vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 27 février 2022 — 8e dim. ordinaire — Frère Basile
Cycle : Année C
Info :

Année C - 8° Dimanche Ord - 27 février 2022

Ben Sira 27, 4-7 / ps 91; 1 Cor 15, 54-58; Marc 6, 39-45

Homélie du F.Basile

Texte :

Frères et Soeurs, dans l’évangile d’aujourd’hui Jésus nous invite à une double conversion, celle du regard et celle du cœur : serait-ce déjà un avant-goût du Carême ?

Surtout ne confondons pas ici évangile et leçon de morale. Ces petites paraboles reprises par Jésus sont pleines de sagesse populaire comme aussi les proverbes du livre de Ben Sira en 1° lecture. On dirait aujourd’hui : « Garde-toi de juger les autres : regarde-toi d’abord dans la glace » ou bien « Commence par balayer devant ta porte ». Mais il faut aller plus loin jusqu’au cœur, dans notre cœur : c’est là que se situe la vraie conversion : mon cœur est-il bon ? mon cœur est-il mauvais ? 50 – 50 ? Je crois que Dieu ne le voit pas ainsi, car il sait quel trésor il contient.

S’il y a encore en nous de la dureté, de l’amertume, de l’agressivité, cela cache aussi un trésor de bonté, de patience, de bienveillance et de paix. « L’homme bon tire le bien du trésor de son cœur » Le cœur est le dernier mot de notre évangile, en lien avec nos paroles, mais je voudrais relever un autre mot présent dans les 2 lectures, c’est « l’arbre qui se reconnaît à son fruit. »

Ne pourrait-on pas dire que Jésus compare l’homme à un arbre ? On touche ici à un des grands symboles de la culture humaine, que la Bible utilise souvent et que l’on retrouve dans les paraboles de l’évangile.

Quel arbre es-tu ? Quelles sont tes racines, et le cœur du tronc ? Si le cœur est bon, l’arbre se développe, il vit ; mais si le cœur est mauvais, s’il est sec ou pourri, l’arbre dépérit, il meurt.

Dans la Bible, l’arbre est présent dès les premières pages, l’arbre au milieu du jardin, et tout à la fin dans l’Apocalypse : l’arbre de vie au bord du fleuve qui fructifie 12 fois l’an, et dont les feuilles guérissent les païens. Nous trouvons l’arbre aussi dans les psaumes : dès le 1° psaume, le juste est comme un arbre, planté près d’un ruisseau, qui donne du fruit en son temps, et son feuillage est toujours vert. Et puis dans l’évangile, il y a l’arbre de la Croix, sur lequel Jésus va mourir, pour que cet arbre donne la vie et non plus la mort.

Quel arbre es-tu ? Quelles racines et quels fruits ? La racine de l’homme, c’est son cœur, le cœur au sens biblique : lieu intérieur de sa liberté, de son engagement le plus profond : c’est là qu’il choisit Dieu ou le refuse ; là il se préfère lui-même à tout, ou bien il prend le risque d’aimer ses frères. C’est le lieu du combat spirituel. Au cours de ce Carême tout proche, n’aurions-nous pas à faire une petite séance de scanner pour vérifier la qualité de nos racines et la santé de notre cœur ? C’est important, car les fruits correspondent aux racines.

Quel arbre es-tu ? Quels fruits donnes-tu ? « Le juste poussera comme un palmier, dit le psaume, comme un cèdre du Liban. Vieillissant, il fructifie encore, il garde sa sève et sa verdeur. » Invitation à la croissance, à faire fructifier la vie qui est en nous, et que nos parents nous ont donnée. Nous la recevons de Dieu en permanence depuis notre baptême où nous avons été plongés dans l’eau vive du Christ. Et Jésus nous dit : « Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Celui en qui je demeure, portera du fruit en abondance. »

L’arbre qui pousse droit vers le ciel, avec ses racines bien en terre, le cœur vivant où monte la sève, le vert tendre des feuilles et les fruits faits pour être cueillis et se reproduire, cet arbre n’est-il pas une image du chrétien, de l‘Eglise, du Christ à jamais vivant, de notre assemblée d’aujourd’hui, venue puiser la vie et rendre grâce.

J’aimerais citer pour finir ce poème de Patrice de la Tour du Pin, que frère Servan, grand ami des arbres, m’avait fait découvrir un jour ; en voici quelques lignes :

« En toute vie le silence dit Dieu !

…Vous avez tout en vous pour adorer,

Car vous avez l’hiver et le printemps.

Vous êtes l’arbre en sommeil et en fleurs.

Jouez pour Dieu des branches et du vent,

Jouez pour Dieu des racines cachées.

Arbres humains, jouez de vos oiseaux. »

Frères et sœurs, puisse notre chant et notre prière aujourd’hui porter des fruits pour Dieu et pour la paix du monde ! - Frère Basile

Homélie du 20 février 2022 — 7e dim. ordinaire — Frère Damase
Cycle : Année C
Info :

année C - Homélie du 7° dim du TO - 20 février 2022 –

1Sam 26 2-23 ; 1 Co 15 45-49 ; Luc 6 27-38

Homélie du F.Damase

Texte :

Voilà frères et sœurs, une page d’évangile qui nous laisse les bras ballants !

« Il y a encore du travail ! » pour chacun d’entre nous.

L’amour des ennemis est un précepte caractéristique des disciples du Christ.

Dans aucune autre religion, on ne trouve un tel commandement : « Aimez vos ennemis ! ».

Ainsi le livre de Samuel raconte l’histoire de la jalousie du roi Saül qui veut la mort de David.

Il le traque car tout le peuple a chanté :

Saül a vaincu des milliers, mais David a tué des dizaines de milliers d’ennemis !

Alors, de nuit, David dérobe la lance de Saül pendant son sommeil, posée près de sa tête -

mais il respecte la vie du roi Saül,

car il qui a reçu l’Onction du Seigneur ! Il ne se venge pas ; il ne touche pas à la vie du Roi Saül !

Dans l’Evangile, l’amour des ennemis est l’expression d’un don total, un Don total comme celui du Christ, qui va beaucoup plus loin que le simple pardon des offenses. L’amour du prochain, dans l’enseignement de Jésus, et en particulier l’amour des ennemis, est avant tout le DON – écrit en majuscule – le DON d’une personne à une autre, le DON d’un cœur qui a la capacité de se donner gratuitement.

