Homélies
Liste des Homélies
Année A - 21 mai 2023 -- 7ème dimanche de Pâques
Actes 1, 12-14; 1 Pierre 4,13-16; Jean 17,1-11
Homélie du F. Damase
Pâques, l’Ascension, la Pentecôte célèbrent un seul et même mystère
diffracté en une triple célébration,
[comme un unique rayon lumineux se multiplie en traversant un prisme],
et nous, nous nous préparons, en ce 7 °dimanche de Pâques
à célébrer la 3° étape dimanche prochain :
le don de l’Esprit Saint fait à l’humanité, à la Pentecôte
L’Évangile de Jean est construit, autour de la glorification du Fils,
et l'apothéose de tout l'Évangile se trouve dans l’acte sacerdotal de Jésus, - dans le don de sa vie fait par Jésus sur la croix -.
Le texte que nous venons d’écouter,
nous donne sa prière sacerdotale.
Sur le point de mourir, Jésus jette un regard sur son passé.
Toute sa vie se résume en une seule et même réalité :
la glorification de son Père et la glorification progressive de l'humanité.
La raison de sa venue a été
d'apporter aux hommes et aux femmes, la vie en plénitude,
d'infuser la vie divine dans la texture même de leur existence quotidienne.
Cette longue prière prononcée par Jésus, quelques heures avant sa mort,
prend un sens nouveau,
quand elle est lue entre l'Ascension et la Pentecôte.
Cet Évangile nous amène à voir
que le mystère pascal du Christ a une valeur permanente
pour l'Église de tous les temps.
L'Esprit continue dans la passion de l'humanité et de l'Église le rôle
qu'il a joué dans la Passion du Christ.
Il devient le "Paraclet", l'avocat,
qui fait voir comment se réalise le salut de Dieu sur l'humanité.
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La lettre de Pierre, d’où est tirée la deuxième lecture, a été écrite
à une époque où les Chrétiens étaient persécutés.
Pierre leur rappelle que s’ils souffrent parce qu’ils sont Chrétiens,
ils doivent s’en réjouir, et cela pour deux raisons.
Tout d’abord parce qu’ainsi ils communient aux souffrances du Christ
et que, d’autre part, cela leur vaudra d’être dans la joie et l’allégresse
le jour où la gloire du Christ se manifestera.
Les Actes des Martyrs de l’Église primitive nous donnent
de nombreux exemples d’hommes et de femmes
allant joyeusement à la mort par fidélité au Christ.
Où pouvaient-ils bien puiser leur force et leur courage ?
Ils puisaient ce courage et cette force dans leur foi au Christ, bien entendu,
mais dans une foi partagée en Église.
C’est leur appartenance à une communauté de croyants
qui donnait cette force à leur foi.
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Et cette communauté de croyants trouvait son unité et sa cohésion dans la prière.
N’oublions pas la première lecture tirée du livre des Actes :
« Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus, et avec ses frères ».
N’est-ce pas là la dimension essentielle de l’Église
à laquelle le Pape François nous invite en convoquant le synode sur la synodalité :
- devenir une communauté unie dans la prière - ?
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La joie pascale est une joie réaliste.
Elle n'est pas un naïf enthousiasme de printemps, oublieux de l'hiver.
Souvent, durant le Temps Pascal,
la Liturgie de la Parole nous rappelle les difficultés de la condition humaine - une condition humaine qui continue, hélas,
de choisir souvent la mort contre la vie.
Comme si les tragédies naturelles,
comme la sécheresse ou les inondations actuelles ne suffisaient pas,
nous y ajoutons le drame de la guerre.
Ainsi durant la Pâque, le Vendredi Saint se continue.
La mort sur la croix reste toujours présente,
mais comme une ouverture sur la vie,
une vie qui doit être choisie,
une victoire qui ne peut être achevée que dans l'amour et par la prière .
595 mots
Année A - ASCENSION DU SEIGNEUR -
18 mai 2023
Ac 1, 1-11; Ep 1, 17-23; Mt 28, 16-20
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs
Ce jour de fête de l’Ascension du Seigneur n’est pas seulement la célébration d’un évènement passé, mais le mémorial d’un mystère toujours à l’œuvre. L’Ascension du Seigneur qui a eu lieu il y a 2000 ans, séparant Jésus Ressuscité du regard de ses disciples, est toujours à l’œuvre dans l’Eglise qui est son corps. Nous, les membres du corps du Christ, nous sommes en quelque sorte en Ascension, en montée vers le Ciel, vers notre destinée finale. Les textes et les oraisons de ce jour veulent nous aider à comprendre ce mystère.
Entre la première lecture et l’évangile qui nous relatent les derniers instants de Jésus donnant ses ultimes paroles aux disciples, nous avons entendu Paul priant Dieu d’éclairer les Ephésiens, à qui il s’adresse, sur les conséquences pour leur vie de l’Ascension de Jésus. Paul demande pour ses amis, et finalement pour chacun de nous, une grâce de lumière pour qu’ils sachent « quelle espérance nous ouvre l’appel de Dieu » et « quelle puissance incomparable Dieu déploie pour nous, les croyants ». Oui, depuis que Jésus Ressuscité est assis à la Droite du Père dans les cieux, quelque chose a changé pour nous les humains, une espérance nous est offerte, et une puissance est à l’œuvre dans nos vies. Quelle espérance et quelle puissance, pouvons-nous reconnaitre avec les « yeux de notre cœur » alors que nous vivons dans notre monde tenté par le désespoir et hanté par le non-sens d’une auto destruction ?
