vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 09 juillet 2023 — 14e dim. ordinaire — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

Homélie du 14ème dimanche du TO Année A

(Zacharie 9,9-10 ; Romains 8,9-13 ; Matthieu 11,25-30)

Homélie du Frère Guillaume

Texte :

Frères et sœurs,

J’aimerais revenir avec vous sur la seconde lecture de la messe d’aujourd’hui, où il est question de « chair » et « d’Esprit », dans ce passage de l’épitre aux Romains de Saint Paul.

La grosse difficulté de ce texte est dans le mot « chair » chez saint Paul. Il n’a pas le même sens que dans notre français actuel du XXI° siècle. Nous, en 1ère lecture nous serions tentés d’opposer 2 composantes de l’être humain que nous appelons dans une longue tradition : « corps » et « âme », et nous risquons alors de faire un énorme contre-sens. Quand Paul parle de « chair » et « d’Esprit », ce n’est pas du tout cela qu’il a en vue. Ce qu’il appelle « chair », ce n’est pas ce que nous appelons « corps » et ce qu’il appelle « Esprit », ce n’est pas ce que nous appelons « âme ». D’ailleurs, si nous regardons de plus près le texte, il n’oppose pas 2 mots, mais 2 expressions : « vivre selon la chair », « vivre selon l’Esprit ». Et l’Esprit dont il est question, là, c’est l’Esprit de Dieu, l’Esprit de Christ, et non pas le nôtre, humain, trop humain.

Bref, Paul place ses auditeurs devant un choix, un choix de mode de vie, ou d’existence, et en le disant autrement il faut choisir entre 2 maîtres de vie pour engager une ligne de conduite dans le monde, dans nos familles, dans nos communautés, partout.

Si l’on devait transposer dans un langage d’actualité cette opposition et ce choix, je dirai volontiers avec le pape François dans son encyclique « Laudate Si », il nous faut choisir entre un mode de vie de consommation, voire de sur-consommation affairée et jamais rassasiée en biens matériels, dans la recherche du toujours plus et du toujours nouveau dans une course au progrès sans limite et aux jouissances passagères, d’une part, et un mode vie de « sobriété heureuse », d’autre part, qui se contente de peu, dans une attitude d’humilité confiante, de pauvreté acceptée et de partage avec les pauvres. Entre ces 2 modes de vie pour nous aujourd’hui, c’est l’affaire d’une conversion : la fameuse conversion à l’écologie intégrale, entrée dans une économie durable et responsable, construction d’une « Eglise verte »…

Il est facile alors, si l’on a compris cela, d’entendre les paroles de Jésus dans l’Evangile, mais aussi celles du prophète Zacharie dans la 1ère lecture. Annonce d’un Messie non pas triomphal et dominateur, sûr de sa puissance et de ses richesses, monté sur un char ou un cheval, mais un messie-roi juste, humble et doux, monté sur un âne, un âne tout jeune et fragile, lequel, paradoxalement vient briser la guerre et la violence pour proclamer la paix aux nations.

Oui, Père, dit Jésus en prière : je proclame ta louange. Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Venez à moi, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur et vous trouverez le repos.

Jésus indique à ses disciples le chemin du cœur pour trouver le repos et le vrai bonheur. Blaise Pascal, ce grand chrétien du XVII° siècle dont nous fêtons le 4ème centenaire de la naissance cette année, distinguait dans ses « Pensées » 3 ordres de la condition humaine. L’ordre de la chair qui correspond à l’économie, à la politique et aux affaires matérielles, régies par la concupiscence et le désir de dominer, l’ordre de l’esprit (avec un petit e) qui est celui de la science et où peuvent exceller l’intelligence et la raison, avec de belles découvertes techniques et le progrès des connaissances, et enfin l’ordre du cœur, qui est celui de la charité et de la « proposition chrétienne ». Chaque ordre a ses maîtres, sa grandeur et ses raisons d’être. Mais ils ne communiquent pas entre eux : une distance infinie les sépare. Nous les parcourons chacun d’une manière ou d’une autre dans notre condition humaine finie avec sa misère et sa grandeur. Mais l’ordre du cœur est le plus essentiel, lieu de la grâce et accessible par une conversion à l’Esprit de Jésus, humble et pauvre, dont la vie terrestre culmine à Gethsémani et l’expiration sur la Croix. L’ordre du cœur rejoint ainsi la vie selon l’Esprit (avec un grand E). Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts et qui habite en nous depuis notre baptême.

C’est cet Esprit dont le fruit multiforme se décline en Amour, Joie, Paix, Patience, Douceur, Confiance, Bienveillance et Maîtrise de soi, précisera encore Saint Paul dans sa lettre aux Galates. Aussi, sous l’emprise d’un tel Esprit et dans l’accueil de son fruit, nous tuons les désordres de l’homme pécheur. Nous sommes réconciliés avec Dieu et justifiés par notre foi en Jésus-Christ. Nous pouvons alors témoigner de la bienheureuse et grande Espérance et annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile à nos frères.

AMEN

Homélie du 02 juillet 2023 — 13e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année A
Info :

Année A - 13° dimanche du Tps Ordinaire - 2juillet 2023

2 Rois 4 8-16 ; Rom 6 3-11 ; Mt 10 37-42;

Homélie du F. Hubert

Texte :

Voilà un évangile qui est de ceux qui nous bousculent le plus,

que nous avons le plus de mal à accepter.

Il est pourtant pour notre bonheur, non pour notre malheur.

Il est bon de le remplacer dans son contexte pour percevoir comment il est Bonne nouvelle.

Il termine le chapitre 10 de St Matthieu,

consacré au choix des Apôtres et à leur envoi en mission par Jésus.

Proclamez que le royaume des Cieux est tout proche.

Guérissez les malades, ressuscitez les morts, donnez gratuitement.

Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups.

Vous serez détestés de tous à cause de mon nom. Ne craignez pas ceux qui tuent le corps.

Qui vous accueille m’accueille, et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé.

Il s’agit de communion, de l’amour qui jamais ne passe.

Il s’agit de notre communion les uns avec les autres, en Jésus, par Jésus, et avec notre Père qui l’a envoyé parmi nous.

