vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 07 mai 2023 — 5e dim. de Pâques — Frère Cyprien
Cycle : Année A
Info :

Année A - 5e dim de Pâques - 7 ma i2023

Ac 6/1-7, 1Pi 2/4-9, Jn 14/1-12.

Homélie du F. Cyprien

Texte :

« Acclamons la Parole de Dieu ! » bis…

Alors Dieu nous a parlé ? Et nous avons entendu la parole de Dieu ?

Nous avons entendu des mots et des phrases, nous croyons qu’à travers ces mots et ces phrases il y a eu, il y a entre Dieu et nous une relation, une proximité… Foi de croyants, nous croyons que cette proximité elle est d’abord voulue par Lui.

Si nous avons écouté… avec toute la foi que nous voulions y mettre, peut-être cela va changer beaucoup de choses pour chacun, pour chacune d’entre nous.

…Et curieusement nous avons entendu les mêmes mots, les mêmes phrases et …nous ne repartirons pas avec le même trésor pour notre vie chrétienne : l’œuvre de l’Esprit du Christ, le Saint-Esprit, c’est de nous conduire comme il veut et où il veut. Il veut nous faire grandir dans la liberté intérieure, nous rendre responsable de nos actes, responsables de notre démarche de foi.

« Allez vers le Seigneur, il est la pierre vivante… Vous aussi soyez des pierres vivantes, …vous qui avez la foi …»

Personne ne va vers le Père sans passer par moi : je suis le Chemin, la Vérité et la Vie.

Dès maintenant vous connaissez le Père et vous l’avez vu ».

« Celui qui écoute mes paroles et croit en Celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle. Il ne sera pas condamné, mais il est déjà passé de la mort à la vie ».

Oui, la vie chrétienne est une vie, comme toute vie, reliée à d’autres personnes. Et la personne avec laquelle nous voulons vivre depuis notre baptême, c’est le Christ, Jésus ressuscité, le Vivant pour toujours.

Avant de considérer la foi chrétienne comme une religion, elle est la promesse réalisée aujourd’hui par Dieu de ce qui était annoncé depuis Abraham, Moïse et les prophètes. Nouveauté absolue, commencement de ce que Dieu avait préparé.

Le nouveau baptisé devient aujourd’hui membre du Christ vivant ressuscité, foi en Celui qui a promis de faire toutes choses nouvelles, Dieu qui opère dans les cœurs ces retournements qu’on appelle conversions…

Foi en Dieu //du chrétien « foi bien plus précieuse que l’or » …où nous aimons « Jésus sans l’avoir vu, en qui nous croyons sans le voir encore ».

Si notre vie chrétienne n’était qu’une obéissance à des règles et des préceptes, nous serions très malheureux …malheureux les gens qui croiraient être de bons chrétiens, parce qu’ils croient faire – à peu près ce que les « commandements » leur demandent.

MAIS frères et sœurs !! la foi culbute les montagnes, l’espérance nie l’impossible, la charité fait flamber la terre, y croyons-nous ? Cette énergie de la foi vivante, de l’espérance et de la charité active, c’est la vie nouvelle inaugurée au matin de Pâques par Jésus le crucifié : Il s’est levé vainqueur de tout mal, vainqueur de toute mort.

Pour les catéchumènes c’est la découverte du Christ : Jésus dans leur vie, Jésus qui change le cours des choses… leur intelligence s’ouvrant à la grâce, leur cœur s’ouvrant à un Amour … Amour de Dieu qui les attendait depuis toujours.

Sœurs, frères, l’assurance des premiers disciples qui ont prêché le matin de Pentecôte, c’est l’énergie que met, au coeur du croyant, l’Esprit de Dieu venant remplir l’univers.

Saint Pierre écrivait (c’est la seconde lecture) : « Vous aussi soyez des pierres vivantes » et Jésus dans l’Evangile :

« …Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi ».

F. et Srs, gardons les paroles de Jésus, méditons-les pour nous en nourrir : « Oui, vraiment je vous le dis : celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes, puisque je pars vers le Père ».

Celui qui écoute mes paroles et croit en Celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle. Il ne sera pas condamné, il est déjà passé de la mort à la vie.

Bon dimanche !

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Entrée

Tout homme, toute femme a besoin de donner sens à sa vie.

Nous, nous sommes venus „à la messe“, comme on disait et qu’on dit encore, célébration définie par le mot de la fin : „Allez“ „Ite, missa est“ en latin, …„Partez, je vous envoie“.

Si Jésus est l’envoyé du Père, les baptisés sont les envoyés du Père et du Fils dans l’Esprit qui les anime : notre célébration est une étape dans cette mission : le monde a besoin de l’espérance chrétienne… Donner l’espérance au monde : „Jésus est le Chemin, la Vérité et la Vie“

Préparons-nous …

Homélie du 30 avril 2023 — 4e dim. de Pâques — Frère Charles Andreu
Cycle : Année A
Info :

année A - 4e dimanche TP, 30 avril2023

Ac 2, 14.36-41 ; 1 P 2, 20-25 ; Jn 10, 1-10

Homélie du F. Charles

Texte :

« Je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance »

Nous retrouvons en ce dimanche l’image familière des brebis et du berger. Une image que la Bible décline de mille et une manière pour dire l’amour plein d’attention et de douceur du Seigneur pour son peuple, et pour chacun en particulier.

