vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 12 décembre 2021 — 3e dim. de l'Avent — Frère Charles Andreu
Cycle : Année C
Info :

Année C - 3+dimanche de l'Avent - 12 décembre 2021

Homélie du F.Benoit Andreu de Fleury

Texte :

« Que devons-nous faire ? », c’est la question qui revient trois fois dans l’évangile de ce dimanche : question des foules, des publicains et des soldats qui viennent auprès de Jean chercher remède à leur perplexité — « Que devons-nous faire ? » c’est une question qu’on posera encore à Jésus, la question du jeune-homme riche en particulier, et c’est très surprenant : lui qui, depuis sa jeunesse, a observé tous les commandements, lui dont on pourrait penser qu’il est un expert, qu’il sait parfaitement ce qu’il faut faire ou ne pas faire, lui aussi vient demander, désemparé : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? » — « Que devons-nous faire ? », c’est une question qui revient souvent dans nos vies, aux moments décisifs bien sûr, mais aussi quotidiennement, simplement parce que nous cherchons à faire le bien, parce que nous cherchons à faire la volonté de Dieu, mais sans trop savoir comment.

Certes, devant cette question nous ne sommes pas seuls. L’évangile nous montre les foules se rassembler, et venir demander conseil à Jean Baptiste, et ces foules étaient aussi porteuses de lois, de traditions censées aider au discernement. Oui, nous ne sommes pas seuls, mais le danger serait de croire que la réponse existe, en dehors de nous, toute faite, et pourquoi pas universelle, immuable, éternelle, sainte. Alors on s’enquiert de règles morales rigides, de recettes, ou encore de maîtres censés savoir. « Que devons-nous faire ? » l’angoisse d’avoir à relever personnellement ce défi est certainement à l’origine des légalismes, des cléricalismes qui confient à d’autres, purement et simplement, le soin de répondre à notre place.

Or ce n’est jamais ainsi que fonctionne une loi de vie. Écoutons le décalogue : « Honore ton père et ta mère ; tu ne tueras pas ; tu ne commettras pas l’adultère ». Fort bien, mais concrètement : jusqu’où ira le soin de parents âgés ? comment réagir aux débordements de la violence ou du désir ? comment cultiver la paix et la fidélité ? comment aimer en vérité ? La loi ne le dit pas, car cela dépend trop de la singularité des situations, des personnes, de leur faiblesse, de leur génie aussi. La loi parle et la loi se tait, et ce jeu de parole et de silence crée l’espace d’un véritable discernement personnel, le cadre où il pourra se mener avec justesse. Alors le jeune-homme riche avait raison de se demander encore : « Que devons-nous faire ? »

Mais, pour en revenir au thème de ce dimanche, cette triple question d’un évangile bien austère peut-elle vraiment nous donner la joie ? Nous savons bien le désarrois dans lequel elle peut plonger, nous connaissons le découragement de ne pas savoir que faire, ou sinon de ne pas savoir le faire, peinant au double labeur de notre liberté et de notre faiblesse. Allons-nous repartir, tout tristes, comme le jeune-homme riche ? « Qui nous fera voir le bonheur ? »

Jean Baptiste nous montre Jésus : « Il vient, celui qui est plus grand que moi. » En quoi Jésus est-il plus grand que Jean ? Parce qu’il donne de meilleurs conseils ? Là n’est peut-être pas l’essentiel. Quand Jésus rencontre le jeune-homme riche, il ne lui donne pas seulement un conseil de pauvreté plus radical que celui de Jean aux publicains, il lui dit encore ce que Jean ne dit à personne dans l’évangile : « Suis-moi ». Il ne s’agit pas simplement de faire ceci ou cela, mais d’être avec Jésus. De même, la dernière parole du Christ ressuscité n’est pas un conseil, c’est une promesse : « Je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps ». Or cette proximité, cette présence du Christ, du Dieu vivant, auprès de nous, en nous, est source de paix et de joie. Écoutons encore Sophonie : « Pousse des cris de joie, fille de Sion, car le Seigneur ton Dieu est en toi » ; Écoutons Paul : « Soyez dans la joie, le Seigneur est proche. »

Chers frères et sœurs, au seul jeu des « Que devons-nous faire ? », des « Qu’avons-nous pu faire ? », nous aurons souvent le sentiment que notre existence est un bricolage hasardeux, un édifice fragile, précaire, qui prend l’eau et le vent, et que nous construisons en nous donnant régulièrement des coups de marteau sur les doigts, ou sur les doigts des autres. Il y aurait de quoi être découragé, triste. Mais la joie de l’Avent, c’est de savoir que le Seigneur estime assez cette pauvre demeure de notre cœur et de notre vie pour venir l’habiter, pour en faire une crèche. Il ne vient pas d’abord la rafistoler, en faire un palais ; c’est un enfant : il vient s’y reposer, la remplir de sa présence, telle qu’elle est. Puissions-nous à notre tour nous arrêter un peu, nous reposer en sa présence, y trouver la lumière, la paix et la joie.

La grâce de Jésus, le Christ, notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint, soit toujours avec vous…

Chers frères et sœurs, au cœur de l’Avent, la liturgie de ce dimanche nous invite à la joie : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie » venons-nous de chanter.

Cet appel, évidemment, nous projette vers la joie de Noël, que nous attendons en veillant dans la prière ; mais elle nous rappelle aussi que déjà, dès maintenant, le Seigneur est proche, qu’il est présent : présent en chacun de nous, présent dans notre assemblée réunie en son nom, présent dans sa parole que nous écouterons, présent dans le sacrement de son corps et de son sang qui tissera notre unité. Oui, l’Avent est ce temps où l’Église célèbre « la présence au milieu de nous de celui qui doit venir », c’est un temps de joie.

