Homélies
Liste des Homélies
Année C - HOMELIE du 5ème dimanche TO - 06-02-2022
(Isaïe 6,1-8 ; Cor 15,3-11 ; Luc 5,1-11)
Homélie du F.Guillaume
Frères et sœurs
La liturgie de ce 5ème dimanche du TO nous offre à entendre 3 textes magnifiques de l’Ecriture. 3 rencontres d’hommes avec Dieu, 3 modalités de Révélation et de vocation : Isaïe, Paul, Pierre. Et ce qu’il y a de remarquable dans ces 3 expériences humano-divines c’est que toutes commencent par la vision de quelqu’un qui se donne à voir ou à entendre, suscitant alors la crainte et le sentiment d’indignité, d’impureté ou de péché, et toutes les 3 se concluant par un envoi en mission. De sorte qu’il était bon pour nous de chanter avec le psalmiste les versets du Ps. 137 « de tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâces. Je rends grâce à ton Nom, pour ton Amour et ta Vérité, car tu élèves au-dessus de tout, ton Nom et ta Parole »
Reprenons brièvement chacune de ces rencontres.
Pour Isaïe, elle a lieu au Temple de Jérusalem, en l’année de la mort du roi Ozias. Au cours d’une vision en esprit, il est mis en présence du Dieu Saint, 3 fois saint. Dans la tradition juive, Isaïe est considéré comme le prophète de la Sainteté de Dieu. Dire que Dieu est Saint, c’est dire qu’il est le Tout-Autre. Ce n’est pas un qualitatif moral, ni même un simple attribut. La Sainteté atteste la nature même de Dieu, son essence. Dieu est Celui qui nous dépasse infiniment, que nous ne pourrons jamais atteindre par nos seules forces. Devant lui, l’homme ne peut que mesurer sa petitesse et éprouver de la crainte : il découvre le fossé infranchissable qui le sépare de lui et il prend conscience de son impureté. Mais le Dieu de la Bible n’en reste pas là. Il s’adresse à l’homme en lui disant : « ne crains pas ». Il prend l’initiative de s’approcher et il fait un geste en envoyant un ange purifier les lèvres de l’homme pécheur. Isaîe est alors prêt à écouter l’envoi en mission : il sera messager, prophète d’une Bonne Nouvelle à ses frères, à son peuple et plus largement à toutes les nations.
Dans la 2nde lecture, il nous est rappelé que Dieu, en la personne du Christ Ressuscité s’est faut voir à Pierre, puis aux 12 ensuite à plus de 500 frères à la fois, puis à Jacques et aux autres apôtres, et en tout dernier lieu il est apparu à Paul, l’avorton, le persécuteur de l’Eglise. Sur le chemin de Damas Paul a pris conscience de son effroyable péché, il a été touché par la miséricorde de Jésus et de ses disciples qui lui ont pardonné. Enfin libre, à l’égard de la Loi, il est devenu le 1er grand disciple missionnaire, apôtre des nations, lui qui ne se jugeait pas digne d’être appelé apôtre. Ce qu’il était désormais, c’était par la grâce de Dieu qu’il l’était, et la grâce débordant en lui n’a pas été stérile.
Enfin Pierre, dans l’Evangile de cette pèche miraculeuse relatée par Saint Luc. Tout comme Isaïe il fait l’expérience d’une mise en présence soudaine de Dieu lui-même, non pas à travers une vision oculaire, mais par un miracle inexplicable pour le pécheur de poissons professionnel qu’il est. En réalité, il n’a fait que répondre à la parole de Jésus en qui il avait mis sa confiance depuis son 1er appel avec André, son frère. « Avance au large, et jetez les filets ». Ayant obéi, le miracle se produit suscitant l’effroi et la prise de conscience de l’écart qui le séparait de son Maître. « Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ». Prise de conscience à la fois de la Sainteté de Dieu, seul capable d’opérer un tel miracle, et à la fois de son indignité par ce fossé entre lui et Jésus, qui pourrait le pousser au découragement et à la peur paralysante. Mais ici encore, Dieu n’en reste pas là, à cette réaction très humaine. Tout comme Isaïe avait vu le geste de l’ange venant lui toucher les lèvres pour le purifier, ici, Pierre entend la parole de réconfort de Jésus : « sois sans crainte, désormais, ce sont des hommes que tu prendras ».
Tous les deux, ils reçoivent une vocation au service du même projet de Dieu qui est le salut des hommes. Isaïe sera un messager, un prophète, Pierre sera un pécheur d’hommes, un sauveteur
Pierre ne répond pas à la parole d’envoi de Jésus. La simplicité de la fin du texte est impressionnante : « alors, ils ramenèrent les barques au rivage, et laissant tout, ils le suivirent ». Encore faut-il s’entendre sur le sens de cette suite du Seigneur. Les disciples ne se contentent pas de suivre leur maître pour seulement l’écouter. Ils seront associés à sa tâche comme collaborateurs, même si l’entreprise sera parfois vouée à l’échec, à vue humaine. Il faudra continuer à lancer les filets. C’est le mystère de la collaboration, de notre collaboration à l’œuvre de Dieu. Nous ne pouvons rien faire sans Dieu, mais Dieu ne veut rien faire sans nous.
Comme le dit si bien Saint Paul : c’est la grâce de Dieu qui fait tout. Ce que nous sommes, c’est par la grâce de Dieu que nous le sommes, et la grâce en nous n’a pas été stérile. La seule collaboration qui nous est demandée, si l’on y réfléchit, c’est la confiance et la disponibilité. Tout a commencé parce que Pierre a fait confiance : « sur ta parole… » Il fait confiance à Jésus, assez pour l’écouter, assez pour se risquer à une nouvelle tentative de pêche. Après le miracle, Pierre ne dit plus « Maître », mais « Seigneur », le nom même de Dieu et c’est aux pieds de son Seigneur qu’il se prosterne. Il est prêt à se risquer pour cette nouvelle forme de pêche que Jésus lui propose : « désormais, ce sont des hommes et non plus des poissons que tu vas pécher »
Frères et sœurs, la parole de Jésus doit résonner encore à nos oreilles : « avancez au large et jetez vos filets ». A notre tour de répondre sans crainte et surtout faisons lui confiance, pour que notre pêche soit aussi miraculeuse. Il suffit de croire en Lui.
