vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 07 janvier 2024 — Epiphanie du Seigneur — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année B - EPIPHANIE - 07.01.2023

Is 60, 1-6 ; Ep 3, 2-3a.5-6 ; Mt 2, 1-12

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs,

En cette période, nous recevons et offrons beaucoup de vœux. Occasion d’entrer dans l’année nouvelle en nous soutenant mutuellement par une parole, par un geste d’amitié, par la prière pour que le meilleur advienne à chacun. Parmi ceux reçus à l’abbaye et j’ai partagés aux frères hier soir, une expression a davantage retenu mon attention. Il s’agit d’une phrase d’un artiste peintre, Mr Sola : « Renoncer à éblouir, choisir d’éclairer » … Tout un programme qui peut guider notre chemin d’humanité de 2024 ! Tout un programme particulièrement pour nous chrétiens, car n’est-ce pas fondamentalement ce qu’a fait notre Dieu en se révélant en Jésus-Christ ? En cette fête de l’Epiphanie, que nous comprenons comme la manifestation lumineuse du Christ aux nations qui accourent vers lui, ne vaut-il pas la peine de nous arrêter sur notre compréhension de cette lumière que nous apporte notre Dieu ?

Le prophète Isaïe a des accents grandioses pour exprimer l’espérance d’Israël en la manifestation lumineuse de Dieu. « Elle est venue ta lumière, et la Gloire du Seigneur s’est levée sur toi ». Et cette lumière rejaillit sur Jérusalem qui en devient toute resplendissante, toute « radieuse » avec un cœur qui se dilate. Jérusalem est tellement resplendissante, que tous accourent vers elle avec leurs trésors pour honorer et adorer la Gloire du Seigneur qui l’habite. Il vaut la peine de lire la suite du chapitre 60 d’Isaïe pour saisir combien est forte l’espérance d’Israël en la révélation de Dieu qui illumine tout… « Le jour, tu n’auras plus le soleil comme lumière…le Seigneur sera pour toi lumière éternelle » (Is 60, 19). Dans cette cité de lumière qui aura « comme surveillants, la paix et comme gouvernants la justice, on n’entendra plus parler de violence » nous affirme encore le prophète (Is 60, 17-18). Oui, avec le peuple d’Israël, nous croyons en cette promesse d’une terre baignée de la lumière divine qui n’éblouit pas mais qui éclaire et transforme tout en justice et en paix.

L’évangéliste Matthieu qui raconte la venue des mages apportant leurs trésors d’or, d’encens et de myrrhe avait certainement cette vision d’Isaïe en arrière fond de sa compréhension. A Bethléem, non pas à Jérusalem, arrivent les nations pour rendre gloire à Dieu. En Jésus enfant, vénéré et adoré par ces hommes venus d’Orient, se manifeste la lumière de Dieu, non pas comme une lumière éblouissante et resplendissante, mais comme une étoile qui brille dans la nuit. En Jésus, Dieu se manifeste non comme celui qui éblouit, mais comme Celui qui guide au cœur des nuits humaines. Les mages sont ces témoins de la présence secrète, infime lumière divine, au cœur de nos recherches. En se prosternant devant cet enfant insignifiant aux yeux des hommes, ils nous entrainent à leur suite à nous prosterner devant cet enfant qui attend qu’on lui ressemble pour enfin ouvrir nos yeux.

Et tout le ministère de Jésus va consister à apprendre à ses contemporains à ouvrir les yeux sur cette lumière qu’il est et qu’il apporte. Sans éblouir, d’une manière profondément humaine, Jésus va manifester la grandeur et la magnificence de Dieu Lumière, en se faisant proche des pauvres, des malades, de ceux qui n’ont plus d’espérance. Et cette manière cachée et désarmée va le conduire à accepter, Lui la lumière, de s’éteindre, de se consumer totalement dans la mort. Alors apparaitra dans sa résurrection toute la beauté du feu divin qui l’habitait. Jésus a renoncé éblouir, en se laissant conduire tel un agneau à l’abattoir pour faire resplendir la lumière du pardon divin.

Et qu’en est-il de l’espérance d’Israël, exprimée par le prophète Isaïe, que Dieu soit la lumière qui illumine toute chose au cœur de Jérusalem ? L’auteur de l’apocalypse nous le laisse pressentir lorsqu’il parle de la Jérusalem nouvelle. Celle-ci n’a plus besoin « du soleil, ni de la lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’illumine, : son luminaire c’est l’agneau. Les nations marcheront et y porteront leur gloire » … Frères et sœurs, cette Jérusalem nouvelle n’est-ce pas la cité que nous formons déjà aujourd’hui, l’Eglise de tous ceux qui se reconnaissent sauvés par le Christ ? N’avons-nous pas en Lui, le flambeau sûr pour guider nos pas. Agneau pascal, Agneau transpercé par amour nous, il n’éblouit pas mais il éclaire par la douceur de son amour et par l’assurance de son pardon. Souvent dans nos églises, malheureusement pas dans la nôtre, cela est signifié par la clé de voûte qui représente souvent un agneau de Dieu avec son étendard. Figure de l’Agneau, le flambeau de la Jérusalem nouvelle, qui éclaire par en haut…

Frères et sœurs, en cette eucharistie, laissons la lumière du Christ nous rejoindre. Offrons-lui nos vies, nos richesses pour nous en dépouiller. Et offrons-lui nos pauvretés pour le laisser les éclairer de sa grâce et de son pardon.

Homélie du 01 janvier 2024 — Marie, Mère de Dieu — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année B - SAINTE MARIE MERE DE DIEU - 01.01.2024

Nb 6, 22-27 ; Ga 4, 4-7 ; Lc 2, 16-21

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Dans la scène évangélique que nous venons d’entendre, on peut imaginer le brouhaha de la situation : un nouveau-né dans une mangeoire, des bergers qui arrivent joyeux de raconter ce qui leur a été annoncé, et qui repartent en chantant les louanges de Dieu. Il y a aussi d’autres personnes, des témoins dont on nous dit qu’ils s’étonnaient de ce que racontaient les bergers. Etaient-ils nombreux ? On ne sait, mais l’évangéliste nous laisse imaginer que chacun devait y aller de son commentaire. Un peu comme aujourd’hui encore autour d’un nouveau-né, on peut s’extasier du fait qu’il ressemble à son père, ou bien non « que c’est sa mère tout cracher ! » … Ici, les commentaires semblent porter davantage sur l’identité étonnante que les bergers affirment avoir reçue des anges, et qu’on a entendu la nuit de Noël : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur qui le Christ, le Seigneur ». Autour des commentaires sur l’identité étonnante de cet enfant, devait aussi se poser la question de son nom. Or on nous laisse entendre que pour le moment, il n’a pas reçu encore son nom. Il ne lui sera donné que quelques jours après au moment de la circoncision.

