vendredi 7 novembre 2025 : journée de solitude pour la communauté
(eucharistie vers 6h45, juste après Laudes). 

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 19 avril 2025 — Veillée pascale — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

VIGILE PASCALE

19.04.2025

Rm 6, 3-11 ; Lc 24,1-12

Texte :

« Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité ». Oui, frères et sœurs, avec joie nous accueillons cette bonne nouvelle de notre foi. De nouveau, elle retentit à nos oreilles comme le beau cadeau que notre Dieu a fait à notre humanité, un cadeau préparé de si longue date, comme nous l’ont laissé pressentir les lectures entendues de l’AT. Oui, ce cadeau de la Résurrection du Christ est immense. Car en Lui, un être humain comme nous, c’est la vie divine qui nous rejoint pour toujours. La mort est vaincue et la vie s’offre à nous d’une manière nouvelle… Toute la célébration de cette nuit voudrait nous aider à mieux accueillir cette bonne nouvelle, cet immense cadeau…

Le Christ Vivant s’est présenté devant nous comme cette modeste flamme qui a guidé nos pas dans l’église encore dans la pénombre. Petite flamme qui nous donne d’oser avancer dans nos ténèbres. Et si celles-ci pourraient justifier toutes nos craintes de faire un pas en avant, le Christ Vivant est là, petite flamme modeste pour oser de nouvelles choses. Sur cette flamme, nos mains et nos cœurs doivent toujours veiller pour qu’elle ne s’éteigne pas. Et même, si par notre négligence, ou par la force des vents contraires, elle venait à s’éteindre, le Christ est encore là, Lui qui illumine le cierge de mon voisin, de mon frère, de ma sœur. En me tournant vers lui, vers elle, je peux retrouver la flamme, la lumière du Christ.

Le Christ est vivant devant nous et il nous attend hors de nos tombeaux. Ainsi depuis 2000 ans, Il ne cesse de tirer l’humanité hors de ses tombeaux. Car la tentation peut être grande de nous morfondre dans le tombeau de nos échecs, de nos deuils, de nos relations blessées, ou encore dans le tombeau de nos culpabilités, de nos ressentiments ou de la grisaille de l’actualité qui nous plombe. Mais c’est là justement, depuis ces lieux de toutes les forces de mort et de désespoir, que le Christ vient nous prendre la main, comme aime le représenter les icônes orientales, pour nous emmener avec lui. N’ayons pas peur de lui tendre notre main, en l’appelant, en lui confiant le poids trop lourd de nos fardeaux. Car Lui-même s’en charge. Il désire nous communiquer sa victoire sur la mort et sur les forces du mal. Sa victoire qui est sienne devient nôtre dans sa main tendue.

Le Christ est vivant devant nous comme la Promesse d’une vie nouvelle. Dans quelques instants, nous allons renouveler les promesses de notre baptême. Occasion pour chacun de nous de retendre la main vers la source de cette Vie du Christ déjà à l’œuvre en nous. Oui, nous avons déjà tellement reçu. Il a déjà tellement transformé de choses dans nos vies, dans nos manières de penser et d’agir. Notre démarche vers l’eau dira notre désir de le laisser encore davantage nous recréer. Un cœur nouveau, un esprit nouveau… Le Christ nous espère et son Esprit est à l’œuvre pour faire fructifier tous les dons qu’il a déposés en nous.

Le Christ est vivant devant nous comme le Pain qui refait nos forces, et comme le Vin qui réjouit nos cœurs. Nous le recevrons dans quelques instants, fruit de sa Passion et de sa Résurrection. Nous allons être rassasiés et fortifiés. Et comme déjà, il le faisait avec les foules, le Christ qui nous nourrit, nous envoie au milieu de nos frères et sœurs. Avec eux et pour eux, il nous invite à être son cœur qui les espère, à être ses yeux qui repèrent leurs besoins, à être ses mains qui réconfortent et sa voix qui console. Vivant en nous, le Christ nous veut plus vivant au service de nos frères et sœurs, afin qu’ils deviennent à leur tour des vivants… Proche en proche sa Vie se communique.

Frères et sœurs, Rendons grâce d’être ainsi appelés à la Vie. Le Christ est Vivant, vivons de sa Vie et partageons-la !

Homélie du 18 avril 2025 — Vendredi Saint — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

VENDREDI SAINT

18.04.2025

Is 52, 13 - 53, 12; He 4, 14-16; 5, 7-9; Jn 18, 1 - 19, 42

Texte :

« J’ai soif » … Ce cri perçant est celui d’un homme épuisé au terme du chemin si éprouvant qui l’a conduit sur cette croix. Jésus a soif, d’une soif qui ressemble à celle de tous les humains auxquels il s’identifie désormais…

« J’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire »… Jésus a soif, d’une soif plus intense et extrême que celle qu’il a éprouvée un midi au bord d’un puits de Samarie. Et en même temps, la soif de Jésus n’est pas ordinaire. A la Samaritaine, l’assoiffé qu’il était, se présentait comme celui qui peut lui donner une eau vive, jaillissant en vie éternelle. Et sur la croix, Jésus assoiffé, versera bientôt depuis son corps transpercé, de l’eau et du sang. Au même moment où il a soif, Jésus donne et se donne. Il nous ouvre les sources vives de la vie éternelle dans l’Esprit. En faisant mémoire, ce soir, de la Passion du Christ, inséparable de sa résurrection et du don de l’Esprit, nous nous souvenons que, sur ce bois de torture, le corps assoiffé et mortifié devient source de vie.

