierre ; tout sera détruit (Mc 13,2). Déjà, il est vrai, quelques jours auparavant, il avait prononcé une parole mystérieuse sur le figuier stérile, annonçant que la maison de prière pour tous les peuples (Mc 11,17), serait désormais non plus le Temple mais son propre corps passé par la mort et ressuscité. Mais les disciples avaient-ils compris ?

Ils avaient alors posé deux questions : l’une précise sur la ruine du Temple : Quand cela arrivera-t-il ? ; l’autre plus vague, sur la fin des temps : Quel sera le signe que tout cela doit finir ?

Remarquons que Jésus ici ne s’adresse pas aux foules, ni à l’ensemble de ses disciples, ni même aux Douze, mais seulement à quatre d’entre eux, sa « garde rapprochée » en quelque sorte : Pierre, Jacques et Jean, les témoins privilégiés des grands moments de la vie publique de Jésus, et aussi André, le frère de Pierre. En somme, les quatre disciples toujours placés en tête dans les listes des apôtres.

Pourquoi cet auditoire restreint ? Peut-être pour souligner l’importance des paroles qui vont suivre : elles ne sont en tout cas nullement destinées à rester le secret d’un auditoire d’initiés. L’ultime parole de ce discours le dit explicitement : Ce que je vous dis à vous, je le dis à tous : veillez. Car vous ne savez pas quand le Maître de maison va venir (Mc 13, 35-37).

Jésus avait donc annoncé la ruine du Temple. L’événement aura lieu en l’an 70, peu avant ou peu après la rédaction de notre évangile. Ce sera un immense traumatisme pour le peuple d’Israël qui, perdant le Temple, perdait son centre spirituel, le lieu où chacun pouvait rencontrer son Dieu et le célébrer. Pour survivre le judaïsme devra se reconstruire sur d’autres bases.

Puis Jésus porte son regard plus en avant, vers le temps de la fin. Le moins qu’on puisse dire est qu’il ne nous annonce pas un avenir facile, comme s’il voulait nous faire sortir d’une certaine torpeur. Déjà le prophète Daniel avait annoncé un temps de détresse, comme il n’y en a jamais eu depuis que les nations existent, et Jésus d’ajouter : Le soleil s’obscurcira, la lune perdra son éclat, les étoiles tomberont du ciel. Mais ce sera aussi le temps du salut du peuple, avait dit Daniel. Alors on verra le Fils de l’homme venir sur les nuées du ciel avec grande puissance et grande gloire, précise Jésus.

Détresse donc, mais aussi allégresse. Détresse pour le monde, et allégresse pour les disciples. Il est vrai aussi que les disciples faisant partie du monde ne seront pas épargnés par cette détresse. L’avenir annoncé par Jésus sera donc un avenir bouleversé. Mais si nous regardons l’avenir immédiatement devant nous il semble déjà porteur de grands changements qui ne sont pas sans susciter inquiétudes ou angoisses. Nous voudrions spontanément que le temps présent, avec toutes ses imperfections dure, car nous y sommes habitués. Pourtant l’avenir nous imposera nécessairement ses changements.

Mais notre foi chrétienne, elle, nous fait porter résolument notre regard vers l’avenir. Là est notre espérance, avec la certitude de la venue du Seigneur au terme du temps. Jésus nous invite à nous y préparer, en prenant la comparaison du figuier au printemps. Quand la sève le parcourt à nouveau et monte dans ses branches, celles-ci s’assouplissent, la végétation repousse puis le fruit vient. L’avenir pour le chrétien, c’est ce temps du réveil que connait la nature au printemps, le temps de la germination. Plutôt que dans de grands bouleversements du monde, c’est davantage dans la discrétion des jours que nous saisirons peu à peu l’accomplissement de l’Évangile, comme un printemps discret annonçant le chemin vers la pleine lumière de l’été, vers la venue du Seigneur dans sa Gloire.

Le dernier mot de l’Apocalypse, qui est aussi celui de toute la Bible, résume la prière chrétienne : Viens Seigneur Jésus. Comme le dit par ailleurs l’Apôtre, quand nous célébrons l’eucharistie, nous annonçons la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne. Voilà notre espérance. Oui, viens Seigneur Jésus.

Homélie du 07 novembre 2021 — 32e dim. ordinaire — Frère Jean-Louis
Cycle : Année B
Info :

32e dimanche Temps Ordinaire (B) (07/11/2021)

(1 R 17, 10-16 – Ps 145 – He 9, 24-28 – Mc 12, 38-44)

Homélie du F.Jean-Louis

Texte :

Frères et sœurs,

Ce dimanche, la première lecture et l’évangile ont un personnage commun : une veuve, veuve dont le psaume 145 qui a été chanté nous dit qu’elle est soutenue par le Seigneur, ainsi que l’orphelin.

La veuve, l’orphelin et l’immigré sont les trois catégories de pauvres les plus caractéristiques dans la Bible. La veuve et l’orphelin car ils ne disposent plus de la protection d’un mari, d’un père, et l’immigré, parce qu’il n’est plus sur sa terre et est étranger, sans repères culturels, familiaux et amicaux, avec tout ce que cela comporte de fragilité, nous le savons bien.

L’épisode de la veuve de Sarepta ne peut se comprendre que s’il est resitué dans la longue lutte du prophète Elie contre l’introduction de cultes païens en Israël, sous l’influence de la reine Jézabel, épouse du roi Achab. Ces dieux étaient censés favoriser la fertilité des sols grâce à la pluie dont ils étaient les maîtres. Elie va répliquer en annonçant une grande sécheresse de la part du Seigneur afin de montrer la supériorité de celui-ci sur ces dieux païens et c’est ce qui va arriver. Poursuivi, Elie se réfugie en terre païenne où il est accueilli par une veuve pauvre et son fils. Cette veuve va donner, partager tout ce qu’elle a et se verra comblée par le Dieu vivant, alors que les Israélites, eux, continueront à subir les privations causées par la sécheresse. Bien que païenne, elle a cru à la parole du prophète et a été récompensée.