Au milieu de ce joyeux brouhaha, l’évangéliste Luc place Marie au centre et semble nous inviter à nous mettre à sa place, à regarder les choses comme elle le fait. Elle accueille ces évènements et ces personnes, et elle médite ce qu’elle voit et ce qu’elle entend. Elle ne devait pas être muette, et en même temps il nous est suggéré qu’elle devait être très discrète, surtout accueillante et en capacité de prendre de la distance pour méditer, comprendre ce qui se passe… Comprendre cette naissance et ce qu’on en dit qui confirme ce qu’elle a, elle-même, entendu lors de la venue de l’ange Gabriel, 9 mois auparavant.

Frères et soeurs, en ce début d’année, nous pouvons peut-être apprendre de Marie, la bonne attitude pour nous situer face à tous les évènements que nous allons vivre, certains que nous avons soigneusement prévus et d’autres qui vont nous déborder complètement. Pouvoir les accueillir tous, pouvoir entendre les paroles qui nous seront dites pour les éclairer, et pouvoir prendre du recul dans la méditation et dans la prière pour les comprendre, pour les prendre avec nous et trouver leur sens profond pour notre vie. Car à travers tout ce que nous vivrons, c’est le mystère de la Vie qui s’offre à nous et qui ne demande qu’à être dévoilé. Mystère qui nous englobe et face auquel nous sommes toujours en partie aveugle. Dans la lumière de la foi, nous croyons que ce mystère de la Vie est accompagné, guidé, illuminé par la personne de Jésus, par son enseignement et par sa mort et sa résurrection. Nos vies greffées sur la sienne depuis notre baptême reçoive une lumière qu’Il nous faut sans cesse découvrir et laisser grandir dans notre quotidien le plus banal… Accueillir la Vie du Christ dans nos vies pour faire de nos vies, des vies vraiment chrétiennes, des vies d’enfant de Dieu. Avançons-nous dans cette année, tel des sourciers qui cherchent une source. Nous avons en nos mains deux baguettes qu’il faut laisser se croiser pour laisser jaillir la source, le sens. La première baguette est l’écoute des autres et des évènements. La seconde est la méditation, la prière, l’écoute de la Parole de Dieu, la liturgie. Laissons se croiser nos deux baguettes. Confions nous à l’intercession, de Marie, Mère de Dieu qui prie pour nous pécheurs…

Homélie du 31 décembre 2023 — Sainte Famille — Frère Hubert
Cycle : Année B
Info :

Année B - Sainte Famille - 31 décembre 2023

Gn 15, 1-6 ; 21, 1-3; He 11, 8.11-12.17-19 ; Lc 2, 22-40

Homélie du F. Hubert

Texte :

La Sainte Famille : une famille « tranquille et heureuse » ?

Heureuse, oui, au plus profond, car toujours dans la vérité, dans le oui à la vie,

dans le oui au projet de Dieu, qui est inséparablement le bonheur de chacun et de tous,

donc de cette petite famille de trois personnes et de l’humanité entière :

la vie de cette famille, à la fois tellement unique, particulière, et pleinement humaine,

a été totalement offerte pour que l’humanité soit tout entière sauvée du mal

et partage la vie et le bonheur de Dieu !

Le bonheur de Dieu, c’est de communiquer la vie,

et la Sainte Famille a communiqué la vie au-delà de tout ce que l’homme peut concevoir.

Elle a été heureuse de la vie reçue et partagée.

Famille heureuse ? oui.

Tranquille ? Sûrement pas.

Donner la vie dans notre monde, blessé par le péché, passe par l’épreuve

et la mort douloureuse à soi-même.

La Saint Famille est passée par le feu des épreuves.

Marie et Joseph ont été bouleversés par l’annonce de la naissance du Messie :

elle était tant attendue par le peuple élu, mais qu’elle ait lieu chez eux, en eux, au creux de leur amour ?

Que ce Messie prenne chair de Marie,

que Joseph constate la grossesse de celle qui lui était promise,

que l’Esprit Saint se saisisse de leur vie à tous deux, au-delà de toute mesure ?

Quels bouleversements intérieurs ! quels bouleversements dans les relations !

Et cette prophétie de Syméon : « Ton âme sera traversée d’un glaive » ?

Et ce fils, , bébé, qu’Hérode veut tuer, cet exil en Egypte à cause du danger de mort…

Et Jésus qui leur échappe, âgé de 12 ans, les laissant dans l’angoisse et l’incompréhension ?

De Jean-Baptiste, on disait : « Que sera cet enfant ? »

Combien Marie et Joseph ont dû se poser cette question au sujet de Jésus !

« Dieu lui donnera le trône de David son père ; son règne n’aura pas de fin » : comment cela se fera-t-il ?

Le temps passe : Jésus reste 30 ans à Nazareth, charpentier avec son père puis à sa suite…

Qu’en est-il donc de l’annonce de l’ange ?

Messie ? Roi sur le trône de David ? Comment ?

Quand Jésus sort de son silence, il quitte la maison pour sillonner les routes, attirant les foules,

attirant de multiples oppositions, jusqu’à être rejeté comme maudit et cloué sur une croix ?

Sa longue montée, de la Galilée à Jérusalem, sera celle de l’offrande de sa vie,

de sa passion d’amour pour son Père et pour l’humanité. Elle sera son chemin de croix, son chemin pascal.

Marie, aura le cœur transpercé, au pied de la croix de celui qu’elle a mis au monde avec tant d’amour…

Des tentations au désert au supplice de la croix, en passant par l’abandon de beaucoup qui ne supportent plus sa parole, l’épreuve jalonne tout le chemin de Jésus adulte.

Quelle confiance leur aura-t-il fallu à tous les trois, Marie, Joseph et Jésus, pour ne pas perdre pied,

ne pas fuir, ne pas déserter, ne pas se révolter ? Ne pas suivre les sirènes du repli sur soi ?

Mystérieux accord de leurs volontés à celle de Dieu, mystérieuse guidance, absolue, de l’Esprit Saint.

Famille sainte, parce qu’adhérant totalement au projet de Dieu, dans leurs vies pleinement humaines.

« Ne crains pas, Abram !

Ne crains pas, Joseph, fils de David !

Sois sans crainte, Marie »

Ces paroles sont aussi pour nous aujourd’hui.

Le Seigneur est avec nous. C’est lui notre bouclier.

C’est lui notre récompense.

Sa victoire sera notre récompense. Sa victoire sera notre victoire.

Ne craignons pas, de la crainte qui empêche Dieu d’agir,

qui empêche la réalisation des merveilles de Dieu.

Ne craignons pas de la crainte qui paralyse.

Faisons confiance. Comme Joseph, Marie et Jésus.

Ayons foi en la promesse de Dieu. Ayons foi en la parole de Dieu.

« Ta parole, Seigneur, est la lumière de mes pas. »

Abraham obéit à l’appel de Dieu … il partit sans savoir où il allait.

Il a fait confiance, il a donné foi à l’appel de Dieu,

à l’accomplissement d’une promesse dont il ne savait rien.

Abraham, nomade, est parti à pied.