En vénérant et adorant la croix dans quelques instants, nous répondrons à la soif de Jésus qui désire plus que tout des cœurs ouverts et accueillants au don de la vie qu’il ne cesse de nous offrir.

Homélie du 17 avril 2025 — Jeudi Saint — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

JEUDI SAINT

17.04.2025

Ex 12, 1-8.11-14 ; 1 Co 11,23-26 ; Jn 13, 1-15

Texte :

« Plus tard, tu comprendras », dit Jésus à Pierre…et un peu après, il interroge ses disciples : « Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous » ?

Frères et sœurs, le geste du lavement des pieds accompli par Jésus est tellement ahurissant pour l’époque -mais le serait-il moins à la nôtre dans certains milieux ? - que Pierre et les disciples peinent à comprendre ce que fait et ce que veut Jésus en bousculant de la sorte l’ordre de la bienséance sociale. Selon les paroles de Jésus, tout se passe comme s’il y avait deux niveaux de compréhension, une plus immédiate et l’autre plus lointaine. La plus immédiate semble assez intelligible : Jésus explique à ses disciples que ce qu’il a fait pour eux en leur lavant les pieds est un exemple « pour que vous fassiez comme j’ai fait pour vous ». Voilà un premier éclairage qui se présente comme une forme de testament spirituel du maitre. Entre ses disciples qui ont été plusieurs fois enclins à se mesurer entre eux, pour savoir qui était le plus grand ou qui aurait accès à la meilleure place, Jésus désire instaurer un autre type de rapport humain. Si Lui le Seigneur s’est mis aux pieds de ses disciples, les premiers ou les responsables, abbé et prieur, et finalement chacun de nous en position d’autorité ou de pouvoir sur d’autres, doit vivre sa fonction dans cette disposition intérieure… Non pas profiter de la position haute pour s’assurer soi-même, pour se placer, en dominant ou en méprisant, mais regarder les autres d’en bas, depuis leur pieds, en acceptant d’être à leur service. Après 2000 ans de christianisme, il nous est relativement facile de comprendre cela avec notre tête. Est-ce aussi facile de l’intégrer dans notre cœur et dans tout notre être de telle sorte qu’on donne vraiment toute sa place à l’autre ? Nous savons que le quotidien nous confond souvent, voire nous accuse, si nous sommes un peu lucides sur nous-même. Face à des remises en cause, ou face à des oppositions, tant de réflexe de peurs et tant de susceptibilités mal dégrossies nous prennent, pourrait-on dire, « la main dans le sac » en train de défendre à tout prix nos droits ou nos prérogatives, notre honneur, etc… Nous sommes encore en chemin, toujours en train d’apprendre à remettre notre tablier de service et à nous remettre aux pieds de nos frères et sœurs !

« Plus tard, tu comprendras », dit Jésus à Pierre. De quoi s’agit-il, nous demandions-nous dans le groupe de communauté, lundi dernier, alors que nous méditions ensemble sur ce texte ? Plus tard…pour Pierre cela commencera en partie quand le coq chantera après qu’il ait renié son maitre. Il va alors comprendre qu’il n’avait rien compris et qu’il ne se connaissait pas bien lui-même. Il lui faudra attendre la résurrection de son Maitre pour comprendre que Jésus avait mené un combat contre la mort et toutes les forces du mal déchainées contre lui, un combat dont lui seul pouvait sortir vainqueur. Le NT est en lui-même un beau témoignage de cet effort de compréhension que Pierre, et avec lui tous les apôtres et évangélistes ont dû mener pour mieux approcher le mystère de Jésus. Lorsqu’il lave les pieds de ses disciples en signe de son abaissement à venir, ou bien lorsqu’il donne le pain et le vin comme anticipation consentie de son corps livré et de son sang versé, il dessinait son propre chemin que personne alors ne pouvait comprendre. Il initiait sa Pâque greffée sur les rites de la Pâque juive pour inaugurer une nouvelle Alliance en son sang. Et il a fallu du temps aux disciples et aux apôtres pour comprendre que, lorsque Jésus invite à faire mémoire de ce dernier repas, de son corps livré et de son sang versé, il désire associer ses disciples et avec eux, son Eglise à « l’œuvre de la rédemption qui s’accomplit ». En son Eglise qui célèbre aujourd’hui et qui s’unit à son action de grâce, le Christ poursuit son œuvre de salut et de libération contre toutes les formes de mal et d’aliénation. Oui, il a fallu du temps à Pierre et ses compagnons pour mettre des mots sur ce mystère et pour permettre, qu’à leur suite, d’autres, c’est-à-dire nous, nous en vivions.