D’une pauvre veuve, il est aussi question dans l’Evangile de ce jour. Le Christ vient de recommander aux foules de se méfier des apparences, en l’occurrence ici des scribes qui aiment les tenues d’apparat, les honneurs. Dans l’apparence, ils semblent impeccables, fervents, mais en fait, ils dévorent les biens des veuves, personnes les plus démunies face à ce genre de rapacité. Mais voilà qu’alors que le Christ est devant la salle du trésor du Temple et qu’il regarde des riches y mettre des grosses sommes, une pauvre veuve vient mettre deux pièces de monnaie. Le Christ déclare alors qu’elle a mis plus que tous les autres. Quel contraste pour des gens qui pensaient que les riches étaient riches par bénédiction de Dieu ! Nous voyons bien que ses critères à lui, les critères de Dieu, sont bien différents des critères de la société d’alors et sans doute d’aujourd’hui.

De la veuve de Sarepta, il sera question dans l’évangile de saint Luc, au chapitre 4, lorsque Jésus se retrouve dans la synagogue de Nazareth, lieu de sa jeunesse. Et ça tourne mal pour le Christ. Ce dernier, en effet, déclare que lors de la fameuse famine du temps d’Elie, le prophète avait été envoyé, non pas aux veuves d’Israël, pourtant nombreuses, mais à une veuve étrangère, de la ville de Sarepta, au pays de Sidon, et donc à une païenne. C’en est trop pour les personnes réunies dans la synagogue qui, alors qu’elles venaient de louer le message de grâce venant du Christ, veulent maintenant précipiter Jésus en bas de la colline. Revirement subit car il était impensable pour eux qu’un prophète soit envoyé à une païenne alors qu’Elie venait de lutter contre une autre païenne, reine celle-là : Jézabel. Là aussi, nous voyons combien les critères de Dieu ne sont pas les nôtres.

En effet, ces textes nous montrent bien que le Dieu d’Israël, qui est le Dieu de Jésus Christ, sort des catégories et des conventions socialement et religieusement reçues. C’est une veuve païenne qui accueille Elie et lui donne tout ce qu’elle a. C’est elle qui est l’objet de la bénédiction de Dieu en étant nourrie au jour le jour, comme Israël avait été nourri au Désert. Dieu ne réserve pas sa Grâce à un peuple mais s’il s’est choisi un peuple, c’est pour ensuite choisir toutes les nations.

Et cette pauvre veuve de Jérusalem, une juive celle-là, se retrouve être admirée par le Christ, admirée par Dieu, alors que son geste, matériellement, est minime. On voit bien que le Christ, sans mépriser les riches (les épisodes de Zachée et de l’appel de Matthieu le montrent bien) pose son regard sur les plus pauvres les moins considérés de son temps.

Fort bien. C’était dans l’Antiquité et dans le monde juif. Mais pour nous aujourd’hui ?

La société prend soin des veuves ainsi que des orphelins. Ce serait quand même à voir de près car le nombre de pauvres dans notre société occidentale dite riche n’est pas négligeable, nous le savons bien. Et bien des mères élevant seule leurs enfants sont dans la pauvreté.

Et puis, il y a les immigrés, question brûlante et combien dérangeante. Alors que l’Eglise a pu montrer sa face sombre, nous ne le savons que trop, certains chrétiens posent des actes forts et clairs pour soutenir les immigrés traités de façon inhumaine par une société qui se veut égalitaire et fraternelle. Bien sûr, le discernement sur ce qu’il y a lieu de faire n’est pas toujours évident. Mais les prophètes et le Christ lui-même n’ont-ils donc pas été souvent incompris dans leurs paroles et leurs actes ?

Depuis 2000 ans et la venue du Christ, il y a certainement eu des progrès réalisés dans notre monde quant à la dignité des personnes. Mais ne fermons pas les yeux trop facilement sur les situations gênantes. Admettons que notre regard sur les plus petits de notre monde est parfois très loin de ce que le Christ nous enseigne, de ce que sa conduite nous dicte.

Il ne s’agit pas de nous mettre sur la paille pour aider les autres, ce serait une façon trop commode de trouver des arguments pour ne rien faire. Mais, au nom de notre foi, quels gestes, si petit soient-ils, quelles collaborations pouvons-nous mener pour aider ceux qui en ont besoin à se prendre en main ?

Frères et sœurs, nous arrivons à la fin de l’année liturgique et les évangiles nous redisent les enjeux concrets de notre foi. Ce dimanche, il s’agit de contempler le regard de Dieu qui se porte sur les gens démunis qu’ils soient païens ou juifs. Le Christ nous invite à porter nous-mêmes sur les plus démunis ce même type de regard. C’est certainement impossible par nos propres forces mais en nous laissant travailler par sa Parole et en recevant son Corps, nous pouvons laisser l’Esprit Saint opérer en nous bien plus que nous ne pouvons imaginer. AMEN

Homélie du 02 novembre 2021 — Défunts — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

COMMEMORATION DES FIDELES DEFUNTS 2021

Rm 14, 7-9. 10b-12 ; Jn 6, 37-40

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Ce matin, les paroles entendues veulent nourrir notre espérance pour nos frères défunts et pour nous-mêmes face à la mort. Nous pouvons considérer les deux lectures en vis-à-vis. D’un côté nous avons le dessein de Dieu sur les hommes exprimé dans la bouche de Jésus à l’occasion du grand discours sur le pain de vie à la synagogue de Capharnaüm. De l’autre, nous avons Paul qui confesse sa foi au Christ Seigneur des morts et des vivants, à qui tous appartiennent. D’un côté, nous mesurons qu’entre le Père et son Fils Jésus, il y a un unique projet à l’égard des hommes : ne pas les perdre et les faire participer à leur vie par la résurrection au dernier jour. De l’autre, nous voyons Paul qui dit sa confiance d’être pris en charge par le Christ en sa vie comme en sa mort. Ainsi Jésus a annoncé et fondé la grande espérance chrétienne que tous les hommes qui croient en lui participent à la vie divine, et cela pour l’éternité. Paul est le témoin convaincu de cette espérance dès lors que son existence est complètement renouvelée par son lien avec le Christ, son Seigneur en sa vie comme en sa mort.