Mais dans l’évangile que nous venons d’entendre, Jésus reprend cette figure dans une perspective assez inhabituelle. Nous sommes loin de l’histoire de la brebis égarée que le berger ramène sur ses épaules ; aujourd’hui toutes les brebis se tiennent là, bien tranquilles, dans l’enclos. Que leur manque-t-il donc ? Il leur manque, précisément, que le berger ouvre la porte, les fasse sortir, les mène au large.

Mais de quel enclos faudrait-il donc sortir ? S. Jean précise que « Jésus employa cette image pour s’adresser aux pharisiens ». L’enclos donc, c’est peut-être une certaine conception des lois, de la foi et de la vie, une certaine conception de l’Église qui, loin d’ouvrir au monde, parque, enferme, resserre. Nous cherchons tous, plus ou moins, des murs qui nous protègent de l’angoisse de vivre dans un monde qui semble trop grand, des murs qui nous épargnent la confrontation à la complexité du réel, à ce qui échappe à notre maîtrise. Alors nous construisons des enclos à notre mesure, enclos intérieurs d’abord, enclos idéologiques, spirituels, moraux, que nous partageons avec quelques autres dans un entre-soi étroit, fermé.

Mais ce qui semblait d’abord un espace sûr, rassurant, est un lieu, nous dit Jésus, où « voleurs » et « bandits » entrent tôt ou tard pour « voler, égorger, faire périr ». Un monde sans porte est un monde dangereux, qu’il s’agisse du monde de notre cœur, de nos familles, de nos communautés, de l’Église. Les brebis, certes, ont besoin d’un abri, de lieux sûrs et familiers, mais elles ne doivent pas s’y enfermer : une porte doit leur permettre, comme le dit Jésus, « d’entrer » et « sortir ».

Alors le Seigneur nous présente aujourd’hui ce que le pape François appelle une « Église en sortie », il nous propose de sortir avec des enclos de notre cœur, d’entendre sa voix pour le suivre sur des chemins que nous ne connaissons pas.

Cette « Église en sortie », ce « cœur en sortie », n’est pas une Église en débandade. Il ne s’agit pas de devenir des brebis errantes, sans berger, mais d’être avec le Seigneur Jésus, d’obéir aux exigences de la liberté de son amour, de découvrir que la foi n’est pas un enclos de certitudes et de devoirs moraux, mais une marche où tant de choses sont à découvrir et à inventer au jour le jour. Il s’agit d’être des vivants, ce qui n’est jamais une solution de facilité, car le chemin connaît les ravins comme les eaux tranquilles nous a dit le psaume (Ps 22). Mais toujours le Seigneur est là : il nous guide et nous rassure, même si c’est en secret.

Penser la vie chrétienne, non comme un enclos de contention intellectuelle et morale, mais comme une marche, c’est en faire une humble histoire, qui progresse pas à pas, qui connaît aussi les échecs, les chutes, les doutes, et pourtant continue d’avancer, non pas dans une perfection de toute façon hors de portée, mais dans la foi, dans l’espérance, dans l’amour.

Et cela nous libère de la logique de l’enclos qui repose sur une alternative sans histoire ni espérance : « y être » ou « n’y être pas ». Logique clivante où s’enferment ceux qui se rengorgent d’habiter l’enclos et de s’en faire les gardiens, mais qui risque surtout de décourager les humbles, les pauvres, les pécheurs que le Seigneur appelle les premiers, et qui se savent en dehors de cet enclos de perfection. C’est là pourtant, au-dehors, qu’ils peuvent rejoindre le troupeau « en sortie » de ceux qui consentent à être, humblement, en chemin.

Demandons aujourd’hui au Seigneur la grâce de quitter les enclos de notre cœur, d’entendre sa voix qui nous met en marche. Demandons-lui encore d’être pour nos frères et sœurs en humanité comme un écho de cette voix, d’être pour eux une porte plutôt qu’un mur, une porte qui les aide à s’ouvrir au-delà de soi pour se donner et se recevoir dans l’amour.

Homélie du 23 avril 2023 — 3e dim. de Pâques — Frère Hubert
Cycle : Année A
Info :

3e dimanche de Pâques - Année A – 23 mai 2023

Ac 2, 14.22b-33 – Ps 15 – 1 P 1, 17-21 – Lc 24, 13-35

Homélie du F. Hubert

Texte :

Soir de Pâques, deux disciples s’éloignent de Jérusalem.

Déchirés de part en part.

Submergés. Anéantis. Sidérés.

Pendant trois ans,

Ils avaient vu Jésus guérir, sauver,

Annoncer la parole de vie.

Ils espéraient que c’était lui qui allait délivrer Israël…

Et voici que les chefs l’ont livré et crucifié.

Supplice. Horreur. Déroute. Vacillement.

Mais voici que Jésus marche avec eux.

Il va remettre les choses à l’endroit et leur rendre l’espérance.

Ou plutôt convertir leur regard.

Ils l’avaient suivi, ils l’avaient aimé, ils espéraient qu’il délivrerait Israël…

Mais leur espérance n’était pas encore ajustée au projet de Dieu :

« Mes pensées ne sont pas vos pensées ».

En leur expliquant les Ecritures, Jésus les emmène là où ils n’étaient pas encore parvenus :

à commencer de comprendre son mystère.

Le mystère de l’abaissement et de la glorification du Fils de l’homme.

Leur expliquant les Ecritures, il leur ouvre un chemin pour accorder leurs pensées à celles de Dieu.