« Plus tard tu comprendras… » Frères et sœurs, nous pouvons garder pour nous aussi ces paroles et les entendre comme une promesse pleine de réalisme, destinée à nous conforter dans la patience avec nous-même sur notre propre chemin de foi. Dans notre monde de l’efficacité et de la rapidité, nous pourrions nous les croyants nous décourager de ne pas tout comprendre tout de suite. Le mystère de foi que nous professons est si grand. Car notre foi au Christ mort et ressuscité porte en elle son propre rythme de germination. On ne tire pas sur le poireau pour qu’il lève ! Peu à peu, si nous cherchons, notre foi se dévoile à nos yeux. Peu importe si nous ne comprenons pas tout. Appuyons-nous sur ce que nous comprenons. Laissons-nous enseigner par la liturgie, par la lecture des Ecritures ou celle des auteurs spirituels. Pour mieux comprendre, on pourrait dire selon l’étymologie pour mieux prendre avec nous, faire nôtre les choses de la foi, chaque année, nous revivons les célébrations du jeudi saint, puis du vendredi saint et enfin de Pâques. Année après année, nous entrons dans une compréhension plus fine du mystère que nous célébrons…et surtout peut-être, nous apprenons à le comprendre, à le faire nôtre de plus en plus avec le cœur. Notre tête sait beaucoup de choses. Mais tant que notre cœur ne les a pas intégrés, notre vie ne s’en trouvera pas vraiment changée. Car elle n’aura pas vraiment fait la rencontre du Christ Vivant. Aussi comme nous le faisions déjà au début de la célébration, demandons au Seigneur : « Donne-nous de puiser à ce grand mystère la charité et la vie en plénitude ».

Homélie du 13 avril 2025 — Dimanche des Rameaux — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

RAMEAUX

13.04.2025

Is 50, 4-7 ; Ph 2, 6-11 ; Lc 22,14 – 23,56

Texte :

Frères et sœurs,

A l’heure où nous voyons tant de grands de notre monde se comporter de manière insensée et guidés uniquement par la recherche d’intérêts immédiats, le récit de la passion que nous venons d’entendre remet sous nos yeux, un Roi d’une toute autre noblesse, Jésus, le Roi des Juifs…

Il est le seul Roi que notre terre ait connu et qui n’ait pas cherché son intérêt.
Le seul Roi qui inaugure son Royaume par un échec consenti, la mort sur une croix.
Le seul Roi qui se donne comme règle de conduite, le service des autres.
Le seul Roi qui tisse une alliance indéfectible avec son peuple en livrant son corps et en versant son sang.
Le seul Roi qui se laisse injustement condamner et bafouer, en implorant le pardon pour ses bourreaux.
Le seul Roi qui donne la première place dans son Royaume à un bandit repenti.
Le seul Roi qui abandonne toute volonté de puissance pour recevoir d’un Autre sa dignité royale, telle qu’elle éclatera au matin de Pâques.

Frères et Sœurs, durant ces jours saints, contemplons, le Christ notre vrai Roi qui nous invite largement à prendre part dès maintenant à la vie de son Royaume. Laissons-le nous enseigner le mystère de son Royaume.

Homélie du 06 avril 2025 — 5e dim. du Carême — Frère Cyprien
Cycle : Année C
Info :

5e dimanche de carême année C

6 avril 2025

Is 43/16-21, Ph 3/8-14, Jn 8/1-11

Texte :

« Dans la Loi, Moïse nous a prescrit de lapider ces femmes-là. Et toi, qu’en dis-tu ? »

Quand on parle d’adultère, nous parlons d’un péché grave et il faut être deux personnes pour le commettre… vous serez d’accord avec moi ! Quand quelqu’un ou quelqu’une est li(é)e par le lien du mariage, peu importe si l’autre personne est liée ou non comme la première, les deux seront coupables d’une faute grave. Dans le cas de notre Evangile il manque vraiment quelqu’un et, de plus, la femme dite adultère est entourée d’hommes plutôt que de femmes.

C’est de cet Evangile d’ailleurs que la langue française a gardé l’expression « femme adultère », et c’est dommage car les hommes méritent autant ce qualificatif… puisqu’ils sont concernés à égalité !
Des exégètes se sont demandé si ce passage était bien à sa place à l’intérieur de l’Evangile (l’Evangile de Jean) ; je trouve en fait qu’il vient bien dans le temps du Carême et dans le temps de préparation des catéchumènes à leur baptême la nuit de Pâques. Il souligne la bonté et le pardon, la bonté et le pardon dont Dieu veut gratifier chaque personne pour son chemin vers lui, quels que soient ses actes et son passé.

Soulignons donc l’importance de cet épisode, de cette rencontre de Jésus avec la misère d’une vie : si cette femme est réellement coupable, elle a besoin du pardon de Dieu …et la loi de Moïse est sévère… et même elle est intraitable : on peut dire qu’en référence à la tradition biblique, mais pas que par celle-ci, les femmes ont pâti et pâtissent encore de façon générale d’un traitement inégal et injuste…

Mais ce qui doit nous faire réfléchir aujourd’hui c’est la non-condamnation radicale de Jésus envers cette personne « adultère » : Jésus profite du départ des accusateurs pour être seul avec l’accusée.
Donc Jésus ne condamne pas cette pécheresse prise en flagrant délit ; il lui dit seulement : « Moi non plus je ne te condamne pas, va et désormais ne pèche plus » ! Elle pouvait donc retrouver une relation vivante, normale avec Dieu ; comme il est dit dans la parabole du pharisien et du publicain, elle rentra chez elle justifiée.
Quand nous disons un peu facilement ou trop rapidement « A tout péché, miséricorde », nous pensons aux petits manquements mais pas aux gros péchés, aux grandes infidélités. Eh bien, Jésus, Lui, il dit par cet exemple que vraiment Dieu est prêt à faire miséricorde pour tout ce que nous avons fait… Est-ce que nous y croyons ?