Marie et Joseph sont partis pour un long voyage intérieur.

Marie a fait confiance à la parole de l’ange : « Qu’il me soit fait selon ta parole ! »

Joseph a fait confiance à la voix de Dieu perçue en songe :

« Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse :

l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint. »

Jésus a fait confiance à la parole intime de son Père : « Tu es mon Fils bien-aimé en qui j’ai toute ma joie. »

Il a repoussé les suggestions mensongères de Satan.

L’Esprit Saint, en chacun d’eux, aura réalisé cette merveille de la confiance,

cette confiance annihilée par le péché.

La Sainte Famille n’a pas eu une vie tranquille, à l’abri des épreuves,

mais en adhérant au projet d’amour de Dieu, elle a reçu la plénitude du bonheur.

Grâce au oui de chacun, le Christ, vainqueur, ramène l’humanité sauvée, à son Père.

Sa descendance sera plus nombreuse que les étoiles du ciel.

Puissions-nous, avec le Christ entrant dans le monde, avec Marie et Joseph, dire en vérité :

« Me voici pour faire ta volonté. »

et encore : « Mon cœur incline à pratiquer tes commandements : c’est à jamais ma récompense. »

Que nous soyons heureux de notre oui à la vérité de Dieu, à sa vie !

Bonne année nouvelle, frères et sœurs, que l’Esprit soit sur nous !

Homélie du 25 décembre 2023 — Noël - Messe du jour — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

Année B - Messe de Minuit - NOEL 2023

Is 9, 1-6 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

« Bien aimé, la grâce s’est manifestée… » Ainsi frères et sœurs, St Paul relit-il la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le message qu’il désire que Tite son compagnon de mission transmette avec lui. « La grâce s’est manifestée » et de quelle manière !!! sous la forme d’un enfant, couché dans une mangeoire. Cette fête de Noël, relue à la lumière de toute la vie de Jésus, de sa mort et de sa résurrection, nous permet de méditer sur le risque énorme qu’a pris notre Dieu dans la manière de nous manifester son amour et son œuvre de salut. En Jésus, le Verbe fait chair, il a pris le risque de la fragilité, de l’histoire et de ses aléas, finalement de l’insignifiance.

Notre Dieu, le Dieu Créateur et Sauveur d’Israël a pris le risque d’épouser notre fragilité humaine. Porté 9 mois dans le ventre d’une femme, il va connaitre toutes les délicates étapes de la vie enfantine si dépendante des soins d’autrui. Fragilité de l’enfant qui n’est rien par lui-même, exposé à tous les dangers. Cette fragilité de notre humanité, Jésus la portera jusqu’au bout, en sa passion et en sa mort injuste.

Arrivant au cœur de l’histoire, notre Dieu a pris les risques des aléas des évènements : un recensement qui complique le déroulement de sa naissance et l’entraine dans un dénouement encore plus complet, et à avoir pour seul logement : une mangeoire. Un peu plus tard, il connaitra les routes de l’exil pour fuir la jalousie et la peur du roi Hérode voulant le supprimer. Les deux évangélistes Luc et Matthieu se plaisent ainsi à nous montrer combien le Verbe fait chair, a pris place dans notre histoire traversée d’imprévus et de tensions, en assumant tous les risques, en les faisant servir à son dessein.

Mais peut-être, le risque le plus grand qu’a pris notre Dieu, en devenant un homme parmi les hommes, c’est celui de l’insignifiance. Les bergers eux-mêmes le touchent du doigt lorsqu’ils sont appelés à reconnaitre le Sauveur tant attendu d’Israël à travers le signe ténu « d’un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ». Qui est ce Dieu pour consentir à telle insignifiance ? La question poursuivra Jésus durant tout son ministère, quand on l’interrogera sur son lieu de naissance ou encore sur ce qui fonde son autorité. Humain tellement humain parmi les autres humains, on ne comprendra pas que Jésus puisse parler de la sorte. Notre Dieu a choisi d’être homme sans se prévaloir d’aucune prérogative. Les mains nues, la parole nue, exposée à l’accueil ou au non accueil de ceux qui l’écoutent, jusqu’à la confrontation finale de la passion. Dieu a pris le risque du rejet et de l’incompréhension, incompréhension qui demeure jusqu’à nos jours.

Mais dans ce risque pris de la fragilité, de l’histoire ou de l’insignifiance de notre condition humaine n’a-t-on pas là, la manifestation de la grâce à l’œuvre ? Dieu a voulu sauver notre humanité non par en haut, mais par en bas, non de l’extérieur mais du dedans. Il a assumé tous les risques jusqu’à celui de la mort, pour nous en délivrer.

Frères et sœurs, si tel est la profondeur du mystère de l’incarnation de notre Dieu, n’avons-nous là une belle lumière pour notre propre manière de devenir homme et femme en ce monde. Si notre Dieu s’est risqué dans notre fragilité jusqu’à la mort, n’avons-nous pas en Lui Jésus ressuscité, un appui sûr, pour nous risquer nous-même dans la vie jusqu’à la mort que nous redoutons si spontanément ? N’avons-nous pas encore une belle lumière pour nous avancer avec confiance dans les imprévus et les incertitudes de l’histoire ? Notre histoire, nos histoires si secouées soient-elles peuvent être assumées et risquées parce que nous croyons qu’en elles Dieu nous accompagne pour en faire un chemin de salut. Son salut n’est pas effectif parce que tout va bien, mais plutôt, quand nous osons traverser les risques et les difficultés inévitables. Plus encore, la venue cachée de notre Dieu qui a passé 30 ans dans le plus strict incognito de la vie de Nazareth, nous engage à risquer sans angoisse la banalité des jours. A l’heure, où la performance, le succès, la notoriété semblent être le seul gage d’une existence réussie, nous pouvons réapprendre à vivre notre quotidien le plus simple sous la lumière de l’Enfant Dieu. Il a redonné toutes leurs lettres de noblesse à tous ces gestes quotidiens, ceux du soin du corps, ceux du travail ou de la présence aux autres. Tout peut être rempli de sens. Comme nous le ferons dans quelques instants, nous pouvons risquer la petitesse et l’apparente banalité de nos signes eucharistiques. Sous le signe du pain et du vin, se dit et se rend pourtant présent l’échange merveilleux par lequel « le Christ devient tellement l’un de nous que nous devenons éternels ».

Frères et sœurs, la proximité de notre Dieu en Jésus, peut nous redonner force et courage pour oser et risquer d’être homme et femme, tout simplement.

Année B - Messe du jour de NOËL 2020 25 décembre 2023

Is 52/7-10, Heb 1/1-6, Jn 1/1-18.

Homélie du Frère Cyprien

Chers sœurs et frères, notre joie est grande, en ce jour de Noël ; nous nous associons à l’Eglise universelle, nous nous associons à tous les chrétiens pour exulter à l’unisson : « Il est né le divin Enfant, chantons tous son avènement ». Chantons ! oui, chantons en harmonie avec la troupe céleste : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux… » …

En naissant comme homme dans une pauvre mangeoire, Dieu s’offre en nourriture à tous ceux qui ont faim de justice et d’amour. « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, ils seront rassasiés ».

