Homélies
Liste des Homélies
SACRE-COEUR - 16 Juin 2023
Dt 7, 6-11 ; 1 Jn 4, 7-16 ; Mt 11, 25-30
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
De ces lectures, un mot a particulièrement retenu mon attention, c’est le mot « demeurer ». Il revient plusieurs fois dans la première lettre de St Jean qui fait un lien très étroit entre le fait d’aimer et celui de demeurer. « Qui demeure dans l’Amour demeure en Dieu et Dieu en lui ». En regardant dans le dictionnaire, j’ai trouvé que le mot « demeurer » vient du mot latin « demorari », qui veut dire « tarder », d’où « s’arrêter, rester en un lieu, séjourner, habiter ». Il me semble qu’on pourrait alors oser cette transcription de la citation de Jean : « Qui tarde, ou qui s’attarde dans l’Amour, s’attarde en Dieu et Dieu s’attarde en lui »… Il ne s’agit plus seulement d’être avec Dieu en un lieu, mais aussi de passer du temps avec lui. Il me semble qu’il n’est pas inutile dans notre culture contemporaine de prendre toute la mesure de ce mot « demeurer ». J’entends encore la réflexion d’un jeune couple qui, à l’occasion du baptême de leur enfant, redécouvre le besoin de ne pas toujours courir et de s’arrêter pour prendre le temps de revenir à l’église pour les célébrations de la foi. Et pour nous moine, la tentation peut être là, de vivre notre vie monastique, comme une course contre la montre, pour gagner toujours plus de temps, pour abattre le plus de travail dans le peu temps disponible. Le risque est fort alors de nous essouffler et de nous dessécher. Nous avons les yeux rivés sur la montre, au lieu de les avoir tournés vers le Seigneur ou vers nos frères. Nous risquons fort alors de malmener, et Dieu et nos frères.
Les lectures de ce jour nous invitent à retrouver notre vrai centre de gravité : le lieu où il nous faut nous attarder, nous reposer… Et ce lieu, c’est le Seigneur lui-même qui nous l’indique. Ce lieu, c’est nous-même comme peuple consacré par Dieu, peuple de qui Dieu veut faire son « domaine particulier » pour y demeurer. Ce lieu, c’est Jésus, doux et humble de cœur, en qui nous trouvons le repos lorsque nous l’écoutons et nous nous mettons à son école. Ce lieu, c’est Dieu lui-même en qui nous habitons lorsque nous aimons. Nous touchons là au mystère : nous sommes ce lieu où nous sommes appelés à demeurer et le Seigneur est ce lieu où nous sommes appelés à demeurer… Et ces deux lieux n’en font qu’un lorsque nous aimons. L’Amour reçu de notre Dieu et accueilli en nos cœurs, pour aimer à notre tour devient le foyer brûlant de notre rencontre avec Dieu. L’Amour reçu et donné devient notre vrai lieu. Là nous pouvons nous reposer vraiment, demeurer, être stable en nous-mêmes et en Dieu.
Devant un tel appel à demeurer dans l’Amour, notre vrai lieu, nous pouvons nous sentir bien petits, incapables, voire indignes. Regarder Jésus doux et humble de cœur, le contempler dans l’évangile sera notre sûre boussole. Nous pouvons apprendre de lui comment aimer. Et surtout, nous pouvons contempler en son cœur transpercé, comment son amour a été jusqu’à prendre sur lui tous nos manques d’amour, toutes nos cruautés et injustices. En Lui, désormais vivant et ressuscité, son cœur divin « plus humain et plus aimant que fut jamais le cœur d’un enfant de la terre » devient le Temple d’où s’écoule la source inépuisable de l’Amour. De son Cœur ouvert et généreux, nous pouvons recevoir la force d’aimer. Dans son Cœur humble et hospitalier, nous pouvons prendre place pécheur insolvable que nous sommes.
En cette eucharistie, en faisant mémoire de son cœur offert, donné et ouvert sur la Croix, pour sauver et guérir nos cœurs endurcis, accueillons la Source rafraichissante de son Amour.
Année A - Corps et Sang du Christ - 11/06/2023
(Dt , 2-3. 14b-16a – Ps 147 – 1Co 10, 16-17 – Jn 6, 51-58
Homélie du F. Jean-Louis
Frères et sœurs,
Ce dimanche, l’Église célèbre la solennité du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ. Après la Pentecôte (don de l’Esprit Saint) et la Sainte Trinité (Dieu en son intimité), et avant la solennité du Cœur du Christ (Amour du Christ pour nous), vendredi prochain, cette fête nous rappelle un autre aspect du mystère de l’Amour de notre Dieu qui demeure inépuisable : le don que le Christ nous fait de lui-même.
Cette fête nous rappelle en effet de ne pas oublier que le Corps du Christ est bien destiné à nous être offert pour être mangé et c’est ce que nous rappellent les lectures de ce dimanche où il est question de nourriture et de pain. La manne au désert pour le peuple d’Israël, le Christ pain vivant auquel nous avons tous part.
Traditionnellement, l’Église a vu dans la manne qui a nourri les Hébreux au désert, l’image de l’eucharistie, Corps du Christ offert en nourriture au peuple chrétien. La première lecture, tirée du Deutéronome, l’un des livres de la Torah, la Loi juive, fait mémoire de la longue marche au désert du peuple d’Israël, marche où le peuple a connu l’épreuve de la pauvreté, de la faim, pour savoir s’il allait garder les commandements de Dieu ou non. Pourquoi cette mémoire ? Eh bien parce qu’à l’époque du Deutéronome, au 7e s. avant le Christ, Israël vit dans l’abondance et la prospérité et que la tentation, que notre société connaît bien, était alors d’attribuer cette prospérité à ses propres forces, à son travail et non plus à Dieu. D’où une certaine désaffection à l’égard de la pratique de la Loi et notamment de l’attention aux plus pauvres. Ce passage rappelle qu’Israël tient sa vie, sa prospérité de Dieu, de sa Parole transmise par les prophètes et pas seulement du pain que le peuple mange désormais à satiété, sauf les plus pauvres. À un peuple qui risque de devenir imbu de lui-même, l’auteur du Deutéronome rappelle qu’il a été jadis esclave en Égypte et que c’est Dieu qui l’a libéré et conduit à travers le désert brûlant en lui procurant la manne et l’eau jaillie du rocher. La manne, nourriture divine.