Jésus a été touché de compassion devant les foules désemparées et abattues comme des brebis sans berger. Alors il envoie ses apôtres annoncer le Royaume, et lui-même va partir enseigner et proclamer la Parole.

Sauver les brebis abattues, désemparées, perdues. Leur donner sens et espoir.

Leur donner Vie.

Pour les disciples, il ne s’agit de rien moins que de participer à l’œuvre de celui qui le Père a envoyé.

Pour cela, il leur faut être totalement disponibles, et, avec la force de l’Esprit,

être capables d’affronter toute contradiction, tout refus, toute persécution.

Le disciple n’est pas au-dessus de son maître, ni le serviteur au-dessus de son seigneur.

La contradiction peut venir de ceux vers qui ils sont envoyés :

Méfiez-vous des hommes, ils vous livreront aux tribunaux, … le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant.

Mais les résistances peuvent être aussi en eux :

Qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père.

La mission est d’annoncer la venue, la présence déjà, du Royaume, d’apporter la paix, celle de Dieu.

Mais cette Bonne Nouvelle suscite contradictions, voire persécutions.

Jésus en sera condamné à mort, beaucoup de disciples seront persécutés.

Les communautés destinataires de l’évangile vivent cela :

Le frère livrera son frère à la mort.

C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre :

Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, n’est pas digne de moi.

Jésus critiquera plus loin ceux qui ne prennent pas soin de leurs parents,

sous prétexte d’offrande à Dieu : il ne s’agit donc pas de ne pas aimer son père ou sa mère, de ne pas les honorer,

mais d’être disponible, dans l’urgence, pour l’annonce du royaume et de la paix que Jésus apporte.

L’annonce même de cette paix suscite la division :

Au v 13, Jésus dit :

Si la maison qui vous accueille en est digne, que votre paix vienne sur elle.

mais au v 34, il affirme : Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive.

Je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère…

Le Royaume est celui du don et de l’accueil : l’humanité n’y est pas d’emblée accordée.

Toute attitude contraire au don et à l’accueil devient opposition au Royaume,

Mais qui accueille les disciples accueille Jésus, et qui accueille Jésus accueille Celui qui l’a envoyé.

A travers les contradictions, les séparations, les choix couteux, Jésus nous offre un chemin de communion, la communion même du Père et du Fils. Il nous offre le chemin de la paix, le chemin de la vie partagée.

On retrouve là les affirmations si fortes de Jésus dans saint Jean :

Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi.

Qu’ils soient un en nous pour que le monde croie que tu m’as envoyé.

Ne laissons pas s’enfouir les mots du pape François dans La joie de l’Evangile :

Il est vital qu’aujourd’hui l’Église sorte pour annoncer l’Évangile à tous, en tous lieux, en toutes occasions, … sans peur. La joie de l’Évangile est pour tout le peuple, personne ne peut en être exclu.

L’Église doit être le lieu de la miséricorde gratuite, où tout le monde peut se sentir accueilli, aimé, pardonné et encouragé à vivre selon la bonne vie de l’Évangile.

Si nous avons accueilli l’amour qui donne sens à notre vie, ne soyons pas timides pour le communiquer aux autres. Le Christ veut par nous rejoindre chacun et faire de tous un seul corps.

Le Christ a perdu sa vie pour nous : saurons-nous perdre la nôtre pour lui et pour que le monde ait la vie ?

Homélie du 25 juin 2023 — Saint Jean-Baptiste — Frère Alain
Cycle : Année A
Info :

Année A - 13° dimdu Temps Ordinaire - 24 juin 2023

Jer 20 10-13 ; Rom 5 12-15 ; Mt 10 26-33;

Homélie du Frère Alain

Texte :

Notre évangile nous invite à annoncer la Parole de Dieu, fut-ce au péril de notre vie, en allant au-delà de nos peurs.

Par trois fois, il nous est demandé de ne pas craindre, même si nous sommes envoyés « comme des brebis au milieu des loups ». Car l’amour gratuit de Dieu nous soutient, au-delà de tout ce que nous pouvons penser ou imaginer.

Il convient de crier l’évangile sur les toits. Dieu prend soin de nous. Nous valons plus qu’une multitude de moineaux. Les cheveux de notre tête sont tous comptés.

La puissance des hommes est limitée dans le temps et l’espace. Mais la sollicitude de Dieu assume toute notre vie, corps et âme. Une vie qui ne s’achève pas avec notre mort. Au jour du jugement, le Christ se déclarera pour nous, devant son Père et notre Père, si nous nous déclarons pour lui, devant les hommes. Le sens ultime de nos vies se décide sur notre solidarité avec le Christ, lui qui sait, par expérience, ce qu’il en coute d’annoncer la Parole. Une seule chose est à craindre : être séparé de lui.

L’évangile nous veut donc solidaires de ceux et celles que nous rencontrons. Si nous nous taisons, comment la bonne nouvelle sera-t-elle annoncée dans les épreuves, où la con¬fiance dans la vie risque de sombrer ? Et si nous cherchons le succès, nous allons nous décourager, nous culpabiliser.

Comment recevoir cet évangile aujourd’hui, alors que nous ne vivons pas dans les pays où les chrétiens, persécutés, risquent chaque jour la mort ? Sauf imprévu, nous ne risquons pas le martyre. Mais nous nous heurtons à un mur, celui de l’indifférence. Nos contemporains ne sont pas nécessairement des loups rapaces. Beaucoup d’entre eux ne sont, ni pour, ni contre la foi chrétienne, ils sont ailleurs.

Que faire alors pour annoncer un évangile qui n’apparait pas comme une bonne nouvelle ?

Comprendre que cette indifférence est une stratégie de survie, une carapace protectrice, contre toute intrusion, toute emprise, qui fragiliserait le peu de liberté que laisse notre société. Toute tentative de percer cette couche protectrice ne peut que renforcer les défenses.

Ne pas partir de nous-même, ce qui suppose, de notre part, une rude conversion. Mais partir de ce que les gens vivent, de leur désir / d’être reconnus dans leur singularité, de devenir plus humain. Pour ouvrir cet espace de gratuité, au moins trois conditions semblent nécessaires.

1/ Reconnaitre que le décrochage des jeunes générations par rapport à la foi chrétienne est lié aux défis d’une rupture culturelle, dont nous ne mesurons pas la portée.