Alors demandons au Seigneur la grâce d’être nous-mêmes présents à la présence du Seigneur ; préparons-nous à célébrer le mystère de l’eucharistie, en reconnaissant que nous avons péché.

Homélie du 08 décembre 2021 — Immaculée Conception — Frère Cyprien
Cycle : Année C
Info :

8 décembre 2021 -

Gen 3 9-20 ; Eph 1 3-12 ; Lc 1 26-38

Homélie du F.Cyprien

Texte :

….(Eve et Marie dans l’histoire, la chute et le pardon)

" L'Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre » En fait dès avant l’Annonciation, l’Esprit était déjà venu sur Marie, depuis le commencement de sa vie, depuis sa conception : nous célébrons celle dont la vie a été seulement et simplement un acte d’obéissance à Dieu.

« Vivez sous l’emprise de l’Esprit », écrit saint Paul.

L’Eglise met « sur les autels », comme on dit, les personnes qui ont su vivre de plus en plus sous l’emprise de l’Esprit de Dieu : on peut dire que pour elles la grâce a été de plus en plus forte, parce qu’il s’agissait d’aller à l’encontre de l’emprise du mal.

Pour Marie la grâce a été la plus forte seulement parce que cette grâce était toujours ce qui la faisait agir. Il faudrait nous dire sans cesse que cette faveur que Dieu a accordé à la mère de Jésus, c’est la même grâce qu’il nous propose pour vivre aujourd’hui, grâce qui permet de rester dans la paix avec nous-même, avec les autres et de rester unis à ce Dieu et Père qui nous conduit à la vraie vie, la sienne.

« A la louange de sa gloire, de la grâce dont il nous a comblés en son Bien-aimé »

Homélie du 05 décembre 2021 — 2e dim. de l'Avent — Frère Guillaume
Cycle : Année C
Info :

HOMELIE du 2ème dimanche de l’Avent (Année C) – 05/12/2021

(Baruch 5,1-9 ; Phil. 1,4-11 ; Luc 3,1-6)

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs

Avec le temps de l’Avent, nous avons commencé dimanche dernier une nouvelle Année Liturgique, où nous serons accompagnés chaque dimanche par la lecture de passages de l’Evangile selon Saint Luc. A la suite des 2 premiers chapitres relatifs aux naissances et aux 1ères années de vie de Jésus et de Jean, son cousin, chapitres qui ont été écrits séparément et ajoutés, Saint Luc au chapitre 3 ouvre son récit sur la mission de Jean, et du même coup celle de Jésus en les situant dans l’histoire et la géographie de leur temps.

Avec précision, il nomme les personnages, païens et juifs, et les lieux, non pas dans une intention d’historien ou de géographe au sens moderne où nous les entendons, mais dans une intention de théologien de l’histoire du salut.

Tibère, empereur à Rome, Pilate, son préfet en Judée, une région agitée de l’Empire, Hérode Antipas et Philippe, son frère, tous deux fils d’Hérode le Grand, qui gouvernent les provinces du Nord, la Galilée. Et du côté religieux, Luc mentionne les noms des grand ’prêtres Hanne et Caïphe, et le prêtre Zacharie, qui officient au Temple de Jérusalem ces années-là. Nous retrouverons ces différents personnages au long de l’évangile et notamment lors des passions de Jean et de Jésus.

Et dans ce cadre ainsi défini, sur quel évènement Saint Luc veut-il attirer l’attention dans le passage que nous avons entendu ? Ecoutons bien : « la Parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, fils de Zacharie ». Littéralement, si vous me permettez de revenir au texte original en grec : « la Parole de Dieu arriva (ou advint) sur Jean ».. O logos tou theou egeneto epi Ioanen. Oui, la Parole de Dieu sur-vient, sur-prend un homme, réfugié dans un désert. Il s’agit bien d’une « emprise divine ». Ce terme d’emprise me semble convenir à l’évènement, associé inséparablement à celui de vocation et d’envoi en mission. Saint Luc reprend d’ailleurs les formules utilisées dans l’Ancien Testament pour qualifier les vocations des prophètes Jérémie et Osée. Il tient à montrer par là que Jean est choisi par Dieu pour être un authentique prophète et qu’il aura à délivrer à son Peuple un message divin : message de conversion et de baptême pour le pardon des péchés.

Arrêtons-nous sur cette notion d’emprise. On sait combien ce phénomène peut jouer dans les relations inter-personnelles ou sociales. Le dernier rapport de la CIASE l’a clairement désigné à propos des abus de pouvoir, abus spirituels et sexuels, en l’associant au cléricalisme dans l’Eglise. Mais on peut aussi parler de l’emprise des grandes entreprises sur l’économie mondiale, l’emprise des médias sur l’information, l’emprise de tel ou tel chef d’Etat pour imposer un régime totalitaire à la population de son pays. Toutes ces situations d’emprise sont bien connues et analysées, le plus souvent à propos de leurs effets négatifs aux plans psychologique et sociologique.

N’y a-t-il pas cependant des cas d’emprise positive, constructive, comme celle que relève notre passage d’évangile ou les récits de vocations prophétiquse ? Saint Paul lui-même ne déclare-t-il pas dans une des ses lettres avoir été « saisi » par le Christ, alors qu’il abusait de son pouvoir de pharisien en persécutant les premiers chrétiens. Sur le chemin de Damas, il fait l’expérience de cette emprise de Jésus, qui va le libérer de l’emprise de la chair, en le désarmant de son désir de contrôle et de domination, et il fait l’expérience d’une libération dans l’Esprit Saint. Désormais, Christ lui-même vit en Lui.