Et nous ? Nous recevons ces témoignages qui viennent fortifier notre espérance. Pas de certitude scientifique, mais la foi et l’espérance. Par la foi, nous croyons que Jésus le Christ est vraiment notre Seigneur, un Seigneur qui nous sauve. Si nous lui faisons confiance, il nous conduit aujourd’hui de telle façon qu’il nous donne déjà en cette vie un avant-goût de la vie éternelle. Par l’espérance, nous entretenons cette lampe de veille en l’amour de Dieu qui ne saurait nous décevoir demain car il ne peut se renier Lui-même, Lui qui est Amour. Ainsi dans la foi et l’espérance, nous nous tenons dans la prière pour tous les défunts, qui ont cherché comme nous, qui peut-être se sont égarés comme nous parfois. L’amour que le Seigneur répand en nos cœurs nous entraine à élargir toujours plus notre cœur et notre prière à tous ces êtres connus ou inconnus.

Avec action de grâce, faisons mémoire de la mort et de la résurrection de Jésus, car nous savons que là est le roc de notre espérance pour tous.

Homélie du 01 novembre 2021 — Toussaint — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

TOUSSAINT 2021

Ap 7, 2-4. 9-14 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12a

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

A l’écoute de cet évangile, nous pourrions faire un petit exercice. Si je faisais moi-même une liste des béatitudes qu’est ce j’y inscrirai ? Est-ce que je mettrai heureux les pauvres de cœur, ou bien heureux ceux sont contents d’eux-mêmes, heureux ceux qui brillent aux yeux des autres ou encore ceux qui rient toujours à la place d’heureux ceux qui pleurent… heureux ceux qui savent tenir leur position et imposer leur point de vue à la place de heureux les doux ou heureux les miséricordieux. Heureux si je ne suis pas trop dérangé quand je partage ma foi, si je reste bien avec tout le monde, à la place de heureux si l’on vous insulte si l’on vous persécute à cause de mon nom… Ce petit exercice pourrait nous aider à regarder en face qu’en bien des situations, nous pouvons nous surprendre à désirer un bonheur qui n’est pas celui que Jésus nous propose aujourd’hui. Jésus vient questionner notre appétit de bonheur en proposant une autre échelle de mesure. La mesure de Jésus n’est pas la réussite ou le succès en ce monde, mais ce qui peut durer dans la lumière de Dieu. Qu’est-ce qui a du poids, de la valeur à ses yeux, une valeur qui ne passera pas ? La pauvreté de cœur, la douceur, la justice, la miséricorde, la pureté de cœur, la paix, la fidélité dans l’épreuve… Oui, mais ici, il nous faut faire attention… Ce serait une erreur de voir en ces valeurs une nouvelle liste de bonnes œuvres à accomplir…. Non lorsque Jésus nous dit « heureux les miséricordieux » ou « heureux les cœurs », il ne nous donne pas un commandement. Il nous révèle un bonheur qui est déjà là offert, en même temps qu’il est encore devant nous. Il est déjà là : il nous suffit d’ouvrir les yeux pour le reconnaitre à l’œuvre chez les autres, les saints de la porte d’à côté ou bien en nous-mêmes. Ce bonheur est en nos vies comme une petite musique qui murmure : « va de ce côté et tu vas vivre pleinement ». Comme une source qui ne demande qu’à être canalisée pour devenir plus abondante, il coule déjà dans nos vies : c’est le bonheur de l’humilité du cœur, de la pureté, de la miséricorde, de la paix, de la justice que nous goûtons à certains moments, soit que nous en sommes les bénéficiaires, soit qu’il jaillisse en nous… Dieu notre Père et notre créateur a mis en nous ses enfants, créés à son image, le goût de ce bonheur qu’il désire nous partager dans l’éternité.

Et en même temps, ce bonheur est encore à venir comme le souligne bon nombre de verbes de notre évangile qui sont au futur. Les larmes ne seront pleinement essuyées que dans l’au-delà. La soif de justice et de paix ne sera vraiment étanchée que dans la vie reçue de Dieu, Bon et Juste, le Tout miséricordieux. Là où tous les amis du Seigneur nous devancent et se réjouissent. Notre monde, comme notre propre cœur est encore en travail d’enfantement. Jour après jour dans la prière du « notre Père », nous demandons « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Oui il nous faut demander que la vie du ciel, faite de justice, de miséricorde, de pureté et de paix, selon la volonté du Père, vienne irriguer et renouveler la vie sur cette terre. Cette fête de la Toussaint veut fortifier notre espérance. Le mal, la division, l’orgueil, la violence sous toutes ses formes n’auront pas le dernier mot. Elle veut aussi nous renouveler dans la force d’avancer sur le chemin de la foi, en nous souvenant que « le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le trône et à l’Agneau » pour reprendre les mots de l’Apocalypse. Il n’est pas en notre pouvoir. Oui, vivant en ce monde encore aux prises avec le mal, en en subissant chacun plus ou moins les conséquences, nous tournons nos regards vers Jésus, l’Agneau Vainqueur. Lui, le pleinement pauvre de coeur, doux, miséricordieux, juste, fidèle, pacifique, a vraiment vaincu le mal à sa racine. Son sang versé pour nous par amour nous lave de nos péchés. Lui Seul peut nous sauver, et donner sa pleine mesure à ce bonheur des béatitudes goûté déjà et espéré dans le monde à venir. En rendant grâce maintenant pour la mort et la résurrection de Jésus, nous accueillons sa vie. Aujourd’hui elle nous sauve et lave. Faisons-lui toute la place…

Homélie du 31 octobre 2021 — 31e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année B
Info :

Année B - 31 dimanche du Temps Ordinaire - 31 Octobre 2021

Dt 6 2-6 ; Heb 7 23-28 ; Mc 12 28-34

Homélie par F.Hubert

Texte :

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu »

Je trouve extraordinaire que Dieu nous demande de l’aimer,

que l’Ecriture nous demande d’aimer Dieu,

- et pas seulement dans le NT, avec Jésus,

mais déjà dans la Torah d’Israël, dans la Loi de la Première Alliance.