Noël c’est la victoire des petits et des humbles sur les velléités de puissance… puissance comme celle d’Hérode : il trônait sur Jérusalem, ignorant qu’un petit enfant de Bethléem allait le faire trembler.

En naissant humble, dépouillé, abaissé, Oui, Dieu nous surprend : « Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles ». Noël, c’est l’enfant de la crèche qui dira qu’il n’a pas d’endroit où reposer la tête, … c’est Celui qui attire à lui les bergers et les mages, qui attire les petits comme les savants. Tous ils accourent vers Celui qui a le visage de Dieu au milieu de nous…Et tous sont reçus avec le même égard, le même amour… l’amour infini !

Noël, c’est l’homme appelé à une vie de partage, à une vie de solidarité en se détournant de l’abondance provocante, en se détournant du profit mal acquis.

En effet ils sont nombreux autour de nous, les précaires, les sans-abri, les sans voix. Noël nous apprend à les regarder, à les aimer : aujourd’hui ils ont la faveur de Dieu. Ils retrouvent un visage humain, comme ce Zachée collaborateur des Romains et bandit : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. »

Chers frères et sœurs, Noël, c’est l’humanité en quête d’unité, entrainée dans le sillage de ce nouveau-né ; il prendra les routes de nos existences, « sans bâton, ni sac, ni pain, ni argent », exigeant que la fraternité universelle renouvelle les relations, ces relations entre personnes qui sont si souvent perturbées par l’égoïsme… Oui, il dira en priant la veille de sa mort : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé ».

Noël, c’est nous, lorsque nous décidons librement et résolument de mettre notre foi en cet enfant qui ouvre des chemins nouveaux. Chemins nouveaux… pour que la Bonne Nouvelle soit entendue par tous les chercheurs de Dieu, chemins nouveaux avec le respect de la liberté de chacun, le respect de la conscience de chacun.

Chers sœurs et frères, Noël, c’est l’aujourd’hui de la réalisation de promesses tant attendues : que notre foi soit assez vive pour reconnaitre le Sauveur du monde en cet enfant, Jésus, né à Bethléem, né de Marie de Nazareth. Oui : « Il est né le divin enfant, chantons tous son avènement. » AMEN.

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Homélie du 24 décembre 2023 — 4e dim. de l'Avent — Frère Charles Andreu
Cycle : Année B
Info :

Année B - 4e dimanche Avent, 24 décembre 2023

— 2 S 7, 1...16 ; Rm 16, 25-27 ; Lc 1, 26-38

Homélie du F. Charles Andreu

Texte :

Regarde, j’habite dans une maison de cèdre, et l’arche de Dieu habite sous un abri de toile. Nous partagerions volontiers les scrupules du roi David. L’arche de Dieu ne mérite-t-elle pas un palais, un temple solide et magnifique ? Et pourtant le Seigneur refuse que David lui construise quoi que soit ; il préfère vivre sous la tente. Cette curieuse préférence divine habite encore le mystère de Noël : Le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous chanterons-nous bientôt, mais le sens original des paroles est plus précis : le Verbe s’est fait chair, et il a planté sa tente parmi nous. De fait, si rien ne dit que Jésus ait effectivement vécu sous la tente, son ministère a été une longue itinérance, l’itinérance de qui n’a pas de maison.

La tente ou la maison ? La préférence du Seigneur nous dit sa manière d’être au monde : s’il demeurait dans une maison, il nous faudrait venir à lui ; s’il campe sous la tente, il peut toujours venir à nous. Viens Seigneur Jésus, avons-nous chanté durant tout l’Avent ; ce soir, à Noël, il ne cesse pas de venir ; au contraire, il habite notre monde comme celui qui vient. Tant de gens se sentent loin de nos temples de pierre ; mais nul n’est trop loin de celui qui peut nous rejoindre, où que nous soyons, car il habite le monde en pèlerin.

La tente ou la maison ? Nous aimons bien, quant à nous, jouer les architectes, construire des murs. Des murs magnifiques sans doute, qui prétendent honorer le Seigneur, mais qui sont finalement une manière de l’assigner à résidence : murs d’une théologie qui se crispe sur ses positions et son langage, qui censure l’audace de rejoindre la vie, les attentes et la créativité de nos contemporains ; murs d’une morale binaire du permis/défendu derrière lesquels se retranche la peur de s’exposer à la complexité du réel. Que le Seigneur lui-même sorte de ses murs, qu’il plante sa tente hors les murs, et nous voilà perdus, scandalisés, comme le furent les pharisiens : cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! Chacun peut se demander : qui sont ceux auprès de qui je considère que le Seigneur ne devrait pas aller, du moins tant qu’ils n’ont pas fait un chemin que je serais moi-même incapable de faire ?

La tente ou la maison ? L’alternative ne concerne pas simplement le Seigneur : depuis notre baptême, la tente du Seigneur, le lieu où il demeure, c’est nous-même. Regardons Marie, dans l’évangile. En elle habite le Fils du Très-Haut, à qui Dieu donnera le trône de David ; reste-t-elle à attendre qu’on vienne à elle, qu’on lui construise un palais ? Non, elle s’en va, elle part à la rencontre de sa cousine Élisabeth. Et elle ne part pas pour être servie, mais pour servir, pour honorer ainsi ce que le Seigneur a déjà fait chez sa cousine, et que l’ange vient de lui apprendre. Être la tente qui porte le Seigneur à nos frères et sœurs, suppose, paradoxalement, d’accepter d’être précédé par lui. La mission, ou même le service fraternel, ne peut être un don que si elle est d’abord émerveillement, reconnaissance de la présence et de l’action du Seigneur en l’autre, même, et peut-être surtout, chez ceux que nous jugeons loin de lui. Sinon, elle est une condescendance qui ennuie, ou qui blesse.

La tente ou la maison ? La tente du Seigneur, c’est aussi l’Église, appelée à être présence du Seigneur en ce monde. Ici encore, nous aimons faire de cette humble tente un édifice grandiose. Certes, dans le jeu des métaphores bibliques, l’image de l’Église comme construction existe bel et bien, mais comme un appel à la communion, et pas à la pétrification de la vie. De la tente, nous redoutons la pauvreté fragile et exposée ; mais peut-être est-elle plus sûre qu’on ne croit : quand la terre tremble, il est plus sûr de vivre sous la tente que sous les voûtes d’une cathédrale. Aujourd’hui où l’Église est effectivement ébranlée, où tant de murs se lézardent, la tentation est grande de toujours chercher à colmater les brèches, à étayer et épaissir des murs qui nous enfermeront finalement dans une sorte de bunker. Or peut-être le Seigneur nous invite-t-il au contraire à retrouver le goût de vivre sous la tente : proximité humble offerte à tous, reconnaissance du Seigneur qui nous précède en chacun.