Le concile Vatican II dit de l’homme dans Gaudium et Spes, « qu’il est l’unique créature sur terre que Dieu voulait pour elle-même. L’unique créature qui peut se réaliser uniquement par le Don désintéressé de soi-même ». (GS 24 – Lc 17.33))

C’est en cela que l’homme est un être semblable à Dieu par cette capacité qu’il a de se donner ;

comme Dieu se donne à l’intérieur même de la Trinité « Père, Fils et Saint Esprit »

et comme le Père se donne aux hommes en envoyant son Fils unique.

Et comme le Christ se donne en donnant sa vie aux hommes sur la Croix.

Si l’amour des ennemis, frères et sœurs, nous parait difficile, et il l’est !

L’amour du prochain, nous le savons, n’est pas non plus toujours aisé.

Si vous aimez ceux qui vous font du bien, c’est facile de leur rendre la pareille,

mais aimer sans attendre le retour de l’ascenseur, comme on dit familièrement, c’est plus difficile !

Aimer son prochain en Dieu. C’est l’aimer en sa vocation particulière, en ce qu’il est le plus lui-même.

C’est l’aimer d’un amour qui l’atteint au cœur de sa singularité.

C’est l’aimer comme Dieu l’aime, de cet amour de Dieu qui le fait être

et être tel, avec un fond de personnalité qui n’appartient qu’à lui-même.

Aimer l’autre, c’est l’aimer en sa singularité, dans la beauté de sa singularité voulue par Dieu.

Il s’agit en même temps, frères et sœurs, d’aimer le prochain d’un amour universel,

qui aime tel frère sans exclure qui que ce soit, pas même l’ennemi,

car tous nous sommes appelés à nous aimer les uns les autres,

à faire communauté sans aucune distinction entre amis et ennemis.

Et comme aimait nous dire le Père Denis Huerre,

« Le ‘je’(1° personne du Singulier) est toujours en dialogue avec le ‘nous’. (1° personne du pluriel) -

Le ‘je’ est pour le ‘nous’ et le ‘nous’ a sa racine dans le ‘je’ !

C’est de cet amour-là, frères et sœurs, que l’Eucharistie, que nous célébrons maintenant,

est non seulement le signe, mais la réalité, c’est-à-dire le sacrement.

Que le Christ Seigneur, qui a donné sa vie pour nous, nous entraine sur ce chemin, qui est le seul chemin qui conduit à la Joie parfaite,

595 mots

Homélie du 13 février 2022 — 6e dim. ordinaire — Frère Charles Andreu
Cycle : Année C
Info :

Année C - 6°dim du tps Odinaire - 13 février 2022

Jér 175-8 ; 1 Co 15 12-20 ; Lc 6 17-26 ;

Homélie du F.Benoit Andreu de Fleury

Texte :

Bonheur et malheur, rires et larmes, faim et satiété, estime et mépris. L’évangile des béatitudes nous touche car il aborde des réalités très simples, très sensibles, qui se mêlent en toute vie, et dans leur enchevêtrement souvent confus il trace un chemin.

Les Écritures nous en offrent plusieurs versions. Celle de Matthieu, que nous avons entendue à la Toussaint, était toute de douceur : Jésus y proclame bienheureux les pauvres de cœurs, les doux, les assoiffés de justice, les miséricordieux, les cœurs purs. La version de Luc, que nous venons d’entendre, est assurément plus âpre. Car le bonheur n’y est plus lié à des dispositions intérieures que nous aimerions bien faire nôtres, mais à toutes sortes d’adversités extérieures qui nous font peur : précarité, douleur, faim, haine, exclusion, mépris. Et puis il y a cette proclamation déconcertante du malheur de ceux que la vie semble avoir épargnés, car ils ne manquent de rien, car ils savent encore rire. Alors nous aurions peut-être envie de reprendre les mots que les disciples, en d’autres circonstances, avaient osé dire à Jésus : « Cette parole est dure, difficile, qui peut l’entendre ? »

Cette parole est difficile car en plaçant le consolation des affligés au futur, ou encore « dans le ciel », elle heurte notre soif d’établir dès maintenant la justice. Disons-le d’une simple image. Quand les évêques de France, après la publication du rapport de la CIASE, se sont réunis pour prier devant l’image d’un enfant en larmes, ça ne pouvait évidemment pas être pour proclamer « heureux vous qui pleurez maintenant, vous rirez », mais pour demander pardon et s’engager à tout faire pour que de telles larmes ne soient plus versées.

Car les larmes de nos frères et de nos sœurs nous requièrent ; elles nous requièrent dès maintenant, et quelles qu’elles soient (les larmes n’ont pas d’odeur). Alors pour être juste — je dirai même, pour ne pas risquer d’être cruelle — notre proclamation aujourd’hui de l’évangile des béatitudes doit s’accompagner d’une question et d’un engagement : « De quelles larmes, autour de moi, suis-je indifférent ? » ; « Que requièrent-elles de moi ? »

Cette parole est difficile car nous pourrions l’entendre sur un mode doloriste, comme une sorte de complaisance dans l’adversité et la souffrance dont on ferait le seul chemin valable en cette terre qu’il faudrait non seulement traverser comme une « vallée de larmes », mais encore d’un pas allègre, puisque les béatitudes donneraient à ces larmes le sens d’une espérance.

L’empressement d’une certaine spiritualité chrétienne à déclarer qu’on pourrait donner un sens à la souffrance, lui reconnaître une valeur salvifique, peut légitimement nous heurter. Car le propre de la souffrance n’est-il pas d’être toujours insensée et destructrice ? Lui prêter un sens, est-ce un magnifique acte de foi ou un terrible acte de déni ? La foi ne consiste-t-elle pas plutôt à affirmer que la vie seule a du sens, et de croire qu’elle a assez de sens pour traverser même le non-sens de la souffrance ? C’est le sens du mystère pascal : nous croyons en un Christ souffrant, mais il est le Dieu de la vie et non pas le Dieu de la souffrance.

