vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Homélies

Liste des Homélies

Homélie du 28 juillet 2024 — 17e dim. ordinaire — Frère Cyprien
Cycle : Année B
Info :

Année B -28 Juillet 2024 - 17e dim Ordinaire

2R 4/42-44, Eph 4/1-6, Jn 6/1-15.

Homélie du F. Cyprien

Texte :

« Vingt pains… d’orge et de blé nouveau… Cinq pains d’orge… et deux petits poissons », Cent personnes pour Elisée, une grande foule avec Jésus et ses disciples

Il y a un parallèle évident entre les deux lectures, entre le miracle accompli par le prophète Elisée et celui de Jésus pour la foule qui le suivait…

… « Comment pourrais-je en distribuer à cent personnes ?... » « Qu’est-ce que cela pour tant de gens ? »

…Une insistance = la disproportion entre le nombre de gens et les provisions apportées, le pain disponible…

Et pourtant, comme il est écrit dans le livre des Rois, et le Seigneur l’avait dit : « On mangea et il y eut des restes » … Jésus le demanda aussi, on ramassa les restes quand tous furent rassasiés : « Ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge qui étaient restés ».

Au départ, à la vue de la situation, c’est l’impossible qui se présente …impossible de subvenir aux besoins d’une foule… et pourtant, Elisée commande de distribuer les vingt pains d’orge et Jésus met à l’épreuve le disciple qui pense devoir aller acheter du pain.

Est-ce que cette situation ne se reproduit pas souvent dans nos vies, dans le quotidien du monde ? Est-ce que le fait d’être désarmé devant les impasses arrive seulement aux autres et jamais à nous-mêmes ?

Nous connaissons cela : avouons que souvent nous ne nous souvenons plus de la manière dont nous nous sommes sortis des impasses.

Alors Dieu ne ferait-il pas parfois des miracles, non pas pour s’imposer, mais peut-être pour nous faciliter la vie, pour que nous avancions avec un peu plus de confiance et de sérénité ?

En fait Dieu ne va pas nous faciliter la vie simplement pour nous faire plaisir : il y a des domaines où nous savons fort bien que notre responsabilité est en jeu…

Comment ne pas lutter contre la faim dans le monde, contre le commerce des armes, contre toute forme de violence. Il ya des scandales dont nous sommes tous effectivement un peu ou vraiment responsables…

Les miracles sont, comme les paraboles, l’expression d’une volonté divine : cette volonté divine c’est de nous donner une part dans le gouvernement du monde et des choses.

Comme si Dieu nous disait : je veux bien vous aider, mais aidez-moi aussi. Souvenez-vous : après la guérison d’un homme paralysé : « Voyant cela, les foules furent saisies de crainte et rendirent gloire à Dieu qui a donné une telle autorité aux hommes. »

C’est saint Matthieu qui rapporte cela : il met à égalité Jésus et ses disciples à qui Il a dit ailleurs : « Si vous aviez la foi, vous diriez à cette montagne, change de place et elle vous obéirait».

J’ai le souvenir d’une catastrophe à Paris : une rame de métro ou train de banlieue, rame mal aiguillée, rame folle qui n’avait pu éviter le choc dans la station finale et les voitures s’étaient écrasées dans la gare les unes contre les autres : une journée après, les centres de transfusion du sang appelaient à ne plus venir ; ils avaient été débordés par les dons de sang spontanés suite à la nouvelle de l’accident. « Aide-toi, le Ciel t’aidera ».

La vie des saints ou plutôt l’histoire sainte que nous tissons tous avec la grâce de Dieu est pleine d’événements que nous ne pouvons pas expliquer et qui montrent que nous ne sommes jamais vraiment les maitres : cela est bon de nous le rappeler. « Aide-toi, le Ciel t’aidera » est un acte de foi autant qu’un proverbe de sagesse populaire.

Chers f. et soeurs, vivons en étant sûrs que Dieu et sa grâce nous accompagne : Jésus est venu nous le dire Lui-même : La vie est plus que la nourriture, le corps est plus que le vêtement »,… Ne vous souciez pas de ce que vous ne pouvez pas changer… le temps qui passe par exemple… et beaucoup d’autres choses, mais changez ce que vous pouvez changez, changez votre cœur, changez vos manques de foi en confiance, changez votre dureté de cœur en tendresse les plus nécessiteux. Comme au début du Carême entendons sans cesse cet appel : « Convertissez-vous et croyez à l’Evangile ». Dieu est capablr de nous convertir… Il est capable de faire avec nous et pour nous des miracles. Bon dimanche, fr. et srs…