Les vocations de Jean, de Paul et de tant d’autres saints de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance nous renvoient à la nôtre. Par notre baptême, nous sommes tous appelés à devenir des prophètes, saisis par le Christ et par la Parole de Dieu qui nous est adressée. L’Eglise est ainsi un peuple de prophètes. L’Ecriture l’annonçait : un jour viendra, et il est venu pour nous avec Jésus, le Messie, où tous, dans le peuple, prophétiseront.

Alors, à quel type de témoignage sommes-nous renvoyés, à quelle proclamation de conversion, en ces temps difficiles que traverse notre Eglise ?

Nous entendions en communauté, mercredi soir la belle parole du nouvel évêque de Meaux, le Père Guillaume Lelille, ordonné dimanche dernier, acceptant sa lourde charge avec confiance mais surtout avec beaucoup d’espérance et de joie. Oui, la parole d’Isaïe en ce temps d’Avent 2021 nous rejoint encore et nous envoie : voici que le Seigneur vient, préparons son chemin aplanissons nos collines et rendons droits les sentiers tortueux de nos vies. Et réjouissons-nous, parce que le Seigneur se souvient. Il veut nous sauver, il aime sa création et ses créatures : Il est un Dieu avec nous. Seigneur Emmanuel.

AMEN

Homélie du 28 novembre 2021 — 1er dim. de l'Avent — Frère Cyprien
Cycle : Année C
Info :

année C 1er Dimanche de l'Avent - 28 novembre 2021

Jér 33/14-16, 1Th 3/12-4/2, Lc 21/25-28, 34-36

Homélie du F.Cyprien

Texte :

« Redressez-vous et relevez la tête… »

«Restez éveillés pour vous tenir debout devant le Fils de l'homme. »

Chers frères et soeurs, le temps passe : l’Eglise commence une nouvelle année avec ces jours qui nous conduisent à Noël, ce temps appelé temps « de l’Avent ».

Je préférerais d’ailleurs qu’on l’appelle temps de l’Avènement, car ce n’est le temps avant Noël ; non, c’est bien le temps où l’on célèbre l’avènement, « Adventus », la venue promise du Seigneur.

Pour ce temps de l’Avènement, j’aimerais évoquer le temps qui passe… avec le temps qui reste, celui qui nous reste à chacun d’entre nous…, temps d’attente et d’espérance peut-être, en tout cas temps qui passe…de plus en plus vite !

Le temps passe et nous aussi, à l’opposé de ce Dieu « qui est, qui était et qui vient » comme nous le nommons, Dieu qui est toujours présent, éternellement présent !

Par contre, nous, nous sommes dans ce temps qui passe, dans ce temps qui surtout nous échappe

C’est vrai, le temps nous échappe : le passé, nous ne pouvons pas le changer et souvent il nous rattrape. Les souvenirs agréables se mélangent avec de plus tristes choses…, nous ne le savons que trop : certains réalisent avoir été victimes d’abuseurs, de criminels, après les longues années…

Notons que beaucoup d’autres personnes font partie de notre passé; nous recevons une partie de notre passé …des autres : ce n’est pas nous qui avons appris seuls la date de notre naissance !

Le passé nous échappe, oui, et… nous ignorons l’avenir… Concrètement, comme nous l’ignorons, nous le meublons, cet avenir, souvent assaisonné de peur et d’angoisse… Peur de la vie ou peur de la mort, peur de la souffrance…D’où probablement aussi tous les scénarios de fin du monde qui alimentent les imaginations depuis les apocalypses de la sainte Ecriture. Nous savons hélas que le mal commis conduit rarement au meilleur…

… « Entre le passé qui nous échappe et l’avenir que nous ignorons, il y a le présent où est notre devoir ». Notre devoir de chrétiens : nous préparer à la venue du Seigneur, son retour dans la Gloire…

Dans la spiritualité chrétienne a été développée l’exigence de la préparation à la mort sans négliger l’espérance qui doit habiter le cœur croyant. Nous ne connaissons pas le jour et l’heure de notre mort et…nous devons nous y préparer…

Nous y préparer ?… Pourquoi ? …parce que nous avons à honorer notre Dieu et Père, le Dieu des promesses, préparer la rencontre avec Celui qui vient : le Seigneur, Il a promis qu’il reviendrait, avec cet avertissement : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre » !

Nous nous préparons à la fin… parce qu’il y a urgence : Restez sobres et veillez, dit l’Evangile…

Dieu était, Il a montré au long des siècles sa patience, sa pitié pour les hommes.

Dieu est : sa présence nous oblige de même « à être », être là où il nous veut, dans ce présent que lui-même habite, dans ce présent que nous avons, nous, du mal à habiter.

Nous confessons enfin que Dieu vient, notre acte de foi consiste en ceci : c’est Lui qui vient ; il vient à notre rencontre, … non pas hier, non pas demain…Hier j’avais mis ma foi en Lui, demain j’espère croire encore en Lui, …mais c’est maintenant que Lui vient à ma rencontre, que je peux lui consacrer ma vie, consacrer ce que je suis en train de faire.

Cet acte de foi est aussi acte de confiance, acte d’amour qui nous fait Le rejoindre, lui le Dieu d’amour.

Chers f. et s., c’est ainsi que le temps de l’Avent devient le temps de nos vies, temps pour préparer Noël 2021 bien sûr, mais, comme tous les autres temps liturgiques, le temps à la fois de la rencontre de Dieu au présent, et le temps qui aide chacun à se préparer à la rencontre définitive.

Si des hommes défaillent « de frayeur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde », nous avons à nous redresser, à relever la tête, à nous tenir debout, à rester éveillés. La fin de toutes choses ne peut pas être une catastrophe pour les enfants de Dieu ; ce sera l’accomplissement des promesses, la venue pour nous du Christ vivant, vainqueur de toute mort.