Allons-nous traiter Dieu de laxiste ? Peut-être ! … Mais connaissant le fond des cœurs, Dieu sait certainement plus de choses sur ce qui nous anime quand nous ne faisons pas le Bien.
Comme dit le Psaume 102 : « Dieu ne nous traite pas selon nos péchés… Aussi loin qu’est l’orient de l’occident, Il met loin de nous nos péchés, » … et saint Paul dimanche dernier : « Dieu a identifié le Christ au péché des hommes, afin que, grâce à Lui, nous ayons part à la sainteté de Dieu »…nous ayons part à la sainteté de Dieu....
Autre remarque : je me suis demandé pourquoi j’avais une préférence pour un tel passage d’Evangile : j’ai compris en préparant ce mot que ce face-à-face de la femme avec le Seigneur fait penser au « jugement dernier ». Nous y serons face à face avec Dieu …et seul devant Lui ! Ne faudrait-il pas nous préparer à cette rencontre en pensant que nous n’aurons pas d’excuse très valable pour justifier nos errements et nos fautes ? Peut-on aborder le Maitre du monde et notre Créateur sans la honte d’avoir abusé de sa patience ?
Mais il faudrait aussi penser que Dieu veut tout pardonner si nous nous tournons vers lui, en lui faisant confiance… comme cette femme prise en flagrant délit, qui repartira chez elle apaisée, justifiée : la rencontre de Jésus lui a dit qu’elle avait du prix aux yeux de Dieu… bien au-delà de ses actes passés.

Frères et Soeurs, nous sommes porteurs d’une Bonne Nouvelle : c’est encore cela que nous recevons ce matin : Bonne Nouvelle du pardon infini de Dieu qui nous a créés et aimés, non pas pour ensuite nous condamner, mais pour nous apprenions à son exemple le pardon, la miséricorde.
« Soyez miséricordieux comme votre Père du Ciel est miséricordieux »
Soyons miséricordieux comme notre Père du Ciel … pour que nous ayons part à la sainteté de Dieu.
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« Notre victoire est dans le Christ ».
Saint Paul écrit qu’il considère tout comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance de Jésus Christ le Seigneur.
Dés ici-bas nous pouvons éprouver la puissance de sa résurrection, communier aux souffrances de sa passion : mort et résurrection dans nos vies, pesanteur du péché et de la faute et grâce toute puissante de Dieu, Carême et Temps pascal pour courir vers le but : Dieu nous appelle…

Homélie du 16 mars 2025 — 2e dim. du Carême — Frère Basile
Cycle : Année C
Info :

Année C - 2° dimanche de Carême - 16 mars 2025

Gn 15 5-18 ; Philip. 3.7- 4.1 ; Lc 9 28-36

Homélie du F. Basile

Texte :

F et S, ouvrons bien toutes nos oreilles, surtout celle du cœur, pour écouter non pas le prédicateur, mais Jésus, Parole vivante du Père. « Ecoutez-Le », c’est le dernier mot sur lequel s’achève ce son et lumière étonnant de la Transfiguration.

Qu’est-ce que le Seigneur veut nous dire aujourd’hui, en plein carême : pourquoi ce détour par la montagne de la Transfiguration ? Mais ce n’est pas un détour : dans la vie de Jésus, c’est un événement central, comme un pivot autour duquel tout s’ordonne. Il nous est rapporté par les 3 évangiles, Matthieu, Marc et Luc, chacun avec un accent différent, mais pour les 3, il a bien lieu entre la 1° et la 2° annonce de la Passion, cette Passion du Fils de l’homme que Pierre ne peut pas accepter.

Dans le récit de Luc, que nous avons écouté, Jésus s’entretient avec Moïse et Elie de son départ, litt. de son exode, de sa sortie de ce monde, qui aura lieu à Jérusalem, et il nous faut comprendre qu’il s’agit de sa mort et de sa résurrection : la gloire et la croix, il y a là un raccourci très fort que les 3 disciples ne comprennent absolument pas. Ils voient le vêtement blanc, mais ils ne font pas le lien avec le Fils de l’homme souffrant que Jésus leur a annoncé. Ils voient la gloire de Jésus, ils reconnaissent Moïse et Elie, Pierre propose même de dresser 3 tentes, mais « il ne savait pas ce qu’il disait. » En fait, ils vont garder le silence et ce n’est qu’après Pâques qu’ils comprendront l’événement.

Mais nous, devant ce mystère glorieux, je crois que nous sommes mieux placés que les disciples pour faire le lien avec Pâques, car seule la lumière de la Résurrection éclaire vraiment la Transfiguration. C’est donc important que nous célébrions ce mystère durant le carême pour aller vers la nuit pascale où nous chanterons le Christ ressuscité, notre Lumière, qui brillera dans nos cœurs et sur nos visages.