AMEN
Année C - 4eme T Ord -30 janvier 2022
Jér 1/4-5,17-19, 1Co 12/21-13/13, Lc 4/21-30
Homélie du F.Cyprien
S'il me manque l'amour, je ne suis rien...
La parole du Seigneur s'adressa à moi: « Ne te laisse pas accabler par eux ».
Tous ils s'étonnaient du message de la grâce qui sortait de sa bouche…
Chers frères et sœurs, commençons par le commencement, le plus important, commençons si vous le voulez bien par la 2e lecture…
…La foi, l'espérance et l'amour, ces trois-là demeurent, déclare Saint Paul aux Corinthiens, mais l'amour est le plus grand.
Pourquoi l’amour est-il le plus grand ?
Pourquoi ? Parce que l’amour c’est Dieu ; Dieu est amour et celui qui aime connait Dieu et Dieu demeure en Lui…
Tout a commencé en Dieu : il a tout créé par amour… chaque fois que nous aimons, nous révélons la présence de Dieu, ce Dieu qui veut être tout… en nous tous. Pour cela Il nous donne son Esprit et il n’y a qu’un fruit en nous de cet Esprit de Dieu :
Le fruit de l’Esprit c’est l’Amour, l’Amour qui unit le Père et le Fils…
De l’Amour, Paul a énuméré les aspects, les manifestations, les conditions :
= les aspects : l’amour répand la joie et la paix ;
= les manifestations : l’amour s’exprime par la patience, la bonté et la bienveillance ;
= les conditions : la foi, l’humilité et la maîtrise de soi sont les conditions de la naissance et de la croissance de l’amour.
Retenons cette fois-ci avec ce passage aux Corinthiens les manifestations de la Charité qui vient de Dieu : la patience, la bonté, la bienveillance.
Puissions-nous, f. et s., nous emplir de ce qu’écrit saint Paul, l’apprendre par cœur (dans l’ordre !) pour arriver chaque jour à vivre un peu et même beaucoup…de cet amour qui nous unit à Dieu et fait demeurer Dieu en nous…
« L'amour prend patience,
l'amour rend service,
il ne jalouse pas, il ne plastronne pas, il ne s'enfle pas d'orgueil,
il ne fait rien de laid,
il ne cherche pas son intérêt,
il ne s'irrite pas, il n'entretient pas de rancune,
il ne se réjouit pas de l'injustice, mais il trouve sa joie dans la vérité.
Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout ».
Maintenant, sachant cela, venons-en aux deux autres lectures qui se correspondent l’une l’autre : Jérémie en 1ére lecture et la rencontre de Jésus avec ses concitoyens à Nazareth.
Jérémie : c’est le prophète qui peine sous la charge que Dieu lui a confiée « Ne te laisse pas accabler par eux, eux qui ne veulent pas t’écouter…Ils ne pourront rien contre toi ».
Dans la Bible, tout au long de l’histoire de la foi, Jérémie a toujours été considéré comme le prophète dont le destin annonçait celui de Jésus, … La vie de Jérémie annonçait la vie de Jésus… Jésus persécuté pour être finalement éliminé.
Saint Luc présente Jésus en messager de la grâce, « On s’étonnait », écrit-il, …Jésus, messager de la grâce, étonne, il est trop connu de ses compatriotes pour parler et agir si bien : du coup il est rejeté : "Médecin, guéris-toi toi-même. ", : " Oui, je vous le déclare, aucun prophète ne trouve bon accueil dans sa patrie »… Plus tard il sera rejeté par les Anciens de son peuple, par les savants ; il sera livré aux romains pour être crucifié.
Jésus et ses compatriotes : cette façon de nous côtoyer les uns les autres et ne pas nous rencontrer, nous connaissons : nous réagissons souvent en croyant connaitre les personnes. Ce qu’elles ont à nous dire, nous l’écoutons… Nous écoutons, mais souvent à moitié …ou pas du tout, trop rarement pour apprendre ce que l’autre veut nous dire.
Le prophète n’est-il pas, en plus, celui qui vient nous dire quelque chose que nous ne voudrions pas trop entendre ?
Souvenons-nous de Jean-Baptiste qui attirait les foules et qui disait à Hérode : Tu n’as pas le droit de prendre la femme de ton frère…
Est-ce que les paroles de Jésus nous dérangent ? un peu ? beaucoup ? Il y a danger si elles nous rassurent sans effort de notre part. Jésus est mort par amour de nous, par amour de la Vérité : cela ne doit-il pas nous inciter à essayer de mieux comprendre son message ?
Frères et Sœurs, si nous sommes venus à l’Eucharistie ce matin, c’est que l’Esprit de Jésus nous a déjà fait entrer dans le message de paix et d’amour de Jésus. Déjà un peu…
Avec saint Paul qui nous a décrit la Charité de Dieu, que ce moment de prière ensemble nous enracine un peu plus dans cet Amour qui est la vie même de Dieu, en Jésus le pain vivant, Dieu qui nourrit les fidèles de sa Vie à Lui.
Frères sœurs, prions les uns pour les autres. Amen.
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Année C - 23 janvier 2022 - 3e dimanche du Temps ordinaire –
Ex 3 1.15 ; 1 Co 10 1-12 ; Lc 13 1-9
Homélie du F.Hubert
Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre.
Jésus, après quelques semaines en dehors de Nazareth, revient parmi les siens, au milieu desquels il a été élevé.
Il est descendu de Galilée au Jourdain se faire baptiser par Jean, incognito au milieu de foule venue reconnaître ses péchés. Jésus, le sans péché, a choisi les hommes, il ne s’est pas séparé de nous, il ne s’est pas mis à part, pas au-dessus, il s’est fait baptiser par Jean, comme les autres. Il nous a choisis, il a choisi d’être avec nous.