Quelle espérance ? Et que change-t-elle pour nous ? Paul énonce cette espérance en parlant « de la gloire sans prix de l’héritage que vous partagez avec les fidèles ». La gloire sans prix de l’héritage… Avec Jésus assis près de Dieu son Père, notre espérance est grande car Lui qui partage notre humanité, nous « introduit déjà auprès du Père » comme nous l’avons prié eu début de cette eucharistie. « En lui notre nature humaine est déjà près de Dieu » comme nous prierons après la communion. Par notre baptême, nous croyons qu’un lien très étroit nous unit au Christ. Nous vivons en Lui et Lui en nous. Aussi tout ce qui le concerne, nous concerne. S’il est vivant et assis auprès de son Père, déjà nous le sommes avec lui, dans l’attente que cette union soit pleinement réalisée et manifestée. Avec Jésus Ressuscité, nous avons déjà part et nous aurons part pleinement à la Gloire de l’héritage sans prix : partager avec Lui, la vie des fils et fille dans l’amour de Dieu son Père et notre Père. Mais me direz-vous, que change cette espérance pour nous aujourd’hui ? Il me semble qu’elle change tout. Cette espérance nous laisse pressentir, et comprendre de plus en plus, ce qui a vraiment du poids dans nos existences. Mieux elle donne du poids à tout ce que nous pouvons faire, projeter, échanger, construire. Elle nous permet de discerner entre ce qui a vraiment du poids et ce qui n’en a pas vraiment. Au regard de la vie à venir qui sera une vie dans l’amour et la lumière, est-ce que cela vaut la peine de se battre pour des futilités, pour agrandir ses pouvoirs ou son territoire, pour du divertissement ou de l’évasion ?
Et cette Espérance nous permet de prendre au sérieux la Puissance qui à l’œuvre en nous les croyants. C’est le second point sur lequel Paul voulait attirer l’attention de ses interlocuteurs. Par notre baptême, par l’eucharistie, désormais la vie et la puissance du Christ Ressuscité nous sont communiquées. Par son Esprit offert, une vie puissante est déjà à l’œuvre dans nos existences. « C’est l’énergie, la force, la vigueur que Dieu a mise en œuvre dans le Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts et fait asseoir à sa droite ». Notre humanité est prise et soulevée par la puissance de l’amour de Dieu, qui désire la relever de la mort comme il l’a fait pour son Fils. Oui frères et sœurs, il nous faut demander cette grâce de reconnaitre cette énergie, cette force et cette vigueur déjà à l’œuvre dans nos vies. Peut-être l’oublions-nous trop facilement ? ou bien la cherchons-nous dans une énergie ou une force trop humaine qui nous donnerait du pouvoir et nous ouvrirait les portes de la facilité ? Comme pour Jésus ressuscité d’entre les morts, Dieu notre Père nous donne déjà et veut nous donner la force de sortir de nos lieux de mort où l’amour est absent. Il désire nous offrir l’énergie de la joie et de la paix pour porter les fardeaux dont le poids peut nous décourager. Face aux adversités, il met à notre disposition sa vigueur, afin que le mal n’ait jamais raison de notre foi et de notre charité.
Frères et sœurs que cette eucharistie, qui nous plonge dans le mystère du Christ mort et ressuscité pour nous, vienne revivifier notre espérance, faire grandir notre énergie pour aimer et nourrir notre vigueur pour témoigner de notre foi.
Année A - 6ème dimanche de Pâques (14/05/2023)
(Actes 8,5-17 ; 1 P 3,15-18 ; Jean 14, 15-21)
Homélie par F.Guillaume
Frères et sœurs,
En ces jours où nous approchons de la fin du Temps Pascal, avec les fêtes de l’Ascension et de Pentecôte, la liturgie de ce 6ème dimanche de Pâques évoque plus intensément la réalité de l’Esprit Saint dans les textes que nous venons d’entendre.
Avec la 1ère lecture tirée des Actes nous assistons à l’évangélisation de la Samarie non pas par un apôtre (un des 12) mais par un diacre, Philippe. Ce qui est étonnant, puisque dimanche dernier on avait appris que les diacres avaient été institués pour le service des tables et non pour celui de la parole ou de la prédication, réservé aux apôtres. 7 hommes avaient été choisis, Etienne, Philippe et 5 autres, car ils étaient remplis d’Esprit Saint, de foi et de sagesse. Or le texte entendu aujourd’hui nous dit que l’Esprit Saint n’était pas encore descendu sur aucun des nouveaux chrétiens samaritains. Ainsi Philippe, pourtant rempli d’Esprit Saint ne proclamait que le Christ. Il ne baptisait que dans l’eau et il n’accomplissait des signes merveilleux qu’au Nom de Jésus. C’est seulement à la suite d’une visite apostolique de Pierre et Jean, venus de Jérusalem, que ces nouveaux chrétiens reçoivent eux aussi l’Esprit Saint, par l’imposition des mains et la prière.
Ces évènements de Samarie peuvent et doivent nous renvoyer à notre propre baptême. Tout baptême en effet, dans son rite liturgique associe à la fois l’eau, symbole de la plongée dans la mort et la résurrection du Christ, et à la fois le saint chrême, huile d’onction qui est la marque de l’Esprit Saint sur le nouveau baptisé.