Homélie du 17 décembre 2023 — 3e dim. de l'Avent — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

Année B - Homélie du 3° dimanche de l’Avent – 17 décembre 2023

(Isaïe 61, 1-11 ; 1Thess. 5, 16-24 ; Jean 1, 6-8 et 19-28)

Homélie du Frère Guillaume

Texte :

Frères et sœurs, - Revenons si vous le voulez bien sur les 2 notes caractéristiques de ce 3ème dimanche de l’Avent, à savoir la joie et l’attente. La liturgie marque la 1ère par le symbole de la couleur rose des ornements, avec la chasuble et l’étole du Président de la célébration, une couleur qui atténue celle du violet plus austère adoptée pour les temps du Carême et de l’Avent, ainsi que pour la messe des défunts. Serait-ce pour autant que la vie chrétienne doive être une « vie en rose », que la vie bienheureuse (vita beata) que nous attendons soit une vie « béate », sans souffrance, à l’abri de toute épreuve, selon une traduction récente du Missel Romain. Ce serait alors ignorer que la beauté d’une rose est inséparable dans son épanouissement de la présence des épines sur sa tige et que des épines en couronne ont transpercé la tête du Christ dans un chemin de souffrances vers la Croix. Il faut le reconnaître, ces épines aux formes multiples font bien partie de chacune de nos vies aussi.

La joie dont tressaille le serviteur de Dieu dans la 1ère lecture du livre d’Isaïe, et dont tressaille Jésus au commencement et au long de sa vie terrestre, comme celle qui habite les cœurs de la Vierge Marie, d’Elisabeth et de Jean-Baptiste est d’une nature plus profonde que toutes celles que nous pouvons ressentir dans nos bonheurs humains. C’est la joie d’une Bonne Nouvelle (gaudium evangelii) venant de Dieu lui-même, par son Esprit Saint. Elle apporte la libération, la délivrance de nos captivités, de nos enfermements et de nos peurs.

Saint Paul dans la seconde lecture en donne l’ordre aux frères de Thessalonique, « soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance. C’est la volonté de Dieu à votre égard, dans le Christ Jésus ». Et il adresse ces mots, alors même qu’il avait été chassé brutalement de cette ville par ses coreligionnaires juifs qui refusaient le message de Jésus-Christ et qui voulaient le dénoncer au pouvoir romain comme fauteur de troubles.

Aujourd’hui encore, on a parfois du mal à se réjouir, quand on pense à toutes les guerres meurtrières en Ukraine, au Proche-Orient et ailleurs. Elles endeuillent trop d’innocents et sont des scandales pour notre humanité. Il y a de quoi en être révolté. Pourtant, aux dires de Saint Paul, la joie est possible et même elle est recommandée en toutes circonstances. Mais il s’agit de cette joie profonde de l’assemblée croyante, joie d’accueillir la Parole de Dieu, joie de lire dans nos vies les signes et l’action de l’Esprit Saint dans la naissance lente et sûre du Royaume de Dieu. Et puis surtout, cette joie est celle de l’attente du Jour du Seigneur, de son Avènement définitif.

C’est bien d’une attente dont il est question dans la page d’évangile que nous avons entendue. Au temps de Jean le Baptiste, visiblement on attendait le Messie de façon très prochaine. Et cette attente était devenue impatience. Tout le monde attendait certes, mais pas forcément le même Messie. Jean serait-il ce nouvel Elie, comme l’avait prédit Malachie, un nouveau Moïse, comme annoncé par Dieu dans le Deutéronome : « je ferai lever d’au milieu des frères un prophète comme toi. Je mettrai dans sa bouche mes paroles et il prescrira tout ce que je lui dirai » ? A toutes ces interrogations, Jean répond par la négative. Mais il se réfère à Isaïe qui avait dit : « je suis une voix qui crie dans le désert. Préparez les chemins du Seigneur ». Non, il n’est pas le Messie, mais il est celui qui le désigne, sans le connaître encore. Il ne se présente pas comme le porteur de la Vérité, mais il tourne les cœurs vers la Vérité. Il est la lampe et non pas la lumière qui éclaire. Il est celui qui marche devant et qui sera prêt à s’effacer devant l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde. Il est l’ami de l’époux en qui il trouve toute sa joie.

Frères et sœurs, à notre tour, là où nous sommes et en ces temps qui sont les nôtres, nous avons à entendre l’appel de Dieu à la joie, à la joie de l’Evangile, et nous devons tenir bon dans notre attente de la venue du Seigneur, à tenir dans l’espérance. Si nous en restons à des vues trop humaines et trop immédiates, c’est impossible et nous risquons d’éteindre l’Esprit qui habite nos cœurs, Nous sommes invités à faire preuve de discernement, au cœur des épreuves et non pas à l’abri d’elles, en nous confiant plutôt à l’abri du Seigneur, du Christ, qui, lui, est toujours le témoin fidèle auprès de son Père et Notre Père.

Nous l’attendons et il nous attend : c’est l’enjeu de ces jours du Temps de l’Avent, un temps qui est court et pas toujours rose, mais il ouvre un chemin d’éternité, de joie, de paix et de justice.

Homélie du 03 décembre 2023 — 1er dim. de l'Avent — Frère Basile
Cycle : Année B
Info :

Année B - 1° Dimanche Avent - 3 décembre 2023

Esaïe 63,16 à 64, 7 / ps 79 /1 Corinthiens 1, 7-10 -Marc 13, 33-37

Homélie du Frère Basile

Texte :

« Veillez » : le message est clair, le mot est répété ici 4 fois ; dans l’évangile de Marc, ce sont les dernières paroles de Jésus sur la fin des temps où nous sont annoncées aussi des catastrophes cosmiques ; pourtant Jésus ne dit pas cela pour terrifier ses auditeurs ; il faut veiller parce que le Seigneur va revenir : voilà la grande certitude, mais aussi la grande inconnue : nous ne savons pas quand il reviendra !

« Veillez » cela veut dire littéralement : ne pas dormir, rester éveillé. Ce mot avait un sens beaucoup plus fort pour les premières communautés chrétiennes, qui attendaient le retour imminent du Seigneur. Paul en parle dans sa lettre aux Corinthiens : « Vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus Christ. » Mais ce retour n’a pas eu lieu et au fil des temps l’attente s’est émoussée, très émoussée : la vie ordinaire avec tous ses problèmes a vite pris le dessus : manger, boire, dormir, trouver du travail etc… Aujourd’hui, il faut bien le reconnaître, les chrétiens sont plus préoccupés de l’avenir de leurs communautés et de l’avenir du monde que du retour du Christ. « Chrétiens, qu’avons-nous fait de l’attente ? » disait déjà le P. Teilhard de Chardin il y a presque 100 ans, et le P.Albert-Marie Besnard écrivait il y a 50 ans, au début de la réforme liturgique : « Un Christianisme qui devient insensible à l’attente du retour du Christ, perd tout son ressort… Nous ne sommes plus que des chrétiens fossilisés, se survivant à eux-mêmes, incapables d’être la pointe avancée du Royaume de Dieu. »

J’aime cette expression « la pointe avancée du Royaume de Dieu », car elle donne le sens profond de notre vie monastique. Non pas que nous soyons les meilleurs ou les premiers, mais Dieu nous appelle à être des veilleurs, des guetteurs du Royaume qui vient.