Alors, oui ! vienne et dure le temps de l’Avent, de l’Avènement où nous disons sans cesse : « Amen, Viens, Seigneur Jésus ! ».

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Homélie du 14 novembre 2021 — 33e dim. ordinaire — Frère Bernard
Cycle : Année B
Info :

Année B - HOMELIE du 33ème dimanche du TO – 14/11/2021

(Daniel 12,1-3 ; Hébreux 10,11-18 ; Marc 9,30-37)

Homélie du F.Bernard

Texte :

Dernier évangile de cette année, pris dans saint Marc. Dimanche prochain, pour la solennité du Christ-Roi, nous entendrons, dans l’évangile de Jean, le dialogue entre Jésus et Pilate sur la royauté de Jésus. Puis ce sera l’Avent et le début d’une nouvelle année liturgique avec l’évangile de Luc

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Nous venons d’entendre une partie du discours de Jésus sur la fin des temps : des paroles énigmatiques certes, mais confiées à notre vigilance. Aux disciples, qui s’étaient extasiés devant la beauté du Temple, Jésus avait répondu en annonçant brusquement sa ruine : Il n’en restera pas pierre sur pierre ; tout sera détruit (Mc 13,2). Déjà, il est vrai, quelques jours auparavant, il avait prononcé une parole mystérieuse sur le figuier stérile, annonçant que la maison de prière pour tous les peuples (Mc 11,17), serait désormais non plus le Temple mais son propre corps passé par la mort et ressuscité. Mais les disciples avaient-ils compris ?

Ils avaient alors posé deux questions : l’une précise sur la ruine du Temple : Quand cela arrivera-t-il ? ; l’autre plus vague, sur la fin des temps : Quel sera le signe que tout cela doit finir ?

Remarquons que Jésus ici ne s’adresse pas aux foules, ni à l’ensemble de ses disciples, ni même aux Douze, mais seulement à quatre d’entre eux, sa « garde rapprochée » en quelque sorte : Pierre, Jacques et Jean, les témoins privilégiés des grands moments de la vie publique de Jésus, et aussi André, le frère de Pierre. En somme, les quatre disciples toujours placés en tête dans les listes des apôtres.

Pourquoi cet auditoire restreint ? Peut-être pour souligner l’importance des paroles qui vont suivre : elles ne sont en tout cas nullement destinées à rester le secret d’un auditoire d’initiés. L’ultime parole de ce discours le dit explicitement : Ce que je vous dis à vous, je le dis à tous : veillez. Car vous ne savez pas quand le Maître de maison va venir (Mc 13, 35-37).

Jésus avait donc annoncé la ruine du Temple. L’événement aura lieu en l’an 70, peu avant ou peu après la rédaction de notre évangile. Ce sera un immense traumatisme pour le peuple d’Israël qui, perdant le Temple, perdait son centre spirituel, le lieu où chacun pouvait rencontrer son Dieu et le célébrer. Pour survivre le judaïsme devra se reconstruire sur d’autres bases.

Puis Jésus porte son regard plus en avant, vers le temps de la fin. Le moins qu’on puisse dire est qu’il ne nous annonce pas un avenir facile, comme s’il voulait nous faire sortir d’une certaine torpeur. Déjà le prophète Daniel avait annoncé un temps de détresse, comme il n’y en a jamais eu depuis que les nations existent, et Jésus d’ajouter : Le soleil s’obscurcira, la lune perdra son éclat, les étoiles tomberont du ciel. Mais ce sera aussi le temps du salut du peuple, avait dit Daniel. Alors on verra le Fils de l’homme venir sur les nuées du ciel avec grande puissance et grande gloire, précise Jésus.

Détresse donc, mais aussi allégresse. Détresse pour le monde, et allégresse pour les disciples. Il est vrai aussi que les disciples faisant partie du monde ne seront pas épargnés par cette détresse. L’avenir annoncé par Jésus sera donc un avenir bouleversé. Mais si nous regardons l’avenir immédiatement devant nous il semble déjà porteur de grands changements qui ne sont pas sans susciter inquiétudes ou angoisses. Nous voudrions spontanément que le temps présent, avec toutes ses imperfections dure, car nous y sommes habitués. Pourtant l’avenir nous imposera nécessairement ses changements.

Mais notre foi chrétienne, elle, nous fait porter résolument notre regard vers l’avenir. Là est notre espérance, avec la certitude de la venue du Seigneur au terme du temps. Jésus nous invite à nous y préparer, en prenant la comparaison du figuier au printemps. Quand la sève le parcourt à nouveau et monte dans ses branches, celles-ci s’assouplissent, la végétation repousse puis le fruit vient. L’avenir pour le chrétien, c’est ce temps du réveil que connait la nature au printemps, le temps de la germination. Plutôt que dans de grands bouleversements du monde, c’est davantage dans la discrétion des jours que nous saisirons peu à peu l’accomplissement de l’Évangile, comme un printemps discret annonçant le chemin vers la pleine lumière de l’été, vers la venue du Seigneur dans sa Gloire.

Le dernier mot de l’Apocalypse, qui est aussi celui de toute la Bible, résume la prière chrétienne : Viens Seigneur Jésus. Comme le dit par ailleurs l’Apôtre, quand nous célébrons l’eucharistie, nous annonçons la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne. Voilà notre espérance. Oui, viens Seigneur Jésus.