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Homélie du 25 juillet 2024 — Dédicace de l'église de la PqV — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

DEDICACE DE NOTRE EGLISE ; 25 juillet 2024

1 R 8, 23-22, 27-30 ; 1 P 2, 4-9 ; Mt 16, 13-19

Homélie du Père Abbé

Texte :

Depuis que cette église a été consacrée en 1871, elle a bien changé dans son aménagement intérieur. Les croix de consécration qui sont sur les piliers et que des couronnes de feuillage honorent aujourd’hui en témoignent. Celles qui sont dans la nef sont anormalement basses. Elles signalent ainsi que le plancher a été relevé d’un mètre environ ; et disposé avec des petites marches pour faciliter la vue. A la différence de la disposition ancienne où le chœur des moines était surélevé, la disposition actuelle a permis aux fidèles d’être sur le même niveau afin d’être mieux associés à l’action liturgique. Ainsi a été mieux signifiée combien notre assemblée de prière est une et appelée à le devenir toujours plus. Entre l’église de 1871 et la nôtre, les aménagements faits nous rappellent que le bâtiment église est au service de la communauté qui s’y rassemble, à l’écoute de la compréhension qu’elle a d’elle-même. Après la vision très hiérarchique et pyramidale de l’Eglise qui était celle du 19°s, nous avons redécouvert avec le concile Vatican II, la nature de l’Eglise avant tout comme peuple de Dieu, formé de tous les baptisés, qui sont, pour reprendre les mots de l’apôtre Pierre, « une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte ». Souligner ainsi l’évolution de notre église nous fait entrevoir combien le bâtiment église joue son rôle pour contribuer à l’édification progressive de l’assemblée des fidèles qui s’y rassemble.

En effet, comme le suggère l’apôtre Pierre, à chaque fois que nous entrons dans une église pour y prier et pour y célébrer avec d’autres, nous sommes invités à « entrer dans la construction de la demeure spirituelle ». C’est cette oeuvre qu’il importe désormais de réussir : la construction de la demeure spirituelle. Comment comprendre cette expression ? L’apôtre Pierre précise qu’il s’agit de devenir « le sacerdoce saint et de présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus-Christ ». Tous les fidèles sont ici concernés, pas seulement les prêtres. Tous participent à ce sacerdoce saint qui est d’offrir des sacrifices spirituels. Concrètement nous offrons des sacrifices spirituels par toute notre manière intérieure et extérieure d’être sous le regard de Dieu qui est là, et en étant attentifs à nos frères qui sont là. Depuis le premier signe de la croix, lorsque nous nous signons avec l’eau bénite, ou lorsque s’ouvre toute célébration liturgique, jusqu’à la dernière bénédiction qui conclue en général nos prières, nous offrons des sacrifices spirituels. Par nos paroles prononcées, par les élans intérieurs, par nos inclinations, par nos positions debout ou à genoux, par tous ces gestes qui nous associent à l’action qui se déroule qu’elle soit la prière de l’office ou la messe, par notre manière de recevoir la communion, nous exerçons chacun à notre place de fidèles ou de ministres notre vocation sacerdotale. Souvent nous vivons peut-être trop ces rites de manière machinale sans trop y penser. La fête de ce jour est là comme pour nous en refaire prendre conscience. Ce bâtiment église nous convoque à une œuvre spirituelle en chacun de nos gestes et en chacune de nos paroles. Rien d’extraordinaire en tout cela, mais une forme d’engagement à être présent en tout ce que nous faisons et disons. Certes nous savons tous d’expérience que parfois nous sommes bien attentifs et parfois très peu voire pas du tout. Le Seigneur n’attend pas notre parfaite disponibilité pour faire son œuvre. Il nous devance toujours pour nous offrir comme une grâce, sa parole, sa vie et son alliance scellée dans la mort et la résurrection de Jésus. Car une des manières de vivre notre sacerdoce baptismal, et non des moindres, n’est pas tant de faire beaucoup de choses, que d’accueillir ce que l’Eglise nous propose, d’entrer dans ce don de vie que le Seigneur veut nous faire….de nous laisser faire par Lui. Pour reprendre un autre mot de l’apôtre Pierre, il s’agit de nous « approcher du Seigneur Jésus »… Nous approcher, nous rendre proche de Lui qui est au milieu de nous dès lors que deux ou trois sont réunis en son nom…

En cette eucharistie, c’est ce qu’il nous est donné de faire.