Luc est aussi le seul à nous dire que cette illumination du visage de Jésus survient dans la prière. Il emmène ses 3 disciples sur la montagne pour prier, et « pendant qu’il priait, son visage apparut tout autre. » Il ne s’agit pas d’un flash, d’un spot lumineux qui viendrait l’éclairer ; cette lumière jaillit de l’intérieur, elle vient de sa prière, c’est à dire de sa relation au Père. Les disciples le voient comme ils ne l’avaient jamais vu : c’est bien pourtant l’homme Jésus, mais il est habité par l’Esprit de Dieu dans une relation unique à son Père ; alors la voix qui s’adresse aux disciples et à nous maintenant, prend toute sa force : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le » Voilà ce que nous devons faire aujourd’hui : dans une écoute intérieure, regarder vers le Christ pour être illuminés, transfigurés: « Qui regarde vers lui resplendira, dit le psaume, sans ombre, ni trouble au visage. » (ps 33)

Le visage, c’est ce qu’il y a de plus beau dans le corps humain : hélas à cause du Covid, nos masques l’ont défiguré. Le visage est fait pour refléter la lumière et la communiquer aux autres : on pourrait dire qu’il est en attente de résurrection ou de transfiguration, 2 mots très proches. Regarder vers le visage du Christ, c’est laisser la source de lumière atteindre tout notre être, changer notre regard, et même notre façon d’aimer.

« Aimer, disait le P. Shoufani, c’est ne plus voir la vie et les êtres que dans la lumière qui les traverse : c’est voir l’être humain, si opaque parfois, non pas tel qu’il est, mais tel qu’il est appelé à devenir lorsqu’il se sera éveillé à la lumière, tel qu’il est déjà habité par la clarté divine, même s’il ne le sait pas encore. »

Oui, dans la Transfiguration, il y a un déjà là et un pas encore. Car nous sommes tous appelés comme Jésus à ressusciter dans notre corps. Paul disait dans la lettre aux Philippiens (2° lecture) : « Nous attendons le Seigneur Jésus Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux » Voilà ce « pas encore » que nous attendons, mais déjà, par la transformation de notre regard, illuminé par le Christ, et jusque dans la souffrance, nous pouvons vivre un peu de la résurrection promise : la Transfiguration n’est pas une antidote à la souffrance et à la mort, une sorte de parenthèse sur un petit nuage, c’est une expérience divine dans notre chair humaine, une expérience capitale pour la vie chrétienne. Elle va donner du sens et de la valeur à notre corps qui souffre, à notre vie qui va vers la mort, mais qui déjà contient en germe la résurrection.

Quand avons-nous déjà fait cette expérience ? Quand avons-nous été illuminés ? Au jour de notre baptême, et je pense aux catéchumènes qui la feront bientôt : mais nous, les baptisés, nous pouvons la renouveler aujourd’hui dans la liturgie et dans la prière : laisser la source de la lumière atteindre notre corps, tout notre être, changer notre regard.

C’est cela vivre le mystère de la Transfiguration. Et si nous regardons ensemble vers Jésus transfiguré, nos visages deviendront comme le sien, rayonnant de lumière. Même si pour beaucoup d’hommes et de femmes aujourd’hui, c’est encore la nuit, il faut leur dire qu’il y a dans le monde des lieux et des moments de transfiguration.

Homélie du 23 février 2025 — 7e dim. ordinaire —
Cycle : Année C
Info :

Année C - 7ème dimanche ordinaire - 23 février 2025

Sam 26 2-23 ; 1 Co 15 45-49 ; Lc 6 27-38

Homélie du p. Etienne Vandeputte SJ

Texte :

À frère Vincent : que le Seigneur lui accorde une paisible convalescence.

« Je vous le dis, à vous qui m’écoutez… »

Frères et sœurs,

En nous rassemblant dans cette église ce matin, nous manifestons notre disponibilité pour accueillir la Parole, une Parole dont le Seigneur veut faire cadeau à chacune et chacun, comme le pain pour la route de cette semaine, à côté du pain de l’Eucharistie ou la bénédiction de la part de Dieu.

Le Christ a le désir de s’adresser à chacune et à chacun de nous… mais il y a peut-être une double difficulté.

Vous savez qu’il y a différents discours dans les évangiles : le long sermon sur la montagne en saint Matthieu et son équivalent plus bref, le discours inaugural dans la plaine en saint Luc, que nous lisons depuis dimanche dernier jusqu’à dimanche prochain, et il y a d’autres discours. Ce sont, très vraisemblablement, des constructions rédactionnelles postérieures réunissant certains propos de Jésus et des extraits des premières prédications apostoliques. Et il faut reconnaître que ces compositions rendent parfois l’écoute de ces paroles un peu ardue.

Il faut ajouter une seconde difficulté : quelle est la nouveauté ou la spécificité de ces propos moraux mis dans la bouche de Jésus ? Avec de nombreux auteurs, dont Olivier Clément que nous avons écouté durant les vigiles d’hier soir, il faut souligner que « les appels [du Christ] ne posent pas des lois nouvelles » . Il ne faut donc pas aborder l’Évangile comme un manuel de morale. Pour le dire autrement : la nouveauté de l’enseignement moral de l’Évangile ne réside pas dans son contenu.

J’évoque brièvement deux exemples. La célèbre « règle d’or » - « Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le vous aussi pour eux » (v. 31). Déjà, dans l’Ancien Testament, nous trouvons la formulation négative : « Ne fais à personne ce que tu détestes » (Tb 4, 15). En fait, nous retrouvons ce précepte, dans sa formulation négative ou positive, dans presque toutes les sagesses et religions du monde.