Dans la bouche de Jésus, ces béatitudes si déroutantes n’ont pas été une parole dure parce que sa vie donne sens à notre vie. Ce sens, ce n’est pas d’abord une doctrine, mais son amour, et l’amour qu’il nous appelle à avoir les uns pour les autres. Si nous cherchons ailleurs le sens de la vie, dans les richesses, les plaisirs, la capacité à rire de tout, la notoriété, nous cherchons un faux sens qui donne peut-être au quotidien un certain confort, parfaitement respectable, mais qui ne suffit pas au bonheur. Alors Jésus nous prévient : « Quel malheur pour vous ! »

Concrètement cela signifie aussi que les larmes de nos frères et de nos sœurs requièrent encore notre capacité à leur manifester le sens et la beauté de leur vie. Notre amour seul peut le faire, la plupart de temps de façon très simple : quand on s’enfonce dans la peine, il suffit souvent d’un sourire, d’un regard plein de bonté pour nous relever. Ce ne sont pas les grandes phrases, mais ces petites virgules du quotidien, ces actes d’amour et de douceur qui ponctuent la course des jours, qui nous donneront d’être avec Jésus artisans des béatitudes.

Homélie du 06 février 2022 — 5e dim. ordinaire — Frère Guillaume
Cycle : Année C
Info :

Année C - HOMELIE du 5ème dimanche TO - 06-02-2022

(Isaïe 6,1-8 ; Cor 15,3-11 ; Luc 5,1-11)

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs

La liturgie de ce 5ème dimanche du TO nous offre à entendre 3 textes magnifiques de l’Ecriture. 3 rencontres d’hommes avec Dieu, 3 modalités de Révélation et de vocation : Isaïe, Paul, Pierre. Et ce qu’il y a de remarquable dans ces 3 expériences humano-divines c’est que toutes commencent par la vision de quelqu’un qui se donne à voir ou à entendre, suscitant alors la crainte et le sentiment d’indignité, d’impureté ou de péché, et toutes les 3 se concluant par un envoi en mission. De sorte qu’il était bon pour nous de chanter avec le psalmiste les versets du Ps. 137 « de tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâces. Je rends grâce à ton Nom, pour ton Amour et ta Vérité, car tu élèves au-dessus de tout, ton Nom et ta Parole »

Reprenons brièvement chacune de ces rencontres.

Pour Isaïe, elle a lieu au Temple de Jérusalem, en l’année de la mort du roi Ozias. Au cours d’une vision en esprit, il est mis en présence du Dieu Saint, 3 fois saint. Dans la tradition juive, Isaïe est considéré comme le prophète de la Sainteté de Dieu. Dire que Dieu est Saint, c’est dire qu’il est le Tout-Autre. Ce n’est pas un qualitatif moral, ni même un simple attribut. La Sainteté atteste la nature même de Dieu, son essence. Dieu est Celui qui nous dépasse infiniment, que nous ne pourrons jamais atteindre par nos seules forces. Devant lui, l’homme ne peut que mesurer sa petitesse et éprouver de la crainte : il découvre le fossé infranchissable qui le sépare de lui et il prend conscience de son impureté. Mais le Dieu de la Bible n’en reste pas là. Il s’adresse à l’homme en lui disant : « ne crains pas ». Il prend l’initiative de s’approcher et il fait un geste en envoyant un ange purifier les lèvres de l’homme pécheur. Isaîe est alors prêt à écouter l’envoi en mission : il sera messager, prophète d’une Bonne Nouvelle à ses frères, à son peuple et plus largement à toutes les nations.

Dans la 2nde lecture, il nous est rappelé que Dieu, en la personne du Christ Ressuscité s’est faut voir à Pierre, puis aux 12 ensuite à plus de 500 frères à la fois, puis à Jacques et aux autres apôtres, et en tout dernier lieu il est apparu à Paul, l’avorton, le persécuteur de l’Eglise. Sur le chemin de Damas Paul a pris conscience de son effroyable péché, il a été touché par la miséricorde de Jésus et de ses disciples qui lui ont pardonné. Enfin libre, à l’égard de la Loi, il est devenu le 1er grand disciple missionnaire, apôtre des nations, lui qui ne se jugeait pas digne d’être appelé apôtre. Ce qu’il était désormais, c’était par la grâce de Dieu qu’il l’était, et la grâce débordant en lui n’a pas été stérile.

Enfin Pierre, dans l’Evangile de cette pèche miraculeuse relatée par Saint Luc. Tout comme Isaïe il fait l’expérience d’une mise en présence soudaine de Dieu lui-même, non pas à travers une vision oculaire, mais par un miracle inexplicable pour le pécheur de poissons professionnel qu’il est. En réalité, il n’a fait que répondre à la parole de Jésus en qui il avait mis sa confiance depuis son 1er appel avec André, son frère. « Avance au large, et jetez les filets ». Ayant obéi, le miracle se produit suscitant l’effroi et la prise de conscience de l’écart qui le séparait de son Maître. « Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ». Prise de conscience à la fois de la Sainteté de Dieu, seul capable d’opérer un tel miracle, et à la fois de son indignité par ce fossé entre lui et Jésus, qui pourrait le pousser au découragement et à la peur paralysante. Mais ici encore, Dieu n’en reste pas là, à cette réaction très humaine. Tout comme Isaïe avait vu le geste de l’ange venant lui toucher les lèvres pour le purifier, ici, Pierre entend la parole de réconfort de Jésus : « sois sans crainte, désormais, ce sont des hommes que tu prendras ».

Tous les deux, ils reçoivent une vocation au service du même projet de Dieu qui est le salut des hommes. Isaïe sera un messager, un prophète, Pierre sera un pécheur d’hommes, un sauveteur

Pierre ne répond pas à la parole d’envoi de Jésus. La simplicité de la fin du texte est impressionnante : « alors, ils ramenèrent les barques au rivage, et laissant tout, ils le suivirent ». Encore faut-il s’entendre sur le sens de cette suite du Seigneur. Les disciples ne se contentent pas de suivre leur maître pour seulement l’écouter. Ils seront associés à sa tâche comme collaborateurs, même si l’entreprise sera parfois vouée à l’échec, à vue humaine. Il faudra continuer à lancer les filets. C’est le mystère de la collaboration, de notre collaboration à l’œuvre de Dieu. Nous ne pouvons rien faire sans Dieu, mais Dieu ne veut rien faire sans nous.