Certes, il nous dit : « Tu craindras le Seigneur ton Dieu »

- et il faut voir de quelle crainte il s’agit -

mais il nous dit aussi : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu ».

Aimer Dieu, cela veut dire quoi ?

Comment aimer Dieu ?

Est-ce possible ? Aimer Dieu, que nous ne voyons pas ?

qui nous peut nous paraître si loin, absent même ?…

Pourtant, il est celui qui vient vers nous, qui nous parle,

qui fait alliance, une alliance qui jamais ne se reprend,

mais se renouvelle, au fur et à mesure de nos réponses, pourtant si souvent négatives.

La Bible nous révèle que des hommes se sont levés,

un peuple s’est levé, malgré ses faiblesses et ses infidélités,

pour témoigner que Dieu s’est fait proche, qu’il a parlé, qu’il s’est engagé dans son histoire, qu’il fait alliance, qu’il sauve l’opprimé, le faible, le pécheur,

que jamais il ne se lasse de revenir, de créer du nouveau, de l’inespéré, d’ouvrir des chemins, de se donner lui-même.

Ses entrailles sont celles d’une mère,

et son bras est fort pour libérer et conduire jusqu’en Terre Promise,

laquelle n’est autre que lui-même.

Les dieux des nations, les idoles, très présents dans la Bible,

je n’ai jamais vu nulle part qu’il soit demandé de les aimer.

Ils sont mortifères.

Si le Dieu d’Israël, « le Seigneur », demande d’être aimé, c’est qu’il est le Vivant,

tellement vivant qu’il donne la vie à d’autres,

qu’il aime ceux qui sont sortis de lui,

et qu’il désire recevoir d’eux l’amour déposé en eux.

Il est tellement vivant qu’il peut traverser la haine et la mort, en continuant d’aimer.

Oui, aimer, Dieu sait faire.

Comme toujours, il nous faut regarder Jésus, qui est le visage du Père.

Dieu nous semble absent ?

C’est que nous ne savons pas le voir où il est :

il est le Très-Bas. Jamais il ne nous surplombe.

Il est le Serviteur, toujours plus bas que celui qu’il aime.

Après s’être révélé peu à peu dans l’histoire d’Israël,

il s’est révélé définitivement en son Fils, devenu notre frère,

lavant les pieds de tous ceux qui ont besoin d’être lavés.

Si nous le cherchons en-haut,

c’est entre terre et ciel que nous le trouverons,

cloué, pendu sur deux poutres de bois, prenant sur lui tout le mal du monde.

Comme nous le dit la lettre aux Hébreux, il s’est offert lui-même, une fois pour toutes.

Il est en lui-même et l’amour de Dieu pour l’homme

et l’amour de l’homme pour Dieu.

Alors, comment aimer Dieu ?

D’abord d’un immense amour de reconnaissance,

pour tout ce que je viens déjà de dire :

il nous a désirés, façonnés à son image, appelés, sauvés,

il a donné sa vie pour nous en son Fils,

il nous appelle à vivre en lui, de lui ;

il nous donne son propre Esprit.

Comment aimer Dieu ?

En vivant de cet Esprit qui habite en nous

et intercède pour nous en gémissements inexprimables.

N’oublions pas notre baptême, notre confirmation, et l’eucharistie :

c’est Dieu, chaque fois, qui se donne à nous.

N’oublions pas que Jésus nous donne l’eucharistie pour nous communiquer son Esprit

afin que nous vivions comme il a vécu.

Et là, nous retrouvons le deuxième commandement qui est égal au premier.

Lui qui a lavé les pieds de ses disciples, il ne cesse de nous dire :

« C’est un exemple que je vous ai donné

afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »

Nous pouvons aimer Dieu en nous laissant saisir et mouvoir par son Esprit,

et dans l’élan du cœur, le cœur à cœur,

et dans le concret de nos actes.

Ces deux voies sont inséparables.

L’intimité du cœur et l’amour des frères.

Nous entendions hier, de Madeleine Delbrêl :

« C'est seulement à travers les autres que nous pouvons rendre amour pour amour à Dieu. »

La grande voie pour aimer Dieu, c’est d’aimer nos frères ;

Et Madeleine d’ajouter :

« Le danger, c'est que le deuxième commandement devienne le premier. La preuve de contrôle, c'est d'aimer chaque homme, … c'est d'aimer Dieu dans chaque homme, sans préférence, sans catégories, sans exception » et « c'est dans la prière, dans la prière seulement, que le Christ se révélera à nous dans « chacun » ».

« Celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, dit st Jean,

est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas ».

« Tout ce que vous aurez fait au plus petit de mes frères, nous dit Jésus,

c’est à moi que vous l’aurez fait ».

Ne cessons pas d’apprendre de Jésus comment aimer le Père, notre Père, et comment aimer nos frères et sœurs, tous, sans exclusion aucune.

Ecoutons encore Madeleine Delbrêl :

« Ce n'est pas notre amour [notre amour humain] que nous avons à donner :

c'est l'amour de Dieu. »

Le chemin est sans fin, mais nous ne sommes pas seuls : l’Esprit nous est donné, il nous habite.