Le lien a vite été fait par la tradition chrétienne entre cette manne et le pain vivant, descendu du ciel, l’eucharistie, Corps du Christ. Et là, il faut bien reconnaître que le Christ y va fort. Alors que pour un Juif, le sang ne peut se boire et encore moins la chair humaine se manger, Jésus annonce que pour avoir la vie, il faut manger sa chair et boire son sang. C’est vraiment intolérable. Et le Christ va plus loin encore en disant que la manne au désert, pourtant nourriture venant du ciel, n’a pas empêché les pères de mourir alors que manger le pain qu’est le Christ donnera la vie éternelle. Nous sommes, dans ce récit, avant la Cène et avant la Passion. Faut-il s’étonner de l’incompréhension des auditeurs du Christ ?
Saint Paul, pour sa part, est le témoin de la foi des chrétiens dans la communion au Corps et au Sang du Christ qui fait de la multitude des croyants au Christ un seul corps, l’Église, puisque tous communient au seul et même pain, le Corps du Christ.
Frères et sœurs, la prière d’ouverture de la messe nous a rappelé que le sacrement du Corps et du Sang du Christ est vraiment mémorial, présence, de cet événement fondateur du christianisme : la mort et la résurrection du Christ. Chaque fois que nous célébrons l’eucharistie, en effet, nous sommes rendus contemporains de cette action de Salut de Dieu et vénérer le Corps et le Sang du Christ nous permet de goûter le fruit de ce Salut éternel offert gratuitement.
La première lecture nous a remis en mémoire que c’est Dieu qui est le cœur de nos vies, que nous lui devons tout et qu’il est important de veiller à ce que l’aisance matérielle ne nous fasse pas oublier l’importance de sa Parole comme nourriture quotidienne. Nous le savons bien, prospérité et oubli de Dieu vont souvent de pair. Comment rester vigilant dans notre vie de tous les jours ? Comment, en écoutant l’évangile, ne pas oublier que le Christ a affirmé qu’il est vraie nourriture et vraie boisson ? Il est la vie éternelle qui nous est offerte dès ce monde. Célébrer la solennité d’aujourd’hui peut nous le remettre à l’esprit et au cœur.
Mais saint Paul nous avertit. Il ne s’agit pas de recevoir le Corps du Christ uniquement pour nous, individuellement. La célébration de la messe, la communion au Corps du Christ, ce n’est pas seulement pour moi-même, pour mon bien spirituel, même si c’est vrai, mais c’est aussi pour former, tous ensemble, le même corps, l’Église, qui est Corps du Christ. Et former ensemble le Corps du Christ a des conséquences sur notre vie concrète. Nous le savons bien, le manque d’attention fraternelle est souvent un repoussoir pour nombre de personnes qui voient vivre les chrétiens. Il y a réellement un témoignage à donner et pas seulement des vérités à dire. Nos eucharisties ne doivent pas rayonner que par la beauté des rites mais surtout par la charité qu’elles créent entre nous et envers tous.
La préface que je chanterai tout à l’heure au début de la prière eucharistique nous rappelle le dernier repas du Christ avec ses apôtres, le Jeudi saint, veille de sa passion. Elle nous dit aussi l’importance de faire connaître à la famille humaine tout entière la lumière de la foi vécue dans une même charité. Nous retrouvons la foi vécue dans le quotidien. Il s’agit aussi d’être peu à peu imprégnés par la grâce de Dieu et transformés à l’image de ce que nous serons au ciel, dans la vie éternelle, ce que nous dira la prière après la communion : dès maintenant, en communiant au Corps du Christ, nous goûtons pleinement, dans notre temps, à la vie divine à laquelle toute l’humanité est appelée. Il ne s’agit pas de nous évader du présent mais d’y œuvrer à faire connaître l’action du Christ et de l’Esprit en notre monde.
La prière après la communion nous rappellera que la communion au Corps et au sang du Christ préfigure dans le temps la vie divine dans l’éternité. En sommes-nous vraiment conscients ? Passé, présent et futur sont donc réunis en cette fête.
Ainsi, la liturgie de ce jour nous invite à remettre le Christ au centre de notre vie, à reprendre conscience que nous sommes invités par Dieu, à former un seul Corps, une seule Église dans l’Esprit Saint et à témoigner du bonheur qu’il y a à se savoir aimés à la folie par un Dieu qui a été jusqu’à offrir sa vie pour l’humanité tout entière. Frères et sœurs, il est essentiel que le message du Christ soit connu toujours davantage car nos contemporains ont besoin de se savoir aimés et sauvés sans condition.
AMEN
Année A - Fête de la ste Trinité - 4 juin 2023 -
Ex 34 4-9 ; 2 Co 13 11-13 ; Jn 3 16-18 ;
Homélie du F. Vincent
Une personne que je rencontrais récemment me disait :« Ma foi, c'est que Dieu est Amour, tout est là ». Le Mystère Trinitaire que nous fêtons aujourd'hui, ce n'est pas autre chose.
Ce Mystère d'Amour trinitaire c'est d'abord celui du Père "source de toute paternité au ciel et sur la terre" comme dit St Paul aux Ephésiens, mystère du Père qui aime son Fils lui donnant vie et exprimant envers Lui un Amour infini qui dit toute sa richesse. "Le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu'il fait" dit St Jean.
La richesse de Dieu se dit toute entière dans son extase, dans sa "sortie de soi" en direction du Fils de son Amour. Le mystère de Dieu, c'est le mystère d'un don total, d'une totale et éternelle remise de soi. Cette "génération" du Fils, cet "engendrement" du Fils fait partie du mystère de Dieu-même; elle ne lui est pas surajoutée et notre Dieu ne pourrait être dit sans elle.
Dieu est tellement Amour qu'il ne saurait dire son Être, dire ce qu'il est, de meilleure manière qu'en engendrant un Fils, éternel comme lui, Dieu comme lui, en toute chose semblable à lui, tout en recevant tout de lui.