Comme le dit si bien Saint Paul : c’est la grâce de Dieu qui fait tout. Ce que nous sommes, c’est par la grâce de Dieu que nous le sommes, et la grâce en nous n’a pas été stérile. La seule collaboration qui nous est demandée, si l’on y réfléchit, c’est la confiance et la disponibilité. Tout a commencé parce que Pierre a fait confiance : « sur ta parole… » Il fait confiance à Jésus, assez pour l’écouter, assez pour se risquer à une nouvelle tentative de pêche. Après le miracle, Pierre ne dit plus « Maître », mais « Seigneur », le nom même de Dieu et c’est aux pieds de son Seigneur qu’il se prosterne. Il est prêt à se risquer pour cette nouvelle forme de pêche que Jésus lui propose : « désormais, ce sont des hommes et non plus des poissons que tu vas pécher »

Frères et sœurs, la parole de Jésus doit résonner encore à nos oreilles : « avancez au large et jetez vos filets ». A notre tour de répondre sans crainte et surtout faisons lui confiance, pour que notre pêche soit aussi miraculeuse. Il suffit de croire en Lui.

AMEN

Homélie du 30 janvier 2022 — 4e dim. ordinaire — Frère Cyprien
Cycle : Année C
Info :

Année C - 4eme T Ord -30 janvier 2022

Jér 1/4-5,17-19, 1Co 12/21-13/13, Lc 4/21-30

Homélie du F.Cyprien

Texte :

S'il me manque l'amour, je ne suis rien...

La parole du Seigneur s'adressa à moi: « Ne te laisse pas accabler par eux ».

Tous ils s'étonnaient du message de la grâce qui sortait de sa bouche…

Chers frères et sœurs, commençons par le commencement, le plus important, commençons si vous le voulez bien par la 2e lecture…

…La foi, l'espérance et l'amour, ces trois-là demeurent, déclare Saint Paul aux Corinthiens, mais l'amour est le plus grand.

Pourquoi l’amour est-il le plus grand ?

Pourquoi ? Parce que l’amour c’est Dieu ; Dieu est amour et celui qui aime connait Dieu et Dieu demeure en Lui…

Tout a commencé en Dieu : il a tout créé par amour… chaque fois que nous aimons, nous révélons la présence de Dieu, ce Dieu qui veut être tout… en nous tous. Pour cela Il nous donne son Esprit et il n’y a qu’un fruit en nous de cet Esprit de Dieu :

Le fruit de l’Esprit c’est l’Amour, l’Amour qui unit le Père et le Fils…

De l’Amour, Paul a énuméré les aspects, les manifestations, les conditions :

= les aspects : l’amour répand la joie et la paix ;

= les manifestations : l’amour s’exprime par la patience, la bonté et la bienveillance ;

= les conditions : la foi, l’humilité et la maîtrise de soi sont les conditions de la naissance et de la croissance de l’amour.

Retenons cette fois-ci avec ce passage aux Corinthiens les manifestations de la Charité qui vient de Dieu : la patience, la bonté, la bienveillance.

Puissions-nous, f. et s., nous emplir de ce qu’écrit saint Paul, l’apprendre par cœur (dans l’ordre !) pour arriver chaque jour à vivre un peu et même beaucoup…de cet amour qui nous unit à Dieu et fait demeurer Dieu en nous…

« L'amour prend patience,

l'amour rend service,

il ne jalouse pas, il ne plastronne pas, il ne s'enfle pas d'orgueil,

il ne fait rien de laid,

il ne cherche pas son intérêt,

il ne s'irrite pas, il n'entretient pas de rancune,

il ne se réjouit pas de l'injustice, mais il trouve sa joie dans la vérité.

Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout ».

Maintenant, sachant cela, venons-en aux deux autres lectures qui se correspondent l’une l’autre : Jérémie en 1ére lecture et la rencontre de Jésus avec ses concitoyens à Nazareth.

Jérémie : c’est le prophète qui peine sous la charge que Dieu lui a confiée « Ne te laisse pas accabler par eux, eux qui ne veulent pas t’écouter…Ils ne pourront rien contre toi ».

Dans la Bible, tout au long de l’histoire de la foi, Jérémie a toujours été considéré comme le prophète dont le destin annonçait celui de Jésus, … La vie de Jérémie annonçait la vie de Jésus… Jésus persécuté pour être finalement éliminé.

Saint Luc présente Jésus en messager de la grâce, « On s’étonnait », écrit-il, …Jésus, messager de la grâce, étonne, il est trop connu de ses compatriotes pour parler et agir si bien : du coup il est rejeté : "Médecin, guéris-toi toi-même. ", : " Oui, je vous le déclare, aucun prophète ne trouve bon accueil dans sa patrie »… Plus tard il sera rejeté par les Anciens de son peuple, par les savants ; il sera livré aux romains pour être crucifié.

Jésus et ses compatriotes : cette façon de nous côtoyer les uns les autres et ne pas nous rencontrer, nous connaissons : nous réagissons souvent en croyant connaitre les personnes. Ce qu’elles ont à nous dire, nous l’écoutons… Nous écoutons, mais souvent à moitié …ou pas du tout, trop rarement pour apprendre ce que l’autre veut nous dire.

Le prophète n’est-il pas, en plus, celui qui vient nous dire quelque chose que nous ne voudrions pas trop entendre ?

Souvenons-nous de Jean-Baptiste qui attirait les foules et qui disait à Hérode : Tu n’as pas le droit de prendre la femme de ton frère…

Est-ce que les paroles de Jésus nous dérangent ? un peu ? beaucoup ? Il y a danger si elles nous rassurent sans effort de notre part. Jésus est mort par amour de nous, par amour de la Vérité : cela ne doit-il pas nous inciter à essayer de mieux comprendre son message ?

Frères et Sœurs, si nous sommes venus à l’Eucharistie ce matin, c’est que l’Esprit de Jésus nous a déjà fait entrer dans le message de paix et d’amour de Jésus. Déjà un peu…

Avec saint Paul qui nous a décrit la Charité de Dieu, que ce moment de prière ensemble nous enracine un peu plus dans cet Amour qui est la vie même de Dieu, en Jésus le pain vivant, Dieu qui nourrit les fidèles de sa Vie à Lui.