La seconde lecture, par la bouche de Saint Pierre, exhorte les chrétiens à être prêts en tout moment, à défendre leur foi au Christ et à rendre raison de l’espérance qui est en eux. Témoigner du Christ, lui qui est l’Espérance de la Gloire de Dieu, selon une belle qualification de Saint Paul. Ce Christ, nous dit St Pierre dans sa lettre qui a été mis à mort dans sa chair, mais qui a été vivifié dans l’Esprit. Et l’Esprit Saint qui a ressuscité Jésus d’entre les morts avec puissance, nous ressuscitera noua aussi avec le Christ au dernier Jour. Il nous introduira auprès de Dieu avec lui dans la Gloire. C’est la notre bienheureuse espérance, l’avènement ou l’évènement que nous attendons, si vraiment nous recherchons les choses d’en-haut, là où se trouve le Christ, à la droite de son Père.
Et nous en arrivons à la page du 4ème évangile, extraite des derniers entretiens de Jésus avec ses disciples avant sa Passion. Il leur annonce son départ, ce qui veut dire en clair sa mort prochaine, et son retour auprès d’eux, mais d’une toute autre manière, ce qui est moins clair pour eux. Ce sera le don de l’Esprit Paraclet, Esprit de Vérité et d’amour qui sera désormais non seulement à leur côté, mais qui demeurera en eux, au plus profond de leur cœur.
Réalité non pas abstraite, intellectuelle et extérieure, mais une personne à part entière qui procède du Père et du Fils. Elle est Seigneur et elle donne la vie, communicant l’amour. Elle mérite même Gloire et même adoration que le Père et le Fils.
Il nous revient alors, frères et sœurs, de reconnaître cette action de l’Esprit Saint qui habite en nos cœurs, de le laisser répandre en nous ses grâces de foi et d’espérance. Cela n’est pas toujours évident, ni facile, nous en faisons l’expérience, car l’Esprit, comme le dit si fortement Saint Paul, s’oppose à la chair, c’est-à-dire à nos tendances égoïstes naturelles. Notre cœur est très souvent le siège d’un combat qui peut être féroce et implacable contre le Malin. Notre volonté et notre liberté sont totalement engagées dans le consentement à l’action de l’Esprit en nous. Mais nous croyons dans notre foi au Christ, qu’il peut déployer son fruit sous les formes multiples de la joie, de la paix, de la douceur, de la patience, de la bienveillance, de la confiance et de la maîtrise de nous-mêmes. Oui, cela est possible car l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné.
Le Temps Pascal, le temps de la résurrection est celui du réconfort pour notre foi. Il est la source de notre assurance pour témoigner de notre espérance dans un monde inquiet, fragile voire tragique par bien des aspects. Il nous oblige à ne pas nous décourager, mais à tenir bon avec douceur et respect devant ceux qui ne partagent pas notre foi, ni notre espérance.
En terminant ces quelques propos sur l’Esprit Saint, j’aimerais nous inviter à tirer profit de ces derniers jours du Temps Pascal pour prier davantage et de façon plus directe, cette 3ème Personne de la Trinité, si jamais nous nous adressons plus habituellement à Dieu Notre Père et à Jésus-Christ, Notre Seigneur. Pourquoi ne pas nous aider avec les belles et riches hymnes de la liturgie, ancienne et nouvelle que nous trouverons facilement dans nos Magnificat ou nos Prions en Eglise. Je vous propose les versets de la séquence du dimanche de Pentecôte :
« Viens Esprit Saint en nos cœurs, consolateur souverain, adoucissante fraîcheur, lumière bienheureuse, dans le labeur, le repos, lave ce qui est souillé, guéris ce qui est blessé, assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rend droit ce qui est faussé. Donne tes sept dons sacrés, donne le salut final, donne la joie pérenne et éternelle. » AMEN
Année A - 5e dim de Pâques - 7 ma i2023
Ac 6/1-7, 1Pi 2/4-9, Jn 14/1-12.
Homélie du F. Cyprien
« Acclamons la Parole de Dieu ! » bis…
Alors Dieu nous a parlé ? Et nous avons entendu la parole de Dieu ?
Nous avons entendu des mots et des phrases, nous croyons qu’à travers ces mots et ces phrases il y a eu, il y a entre Dieu et nous une relation, une proximité… Foi de croyants, nous croyons que cette proximité elle est d’abord voulue par Lui.
Si nous avons écouté… avec toute la foi que nous voulions y mettre, peut-être cela va changer beaucoup de choses pour chacun, pour chacune d’entre nous.
…Et curieusement nous avons entendu les mêmes mots, les mêmes phrases et …nous ne repartirons pas avec le même trésor pour notre vie chrétienne : l’œuvre de l’Esprit du Christ, le Saint-Esprit, c’est de nous conduire comme il veut et où il veut. Il veut nous faire grandir dans la liberté intérieure, nous rendre responsable de nos actes, responsables de notre démarche de foi.
« Allez vers le Seigneur, il est la pierre vivante… Vous aussi soyez des pierres vivantes, …vous qui avez la foi …»
Personne ne va vers le Père sans passer par moi : je suis le Chemin, la Vérité et la Vie.
Dès maintenant vous connaissez le Père et vous l’avez vu ».
« Celui qui écoute mes paroles et croit en Celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle. Il ne sera pas condamné, mais il est déjà passé de la mort à la vie ».
Oui, la vie chrétienne est une vie, comme toute vie, reliée à d’autres personnes. Et la personne avec laquelle nous voulons vivre depuis notre baptême, c’est le Christ, Jésus ressuscité, le Vivant pour toujours.
Avant de considérer la foi chrétienne comme une religion, elle est la promesse réalisée aujourd’hui par Dieu de ce qui était annoncé depuis Abraham, Moïse et les prophètes. Nouveauté absolue, commencement de ce que Dieu avait préparé.