« Ne fallait-il pas que le messie souffrît tout cela ?... »

L’Esprit, présent dans les Ecritures, et présent dans la parole de ce compagnon de route inconnu,

ne les fait pas accéder à la fin d’un cauchemar,

mais leur fait comprendre que l’échec de Jésus est sa victoire – et la victoire de Dieu,

et la victoire de l’humanité.

La Passion, ce n’est pas un échec :

c’est l’accomplissement de ce que Jésus avait annoncé :

« ceci est mon corps livré », « ceci est mon sang versé »

La Passion, c’est le don total de la Vie qui ne se reprend jamais, que rien et nul ne peut empêcher.

La Passion, c’est Dieu qui est avec nous jusque dans la mort, et la détruit pas sa présence.

Par sa présence et sa parole, Jésus introduit ses disciples dans le mystère du salut,

dans l’immensité de l’amour de Dieu pour l’homme.

Leurs cœurs deviennent brûlants, brûlants d’une présence, d’un amour.

Ils passent de la mort à la vie.

Une fois à table avec lui, leurs yeux s’ouvrent : les gestes de Jésus le révèlent, c’est lui !

Ce sont les gestes de celui qui a partagé le pain trois soirs plus tôt,

dans ce repas grave et mystérieux de la Pâque. Mêmes gestes, même présence. :

« ceci est mon corps livré ».

Il est là, vivant !

Dans la parole et le pain partagés, ils accèdent à la vérité,

ils comprennent de quel amour ils sont aimés,

et que rien désormais ne peut leur ôter la vie nouvelle que Jésus vivant leur offre sans mesure.

A l’instant même, ils se lèvent et retournent à Jérusalem pour annoncer la Bonne nouvelle,

car elle déborde, elle est pour tous ! Elle ne peut être tue.

Frères et sœurs, tout ce que je viens de dire se réalise pour nous aujourd’hui.

Le Christ nous donne les sacrements pour être aujourd’hui présent au milieu de nous.

Aujourd’hui, il nous explique les Ecritures,

aujourd’hui, il se donne à nous dans le pain et le vin consacrés par sa Parole.

« Si la Résurrection était pour nous un concept, une idée, une pensée, nous dit le pape François dans son Motu proprio Dedidero desideravi, si le Ressuscité était pour nous le souvenir du souvenir d’autres personnes, … s’il ne nous était pas donné la possibilité d’une vraie rencontre avec Lui, ce serait comme déclarer épuisée la nouveauté du Verbe fait chair. …

La foi chrétienne est soit une rencontre avec Lui vivant, soit elle n’existe pas.

La liturgie nous garantit la possibilité d’une telle rencontre. …

Dans l’Eucharistie et dans tous les Sacrements, nous avons la garantie de pouvoir rencontrer le Seigneur Jésus et d’être atteints par la puissance de son Mystère Pascal. La puissance salvatrice du sacrifice de Jésus, … nous parvient à travers la célébration des sacrements.…

En parfaite continuité avec l’Incarnation, en vertu de la présence et de l’action de l’Esprit,

la possibilité de mourir et de ressusciter dans le Christ nous est donnée. »

Il n’y a pas d’autre but à la célébration que nous sommes en train de vivre.

Frères et sœurs, je nous souhaite une vraie rencontre du Seigneur Jésus.

Homélie du 16 avril 2023 — Dimanche de la Miséricorde — Frère Alain
Cycle : Année A
Info :

Année A - 2°dimanche de Pâques - 16 avril 2023

Act 2 42-47 ; 1 pet 1 2-9 ; Jn 20 19-31

Homélie du F. Alain

Texte :

L’évangile nous reporte d’abord à la première rencontre du Ressuscité avec le groupe des disciples, au soir de pâques. Après le dernier repas, l’arrestation au jardin des oliviers, la fuite des disciples, le regard de Jésus posé sur Pierre repentant. Au pied de la croix, aucun des Douze n’était présent, seulement les femmes et « le disciple que Jésus aimait ».

Quel choc pour les disciples quand la nouvelle est tombée : il est mort crucifié, son corps est dans un tombeau. Ils l’ont tous aimé… et tous abandonné, sans pouvoir lui dire maintenant leur souffrance. Ils n’ont pas cru au témoignage de Marie Madeleine, et ils sont derrière ces portes verrouillées, par crainte des juifs…

Or voici qu’il est là, soudain, au milieu d’eux, car les portes fermées ne sont plus pour lui un obstacle. Que va-t-il dire ? Aucun reproche, une seule parole : Shalom ! « La paix soit avec vous ! ». Ils sont sidérés. Le Christ leur montre ses mains et son côté. Quand leur joie peut éclater, il les envoie. Leur désertion était pardonnée d’avance. Il leur redit sa confiance, leur confie sa propre mission, en leur donnant l’Esprit Saint pour les accompagner sur leur chemin.

Mais Thomas, un des Douze, était absent le soir de pâques. Il avait tout quitté pour suivre Jésus de Nazareth. Dans son désarroi, il était resté à l’écart, puis avait refusé de croire au témoignage des autres disciples. Il voulait voir le Christ Jésus, surmonter son doute, et apaiser ainsi son cœur.