Il y a dans le prophète Isaïe, au chapitre 21 une parole étrange, mais tellement actuelle : « Une voix me crie : ‘Veilleur, où en est la nuit ?’ Et le veilleur répond : ‘Le matin vient, et puis encore la nuit…’ » Ah, cette nuit qui n’en finit pas pour les grands malades, mais aussi pour tous ceux qui sont pris dans la guerre, qui ne savent pas si demain il seront encore en vie ! N’y a-t-il pas une urgence à crier vers le Seigneur dans la nuit : « Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ? » Et ce sont les mots des psaumes qui résonnent dans cette église chaque nuit ; ils nous apprennent le secret d’une prière inlassable qui porte vers Dieu les cris et les espoirs des hommes d’aujourd’hui. Oui, il faut plus que jamais des veilleurs sur le monde pour attendre l’aurore : le veilleur est debout, il a confiance au nom des autres.

Mais, vous l’avez remarqué, Jésus ne demande pas seulement au portier de veiller ; il confie à chacun son travail et il dit à la fin : « Je le dis à tous : Veillez ! » Frères et sœurs, vous êtes compris dans ce « tous ». Le chrétien est un veilleur parce qu’il a reçu l’Esprit des prophètes, qui lui donne de voir loin, d’être attentif aux signes de transformation du monde, à tout ce qui remet l’homme debout.

Cela veut dire qu’il y a plusieurs manières de veiller, de tenir ses yeux ouverts. Ce que dit Paul aux chrétiens de Corinthe, complète très bien l’appel de l’évangile et le traduit en termes positifs : « Aucun don de grâce ne vous manque ; vous avez reçu toutes les richesses de la Parole pour attendre le Seigneur Jésus et déjà lui rendre témoignage ; et par-dessus tout, vous pouvez compter sur la fidélité de Dieu qui vous fera tenir bon jusqu’au bout. »

F et S, ne nous endormons pas : la grâce de l’Avent, c’est de réveiller ces dons en nous, de remonter le ressort pour regarder en avant (et non pas en arrière), car Dieu vient à notre rencontre, il vient dans l’histoire à travers nos vies et nos morts d’hommes et de femmes, qui se battent pour un monde meilleur, à travers les guerres, les épidémies, les révolutions, les espoirs de paix. Dieu vient dans une histoire, et il en est le sens dernier, car cette histoire est orientée vers le Jour du Christ, ce jour où la lumière l’emportera définitivement sur toutes les ombres de la nuit.

Veiller, c’est urgent. Peut-être n’y a-t-il que 2 urgences dans le monde : la prière et l’amour, à vivre en interaction. Le jour où nous comprenons que ce n’est pas nous qui aimons, c’est Dieu qui aime en nous, nous pouvons comprendre alors que c’est Dieu qui veille en nous. Avec une inlassable patience, il veille sur les hommes ; et quand il voit la misère de son peuple, il est prêt à descendre, à venir se faire l’un de nous. « Ah si tu déchirais les cieux, si tu descendais « demande le prophète Esaïe. Il est venu, il vient encore, mais pas de manière terrifiante. Il vient en nous de l’intérieur, comme le dit un mystique flamand : c’est nous qui ne savons pas le reconnaître. « Tu viens rencontrer celui qui pratique avec joie la justice, qui se souvient de toi en suivant tes chemins. » C’est toi, Seigneur, qui veilles en nous, avec une fidélité inlassable.

« Veilleur, où en est la nuit ? » et Paul répond : « Il est fidèle, celui qui nous a appelés à vivre en communion avec son Fils, Jésus Christ, notre Seigneur : c’est lui qui vous fera tenir jusqu’au bout. »

Frère Basile

Homélie du 26 novembre 2023 — 34e dim. ordinaire : Christ Roi — Frère Jean-Louis
Cycle : Année A
Info :

Année A - Christ, Roi de l’univers - (26/11/2023)

(Ez 34, 11-12.15-17 – Ps 22 – 1Co 15, 20-26.28 – Mt 25, 31-46)

Homélie du F. Jean Louis

Texte :

Frères et sœurs,

Ce dimanche, dernier dimanche de l’année liturgique, nous célébrons la solennité du Christ Roi de l’univers. Cette fête a une tonalité eschatologique, c’est-à-dire qu’elle nous annonce la fin des temps et l’ouverture des temps nouveaux du règne du Christ sur l’univers entier. Mais en quoi consiste la royauté du Christ ?

Les termes de roi, de royauté sont évidemment très connotés dans notre culture. De la royauté absolue de droit divin de l’ancien régime aux monarchies constitutionnelles d’aujourd’hui, il y a une marge qu’il n’est pas facile d’appréhender. Et nous risquons toujours de projeter sur Dieu une réalité politique dont nous n’avons plus l’expérience en ce 21e siècle débutant, mais dont les souvenirs sont, il faut le dire, mitigés.

Et pourtant, la Bible nous dit que le Seigneur est roi, les psaumes le redisent plusieurs fois. Le Christ lui-même, interrogé par Pilate, dira bien « je suis roi, mais ma royauté n’est pas de ce monde. » Quelle est donc cette royauté ? Les lectures de ce dimanche nous donnent des ouvertures qu’il me semble important d’examiner.

Le prophète Ezékiel, à l’époque de l’exil à Babylone, au sixième siècle avant le Christ, nous présente le Seigneur prenant en compte la situation de son peuple déporté. Il n’a plus de roi, ceux-ci ont d’ailleurs failli dans leur rôle. C’est désormais Dieu qui veillera sur son peuple. Mais il ne le fera pas comme les rois humains. Il veillera comme un berger s’occupe de son troupeau. Il ira délivrer ses brebis dispersées, rechercher la brebis perdue, ramener l’égarée, rendre des forces à la brebis malade. C’est cela qu’auraient dû faire les rois d’Israël s’ils avaient écouté leur Dieu. Le Seigneur délivrera finalement son peuple de l’exil, le ramènera sur sa terre et le fera paître selon le droit, ce que n’avaient pas fait la plupart des rois que le peuple s’était choisis. Le roi selon Dieu n’est pas selon nos représentations humaines. Toutefois, Ezékiel annonce que Dieu, comme roi, sera aussi un juge…

Le psaume 22 qui a été chanté nous redit combien le Seigneur est un berger. Or, nous le savons bien, le Christ, Fils du Père qui s’est fait chair, s’attribuera le titre de berger des brebis. Et le psaume termine dans la confiance proclamée en un Dieu qui procurera le bonheur pour les jours de la vie. Le roi berger de son peuple qu’est Dieu est bien celui qui veut le bonheur de son peuple.