Homélie du 07 novembre 2021 — 32e dim. ordinaire — Frère Jean-Louis
Cycle : Année B
Info :

32e dimanche Temps Ordinaire (B) (07/11/2021)

(1 R 17, 10-16 – Ps 145 – He 9, 24-28 – Mc 12, 38-44)

Homélie du F.Jean-Louis

Texte :

Frères et sœurs,

Ce dimanche, la première lecture et l’évangile ont un personnage commun : une veuve, veuve dont le psaume 145 qui a été chanté nous dit qu’elle est soutenue par le Seigneur, ainsi que l’orphelin.

La veuve, l’orphelin et l’immigré sont les trois catégories de pauvres les plus caractéristiques dans la Bible. La veuve et l’orphelin car ils ne disposent plus de la protection d’un mari, d’un père, et l’immigré, parce qu’il n’est plus sur sa terre et est étranger, sans repères culturels, familiaux et amicaux, avec tout ce que cela comporte de fragilité, nous le savons bien.

L’épisode de la veuve de Sarepta ne peut se comprendre que s’il est resitué dans la longue lutte du prophète Elie contre l’introduction de cultes païens en Israël, sous l’influence de la reine Jézabel, épouse du roi Achab. Ces dieux étaient censés favoriser la fertilité des sols grâce à la pluie dont ils étaient les maîtres. Elie va répliquer en annonçant une grande sécheresse de la part du Seigneur afin de montrer la supériorité de celui-ci sur ces dieux païens et c’est ce qui va arriver. Poursuivi, Elie se réfugie en terre païenne où il est accueilli par une veuve pauvre et son fils. Cette veuve va donner, partager tout ce qu’elle a et se verra comblée par le Dieu vivant, alors que les Israélites, eux, continueront à subir les privations causées par la sécheresse. Bien que païenne, elle a cru à la parole du prophète et a été récompensée.

D’une pauvre veuve, il est aussi question dans l’Evangile de ce jour. Le Christ vient de recommander aux foules de se méfier des apparences, en l’occurrence ici des scribes qui aiment les tenues d’apparat, les honneurs. Dans l’apparence, ils semblent impeccables, fervents, mais en fait, ils dévorent les biens des veuves, personnes les plus démunies face à ce genre de rapacité. Mais voilà qu’alors que le Christ est devant la salle du trésor du Temple et qu’il regarde des riches y mettre des grosses sommes, une pauvre veuve vient mettre deux pièces de monnaie. Le Christ déclare alors qu’elle a mis plus que tous les autres. Quel contraste pour des gens qui pensaient que les riches étaient riches par bénédiction de Dieu ! Nous voyons bien que ses critères à lui, les critères de Dieu, sont bien différents des critères de la société d’alors et sans doute d’aujourd’hui.

De la veuve de Sarepta, il sera question dans l’évangile de saint Luc, au chapitre 4, lorsque Jésus se retrouve dans la synagogue de Nazareth, lieu de sa jeunesse. Et ça tourne mal pour le Christ. Ce dernier, en effet, déclare que lors de la fameuse famine du temps d’Elie, le prophète avait été envoyé, non pas aux veuves d’Israël, pourtant nombreuses, mais à une veuve étrangère, de la ville de Sarepta, au pays de Sidon, et donc à une païenne. C’en est trop pour les personnes réunies dans la synagogue qui, alors qu’elles venaient de louer le message de grâce venant du Christ, veulent maintenant précipiter Jésus en bas de la colline. Revirement subit car il était impensable pour eux qu’un prophète soit envoyé à une païenne alors qu’Elie venait de lutter contre une autre païenne, reine celle-là : Jézabel. Là aussi, nous voyons combien les critères de Dieu ne sont pas les nôtres.

En effet, ces textes nous montrent bien que le Dieu d’Israël, qui est le Dieu de Jésus Christ, sort des catégories et des conventions socialement et religieusement reçues. C’est une veuve païenne qui accueille Elie et lui donne tout ce qu’elle a. C’est elle qui est l’objet de la bénédiction de Dieu en étant nourrie au jour le jour, comme Israël avait été nourri au Désert. Dieu ne réserve pas sa Grâce à un peuple mais s’il s’est choisi un peuple, c’est pour ensuite choisir toutes les nations.

Et cette pauvre veuve de Jérusalem, une juive celle-là, se retrouve être admirée par le Christ, admirée par Dieu, alors que son geste, matériellement, est minime. On voit bien que le Christ, sans mépriser les riches (les épisodes de Zachée et de l’appel de Matthieu le montrent bien) pose son regard sur les plus pauvres les moins considérés de son temps.

Fort bien. C’était dans l’Antiquité et dans le monde juif. Mais pour nous aujourd’hui ?

La société prend soin des veuves ainsi que des orphelins. Ce serait quand même à voir de près car le nombre de pauvres dans notre société occidentale dite riche n’est pas négligeable, nous le savons bien. Et bien des mères élevant seule leurs enfants sont dans la pauvreté.

Et puis, il y a les immigrés, question brûlante et combien dérangeante. Alors que l’Eglise a pu montrer sa face sombre, nous ne le savons que trop, certains chrétiens posent des actes forts et clairs pour soutenir les immigrés traités de façon inhumaine par une société qui se veut égalitaire et fraternelle. Bien sûr, le discernement sur ce qu’il y a lieu de faire n’est pas toujours évident. Mais les prophètes et le Christ lui-même n’ont-ils donc pas été souvent incompris dans leurs paroles et leurs actes ?

Depuis 2000 ans et la venue du Christ, il y a certainement eu des progrès réalisés dans notre monde quant à la dignité des personnes. Mais ne fermons pas les yeux trop facilement sur les situations gênantes. Admettons que notre regard sur les plus petits de notre monde est parfois très loin de ce que le Christ nous enseigne, de ce que sa conduite nous dicte.