Le mystère fondamental de notre Dieu, c'est celui de ce don total de l'Amour, de ce caractère plénier de l'Amour.
Dieu Père aime son Fils et se donne totalement à lui en lui donnant l'Esprit de leur Amour commun. Il lui donne absolument tout: sa vie, sa divinité, ET cette force d'aimer qui le fait aimer lui-même. Il lui donne ce dynamisme d'Amour qui le fait lui-même aimer, et qui est son Esprit. Le Père donne au Fils de l'aimer avec l'Amour même qu'Il reçoit.
Mais regardons aussi le Fils, mais contemplons aussi l'Amour du Fils pour le Père, le merveilleux retour à sa source de l'Amour absolu. C'est ce mouvement là que nous aurons à vivre à notre tour, et c'est pourquoi il est si important d'en parler.
Le Fils aime le Père avec vraiment toute sa force, tout son cœur, toute son intelligence. Et c'est ce que nous voyons vivre à Jésus, le Fils fait homme. Si quelqu'un a jamais aimé le Père autant qu'il le mérite et avec la force même avec laquelle le Père aime, c'est bien Jésus. Jésus qui nous dit la plénitude et la beauté de son amour du Père: "Je fais toujours son bon plaisir", ( Jn 8,29). "Ma nourriture c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre", (Jn 4, 34).
Jésus révèle là tout son mystère, tout son être de Fils : aimer le Père, la volonté du Père. Jésus dit là toute sa force et sa raison de vivre. Et cette volonté aimée du Père se traduit pour Jésus par une vie simple, merveilleusement unifiée à l'image de la profonde unité d'Amour qui règne en Dieu.
Mystère de simplicité et de beauté sans aucune note discordante ni aucune ombre mauvaise ou gênante. Il n'y a que la simplicité de cet échange d'Amour où tout ce qui est reçu est rendu.
Prenons-nous assez le temps de nous laisser envelopper de cet amour rayonnant? prenons-nous assez le temps de nous laisser envahir par cet amour trinitaire qui est silence, qui est Paix et Joie dans l'Esprit Saint?
Le Père aime sans cesse le Fils et se donne à lui dans une plénitude qui ne se reprend jamais. Le Fils silencieusement accueille ce don et se donne pleinement en retour.
Il n'y a en eux nulle crainte que cet échange d'Amour s'épuise et se modifie puisqu'il est Amour divin : c'est vraiment la Paix et la Joie! Simplement, le Fils est là et il accepte cet Amour insondable. Il répond à cet Amour par un don total de soi: Paix et Joie! Amour, Paix, Joie qui sont les trois premiers fruits de l'Esprit selon l'épître aux Galates. Et ce n'est pas un hasard, car où l'Esprit donne-t-il ses fruits si ce n'est d'abord dans le Père et le Fils?
Dieu lui, est Paix et il communique à l'homme qui se laisse envahir par lui, quelque chose de sa Paix profonde.
Sa Parole fondatrice au Fils: "Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur", le Père la dit véritablement au cœur de chacun d'entre nous.
On pourrait encore longtemps parler de ce mystère du Dieu Amour. Retenons déjà que Dieu est Amour et que c'est à cet Amour-là qu'il nous fait participer. (sources diverses)
année A - PENTECÔTE 28 mai 2023
Ac 2,1-11; 1 Co 12, 3b7.12-13 ; Jn 20, 19-23
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs,
Dans la seconde lecture, nous entendions st Paul affirmer : « Personne n’est capable de dire : ‘Jésus est Seigneur’ sinon dans l’Esprit Saint ». Être capable de : voilà quelque chose qui nous intéresse particulièrement. Nous aimons être capable d’agir ou de parler. Nous sommes heureux quand nous pouvons développer de nouvelles capacités de faire, quand nous pouvons déployer de nouvelles énergies pour nous-mêmes et pour les autres. Si dans notre monde, ces capacités nouvelles sont souvent le fait de techniques ou de nouvelles connaissances de soi et du monde, ce matin, st Paul nous dit que nous pouvons encore compter sur un autre secours, l’Esprit Saint. Il nous rend aussi capable de plus. Capable de quoi ? De dire des choses « Jésus est Seigneur » ou de faire des choses en vue du bien de tous, au service de l’unité entre les hommes. En parcourant aussi les autres lectures, nous voyons l’Esprit Saint rendre les disciples de Jésus capables de parler en d’autres langues, simples galiléens qu’ils étaient. Et dans l’évangile, Jésus en soufflant l’Esprit sur les apôtres, les rend capables de remettre les péchés…
Arrêtons-nous sur chacun de ces aspects de l’action de l’Esprit Saint qui rend capable de choses auxquelles les disciples n’auraient sûrement jamais pensé.
Tout d’abord, l’Esprit rend capable de dire « Jésus est Seigneur ». Cette affirmation peut peut-être nous surprendre, nous chrétiens qui avons si souvent sur nos lèvres ce mot de « Seigneur » pour parler de Jésus. Il nous semble que cela est tout simple et que cela ne nous demande pas un effort ou une attention particulière de dire « Jésus est Seigneur ». En fait, pour Paul et ses contemporains, cette affirmation était inouïe : attribuer à un homme le nom de « Seigneur », c’était lui donner le nom même de Dieu, révélé à Moïse. Le nom imprononçable de Dieu, transcrit en Adonaï, et traduit en grec par Kyrios, et en français par Seigneur. Dire « Jésus est Seigneur », c’est affirmer que l’homme Jésus que tous ont vu mourir sur une croix, comme abandonné par Dieu, participe aujourd’hui à la Gloire de Dieu. Jésus qui était mort, est non seulement vivant, mais il partage la vie même de Dieu. Pour les juifs pratiquants, ceci était tout simplement inaudible et scandaleux. Paul a alors raison de dire, qu’il nous faut le secours de l’Esprit de Dieu. Nous avons besoin d’une lumière autre, une lumière divine qui nous fasse comprendre qu’élever ainsi l’homme Jésus, méprisé de tous, à la dignité de Dieu, n’est en rien blasphématoire vis-à-vis de Dieu. L’Esprit Saint vient au secours de notre étroitesse d’esprit. Il nous fait entrevoir combien Dieu en son mystère infini s’est lié de façon unique à notre humanité. A travers Jésus son Fils, venu en notre chair, mort pour nous et ressuscité dans la vie divine, Dieu a voulu, et se rapprocher de nous, et nous rapprocher de Lui. Laissons-nous éclairer dans notre foi. Osons aller plus loin sous la conduite de l’Esprit dans la compréhension de notre foi.