Homélie du 24 octobre 2021 — 30e dim. ordinaire — Frère Damase
Cycle : Année B
Info :

Année B – 30° dimanche du Temps Ordinaire – 24 octobre 2021

Jér317-9 ; Héb 5 1-6 ; Mc 10 46-52 ;

Homélie du F.Damase

Texte :

L’évangile de Marc est construit selon un cheminement de Jésus entre Nazareth et Jérusalem ! Aujourd’hui, Jésus arrive à Jéricho (c’est-à-dire à moins 256 m sous la mer et Jésus s’approche à 25 km de Jérusalem où il montera jusqu’à 790 m au-dessus du niveau de la mer). Jéricho est donc pour Jésus un lieu charnière !

A la sortie de la ville, il rencontre un mendiant, aveugle, donc chassé du centre-ville.

Ce mendiant porte un nom Bartimé – le « fils de l’Honoré », lui le « déshonneur de sa famille ». Mais cet homme aveugle, assis sur le bord de la route, écoute et réfléchit. Il entend une foule qui passe, c’est Jésus de Nazareth lui dit-on.

Immédiatement, il se met à crier ce qui jaillit de son cœur : « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ». En ce fils de Nazareth, l’aveugle a vu le Fils de David – l’envoyé de Dieu pour sauver son peuple !

La foule - choquée par cette relecture rapide de la promesse des prophètes, mais dangereuse face à l’occupant romain – essaye de le faire taire, mais lui crie plus fort « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi » !

Jésus s’entend appelé par son nom, par son vrai nom, (nous sommes aux 2/3 de l’évangile de Marc et c’est la seule fois que Marc mentionne cette identité de Jésus), Jésus réagit immédiatement : « Appelez-le » !

La foule – tout aussi instantanément réagit et fièremen dit : « Confiance, lève-toi, il t’appelle » !

« L’aveugle jette son manteau, bondit et courre vers Jésus » - En jetant son manteau, l’homme abandonne tout ce qu’il possède, - car selon la Bible, il est interdit de confisquer le manteau du pauvre, car c’est sa seule richesse. L’aveugle traverse les barrières de la foule et des disciples. Il coure vers Jésus, vers celui dont il a entendu la voix l’appeler, il se laisse guider par son oreille !

Arrivé près de Jésus, Jésus le questionne : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? »

- Surprise Dieu attend que je lui demande quelque chose…

« Rabbouni que je vois » ! Non pas Rabbi (« Maitre » ou « Monsieur le professeur »), mais le cri du cœur aimant, comme Marie-Madeleine au matin de Pâques dans le jardin de la Résurrection !

« Rabbouni, Que je vois » - non pas « que je vois ma copine » - mais « que je te vois avec mon cœur, toi mon Sauveur » !

Jésus a très bien compris ce cri et lui réponds dans le même registre : « Va, Ta foi t’a sauvé » !

« Va » - Je t’envoie comme mon messager, pour annoncer la « Bonne Nouvelle de ma Résurrection » !

« Aussitôt, l’homme se mit à voir » Jésus dans toute sa réalité ! L’homme découvre en Jésus le Fils de l’Homme – Dieu fait homme – Dieu qui s’humilie au point de devenir un homme comme les autres qui obéit au Père et qui aime tous les hommes, ses frères ».

« Et il suivait Jésus sur la route » - avec Jésus, il monte vers Jérusalem – il monte vers sa Passion, sa mort, et sa Résurrection » !

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? » - Question que Jésus nous pose aujourd’hui !

Quel est mon désir pour marcher -aujourd'hui - à la suite de Jésus et monter à Jérusalem avec Lui

564 mots

Homélie du 18 octobre 2021 — Saint Luc – Fête du père abbé — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

18 octobre 2021 – saint Luc – fête du Père Abbé

2 Tim 4 9-17 ; Lc 10 1-9

Homélie du père Abbé – Luc Cornuau

Texte :



« Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups »

Jésus ne cherche pas à convaincre ses disciples de la nécessité de la mission, en leur faisant miroiter des facilités, ou des avantages. Non, il les met d’emblée devant le caractère abrupt ce qu’ils vont vivre : ils seront même des agneaux au milieu des loups – rien de facile – une situation qui appellera une vigilance continuelle, une situation qui les met d’emblée en position d’infériorité et de faiblesse.

Premier trait du disciple missionnaire - Le disciple ne va pas témoigner à partir de sa force, mais de sa faiblesse. Comment recevons-nous cette invitation ? Est-ce bien ainsi que nous désirons témoigner ?

Au milieu des loups, l’agneau un jour risque fort de se faire manger. Quand Jésus invite ses disciples, à considérer cette issue, il les engage à prendre le chemin qui est le sien. Il est l’Agneau par excellence, l’Agneau de Dieu qui se tient au cœur de la violence des hommes. Il la subit et va en mourir. A l’avance, il consent à être mangé. Il se donne pour nous donner la vie.

Agneau au milieu des loups, nous ne pouvons l’être alors que toujours plus uni à Jésus .. Ancré en Lui, nous pouvons accepter de nous donner, d’être mangé, de mourir pour Lui de mille manières en renonçant à nous-même.

C’est un deuxième trait du disciple missionnaire. Il témoigne en entrant dans le don de lui-même uni à Jésus, en acceptant de mourir avec Lui et pour Lui.

Nous pouvons nous sentir bien faibles et petits devant cet appel… Demandons la grâce de comprendre que là est notre force. Regardons Jésus et notre faiblesse, et demandons lui la force qui ne peut venir que de Lui, l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, comme chaque Eucharistie nous invite à le faire…

Homélie du 17 octobre 2021 — 29e dim. ordinaire — Frère Basile
Cycle : Année B
Info :

Année B - 29° dimanche du temps Ordinaire - 17 octobre 2021

Esaïe 53, 10-11 / ps 32; Hébreux 4, 14-16; Marc 10, 35-45

Homélie du F.Basile

Texte :

Frères et Soeurs, la parole de Jésus qui nous arrive ce matin est abrupte et sans compromis. Cette recherche des premières places, ce désir de faire carrière, fut-ce dans l’Eglise Jésus les refuse net. Les 2 disciples qui ont fait une telle demande, ce sont Jacques et Jean ; c’est bien dans leur tempérament de battants ; on les surnommait « fils du tonnerre », et cette demande rend jaloux les autres, bien sûr. Alors Jésus s’adresse à tous, mais à nous aussi qui avons souvent ce même désir d’être bien placé, cette soif de pouvoir et d’autorité sur les autres.