2/ Réaliser qu’il nous est demandé / de transmettre l’évangile, non la foi chrétienne. Transmettre la foi est l’œuvre de l’Esprit Saint. C’est son affaire, pas la nôtre.

3/ Accepter que tous ne sont pas appelés à devenir chrétien, et à vivre en Eglise. Mais si nous sommes chrétiens, c’est une vocation au service de tous. Dieu a pris le risque des aléas de l’histoire. Il nous faut nous en accommoder, poursuivre notre deuil de la chrétienté.

Nous ne sommes pas chargés d’apporter Dieu au monde, comme s’il y était absent ! Nous sommes au service d’un dialogue déjà commencé, entre Dieu / et les hommes et les femmes de ce temps. Il nous revient de dire la Parole qui nous est confiée dans la gratuité, comme le Christ le faisait. Mission modeste, pourtant capitale. Car l‘attitude que nous adoptons, face au dialogue, reflète l’image de Dieu que nous proclamons. Vaste chantier !

Notre évangile nous invite donc à annoncer la Parole, dans les situations où nous nous trouvons. Confrontés, non au martyre, mais à une autre forme de pauvreté que nous n’avons pas choisie, où Dieu nous accompagne. Saurons-nous saisir cette grâce d’un « christianisme fragile » ? Réaliser que le plus grand danger aujourd’hui, c’est de ne pas prendre de risques.

Homélie du 16 juin 2023 — Sacré Cœur — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

SACRE-COEUR - 16 Juin 2023

Dt 7, 6-11 ; 1 Jn 4, 7-16 ; Mt 11, 25-30

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

De ces lectures, un mot a particulièrement retenu mon attention, c’est le mot « demeurer ». Il revient plusieurs fois dans la première lettre de St Jean qui fait un lien très étroit entre le fait d’aimer et celui de demeurer. « Qui demeure dans l’Amour demeure en Dieu et Dieu en lui ». En regardant dans le dictionnaire, j’ai trouvé que le mot « demeurer » vient du mot latin « demorari », qui veut dire « tarder », d’où « s’arrêter, rester en un lieu, séjourner, habiter ». Il me semble qu’on pourrait alors oser cette transcription de la citation de Jean : « Qui tarde, ou qui s’attarde dans l’Amour, s’attarde en Dieu et Dieu s’attarde en lui »… Il ne s’agit plus seulement d’être avec Dieu en un lieu, mais aussi de passer du temps avec lui. Il me semble qu’il n’est pas inutile dans notre culture contemporaine de prendre toute la mesure de ce mot « demeurer ». J’entends encore la réflexion d’un jeune couple qui, à l’occasion du baptême de leur enfant, redécouvre le besoin de ne pas toujours courir et de s’arrêter pour prendre le temps de revenir à l’église pour les célébrations de la foi. Et pour nous moine, la tentation peut être là, de vivre notre vie monastique, comme une course contre la montre, pour gagner toujours plus de temps, pour abattre le plus de travail dans le peu temps disponible. Le risque est fort alors de nous essouffler et de nous dessécher. Nous avons les yeux rivés sur la montre, au lieu de les avoir tournés vers le Seigneur ou vers nos frères. Nous risquons fort alors de malmener, et Dieu et nos frères.

Les lectures de ce jour nous invitent à retrouver notre vrai centre de gravité : le lieu où il nous faut nous attarder, nous reposer… Et ce lieu, c’est le Seigneur lui-même qui nous l’indique. Ce lieu, c’est nous-même comme peuple consacré par Dieu, peuple de qui Dieu veut faire son « domaine particulier » pour y demeurer. Ce lieu, c’est Jésus, doux et humble de cœur, en qui nous trouvons le repos lorsque nous l’écoutons et nous nous mettons à son école. Ce lieu, c’est Dieu lui-même en qui nous habitons lorsque nous aimons. Nous touchons là au mystère : nous sommes ce lieu où nous sommes appelés à demeurer et le Seigneur est ce lieu où nous sommes appelés à demeurer… Et ces deux lieux n’en font qu’un lorsque nous aimons. L’Amour reçu de notre Dieu et accueilli en nos cœurs, pour aimer à notre tour devient le foyer brûlant de notre rencontre avec Dieu. L’Amour reçu et donné devient notre vrai lieu. Là nous pouvons nous reposer vraiment, demeurer, être stable en nous-mêmes et en Dieu.

Devant un tel appel à demeurer dans l’Amour, notre vrai lieu, nous pouvons nous sentir bien petits, incapables, voire indignes. Regarder Jésus doux et humble de cœur, le contempler dans l’évangile sera notre sûre boussole. Nous pouvons apprendre de lui comment aimer. Et surtout, nous pouvons contempler en son cœur transpercé, comment son amour a été jusqu’à prendre sur lui tous nos manques d’amour, toutes nos cruautés et injustices. En Lui, désormais vivant et ressuscité, son cœur divin « plus humain et plus aimant que fut jamais le cœur d’un enfant de la terre » devient le Temple d’où s’écoule la source inépuisable de l’Amour. De son Cœur ouvert et généreux, nous pouvons recevoir la force d’aimer. Dans son Cœur humble et hospitalier, nous pouvons prendre place pécheur insolvable que nous sommes.

En cette eucharistie, en faisant mémoire de son cœur offert, donné et ouvert sur la Croix, pour sauver et guérir nos cœurs endurcis, accueillons la Source rafraichissante de son Amour.

Homélie du 11 juin 2023 — Saint Sacrement - Fête Dieu — Frère Jean-Louis
Cycle : Année A
Info :

Année A - Corps et Sang du Christ - 11/06/2023

(Dt , 2-3. 14b-16a – Ps 147 – 1Co 10, 16-17 – Jn 6, 51-58

Homélie du F. Jean-Louis

Texte :

Frères et sœurs,

Ce dimanche, l’Église célèbre la solennité du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ. Après la Pentecôte (don de l’Esprit Saint) et la Sainte Trinité (Dieu en son intimité), et avant la solennité du Cœur du Christ (Amour du Christ pour nous), vendredi prochain, cette fête nous rappelle un autre aspect du mystère de l’Amour de notre Dieu qui demeure inépuisable : le don que le Christ nous fait de lui-même.