Réjouissons d’être associés à si grand mystère. Entrons dans la construction de la demeure spirituelle que le Seigneur ne cesse d’édifier, au cœur de notre communauté monastique, mais aussi toujours inséparablement au cœur de son Eglise que nous formons tous.

Homélie du 21 juillet 2024 — 16e dim. ordinaire — Frère Guillaume
Cycle : Année B
Info :

Année B - HOMELIE du 16ème dimanche du TO - 21 juillet 2024

(Jér. 23,1-6 ; Eph. 2,13-18 ; Marc 6,30-34)

Homélie du F.Guillaume

Texte :

Frères et sœurs Dimanche dernier, dans un passage de l’évangile selon St Marc, précédent celui que nous venons d’entendre, Jésus avait inauguré l’envoi en mission de ses disciples, 2 par 2. Il les exhortait à ne rien emporter avec eux, ni pain, ni sac, ni argent. Il leur demandait seulement de proclamer la Bonne Nouvelle, en invitant leurs auditeurs à la conversion, tout en chassant les démons et en guérissant les malades avec des onctions d’huile.

Aujourd’hui, nous assistons au retour de cette première mission. Les apôtres font un rapport à leur Maître de ce qu’ils ont fait et enseigné. Cela apparaît plutôt comme une réussite et une bonne performance. On s’attendrait alors que leur maître les félicite et les encourage à continuer. Mais non. Jésus se préoccupe avant tout de leur état physique, de leur fatigue. Il sait par expérience ce qu’il en coûte d’efforts pour annoncer l’Evangile. Lui-même a connu la faim, la soif, la fatigue des longues marches à travers la Galilée, la Judée et la Samarie. Il connaît le prix du repos, le bienfait de se mettre à l’écart, dans des endroits déserts, loin des foules avant de reprendre la route. Il sait qu’il faut prendre le temps de s’alimenter, alors même qu’il avait demandé de ne pas prendre de provision de pain, et de compter sur la générosité de ceux qui les accueilleraient.

Un apôtre doit donc veiller à son corps, être en bonne santé. Vous le savez sans doute : la langue anglaise dispose de 2 mots pour exprimer le soin à apporter à une personne. « Cure » vise le soin médical, thérapeutique, en vue de la guérison d’un malade, et c’est de ce soin qu’ont fait preuve avec succès Jésus et ses disciples, mais il y a aussi le « Care » qui est le soin attentif et attentionné à la personne, malade ou non, et c’est également de ce soin-là que fait preuve Jésus à l’égard de ses proches. Un soin que chacun est invité à porter à soi-même : « take care of yourself » comme on se le souhaite couramment.

Si la 1ère partie de notre page d’évangile concerne la relation de Jésus à ses apôtres, la 2nde partie, elle, met en avant la foule. Une foule de gens qui cherchent à approcher Jésus pour le voir, pour l’écouter, pour le toucher. Ce sont des gens affamés, fatigués aussi d’une autre manière, dans l’attente de soin et de pain. L’évangéliste Saint Marc nous dit alors que Jésus fut saisi de compassion envers eux. Un terme très fort en grec « splangma », qui serait mieux traduit par « il fut remué jusqu’aux entrailles », comme le sentiment d’une mère devant la souffrance de son enfant malade. C’est le mot de la miséricorde, dans ce qu’elle a de plus profond et de révélateur de l’Amour de Dieu pour nous. On le trouve dans la parabole du Bon Samaritain qui fut, lui aussi, touché de compassion devant la détresse d’un homme à demi-mort, abandonné au bord de la route par des bandits, tandis qu’un prêtre et un lévite étaient passés sans lui prêter attention, sans cure, sans care, sans cœur…

Face à la détresse de cette foule, comparée à un troupeau de brebis sans berger, la réponse de Jésus sera de lui proposer d’abord un enseignement, et même un long enseignement. Ce ne sera qu’ensuite qu’il pourvoira à leur restauration, par la multiplication des pains. Un épisode que nous aurons dimanche prochain, rapporté dans le IV° évangile.