Dans ce choix, le Père l’a reconnu comme son Fils bien-aimé en qui il trouve sa joie.
Rempli d’Esprit Saint, il a été conduit au désert pour être tenté par le diable. Et là, il a choisi son Père. Il a refusé de recevoir les royaumes de la terre pour lui-même, il a refusé de choisir et recevoir les hommes pour lui. Il a refusé de se séparer de son Père. Il a refusé de n’être plus le Fils, de ne plus se recevoir de celui qui l’engendre et l’envoie.
Ayant ainsi choisi les hommes pour frères, et Dieu comme son Père, Jésus revient en Galilée dans la puissance de l’Esprit, et sa renommée se répandit dans toute la région.
Revenu chez les siens, trouvant dans le rouleau d’Isaïe le passage où il est écrit : L’Esprit du Seigneur est sur moi, Jésus se reconnaît, il reconnaît que se texte parle de lui. Et avec assurance, il affirme : Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre.
Oui, c’est lui qui est envoyé par le Père pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération.
Déjà en ce jour, tout cela est accompli, car ayant choisi les hommes, ayant choisi son Père, Jésus est déjà le trait d’union indissoluble entre le ciel et la terre, entre Dieu et les hommes. De Paul nous pouvons entendre : Vous êtes ressuscités avec le Christ, et de Jean : Nous sommes appelés enfants de Dieu et nous le sommes.
Cependant, dans la temporalité de Jésus et dans la nôtre, tout n’est pas encore accompli. Si Jésus a choisi et les hommes et son Père, il faut qu’il le vive dans sa chair jusqu’à porter dans tout son être, son corps et son cœur, l’horreur du péché, l’horreur de la séparation d’avec la Source, la séparation d’avec le Père. Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Jusqu’à l’extrême de cet abandon total, il fait qu’il tienne ses choix : Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font.
Alors, chacune de nos années, chacune de nos journées, est un temps favorable, un temps de grâce, accordé par le Seigneur.
Dieu a jugé bon qu’habite dans le Christ toute la plénitude et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié.
Tu as tellement aimé le monde, Père très saint, que tu nous as envoyé ton Fils unique, lorsque les temps furent accomplis, pour qu’il soit notre Sauveur. Dieu fait homme … il a vécu notre condition humaine en toute chose, excepté le péché, annonçant aux pauvres la bonne nouvelle du salut, aux captifs la délivrance, aux affligés la joie.
Dans notre temporalité à nous aussi, il nous faut accueillir ce don de Dieu en Jésus : il nous faut regarder la croix, comme nous y avons été invités toute cette semaine, et entendre cette parole : Si tu savais le don Dieu…
Ce don nous est offert présentement dans le mystère de l’eucharistie : nous laisserons-nous toucher, aimer, réconcilier, sanctifier ?
Que l’Esprit soit sur nous, par le Christ, le Fils unique !
2ème dimanche du T.O, année C, 16 janvier 2022
Is 62 1-5 ; Co 12 4-11 ; Jn 2 1-11
Homélie du F.Bernard
Le 2ème dim. du T.O. est chaque année un dimanche de transition, entre le temps de Noël qui vient de s’achever, avec la fête du baptême du Seigneur, et le temps ordinaire où l’on entreprend la lecture semi- continue d’un évangile synoptique, cette année l’évangile de Luc.
C’est comme un moment de vacances, de repos pour Jésus, avant de commencer son ministère de prédication, de guérison, d’exorcisme, où tout son temps sera mangé. Un moment de compagnonnage aussi avec les disciples qu’il vient d’appeler. Il mène alors, de quelque manière, la vie de tout le monde et donne par sa seule présence du prix à nos vies. Jésus n’est pas seulement présent à nos prières et nos liturgies : il est présent dans nos maisons, nos lieux de vie et de travail, nos fêtes et nos loisirs.
Ici il est invité avec ses disciples à des noces. Sa mère aussi est invitée. La voilà mentionnée pour la première fois dans le quatrième évangile. Elle le sera à nouveau lors de la Passion du Seigneur, au pied de la croix. Ces deux seules mentions suffisent à lui donner, dans l’Évangile et la vie chrétienne, sa place exceptionnelle, unique.
A Cana, lors des noces, le vin vient à manquer. Cela devait bien arriver de temps en temps, dans ces noces de village, où l’on ne pouvait guère à l’avance prévoir le nombre des invités. Il fallait bien les traiter, non seulement le temps d’un repas, mais plusieurs jours, voire une semaine, car c’était traditionnellement la durée des noces dans la Bible. En cas de manque de vin, c’était au maître du festin de prévoir quelque boisson de remplacement.
C’est alors que se situe l’étrange dialogue entre la mère et le Fils : Ils n’ont plus de vin, mais c’était bien sûr au maître du festin de s’en préoccuper, non à l’invitée. Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore arrivée.--Faites tout ce qu’il vous dira dit Marie aux servants, nullement rebutée par la réticente de Jésus.
Jésus accueille de fait le désir de sa mère. Il donne l’ordre aux servants de remplir six jarres de pierre destinées aux ablutions rituelles des Juifs. Six-cent litres d’eau vont être transformés en vin, un vin abondant, excellent, de quoi continuer la fête.
De quoi s’agit-il ? La première lecture nous le laissait pressentir. Isaïe y invitait Jérusalem à se réjouir d’autres noces qu’il entrevoyait dans l’avenir : Comme un jeune homme épouse une jeune fille, ton Bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu (Is 62,5). C’est bien de ces noces dont il s’agit ici, à Cana, les noces de Dieu avec l’humanité, celles du Fils de Dieu, le Roi Messie, avec le peuple de l‘alliance. Et pour ces noces le vin ne peut manquer, un vin purifié, savoureux, excellent. Les prophètes n’ont pas de mots trop forts pour le désigner.