Le passage de la première épître aux Corinthiens choisi pour cette célébration nous présente une grande fresque de la fin des temps avec la résurrection des morts qui recevront la vie dans le Christ. Et ce dernier remettra son pouvoir royal au Père, après avoir anéanti la mort. Et Dieu sera tout en tous.

Quant à l’évangile, il nous présente lui-aussi d’une autre façon la fin des temps, l’eschatologie, sous la forme du Jugement dernier qui a tellement marqué notre culture, notamment dans l’art. Remarquons que ce jugement ne porte pas sur les pratiques religieuses mais bien sur l’attention aux plus pauvres, assimilant ces derniers au Christ. « Tout ce que vous aurez fait, ou n’aurez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous l’aurez fait ou pas fait. »

Remarquons aussi que la même réaction des bénis et des maudits les sauve ou les condamne. En effet, les deux n’ont pas reconnu le Christ dans les plus pauvres. Mais les bénis sont venus en aide aux pauvres, non pas parce qu’ils y ont vu le Christ, non pas pour obtenir des mérites, mais par pure bonté gratuite. Par contre les maudits, eux, n’ont pas reconnu avoir manqué aux devoirs élémentaires de nourrir les affamés, accueillir l’étranger, visiter le malade, etc… et c’est cela, à mon avis, qui les condamne. Si leurs yeux s’étaient ouverts, s’ils avaient reconnu leur erreur, alors, tout aurait pu être possible. Nous trouvons en effet dans la première épître de saint Jean : « Si nous reconnaissons nos péchés, Dieu qui est fidèle et juste va jusqu’à pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice. Voilà la justice de Dieu. Une certaine spiritualité a insisté sur ce côté implacable du jugement de Dieu, espérant sans doute faire peur et amener le pécheur à se convertir, mais est-ce que cela n’a pas eu comme conséquence, outre d’écarter nombre de chrétiens de la foi, d’avoir fait oublier la responsabilité que nous avons dans ce jugement ? Refuser de reconnaître leur manque d’amour, n’est-ce pas cela qui a condamné les boucs ? N’est-ce pas cela l’enfer ?

Frères et sœurs, que nous disent ces textes sur la royauté de Dieu ? Eh bien que, comme le Christ le dira à Pilate, vraiment, la royauté de Dieu n’est pas de ce monde. Quand Dieu se montre comme roi, il se montre comme un berger particulièrement attentif aux plus fragiles, aux plus pauvres. Et lorsque le Christ se dit roi, c’est dépouillé devant Pilate, mais à la veille de sauver http://www.apqv.fr/admin/images/retour.gifl’humanité par une mort acceptée sans violence et sans révolte. C’est sa faiblesse, ou plutôt ce que nous considérons comme de la faiblesse, qui, finalement, anéantit la puissance apparente de la mort. Dieu, ne cesse de prendre à contrepied nos représentations toute faites. Nous imaginons la toute-puissance de Dieu de façon destructrice, à notre image peut-être, et Dieu vient se révéler en un homme soumis aux aléas de l’histoire, des calculs politiques et des raideurs religieuses.

Si nous avons tendance à voir dans la Solennité du Christ roi de l’univers, une manifestation de puissance, n’oublions pas que la puissance de Dieu, qui est réelle, ne se manifeste pas comme la puissance humaine, finalement d’autant plus fragile qu’elle veut se montrer forte. Car la faiblesse de Dieu, c’est elle qui vainc la souffrance et la mort.

Si nous avons tendance à voir Dieu comme un juge impitoyable qui condamne sans pitié, n’oublions pas qu’Isaïe le prophète disait déjà en son temps que la justice de Dieu est une justice qui rend juste, qui justifie, et saint Paul reprendra cela. Encore faut-il se laisser justifier… reconnaître que nous avons radicalement besoin d’être justifiés, rendus justes par le jugement de ce roi miséricordieux qu’est Dieu.

La Solennité du Christ roi de l’univers, par la méditation des textes que la liturgie nous offre, nous invite à grandir dans la connaissance du vrai Dieu et pas de l’image que nous nous faisons de lui. A la fin de cette année liturgique et au seuil de la nouvelle année liturgique qui débutera dimanche prochain, laissons-nous être bousculés pour grandir dans la connaissance d’un Dieu qui, décidément, nous surprend toujours.

AMEN

Homélie du 12 novembre 2023 — 32e dim. ordinaire — Frère Cyprien
Cycle : Année A
Info :

année A - 32e dim TO - 12 novembre 2023

Sag 6/12-16, 1 The 4/13-19, Mt 25/1-13.

Homélie du F. Cyprien

Texte :

„La Sagesse se laisse trouver par ceux qui la cherchent. Elle devance leur désir.“

„Assise à sa porte… Chaque fois qu’ils pensent à elle, elle vient à leur rencontre.“

Que vient faire cette parabole des jeunes filles invitées à la noce dont la moitié est un peu „fofolle“,… insensées, dit le texte de l’Evangile; le contraire de la Sagesse de la première lecture…

Si l’on y regarde de près dans nos vies, il y a bien des occasions de chercher la Sagesse, de ne pas se tromper pour agir, d’être prévoyants, terme employé pour celles qui ont pris une provision d’huile pour aller à la rencontre de l’époux.

Il y a un lien entre la sagesse, la Sagesse qui vient d’En-Haut, celle qu’il vaut la peine de chercher tout au long de sa vie, un lien certain entre la Sagesse et la veille, la vigilance…

Récemment j’ai rencontré dans un TGV un homme dont le métier est d’être steward dans une Compagnie aérienne. Il m‘a expliqué que quand il était d’astreinte, il devait rejoindre Roissy pour être à la disposition de la Compagnie, si d’aventure il y avait quelque personne à remplacer au dernier moment : cela signifie pour lui qu’il peut partir au bout du monde pour quelques jours sans avoir prévu où il irait… Attendre sans savoir s’il va aller à New-York ou Honolulu…! En tous les cas attendre pendant les heures de service pour être prêt…

Bien plus que les jeunes filles, prévoyantes ou non, disons que dans notre recherche de Dieu, nous ne pouvons que l’attendre …et l’attendre encore.

Image de notre vie : si elle n’est pas animée par la recherche de Dieu, la recherche de l’essentiel pour lui donner sens, nous allons à la déception la plus grande…

Mais n’oublions pas celles que l’Evangile appellent les „vierges folles“: Elles sont insensées de s’éloigner de celui qu’elles attendent sous prétexte qu’elles n’ont pas de quoi l’éclairer. L‘époux en fermant la porte aurait pu leur dire :

J’avais besoin de votre présence, de votre accueil et vous êtes parties ! Comment avez-vous pu penser que j’avais besoin de votre huile, que j’avais besoin de vos œuvres?