Le nouveau baptisé devient aujourd’hui membre du Christ vivant ressuscité, foi en Celui qui a promis de faire toutes choses nouvelles, Dieu qui opère dans les cœurs ces retournements qu’on appelle conversions…
Foi en Dieu //du chrétien « foi bien plus précieuse que l’or » …où nous aimons « Jésus sans l’avoir vu, en qui nous croyons sans le voir encore ».
Si notre vie chrétienne n’était qu’une obéissance à des règles et des préceptes, nous serions très malheureux …malheureux les gens qui croiraient être de bons chrétiens, parce qu’ils croient faire – à peu près ce que les « commandements » leur demandent.
MAIS frères et sœurs !! la foi culbute les montagnes, l’espérance nie l’impossible, la charité fait flamber la terre, y croyons-nous ? Cette énergie de la foi vivante, de l’espérance et de la charité active, c’est la vie nouvelle inaugurée au matin de Pâques par Jésus le crucifié : Il s’est levé vainqueur de tout mal, vainqueur de toute mort.
Pour les catéchumènes c’est la découverte du Christ : Jésus dans leur vie, Jésus qui change le cours des choses… leur intelligence s’ouvrant à la grâce, leur cœur s’ouvrant à un Amour … Amour de Dieu qui les attendait depuis toujours.
Sœurs, frères, l’assurance des premiers disciples qui ont prêché le matin de Pentecôte, c’est l’énergie que met, au coeur du croyant, l’Esprit de Dieu venant remplir l’univers.
Saint Pierre écrivait (c’est la seconde lecture) : « Vous aussi soyez des pierres vivantes » et Jésus dans l’Evangile :
« …Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi ».
F. et Srs, gardons les paroles de Jésus, méditons-les pour nous en nourrir : « Oui, vraiment je vous le dis : celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes, puisque je pars vers le Père ».
Celui qui écoute mes paroles et croit en Celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle. Il ne sera pas condamné, il est déjà passé de la mort à la vie.
Bon dimanche !
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Entrée
Tout homme, toute femme a besoin de donner sens à sa vie.
Nous, nous sommes venus „à la messe“, comme on disait et qu’on dit encore, célébration définie par le mot de la fin : „Allez“ „Ite, missa est“ en latin, …„Partez, je vous envoie“.
Si Jésus est l’envoyé du Père, les baptisés sont les envoyés du Père et du Fils dans l’Esprit qui les anime : notre célébration est une étape dans cette mission : le monde a besoin de l’espérance chrétienne… Donner l’espérance au monde : „Jésus est le Chemin, la Vérité et la Vie“
Préparons-nous …
année A - 4e dimanche TP, 30 avril2023
Ac 2, 14.36-41 ; 1 P 2, 20-25 ; Jn 10, 1-10
Homélie du F. Charles
« Je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance »
Nous retrouvons en ce dimanche l’image familière des brebis et du berger. Une image que la Bible décline de mille et une manière pour dire l’amour plein d’attention et de douceur du Seigneur pour son peuple, et pour chacun en particulier.
Mais dans l’évangile que nous venons d’entendre, Jésus reprend cette figure dans une perspective assez inhabituelle. Nous sommes loin de l’histoire de la brebis égarée que le berger ramène sur ses épaules ; aujourd’hui toutes les brebis se tiennent là, bien tranquilles, dans l’enclos. Que leur manque-t-il donc ? Il leur manque, précisément, que le berger ouvre la porte, les fasse sortir, les mène au large.
Mais de quel enclos faudrait-il donc sortir ? S. Jean précise que « Jésus employa cette image pour s’adresser aux pharisiens ». L’enclos donc, c’est peut-être une certaine conception des lois, de la foi et de la vie, une certaine conception de l’Église qui, loin d’ouvrir au monde, parque, enferme, resserre. Nous cherchons tous, plus ou moins, des murs qui nous protègent de l’angoisse de vivre dans un monde qui semble trop grand, des murs qui nous épargnent la confrontation à la complexité du réel, à ce qui échappe à notre maîtrise. Alors nous construisons des enclos à notre mesure, enclos intérieurs d’abord, enclos idéologiques, spirituels, moraux, que nous partageons avec quelques autres dans un entre-soi étroit, fermé.
Mais ce qui semblait d’abord un espace sûr, rassurant, est un lieu, nous dit Jésus, où « voleurs » et « bandits » entrent tôt ou tard pour « voler, égorger, faire périr ». Un monde sans porte est un monde dangereux, qu’il s’agisse du monde de notre cœur, de nos familles, de nos communautés, de l’Église. Les brebis, certes, ont besoin d’un abri, de lieux sûrs et familiers, mais elles ne doivent pas s’y enfermer : une porte doit leur permettre, comme le dit Jésus, « d’entrer » et « sortir ».
Alors le Seigneur nous présente aujourd’hui ce que le pape François appelle une « Église en sortie », il nous propose de sortir avec des enclos de notre cœur, d’entendre sa voix pour le suivre sur des chemins que nous ne connaissons pas.
Cette « Église en sortie », ce « cœur en sortie », n’est pas une Église en débandade. Il ne s’agit pas de devenir des brebis errantes, sans berger, mais d’être avec le Seigneur Jésus, d’obéir aux exigences de la liberté de son amour, de découvrir que la foi n’est pas un enclos de certitudes et de devoirs moraux, mais une marche où tant de choses sont à découvrir et à inventer au jour le jour. Il s’agit d’être des vivants, ce qui n’est jamais une solution de facilité, car le chemin connaît les ravins comme les eaux tranquilles nous a dit le psaume (Ps 22). Mais toujours le Seigneur est là : il nous guide et nous rassure, même si c’est en secret.