Quant à la justification de l’amour des ennemis – « le Très-Haut est bon pour les ingrats et les méchants » (v. 35) -, nous la trouvons de manière plus développée dans le sermon sur la montagne : « votre Père fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 5, 45). Et, à l’époque de la rédaction des évangiles, nous lisons chez un auteur latin : « Si tu veux imiter les dieux, fais du bien aux ingrats car le soleil se lève aussi sur les méchants et les mers sont aussi ouvertes aux pirates » .

L’originalité de l’Évangile ne réside donc pas dans le contenu moral. En même temps, il faut noter que, dès la prédication apostolique, on trouve, à côté de l’annonce du noyau de la foi, des encouragements à une action bonne. L’enjeu de ce double message : si tu veux suivre le Christ, agis le mieux possible. Pour le dire de manière négative : puisque tu veux être disciple du Christ, tu ne fais pas n’importe quoi !

Le propos de bien agir trouve donc son sens et sa densité dans son lien avec la suite du Christ, avec l’annonce du Christ. Nous trouvons deux indices de cette nécessaire articulation dans la Parole de ce jour : « soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (v. 36). Ce « comme » n’est sans doute pas à entendre comme une comparaison : il me sera, en effet, toujours impossible d’exercer la miséricorde à la manière ou à la hauteur du Père. C’est sans doute plutôt un « parce que » : il me faut être miséricordieux « parce que » je suis l’objet de l’amour miséricordieux du Père, parce que je suis aimé jusque dans mes ruptures d’Alliance et non malgré mon péché.

D’une autre manière, l’extrait du Psaume que nous avons entendu nous donne des mots pour dire quelle est mon expérience de Dieu aujourd’hui – n’oublie pas, il est ton bienfaiteur ; il prend soin ; il est amour-tendresse ; la Résurrection est déjà offerte, je peux être dans la confiance ;… -, cette expérience qui fonde et nourrit mon attention vis-à-vis des visages qu’il met sur ma route.

Pour le dire de manière simple, c’est le lien intime entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain.

Frères et sœurs, telles sont les deux jambes qui nous aident à progresser sur le chemin de la vie : l’intimité avec le Christ et le souci du prochain. Il nous faut constamment approfondir chacun de ces deux essentiels. Nous devons toujours en ajuster l’équilibre et veiller à ce qu’ils se fécondent réciproquement.

Homélie du 23 février 2025 — 7e dim. ordinaire — Frère Etienne Vandeputte SJ
Cycle : Année C
Info :

7ème dimanche ordinaire C

23 février 2025

1 S 26, 2-23 ; 1 Co 15, 45-49 ; Lc 6, 27-38

Texte :

« Je vous le dis, à vous qui m’écoutez… »

Frères et sœurs,
En nous rassemblant dans cette église ce matin, nous manifestons notre disponibilité pour accueillir la Parole, une Parole dont le Seigneur veut faire cadeau à chacune et chacun, comme le pain pour la route de cette semaine, à côté du pain de l’Eucharistie ou la bénédiction de la part de Dieu.
Le Christ a le désir de s’adresser à chacune et à chacun de nous… mais il y a peut-être une double difficulté.
Vous savez qu’il y a différents discours dans les évangiles : le long sermon sur la montagne en saint Matthieu et son équivalent plus bref, le discours inaugural dans la plaine en saint Luc, que nous lisons depuis dimanche dernier jusqu’à dimanche prochain, et il y a d’autres discours. Ce sont, très vraisemblablement, des constructions rédactionnelles postérieures réunissant certains propos de Jésus et des extraits des premières prédications apostoliques. Et il faut reconnaître que ces compositions rendent parfois l’écoute de ces paroles un peu ardue.

Il faut ajouter une seconde difficulté : quelle est la nouveauté ou la spécificité de ces propos moraux mis dans la bouche de Jésus ? Avec de nombreux auteurs, dont Olivier Clément que nous avons écouté durant les vigiles d’hier soir, il faut souligner que « les appels [du Christ] ne posent pas des lois nouvelles » . Il ne faut donc pas aborder l’Évangile comme un manuel de morale. Pour le dire autrement : la nouveauté de l’enseignement moral de l’Évangile ne réside pas dans son contenu.
J’évoque brièvement deux exemples. La célèbre « règle d’or » - « Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le vous aussi pour eux » (v. 31). Déjà, dans l’Ancien Testament, nous trouvons la formulation négative : « Ne fais à personne ce que tu détestes » (Tb 4, 15). En fait, nous retrouvons ce précepte, dans sa formulation négative ou positive, dans presque toutes les sagesses et religions du monde.
Quant à la justification de l’amour des ennemis – « le Très-Haut est bon pour les ingrats et les méchants » (v. 35) -, nous la trouvons de manière plus développée dans le sermon sur la montagne : « votre Père fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 5, 45). Et, à l’époque de la rédaction des évangiles, nous lisons chez un auteur latin : « Si tu veux imiter les dieux, fais du bien aux ingrats car le soleil se lève aussi sur les méchants et les mers sont aussi ouvertes aux pirates » .

L’originalité de l’Évangile ne réside donc pas dans le contenu moral. En même temps, il faut noter que, dès la prédication apostolique, on trouve, à côté de l’annonce du noyau de la foi, des encouragements à une action bonne. L’enjeu de ce double message : si tu veux suivre le Christ, agis le mieux possible. Pour le dire de manière négative : puisque tu veux être disciple du Christ, tu ne fais pas n’importe quoi !