« Dans le monde,¬ nous dit Jésus, les grands font sentir leur pouvoir : parmi vous il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur ; celui qui veut être le premier sera l’esclave de tous. »

C’est une parole que nous aurons toujours du mal à entendre et à mettre en pratique : comment exercer l’autorité comme un service et non pas comme un pouvoir sur les autres ? Quand on regarde l’histoire de l’Eglise, on est parfois effrayé par ces contre-témoignages, ces abus d’autorité et de pouvoir, ce cléricalisme que le pape François a dénoncé dans sa Lettre au Peuple de Dieu ; durant ces 20 siècles d’histoire, il y a comme un non-respect de la parole du Christ, car si l’Evangile est clair, l’organisation hiérarchique de l’Eglise, qui s’est mise en place peu à peu, s’en est très souvent écarté. Comme on comprend la réaction de François d’Assise pour revenir à la pauvreté de l’Evangile ! Le Concile Vatican 2, il y a presque 60 ans, a initié une vraie révolution dans l’Eglise, pour que le signe qu’elle donne au monde ne soit plus celui d’une organisation puissante et riche, mais servante et pauvre, au service des hommes ; nous savons comme ce fut difficile de faire passer cette vision dans les faits et dans les structures : le pape François l’a bien compris pour la réforme de la Curie.

Le rapport de la CIASE sur les abus sexuels dans l’Eglise Catholique en France, rendu public le 6 octobre, n’a pas fini d’ébranler notre foi, notre confiance dans l’Eglise et dans les prêtres, serviteurs de l’Eglise ; justement certains n’ont plus été serviteurs, parce qu’ils ont abusé de leur pouvoir sur les petits, sur les personnes vulnérables.

Il ne s’agit pas de tirer à boulets rouges sur les autres, mais de prendre la mesure de cette conversion difficile qui nous concerne tous. Dans ce domaine, la lumière nous vient de l’Evangile, du Christ lui-même, le Serviteur par excellence : lui qui nous dit aujourd’hui : « Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir et donner ma vie en rançon pour la multitude. » Le Fils de l’homme, c’est lui, mais une figure bien différente de celle évoquée par le prophète Daniel ; Jésus se reconnaît plutôt dans le Serviteur souffrant d’Esaïe, la 1° lecture de ce dimanche : il est tout le contraire d’un Messie triomphant, d’un Roi libérateur dont Jacques et Jean auraient bien voulu être les 1° ministres.

Premier ministre : voyez comme ce mot est ambigu : nous pensons spontanément à nos ministres d’état avec leur voiture, leur escorte officielle, alors que ce mot ministre qui vient du latin veut dire « serviteur ». Cela vaut aussi pour les ministres du culte. « Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur ; celui qui veut être le premier sera l’esclave de tous. »

Il y a dans le 4° évangile un geste très beau et très parlant, quand Jésus au cours du dernier repas avant sa mort, s’agenouille devant chacun de ses disciples, et se met à lui laver les pieds : c’est le geste de l’esclave, c’est le geste par excellence du serviteur ; un geste dont nous avons encore à redécouvrir la portée symbolique : il est fondateur de l’Eglise, de relations nouvelles entre les membres de l’Eglise, où le plus grand devient vraiment le serviteur du plus petit, du plus pauvre.

Rappelez-vous ce que dit Jésus à ses disciples après leur avoir lavé les pieds : « Si moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. » Et il ajoute : « Si vous savez cela, heureux êtes-vous pourvu que vous le mettiez en pratique. » Voilà donc le chemin du vrai bonheur, il s’appelle « service » : ce n’est pourtant pas un chemin bordé de roses. Mais ils sont nombreux ceux qui pourraient témoigner que cet appel à servir et à donner sa vie, cet appel que Jésus nous fait entendre aujourd’hui, est source d’amour et de joie.

Connaissez-vous le poème du poète indien Rabindranath Tagore ; il tient sur 3 lignes. Ecoutez-le :

« Je dormais et je rêvais que la vie n’était que joie.

Je m’éveillai et je vis que la vie n’était que service.

Je servis et je compris que le service était la joie. »

Il manque sans doute à ce poème la dimension de souffrance qui fait partie de toute vie humaine, la dimension pascale que Jésus ne cache pas à ses disciples : « Ma coupe, vous la boirez » et dans la nuit de Gethsémani, Jésus priera son Père : « Père, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi ; cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! » Et dans la 1° lecture d’Esaïe, il nous était dit : « Par suite de ses souffrances, il verra la lumière, il sera comblé » Alors gardons nos yeux fixés sur Jésus serviteur.

Au Foyer spirituel de Chauveroche, la Croix, sculptée par notre frère Symphorien, nous montre le Christ Serviteur. Croix glorieuse pourtant, mais le Christ Ressuscité porte l’étole en travers comme la portent les diacres dans la liturgie. Il nous est dit par là quelque chose d’étonnant, et c’est une parole de Jésus : dans le Royaume, c’est le Christ lui-même qui nous servira, parce que nous l’aurons servi ici-bas dans les pauvres et dans nos frères.

Au seuil d’une semaine missionnaire, retenons bien ceci : si nous voulons être disciples - missionnaires, soyons vraiment témoins du Dieu serviteur, et laissons Jésus nous apprendre à être serviteurs de nos frères, à nous abaisser devant eux : par ce chemin synodal qui s’ouvre aujourd’hui dans les diocèses, ayons à cœur de retrouver une Eglise de l’écoute et du service.