Penser la vie chrétienne, non comme un enclos de contention intellectuelle et morale, mais comme une marche, c’est en faire une humble histoire, qui progresse pas à pas, qui connaît aussi les échecs, les chutes, les doutes, et pourtant continue d’avancer, non pas dans une perfection de toute façon hors de portée, mais dans la foi, dans l’espérance, dans l’amour.
Et cela nous libère de la logique de l’enclos qui repose sur une alternative sans histoire ni espérance : « y être » ou « n’y être pas ». Logique clivante où s’enferment ceux qui se rengorgent d’habiter l’enclos et de s’en faire les gardiens, mais qui risque surtout de décourager les humbles, les pauvres, les pécheurs que le Seigneur appelle les premiers, et qui se savent en dehors de cet enclos de perfection. C’est là pourtant, au-dehors, qu’ils peuvent rejoindre le troupeau « en sortie » de ceux qui consentent à être, humblement, en chemin.
Demandons aujourd’hui au Seigneur la grâce de quitter les enclos de notre cœur, d’entendre sa voix qui nous met en marche. Demandons-lui encore d’être pour nos frères et sœurs en humanité comme un écho de cette voix, d’être pour eux une porte plutôt qu’un mur, une porte qui les aide à s’ouvrir au-delà de soi pour se donner et se recevoir dans l’amour.
3e dimanche de Pâques - Année A – 23 mai 2023
Ac 2, 14.22b-33 – Ps 15 – 1 P 1, 17-21 – Lc 24, 13-35
Homélie du F. Hubert
Soir de Pâques, deux disciples s’éloignent de Jérusalem.
Déchirés de part en part.
Submergés. Anéantis. Sidérés.
Pendant trois ans,
Ils avaient vu Jésus guérir, sauver,
Annoncer la parole de vie.
Ils espéraient que c’était lui qui allait délivrer Israël…
Et voici que les chefs l’ont livré et crucifié.
Supplice. Horreur. Déroute. Vacillement.
Mais voici que Jésus marche avec eux.
Il va remettre les choses à l’endroit et leur rendre l’espérance.
Ou plutôt convertir leur regard.
Ils l’avaient suivi, ils l’avaient aimé, ils espéraient qu’il délivrerait Israël…
Mais leur espérance n’était pas encore ajustée au projet de Dieu :
« Mes pensées ne sont pas vos pensées ».
En leur expliquant les Ecritures, Jésus les emmène là où ils n’étaient pas encore parvenus :
à commencer de comprendre son mystère.
Le mystère de l’abaissement et de la glorification du Fils de l’homme.
Leur expliquant les Ecritures, il leur ouvre un chemin pour accorder leurs pensées à celles de Dieu.
« Ne fallait-il pas que le messie souffrît tout cela ?... »
L’Esprit, présent dans les Ecritures, et présent dans la parole de ce compagnon de route inconnu,
ne les fait pas accéder à la fin d’un cauchemar,
mais leur fait comprendre que l’échec de Jésus est sa victoire – et la victoire de Dieu,
et la victoire de l’humanité.
La Passion, ce n’est pas un échec :
c’est l’accomplissement de ce que Jésus avait annoncé :
« ceci est mon corps livré », « ceci est mon sang versé »
La Passion, c’est le don total de la Vie qui ne se reprend jamais, que rien et nul ne peut empêcher.
La Passion, c’est Dieu qui est avec nous jusque dans la mort, et la détruit pas sa présence.
Par sa présence et sa parole, Jésus introduit ses disciples dans le mystère du salut,
dans l’immensité de l’amour de Dieu pour l’homme.
Leurs cœurs deviennent brûlants, brûlants d’une présence, d’un amour.
Ils passent de la mort à la vie.
Une fois à table avec lui, leurs yeux s’ouvrent : les gestes de Jésus le révèlent, c’est lui !
Ce sont les gestes de celui qui a partagé le pain trois soirs plus tôt,
dans ce repas grave et mystérieux de la Pâque. Mêmes gestes, même présence. :
« ceci est mon corps livré ».
Il est là, vivant !
Dans la parole et le pain partagés, ils accèdent à la vérité,
ils comprennent de quel amour ils sont aimés,
et que rien désormais ne peut leur ôter la vie nouvelle que Jésus vivant leur offre sans mesure.
A l’instant même, ils se lèvent et retournent à Jérusalem pour annoncer la Bonne nouvelle,
car elle déborde, elle est pour tous ! Elle ne peut être tue.
Frères et sœurs, tout ce que je viens de dire se réalise pour nous aujourd’hui.
Le Christ nous donne les sacrements pour être aujourd’hui présent au milieu de nous.
Aujourd’hui, il nous explique les Ecritures,
aujourd’hui, il se donne à nous dans le pain et le vin consacrés par sa Parole.
« Si la Résurrection était pour nous un concept, une idée, une pensée, nous dit le pape François dans son Motu proprio Dedidero desideravi, si le Ressuscité était pour nous le souvenir du souvenir d’autres personnes, … s’il ne nous était pas donné la possibilité d’une vraie rencontre avec Lui, ce serait comme déclarer épuisée la nouveauté du Verbe fait chair. …
La foi chrétienne est soit une rencontre avec Lui vivant, soit elle n’existe pas.