En Jésus, l’Époux des noces messianiques est là. Jean le Baptiste va se comparer à l’ami de l’Époux, ravi de joie à la voix de l’Époux. Ce sera sa joie, sa joie complète (cf Jn 3, 29). Et Jésus lui-même se désignera comme l’Époux dont les compagnons ne peuvent jeûner tant qu’il est avec eux (Mc 2, 19). L’Époux est là, mais l’heure des noces n’est pas encore venue. Ce sera Pâques, quand le Fils de l’homme sera fixé en croix et que du haut de la croix, et de son côté transpercé, il livrera l’eau de la vie éternelle.
La mère de Jésus, dans sa hâte messianique, appelle cette heure de ses vœux. Ici elle obtient de son Fils qu’il devance cette heure, du moins sous la forme d’un signe, celui de l’eau changée en vin, annonce du vin changé en le sang du Christ à l’eucharistie, quand l’heure de la croix sera venue. Une autre femme dans l’Évangile agira auprès de Jésus, avec la même audace, la Cananéenne, une païenne. Elle obtiendra de Jésus que les miettes qui tombent de la table des enfants de Dieu ne soient pas perdues. Avant l’heure des païens elle obtiendra la guérison de sa fille atteinte par la maladie (Mt 15, 21-28).
Le temps de Noël est passé. Un temps de grâce nous a été donné pour affermir notre foi. Qu’en retenir pour le moment que nous vivons ? Peut-être un double enseignement. D’abord la présence de Jésus, le Fils de Dieu, à notre vie, toujours et partout : il est présent à nos prières et dans la liturgie que nous célébrons, mais aussi à nos fêtes humaines, aux jours de joie comme aux jours de détresse. Présence encore de Marie, inséparable de son Fils, proclamée Mère de Dieu au jour octave de Noël. Elle est aussi Mère de l’Église et notre mère : elle nous guide continuellement vers son Fils. Aujourd’hui, elle nous redit :
Faites tout ce qu’il vous dira.
année C - Baptême du Christ - (09/01/2022)
(Is 40, 1-5.9-11 – Ps 103 – Tt 2, 11-14 ; 3, 4-7 – Lc 3, 15-16.21-22)
Homélie du F.Jean-Louis
Frères et sœurs,
Avec la fête du Baptême du Seigneur, du Christ, se termine le temps de Noël. Celui-ci couvre finalement la vie de Jésus de Nazareth à partir de sa naissance à Bethléem jusqu’au seuil de sa vie publique, le Baptême au Jourdain.
L’évangile de ce jour, pris dans l’évangile selon saint Luc, évangile qui accompagnera les dimanches du temps ordinaire de cette année, ne nous décrit pas le déroulement du baptême du Christ en tant que tel mais bien l’avant et l’après.
L’avant pour signaler l’attente de la venue du Messie qui animait le peuple venu auprès de Jean le Baptiste, que certains pensaient être le Christ. Jean est alors très ferme. Ce n’est pas lui le Messie. « Il vient celui qui est plus fort et qui baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. »
L’après baptême, pour montrer Jésus en prière, l’Esprit Saint qui descend sur lui et la voix du Père qui le proclame comme son Fils bien-aimé qui le remplit de joie. Nous est ainsi révélée l’intimité profonde de la relation entre Jésus et son Père. Une intimité d’amour et de joie. Peut-être oublions-nous souvent cette joie qui habite le Père.
Jean le Baptiste nous parle de celui qui vient et qui est plus fort que lui. Cette phrase fait écho à la prophétie d’Isaïe de la première lecture qui est digne du temps de l’Avent. « Voici le Seigneur Dieu ! Il vient avec puissance ; son bras lui soumet tout. »
Mais quelle est cette puissance ? C’est de rassembler et de faire paître son troupeau comme un berger. C’est de rassembler les agneaux, de les porter sur son cœur, de mener les brebis qui allaitent. Est-ce une vision d’un Dieu mièvre, doucereux, pire, romantique ? Nous pensons souvent que l’Ancien Testament est la révélation d’un Dieu juge, vengeur, dont la fureur ravage tout et du coup, un texte comme celui d’aujourd’hui nous prend tellement à contrepied que nous peinons à le prendre au sérieux. Pourtant, ce passage d’Isaïe lu aujourd’hui nous montre que, déjà dans l’Ancien Testament, le Dieu juge n’est pas la révélation ultime de Dieu, ou plutôt que la justice de Dieu ne se fait pas à notre manière mais qu’elle nous rend juste, qu’elle nous console comme l’écrit le texte d’Isaïe.
Alors le psaume chanté nous rappelle que ce Dieu de tendresse et de miséricorde est aussi le Dieu créateur. Et créateur d’une profusion inimaginable pour l’esprit humain. Et que cette création est maintenue par la volonté-même de Dieu, par sa sagesse.
Et parmi le créé, il y a l’eau. Le rite d’aspersion du début de la messe nous a rappelé notre baptême. Cette eau créée pour féconder la terre, par laquelle les prophètes ont annoncé la nouvelle Alliance, eau sanctifiée lorsque le Christ a été baptisé au Jourdain, cette eau est le signe de notre Salut selon la seconde lecture tirée de l’épître de saint Paul à Tite.
Le baptême nous a en effet fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Le même Esprit descendu sur le Christ après son baptême au Jourdain.
Frères et sœurs, le jeu des trois lectures de ce dimanche peut nous permettre de saisir, dès le début de la vie publique du Christ, l’ensemble du projet de Dieu pour l’humanité. L’expression de cette tendresse, de cette miséricorde qui n’a rien de romantique mais qui est au contraire grandiose dans son déroulement.