Il ne s’agit pas de nous mettre sur la paille pour aider les autres, ce serait une façon trop commode de trouver des arguments pour ne rien faire. Mais, au nom de notre foi, quels gestes, si petit soient-ils, quelles collaborations pouvons-nous mener pour aider ceux qui en ont besoin à se prendre en main ?

Frères et sœurs, nous arrivons à la fin de l’année liturgique et les évangiles nous redisent les enjeux concrets de notre foi. Ce dimanche, il s’agit de contempler le regard de Dieu qui se porte sur les gens démunis qu’ils soient païens ou juifs. Le Christ nous invite à porter nous-mêmes sur les plus démunis ce même type de regard. C’est certainement impossible par nos propres forces mais en nous laissant travailler par sa Parole et en recevant son Corps, nous pouvons laisser l’Esprit Saint opérer en nous bien plus que nous ne pouvons imaginer. AMEN

Homélie du 02 novembre 2021 — Défunts — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

COMMEMORATION DES FIDELES DEFUNTS 2021

Rm 14, 7-9. 10b-12 ; Jn 6, 37-40

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Ce matin, les paroles entendues veulent nourrir notre espérance pour nos frères défunts et pour nous-mêmes face à la mort. Nous pouvons considérer les deux lectures en vis-à-vis. D’un côté nous avons le dessein de Dieu sur les hommes exprimé dans la bouche de Jésus à l’occasion du grand discours sur le pain de vie à la synagogue de Capharnaüm. De l’autre, nous avons Paul qui confesse sa foi au Christ Seigneur des morts et des vivants, à qui tous appartiennent. D’un côté, nous mesurons qu’entre le Père et son Fils Jésus, il y a un unique projet à l’égard des hommes : ne pas les perdre et les faire participer à leur vie par la résurrection au dernier jour. De l’autre, nous voyons Paul qui dit sa confiance d’être pris en charge par le Christ en sa vie comme en sa mort. Ainsi Jésus a annoncé et fondé la grande espérance chrétienne que tous les hommes qui croient en lui participent à la vie divine, et cela pour l’éternité. Paul est le témoin convaincu de cette espérance dès lors que son existence est complètement renouvelée par son lien avec le Christ, son Seigneur en sa vie comme en sa mort.

Et nous ? Nous recevons ces témoignages qui viennent fortifier notre espérance. Pas de certitude scientifique, mais la foi et l’espérance. Par la foi, nous croyons que Jésus le Christ est vraiment notre Seigneur, un Seigneur qui nous sauve. Si nous lui faisons confiance, il nous conduit aujourd’hui de telle façon qu’il nous donne déjà en cette vie un avant-goût de la vie éternelle. Par l’espérance, nous entretenons cette lampe de veille en l’amour de Dieu qui ne saurait nous décevoir demain car il ne peut se renier Lui-même, Lui qui est Amour. Ainsi dans la foi et l’espérance, nous nous tenons dans la prière pour tous les défunts, qui ont cherché comme nous, qui peut-être se sont égarés comme nous parfois. L’amour que le Seigneur répand en nos cœurs nous entraine à élargir toujours plus notre cœur et notre prière à tous ces êtres connus ou inconnus.

Avec action de grâce, faisons mémoire de la mort et de la résurrection de Jésus, car nous savons que là est le roc de notre espérance pour tous.

Homélie du 01 novembre 2021 — Toussaint — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

TOUSSAINT 2021

Ap 7, 2-4. 9-14 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12a

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

A l’écoute de cet évangile, nous pourrions faire un petit exercice. Si je faisais moi-même une liste des béatitudes qu’est ce j’y inscrirai ? Est-ce que je mettrai heureux les pauvres de cœur, ou bien heureux ceux sont contents d’eux-mêmes, heureux ceux qui brillent aux yeux des autres ou encore ceux qui rient toujours à la place d’heureux ceux qui pleurent… heureux ceux qui savent tenir leur position et imposer leur point de vue à la place de heureux les doux ou heureux les miséricordieux. Heureux si je ne suis pas trop dérangé quand je partage ma foi, si je reste bien avec tout le monde, à la place de heureux si l’on vous insulte si l’on vous persécute à cause de mon nom… Ce petit exercice pourrait nous aider à regarder en face qu’en bien des situations, nous pouvons nous surprendre à désirer un bonheur qui n’est pas celui que Jésus nous propose aujourd’hui. Jésus vient questionner notre appétit de bonheur en proposant une autre échelle de mesure. La mesure de Jésus n’est pas la réussite ou le succès en ce monde, mais ce qui peut durer dans la lumière de Dieu. Qu’est-ce qui a du poids, de la valeur à ses yeux, une valeur qui ne passera pas ? La pauvreté de cœur, la douceur, la justice, la miséricorde, la pureté de cœur, la paix, la fidélité dans l’épreuve… Oui, mais ici, il nous faut faire attention… Ce serait une erreur de voir en ces valeurs une nouvelle liste de bonnes œuvres à accomplir…. Non lorsque Jésus nous dit « heureux les miséricordieux » ou « heureux les cœurs », il ne nous donne pas un commandement. Il nous révèle un bonheur qui est déjà là offert, en même temps qu’il est encore devant nous. Il est déjà là : il nous suffit d’ouvrir les yeux pour le reconnaitre à l’œuvre chez les autres, les saints de la porte d’à côté ou bien en nous-mêmes. Ce bonheur est en nos vies comme une petite musique qui murmure : « va de ce côté et tu vas vivre pleinement ». Comme une source qui ne demande qu’à être canalisée pour devenir plus abondante, il coule déjà dans nos vies : c’est le bonheur de l’humilité du cœur, de la pureté, de la miséricorde, de la paix, de la justice que nous goûtons à certains moments, soit que nous en sommes les bénéficiaires, soit qu’il jaillisse en nous… Dieu notre Père et notre créateur a mis en nous ses enfants, créés à son image, le goût de ce bonheur qu’il désire nous partager dans l’éternité.