L’Esprit rend encore capable les disciples, au jour de la Pentecôte, de parler de nombreuses langues qui les font être compris par de nombreux étrangers alors présents à Jérusalem. De façon imagée, ce récit nous fait comprendre combien le don de l’Esprit Saint, cette force divine, est communicative et source de communion. Investi par Lui, les apôtres deviennent capables d’aller à la rencontre de tous et d’être entendu par des personnes aux cultures et aux langages si différents. Le don de l’Esprit peut être considéré comme le trait d’union entre ces personnes aux origines si diverses. Il entraine les uns à aller vers les autres. Et il rend capable ces derniers de recevoir le message la Bonne Nouvelle de Jésus Ressuscité et Seigneur qui leur est adressé. Ici, nous pouvons entendre pour nous, comme une assurance qui nous est offerte : le don de l’Esprit nous a été fait, et il nous est fait encore aujourd’hui pour aller à la rencontre des autres. Sachons le reconnaitre, sachons l’écouter et le laisser nous conduire, à travers ces mouvements intérieurs qu’il nous suggère. Faisons lui confiance malgré nous peurs ou réticences.
L’Esprit rend enfin les disciples capables de remettre les péchés. Remettre les péchés est le privilège de Dieu. Jésus dans l’évangile a surpris en s’arrogeant ce privilège. Est apparue alors combien son autorité lui venait d’un Autre que lui. Jésus désire que l’œuvre de salut et de délivrance du péché se poursuive. Par le don de l’Esprit, ses disciples sont investis de ce pouvoir de remettre les péchés au nom de Dieu. Ici, nous pouvons entendre avec gratitude ce don précieux fait à notre Eglise de pouvoir offrir le pardon de Dieu à travers la confession ou le sacrement de la réconciliation. Nous sommes convoqués à regarder avec foi ce sacrement, à travers lequel l’Esprit est donné qui nous libère de notre péché. Revenons avec confiance vers ce sacrement, pour nous laisser réconcilier avec Dieu en profondeur. Son Esprit de vie et de libération nous est offert.
Année A - 21 mai 2023 -- 7ème dimanche de Pâques
Actes 1, 12-14; 1 Pierre 4,13-16; Jean 17,1-11
Homélie du F. Damase
Pâques, l’Ascension, la Pentecôte célèbrent un seul et même mystère
diffracté en une triple célébration,
[comme un unique rayon lumineux se multiplie en traversant un prisme],
et nous, nous nous préparons, en ce 7 °dimanche de Pâques
à célébrer la 3° étape dimanche prochain :
le don de l’Esprit Saint fait à l’humanité, à la Pentecôte
L’Évangile de Jean est construit, autour de la glorification du Fils,
et l'apothéose de tout l'Évangile se trouve dans l’acte sacerdotal de Jésus, - dans le don de sa vie fait par Jésus sur la croix -.
Le texte que nous venons d’écouter,
nous donne sa prière sacerdotale.
Sur le point de mourir, Jésus jette un regard sur son passé.
Toute sa vie se résume en une seule et même réalité :
la glorification de son Père et la glorification progressive de l'humanité.
La raison de sa venue a été
d'apporter aux hommes et aux femmes, la vie en plénitude,
d'infuser la vie divine dans la texture même de leur existence quotidienne.
Cette longue prière prononcée par Jésus, quelques heures avant sa mort,
prend un sens nouveau,
quand elle est lue entre l'Ascension et la Pentecôte.
Cet Évangile nous amène à voir
que le mystère pascal du Christ a une valeur permanente
pour l'Église de tous les temps.
L'Esprit continue dans la passion de l'humanité et de l'Église le rôle
qu'il a joué dans la Passion du Christ.
Il devient le "Paraclet", l'avocat,
qui fait voir comment se réalise le salut de Dieu sur l'humanité.
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La lettre de Pierre, d’où est tirée la deuxième lecture, a été écrite
à une époque où les Chrétiens étaient persécutés.
Pierre leur rappelle que s’ils souffrent parce qu’ils sont Chrétiens,
ils doivent s’en réjouir, et cela pour deux raisons.
Tout d’abord parce qu’ainsi ils communient aux souffrances du Christ
et que, d’autre part, cela leur vaudra d’être dans la joie et l’allégresse
le jour où la gloire du Christ se manifestera.
Les Actes des Martyrs de l’Église primitive nous donnent
de nombreux exemples d’hommes et de femmes
allant joyeusement à la mort par fidélité au Christ.
Où pouvaient-ils bien puiser leur force et leur courage ?
Ils puisaient ce courage et cette force dans leur foi au Christ, bien entendu,
mais dans une foi partagée en Église.
C’est leur appartenance à une communauté de croyants
qui donnait cette force à leur foi.
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Et cette communauté de croyants trouvait son unité et sa cohésion dans la prière.
N’oublions pas la première lecture tirée du livre des Actes :
« Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus, et avec ses frères ».
N’est-ce pas là la dimension essentielle de l’Église
à laquelle le Pape François nous invite en convoquant le synode sur la synodalité :
- devenir une communauté unie dans la prière - ?
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La joie pascale est une joie réaliste.
Elle n'est pas un naïf enthousiasme de printemps, oublieux de l'hiver.
Souvent, durant le Temps Pascal,
la Liturgie de la Parole nous rappelle les difficultés de la condition humaine - une condition humaine qui continue, hélas,
de choisir souvent la mort contre la vie.
Comme si les tragédies naturelles,
comme la sécheresse ou les inondations actuelles ne suffisaient pas,
nous y ajoutons le drame de la guerre.
Ainsi durant la Pâque, le Vendredi Saint se continue.