La Parole de Dieu a créé l’univers et tout ce qu’il contient. Cette Parole, selon la volonté du Père, après avoir parlé par les prophètes au peuple d’Israël, s’est fait homme en Jésus, le Christ. Celui-ci s’est donné pour nous, pour nous racheter de toutes nos fautes, c’est-à-dire pour faire en sorte que nos fautes ne nous coupent plus de Dieu, que les conséquences mortelles du mal ne puissent plus nous atteindre de façon définitive. Et, c’est là où le génie spirituel de saint Paul se déploie dans toute sa vigueur : si nous sommes sauvés, ce n’est pas à cause de la justice de nos propres actes, ce n’est pas à cause d’actes que nous aurions posés et qui nous mériteraient le salut, mais c’est par pure gratuité de Dieu, par pure miséricorde.
Ainsi, toute notre perception de la religion, peut-être, sans doute celle que nous avons reçue ou que nous concevons de façon spontanée est inversée.
Il ne s’agit pas de mériter son Salut comme on l’a si souvent dit, mais d’accueillir ce Salut réalisé par le Christ et qui nous est offert gratuitement, sans mérite de notre part. Et c’est ensuite qu’il s’agit alors de renoncer aux convoitises de ce monde qui sont finalement si mièvres, justement, si négligeables par rapport à la grâce de Dieu, au don qui nous est offert de la vie divine. Alors, nous pouvons devenir un peuple ardent à faire le bien, même si, de fait, la perfection ne fait pas encore partie de notre réalité humaine. Ce n’est pas le problème. Le problème c’est de se laisser saisir par l’Esprit, par le Christ et de proclamer à notre monde qu’il n’a pas sa fin en soi mais qu’il est profondément aimé et sauvé.
Mais attention, le baptême ce n’est pas qu’une affaire entre Dieu, le Christ, et nous. C’est un peuple qui se fait baptiser par Jean et c’est comme membre de ce peuple que Jésus se fait baptiser. Ainsi, notre baptême est aussi l’entrée dans un peuple, l’Eglise, c’est la solidarité, et plus encore la communion avec les disciples du Christ qui est alors inaugurée. Par notre baptême, nous devenons responsables, co-responsables de l’Eglise, peuple de Dieu.
Frères et sœurs, nous le savons bien, notre monde souffre de ne chercher à se construire que par ses propres forces. Pour beaucoup, cela aboutit finalement à la prise de conscience du néant de ces efforts. Nous ne sommes pas à la hauteur de l’idéal que nous nous fixons et cela nous déprime. Il me semble que nous avons un message libérateur à offrir. Plutôt que de s’épuiser à viser un toujours plus, une performance sans cesse supérieure, il s’agit d’accueillir une force, un amour, une grâce qui fera de nous des hommes et des femmes libres. Tout un programme ! C’est un chemin qui nous est ouvert par cette fête du Baptême du Christ, c’est un enseignement que nous entendrons décliner tout au long des dimanches de cette année liturgique.
AMEN
Année C - SAINTE MARIE MERE DE DIEU - 01.01.2022
Nb 6, 22-27 ; Ga 4, 4-7 ; Lc 2, 16-21
Homélie du Père Abbé Luc
« C’est l’œuvre de Dieu », ainsi s’exprime St Paul, lorsqu’il conclue la petite profession de foi que nous avons entendue dans la seconde lecture… Il est bon, frères et sœurs, au début de cette année nouvelle de nous remettre devant l’œuvre de Dieu, devant son projet sur l’humanité, son projet sur nous qui avançons dans le temps. Que veut Dieu pour nous ? Comment nous accorder à ce projet pour être pleinement heureux ?
Que veut Dieu pour nous ? Quel est son projet ? A travers la première lecture, nous pouvons entendre tout d’abord qu’il veut notre bien. Depuis le commencement, depuis que l’être humain existe, il veut nous offrir ses bénédictions, c’est-à-dire nous tenir sous son regard d’amour et de paix. Et « quand le temps fut advenu, pour l’amour de chacun » comme nous le chanterons, son projet s’est manifesté clairement lorsqu’il a envoyé son Fils, né d’une femme, Marie. Alors nous avons compris, avec Paul et les premiers témoins du Christ, que Dieu voulait faire de nous ses fils et filles, qu’il nous adoptait en Jésus. Le projet de Dieu, son œuvre, c’est que nous puissions vivre avec lui, une relation filiale de confiance. Et depuis notre baptême, Dieu Lui-même nous offre la capacité et la possibilité de vivre cette relation filiale en nous donnant son Esprit Saint qui murmure en nous « Père ». Il nous est bon, frères et sœurs, de nous remettre devant ce projet de Dieu pour chacun de nous et pour notre humanité entière : vivre cette familiarité heureuse avec notre Père des Cieux, avec notre Créateur, en Jésus, ce qui nous conduit à chercher inséparablement à vivre une fraternité heureuse et confiante avec tous les autres filles et fils de Dieu.
Comment durant l’année qui vient nous accorder à ce projet ? Ici, nous pouvons regarder Marie, celle qui a été une pièce maitresse de ce projet. Marie a accueilli ce projet dans un clair-obscur, le clair obscur de la foi. Les évangiles nous laissent bien entendre qu’il n’y a pas eu pour elle de révélation fulgurante. Elle a avancé comme à tâtons, dans la foi. On nous dit aujourd’hui que devant les paroles des bergers, elle “retenait tous ces évènements et les méditait dans son coeur”. Autrement dit, elle accueille ces évènements de la naissance de ce fils venu en elle de manière si mystérieuse, en se faisant toute écoute pour tenter de saisir le sens. Sa vie nous montre que cela ne lui a pas été simple d’emblée. Elle a dû cheminer, avancer dans le temps pour comprendre, et surtout pour être là envers et contre tout, comme le montre sa presence à la Croix. Oui, avec Marie, nous pouvons apprendre ce qu’est marcher dans la foi. Ce n’est pas d’abord chercher les certitudes intellectuelles, puis ensuite avancer. Non, c’est marcher dans un pas à pas en acceptant de poser un pas dans une semi obscurité, puis un autre et un autre. Notre seule boussole est la Parole du Seigneur recueillie chaque jour à travers la liturgie, la prière personnelle, la lectio divina. En elle, nous pouvons méditer le projet de Dieu, mieux le comprendre, le décrypter, pour le reconnaitre à l’oeuvre dans notre vie. Avec Marie qui écoute les bergers, nous pouvons aussi apprendre à décrypter ce projet, en écoutant nos frères et soeurs qui marchent à nos côtés. Ce qu’ils disent, ce qu’ils vivent peut être une belle lumière offerte. Sans le savoir toujours, nous nous aidons mutuellement à nous comprendre comme des fils et filles de Dieu d’un même Père. Nous nous soutenons sur le chemin de la foi, au gré des joies et des épreuves.