La liturgie nous garantit la possibilité d’une telle rencontre. …
Dans l’Eucharistie et dans tous les Sacrements, nous avons la garantie de pouvoir rencontrer le Seigneur Jésus et d’être atteints par la puissance de son Mystère Pascal. La puissance salvatrice du sacrifice de Jésus, … nous parvient à travers la célébration des sacrements.…
En parfaite continuité avec l’Incarnation, en vertu de la présence et de l’action de l’Esprit,
la possibilité de mourir et de ressusciter dans le Christ nous est donnée. »
Il n’y a pas d’autre but à la célébration que nous sommes en train de vivre.
Frères et sœurs, je nous souhaite une vraie rencontre du Seigneur Jésus.
Année A - 2°dimanche de Pâques - 16 avril 2023
Act 2 42-47 ; 1 pet 1 2-9 ; Jn 20 19-31
Homélie du F. Alain
L’évangile nous reporte d’abord à la première rencontre du Ressuscité avec le groupe des disciples, au soir de pâques. Après le dernier repas, l’arrestation au jardin des oliviers, la fuite des disciples, le regard de Jésus posé sur Pierre repentant. Au pied de la croix, aucun des Douze n’était présent, seulement les femmes et « le disciple que Jésus aimait ».
Quel choc pour les disciples quand la nouvelle est tombée : il est mort crucifié, son corps est dans un tombeau. Ils l’ont tous aimé… et tous abandonné, sans pouvoir lui dire maintenant leur souffrance. Ils n’ont pas cru au témoignage de Marie Madeleine, et ils sont derrière ces portes verrouillées, par crainte des juifs…
Or voici qu’il est là, soudain, au milieu d’eux, car les portes fermées ne sont plus pour lui un obstacle. Que va-t-il dire ? Aucun reproche, une seule parole : Shalom ! « La paix soit avec vous ! ». Ils sont sidérés. Le Christ leur montre ses mains et son côté. Quand leur joie peut éclater, il les envoie. Leur désertion était pardonnée d’avance. Il leur redit sa confiance, leur confie sa propre mission, en leur donnant l’Esprit Saint pour les accompagner sur leur chemin.
Mais Thomas, un des Douze, était absent le soir de pâques. Il avait tout quitté pour suivre Jésus de Nazareth. Dans son désarroi, il était resté à l’écart, puis avait refusé de croire au témoignage des autres disciples. Il voulait voir le Christ Jésus, surmonter son doute, et apaiser ainsi son cœur.
Huit jours plus tard, Jésus vient de nouveau, toutes portes closes, et leur redit « La paix soit avec vous ». Connaissant le refus de Thomas, il accède à son désir, sans le moindre reproche. Thomas n’a plus besoin alors de toucher le Ressuscité. Il voit ses stigmates, écoute sa parole et sa voix, passe du refus de croire à la foi. Une foi qui va infiniment au-delà de ce qu’il voit, qui jaillit dans une parole qui a traversé les siècles : « Mon Seigneur et mon Dieu
Suit une béatitude : « Parce que tu m’as vu (Thomas), tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ».
Que dire, pour nous aujourd’hui, au-delà de cette grâce d’un pardon sans condition ? Insistons sur la dimension corporelle de la résurrection. Sur la naissance à la foi pascale.
Ressuscité dans son corps, le Christ garde encore les stigmates de sa passion. Mais il vit autrement l’espace et le temps, et échappe aux contraintes du monde présent. Il se manifeste, dans une souveraine liberté et une étonnante simplicité, à qui il veut, où et quand il veut, comme il le veut.
Les récits de ces manifestations du Ressuscité sont le seul lieu (avec le récit de la transfiguration) où nous pouvons pressentir notre avenir. Car dans le monde à venir, au dernier jour, nous ressusciterons comme le Christ (nous et ceux et celles que nous aimons), quand il rendra nos pauvres corps semblables à son corps de gloire. Nous ressusciterons comme lui, libérés des contraintes de ce monde, mais avec deux mains, deux pieds, deux yeux, deux oreilles, un visage unique entre tous. Avec un corps parlant et désirant, façonné par notre histoire, hautement personnalisé, hautement relationnel, enfin parvenu à sa vérité.
Seconde réalité : la naissance à la foi pascale. La résurrection du Christ est un événement inouï, inimaginable. De cet événement, comme de tout événement, on ne peut que témoigner. Et comme tout témoignage, ce témoignage ne peut être reçu que dans la foi.
Or croire, ne va pas de soi ! Cela suppose une nouvelle naissance. ll ne suffit pas de voir le Christ, et cela n’est plus nécessaire. Il faut encore l’écouter, et faire, comme Thomas, le saut dans la foi. Nous sommes alors renvoyés à notre liberté, à notre créativité sous la motion de l’Esprit Saint. A la mission de transmettre la joie de l’évangile dans notre monde déchiré par tant de conflits meurtriers.
La joie de pâques est-elle vraiment la nôtre ? Pensons-nous à notre mort comme à un événement purement personnel, ou bien la voyons-nous à sa vraie place, dans l’histoire de l’humanité et du cosmos. Où en sommes-nous dans notre joie de vivre ? Et si nous débordons de joie, cette joie blesse-t-elle les mal aimés, ou console-t-elle les affligés ?
Année A - Jour de Pâques - 9 avril 2023
Actes 10, 34a + 37-43 ; Colossiens 3, 1-4 ; Jean 20, 1-9
Homélie de Frère Basile
« Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! » Frères et sœurs, cette bonne nouvelle a retenti cette nuit dans la plupart des Eglises chrétiennes. Mais comment l’annoncer dans le monde d’aujourd’hui, si divisé, éclaté, déchiré par la guerre et menacé de toute part ou totalement indifférent ? Alors ne devient-elle pas de plus en plus une nouvelle incroyable.