Frères sœurs, prions les uns pour les autres. Amen.

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Homélie du 23 janvier 2022 — 3e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année C
Info :

Année C - 23 janvier 2022 - 3e dimanche du Temps ordinaire –

Ex 3 1.15 ; 1 Co 10 1-12 ; Lc 13 1-9

Homélie du F.Hubert

Texte :

Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre.

Jésus, après quelques semaines en dehors de Nazareth, revient parmi les siens, au milieu desquels il a été élevé.

Il est descendu de Galilée au Jourdain se faire baptiser par Jean, incognito au milieu de foule venue reconnaître ses péchés. Jésus, le sans péché, a choisi les hommes, il ne s’est pas séparé de nous, il ne s’est pas mis à part, pas au-dessus, il s’est fait baptiser par Jean, comme les autres. Il nous a choisis, il a choisi d’être avec nous.

Dans ce choix, le Père l’a reconnu comme son Fils bien-aimé en qui il trouve sa joie.

Rempli d’Esprit Saint, il a été conduit au désert pour être tenté par le diable. Et là, il a choisi son Père. Il a refusé de recevoir les royaumes de la terre pour lui-même, il a refusé de choisir et recevoir les hommes pour lui. Il a refusé de se séparer de son Père. Il a refusé de n’être plus le Fils, de ne plus se recevoir de celui qui l’engendre et l’envoie.

Ayant ainsi choisi les hommes pour frères, et Dieu comme son Père, Jésus revient en Galilée dans la puissance de l’Esprit, et sa renommée se répandit dans toute la région.

Revenu chez les siens, trouvant dans le rouleau d’Isaïe le passage où il est écrit : L’Esprit du Seigneur est sur moi, Jésus se reconnaît, il reconnaît que se texte parle de lui. Et avec assurance, il affirme : Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre.

Oui, c’est lui qui est envoyé par le Père pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération.

Déjà en ce jour, tout cela est accompli, car ayant choisi les hommes, ayant choisi son Père, Jésus est déjà le trait d’union indissoluble entre le ciel et la terre, entre Dieu et les hommes. De Paul nous pouvons entendre : Vous êtes ressuscités avec le Christ, et de Jean : Nous sommes appelés enfants de Dieu et nous le sommes.

Cependant, dans la temporalité de Jésus et dans la nôtre, tout n’est pas encore accompli. Si Jésus a choisi et les hommes et son Père, il faut qu’il le vive dans sa chair jusqu’à porter dans tout son être, son corps et son cœur, l’horreur du péché, l’horreur de la séparation d’avec la Source, la séparation d’avec le Père. Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Jusqu’à l’extrême de cet abandon total, il fait qu’il tienne ses choix : Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font.

Alors, chacune de nos années, chacune de nos journées, est un temps favorable, un temps de grâce, accordé par le Seigneur.

Dieu a jugé bon qu’habite dans le Christ toute la plénitude et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié.

Tu as tellement aimé le monde, Père très saint, que tu nous as envoyé ton Fils unique, lorsque les temps furent accomplis, pour qu’il soit notre Sauveur. Dieu fait homme … il a vécu notre condition humaine en toute chose, excepté le péché, annonçant aux pauvres la bonne nouvelle du salut, aux captifs la délivrance, aux affligés la joie.

Dans notre temporalité à nous aussi, il nous faut accueillir ce don de Dieu en Jésus : il nous faut regarder la croix, comme nous y avons été invités toute cette semaine, et entendre cette parole : Si tu savais le don Dieu…

Ce don nous est offert présentement dans le mystère de l’eucharistie : nous laisserons-nous toucher, aimer, réconcilier, sanctifier ?

Que l’Esprit soit sur nous, par le Christ, le Fils unique !

Homélie du 16 janvier 2022 — 2e dim. ordinaire — Frère Bernard
Cycle : Année C
Info :

2ème dimanche du T.O, année C, 16 janvier 2022

Is 62 1-5 ; Co 12 4-11 ; Jn 2 1-11

Homélie du F.Bernard

Texte :

Le 2ème dim. du T.O. est chaque année un dimanche de transition, entre le temps de Noël qui vient de s’achever, avec la fête du baptême du Seigneur, et le temps ordinaire où l’on entreprend la lecture semi- continue d’un évangile synoptique, cette année l’évangile de Luc.

C’est comme un moment de vacances, de repos pour Jésus, avant de commencer son ministère de prédication, de guérison, d’exorcisme, où tout son temps sera mangé. Un moment de compagnonnage aussi avec les disciples qu’il vient d’appeler. Il mène alors, de quelque manière, la vie de tout le monde et donne par sa seule présence du prix à nos vies. Jésus n’est pas seulement présent à nos prières et nos liturgies : il est présent dans nos maisons, nos lieux de vie et de travail, nos fêtes et nos loisirs.

Ici il est invité avec ses disciples à des noces. Sa mère aussi est invitée. La voilà mentionnée pour la première fois dans le quatrième évangile. Elle le sera à nouveau lors de la Passion du Seigneur, au pied de la croix. Ces deux seules mentions suffisent à lui donner, dans l’Évangile et la vie chrétienne, sa place exceptionnelle, unique.

A Cana, lors des noces, le vin vient à manquer. Cela devait bien arriver de temps en temps, dans ces noces de village, où l’on ne pouvait guère à l’avance prévoir le nombre des invités. Il fallait bien les traiter, non seulement le temps d’un repas, mais plusieurs jours, voire une semaine, car c’était traditionnellement la durée des noces dans la Bible. En cas de manque de vin, c’était au maître du festin de prévoir quelque boisson de remplacement.

C’est alors que se situe l’étrange dialogue entre la mère et le Fils : Ils n’ont plus de vin, mais c’était bien sûr au maître du festin de s’en préoccuper, non à l’invitée. Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore arrivée.--Faites tout ce qu’il vous dira dit Marie aux servants, nullement rebutée par la réticente de Jésus.

Jésus accueille de fait le désir de sa mère. Il donne l’ordre aux servants de remplir six jarres de pierre destinées aux ablutions rituelles des Juifs. Six-cent litres d’eau vont être transformés en vin, un vin abondant, excellent, de quoi continuer la fête.