En cette eucharistie, recueillons la Parole et le Pain pour avancer avec confiance dans l’année nouvelle. Dieu est avec nous, et il nous donne pour compagne de marche Marie la croyante, sa Mère, et la Mère des filles et fils adoptifs que nous sommes.
Année C - SAINTE FAMILLE - 26 DECEMBRE 2021
1 Sam 1 20-28 ; 1 Jn 3 1-24 ; Luc 2 41-52
Homélie du F.Hubert
« Ton père », « Mon Père » :
l’évangile de ce jour culmine dans le rapport entre ces deux petites phrases.
« Ton père et moi », « Mon Père »
Jésus a eu des parents ; Marie et Joseph sont vraiment, humainement, ses parents,
qui l’ont accueilli, aimé, élevé, formé à sa vie d’homme, et je dirais même à sa vie de fils de Dieu,
dans la tradition séculaire de la vie juive, de l’Alliance avec Abraham et Moïse…
Mais Marie et Joseph, comme tous parents mais bien davantage, ne sont pas sa Source :
Jésus à une autre Source.
Marie et Joseph le savent :
« L’Esprit saint viendra sur toi… C’est pourquoi celui qui va naître sera appelé Fils de Dieu » - « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, car ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint ».
Mais il leur faut toute leur vie, comme pour nous, pour entrer dans le mystère.
« Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » « Ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. »
Leu vie a été une « vie bouleversée » :
Voilà une jeune femme, promise en mariage, visitée par un ange de Dieu, appelée à concevoir mystérieusement le Fils de Dieu, par la puissance de l’Esprit.
Un jeune homme, bouleversé que sa promise soit enceinte sans qu’il l’ait connue,
puis instruit lui aussi par l’ange de Dieu du mystère qui s’accomplit,
non sans son oui à lui, parallèle à celui de sa promise.
Voilà ensuite Joseph et Marie sur les routes pour le recensement,
contraints à accueillir le nouveau-né, « leur » nouveau-né, dans une étable,
puis obligés de s’expatrier en Egypte pour fuir Hérode.
Au Temple, les paroles mystérieuses de Siméon sonnent comme un énigme.
Et voilà que lorsque Jésus a 12 ans, il leur échappe…
Cet enfant qui leur était confié, sur lequel ils avaient à veiller,
qu’ils avaient à éduquer sur son chemin d’homme.
Trois jours d’inquiétude, d’angoisse !
St Luc n’a pas écrit son évangile pour nous raconter une belle histoire,
mais pour témoigner de la venue de Dieu parmi nous, et nous annoncer le mystère de notre salut.
« Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ?
Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! »
Joseph, Marie sont bien les parents de Jésus.
Dans un sermon, st Augustin disait :
« Ce que le Saint-Esprit a opéré, il l'a fait pour les deux ensemble. Car Joseph était, « un homme juste ». Ils étaient justes, mari et femme. L'Esprit Saint a reposé dans leur commune justice, et leur a donné un fils à tous deux. »
En Joseph, Jésus a eu un vrai père humain qui l’a élevé, fait grandir, l’a entouré de tendresse et d’amour,
en qui il a pu avoir toute confiance pour grandir en humanité, sous le regard de Dieu et des hommes.
Vérité de l’Incarnation. « Ton père et moi »….
Seulement, la vérité de Jésus ne s’arrête pas là.
Venu avec eux pour la fête de la Pâque, il leur fausse compagnie,
il reste à Jérusalem à leur insu.
St Luc ne nous parle pas là de la fugue d’un adolescent,
mais de sa filiation plus profonde, cachée, sa filiation divine,
et déjà de sa Pâque, de son chemin pascal.
« Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »
Premières paroles de Jésus rapportées par st Luc ;
les dernières, après la promesse au bon larron, seront :
« Père, entre tes mains, je remets mon esprit. »
Le Père est sa demeure propre ; toute son œuvre est de nous y introduire avec lui.
Il fallait que Jésus nous le révèle, qu’il le révèle à Marie, sa mère, et à Joseph, son père en humanité.
A l’Annonciation et tout au long des jours, Marie a dit oui à l’imprévu de Dieu dans sa vie.
Joseph, de son côté, a fait confiance à l’annonce de l’ange.
Ils se sont fait confiance l’un à l’autre en faisant confiance à Dieu.
L’un et l’autre, dans un même amour, ont dit oui à l’imprévu, à ce qui humainement était inimaginable.
Les bergers à Bethléem, Siméon au Temple ont eu des paroles de lumière et de feu, éclairantes et brûlantes,
A Jérusalem, c’est Jésus lui-même qui lève un peu le voile sur son propre mystère.
Au moment de passer de l’enfance à l’âge adulte,
ce n’est plus par des tiers qu’il se manifeste, mais par lui-même.
Il nous signifie là que toute sa vie est une Pâque, un exode vers le Père,
et que sa maison, son lieu de vie, c’est le Père lui-même.
« Ne savez-vous pas que c’est chez mon Père que je dois être ? »
Vies bouleversées !
Que Marie et Joseph nous apprennent jour après jour, de plus en plus profondément,
qui est Jésus, leur enfant,
quelle est notre propre origine et vers qui nous allons,
quelle est notre demeure, quel est le visage de Celui qui est notre Source et notre But ultime.