Accueil

F et S, celui qui nous rassemble ce matin, c’est le Christ Seigneur, mais il est aussi celui qui prend pour nous la tenue de serviteur. Il nous offre son amour pour l’annoncer au monde, pour nous mettre à notre tour au service de nos frères.

L’ordination aujourd’hui de 2 diacres permanents à Montréal dans notre diocèse et dans le diocèse de Troyes est un beau signe de l’Eglise, servante des hommes.

Le Pape François, vous le savez, vient d’inviter toute l’Eglise à se mettre en route sur un chemin de synodalité, c’est-à-dire à marcher ensemble, à mieux nous écouter pour marcher d’un même pas.

Après toutes les révélations de ces jours-ci sur les abus sexuels dans l’Eglise, nous sentons combien il est urgent de transformer nos relations dans l’Eglise, et d’abord de nous transformer nous-mêmes pour être comme Jésus serviteurs.

Reconnaissons notre péché et tournons-nous vers notre Dieu pour obtenir miséricorde.

Je confesse à Dieu tout-puissant…

Homélie du 10 octobre 2021 — 28e dim. ordinaire — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

HOMELIE du 28ème dimanche TO (Année B) – 10/10/2021

(Sagesse 7,7-11 ; Hébreux 4,12-13 ; Marc 10, 17-30)

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs

Le passage de l’Evangile selon St Marc que nous venons d’entendre dans sa version liturgique longue, fort heureusement, comporte une inclusion. Au début, un homme tombe aux genoux de Jésus et lui demande : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? » Et en finale, Jésus déclare : « nul n’aura tout quitté à cause de moi et de l’évangile, sans qu’il ne reçoive le centuple en ce temps déjà, et dans le monde à venir, la vie éternelle ».

La vie éternelle, est donc la trame essentielle de ce récit. Le détachement des richesses pour y parvenir n’est qu’un moyen : ce n’est pas une fin en soi. Ce qui importe avant tout, c’est le désir de vie, de vie pour toujours.

Le dialogue entre l’homme riche et Jésus est confiant. Jésus est à l’écoute : il perçoit la bonne volonté de son interlocuteur, et il valide son bien-faire dans l’observance de tous les commandements de la Loi, depuis sa jeunesse. Mais Jésus n’est pas ici un maître de doctrine : il ne se contente pas de dire ce qu’il faut faire pour être en règle. Les commandements de Dieu sont une étape, ils ne sont qu’une étape. Cet homme vient de croiser la chance de sa vie. Jésus a posé son regard sur lui, et il l’aime, comme le souligne St Marc, il l’appelle à le suivre. Tout comme Jésus avait posé son regard sur André et Pierre, de pauvres pécheurs au bord d’un lac, sur Nathanaël sous son figuier, sur Matthieu et Zachée de riches collecteurs d’impôts. Mais à la différence de ces derniers, l’homme de notre évangile prend conscience que ses richesses le retiennent, comme s’il était ficelé. Il en est dépendant, addict (dirait-on aujourd’hui), comme un drogué. Ce n’est pas lui qui possède des richesses, ce sont les richesses qui le possèdent. Il n’est pas un homme libre. Et il s’en va tout triste. Sa tristesse résonne comme un aveu : Jésus ne peut que constater : « il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le Royaume de Dieu ». Il doit admettre que certains préfèrent leurs comptes en banque à l’amour qu’il leur propose. La suite du Christ nécessite une liberté d’esprit et de cœur que tous n’ont pas. Et cela est très déconcertant pour les disciples.

C’est ce que St Marc, dans la seconde partie de cet épisode veut mettre en relief, en insistant sur cette difficulté du détachement, voire même son impossibilité à vue humaine, à vue religieuse aussi.

Traditionnellement pour les juifs du temps de Jésus, les richesses étaient considérées comme cadeau de Dieu, des bénédictions. Rien de mal à cela. Mais Jésus insiste : « il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu ». Il reprend là l’image d’un dicton qui circulait à l’époque et que l’on retrouve dans le Talmud de Babylone qui parlait, lui, d’un éléphant passant par le trou d’une aiguille.

Pourquoi cette difficulté ? Peut-être parce que ces richesses que nous possédons et qui nous possèdent sont ce que nous n’arrivons pas à partager avec les plus pauvres, peut-être aussi parce qu’elles entretiennent en nous l’illusion de l’auto-suffisance, et qu’elles nous dispensent d’avoir à dépendre des autres, à penser que nous n’avons rien à recevoir d’eux. Tout cela est très incompréhensible pour les disciples. « Mais alors qui peut être sauvé ? » demandent-ils à Jésus. Et la réponse n’a pas de quoi les rassurer immédiatement : « pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu. Car tout est possible à Dieu ». Le propos de Jésus n’est pas de décourager. Il vise à faire prendre conscience que le salut ne dépend pas de nous, de nos efforts. On ne fait pas son salut par soi-même. Dieu seul a le moyen et le désir de nous sauver. Lui seul peut et veut nous libérer de ces attaches qui nous éloignent de lui.

Jésus propose donc à ses disciples un renversement de perspective. Le salut ne se mérite pas. Il ne peut que se recevoir dans l’action de grâce. Mais pour cela, il faut avoir un cœur libre, il faut quitter tout ce qui nous entrave et nous retient.

Les disciples, tout comme les pharisiens, les scribes et les docteurs de la Loi, comme St Paul avant sa conversion, tous étaient dans la logique du mérite. Et nous-mêmes, ne le sommes-nous pas toujours plus ou moins encore ? Mais l’Evangile promet ici bien plus que tout ce que nous n’aurons jamais sacrifié : le centuple de tout, le trésor dans le Ciel. Jésus promet enfin et surtout la vie éternelle, comme un don gratuit, et non pas comme une récompense.