La mort sur la croix reste toujours présente,
mais comme une ouverture sur la vie,
une vie qui doit être choisie,
une victoire qui ne peut être achevée que dans l'amour et par la prière .
595 mots
Année A - ASCENSION DU SEIGNEUR -
18 mai 2023
Ac 1, 1-11; Ep 1, 17-23; Mt 28, 16-20
Homélie du Père Abbé Luc
Frères et sœurs
Ce jour de fête de l’Ascension du Seigneur n’est pas seulement la célébration d’un évènement passé, mais le mémorial d’un mystère toujours à l’œuvre. L’Ascension du Seigneur qui a eu lieu il y a 2000 ans, séparant Jésus Ressuscité du regard de ses disciples, est toujours à l’œuvre dans l’Eglise qui est son corps. Nous, les membres du corps du Christ, nous sommes en quelque sorte en Ascension, en montée vers le Ciel, vers notre destinée finale. Les textes et les oraisons de ce jour veulent nous aider à comprendre ce mystère.
Entre la première lecture et l’évangile qui nous relatent les derniers instants de Jésus donnant ses ultimes paroles aux disciples, nous avons entendu Paul priant Dieu d’éclairer les Ephésiens, à qui il s’adresse, sur les conséquences pour leur vie de l’Ascension de Jésus. Paul demande pour ses amis, et finalement pour chacun de nous, une grâce de lumière pour qu’ils sachent « quelle espérance nous ouvre l’appel de Dieu » et « quelle puissance incomparable Dieu déploie pour nous, les croyants ». Oui, depuis que Jésus Ressuscité est assis à la Droite du Père dans les cieux, quelque chose a changé pour nous les humains, une espérance nous est offerte, et une puissance est à l’œuvre dans nos vies. Quelle espérance et quelle puissance, pouvons-nous reconnaitre avec les « yeux de notre cœur » alors que nous vivons dans notre monde tenté par le désespoir et hanté par le non-sens d’une auto destruction ?
Quelle espérance ? Et que change-t-elle pour nous ? Paul énonce cette espérance en parlant « de la gloire sans prix de l’héritage que vous partagez avec les fidèles ». La gloire sans prix de l’héritage… Avec Jésus assis près de Dieu son Père, notre espérance est grande car Lui qui partage notre humanité, nous « introduit déjà auprès du Père » comme nous l’avons prié eu début de cette eucharistie. « En lui notre nature humaine est déjà près de Dieu » comme nous prierons après la communion. Par notre baptême, nous croyons qu’un lien très étroit nous unit au Christ. Nous vivons en Lui et Lui en nous. Aussi tout ce qui le concerne, nous concerne. S’il est vivant et assis auprès de son Père, déjà nous le sommes avec lui, dans l’attente que cette union soit pleinement réalisée et manifestée. Avec Jésus Ressuscité, nous avons déjà part et nous aurons part pleinement à la Gloire de l’héritage sans prix : partager avec Lui, la vie des fils et fille dans l’amour de Dieu son Père et notre Père. Mais me direz-vous, que change cette espérance pour nous aujourd’hui ? Il me semble qu’elle change tout. Cette espérance nous laisse pressentir, et comprendre de plus en plus, ce qui a vraiment du poids dans nos existences. Mieux elle donne du poids à tout ce que nous pouvons faire, projeter, échanger, construire. Elle nous permet de discerner entre ce qui a vraiment du poids et ce qui n’en a pas vraiment. Au regard de la vie à venir qui sera une vie dans l’amour et la lumière, est-ce que cela vaut la peine de se battre pour des futilités, pour agrandir ses pouvoirs ou son territoire, pour du divertissement ou de l’évasion ?
Et cette Espérance nous permet de prendre au sérieux la Puissance qui à l’œuvre en nous les croyants. C’est le second point sur lequel Paul voulait attirer l’attention de ses interlocuteurs. Par notre baptême, par l’eucharistie, désormais la vie et la puissance du Christ Ressuscité nous sont communiquées. Par son Esprit offert, une vie puissante est déjà à l’œuvre dans nos existences. « C’est l’énergie, la force, la vigueur que Dieu a mise en œuvre dans le Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts et fait asseoir à sa droite ». Notre humanité est prise et soulevée par la puissance de l’amour de Dieu, qui désire la relever de la mort comme il l’a fait pour son Fils. Oui frères et sœurs, il nous faut demander cette grâce de reconnaitre cette énergie, cette force et cette vigueur déjà à l’œuvre dans nos vies. Peut-être l’oublions-nous trop facilement ? ou bien la cherchons-nous dans une énergie ou une force trop humaine qui nous donnerait du pouvoir et nous ouvrirait les portes de la facilité ? Comme pour Jésus ressuscité d’entre les morts, Dieu notre Père nous donne déjà et veut nous donner la force de sortir de nos lieux de mort où l’amour est absent. Il désire nous offrir l’énergie de la joie et de la paix pour porter les fardeaux dont le poids peut nous décourager. Face aux adversités, il met à notre disposition sa vigueur, afin que le mal n’ait jamais raison de notre foi et de notre charité.
Frères et sœurs que cette eucharistie, qui nous plonge dans le mystère du Christ mort et ressuscité pour nous, vienne revivifier notre espérance, faire grandir notre énergie pour aimer et nourrir notre vigueur pour témoigner de notre foi.
Année A - 6ème dimanche de Pâques (14/05/2023)
(Actes 8,5-17 ; 1 P 3,15-18 ; Jean 14, 15-21)
Homélie par F.Guillaume
Frères et sœurs,
En ces jours où nous approchons de la fin du Temps Pascal, avec les fêtes de l’Ascension et de Pentecôte, la liturgie de ce 6ème dimanche de Pâques évoque plus intensément la réalité de l’Esprit Saint dans les textes que nous venons d’entendre.