« Mes bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père :
pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. »
f. Hubert
Année C - Jour de NOEL - 25 décembre 2021
Esaïe 52, 7-10 / ps 97 ; Hébreux 1, 1-6 ; Jean 1, 1-18
Homélie du F.Basile
Frères et sœurs, quel contraste entre l’évangile de cette nuit, la naissance de Jésus à Bethléem racontée par st Luc, et le début de l’évangile de st Jean, un texte fascinant que nous venons d’entendre. Il a même été chanté ! C’est pourtant le même mystère exprimé cette fois en quelques mots : « Le Verbe s’est fait chair : il a habité parmi nous». Il n’y avait que lui pour nous dire les choses ainsi.
Le premier mot du 4° évangile m’attire : « Au commencement », car il reprend le premier mot de la Bible, le début de la Genèse. Mais de quel commencement s’agit-il, car il remonte bien plus loin que la création, il remonte en Dieu même, comme si en Dieu il pouvait y avoir un commencement. Ne sommes-nous pas ici devant l’intraduisible ? Le mystère caché en Dieu, la Parole tournée vers Dieu et par laquelle tout a été fait, parole créatrice, nous a rappelé la lettre aux Hébreux, cette parole, elle est Lumière et Vie, elle va se communiquer aux hommes, venir chez les hommes avec tous les risques de n’être pas reçue, ni reconnue : il y a comme un crescendo dans cette venue de Dieu parmi les hommes jusqu’à cet événement inouï que st Jean exprime dans cette phrase qui apparaît scandaleuse pour les juifs comme pour les grecs, scandaleuse aujourd’hui pour les musulmans.
Notre foi chrétienne tient dans ces 3 mots : « La Parole s’est faite chair. » Mystère de l’Incarnation, naissance de Dieu dans notre humanité, Dieu s’est fait homme. Le mystère de Noël., c’est l’humanité de Dieu. St Jean nous dit : « Dieu, personne ne l’a jamais vu », mais le Fils prend notre humanité pour nous le faire connaître. Il y a là un paradoxe étonnant entre l’homme et Dieu. Dieu nous parle par son Fils devenu l’un d’entre nous, et nous pouvons non seulement l’entendre, mais le voir et le toucher.
Dans un de ses livres, Christian Bobin écrit : « Je cherche l’humain : c’est pour voir Dieu. » L’évangile lui répond : Depuis que Jésus est venu dans notre humanité, nous pouvons voir Dieu, le reconnaître en tout homme rencontré, celui qui a faim, celui qui est malade ou en prison. Mais est-ce si évident ? C’est la foi qui nous le dit.
La clé n’est-elle pas dans ces 3 mots de l’évangile : « Nous avons vu sa Gloire ». Cela nous renvoie au psaume 84 « La Gloire habitera notre terre » Ce rapprochement est étonnant : dans l’évangile, Jean écrit : « Il a habité parmi nous, et nous avons vu sa Gloire ». C’est une expérience qu’il nous est donné de faire puisque Dieu vient habiter parmi nous. Apprendre à voir la Gloire de Dieu dans nos vies, dans nos relations humaines pour en être témoins et la porter aux autres, n’est-ce pas cela une des grâces de Noël, un chemin de lumière comme le Père Abbé le disait cette nuit en évoquant la belle crèche du frère Barnabé, un chemin qui monte de marche en marche vers l’enfant Jésus.
Il faut peut-être un cœur d’enfant pour voir la lumière. Ce n’est pas une lumière clinquante ou brillante, c’est une lumière douce, intérieure : c’est la Gloire de Dieu qui apparaît sur un visage d’enfant, sur le visage de nos frères, expérience d’un monde nouveau transfiguré, source d’espérance, espace de confiance.
Quelqu’un m’avait écrit un jour : « Sa Lumière, c’est dans nos ombres qu’elle donne toute sa pleine clarté. Sa Présence, c’est sa discrétion qui nous envahit pourtant. Sa Tendresse, c’est dans nos solitudes qu’elle accompagne et réchauffe. Sa Fidélité, c’est dans nos abandons qu’elle pardonne. » Il y a un avant et un après. « Nous avons vu sa Gloire. »
A Noël tout peut recommencer dans nos vies si nous laissons la lumière de Dieu, sa Gloire, nous pénétrer, donner dans nos ombres sa pleine clarté. Gloire à Dieu au plus haut des cieux, mais aussi dans le cœur de chacun d’entre nous.
Frère Basile
Année C - Vigiles de NOEL - 24 décembre 2021
Is 9, 1-6 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14
Homélie du Père Abbé
Frères et sœurs,
Au début des vigiles, nous sommes venus nous recueillir quelques instants devant la crèche, belle icône du mystère de la nativité que nous célébrons en cette nuit. Son réalisateur, F. Barnabé, qui vient du monastère de Thien An au Vietnam, a voulu souligner qu’avec la naissance de Jésus, il y a un avant et un après. Jésus se trouve au milieu de l’espace, il le coupe en deux. Sur la gauche, le sol est jonché de feuilles mortes, rien ne pousse…C’est l’image de la domination du péché et de la mort depuis Adam. Sur la droite, au contraire, des mousses vertes et des petits arbres poussent, à l’instar de celui qui surgit depuis la souche sur laquelle se tient l’enfant nouveau-né. C’est l’image de la vie qui renait avec la venue de Jésus. Il est le nouvel Adam qui détruit notre péché et nous libère de l’emprise de la mort.
Oui, avec Jésus, notre histoire humaine connait un avant et un après radical. La vie quotidienne en porte la marque lorsque nous comptons les années, en années avant le Christ et en années après le Christ. Plus profondément, notre regard de foi voit dans l’évènement Jésus, dans sa naissance, sa mort et sa résurrection comme un basculement dans la destinée humaine. Avec Lui, nous croyons que Dieu s’est proche en Jésus, de telle manière que la vie humaine en a retiré une infinie noblesse comme nous le chanterons dans la préface, et une puissante espérance.