Cette fête nous rappelle en effet de ne pas oublier que le Corps du Christ est bien destiné à nous être offert pour être mangé et c’est ce que nous rappellent les lectures de ce dimanche où il est question de nourriture et de pain. La manne au désert pour le peuple d’Israël, le Christ pain vivant auquel nous avons tous part.

Traditionnellement, l’Église a vu dans la manne qui a nourri les Hébreux au désert, l’image de l’eucharistie, Corps du Christ offert en nourriture au peuple chrétien. La première lecture, tirée du Deutéronome, l’un des livres de la Torah, la Loi juive, fait mémoire de la longue marche au désert du peuple d’Israël, marche où le peuple a connu l’épreuve de la pauvreté, de la faim, pour savoir s’il allait garder les commandements de Dieu ou non. Pourquoi cette mémoire ? Eh bien parce qu’à l’époque du Deutéronome, au 7e s. avant le Christ, Israël vit dans l’abondance et la prospérité et que la tentation, que notre société connaît bien, était alors d’attribuer cette prospérité à ses propres forces, à son travail et non plus à Dieu. D’où une certaine désaffection à l’égard de la pratique de la Loi et notamment de l’attention aux plus pauvres. Ce passage rappelle qu’Israël tient sa vie, sa prospérité de Dieu, de sa Parole transmise par les prophètes et pas seulement du pain que le peuple mange désormais à satiété, sauf les plus pauvres. À un peuple qui risque de devenir imbu de lui-même, l’auteur du Deutéronome rappelle qu’il a été jadis esclave en Égypte et que c’est Dieu qui l’a libéré et conduit à travers le désert brûlant en lui procurant la manne et l’eau jaillie du rocher. La manne, nourriture divine.

Le lien a vite été fait par la tradition chrétienne entre cette manne et le pain vivant, descendu du ciel, l’eucharistie, Corps du Christ. Et là, il faut bien reconnaître que le Christ y va fort. Alors que pour un Juif, le sang ne peut se boire et encore moins la chair humaine se manger, Jésus annonce que pour avoir la vie, il faut manger sa chair et boire son sang. C’est vraiment intolérable. Et le Christ va plus loin encore en disant que la manne au désert, pourtant nourriture venant du ciel, n’a pas empêché les pères de mourir alors que manger le pain qu’est le Christ donnera la vie éternelle. Nous sommes, dans ce récit, avant la Cène et avant la Passion. Faut-il s’étonner de l’incompréhension des auditeurs du Christ ?

Saint Paul, pour sa part, est le témoin de la foi des chrétiens dans la communion au Corps et au Sang du Christ qui fait de la multitude des croyants au Christ un seul corps, l’Église, puisque tous communient au seul et même pain, le Corps du Christ.

Frères et sœurs, la prière d’ouverture de la messe nous a rappelé que le sacrement du Corps et du Sang du Christ est vraiment mémorial, présence, de cet événement fondateur du christianisme : la mort et la résurrection du Christ. Chaque fois que nous célébrons l’eucharistie, en effet, nous sommes rendus contemporains de cette action de Salut de Dieu et vénérer le Corps et le Sang du Christ nous permet de goûter le fruit de ce Salut éternel offert gratuitement.

La première lecture nous a remis en mémoire que c’est Dieu qui est le cœur de nos vies, que nous lui devons tout et qu’il est important de veiller à ce que l’aisance matérielle ne nous fasse pas oublier l’importance de sa Parole comme nourriture quotidienne. Nous le savons bien, prospérité et oubli de Dieu vont souvent de pair. Comment rester vigilant dans notre vie de tous les jours ? Comment, en écoutant l’évangile, ne pas oublier que le Christ a affirmé qu’il est vraie nourriture et vraie boisson ? Il est la vie éternelle qui nous est offerte dès ce monde. Célébrer la solennité d’aujourd’hui peut nous le remettre à l’esprit et au cœur.

Mais saint Paul nous avertit. Il ne s’agit pas de recevoir le Corps du Christ uniquement pour nous, individuellement. La célébration de la messe, la communion au Corps du Christ, ce n’est pas seulement pour moi-même, pour mon bien spirituel, même si c’est vrai, mais c’est aussi pour former, tous ensemble, le même corps, l’Église, qui est Corps du Christ. Et former ensemble le Corps du Christ a des conséquences sur notre vie concrète. Nous le savons bien, le manque d’attention fraternelle est souvent un repoussoir pour nombre de personnes qui voient vivre les chrétiens. Il y a réellement un témoignage à donner et pas seulement des vérités à dire. Nos eucharisties ne doivent pas rayonner que par la beauté des rites mais surtout par la charité qu’elles créent entre nous et envers tous.

La préface que je chanterai tout à l’heure au début de la prière eucharistique nous rappelle le dernier repas du Christ avec ses apôtres, le Jeudi saint, veille de sa passion. Elle nous dit aussi l’importance de faire connaître à la famille humaine tout entière la lumière de la foi vécue dans une même charité. Nous retrouvons la foi vécue dans le quotidien. Il s’agit aussi d’être peu à peu imprégnés par la grâce de Dieu et transformés à l’image de ce que nous serons au ciel, dans la vie éternelle, ce que nous dira la prière après la communion : dès maintenant, en communiant au Corps du Christ, nous goûtons pleinement, dans notre temps, à la vie divine à laquelle toute l’humanité est appelée. Il ne s’agit pas de nous évader du présent mais d’y œuvrer à faire connaître l’action du Christ et de l’Esprit en notre monde.

La prière après la communion nous rappellera que la communion au Corps et au sang du Christ préfigure dans le temps la vie divine dans l’éternité. En sommes-nous vraiment conscients ? Passé, présent et futur sont donc réunis en cette fête.

Ainsi, la liturgie de ce jour nous invite à remettre le Christ au centre de notre vie, à reprendre conscience que nous sommes invités par Dieu, à former un seul Corps, une seule Église dans l’Esprit Saint et à témoigner du bonheur qu’il y a à se savoir aimés à la folie par un Dieu qui a été jusqu’à offrir sa vie pour l’humanité tout entière. Frères et sœurs, il est essentiel que le message du Christ soit connu toujours davantage car nos contemporains ont besoin de se savoir aimés et sauvés sans condition.