Et en même temps, ce bonheur est encore à venir comme le souligne bon nombre de verbes de notre évangile qui sont au futur. Les larmes ne seront pleinement essuyées que dans l’au-delà. La soif de justice et de paix ne sera vraiment étanchée que dans la vie reçue de Dieu, Bon et Juste, le Tout miséricordieux. Là où tous les amis du Seigneur nous devancent et se réjouissent. Notre monde, comme notre propre cœur est encore en travail d’enfantement. Jour après jour dans la prière du « notre Père », nous demandons « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Oui il nous faut demander que la vie du ciel, faite de justice, de miséricorde, de pureté et de paix, selon la volonté du Père, vienne irriguer et renouveler la vie sur cette terre. Cette fête de la Toussaint veut fortifier notre espérance. Le mal, la division, l’orgueil, la violence sous toutes ses formes n’auront pas le dernier mot. Elle veut aussi nous renouveler dans la force d’avancer sur le chemin de la foi, en nous souvenant que « le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le trône et à l’Agneau » pour reprendre les mots de l’Apocalypse. Il n’est pas en notre pouvoir. Oui, vivant en ce monde encore aux prises avec le mal, en en subissant chacun plus ou moins les conséquences, nous tournons nos regards vers Jésus, l’Agneau Vainqueur. Lui, le pleinement pauvre de coeur, doux, miséricordieux, juste, fidèle, pacifique, a vraiment vaincu le mal à sa racine. Son sang versé pour nous par amour nous lave de nos péchés. Lui Seul peut nous sauver, et donner sa pleine mesure à ce bonheur des béatitudes goûté déjà et espéré dans le monde à venir. En rendant grâce maintenant pour la mort et la résurrection de Jésus, nous accueillons sa vie. Aujourd’hui elle nous sauve et lave. Faisons-lui toute la place…

Homélie du 31 octobre 2021 — 31e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année B
Info :

Année B - 31 dimanche du Temps Ordinaire - 31 Octobre 2021

Dt 6 2-6 ; Heb 7 23-28 ; Mc 12 28-34

Homélie par F.Hubert

Texte :

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu »

Je trouve extraordinaire que Dieu nous demande de l’aimer,

que l’Ecriture nous demande d’aimer Dieu,

- et pas seulement dans le NT, avec Jésus,

mais déjà dans la Torah d’Israël, dans la Loi de la Première Alliance.

Certes, il nous dit : « Tu craindras le Seigneur ton Dieu »

- et il faut voir de quelle crainte il s’agit -

mais il nous dit aussi : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu ».

Aimer Dieu, cela veut dire quoi ?

Comment aimer Dieu ?

Est-ce possible ? Aimer Dieu, que nous ne voyons pas ?

qui nous peut nous paraître si loin, absent même ?…

Pourtant, il est celui qui vient vers nous, qui nous parle,

qui fait alliance, une alliance qui jamais ne se reprend,

mais se renouvelle, au fur et à mesure de nos réponses, pourtant si souvent négatives.

La Bible nous révèle que des hommes se sont levés,

un peuple s’est levé, malgré ses faiblesses et ses infidélités,

pour témoigner que Dieu s’est fait proche, qu’il a parlé, qu’il s’est engagé dans son histoire, qu’il fait alliance, qu’il sauve l’opprimé, le faible, le pécheur,

que jamais il ne se lasse de revenir, de créer du nouveau, de l’inespéré, d’ouvrir des chemins, de se donner lui-même.

Ses entrailles sont celles d’une mère,

et son bras est fort pour libérer et conduire jusqu’en Terre Promise,

laquelle n’est autre que lui-même.

Les dieux des nations, les idoles, très présents dans la Bible,

je n’ai jamais vu nulle part qu’il soit demandé de les aimer.

Ils sont mortifères.

Si le Dieu d’Israël, « le Seigneur », demande d’être aimé, c’est qu’il est le Vivant,

tellement vivant qu’il donne la vie à d’autres,

qu’il aime ceux qui sont sortis de lui,

et qu’il désire recevoir d’eux l’amour déposé en eux.

Il est tellement vivant qu’il peut traverser la haine et la mort, en continuant d’aimer.

Oui, aimer, Dieu sait faire.

Comme toujours, il nous faut regarder Jésus, qui est le visage du Père.

Dieu nous semble absent ?

C’est que nous ne savons pas le voir où il est :

il est le Très-Bas. Jamais il ne nous surplombe.

Il est le Serviteur, toujours plus bas que celui qu’il aime.

Après s’être révélé peu à peu dans l’histoire d’Israël,

il s’est révélé définitivement en son Fils, devenu notre frère,

lavant les pieds de tous ceux qui ont besoin d’être lavés.

Si nous le cherchons en-haut,

c’est entre terre et ciel que nous le trouverons,

cloué, pendu sur deux poutres de bois, prenant sur lui tout le mal du monde.

Comme nous le dit la lettre aux Hébreux, il s’est offert lui-même, une fois pour toutes.

Il est en lui-même et l’amour de Dieu pour l’homme

et l’amour de l’homme pour Dieu.

Alors, comment aimer Dieu ?

D’abord d’un immense amour de reconnaissance,

pour tout ce que je viens déjà de dire :

il nous a désirés, façonnés à son image, appelés, sauvés,

il a donné sa vie pour nous en son Fils,

il nous appelle à vivre en lui, de lui ;

il nous donne son propre Esprit.