Une infinie noblesse. Tel un ferment qui ne cesse de travailler la pâte humaine en son développement historique, désormais est à l’œuvre une compréhension toujours plus vive de la dignité de l’être humain et de sa grandeur. Depuis que Dieu a pris visage d’homme, le visage humain supporte de moins en moins d’être maltraité, bafoué, humilié. Si malheureusement cela arrive encore en trop d’endroits de notre terre, la conscience se diffuse toujours plus indignée et vigoureuse qu’il ne peut en être ainsi…
Depuis la venue de Jésus, la vie humaine est désormais portée par une puissante espérance. Lorsque les anges disent aux bergers : « Aujourd’hui, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur », ils ouvrent grandes les portes de l’espérance. Car cet « aujourd’hui » qui a changé le cours de l’histoire, au temps de l’empereur Auguste et de Quirinius, ne cesse d’être actif en chaque époque de l’histoire. Jésus, le Fils de Dieu venu en notre chair, désormais ressuscité auprès de son Père, ne cesse d’être présent à la destinée humaine. Dans un « aujourd’hui », toujours nouveau, pour chaque génération qui veut bien l’accueillir, il vient encore comme le Sauveur. Son « aujourd’hui » ne s’épuise pas. Nos liturgies aiment en témoigner en célébrant la mémoire du mystère de la mort et de la résurrection du Christ comme un unique évènement, un unique « aujourd’hui » dont le pouvoir agissant se renouvelle en chaque eucharistie. Oui, frères et sœurs, « l’aujourd’hui » de Dieu est encore à l’œuvre dans notre présent. « Aujourd’hui nous est né un sauveur ».
A quel signe allons-nous le reconnaitre dans notre quotidien souvent très absorbant ? Comment accueillir sa douce lumière aux milieux des vents contraires, ou des évènements apparemment hostiles ? F. Barnabé a dessiné un chemin de lumière qui monte de marche en marche vers l’enfant de la crèche. Belle image de notre cheminement humain. Demandons à notre Sauveur la grâce de reconnaitre la lumière qui nous sera utile aujourd’hui, celle qui nous sauve du faux-pas. Et puis allons vers la marche suivante où une autre lumière sera offerte, ce sera « l’aujourd’hui » de demain. A chaque marche, à chaque jour, nous est offert l’aujourd’hui du salut. Il sera tantôt don de la lumière pour décider, tantôt don de la paix pour demeurer ferme dans l’épreuve, tantôt don de l’amour pour oser la rencontre, tantôt don de la vérité pour tenir face au mensonge… De marche en marche, nous accueillerons le salut apporté par Jésus. Nous grandirons dans la connaissance de Lui, Jésus, qui va venir pour donner à notre humanité et à notre histoire, son plein accomplissement. Ainsi se réalisera la bienheureuse espérance qu’il a semée en nos cœurs, en nous prenant dans sa Vie.
année C - 19 décembre 2021 – 4ème dimanche de l'Avent "C"
Mi 5, 1-4; He 10, 5-10; Lc 1, 39-45 -
Homélie du F.Damase
Les textes de ce dimanche nous permettent d’entrer dans le mystère de Noël.
Dans la première lecture, le prophète Michée s'adresse à un peuple humilié par ses ennemis. Michée lui annonce le salut. Ce salut ne viendra pas d'une grande nation, mais d’un petit village de Juda, Bethléem « De toi, je ferai sortir celui qui doit gouverner Israël ». Dieu donne sa force à ceux qui sont petits et méprisés. Avec eux, il peut réaliser de grandes choses : « Il sera leur berger et ils vivront en sécurité, il sera la Paix » !
La lettre aux Hébreux nous apporte quelques précisions sur ce roi dont nous allons fêter la naissance. Ce roi nous rejoint dans un monde blessé par la violence, la haine, la misère, la pandémie. Dieu vient pour s'offrir lui-même. « Il n’a pas besoin de sacrifices, ni d’offrandes ; voici que je viens pour faire ta volonté » dit-il à son Père. Dieu visite le monde, pour sauver les hommes de leur brutalité.
Dans l’Evangile, nous trouvons Marie qui visite Elisabeth. Marie vient de dire OUI à l'ange Gabriel qui lui annonçait le projet de Dieu. Quand elle apprend que Élisabeth, sa vieille cousine stérile, est enceinte, aussitôt elle part la rencontrer. Elle entreprend une longue marche de qq 150 Kms entre la Galilée et la Judée.
Marie, comme toute juive pieuse, écoute la parole de Dieu et la met en pratique. Cette parole l'a poussée à partir, pour se mettre au service d’Élisabeth, sa cousine. Cette légèreté qui habite Marie lui vient de l'accueil de l'Esprit Saint qui est comme un feu dévorant, qu'elle ne peut garder pour elle.
Dieu visite Marie. Marie visite Elisabeth. C'est en Marie et par elle que Dieu visite l'humanité, son peuple. En ce jour, nous pouvons nous associer à l'émerveillement et à l'action de grâces d'Élisabeth : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi » ? Oui, Marie vient visiter chacun de nous avec Jésus.
À l'approche de Noël, elle nous invite à accueillir le Fils de Dieu et à faire « tout ce qu'il nous dira ». Le pape François nous appelle souvent à aller vers les autres ; nous sommes tous frères et sœurs, les uns des autres, nous dit-il dans Fratelli Tutti. Nos visites peuvent et doivent devenir des « visitations ». Le message de Noël c'est précisément que la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres, aux malades, aux prisonniers, aux personnes seules, aux migrants. Noël c'est Jésus, qui vient nous visiter pour sauver l'humanité, pour sauver tous les hommes et toutes les femmes.
C'est en lui que nous trouvons la joie, la paix et l'amour. Noël c'est faire mémoire du don de Dieu. C'est de cette grande espérance dont nous avons à témoigner dans le monde d'aujourd'hui. En ce jour, nous pouvons rendre grâce au Christ notre Sauveur : « Toi qui es lumière, toi qui es amour, Tu mets à la place de nos ténèbres ton esprit d'amour de tous et de chacun ; tu es notre Paix, notre Joie ». – 514 mots