AMEN

Homélie du 04 juin 2023 — Sainte Trinité — Frère Vincent
Cycle : Année A
Info :

Année A - Fête de la ste Trinité - 4 juin 2023 -

Ex 34 4-9 ; 2 Co 13 11-13 ; Jn 3 16-18 ;

Homélie du F. Vincent

Texte :



Une personne que je rencontrais récemment me disait :« Ma foi, c'est que Dieu est Amour, tout est là ». Le Mystère Trinitaire que nous fêtons aujourd'hui, ce n'est pas autre chose.

Ce Mystère d'Amour trinitaire c'est d'abord celui du Père "source de toute paternité au ciel et sur la terre" comme dit St Paul aux Ephésiens, mystère du Père qui aime son Fils lui donnant vie et exprimant envers Lui un Amour infini qui dit toute sa richesse. "Le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu'il fait" dit St Jean.

La richesse de Dieu se dit toute entière dans son extase, dans sa "sortie de soi" en direction du Fils de son Amour. Le mystère de Dieu, c'est le mystère d'un don total, d'une totale et éternelle remise de soi. Cette "génération" du Fils, cet "engendrement" du Fils fait partie du mystère de Dieu-même; elle ne lui est pas surajoutée et notre Dieu ne pourrait être dit sans elle.

Dieu est tellement Amour qu'il ne saurait dire son Être, dire ce qu'il est, de meilleure manière qu'en engendrant un Fils, éternel comme lui, Dieu comme lui, en toute chose semblable à lui, tout en recevant tout de lui.

Le mystère fondamental de notre Dieu, c'est celui de ce don total de l'Amour, de ce caractère plénier de l'Amour.

Dieu Père aime son Fils et se donne totalement à lui en lui donnant l'Esprit de leur Amour commun. Il lui donne absolument tout: sa vie, sa divinité, ET cette force d'aimer qui le fait aimer lui-même. Il lui donne ce dynamisme d'Amour qui le fait lui-même aimer, et qui est son Esprit. Le Père donne au Fils de l'aimer avec l'Amour même qu'Il reçoit.

Mais regardons aussi le Fils, mais contemplons aussi l'Amour du Fils pour le Père, le merveilleux retour à sa source de l'Amour absolu. C'est ce mouvement là que nous aurons à vivre à notre tour, et c'est pourquoi il est si important d'en parler.

Le Fils aime le Père avec vraiment toute sa force, tout son cœur, toute son intelligence. Et c'est ce que nous voyons vivre à Jésus, le Fils fait homme. Si quelqu'un a jamais aimé le Père autant qu'il le mérite et avec la force même avec laquelle le Père aime, c'est bien Jésus. Jésus qui nous dit la plénitude et la beauté de son amour du Père: "Je fais toujours son bon plaisir", ( Jn 8,29). "Ma nourriture c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre", (Jn 4, 34).

Jésus révèle là tout son mystère, tout son être de Fils : aimer le Père, la volonté du Père. Jésus dit là toute sa force et sa raison de vivre. Et cette volonté aimée du Père se traduit pour Jésus par une vie simple, merveilleusement unifiée à l'image de la profonde unité d'Amour qui règne en Dieu.

Mystère de simplicité et de beauté sans aucune note discordante ni aucune ombre mauvaise ou gênante. Il n'y a que la simplicité de cet échange d'Amour où tout ce qui est reçu est rendu.

Prenons-nous assez le temps de nous laisser envelopper de cet amour rayonnant? prenons-nous assez le temps de nous laisser envahir par cet amour trinitaire qui est silence, qui est Paix et Joie dans l'Esprit Saint?

Le Père aime sans cesse le Fils et se donne à lui dans une plénitude qui ne se reprend jamais. Le Fils silencieusement accueille ce don et se donne pleinement en retour.

Il n'y a en eux nulle crainte que cet échange d'Amour s'épuise et se modifie puisqu'il est Amour divin : c'est vraiment la Paix et la Joie! Simplement, le Fils est là et il accepte cet Amour insondable. Il répond à cet Amour par un don total de soi: Paix et Joie! Amour, Paix, Joie qui sont les trois premiers fruits de l'Esprit selon l'épître aux Galates. Et ce n'est pas un hasard, car où l'Esprit donne-t-il ses fruits si ce n'est d'abord dans le Père et le Fils?

Dieu lui, est Paix et il communique à l'homme qui se laisse envahir par lui, quelque chose de sa Paix profonde.

Sa Parole fondatrice au Fils: "Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur", le Père la dit véritablement au cœur de chacun d'entre nous.

On pourrait encore longtemps parler de ce mystère du Dieu Amour. Retenons déjà que Dieu est Amour et que c'est à cet Amour-là qu'il nous fait participer. (sources diverses)

Homélie du 28 mai 2023 — Pentecôte — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

année A - PENTECÔTE 28 mai 2023

Ac 2,1-11; 1 Co 12, 3b7.12-13 ; Jn 20, 19-23

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

Dans la seconde lecture, nous entendions st Paul affirmer : « Personne n’est capable de dire : ‘Jésus est Seigneur’ sinon dans l’Esprit Saint ». Être capable de : voilà quelque chose qui nous intéresse particulièrement. Nous aimons être capable d’agir ou de parler. Nous sommes heureux quand nous pouvons développer de nouvelles capacités de faire, quand nous pouvons déployer de nouvelles énergies pour nous-mêmes et pour les autres. Si dans notre monde, ces capacités nouvelles sont souvent le fait de techniques ou de nouvelles connaissances de soi et du monde, ce matin, st Paul nous dit que nous pouvons encore compter sur un autre secours, l’Esprit Saint. Il nous rend aussi capable de plus. Capable de quoi ? De dire des choses « Jésus est Seigneur » ou de faire des choses en vue du bien de tous, au service de l’unité entre les hommes. En parcourant aussi les autres lectures, nous voyons l’Esprit Saint rendre les disciples de Jésus capables de parler en d’autres langues, simples galiléens qu’ils étaient. Et dans l’évangile, Jésus en soufflant l’Esprit sur les apôtres, les rend capables de remettre les péchés…

Arrêtons-nous sur chacun de ces aspects de l’action de l’Esprit Saint qui rend capable de choses auxquelles les disciples n’auraient sûrement jamais pensé.