Avec la 1ère lecture tirée des Actes nous assistons à l’évangélisation de la Samarie non pas par un apôtre (un des 12) mais par un diacre, Philippe. Ce qui est étonnant, puisque dimanche dernier on avait appris que les diacres avaient été institués pour le service des tables et non pour celui de la parole ou de la prédication, réservé aux apôtres. 7 hommes avaient été choisis, Etienne, Philippe et 5 autres, car ils étaient remplis d’Esprit Saint, de foi et de sagesse. Or le texte entendu aujourd’hui nous dit que l’Esprit Saint n’était pas encore descendu sur aucun des nouveaux chrétiens samaritains. Ainsi Philippe, pourtant rempli d’Esprit Saint ne proclamait que le Christ. Il ne baptisait que dans l’eau et il n’accomplissait des signes merveilleux qu’au Nom de Jésus. C’est seulement à la suite d’une visite apostolique de Pierre et Jean, venus de Jérusalem, que ces nouveaux chrétiens reçoivent eux aussi l’Esprit Saint, par l’imposition des mains et la prière.
Ces évènements de Samarie peuvent et doivent nous renvoyer à notre propre baptême. Tout baptême en effet, dans son rite liturgique associe à la fois l’eau, symbole de la plongée dans la mort et la résurrection du Christ, et à la fois le saint chrême, huile d’onction qui est la marque de l’Esprit Saint sur le nouveau baptisé.
La seconde lecture, par la bouche de Saint Pierre, exhorte les chrétiens à être prêts en tout moment, à défendre leur foi au Christ et à rendre raison de l’espérance qui est en eux. Témoigner du Christ, lui qui est l’Espérance de la Gloire de Dieu, selon une belle qualification de Saint Paul. Ce Christ, nous dit St Pierre dans sa lettre qui a été mis à mort dans sa chair, mais qui a été vivifié dans l’Esprit. Et l’Esprit Saint qui a ressuscité Jésus d’entre les morts avec puissance, nous ressuscitera noua aussi avec le Christ au dernier Jour. Il nous introduira auprès de Dieu avec lui dans la Gloire. C’est la notre bienheureuse espérance, l’avènement ou l’évènement que nous attendons, si vraiment nous recherchons les choses d’en-haut, là où se trouve le Christ, à la droite de son Père.
Et nous en arrivons à la page du 4ème évangile, extraite des derniers entretiens de Jésus avec ses disciples avant sa Passion. Il leur annonce son départ, ce qui veut dire en clair sa mort prochaine, et son retour auprès d’eux, mais d’une toute autre manière, ce qui est moins clair pour eux. Ce sera le don de l’Esprit Paraclet, Esprit de Vérité et d’amour qui sera désormais non seulement à leur côté, mais qui demeurera en eux, au plus profond de leur cœur.
Réalité non pas abstraite, intellectuelle et extérieure, mais une personne à part entière qui procède du Père et du Fils. Elle est Seigneur et elle donne la vie, communicant l’amour. Elle mérite même Gloire et même adoration que le Père et le Fils.
Il nous revient alors, frères et sœurs, de reconnaître cette action de l’Esprit Saint qui habite en nos cœurs, de le laisser répandre en nous ses grâces de foi et d’espérance. Cela n’est pas toujours évident, ni facile, nous en faisons l’expérience, car l’Esprit, comme le dit si fortement Saint Paul, s’oppose à la chair, c’est-à-dire à nos tendances égoïstes naturelles. Notre cœur est très souvent le siège d’un combat qui peut être féroce et implacable contre le Malin. Notre volonté et notre liberté sont totalement engagées dans le consentement à l’action de l’Esprit en nous. Mais nous croyons dans notre foi au Christ, qu’il peut déployer son fruit sous les formes multiples de la joie, de la paix, de la douceur, de la patience, de la bienveillance, de la confiance et de la maîtrise de nous-mêmes. Oui, cela est possible car l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné.
Le Temps Pascal, le temps de la résurrection est celui du réconfort pour notre foi. Il est la source de notre assurance pour témoigner de notre espérance dans un monde inquiet, fragile voire tragique par bien des aspects. Il nous oblige à ne pas nous décourager, mais à tenir bon avec douceur et respect devant ceux qui ne partagent pas notre foi, ni notre espérance.
En terminant ces quelques propos sur l’Esprit Saint, j’aimerais nous inviter à tirer profit de ces derniers jours du Temps Pascal pour prier davantage et de façon plus directe, cette 3ème Personne de la Trinité, si jamais nous nous adressons plus habituellement à Dieu Notre Père et à Jésus-Christ, Notre Seigneur. Pourquoi ne pas nous aider avec les belles et riches hymnes de la liturgie, ancienne et nouvelle que nous trouverons facilement dans nos Magnificat ou nos Prions en Eglise. Je vous propose les versets de la séquence du dimanche de Pentecôte :
« Viens Esprit Saint en nos cœurs, consolateur souverain, adoucissante fraîcheur, lumière bienheureuse, dans le labeur, le repos, lave ce qui est souillé, guéris ce qui est blessé, assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rend droit ce qui est faussé. Donne tes sept dons sacrés, donne le salut final, donne la joie pérenne et éternelle. » AMEN
Année A - 5e dim de Pâques - 7 ma i2023
Ac 6/1-7, 1Pi 2/4-9, Jn 14/1-12.
Homélie du F. Cyprien
« Acclamons la Parole de Dieu ! » bis…
Alors Dieu nous a parlé ? Et nous avons entendu la parole de Dieu ?
Nous avons entendu des mots et des phrases, nous croyons qu’à travers ces mots et ces phrases il y a eu, il y a entre Dieu et nous une relation, une proximité… Foi de croyants, nous croyons que cette proximité elle est d’abord voulue par Lui.
Si nous avons écouté… avec toute la foi que nous voulions y mettre, peut-être cela va changer beaucoup de choses pour chacun, pour chacune d’entre nous.
…Et curieusement nous avons entendu les mêmes mots, les mêmes phrases et …nous ne repartirons pas avec le même trésor pour notre vie chrétienne : l’œuvre de l’Esprit du Christ, le Saint-Esprit, c’est de nous conduire comme il veut et où il veut. Il veut nous faire grandir dans la liberté intérieure, nous rendre responsable de nos actes, responsables de notre démarche de foi.
« Allez vers le Seigneur, il est la pierre vivante… Vous aussi soyez des pierres vivantes, …vous qui avez la foi …»
Personne ne va vers le Père sans passer par moi : je suis le Chemin, la Vérité et la Vie.