Huit jours plus tard, Jésus vient de nouveau, toutes portes closes, et leur redit « La paix soit avec vous ». Connaissant le refus de Thomas, il accède à son désir, sans le moindre reproche. Thomas n’a plus besoin alors de toucher le Ressuscité. Il voit ses stigmates, écoute sa parole et sa voix, passe du refus de croire à la foi. Une foi qui va infiniment au-delà de ce qu’il voit, qui jaillit dans une parole qui a traversé les siècles : « Mon Seigneur et mon Dieu

Suit une béatitude : « Parce que tu m’as vu (Thomas), tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ».

Que dire, pour nous aujourd’hui, au-delà de cette grâce d’un pardon sans condition ? Insistons sur la dimension corporelle de la résurrection. Sur la naissance à la foi pascale.

Ressuscité dans son corps, le Christ garde encore les stigmates de sa passion. Mais il vit autrement l’espace et le temps, et échappe aux contraintes du monde présent. Il se manifeste, dans une souveraine liberté et une étonnante simplicité, à qui il veut, où et quand il veut, comme il le veut.

Les récits de ces manifestations du Ressuscité sont le seul lieu (avec le récit de la transfiguration) où nous pouvons pressentir notre avenir. Car dans le monde à venir, au dernier jour, nous ressusciterons comme le Christ (nous et ceux et celles que nous aimons), quand il rendra nos pauvres corps semblables à son corps de gloire. Nous ressusciterons comme lui, libérés des contraintes de ce monde, mais avec deux mains, deux pieds, deux yeux, deux oreilles, un visage unique entre tous. Avec un corps parlant et désirant, façonné par notre histoire, hautement personnalisé, hautement relationnel, enfin parvenu à sa vérité.

Seconde réalité : la naissance à la foi pascale. La résurrection du Christ est un événement inouï, inimaginable. De cet événement, comme de tout événement, on ne peut que témoigner. Et comme tout témoignage, ce témoignage ne peut être reçu que dans la foi.

Or croire, ne va pas de soi ! Cela suppose une nouvelle naissance. ll ne suffit pas de voir le Christ, et cela n’est plus nécessaire. Il faut encore l’écouter, et faire, comme Thomas, le saut dans la foi. Nous sommes alors renvoyés à notre liberté, à notre créativité sous la motion de l’Esprit Saint. A la mission de transmettre la joie de l’évangile dans notre monde déchiré par tant de conflits meurtriers.

La joie de pâques est-elle vraiment la nôtre ? Pensons-nous à notre mort comme à un événement purement personnel, ou bien la voyons-nous à sa vraie place, dans l’histoire de l’humanité et du cosmos. Où en sommes-nous dans notre joie de vivre ? Et si nous débordons de joie, cette joie blesse-t-elle les mal aimés, ou console-t-elle les affligés ?

Homélie du 09 avril 2023 — Dimanche de Pâques — Frère Basile
Cycle : Année A
Info :

Année A - Jour de Pâques - 9 avril 2023

Actes 10, 34a + 37-43 ; Colossiens 3, 1-4 ; Jean 20, 1-9

Homélie de Frère Basile

Texte :

« Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! » Frères et sœurs, cette bonne nouvelle a retenti cette nuit dans la plupart des Eglises chrétiennes. Mais comment l’annoncer dans le monde d’aujourd’hui, si divisé, éclaté, déchiré par la guerre et menacé de toute part ou totalement indifférent ? Alors ne devient-elle pas de plus en plus une nouvelle incroyable.

Et je dirai même : quand les tragédies envahissent nos écrans, avons-nous le droit de chanter l’Alleluia de Pâques ? Nous pourrions même perdre coeur et nous demander : « Mais Jésus est-il vraiment ressuscité ? » Mon antidote à moi, c’est de penser à tous ceux et celles qui ont été baptisés cette nuit, plongés dans la mort de Jésus pour ressusciter dans une vie nouvelle : grâce à eux, qui nous rappellent notre baptême, nous ne pouvons pas nous taire. Et puis je pense à la Vigile pascale que nous avons célébrée ici cette nuit et je reprendrai une parole de l’homélie du P. Luc : « Notre frère, notre sœur, baptisés comme nous, voilà le Christ Ressuscité : tous ensemble et les uns pour les autres, nous sommes le Christ Ressuscité depuis qu’il nous a plongés avec lui dans les eaux du baptême. » Voilà la bonne nouvelle de Pâques ! et nous pouvons chanter : « Christ est ressuscité, alleluia ! »

Mais alors comment entendre l’Evangile de ce matin ? lorsque Marie la première est venue au tombeau. Ce texte a de quoi nous surprendre, et même nous décevoir. Est-il bien à sa place un jour de Pâques ? Car enfin, ni Marie, ni Pierre, ni l’autre disciple, n’ont encore vu le Seigneur : c’est plutôt l’heure des questions.

Cette nuit, à la vigile pascale, le récit de Matthieu était tellement plus clair : non seulement un ange apparaît aux femmes, mais Jésus lui-même vient à leur rencontre. Certains diront : invention de femmes un peu exaltées : elles avaient trop besoin de le revoir.

En tout cas, dans l’évangile de Jean, il n’y a rien de tel. C’est Marie la première, qui a découvert le tombeau vide. Elle prévient aussitôt les 2 disciples qui arrivent en courant. Le plus jeune, celui que Jésus aimait, arrive le premier, mais il laisse entrer Pierre qui voit un autre signe étrange, inattendu : les linges parfaitement pliés et le suaire mis à part. Alors entra l’autre disciple, auquel la tradition donne le nom de Jean : c’est lui qui était aussi avec Marie, la mère de Jésus, au pied de la croix et c’est peut-être lui qui nous rapporte ici cette expérience si personnelle en écrivant cette petite phrase précieuse : « Il vit et il crut » Pourtant le tombeau est vide ; il nous est dit seulement que les disciples n’avaient pas encore compris que selon l’Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.