Saint Marc veut nous faire comprendre ainsi qu’il n’y a pas d’évangélisation sans enseignement, et sans une écoute préalable et longue de la Parole de Jésus. Les apôtres à leur retour de mission rapporte à Jésus ce qu’ils ont fait et ce qu’ils ont enseigné. L’ évangile de Marc ne nous rapporte pas le contenu de ces longs discours, comme on en trouve chez les autres évangélistes : Matthieu, Luc et Jean. Le message de Marc se résume en peu de mots : « Le Royaume de Dieu est arrivé. Il est tout proche de vous. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle »

Frères et sœurs, ce message et cet appel à la conversion, dans un esprit de foi, sont toujours d’actualité et ils nous concernent chacun personnellement et en église. Les moines, en adoptant la Règle de Saint Benoît en font même l’objet d’un vœu qui les engage jour après jour. Mais ne nous faut-il pas aussi entendre les appels de notre Pape François qu’il adresse à tout homme de bonne volonté, pour une « conversion écologique », dans la mesure où notre terre, notre maison commune est en danger et menacée par une grave crise. Il nous est bon et profitable alors de relire et de méditer l’encyclique : « Laudato Si’ », comme nous le faisons en communauté, ces derniers jours, chaque matin, au chapitre. Et c’est une bonne lecture d’été que nous ne saurions que vous conseiller.

Frères et sœurs, à la différence de Jésus, je ne vais pas trop prolonger cette homélie. Certes, nous aurions pu nous pencher aussi sur les 2 premières lectures. Elles sont en consonance avec l’évangile, dans leurs appels et leur espoir d’une conversion et d’une réconciliation dans le droit, la justice et la paix. Et cela, dans une perspective messianique, en Jésus-Christ.

« Voici venir des jours, où je susciterai pour David un germe juste : il règnera en vrai Roi, il agira avec intelligence, il exercera le droit et la justice » annonce le prophète Jérémie : et Saint Paul de renchérir : « dans le Christ, vous qui étiez autrefois loin, vous êtes devenus proche par son Sang. C’est lui, le Christ, qui est notre paix ; il a détruit le mur de la haine. Il nous a réconciliés avec Dieu, les uns et les autres, en un seul Corps, par le moyen de la Croix. »

Nourris ainsi par la Parole de Dieu, accueillie dans les Saintes Ecritures, nous pouvons nous approcher de la Table de l’Eucharistie et partager le Pain de la Vie et la Coupe du Salut, en faisant mémoire de la Passion et de la Résurrection de Notre Seigneur et Sauveur.

Rendons grâces à Dieu, en ce dimanche où Il nous conduit par un juste chemin pour l’honneur de Son Nom : et que cette grâce et ce bonheur nous accompagnent tous les jours de notre vie. AMEN -

Homélie du 14 juillet 2024 — 15e dim. ordinaire — Frère Hubert
Cycle : Année B
Info :

Année B - HOMÉLIE 15e DIMANCHE du Tps Ord. 14 JUILLET 2024

Amos 7, 12-15 ; Eph 1, 3-14 ; Mc 6, 7-13

Homélie de F. Hubert

Texte :

Ton appel les a lancés par les routes et les chemins ;

porteurs de ta parole, sans autre appui que ton amour.

Envoyés en mission, à la suite des Douze,

sans rien prendre pour la route,

nous sommes envoyés comme des pauvres, démunis,

mais avec l’appui de l’amour du Seigneur.

Nous n’avons aucun « avoir » à offrir.

Ce que nous avons à offrir, c’est le don de Dieu.

Ce don, il faut d’abord le recevoir nous-mêmes.

L’accueillir, et ensuite le partager.

En le partageant, il s’enrichit, il s’approfondit, il se multiplie.

Quel est-il ?

C’est que nous sommes bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, dans le Christ,

que nous sommes choisis pour être saints et immaculés dans l’amour, grâce à son amour.

Jésus nous envoie sans moyens humains, sans moyens de puissance,

car son amour s’offre, il ne s’impose pas.

En Jésus, le Père nous offre la dignité des fils de Dieu, égaux en dignité,

il nous offre la fraternité de ceux qu’il engendre à sa vie,

et la liberté de ceux qui sont libérés du mal et vivifiés par l’Esprit.

A l’infirme de la Belle Porte du Temple, Pierre déclare :

De l’argent et de l’or, je n’en ai pas ; mais ce que j’ai, je te le donne :

au nom de Jésus Christ le Nazaréen, lève-toi et marche.

Le trésor que nous portons, dit Paul, nous le portons comme dans des vases d’argile ;

ainsi, on voit bien que cette puissance extraordinaire appartient à Dieu et ne vient pas de nous.

Pourtant, ce don gratuit de Dieu, il se reçoit et s’annonce par le don de nous-mêmes.

C’est en vivant à l’image du Christ que nous annonçons le Christ et son Père.

Tout notre être est engagé dans la mission que nous recevons.

Jésus nous envoie chasser les démons et guérir les malades.