Le propos de bien agir trouve donc son sens et sa densité dans son lien avec la suite du Christ, avec l’annonce du Christ. Nous trouvons deux indices de cette nécessaire articulation dans la Parole de ce jour : « soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (v. 36). Ce « comme » n’est sans doute pas à entendre comme une comparaison : il me sera, en effet, toujours impossible d’exercer la miséricorde à la manière ou à la hauteur du Père. C’est sans doute plutôt un « parce que » : il me faut être miséricordieux « parce que » je suis l’objet de l’amour miséricordieux du Père, parce que je suis aimé jusque dans mes ruptures d’Alliance et non malgré mon péché.
D’une autre manière, l’extrait du Psaume que nous avons entendu nous donne des mots pour dire quelle est mon expérience de Dieu aujourd’hui – n’oublie pas, il est ton bienfaiteur ; il prend soin ; il est amour-tendresse ; la Résurrection est déjà offerte, je peux être dans la confiance ;… -, cette expérience qui fonde et nourrit mon attention vis-à-vis des visages qu’il met sur ma route.
Pour le dire de manière simple, c’est le lien intime entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain.
Frères et sœurs, telles sont les deux jambes qui nous aident à progresser sur le chemin de la vie : l’intimité avec le Christ et le souci du prochain. Il nous faut constamment approfondir chacun de ces deux essentiels. Nous devons toujours en ajuster l’équilibre et veiller à ce qu’ils se fécondent réciproquement.

P. Etienne

Homélie du 09 février 2025 — 5e dim. ordinaire — Frère Jean-Louis
Cycle : Année C
Info :

Année C - 5e dimanche du Temps ordinaire - (09/02/2025)

(Is 6, 1-2a.3-8 – Ps 137 – 1Co 15, 1-11 – Lc 5, 1-11)

Homélie du F. Jean-Louis

Texte :



Frères et sœurs,

Il y a peu, un chef d’Etat, et non le moindre, disait qu’il n’aimait pas les « loosers » entendez : les perdants. En écoutant les lectures de ce dimanche, nous pouvons peut-être nous poser cette question : que pense Dieu des « loosers », des perdants et que fait-il avec eux ?

Au Temple de Jérusalem, Isaïe a fait une expérience pas banale de Dieu. En effet, il se trouve face à face au Dieu trois fois saint et, dans la Bible, on ne peut voir Dieu sans mourir d’où sa frayeur. Il se sent de plus, devant la majesté du Seigneur, un homme aux lèvres impures, membre d’un peuple aux lèvres impures. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Isaïe ne se perçoit pas en gagnant. Pourtant, un des séraphins purifie le prophète en enlevant sa faute et en pardonnant son péché. Et, une fois purifié par la grâce de Dieu, Isaïe se sent prêt à répondre à son Dieu qui appelle et il répond : « Me voici : envoie-moi ! »

Quant à saint Paul, il se sent le plus petit des Apôtres et même, indigne d’être appelé Apôtre. En effet, il se croyait gagnant en étant irréprochable dans la pratique de la Loi de Moïse… et il a découvert, ou plutôt le Christ lui a fait découvrir que sa perfection supposée ne l’avait pas empêché de persécuter l’Eglise de Dieu et donc le Christ lui-même. La chute a été rude et pourtant il a été relevé, non par ses propres forces mais par la grâce de Dieu, et la suite de sa vie a montré ce qu’il est advenu de ce saint et de sa prédication.

L’évangile nous montre Jésus qui appelle d’humbles pêcheurs à le suivre pour que le filet de sa Parole atteigne tous les hommes. Mais il ne le fait pas de façon immédiate car ces pauvres, ces perdants de la société religieuse d’alors, auraient sans doute refusé, bien conscients de leur incapacité à instruire les foules, eux qui n’ont pas étudié. Alors Jésus pose un geste qui va se révéler efficace. Après être monté dans la barque de Simon pour prêcher à la foule, il demande à ce dernier d’aller au large et de jeter les filets. Simon obéit, alors qu’il aurait pu refuser, n’ayant rien pris de toute la nuit et connaissant son métier. Et l’impensable se produit. Simon se prosterne immédiatement devant Jésus en reconnaissant sa pauvreté, son péché. Comme Isaïe, il est dans l’effroi, dépassé par quelque chose qu’il ne comprend pas. Désarmé, il est alors prêt, ainsi que ses compagnons, à répondre à l’appel du Christ.

Frères et sœurs, les lectures d’aujourd’hui me paraissent excellentes pour nous montrer que Dieu aime les loosers et même, qu’il les choisit et les appelle pour annoncer sa Parole.

Pour choisir des prophètes, des témoins, des apôtres, Dieu ne choisit pas d’emblée des « gagnants », des gens irréprochables, impeccables sous tous les rapports. Reconnaissons que nous aurions tendance à le faire, à sa place. Mais il choisit des gens humbles, capables de se reconnaître petits et pécheurs. Et si Paul ; lui, pouvait se croire irréprochable dans la pratique de la Loi, une rencontre assez brutale avec le Christ lui révèle combien il était dans l’illusion et cela le transforme complétement, il a compris qu’il était perdant. Il est alors prêt à donner sa vie pour son Seigneur.

Isaïe s’est bien reconnu pécheur et sera purifié. Pour Simon-Pierre et pour les autres disciples le chemin sera encore long. Il faudra que Pierre passe par l’expérience du reniement et du pardon du Christ. Il faudra que les disciples fassent aussi l’expérience de la fuite devant ceux qui veulent emmener le Christ pour le crucifier. Et puis, dans l’évangile de saint luc, les disciples auront tellement de mal à reconnaître le Ressuscité, même après l’avoir touché.