Autant que les jeunes filles prévoyantes, les « insensées », les « fofolles » ont quelque chose à nous dire : Jésus vante la sagesse des femmes prévoyantes …celles-ci prévoient qu’en partageant, sous couvert de générosité, elles plongeraient l’époux avec elles dans la nuit.

Les autres sont insensées, ces cinq jeunes filles, qui attendent l’époux toute une partie de la nuit et qui, lorsqu’on annonce son arrivée, elles s’en vont. Elles s’en vont, alors qu’elles attendaient avec les autres ce moment capital de la rencontre, du cortège, de l’époux…

J’aime cette parabole de Jésus qui nous demande de veiller en racontant l’histoire de jeunes filles qui dorment – disons plutôt : elles s’assoupissent en attendant le cortège du marié.

Est-ce que veiller voudrait dire seulement ne pas dormir ? Il s’agit d’être prêt pour celui que nous attendons…. Ne pas dormir ? s’assoupir ? en tout cas être prêt… Quand tout est prêt, il n’y a plus qu’à attendre, le cœur paisible…

Dieu nous veut « préparés » … une vigilance intelligente, active. Cette vigilance est de grandir dans la charité :

= charité, cet amour que Dieu demande,

= charité qui consiste à se rapprocher de Lui, à entrer déjà dans son intimité, …puisqu’au soir de la vie nous serons jugés sur l’amour.

***

Homélie du 05 novembre 2023 — 31e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année A
Info :

Année A - 31e dimanche du T. O. – 5 nov. 2023

Mal. 1.14-2.10 ; 1 Thes 2 7-13 ; Mt 23 1-12

Homélie du F. Hubert

Texte :

« Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. »

Cette sentence, que nous entendions déjà hier dans un autre contexte, à la fin d’une parabole chez st Luc, est-elle seulement de sagesse ou de bienséance, fruit du constat du cours des choses,

comme le serait la conclusion d’une fable de La Fontaine ?

Non.

C’est le Christ qui nous parle ainsi, dans son Evangile, exprimant son mystère et notre mystère.

« Le plus grand parmi vous sera votre serviteur ».

Voilà la lumière vive qui éclaire notre sentence.

Qui est le plus grand parmi nous, sinon le Fils de Dieu ?

Qui s’est fait et demeure notre serviteur, sinon le Fils de l’homme, le Dieu fait chair ?

Nous ne pouvons entendre cette sentence, sans la relier à l’hymne de la lettre aux Philippiens :

Le Christ, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.

Il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes.

C’est pourquoi Dieu l’a exalté et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom.

Dimanche dernier, Jésus nous disait le double commandement de l’amour :

aimer Dieu, et aimer son prochain comme soi-même.

Aimer Dieu, aimer son prochain, mais aussi s’aimer soi-même.

Comment Jésus s’est-il aimé lui-même ?

Il s’est aimé comme Fils, toujours tourné vers le Père,

et, comme lui, avec lui, ayant le « grand désir de partager sa joie de Dieu ».

Il s’est aimé comme notre Frère, voulant nous faire partager sa condition de Fils et sa joie de Dieu.

Pour cela, il a partagé notre condition humaine, non seulement de créatures,

mais de créatures blessées à mort par le péché.

Image du Père, il s’est révélé comme le Dieu Très-bas, le Dieu Très humble,

jamais préoccupé de lui-même.

Jamais Jésus ne pose le moindre acte qui soit tourné vers lui, à son avantage.

C’est même son premier combat avec Satan, à l’ouverture de sa vie publique :

ni pain, ni protection, ni possession de richesses à son profit,

et surtout pas aux dépens de sa relation à son Père et aux hommes.

Sa seule richesse, c’est d’être le Fils, et de tout recevoir de son Père.

Vis-à-vis des hommes, il n’exerce son autorité

que pour guérir, mettre debout, pardonner, libérer du mal et du malheur

et engendrer une multitude de frères.

Tout ce qui est superficiel, autoréférentiel, repli sur soi-même, est à l’opposé de sa manière de vivre,

et donc de celle de Dieu lui-même.

A la suite de saint Paul, le pape François, nous invite à avoir un style de vie à l’imitation de celui du Christ.

Son souci de tous les souffrants, de tous les rejetés et laissés-pour-compte,

s’enracine dans sa contemplation de la vie du Christ.

Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus,

écrit saint Paul en introduction à l’hymne que je viens de citer.

François a décidé au dernier moment, lors de sa venue à Marseille, d’aller prendre son petit-déjeuner,

non chez le cardinal Aveline où il logeait,

mais dans la maison où les sœurs de Mère Térésa accueillent les pauvres de la rue :

il a pris son petit-déjeuner avec ces pauvres.

Ce n’est pas pour faire joli, c’est son tourment intérieur :

rejoindre les pauvres, les exclus, ceux qui souffrent.

Chercher leur communion et leur dire la sienne.

À l’image du Christ, à l’image de Dieu qui vient à nous.

La place des serviteurs, la place des disciples du Christ, n’est pas de recevoir des honneurs,

mais d’être proches des autres.

Comme il est bon qu’en quelques décennies, le pape soit descendu de son piédestal !

Puisse cela être vrai de nous tous ! Nos petits piédestaux, entretenus ou désirés !...

Chercher les premières places et les honneurs ? Celui qui est « le Seigneur » est mort nu sur une croix.

Ils disent et ne font pas ? : le Christ n’a été que oui.

Ils attachent de pesants fardeaux ? : le Christ libère.

Ils ne veulent pas les remuer du doigt ? : le Christ a porté la croix, les péchés du monde ;

son obéissance à la loi suprême de l’amour l’a conduit à se dessaisir de sa vie.

Être remarqués des gens ? : il a été reconnu comme un homme, un homme parmi tous les hommes.

Notre évangile nous plonge dans le mystère du Dieu qui se donne,

qui n’est que dessaisissement de lui-même,

et nous appelle à être et à vivre comme lui.

Si nous voulons être chrétiens, ne nous lassons pas de regarder le Christ, d’écouter sa Parole,

et de l’imiter en nous laissons conduire par l’Esprit.

À la fin du synode, le pape, a exhorté les fidèles à « rêver », d’une Église

« au service de tous, au service des derniers », « une Église qui accueille, sert, aime et adore » ;

« une Église aux portes ouvertes, un port de miséricorde »,

« une Église qui lave les pieds de l’humanité blessée »,

rejetant « les idolâtries mondaines », comme le « carriérisme » et « l’avidité ».

Cela nous concerne tous.

Le Christ s’est aimé lui-même comme Fils et comme Frère :

comment nous aimons-nous nous-mêmes ?

Est-ce en cherchant les honneurs, les premières places, les avantages personnels,

ou en mettant nos pas dans ceux du Christ, l’Homme nouveau, dépossédé de lui-même,

rempli de l’Esprit de vie et de sainteté, le Très-Humble qui donne sa vie ?

Nous allons le recevoir dans l’Eucharistie pour devenir ce que nous allons recevoir.

« Le plus grand parmi vous sera votre serviteur ».