Tout d’abord, l’Esprit rend capable de dire « Jésus est Seigneur ». Cette affirmation peut peut-être nous surprendre, nous chrétiens qui avons si souvent sur nos lèvres ce mot de « Seigneur » pour parler de Jésus. Il nous semble que cela est tout simple et que cela ne nous demande pas un effort ou une attention particulière de dire « Jésus est Seigneur ». En fait, pour Paul et ses contemporains, cette affirmation était inouïe : attribuer à un homme le nom de « Seigneur », c’était lui donner le nom même de Dieu, révélé à Moïse. Le nom imprononçable de Dieu, transcrit en Adonaï, et traduit en grec par Kyrios, et en français par Seigneur. Dire « Jésus est Seigneur », c’est affirmer que l’homme Jésus que tous ont vu mourir sur une croix, comme abandonné par Dieu, participe aujourd’hui à la Gloire de Dieu. Jésus qui était mort, est non seulement vivant, mais il partage la vie même de Dieu. Pour les juifs pratiquants, ceci était tout simplement inaudible et scandaleux. Paul a alors raison de dire, qu’il nous faut le secours de l’Esprit de Dieu. Nous avons besoin d’une lumière autre, une lumière divine qui nous fasse comprendre qu’élever ainsi l’homme Jésus, méprisé de tous, à la dignité de Dieu, n’est en rien blasphématoire vis-à-vis de Dieu. L’Esprit Saint vient au secours de notre étroitesse d’esprit. Il nous fait entrevoir combien Dieu en son mystère infini s’est lié de façon unique à notre humanité. A travers Jésus son Fils, venu en notre chair, mort pour nous et ressuscité dans la vie divine, Dieu a voulu, et se rapprocher de nous, et nous rapprocher de Lui. Laissons-nous éclairer dans notre foi. Osons aller plus loin sous la conduite de l’Esprit dans la compréhension de notre foi.

L’Esprit rend encore capable les disciples, au jour de la Pentecôte, de parler de nombreuses langues qui les font être compris par de nombreux étrangers alors présents à Jérusalem. De façon imagée, ce récit nous fait comprendre combien le don de l’Esprit Saint, cette force divine, est communicative et source de communion. Investi par Lui, les apôtres deviennent capables d’aller à la rencontre de tous et d’être entendu par des personnes aux cultures et aux langages si différents. Le don de l’Esprit peut être considéré comme le trait d’union entre ces personnes aux origines si diverses. Il entraine les uns à aller vers les autres. Et il rend capable ces derniers de recevoir le message la Bonne Nouvelle de Jésus Ressuscité et Seigneur qui leur est adressé. Ici, nous pouvons entendre pour nous, comme une assurance qui nous est offerte : le don de l’Esprit nous a été fait, et il nous est fait encore aujourd’hui pour aller à la rencontre des autres. Sachons le reconnaitre, sachons l’écouter et le laisser nous conduire, à travers ces mouvements intérieurs qu’il nous suggère. Faisons lui confiance malgré nous peurs ou réticences.

L’Esprit rend enfin les disciples capables de remettre les péchés. Remettre les péchés est le privilège de Dieu. Jésus dans l’évangile a surpris en s’arrogeant ce privilège. Est apparue alors combien son autorité lui venait d’un Autre que lui. Jésus désire que l’œuvre de salut et de délivrance du péché se poursuive. Par le don de l’Esprit, ses disciples sont investis de ce pouvoir de remettre les péchés au nom de Dieu. Ici, nous pouvons entendre avec gratitude ce don précieux fait à notre Eglise de pouvoir offrir le pardon de Dieu à travers la confession ou le sacrement de la réconciliation. Nous sommes convoqués à regarder avec foi ce sacrement, à travers lequel l’Esprit est donné qui nous libère de notre péché. Revenons avec confiance vers ce sacrement, pour nous laisser réconcilier avec Dieu en profondeur. Son Esprit de vie et de libération nous est offert.

Homélie du 21 mai 2023 — 7e dim. de Pâques — Frère Damase
Cycle : Année A
Info :

Année A - 21 mai 2023 -- 7ème dimanche de Pâques

Actes 1, 12-14; 1 Pierre 4,13-16; Jean 17,1-11

Homélie du F. Damase

Texte :

Pâques, l’Ascension, la Pentecôte célèbrent un seul et même mystère

diffracté en une triple célébration,

[comme un unique rayon lumineux se multiplie en traversant un prisme],

et nous, nous nous préparons, en ce 7 °dimanche de Pâques

à célébrer la 3° étape dimanche prochain :

le don de l’Esprit Saint fait à l’humanité, à la Pentecôte

L’Évangile de Jean est construit, autour de la glorification du Fils,

et l'apothéose de tout l'Évangile se trouve dans l’acte sacerdotal de Jésus, - dans le don de sa vie fait par Jésus sur la croix -.

Le texte que nous venons d’écouter,

nous donne sa prière sacerdotale.

Sur le point de mourir, Jésus jette un regard sur son passé.

Toute sa vie se résume en une seule et même réalité :

la glorification de son Père et la glorification progressive de l'humanité.

La raison de sa venue a été

d'apporter aux hommes et aux femmes, la vie en plénitude,

d'infuser la vie divine dans la texture même de leur existence quotidienne.

Cette longue prière prononcée par Jésus, quelques heures avant sa mort,

prend un sens nouveau,

quand elle est lue entre l'Ascension et la Pentecôte.

Cet Évangile nous amène à voir

que le mystère pascal du Christ a une valeur permanente

pour l'Église de tous les temps.

L'Esprit continue dans la passion de l'humanité et de l'Église le rôle

qu'il a joué dans la Passion du Christ.

Il devient le "Paraclet", l'avocat,

qui fait voir comment se réalise le salut de Dieu sur l'humanité.

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La lettre de Pierre, d’où est tirée la deuxième lecture, a été écrite

à une époque où les Chrétiens étaient persécutés.

Pierre leur rappelle que s’ils souffrent parce qu’ils sont Chrétiens,

ils doivent s’en réjouir, et cela pour deux raisons.

Tout d’abord parce qu’ainsi ils communient aux souffrances du Christ

et que, d’autre part, cela leur vaudra d’être dans la joie et l’allégresse

le jour où la gloire du Christ se manifestera.