Comment aimer Dieu ?

En vivant de cet Esprit qui habite en nous

et intercède pour nous en gémissements inexprimables.

N’oublions pas notre baptême, notre confirmation, et l’eucharistie :

c’est Dieu, chaque fois, qui se donne à nous.

N’oublions pas que Jésus nous donne l’eucharistie pour nous communiquer son Esprit

afin que nous vivions comme il a vécu.

Et là, nous retrouvons le deuxième commandement qui est égal au premier.

Lui qui a lavé les pieds de ses disciples, il ne cesse de nous dire :

« C’est un exemple que je vous ai donné

afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »

Nous pouvons aimer Dieu en nous laissant saisir et mouvoir par son Esprit,

et dans l’élan du cœur, le cœur à cœur,

et dans le concret de nos actes.

Ces deux voies sont inséparables.

L’intimité du cœur et l’amour des frères.

Nous entendions hier, de Madeleine Delbrêl :

« C'est seulement à travers les autres que nous pouvons rendre amour pour amour à Dieu. »

La grande voie pour aimer Dieu, c’est d’aimer nos frères ;

Et Madeleine d’ajouter :

« Le danger, c'est que le deuxième commandement devienne le premier. La preuve de contrôle, c'est d'aimer chaque homme, … c'est d'aimer Dieu dans chaque homme, sans préférence, sans catégories, sans exception » et « c'est dans la prière, dans la prière seulement, que le Christ se révélera à nous dans « chacun » ».

« Celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, dit st Jean,

est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas ».

« Tout ce que vous aurez fait au plus petit de mes frères, nous dit Jésus,

c’est à moi que vous l’aurez fait ».

Ne cessons pas d’apprendre de Jésus comment aimer le Père, notre Père, et comment aimer nos frères et sœurs, tous, sans exclusion aucune.

Ecoutons encore Madeleine Delbrêl :

« Ce n'est pas notre amour [notre amour humain] que nous avons à donner :

c'est l'amour de Dieu. »

Le chemin est sans fin, mais nous ne sommes pas seuls : l’Esprit nous est donné, il nous habite.

Homélie du 24 octobre 2021 — 30e dim. ordinaire — Frère Damase
Cycle : Année B
Info :

Année B – 30° dimanche du Temps Ordinaire – 24 octobre 2021

Jér317-9 ; Héb 5 1-6 ; Mc 10 46-52 ;

Homélie du F.Damase

Texte :

L’évangile de Marc est construit selon un cheminement de Jésus entre Nazareth et Jérusalem ! Aujourd’hui, Jésus arrive à Jéricho (c’est-à-dire à moins 256 m sous la mer et Jésus s’approche à 25 km de Jérusalem où il montera jusqu’à 790 m au-dessus du niveau de la mer). Jéricho est donc pour Jésus un lieu charnière !

A la sortie de la ville, il rencontre un mendiant, aveugle, donc chassé du centre-ville.

Ce mendiant porte un nom Bartimé – le « fils de l’Honoré », lui le « déshonneur de sa famille ». Mais cet homme aveugle, assis sur le bord de la route, écoute et réfléchit. Il entend une foule qui passe, c’est Jésus de Nazareth lui dit-on.

Immédiatement, il se met à crier ce qui jaillit de son cœur : « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ». En ce fils de Nazareth, l’aveugle a vu le Fils de David – l’envoyé de Dieu pour sauver son peuple !

La foule - choquée par cette relecture rapide de la promesse des prophètes, mais dangereuse face à l’occupant romain – essaye de le faire taire, mais lui crie plus fort « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi » !

Jésus s’entend appelé par son nom, par son vrai nom, (nous sommes aux 2/3 de l’évangile de Marc et c’est la seule fois que Marc mentionne cette identité de Jésus), Jésus réagit immédiatement : « Appelez-le » !

La foule – tout aussi instantanément réagit et fièremen dit : « Confiance, lève-toi, il t’appelle » !

« L’aveugle jette son manteau, bondit et courre vers Jésus » - En jetant son manteau, l’homme abandonne tout ce qu’il possède, - car selon la Bible, il est interdit de confisquer le manteau du pauvre, car c’est sa seule richesse. L’aveugle traverse les barrières de la foule et des disciples. Il coure vers Jésus, vers celui dont il a entendu la voix l’appeler, il se laisse guider par son oreille !

Arrivé près de Jésus, Jésus le questionne : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? »

- Surprise Dieu attend que je lui demande quelque chose…

« Rabbouni que je vois » ! Non pas Rabbi (« Maitre » ou « Monsieur le professeur »), mais le cri du cœur aimant, comme Marie-Madeleine au matin de Pâques dans le jardin de la Résurrection !

« Rabbouni, Que je vois » - non pas « que je vois ma copine » - mais « que je te vois avec mon cœur, toi mon Sauveur » !

Jésus a très bien compris ce cri et lui réponds dans le même registre : « Va, Ta foi t’a sauvé » !

« Va » - Je t’envoie comme mon messager, pour annoncer la « Bonne Nouvelle de ma Résurrection » !

« Aussitôt, l’homme se mit à voir » Jésus dans toute sa réalité ! L’homme découvre en Jésus le Fils de l’Homme – Dieu fait homme – Dieu qui s’humilie au point de devenir un homme comme les autres qui obéit au Père et qui aime tous les hommes, ses frères ».

« Et il suivait Jésus sur la route » - avec Jésus, il monte vers Jérusalem – il monte vers sa Passion, sa mort, et sa Résurrection » !

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? » - Question que Jésus nous pose aujourd’hui !

Quel est mon désir pour marcher -aujourd'hui - à la suite de Jésus et monter à Jérusalem avec Lui

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