Cet enseignement qui sera repris par Saint Paul sous une forme plus théologique dans ses lettres, n’a rien perdu de sa force et de son actualité. Puissions-nous l’accueillir avec joie dans l’action de grâce et dans l’eucharistie de ce dimanche.

AMEN

Homélie du 03 octobre 2021 — 27e dim. ordinaire — Frère Cyprien
Cycle : Année B
Info :

Année B 27e dim ord. - 3 octobre 2021

Gen 2/18-24, Heb 2/9-1 1, Mc 10/2-16.

Homéliedu F.Cyprien

Texte :

" C'est à cause de la dureté de votre coeur que Moïse a écrit pour vous ce commandement

" Laissez les enfants venir à moi, car le Royaume de Dieu est à ceux qui sont comme eux.

F. et S. Depuis les Déclarations des Droits de l’homme, l’humanité a fait quelques progrès dans le respect des personnes… remarquons que les droits sont aussi des devoirs, droits et devoirs de chacun envers tous les autres. Oui, effectivement il faut affirmer et réaffirmer ces droits …

Par contre il nous faut préciser que les lois civiles, les lois édictées par les hommes, ces lois disent le droit bien…Elles disent le droit mais elles ne disent pas toujours le Bien.

Exemple très actuel : les nouvelles lois votées récemment (bioéthique, la PMA !) disent un droit, mais pas le Bien…

Les lois des hommes disent le Droit, elles ne disent pas ce qui est Bien, ce qui est Bon… Il n’y a que la loi divine qui dit le Bien… Il est d’ailleurs nécessaire que les Etats prévoient la clause de conscience… l’objection de conscience, par ex. avait été finalement mise en place au temps du service militaire obligatoire…).

Revenons aux pharisiens face à Jésus : ils restent dans une casuistique … qui les rassure peut-être, mais qui surtout les enferme. Ils peinent à comprendre ce Jésus qui ne répond jamais aussi clairement qu’ils le voudraient.

« Est-il permis ? Est-ce bien défendu de … », les réponses de Jésus sont rarement données pour rassurer, et toujours pour aller au-delà de nos raisons, de nos sentiments : Pour la femme qu’on veut lapider: « Que celui qui est sans péché lui jette le première pierre » : Dieu condamne le péché mais peut-être pas le pécheur… ?

« Faut-il payer l’impôt à César ? ». Jésus ne répond jamais oui ou non…il oblige à reprendre la question…

Ce que je retiens de notre Evangile, c’est que Jésus renvoie cette fois à Dieu, au projet divin : « Au commencement il n'en était pas ainsi ». Au commencement…

« Les deux ne seront qu’une seule chair ». Jésus semble dire que c’est Dieu qui les unit : l’homme vit avec la femme, la femme vit avec l’homme,…et c’est Dieu qui les unit… « Il s’attachera à sa femme »…Ils s’attacheront l’un à l’autre. « Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair ».

Comment un couple pourrait-il témoigner que Dieu est UN, s’ils se séparent après avoir été unis ? Ils ne sont plus deux mais une seule chair, cela est dit « au commencement », …comme ce qui fonde tout ce qui est de notre humanité.

Entrer dans le dessein de Dieu implique qu’on prenne les moyens d’y être fidèle…lutter contre la dureté de nos cœurs… Rien que cela !

[Cela me rappelle quelqu’un qui, avec son conjoint, avait la mission d’accompagner des jeunes dans la préparation au mariage ; cette personne m’avait expliqué l’enseignement prodigué ainsi par eux : « Fiancés, pas encore engagés, vous préparez votre avenir commun, vous avez à vous poser toutes les questions possibles entre vous pour mieux vous connaitre... vraiment toutes les questions… Une fois décidés, une fois engagés l’un envers l’autre, la seule question à vous poser … cette question sera et restera: « Comment faire pour vivre et rester ensemble ? ».]

Beaucoup d’engagements sont pris très vite (trop vite ?), pour un temps, le temps où la vie ensemble parait possible, vivable, supportable…

Il n’est pas aisé d’évoquer cela … impression d’aller à contre-courant de ce qui se vit souvent aujourd’hui, impression surtout de ne pas tenir compte de situations sans issue…

Oui, sans doute…

Mais notre Evangile, Parole de Dieu pour nous aujourd’hui !... cette Parole continue: «Des gens lui amenaient des enfants pour qu'il les touche, Jésus s'indigna et leur dit: " Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le Royaume de Dieu est à ceux qui sont comme eux. "

Cela vous étonne qu’à la suite de questions d’adultes, l’Evangile nous tourne vers les enfants ? ces enfants qui sont toujours blessés quand leurs parents se disputent, quand, eux, les enfants sont les premiers témoins des mésententes…

Ils sont eux, les enfants, les signes vivants que l’homme et la femme ne sont plus deux mais une seule chair, enfants et fruits de leur union, …souvent, heureusement, fruit de leur amour !

Et nous semblons accepter des situations qu’aucun des enfants n’a jamais souhaitées, situation qui vient sur eux comme un tremblement de terre, une chose incompréhensible...

Chers frères et sœurs, voilà la façon dont Jésus s’y prend pour nous interpeler, pour nous dire, avec la fermeté de son cœur à lui, que … que nous manquons au plan de Dieu …à cause de la dureté de nos cœurs … voilà, nous ne faisons pas advenir son Règne.

Prenons-nous tous dans la prière, tous ensemble, adultes et enfants, car nous sommes pécheurs : nous sommes les enfants de ce Dieu qui n’a jamais voulu et ne voudra jamais nous abandonner. Le Christ est venu pour les malades que nous sommes. Aucun échec n’est irrémédiable, toute situation est digne de sa miséricorde. Au moins que les parents pensent à leurs enfants, ces enfants que Jésus a bénis et pris pour nos modèles….

« Laissez venir à moi les enfants, ne les empêchez pas »

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