Les Actes des Martyrs de l’Église primitive nous donnent

de nombreux exemples d’hommes et de femmes

allant joyeusement à la mort par fidélité au Christ.

Où pouvaient-ils bien puiser leur force et leur courage ?

Ils puisaient ce courage et cette force dans leur foi au Christ, bien entendu,

mais dans une foi partagée en Église.

C’est leur appartenance à une communauté de croyants

qui donnait cette force à leur foi.

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Et cette communauté de croyants trouvait son unité et sa cohésion dans la prière.

N’oublions pas la première lecture tirée du livre des Actes :

« Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus, et avec ses frères ».

N’est-ce pas là la dimension essentielle de l’Église

à laquelle le Pape François nous invite en convoquant le synode sur la synodalité :

- devenir une communauté unie dans la prière - ?

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La joie pascale est une joie réaliste.

Elle n'est pas un naïf enthousiasme de printemps, oublieux de l'hiver.

Souvent, durant le Temps Pascal,

la Liturgie de la Parole nous rappelle les difficultés de la condition humaine - une condition humaine qui continue, hélas,

de choisir souvent la mort contre la vie.

Comme si les tragédies naturelles,

comme la sécheresse ou les inondations actuelles ne suffisaient pas,

nous y ajoutons le drame de la guerre.

Ainsi durant la Pâque, le Vendredi Saint se continue.

La mort sur la croix reste toujours présente,

mais comme une ouverture sur la vie,

une vie qui doit être choisie,

une victoire qui ne peut être achevée que dans l'amour et par la prière .

595 mots

Homélie du 18 mai 2023 — Ascension du Seigneur — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

Année A - ASCENSION DU SEIGNEUR -

18 mai 2023

Ac 1, 1-11; Ep 1, 17-23; Mt 28, 16-20

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs

Ce jour de fête de l’Ascension du Seigneur n’est pas seulement la célébration d’un évènement passé, mais le mémorial d’un mystère toujours à l’œuvre. L’Ascension du Seigneur qui a eu lieu il y a 2000 ans, séparant Jésus Ressuscité du regard de ses disciples, est toujours à l’œuvre dans l’Eglise qui est son corps. Nous, les membres du corps du Christ, nous sommes en quelque sorte en Ascension, en montée vers le Ciel, vers notre destinée finale. Les textes et les oraisons de ce jour veulent nous aider à comprendre ce mystère.

Entre la première lecture et l’évangile qui nous relatent les derniers instants de Jésus donnant ses ultimes paroles aux disciples, nous avons entendu Paul priant Dieu d’éclairer les Ephésiens, à qui il s’adresse, sur les conséquences pour leur vie de l’Ascension de Jésus. Paul demande pour ses amis, et finalement pour chacun de nous, une grâce de lumière pour qu’ils sachent « quelle espérance nous ouvre l’appel de Dieu » et « quelle puissance incomparable Dieu déploie pour nous, les croyants ». Oui, depuis que Jésus Ressuscité est assis à la Droite du Père dans les cieux, quelque chose a changé pour nous les humains, une espérance nous est offerte, et une puissance est à l’œuvre dans nos vies. Quelle espérance et quelle puissance, pouvons-nous reconnaitre avec les « yeux de notre cœur » alors que nous vivons dans notre monde tenté par le désespoir et hanté par le non-sens d’une auto destruction ?

Quelle espérance ? Et que change-t-elle pour nous ? Paul énonce cette espérance en parlant « de la gloire sans prix de l’héritage que vous partagez avec les fidèles ». La gloire sans prix de l’héritage… Avec Jésus assis près de Dieu son Père, notre espérance est grande car Lui qui partage notre humanité, nous « introduit déjà auprès du Père » comme nous l’avons prié eu début de cette eucharistie. « En lui notre nature humaine est déjà près de Dieu » comme nous prierons après la communion. Par notre baptême, nous croyons qu’un lien très étroit nous unit au Christ. Nous vivons en Lui et Lui en nous. Aussi tout ce qui le concerne, nous concerne. S’il est vivant et assis auprès de son Père, déjà nous le sommes avec lui, dans l’attente que cette union soit pleinement réalisée et manifestée. Avec Jésus Ressuscité, nous avons déjà part et nous aurons part pleinement à la Gloire de l’héritage sans prix : partager avec Lui, la vie des fils et fille dans l’amour de Dieu son Père et notre Père. Mais me direz-vous, que change cette espérance pour nous aujourd’hui ? Il me semble qu’elle change tout. Cette espérance nous laisse pressentir, et comprendre de plus en plus, ce qui a vraiment du poids dans nos existences. Mieux elle donne du poids à tout ce que nous pouvons faire, projeter, échanger, construire. Elle nous permet de discerner entre ce qui a vraiment du poids et ce qui n’en a pas vraiment. Au regard de la vie à venir qui sera une vie dans l’amour et la lumière, est-ce que cela vaut la peine de se battre pour des futilités, pour agrandir ses pouvoirs ou son territoire, pour du divertissement ou de l’évasion ?

Et cette Espérance nous permet de prendre au sérieux la Puissance qui à l’œuvre en nous les croyants. C’est le second point sur lequel Paul voulait attirer l’attention de ses interlocuteurs. Par notre baptême, par l’eucharistie, désormais la vie et la puissance du Christ Ressuscité nous sont communiquées. Par son Esprit offert, une vie puissante est déjà à l’œuvre dans nos existences. « C’est l’énergie, la force, la vigueur que Dieu a mise en œuvre dans le Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts et fait asseoir à sa droite ». Notre humanité est prise et soulevée par la puissance de l’amour de Dieu, qui désire la relever de la mort comme il l’a fait pour son Fils. Oui frères et sœurs, il nous faut demander cette grâce de reconnaitre cette énergie, cette force et cette vigueur déjà à l’œuvre dans nos vies. Peut-être l’oublions-nous trop facilement ? ou bien la cherchons-nous dans une énergie ou une force trop humaine qui nous donnerait du pouvoir et nous ouvrirait les portes de la facilité ? Comme pour Jésus ressuscité d’entre les morts, Dieu notre Père nous donne déjà et veut nous donner la force de sortir de nos lieux de mort où l’amour est absent. Il désire nous offrir l’énergie de la joie et de la paix pour porter les fardeaux dont le poids peut nous décourager. Face aux adversités, il met à notre disposition sa vigueur, afin que le mal n’ait jamais raison de notre foi et de notre charité.