« Il vit et il crut » Ces 2 mots sont pour nous aujourd’hui et je voudrais vous faire sentir la distance qui les sépare et le chemin de foi que Jean a fait pour passer de l’un à l’autre. Nous n’étions pas là, mais c’est le même chemin qui nous est proposé aujourd’hui. Il y a comme un blanc entre les 2 mots, si j’ose prendre cette image, et c’est à chacun de nous de l’écrire, non pas avec de l’encre, mais avec sa propre vie, avec ses mots à lui : une expérience personnelle, que tout chrétien peut et doit faire.

A certains il sera donné de pouvoir en témoigner, mais le plus souvent nous le ferons à notre insu par cette cohérence que nous mettrons entre notre vie et notre foi chrétienne. Si pour nous, le Christ est vraiment ressuscité, alors nous ne pourrons pas vivre autrement qu’en ressuscité.

Mais revenons à l’évangile : au départ il y a un signe ou même plusieurs : le tombeau vide, l’absence du corps, les linges pliés, un signe qui pourra laisser certains sceptiques, indifférents ou perplexes, comme Pierre qui ne comprends pas ou Marie tellement centrée sur son chagrin. Ensuite il y a un blanc et il peut se passer du temps avant que nous puissions croire au Christ ressuscité, Celui que nous aimons sans l’avoir vu, en qui nous croyons sans le voir encore. La foi est un don, mais elle ne nous est jamais imposée, et Dieu nous laisse faire ce chemin, remplir ce blanc qui sera différent pour chacun. Notre vie est parfois tellement pressée, bourrée, agitée que nous ne laissons pas de place pour ce blanc, pour laisser le Christ entrer dans notre cœur. Il ne s’agit pas de chercher des signes extraordinaires, mais de trouver le Christ vivant dans la communauté des frères et soeurs qui nous accueille, là où se vit le partage et la fraternité, dans l’écoute de la Parole de Dieu, dans la prière et le service des plus pauvres.

C’est vrai que nous ne pouvons pas oublier les tragédies de notre monde, mais surtout n’oublions pas que la Résurrection du Christ a bouleversé l’univers : c’est un monde nouveau qui est en train de naître ; le Christ a vaincu la mort, avec lui nous sommes passés de la mort à la vie, le monde est sauvé d’une manière que nous ne connaissons pas, et déjà il s’éveille à la gloire de Dieu.

« Secrète résurrection » disait Pascal dans ses Pensées, secret aussi le cheminement de notre foi, différent pour chacun. Mais si nous avons compris que le Christ est vivant, espérance et renaissance du monde, alors ne restons pas devant le tombeau vide : allons en Galilée, vers toutes les nations, vers les hommes et les femmes de notre temps, là où Jésus nous a donné rendez-vous.

Et déjà dans l’eucharistie de ce Jour, reconnaissons le Christ Ressuscité à la fraction du pain, quand il met dans nos mains la joie et le signe de Pâques.

Homélie du 08 avril 2023 — Veillée pascale — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

Année A - VIGILE PASCALE 08.04.2023

Rm 6, 3-11 ; Mt 28,1-10

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs, un grand cierge a été allumé et vénéré au milieu de nous : présence du Christ ressuscité. Une parole a été entendue, diffractée en plusieurs lectures, jusqu’à la proclamation de l’évangile : présence du Christ Ressuscité ; des baptisés, dans quelques instants, vont se signer pour ensemble se réapproprier le dynamisme de leur baptême : présence du Christ Ressuscité ; le pain rompu devenu corps du Christ et le vin partagé devenu son sang nous seront offerts : présence du Christ Ressuscité… Frères et sœurs, nous avons raison de dire : « il est grand le mystère de la foi ! » La veillée que nous célébrons nous immerge au cœur de notre foi au Christ Ressuscité. Et nous n’avons pas trop de signes pour en approcher le mystère. Car nos mots sont impuissants à l’épuiser.

La lumière dans la nuit guide notre corps hésitant à mettre un pas devant l’autre, car on n’y voit pas grand-chose…Figure de notre foi au Christ Ressuscité, lumière discrète, jamais éblouissante, qui inspire nos choix et illumine nos actions. Si nous tenons ferme notre foi comme une lampe, et si nous veillons à ne pas laisser les vents contraires l’éteindre en nous, nous avancerons avec joie sur le chemin. Lumière de nos vies, le Christ Ressuscité nous guide et nous rassure. Il nous revient seulement de tenir ferme dans la foi en sa présence cachée. Tenons à Lui car il tient à nous.

Des paroles, de nombreuses paroles tirées des Ecritures, entrent dans nos oreilles…et parfois en ressortent aussitôt. Et pourtant le Christ Ressuscité est là qui nous parle à travers elles. Est-il possible de tout retenir, comme en cette nuit par exemple, où la Parole déborde à profusion ? Faisons confiance à l’oreille de notre cœur qui sait capter un mot, une phrase, une image comme autant de coups donnés par le Christ lorsqu’il vient frapper à notre porte. A travers les Ecritures qui ne font que parler de Lui, le Vivant, Il s’invite chez nous pour dialoguer. Il désire nouer une relation de jour en jour toujours plus vivante. Soyons assidus à ouvrir l’Evangile ou les Ecritures, pour permettre cette rencontre qui illuminera notre quotidien.