De quoi s’agit-il ? La première lecture nous le laissait pressentir. Isaïe y invitait Jérusalem à se réjouir d’autres noces qu’il entrevoyait dans l’avenir : Comme un jeune homme épouse une jeune fille, ton Bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu (Is 62,5). C’est bien de ces noces dont il s’agit ici, à Cana, les noces de Dieu avec l’humanité, celles du Fils de Dieu, le Roi Messie, avec le peuple de l‘alliance. Et pour ces noces le vin ne peut manquer, un vin purifié, savoureux, excellent. Les prophètes n’ont pas de mots trop forts pour le désigner.

En Jésus, l’Époux des noces messianiques est là. Jean le Baptiste va se comparer à l’ami de l’Époux, ravi de joie à la voix de l’Époux. Ce sera sa joie, sa joie complète (cf Jn 3, 29). Et Jésus lui-même se désignera comme l’Époux dont les compagnons ne peuvent jeûner tant qu’il est avec eux (Mc 2, 19). L’Époux est là, mais l’heure des noces n’est pas encore venue. Ce sera Pâques, quand le Fils de l’homme sera fixé en croix et que du haut de la croix, et de son côté transpercé, il livrera l’eau de la vie éternelle.

La mère de Jésus, dans sa hâte messianique, appelle cette heure de ses vœux. Ici elle obtient de son Fils qu’il devance cette heure, du moins sous la forme d’un signe, celui de l’eau changée en vin, annonce du vin changé en le sang du Christ à l’eucharistie, quand l’heure de la croix sera venue. Une autre femme dans l’Évangile agira auprès de Jésus, avec la même audace, la Cananéenne, une païenne. Elle obtiendra de Jésus que les miettes qui tombent de la table des enfants de Dieu ne soient pas perdues. Avant l’heure des païens elle obtiendra la guérison de sa fille atteinte par la maladie (Mt 15, 21-28).

Le temps de Noël est passé. Un temps de grâce nous a été donné pour affermir notre foi. Qu’en retenir pour le moment que nous vivons ? Peut-être un double enseignement. D’abord la présence de Jésus, le Fils de Dieu, à notre vie, toujours et partout : il est présent à nos prières et dans la liturgie que nous célébrons, mais aussi à nos fêtes humaines, aux jours de joie comme aux jours de détresse. Présence encore de Marie, inséparable de son Fils, proclamée Mère de Dieu au jour octave de Noël. Elle est aussi Mère de l’Église et notre mère : elle nous guide continuellement vers son Fils. Aujourd’hui, elle nous redit :

Faites tout ce qu’il vous dira.

Homélie du 09 janvier 2022 — Baptême du Seigneur — Frère Jean-Louis
Cycle : Année C
Info :

année C - Baptême du Christ - (09/01/2022)

(Is 40, 1-5.9-11 – Ps 103 – Tt 2, 11-14 ; 3, 4-7 – Lc 3, 15-16.21-22)

Homélie du F.Jean-Louis

Texte :



Frères et sœurs,

Avec la fête du Baptême du Seigneur, du Christ, se termine le temps de Noël. Celui-ci couvre finalement la vie de Jésus de Nazareth à partir de sa naissance à Bethléem jusqu’au seuil de sa vie publique, le Baptême au Jourdain.

L’évangile de ce jour, pris dans l’évangile selon saint Luc, évangile qui accompagnera les dimanches du temps ordinaire de cette année, ne nous décrit pas le déroulement du baptême du Christ en tant que tel mais bien l’avant et l’après.

L’avant pour signaler l’attente de la venue du Messie qui animait le peuple venu auprès de Jean le Baptiste, que certains pensaient être le Christ. Jean est alors très ferme. Ce n’est pas lui le Messie. « Il vient celui qui est plus fort et qui baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. »

L’après baptême, pour montrer Jésus en prière, l’Esprit Saint qui descend sur lui et la voix du Père qui le proclame comme son Fils bien-aimé qui le remplit de joie. Nous est ainsi révélée l’intimité profonde de la relation entre Jésus et son Père. Une intimité d’amour et de joie. Peut-être oublions-nous souvent cette joie qui habite le Père.

Jean le Baptiste nous parle de celui qui vient et qui est plus fort que lui. Cette phrase fait écho à la prophétie d’Isaïe de la première lecture qui est digne du temps de l’Avent. « Voici le Seigneur Dieu ! Il vient avec puissance ; son bras lui soumet tout. »

Mais quelle est cette puissance ? C’est de rassembler et de faire paître son troupeau comme un berger. C’est de rassembler les agneaux, de les porter sur son cœur, de mener les brebis qui allaitent. Est-ce une vision d’un Dieu mièvre, doucereux, pire, romantique ? Nous pensons souvent que l’Ancien Testament est la révélation d’un Dieu juge, vengeur, dont la fureur ravage tout et du coup, un texte comme celui d’aujourd’hui nous prend tellement à contrepied que nous peinons à le prendre au sérieux. Pourtant, ce passage d’Isaïe lu aujourd’hui nous montre que, déjà dans l’Ancien Testament, le Dieu juge n’est pas la révélation ultime de Dieu, ou plutôt que la justice de Dieu ne se fait pas à notre manière mais qu’elle nous rend juste, qu’elle nous console comme l’écrit le texte d’Isaïe.

Alors le psaume chanté nous rappelle que ce Dieu de tendresse et de miséricorde est aussi le Dieu créateur. Et créateur d’une profusion inimaginable pour l’esprit humain. Et que cette création est maintenue par la volonté-même de Dieu, par sa sagesse.

Et parmi le créé, il y a l’eau. Le rite d’aspersion du début de la messe nous a rappelé notre baptême. Cette eau créée pour féconder la terre, par laquelle les prophètes ont annoncé la nouvelle Alliance, eau sanctifiée lorsque le Christ a été baptisé au Jourdain, cette eau est le signe de notre Salut selon la seconde lecture tirée de l’épître de saint Paul à Tite.

Le baptême nous a en effet fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Le même Esprit descendu sur le Christ après son baptême au Jourdain.

Frères et sœurs, le jeu des trois lectures de ce dimanche peut nous permettre de saisir, dès le début de la vie publique du Christ, l’ensemble du projet de Dieu pour l’humanité. L’expression de cette tendresse, de cette miséricorde qui n’a rien de romantique mais qui est au contraire grandiose dans son déroulement.