Frères et sœurs que cette eucharistie, qui nous plonge dans le mystère du Christ mort et ressuscité pour nous, vienne revivifier notre espérance, faire grandir notre énergie pour aimer et nourrir notre vigueur pour témoigner de notre foi.

Homélie du 14 mai 2023 — 6e dim. de Pâques — Frère Guillaume
Cycle : Année A
Info :

Année A - 6ème dimanche de Pâques (14/05/2023)

(Actes 8,5-17 ; 1 P 3,15-18 ; Jean 14, 15-21)

Homélie par F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs,

En ces jours où nous approchons de la fin du Temps Pascal, avec les fêtes de l’Ascension et de Pentecôte, la liturgie de ce 6ème dimanche de Pâques évoque plus intensément la réalité de l’Esprit Saint dans les textes que nous venons d’entendre.

Avec la 1ère lecture tirée des Actes nous assistons à l’évangélisation de la Samarie non pas par un apôtre (un des 12) mais par un diacre, Philippe. Ce qui est étonnant, puisque dimanche dernier on avait appris que les diacres avaient été institués pour le service des tables et non pour celui de la parole ou de la prédication, réservé aux apôtres. 7 hommes avaient été choisis, Etienne, Philippe et 5 autres, car ils étaient remplis d’Esprit Saint, de foi et de sagesse. Or le texte entendu aujourd’hui nous dit que l’Esprit Saint n’était pas encore descendu sur aucun des nouveaux chrétiens samaritains. Ainsi Philippe, pourtant rempli d’Esprit Saint ne proclamait que le Christ. Il ne baptisait que dans l’eau et il n’accomplissait des signes merveilleux qu’au Nom de Jésus. C’est seulement à la suite d’une visite apostolique de Pierre et Jean, venus de Jérusalem, que ces nouveaux chrétiens reçoivent eux aussi l’Esprit Saint, par l’imposition des mains et la prière.

Ces évènements de Samarie peuvent et doivent nous renvoyer à notre propre baptême. Tout baptême en effet, dans son rite liturgique associe à la fois l’eau, symbole de la plongée dans la mort et la résurrection du Christ, et à la fois le saint chrême, huile d’onction qui est la marque de l’Esprit Saint sur le nouveau baptisé.

La seconde lecture, par la bouche de Saint Pierre, exhorte les chrétiens à être prêts en tout moment, à défendre leur foi au Christ et à rendre raison de l’espérance qui est en eux. Témoigner du Christ, lui qui est l’Espérance de la Gloire de Dieu, selon une belle qualification de Saint Paul. Ce Christ, nous dit St Pierre dans sa lettre qui a été mis à mort dans sa chair, mais qui a été vivifié dans l’Esprit. Et l’Esprit Saint qui a ressuscité Jésus d’entre les morts avec puissance, nous ressuscitera noua aussi avec le Christ au dernier Jour. Il nous introduira auprès de Dieu avec lui dans la Gloire. C’est la notre bienheureuse espérance, l’avènement ou l’évènement que nous attendons, si vraiment nous recherchons les choses d’en-haut, là où se trouve le Christ, à la droite de son Père.

Et nous en arrivons à la page du 4ème évangile, extraite des derniers entretiens de Jésus avec ses disciples avant sa Passion. Il leur annonce son départ, ce qui veut dire en clair sa mort prochaine, et son retour auprès d’eux, mais d’une toute autre manière, ce qui est moins clair pour eux. Ce sera le don de l’Esprit Paraclet, Esprit de Vérité et d’amour qui sera désormais non seulement à leur côté, mais qui demeurera en eux, au plus profond de leur cœur.

Réalité non pas abstraite, intellectuelle et extérieure, mais une personne à part entière qui procède du Père et du Fils. Elle est Seigneur et elle donne la vie, communicant l’amour. Elle mérite même Gloire et même adoration que le Père et le Fils.

Il nous revient alors, frères et sœurs, de reconnaître cette action de l’Esprit Saint qui habite en nos cœurs, de le laisser répandre en nous ses grâces de foi et d’espérance. Cela n’est pas toujours évident, ni facile, nous en faisons l’expérience, car l’Esprit, comme le dit si fortement Saint Paul, s’oppose à la chair, c’est-à-dire à nos tendances égoïstes naturelles. Notre cœur est très souvent le siège d’un combat qui peut être féroce et implacable contre le Malin. Notre volonté et notre liberté sont totalement engagées dans le consentement à l’action de l’Esprit en nous. Mais nous croyons dans notre foi au Christ, qu’il peut déployer son fruit sous les formes multiples de la joie, de la paix, de la douceur, de la patience, de la bienveillance, de la confiance et de la maîtrise de nous-mêmes. Oui, cela est possible car l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné.

Le Temps Pascal, le temps de la résurrection est celui du réconfort pour notre foi. Il est la source de notre assurance pour témoigner de notre espérance dans un monde inquiet, fragile voire tragique par bien des aspects. Il nous oblige à ne pas nous décourager, mais à tenir bon avec douceur et respect devant ceux qui ne partagent pas notre foi, ni notre espérance.

En terminant ces quelques propos sur l’Esprit Saint, j’aimerais nous inviter à tirer profit de ces derniers jours du Temps Pascal pour prier davantage et de façon plus directe, cette 3ème Personne de la Trinité, si jamais nous nous adressons plus habituellement à Dieu Notre Père et à Jésus-Christ, Notre Seigneur. Pourquoi ne pas nous aider avec les belles et riches hymnes de la liturgie, ancienne et nouvelle que nous trouverons facilement dans nos Magnificat ou nos Prions en Eglise. Je vous propose les versets de la séquence du dimanche de Pentecôte :

« Viens Esprit Saint en nos cœurs, consolateur souverain, adoucissante fraîcheur, lumière bienheureuse, dans le labeur, le repos, lave ce qui est souillé, guéris ce qui est blessé, assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rend droit ce qui est faussé. Donne tes sept dons sacrés, donne le salut final, donne la joie pérenne et éternelle. » AMEN