Et je dirai même : quand les tragédies envahissent nos écrans, avons-nous le droit de chanter l’Alleluia de Pâques ? Nous pourrions même perdre coeur et nous demander : « Mais Jésus est-il vraiment ressuscité ? » Mon antidote à moi, c’est de penser à tous ceux et celles qui ont été baptisés cette nuit, plongés dans la mort de Jésus pour ressusciter dans une vie nouvelle : grâce à eux, qui nous rappellent notre baptême, nous ne pouvons pas nous taire. Et puis je pense à la Vigile pascale que nous avons célébrée ici cette nuit et je reprendrai une parole de l’homélie du P. Luc : « Notre frère, notre sœur, baptisés comme nous, voilà le Christ Ressuscité : tous ensemble et les uns pour les autres, nous sommes le Christ Ressuscité depuis qu’il nous a plongés avec lui dans les eaux du baptême. » Voilà la bonne nouvelle de Pâques ! et nous pouvons chanter : « Christ est ressuscité, alleluia ! »
Mais alors comment entendre l’Evangile de ce matin ? lorsque Marie la première est venue au tombeau. Ce texte a de quoi nous surprendre, et même nous décevoir. Est-il bien à sa place un jour de Pâques ? Car enfin, ni Marie, ni Pierre, ni l’autre disciple, n’ont encore vu le Seigneur : c’est plutôt l’heure des questions.
Cette nuit, à la vigile pascale, le récit de Matthieu était tellement plus clair : non seulement un ange apparaît aux femmes, mais Jésus lui-même vient à leur rencontre. Certains diront : invention de femmes un peu exaltées : elles avaient trop besoin de le revoir.
En tout cas, dans l’évangile de Jean, il n’y a rien de tel. C’est Marie la première, qui a découvert le tombeau vide. Elle prévient aussitôt les 2 disciples qui arrivent en courant. Le plus jeune, celui que Jésus aimait, arrive le premier, mais il laisse entrer Pierre qui voit un autre signe étrange, inattendu : les linges parfaitement pliés et le suaire mis à part. Alors entra l’autre disciple, auquel la tradition donne le nom de Jean : c’est lui qui était aussi avec Marie, la mère de Jésus, au pied de la croix et c’est peut-être lui qui nous rapporte ici cette expérience si personnelle en écrivant cette petite phrase précieuse : « Il vit et il crut » Pourtant le tombeau est vide ; il nous est dit seulement que les disciples n’avaient pas encore compris que selon l’Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.
« Il vit et il crut » Ces 2 mots sont pour nous aujourd’hui et je voudrais vous faire sentir la distance qui les sépare et le chemin de foi que Jean a fait pour passer de l’un à l’autre. Nous n’étions pas là, mais c’est le même chemin qui nous est proposé aujourd’hui. Il y a comme un blanc entre les 2 mots, si j’ose prendre cette image, et c’est à chacun de nous de l’écrire, non pas avec de l’encre, mais avec sa propre vie, avec ses mots à lui : une expérience personnelle, que tout chrétien peut et doit faire.
A certains il sera donné de pouvoir en témoigner, mais le plus souvent nous le ferons à notre insu par cette cohérence que nous mettrons entre notre vie et notre foi chrétienne. Si pour nous, le Christ est vraiment ressuscité, alors nous ne pourrons pas vivre autrement qu’en ressuscité.
Mais revenons à l’évangile : au départ il y a un signe ou même plusieurs : le tombeau vide, l’absence du corps, les linges pliés, un signe qui pourra laisser certains sceptiques, indifférents ou perplexes, comme Pierre qui ne comprends pas ou Marie tellement centrée sur son chagrin. Ensuite il y a un blanc et il peut se passer du temps avant que nous puissions croire au Christ ressuscité, Celui que nous aimons sans l’avoir vu, en qui nous croyons sans le voir encore. La foi est un don, mais elle ne nous est jamais imposée, et Dieu nous laisse faire ce chemin, remplir ce blanc qui sera différent pour chacun. Notre vie est parfois tellement pressée, bourrée, agitée que nous ne laissons pas de place pour ce blanc, pour laisser le Christ entrer dans notre cœur. Il ne s’agit pas de chercher des signes extraordinaires, mais de trouver le Christ vivant dans la communauté des frères et soeurs qui nous accueille, là où se vit le partage et la fraternité, dans l’écoute de la Parole de Dieu, dans la prière et le service des plus pauvres.
C’est vrai que nous ne pouvons pas oublier les tragédies de notre monde, mais surtout n’oublions pas que la Résurrection du Christ a bouleversé l’univers : c’est un monde nouveau qui est en train de naître ; le Christ a vaincu la mort, avec lui nous sommes passés de la mort à la vie, le monde est sauvé d’une manière que nous ne connaissons pas, et déjà il s’éveille à la gloire de Dieu.
« Secrète résurrection » disait Pascal dans ses Pensées, secret aussi le cheminement de notre foi, différent pour chacun. Mais si nous avons compris que le Christ est vivant, espérance et renaissance du monde, alors ne restons pas devant le tombeau vide : allons en Galilée, vers toutes les nations, vers les hommes et les femmes de notre temps, là où Jésus nous a donné rendez-vous.
Et déjà dans l’eucharistie de ce Jour, reconnaissons le Christ Ressuscité à la fraction du pain, quand il met dans nos mains la joie et le signe de Pâques.