La Parole de Dieu a créé l’univers et tout ce qu’il contient. Cette Parole, selon la volonté du Père, après avoir parlé par les prophètes au peuple d’Israël, s’est fait homme en Jésus, le Christ. Celui-ci s’est donné pour nous, pour nous racheter de toutes nos fautes, c’est-à-dire pour faire en sorte que nos fautes ne nous coupent plus de Dieu, que les conséquences mortelles du mal ne puissent plus nous atteindre de façon définitive. Et, c’est là où le génie spirituel de saint Paul se déploie dans toute sa vigueur : si nous sommes sauvés, ce n’est pas à cause de la justice de nos propres actes, ce n’est pas à cause d’actes que nous aurions posés et qui nous mériteraient le salut, mais c’est par pure gratuité de Dieu, par pure miséricorde.

Ainsi, toute notre perception de la religion, peut-être, sans doute celle que nous avons reçue ou que nous concevons de façon spontanée est inversée.

Il ne s’agit pas de mériter son Salut comme on l’a si souvent dit, mais d’accueillir ce Salut réalisé par le Christ et qui nous est offert gratuitement, sans mérite de notre part. Et c’est ensuite qu’il s’agit alors de renoncer aux convoitises de ce monde qui sont finalement si mièvres, justement, si négligeables par rapport à la grâce de Dieu, au don qui nous est offert de la vie divine. Alors, nous pouvons devenir un peuple ardent à faire le bien, même si, de fait, la perfection ne fait pas encore partie de notre réalité humaine. Ce n’est pas le problème. Le problème c’est de se laisser saisir par l’Esprit, par le Christ et de proclamer à notre monde qu’il n’a pas sa fin en soi mais qu’il est profondément aimé et sauvé.

Mais attention, le baptême ce n’est pas qu’une affaire entre Dieu, le Christ, et nous. C’est un peuple qui se fait baptiser par Jean et c’est comme membre de ce peuple que Jésus se fait baptiser. Ainsi, notre baptême est aussi l’entrée dans un peuple, l’Eglise, c’est la solidarité, et plus encore la communion avec les disciples du Christ qui est alors inaugurée. Par notre baptême, nous devenons responsables, co-responsables de l’Eglise, peuple de Dieu.

Frères et sœurs, nous le savons bien, notre monde souffre de ne chercher à se construire que par ses propres forces. Pour beaucoup, cela aboutit finalement à la prise de conscience du néant de ces efforts. Nous ne sommes pas à la hauteur de l’idéal que nous nous fixons et cela nous déprime. Il me semble que nous avons un message libérateur à offrir. Plutôt que de s’épuiser à viser un toujours plus, une performance sans cesse supérieure, il s’agit d’accueillir une force, un amour, une grâce qui fera de nous des hommes et des femmes libres. Tout un programme ! C’est un chemin qui nous est ouvert par cette fête du Baptême du Christ, c’est un enseignement que nous entendrons décliner tout au long des dimanches de cette année liturgique.

AMEN

Homélie du 01 janvier 2022 — Marie, Mère de Dieu — Père Abbé Luc
Cycle : Année C
Info :

Année C - SAINTE MARIE MERE DE DIEU - 01.01.2022

Nb 6, 22-27 ; Ga 4, 4-7 ; Lc 2, 16-21

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

« C’est l’œuvre de Dieu », ainsi s’exprime St Paul, lorsqu’il conclue la petite profession de foi que nous avons entendue dans la seconde lecture… Il est bon, frères et sœurs, au début de cette année nouvelle de nous remettre devant l’œuvre de Dieu, devant son projet sur l’humanité, son projet sur nous qui avançons dans le temps. Que veut Dieu pour nous ? Comment nous accorder à ce projet pour être pleinement heureux ?

Que veut Dieu pour nous ? Quel est son projet ? A travers la première lecture, nous pouvons entendre tout d’abord qu’il veut notre bien. Depuis le commencement, depuis que l’être humain existe, il veut nous offrir ses bénédictions, c’est-à-dire nous tenir sous son regard d’amour et de paix. Et « quand le temps fut advenu, pour l’amour de chacun » comme nous le chanterons, son projet s’est manifesté clairement lorsqu’il a envoyé son Fils, né d’une femme, Marie. Alors nous avons compris, avec Paul et les premiers témoins du Christ, que Dieu voulait faire de nous ses fils et filles, qu’il nous adoptait en Jésus. Le projet de Dieu, son œuvre, c’est que nous puissions vivre avec lui, une relation filiale de confiance. Et depuis notre baptême, Dieu Lui-même nous offre la capacité et la possibilité de vivre cette relation filiale en nous donnant son Esprit Saint qui murmure en nous « Père ». Il nous est bon, frères et sœurs, de nous remettre devant ce projet de Dieu pour chacun de nous et pour notre humanité entière : vivre cette familiarité heureuse avec notre Père des Cieux, avec notre Créateur, en Jésus, ce qui nous conduit à chercher inséparablement à vivre une fraternité heureuse et confiante avec tous les autres filles et fils de Dieu.

Comment durant l’année qui vient nous accorder à ce projet ? Ici, nous pouvons regarder Marie, celle qui a été une pièce maitresse de ce projet. Marie a accueilli ce projet dans un clair-obscur, le clair obscur de la foi. Les évangiles nous laissent bien entendre qu’il n’y a pas eu pour elle de révélation fulgurante. Elle a avancé comme à tâtons, dans la foi. On nous dit aujourd’hui que devant les paroles des bergers, elle “retenait tous ces évènements et les méditait dans son coeur”. Autrement dit, elle accueille ces évènements de la naissance de ce fils venu en elle de manière si mystérieuse, en se faisant toute écoute pour tenter de saisir le sens. Sa vie nous montre que cela ne lui a pas été simple d’emblée. Elle a dû cheminer, avancer dans le temps pour comprendre, et surtout pour être là envers et contre tout, comme le montre sa presence à la Croix. Oui, avec Marie, nous pouvons apprendre ce qu’est marcher dans la foi. Ce n’est pas d’abord chercher les certitudes intellectuelles, puis ensuite avancer. Non, c’est marcher dans un pas à pas en acceptant de poser un pas dans une semi obscurité, puis un autre et un autre. Notre seule boussole est la Parole du Seigneur recueillie chaque jour à travers la liturgie, la prière personnelle, la lectio divina. En elle, nous pouvons méditer le projet de Dieu, mieux le comprendre, le décrypter, pour le reconnaitre à l’oeuvre dans notre vie. Avec Marie qui écoute les bergers, nous pouvons aussi apprendre à décrypter ce projet, en écoutant nos frères et soeurs qui marchent à nos côtés. Ce qu’ils disent, ce qu’ils vivent peut être une belle lumière offerte. Sans le savoir toujours, nous nous aidons mutuellement à nous comprendre comme des fils et filles de Dieu d’un même Père. Nous nous soutenons sur le chemin de la foi, au gré des joies et des épreuves.