Et pourtant, c’est Isaïe, le pécheur purifié qui se présente et est envoyé parler au nom de son Seigneur. Ce sont Pierre et les autres disciples qui, alors qu’ils hésitent encore, sont envoyés par Jésus pour être ses témoins à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. Et c’est Paul, le persécuteur repenti, que le Christ enverra également.

Frères et sœurs, Dieu semble aimer les « loosers ». Et l’évangile de Luc le montre particulièrement. Ce n’est pas le pharisien qui jeûne plusieurs fois par semaine et donne en aumône la dîme de ses bien qui est justifié mais bien le publicain, collaborateur de l’occupant et n’hésitant pas à s’enrichir sur le dos des gens. C’est Zachée, autre collecteur d’impôt chez qui le Christ s’invite et qui se convertit totalement à la manière de Paul. C’est le fils prodigue qui a tout dépensé et revient humilié auprès de son père. C’est encore la femme pécheresse qui est pardonnée à cause de son grand amour, aux dires du Christ.

Oui, Dieu tourne son regard vers ceux et celles dont nous pouvons parfois penser qu’ils ne méritent pas notre attention et encore moins l’attention de Dieu.

Je pense qu’il n’est pas nécessaire de faire de longues énumérations. Il me semble qu’il est essentiel pour nous de constater combien le Seigneur, le Christ dépasse nos catégories. Cela nous laisse des chances, cela nous invite à nous aussi modifier notre regard pour l’ouvrir à la miséricorde et à la tendresse de notre Dieu. Dieu, plutôt que de rechercher les gens parfaits, recherche ceux qui savent se reconnaître complètement dépendants de Lui. Ces « loosers », Dieu peut alors en faire des gagnants pour son Royaume.

Frères et sœurs, combien Dieu se comporte-t’il différemment de nous, ou plutôt, combien avons-nous à nous laisser travailler par sa grâce pour nous ouvrir à sa vie à sa façon de faire. Le Carême qui approche pourra nous y aider. Sachons saisir les occasions que Dieu nous tend.

AMEN

Homélie du 02 février 2025 — Présentation du Seigneur —
Cycle : Année C
Info :

Fête de la Présentation - 2 février 2025 -

Malachie 3 1-4; Héb 2 14-18 ; Luc 2 22-40;

Homélie du F. Hubert

Texte :



Les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem

pour le présenter au Seigneur.

Non seulement tout premier-né appartient au Seigneur, mais tout être,

pas seulement le premier-né de sexe masculin, mais tout homme, toute femme.

Cette appartenance n’est pas un esclavage, mais une communion d’amour et de vie,

une plénitude de bonheur.

Si nous pouvons nous offrir à Dieu, chacun, chacune, et les uns les autres,

c’est parce que Dieu s’est offert et s’offre toujours à nous le premier.

Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est Dieu qui nous a aimés le premier.

Jésus, Homme-Dieu, est celui en qui Dieu s’offre à l’homme et en qui l’homme s’offre à Dieu.

Offrande parfaite, échange parfait.

C'est un oui sans réserve, Père,

Que tu dis sur nous par Jésus-Christ ;

Et par lui tu nous donnes encore

De répondre amen à ton appel.

Marie et Joseph, remplis de l’Esprit saint, offrent leur enfant,

sans savoir jusqu’où ira son offrande à lui.

Entrant dans le monde, le Christ dit avec le psalmiste : « Me voici pour faire ta volonté » ;

à Gethsémani, il dira : « Non pas ma volonté, mais la tienne ».

S’offrant à son Père, il réconcilie toute l’humanité et l’élève dans le sein vivifiant de son Père.

Il est le Temple vivant dans lequel le Père et toute l’humanité sont unis et respirent du même Esprit.

Il entre dans le Temple,

Marie le porte à Dieu :

C'est lui

Le temple où Dieu se dit

À ceux qui déjà le contemplent.

Jésus entre chez lui ; la maison de Dieu est sa maison.

Bien plus, il est lui-même le nouveau Temple, la demeure de Dieu parmi les hommes,

il est la réponse parfaite de l’homme à Dieu.

Jésus, vrai Dieu et vrai homme, offert totalement à son Père, offert totalement aux hommes.

En l’offrant dans le Temple, Marie et Joseph se dépossèdent symboliquement de lui,

pour qu’il soit totalement à Dieu.

Au pied de la croix, Marie sera transpercée : son Fils lui sera arraché

pour qu’elle devienne la Mère de toute l’humanité, rachetée et sanctifiée par l’offrande de son Fils.

C’est par son offrande que Jésus est la gloire d’Israël – le peuple dont il est né –

et la lumière des nations.

Notre baptême, le sacrement de mariage, la profession monastique, le quotidien de nos vies,

s’inscrivent dans ce don total du Christ, et dans l’offrande de Marie et Joseph.

Offrons-nous et laissons-nous offrir.

Attire-nous vers cette Pâque

Où Jésus Christ te glorifie

En nous sauvant.

Par lui ton œuvre s’accomplit,

Qu'il nous accueille en son offrande,

Et nous conduise jusqu’à toi,

O Dieu vivant !