Année A - VIGILE PASCALE 08.04.2023
Rm 6, 3-11 ; Mt 28,1-10
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs, un grand cierge a été allumé et vénéré au milieu de nous : présence du Christ ressuscité. Une parole a été entendue, diffractée en plusieurs lectures, jusqu’à la proclamation de l’évangile : présence du Christ Ressuscité ; des baptisés, dans quelques instants, vont se signer pour ensemble se réapproprier le dynamisme de leur baptême : présence du Christ Ressuscité ; le pain rompu devenu corps du Christ et le vin partagé devenu son sang nous seront offerts : présence du Christ Ressuscité… Frères et sœurs, nous avons raison de dire : « il est grand le mystère de la foi ! » La veillée que nous célébrons nous immerge au cœur de notre foi au Christ Ressuscité. Et nous n’avons pas trop de signes pour en approcher le mystère. Car nos mots sont impuissants à l’épuiser.
La lumière dans la nuit guide notre corps hésitant à mettre un pas devant l’autre, car on n’y voit pas grand-chose…Figure de notre foi au Christ Ressuscité, lumière discrète, jamais éblouissante, qui inspire nos choix et illumine nos actions. Si nous tenons ferme notre foi comme une lampe, et si nous veillons à ne pas laisser les vents contraires l’éteindre en nous, nous avancerons avec joie sur le chemin. Lumière de nos vies, le Christ Ressuscité nous guide et nous rassure. Il nous revient seulement de tenir ferme dans la foi en sa présence cachée. Tenons à Lui car il tient à nous.
Des paroles, de nombreuses paroles tirées des Ecritures, entrent dans nos oreilles…et parfois en ressortent aussitôt. Et pourtant le Christ Ressuscité est là qui nous parle à travers elles. Est-il possible de tout retenir, comme en cette nuit par exemple, où la Parole déborde à profusion ? Faisons confiance à l’oreille de notre cœur qui sait capter un mot, une phrase, une image comme autant de coups donnés par le Christ lorsqu’il vient frapper à notre porte. A travers les Ecritures qui ne font que parler de Lui, le Vivant, Il s’invite chez nous pour dialoguer. Il désire nouer une relation de jour en jour toujours plus vivante. Soyons assidus à ouvrir l’Evangile ou les Ecritures, pour permettre cette rencontre qui illuminera notre quotidien.
Notre frère, notre sœur, baptisés comme nous, voilà le Christ Ressuscité ; tous ensemble et les uns pour les autres, nous sommes le Christ Ressuscité depuis qu’il nous a plongés avec lui dans les eaux du baptême. Etonnante présence en nos frères et sœurs du Christ Ressuscité qui prend le risque de toutes les déformations ou de toutes les caricatures, puisque nous sommes si pauvres et si pécheurs. Et pourtant, Jésus le Vivant n’en a pas honte ni de crainte. Et il semble même avoir une prédilection pour les visages ou les vies défigurées, blessées par la Vie, malades, prisonniers, pauvres. C’est là qu’il aimerait qu’on le reconnaisse avant tout, Lui le Ressuscité. Présence que nos yeux peinent toujours à reconnaitre tant nous sommes aveugles de cœur, fermés à l’amour. Notre vie fraternelle, nos vies communautaires, des cercles les plus proches aux plus lointains, nous convient inlassablement à la reconnaissance du Christ Ressuscité dans le frère et la sœur. C’est un appel autant qu’une grâce à demander, car à chaque fois, quelque chose en nous doit descendre de son piédestal. On ne voit bien le Christ que par le bas !
Sous le signe du pain et du vin, le Christ ressuscité s’invite en nos vies. Pour mieux nous vivifier, il nous rejoint de l’intérieur. Nous l’assimilons dans notre corps. Son corps vivant et vivifiant devient nôtre pour que toute notre vie devienne un peu plus la sienne. Jésus s’offre à nous pour que nous lui offrions toute notre vie. Plus unis à lui, nous deviendrons des instruments plus souples au service de son dessein d’amour pour le monde. En cette eucharistie, comme en chaque eucharistie, il nous revient de consentir à laisser la vie du Christ Ressuscité devenir notre vie. Soyons heureux d’être invités au festin des noces de l’Agneau. Cette fête sur cette terre est le prélude de celle qui « s’accomplit dans la joie de l’éternité ».
Année A - VENDREDI SAINT 07.04.2023
Is 52, 13 - 53, 12; He 4, 14-16; 5, 7-9; Jn 18, 1 - 19, 42
Homélie du Père Abbé Luc
Depuis hier soir, nous suivons Jésus en son labeur, « le labeur de l’amour que scelle une mort consentie », comme nous l’avons chanté dans une hymne. Profond labeur que nous cherchons à mieux reconnaitre dans « celui qui était méprisé, compté pour rien », lui qui, « en fait, portait nos souffrances et nos douleurs ». En cette unique célébration pascale, mémorial de sa mort et de sa résurrection, nous suivons Jésus pour laisser résonner au plus profond de nos lieux souffrants, la Bonne Nouvelle de sa victoire sur le mal. Le geste d’adoration de la croix que nous ferons dans quelques instants voudrait être une confession aimante de notre foi, en Jésus, Sauveur du monde, parce que profondément doux et humble. Dans son labeur, le bois de la mort est devenu l’arbre de la vie. En suivant Jésus durant ce triduum, nous désirons encore apprendre de lui la juste manière de faire de nos souffrances et de nos morts, petites et grandes, un « labeur de l’amour » … Seule sa grâce peut nous entrainer sur ce chemin qui nous révulse spontanément. C’est une grâce à demander pour nous et pour tout être humain. Dans la grande prière d’intercession que nous allons vivre, l’Eglise se fait pédagogue pour élargir notre cœur aux dimensions de celui du Christ. Car il veut que tout être humain soit sauvé.