Dès maintenant vous connaissez le Père et vous l’avez vu ».
« Celui qui écoute mes paroles et croit en Celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle. Il ne sera pas condamné, mais il est déjà passé de la mort à la vie ».
Oui, la vie chrétienne est une vie, comme toute vie, reliée à d’autres personnes. Et la personne avec laquelle nous voulons vivre depuis notre baptême, c’est le Christ, Jésus ressuscité, le Vivant pour toujours.
Avant de considérer la foi chrétienne comme une religion, elle est la promesse réalisée aujourd’hui par Dieu de ce qui était annoncé depuis Abraham, Moïse et les prophètes. Nouveauté absolue, commencement de ce que Dieu avait préparé.
Le nouveau baptisé devient aujourd’hui membre du Christ vivant ressuscité, foi en Celui qui a promis de faire toutes choses nouvelles, Dieu qui opère dans les cœurs ces retournements qu’on appelle conversions…
Foi en Dieu //du chrétien « foi bien plus précieuse que l’or » …où nous aimons « Jésus sans l’avoir vu, en qui nous croyons sans le voir encore ».
Si notre vie chrétienne n’était qu’une obéissance à des règles et des préceptes, nous serions très malheureux …malheureux les gens qui croiraient être de bons chrétiens, parce qu’ils croient faire – à peu près ce que les « commandements » leur demandent.
MAIS frères et sœurs !! la foi culbute les montagnes, l’espérance nie l’impossible, la charité fait flamber la terre, y croyons-nous ? Cette énergie de la foi vivante, de l’espérance et de la charité active, c’est la vie nouvelle inaugurée au matin de Pâques par Jésus le crucifié : Il s’est levé vainqueur de tout mal, vainqueur de toute mort.
Pour les catéchumènes c’est la découverte du Christ : Jésus dans leur vie, Jésus qui change le cours des choses… leur intelligence s’ouvrant à la grâce, leur cœur s’ouvrant à un Amour … Amour de Dieu qui les attendait depuis toujours.
Sœurs, frères, l’assurance des premiers disciples qui ont prêché le matin de Pentecôte, c’est l’énergie que met, au coeur du croyant, l’Esprit de Dieu venant remplir l’univers.
Saint Pierre écrivait (c’est la seconde lecture) : « Vous aussi soyez des pierres vivantes » et Jésus dans l’Evangile :
« …Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi ».
F. et Srs, gardons les paroles de Jésus, méditons-les pour nous en nourrir : « Oui, vraiment je vous le dis : celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes, puisque je pars vers le Père ».
Celui qui écoute mes paroles et croit en Celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle. Il ne sera pas condamné, il est déjà passé de la mort à la vie.
Bon dimanche !
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Entrée
Tout homme, toute femme a besoin de donner sens à sa vie.
Nous, nous sommes venus „à la messe“, comme on disait et qu’on dit encore, célébration définie par le mot de la fin : „Allez“ „Ite, missa est“ en latin, …„Partez, je vous envoie“.
Si Jésus est l’envoyé du Père, les baptisés sont les envoyés du Père et du Fils dans l’Esprit qui les anime : notre célébration est une étape dans cette mission : le monde a besoin de l’espérance chrétienne… Donner l’espérance au monde : „Jésus est le Chemin, la Vérité et la Vie“
Préparons-nous …
année A - 4e dimanche TP, 30 avril2023
Ac 2, 14.36-41 ; 1 P 2, 20-25 ; Jn 10, 1-10
Homélie du F. Charles
« Je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance »
Nous retrouvons en ce dimanche l’image familière des brebis et du berger. Une image que la Bible décline de mille et une manière pour dire l’amour plein d’attention et de douceur du Seigneur pour son peuple, et pour chacun en particulier.
Mais dans l’évangile que nous venons d’entendre, Jésus reprend cette figure dans une perspective assez inhabituelle. Nous sommes loin de l’histoire de la brebis égarée que le berger ramène sur ses épaules ; aujourd’hui toutes les brebis se tiennent là, bien tranquilles, dans l’enclos. Que leur manque-t-il donc ? Il leur manque, précisément, que le berger ouvre la porte, les fasse sortir, les mène au large.
Mais de quel enclos faudrait-il donc sortir ? S. Jean précise que « Jésus employa cette image pour s’adresser aux pharisiens ». L’enclos donc, c’est peut-être une certaine conception des lois, de la foi et de la vie, une certaine conception de l’Église qui, loin d’ouvrir au monde, parque, enferme, resserre. Nous cherchons tous, plus ou moins, des murs qui nous protègent de l’angoisse de vivre dans un monde qui semble trop grand, des murs qui nous épargnent la confrontation à la complexité du réel, à ce qui échappe à notre maîtrise. Alors nous construisons des enclos à notre mesure, enclos intérieurs d’abord, enclos idéologiques, spirituels, moraux, que nous partageons avec quelques autres dans un entre-soi étroit, fermé.
Mais ce qui semblait d’abord un espace sûr, rassurant, est un lieu, nous dit Jésus, où « voleurs » et « bandits » entrent tôt ou tard pour « voler, égorger, faire périr ». Un monde sans porte est un monde dangereux, qu’il s’agisse du monde de notre cœur, de nos familles, de nos communautés, de l’Église. Les brebis, certes, ont besoin d’un abri, de lieux sûrs et familiers, mais elles ne doivent pas s’y enfermer : une porte doit leur permettre, comme le dit Jésus, « d’entrer » et « sortir ».
Alors le Seigneur nous présente aujourd’hui ce que le pape François appelle une « Église en sortie », il nous propose de sortir avec des enclos de notre cœur, d’entendre sa voix pour le suivre sur des chemins que nous ne connaissons pas.
Cette « Église en sortie », ce « cœur en sortie », n’est pas une Église en débandade. Il ne s’agit pas de devenir des brebis errantes, sans berger, mais d’être avec le Seigneur Jésus, d’obéir aux exigences de la liberté de son amour, de découvrir que la foi n’est pas un enclos de certitudes et de devoirs moraux, mais une marche où tant de choses sont à découvrir et à inventer au jour le jour. Il s’agit d’être des vivants, ce qui n’est jamais une solution de facilité, car le chemin connaît les ravins comme les eaux tranquilles nous a dit le psaume (Ps 22). Mais toujours le Seigneur est là : il nous guide et nous rassure, même si c’est en secret.