En cette eucharistie, recueillons la Parole et le Pain pour avancer avec confiance dans l’année nouvelle. Dieu est avec nous, et il nous donne pour compagne de marche Marie la croyante, sa Mère, et la Mère des filles et fils adoptifs que nous sommes.

Homélie du 26 décembre 2021 — Sainte Famille — Frère Hubert
Cycle : Année C
Info :

Année C - SAINTE FAMILLE - 26 DECEMBRE 2021

1 Sam 1 20-28 ; 1 Jn 3 1-24 ; Luc 2 41-52

Homélie du F.Hubert

Texte :

« Ton père », « Mon Père » :

l’évangile de ce jour culmine dans le rapport entre ces deux petites phrases.

« Ton père et moi », « Mon Père »

Jésus a eu des parents ; Marie et Joseph sont vraiment, humainement, ses parents,

qui l’ont accueilli, aimé, élevé, formé à sa vie d’homme, et je dirais même à sa vie de fils de Dieu,

dans la tradition séculaire de la vie juive, de l’Alliance avec Abraham et Moïse…

Mais Marie et Joseph, comme tous parents mais bien davantage, ne sont pas sa Source :

Jésus à une autre Source.

Marie et Joseph le savent :

« L’Esprit saint viendra sur toi… C’est pourquoi celui qui va naître sera appelé Fils de Dieu » - « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, car ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint ».

Mais il leur faut toute leur vie, comme pour nous, pour entrer dans le mystère.

« Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » « Ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. »

Leu vie a été une « vie bouleversée » :

Voilà une jeune femme, promise en mariage, visitée par un ange de Dieu, appelée à concevoir mystérieusement le Fils de Dieu, par la puissance de l’Esprit.

Un jeune homme, bouleversé que sa promise soit enceinte sans qu’il l’ait connue,

puis instruit lui aussi par l’ange de Dieu du mystère qui s’accomplit,

non sans son oui à lui, parallèle à celui de sa promise.

Voilà ensuite Joseph et Marie sur les routes pour le recensement,

contraints à accueillir le nouveau-né, « leur » nouveau-né, dans une étable,

puis obligés de s’expatrier en Egypte pour fuir Hérode.

Au Temple, les paroles mystérieuses de Siméon sonnent comme un énigme.

Et voilà que lorsque Jésus a 12 ans, il leur échappe…

Cet enfant qui leur était confié, sur lequel ils avaient à veiller,

qu’ils avaient à éduquer sur son chemin d’homme.

Trois jours d’inquiétude, d’angoisse !

St Luc n’a pas écrit son évangile pour nous raconter une belle histoire,

mais pour témoigner de la venue de Dieu parmi nous, et nous annoncer le mystère de notre salut.

« Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ?

Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! »

Joseph, Marie sont bien les parents de Jésus.

Dans un sermon, st Augustin disait :

« Ce que le Saint-Esprit a opéré, il l'a fait pour les deux ensemble. Car Joseph était, « un homme juste ». Ils étaient justes, mari et femme. L'Esprit Saint a reposé dans leur commune justice, et leur a donné un fils à tous deux. »

En Joseph, Jésus a eu un vrai père humain qui l’a élevé, fait grandir, l’a entouré de tendresse et d’amour,

en qui il a pu avoir toute confiance pour grandir en humanité, sous le regard de Dieu et des hommes.

Vérité de l’Incarnation. « Ton père et moi »….

Seulement, la vérité de Jésus ne s’arrête pas là.

Venu avec eux pour la fête de la Pâque, il leur fausse compagnie,

il reste à Jérusalem à leur insu.

St Luc ne nous parle pas là de la fugue d’un adolescent,

mais de sa filiation plus profonde, cachée, sa filiation divine,

et déjà de sa Pâque, de son chemin pascal.

« Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »

Premières paroles de Jésus rapportées par st Luc ;

les dernières, après la promesse au bon larron, seront :

« Père, entre tes mains, je remets mon esprit. »

Le Père est sa demeure propre ; toute son œuvre est de nous y introduire avec lui.

Il fallait que Jésus nous le révèle, qu’il le révèle à Marie, sa mère, et à Joseph, son père en humanité.

A l’Annonciation et tout au long des jours, Marie a dit oui à l’imprévu de Dieu dans sa vie.

Joseph, de son côté, a fait confiance à l’annonce de l’ange.

Ils se sont fait confiance l’un à l’autre en faisant confiance à Dieu.

L’un et l’autre, dans un même amour, ont dit oui à l’imprévu, à ce qui humainement était inimaginable.

Les bergers à Bethléem, Siméon au Temple ont eu des paroles de lumière et de feu, éclairantes et brûlantes,

A Jérusalem, c’est Jésus lui-même qui lève un peu le voile sur son propre mystère.

Au moment de passer de l’enfance à l’âge adulte,

ce n’est plus par des tiers qu’il se manifeste, mais par lui-même.

Il nous signifie là que toute sa vie est une Pâque, un exode vers le Père,

et que sa maison, son lieu de vie, c’est le Père lui-même.

« Ne savez-vous pas que c’est chez mon Père que je dois être ? »

Vies bouleversées !

Que Marie et Joseph nous apprennent jour après jour, de plus en plus profondément,

qui est Jésus, leur enfant,

quelle est notre propre origine et vers qui nous allons,

quelle est notre demeure, quel est le visage de Celui qui est notre Source et notre But ultime.

« Mes bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père :

pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. »

f. Hubert