Notre frère, notre sœur, baptisés comme nous, voilà le Christ Ressuscité ; tous ensemble et les uns pour les autres, nous sommes le Christ Ressuscité depuis qu’il nous a plongés avec lui dans les eaux du baptême. Etonnante présence en nos frères et sœurs du Christ Ressuscité qui prend le risque de toutes les déformations ou de toutes les caricatures, puisque nous sommes si pauvres et si pécheurs. Et pourtant, Jésus le Vivant n’en a pas honte ni de crainte. Et il semble même avoir une prédilection pour les visages ou les vies défigurées, blessées par la Vie, malades, prisonniers, pauvres. C’est là qu’il aimerait qu’on le reconnaisse avant tout, Lui le Ressuscité. Présence que nos yeux peinent toujours à reconnaitre tant nous sommes aveugles de cœur, fermés à l’amour. Notre vie fraternelle, nos vies communautaires, des cercles les plus proches aux plus lointains, nous convient inlassablement à la reconnaissance du Christ Ressuscité dans le frère et la sœur. C’est un appel autant qu’une grâce à demander, car à chaque fois, quelque chose en nous doit descendre de son piédestal. On ne voit bien le Christ que par le bas !

Sous le signe du pain et du vin, le Christ ressuscité s’invite en nos vies. Pour mieux nous vivifier, il nous rejoint de l’intérieur. Nous l’assimilons dans notre corps. Son corps vivant et vivifiant devient nôtre pour que toute notre vie devienne un peu plus la sienne. Jésus s’offre à nous pour que nous lui offrions toute notre vie. Plus unis à lui, nous deviendrons des instruments plus souples au service de son dessein d’amour pour le monde. En cette eucharistie, comme en chaque eucharistie, il nous revient de consentir à laisser la vie du Christ Ressuscité devenir notre vie. Soyons heureux d’être invités au festin des noces de l’Agneau. Cette fête sur cette terre est le prélude de celle qui « s’accomplit dans la joie de l’éternité ».

Homélie du 07 avril 2023 — Vendredi Saint — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

Année A - VENDREDI SAINT 07.04.2023

Is 52, 13 - 53, 12; He 4, 14-16; 5, 7-9; Jn 18, 1 - 19, 42

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Depuis hier soir, nous suivons Jésus en son labeur, « le labeur de l’amour que scelle une mort consentie », comme nous l’avons chanté dans une hymne. Profond labeur que nous cherchons à mieux reconnaitre dans « celui qui était méprisé, compté pour rien », lui qui, « en fait, portait nos souffrances et nos douleurs ». En cette unique célébration pascale, mémorial de sa mort et de sa résurrection, nous suivons Jésus pour laisser résonner au plus profond de nos lieux souffrants, la Bonne Nouvelle de sa victoire sur le mal. Le geste d’adoration de la croix que nous ferons dans quelques instants voudrait être une confession aimante de notre foi, en Jésus, Sauveur du monde, parce que profondément doux et humble. Dans son labeur, le bois de la mort est devenu l’arbre de la vie. En suivant Jésus durant ce triduum, nous désirons encore apprendre de lui la juste manière de faire de nos souffrances et de nos morts, petites et grandes, un « labeur de l’amour » … Seule sa grâce peut nous entrainer sur ce chemin qui nous révulse spontanément. C’est une grâce à demander pour nous et pour tout être humain. Dans la grande prière d’intercession que nous allons vivre, l’Eglise se fait pédagogue pour élargir notre cœur aux dimensions de celui du Christ. Car il veut que tout être humain soit sauvé.

Homélie du 06 avril 2023 — Jeudi Saint — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

Année A - JEUDI SAINT - 06.04.2022

Ex 12, 1-8.11-14 ; 1 Co 11,23-26 ; Jn 13, 1-15

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

« Jésus a remis pour toujours à son Eglise le sacrifice nouveau, le repas qui est le sacrement de son amour ». Ainsi avons-nous prié, frères et sœurs, au début de cette célébration. Depuis les temps anciens, le Dieu d’Israël s’est plu à associer la révélation de son amour à un repas. Depuis le chêne de Mambré lorsqu’il s’est invité chez Abraham, jusqu’au dernier repas célébré par Jésus avec ses disciples, Dieu dévoile ainsi peu à peu son visage. Parmi tous ces repas, le repas de la Pâque fut certainement pour nos pères dans la foi, le plus important, bien qu’il soit plutôt frugal et pris en toute hâte. Mais ce repas scellait puis célébrait la mémoire de l’œuvre libératrice de Dieu quand il fit sortir son peuple d’Egypte. Révélation du Dieu libérateur et sauveur qui est fidèle à l’alliance conclue avec les Pères.