Penser la vie chrétienne, non comme un enclos de contention intellectuelle et morale, mais comme une marche, c’est en faire une humble histoire, qui progresse pas à pas, qui connaît aussi les échecs, les chutes, les doutes, et pourtant continue d’avancer, non pas dans une perfection de toute façon hors de portée, mais dans la foi, dans l’espérance, dans l’amour.
Et cela nous libère de la logique de l’enclos qui repose sur une alternative sans histoire ni espérance : « y être » ou « n’y être pas ». Logique clivante où s’enferment ceux qui se rengorgent d’habiter l’enclos et de s’en faire les gardiens, mais qui risque surtout de décourager les humbles, les pauvres, les pécheurs que le Seigneur appelle les premiers, et qui se savent en dehors de cet enclos de perfection. C’est là pourtant, au-dehors, qu’ils peuvent rejoindre le troupeau « en sortie » de ceux qui consentent à être, humblement, en chemin.
Demandons aujourd’hui au Seigneur la grâce de quitter les enclos de notre cœur, d’entendre sa voix qui nous met en marche. Demandons-lui encore d’être pour nos frères et sœurs en humanité comme un écho de cette voix, d’être pour eux une porte plutôt qu’un mur, une porte qui les aide à s’ouvrir au-delà de soi pour se donner et se recevoir dans l’amour.
3e dimanche de Pâques - Année A – 23 mai 2023
Ac 2, 14.22b-33 – Ps 15 – 1 P 1, 17-21 – Lc 24, 13-35
Homélie du F. Hubert
Soir de Pâques, deux disciples s’éloignent de Jérusalem.
Déchirés de part en part.
Submergés. Anéantis. Sidérés.
Pendant trois ans,
Ils avaient vu Jésus guérir, sauver,
Annoncer la parole de vie.
Ils espéraient que c’était lui qui allait délivrer Israël…
Et voici que les chefs l’ont livré et crucifié.
Supplice. Horreur. Déroute. Vacillement.
Mais voici que Jésus marche avec eux.
Il va remettre les choses à l’endroit et leur rendre l’espérance.
Ou plutôt convertir leur regard.
Ils l’avaient suivi, ils l’avaient aimé, ils espéraient qu’il délivrerait Israël…
Mais leur espérance n’était pas encore ajustée au projet de Dieu :
« Mes pensées ne sont pas vos pensées ».
En leur expliquant les Ecritures, Jésus les emmène là où ils n’étaient pas encore parvenus :
à commencer de comprendre son mystère.
Le mystère de l’abaissement et de la glorification du Fils de l’homme.
Leur expliquant les Ecritures, il leur ouvre un chemin pour accorder leurs pensées à celles de Dieu.
« Ne fallait-il pas que le messie souffrît tout cela ?... »
L’Esprit, présent dans les Ecritures, et présent dans la parole de ce compagnon de route inconnu,
ne les fait pas accéder à la fin d’un cauchemar,
mais leur fait comprendre que l’échec de Jésus est sa victoire – et la victoire de Dieu,
et la victoire de l’humanité.
La Passion, ce n’est pas un échec :
c’est l’accomplissement de ce que Jésus avait annoncé :
« ceci est mon corps livré », « ceci est mon sang versé »
La Passion, c’est le don total de la Vie qui ne se reprend jamais, que rien et nul ne peut empêcher.
La Passion, c’est Dieu qui est avec nous jusque dans la mort, et la détruit pas sa présence.
Par sa présence et sa parole, Jésus introduit ses disciples dans le mystère du salut,
dans l’immensité de l’amour de Dieu pour l’homme.
Leurs cœurs deviennent brûlants, brûlants d’une présence, d’un amour.
Ils passent de la mort à la vie.
Une fois à table avec lui, leurs yeux s’ouvrent : les gestes de Jésus le révèlent, c’est lui !
Ce sont les gestes de celui qui a partagé le pain trois soirs plus tôt,
dans ce repas grave et mystérieux de la Pâque. Mêmes gestes, même présence. :
« ceci est mon corps livré ».
Il est là, vivant !
Dans la parole et le pain partagés, ils accèdent à la vérité,
ils comprennent de quel amour ils sont aimés,
et que rien désormais ne peut leur ôter la vie nouvelle que Jésus vivant leur offre sans mesure.
A l’instant même, ils se lèvent et retournent à Jérusalem pour annoncer la Bonne nouvelle,
car elle déborde, elle est pour tous ! Elle ne peut être tue.
Frères et sœurs, tout ce que je viens de dire se réalise pour nous aujourd’hui.
Le Christ nous donne les sacrements pour être aujourd’hui présent au milieu de nous.
Aujourd’hui, il nous explique les Ecritures,
aujourd’hui, il se donne à nous dans le pain et le vin consacrés par sa Parole.
« Si la Résurrection était pour nous un concept, une idée, une pensée, nous dit le pape François dans son Motu proprio Dedidero desideravi, si le Ressuscité était pour nous le souvenir du souvenir d’autres personnes, … s’il ne nous était pas donné la possibilité d’une vraie rencontre avec Lui, ce serait comme déclarer épuisée la nouveauté du Verbe fait chair. …
La foi chrétienne est soit une rencontre avec Lui vivant, soit elle n’existe pas.
La liturgie nous garantit la possibilité d’une telle rencontre. …
Dans l’Eucharistie et dans tous les Sacrements, nous avons la garantie de pouvoir rencontrer le Seigneur Jésus et d’être atteints par la puissance de son Mystère Pascal. La puissance salvatrice du sacrifice de Jésus, … nous parvient à travers la célébration des sacrements.…
En parfaite continuité avec l’Incarnation, en vertu de la présence et de l’action de l’Esprit,
la possibilité de mourir et de ressusciter dans le Christ nous est donnée. »
Il n’y a pas d’autre but à la célébration que nous sommes en train de vivre.
Frères et sœurs, je nous souhaite une vraie rencontre du Seigneur Jésus.