Lorsque Jésus célèbre la Pâque avec ses disciples, il donne à ce repas pascal une plénitude de sens, d’accomplissement. Dans ce repas, Jésus révèle que c’est Dieu lui-même qui invite. « Prenez, mangez, buvez ». Non seulement il invite, mais il se donne lui-même en nourriture : « ceci est mon corps, ceci est mon sang ». Anticipant le don de lui-même qu’il fera sur la croix et le don de sa résurrection par son Père, Jésus se donne en nourriture, lui le Fils mort et ressuscité du Dieu vivant. Avec Jésus son Fils, Dieu invite son Peuple, à sa joie et au partage de sa vie divine. Dans son invitation, Dieu n’agit pas en grand seigneur qui prodiguerait avec faste ses richesses. Non, il invite en se faisant serviteur. Il se met à genoux devant ses disciples et il lave leurs pieds. En prenant la place de l’esclave, Dieu s’assure ainsi que tous se sentent à l’aise, jusque dans sa pauvreté. C’est ce repas, devenu le « sacrifice nouveau de l’Alliance éternelle » entre Dieu et l’humanité, que Jésus a confié à ses disciples pour qu’ils en fassent mémoire.

Ce soir, frères et sœurs, en célébrant cette sainte cène, nous rendons grâce à Dieu de nous inviter à prendre part à sa vie divine. En faisant mémoire de la mort et la résurrection de Jésus, nous accueillons dans son « aujourd’hui » toujours actuel, Jésus Vivant lui-même. Avec le don de sa Vie, il nous fait le don d’une nouvelle manière de vivre. En s’invitant dans notre assemblée, et dans chacun de nos cœurs, il veut nous unir à sa Vie, pour que notre vie ressemble toute entière à la sienne. A chacun, il offre le don d’une vie plus unifiée dans l’Esprit, celle des enfants de Dieu, de plus en plus heureux de se tenir sous son regard. A tous, il nous offre le don de l’unité dans la charité. Un don fragile qui mérite grand soin et attention de notre part. A sa suite, il nous entraine à sans cesse faire de la place aux autres, à les inviter largement dans nos vies, à nous mettre à leurs pieds pour les servir. Notre unité ne se réalisera vraiment qu’à ce prix.

Ce soir, encore, puisque Dieu nous invite, laissons-nous inviter à sa table. Laissons-le nous purifier et nous laver, laissons-le nous fortifier et nous rassasier de sa vie. Offrons-lui notre disponibilité et notre bon vouloir.

Homélie du 02 avril 2023 — Dimanche des Rameaux — Père Abbé Luc
Cycle : Année A
Info :

Année A - Dimanche des Rameaux - 2 avril 2023

Homélie Is 50, 4-7 ; Ph 2, 6-11 ; Mt 26,14 – 27,66

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

RAMEAUX - 02.04.2023 - Introduction à la bénédiction -

Frères et sœurs

Une fois n’est pas coutume : nous célébrons la procession des rameaux dans le cloitre. Nous savons que l’eau qui tombe est une bénédiction, en ces temps où il en manque. Nous voici rassemblés au début de la grande semaine chrétienne. Ce jour des Rameaux en est comme la porte d’entrée. Nous faisons mémoire de l’accueil triomphal de Jésus par les foules de Jérusalem. Elles reconnaissent comme leur Roi-Messie cet homme modestement assis sur une ânesse. Avec elles, nous l’acclamons aussi comme notre Roi, Lui que nous attendons lorsqu’il viendra dans sa Gloire. Notre acclamation exprime notre espérance en sa venue, mais aussi notre foi en sa mort victorieuse qui débouche sur sa résurrection. Et l’Eglise nous invite par la procession que nous allons vivre, à nous mettre en marche à la suite de Jésus, le Christ mort et ressuscité pour nous. A sa suite et à son école, durant toute cette semaine, nous allons accueillir le don du salut qu’il nous offre en sa mort et en sa résurrection. Avec lui, nous allons apprendre avec lui à passer de la mort à la vie, dès maintenant jusque dans l’éternité. Sur ce chemin, nous ne sommes pas seuls. Nous prenons avec nous tant de nos frères et sœurs en humanité pris dans les tourments de la souffrance et de la mort. Nous pourrons nous unir particulièrement aux populations du Moyen Orient, et de Terre Sainte d’où revient notre f. Placide qui y a fait un pèlerinage. En signe de communion avec ces peuples de la terre de Jésus, je ferai la bénédiction avec de l’eau du jourdain ainsi qu’avec un rameau d’olivier qu’il a ramené.

Si vous voulez lever vos rameaux pour que je les bénisse…

Homélie Is 50, 4-7 ; Ph 2, 6-11 ; Mt 26,14 – 27,66

Frères et sœurs,

« Jésus s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix, c’est pourquoi Dieu l’a exalté ». Frères et sœurs, ces mots entendus dans la seconde lecture, vont être sans cesse repris durant toute cette semaine. Ils contiennent le cœur de notre foi chrétienne. Avec Jésus, le Fils de Dieu, c’est Dieu lui-même qui descend dans les douleurs de notre humanité pour nous ouvrir une espérance. Les impasses de la violence dans lesquelles nous sommes souvent pris sont traversées par Jésus non par la force, mais par amour. Jésus dénoue le non-sens de la mort non par la résignation, mais par l’obéissance. Cette manière de faire n’est pas spontanément humaine. Elle est proprement divine. Durant tous ces jours en vivant le mémorial de la mort et de la résurrection, la liturgie nous entraine à recevoir comme un cadeau cette manière de faire divine de nous tenir devant la violence, devant la souffrance et devant la mort. Laissons-nous conduire et enseigner. Laissons-nous renouveler.

Homélie du 26 mars 2023 — 5e dim. du Carême — Frère Jean-Louis
Cycle : Année A
Info :

Année A - 5e dimanche de Carême (A) (26/03/2023)

(Ez 37, 12-14 – Ps 129 – Rm 8, 8-11 – Jn 11, 1-45)

Homélie du F. Jean-louis

Texte :



Frères et sœurs,

Nous voici désormais proches de la Grande Semaine, la Semaine Sainte, et les lectures de ce dimanche nous orientent visiblement vers l’horizon de notre carême, de tout carême : la victoire de la vie sur la mort, la Résurrection.

La première lecture aborde ce thème, mais avant d’en faire une lecture individuelle, voire individualiste, il faut bien voir qu’elle concerne d’abord un peuple, le peuple d’Israël en exil à Babylone au 6e siècle avant le Christ. Israël a perdu sa terre, son temple détruit, son roi emmené en captivité, bref, les trois grands piliers de la religion d’Israël. Plus grave encore, dans la mentalité du temps, être vaincu par un ennemi signifiait que ses dieux étaient les plus forts. Tout est donc en place pour que la foi d’Israël en déportation disparaisse et soit assimilée par les cultes païens. Et c’est alors que retentit la parole du prophète Ezékiel de la part du Seigneur. Non, le peuple ne disparaîtra pas. Son Dieu le sortira du tombeau de son désespoir et le ramènera sur sa terre et ce sera une véritable résurrection pour le peuple de Dieu. La vie l’emportera sur la mort, la disparition. Dieu ramènera son peuple. Il a parlé et il le fera. Et de fait, Israël reviendra sur sa terre grâce à un édit du roi Cyrus, après la victoire totale des Mèdes sur les Babyloniens.

Le psaume 129 fait bien écho à la détresse d’Israël qui crie vers son Dieu avec une espérance invincible. Car près du Seigneur est l’amour et le rachat des fautes. Invitation à nous couler nous-mêmes dans cette espérance.

Saint Paul nous maintient dans cette espérance. Notre corps, même après la résurrection du Christ, reste marqué par la mort. Mais nous avons été rendus justes par l’obéissance du Christ. Et l’Esprit Saint qui a ressuscité Jésus d’entre les morts nous fait vivre et donnera la vie à nos corps mortels par la volonté du Père.

Quant à l’évangile, il nous fait revivre ce long épisode de la résurrection de Lazare. Tout y est : la détresse de la mort et les reproches faits à Jésus de n’avoir pas été là pour éviter le décès de son ami. Les larmes de Marie et des juifs présents qui bouleversent Jésus et l’amènent, lui aussi, à pleurer. L’espérance et la foi de Marthe qui espère encore un miracle. Et cette profonde foi et relation du Christ qui se sait exaucé. Notons en effet qu’il ne dit pas « Père, je te rends grâce parce que tu vas m’exaucer » mais « parce que tu m’as exaucé ». Il se sait déjà exaucé avant d’appeler Lazare. Il ne s’agit pas d’une mise à l’épreuve de Dieu pour voir si Dieu va répondre. Rien à voir avec les tentations du Christ. Il s’agit d’une certitude de l’intervention de Dieu déjà acquise.

Frères et sœurs, nous le sentons bien, les lectures de ce dimanche nous préparent à célébrer Pâques, à rendre présent dans nos cœurs ce miracle immense de la résurrection du Christ, bien plus immense que celle de Lazare qui est mort à nouveau alors que, ressuscité des morts, le Christ ne meurt plus et c’est notre destinée.

Toutefois ces lectures ne constituent pas une légende dorée, elles ne masquent pas la brutalité, le non-sens de la mort. Nous sommes invités cependant, à l’image de Marthe et de Marie, à garder confiance malgré les apparences concrètes. « Maintenant, je sais que Dieu t’exaucera. » « Seigneur, il sent déjà. » Nous sommes également invités à entrer dans la foi sans faille du Christ : « Père, je sais que tu m’exauce. » Même si cette foi n’exclut pas le chagrin de la perte d’un être cher.

Nous nous préparons à célébrer la Résurrection du Christ et pourtant notre monde et l’Eglise, même, peuvent nous sembler actuellement comme morts ou en grand danger de mort, ensevelis sous la violence, les abus et les crises de toutes sortes. Pourtant, dans la foi, dans le Christ, ils sont déjà ressuscités, c’est le « déjà là » du Royaume de Dieu. Mais cela n’apparaît pas clairement, et c’est le moins qu’on puisse dire. C’est le « pas encore » qui provoque notre foi. Les preuves ne sont pas évidentes et ce sont donc les yeux de la foi qui nous permettent d’espérer. Nous pouvons penser à bon droit que notre monde meurt, mais ce n’est peut-être pas la mort du monde mais la mort d’un monde à laquelle nous assistons. Puissions-nous dire avec le Christ « Père, je sais que tu nous exauces » lorsque nous prions pour notre monde et notre Eglise si blessés. Puissions-nous nous rappeler que, pour Israël, mais aussi pour Marthe et Marie, le scandale de la mort n’était pas moins fort que celui du mal de nos jours et pourtant, Dieu nous exauce. Avec la Grâce de Dieu, la vie a jailli de la mort pour Israël, pour Lazare, Marthe et Marie et infiniment plus encore pour le Christ. Que ce passé renforce notre confiance dans un Dieu toujours à l’œuvre, souvent dans la discrétion et le silence. Un jour, sa Vie apparaîtra pleinement. Et notre foi verra l’accomplissement total des promesses divines dans lesquelles nous avons mis notre espérance.

AMEN