Nous voudrions bien engendrer un monde où le mal n’ait plus droit de cité.

Dieu nous le promet dans le monde nouveau, à venir :

Il ne se fera plus aucun mal sur ma montagne sainte.

Mais aujourd’hui, le mal est présent,

et c’est dans le combat contre le mal que le bien se manifeste,

dans le pardon, la réconciliation, le don de la vie, le don de soi.

Il se manifeste dans la vie du Fils unique, donnée au monde dans l’Incarnation,

dans son affrontement du mal jusqu’à la croix,

dans la victoire de l’amour fidèle éclatant dans la Résurrection.

Vivre de ce bien unique et l’annoncer est la mission des disciples-missionnaires.

Chasser les esprits impurs, c’est d’abord travailler son cœur,

se laisser libérer du mal qui est présent en nous.

Car le grand danger, c’est de croire que le mal est en dehors de nous, chez les autres.

Chasser les démons, c’est offrir aux autres des chemins de libération, de vie,

de justice et de bonheur,

dans des actes simples de la vie quotidienne.

Entrer en relation, créer de la communion, de la fraternité,

c'est chasser les esprits qui rendent sourd, muet, qui divisent et isolent.

Tant de gens souffrent dans notre monde, d’isolement, d’indifférence, de rejet.

N’est-ce pas expulser les démons que de mettre le respect là où il y a le mépris,

la bienveillance là où il y a le dénigrement, la confiance là où il y a défiance,

des ouvertures là où il y a des murs, la bénédiction là où il y a rejet ?

En cette fête nationale française, la tâche est immense,

tant à l’intérieur du pays qu’à l’’extérieur.

Frères et sœurs, nous allons recevoir le Corps du Christ :

Nés de l’Esprit, recevons de Dieu notre dignité et notre liberté ;

membres du même Corps, mettons en œuvre notre fraternité,

Nous n’allons pas repartir de cette célébration avec sac et argent, tuniques et moyens humains,

mais avec l’appui du Christ ressuscité,

l’appui de l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts,

avec l’amour même de Dieu.

Porteurs de la parole, sans autre appui que cet amour, annonçons la joie au monde entier.

Béni soit Dieu qui nous a bénis pour que le monde soit béni !

Homélie du 11 juillet 2024 — Saint Benoît — Père Abbé Luc
Cycle : Année B
Info :

SAINT BENOIT 11-07-2024

Pr 2, 1-9 ; Ps 33 ; Col 3, 12-17 ; Mt 5, 1-12a

Homélie du Père Abbé Luc

Texte :

Frères et sœurs

Pour notre office monastique à la Pierre-qui-Vire, mais comme cela se fait aussi dans d’autres monastères, nous avons fait le choix de mettre la coule blanche tous les jours à la messe, et en plus pour les dimanches et jours de fêtes aux offices de laudes, de vêpres et de vigiles. Et la semaine de Pâques, nous sommes en blanc à tous les offices. Alors que les autres jours, nous sommes en noir, la couleur plus traditionnelle des moines bénédictins. Les gens nous demandent souvent, mais pourquoi ce changement ? Alors que le noir veut signifier la pénitence et tout le labeur spirituel de conversion que le moine choisit de vivre, le blanc lui rappelle ce vêtement qu’il a revêtu le jour son baptême en signe de la dignité nouvelle de fils de Dieu dont il est désormais porteur. Le vêtement blanc lui rappelle que déjà tout lui est donné et le noir qu’il doit cependant demeurer toujours vigilant et apporter sa collaboration pour que la vie du Christ devienne vraiment toute sa vie.

Il me semble cette pratique des deux vêtements représente comme une mise en œuvre rituelle de ce que nous avons entendu dans les différentes lectures. D’un côté dans la lecture du livre des Proverbes, nous entendions le conseil donné par le sage : si tu fais appel à l’intelligence, si tu recherches, si tu creuses…l’oreille attentive, le cœur incliné comme un chercheur de trésor…. C’est la partie laborieuse de notre vie chrétienne et monastique…c’est le vêtement noir. Et de l’autre côté, nous entendions st Paul affirmer comme une conviction bien établie : « Puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes sanctifiés, aimés par lui, revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience » … Paul met en évidence le cadeau immense que nous avons reçu de la part de Dieu qui nous a choisis et aimés, de manière totalement gratuite, au jour de notre baptême. C’est le vêtement blanc reçu comme un cadeau dont nous ne pouvons surtout pas nous enorgueillir d’y être pour quelque chose. Et St Paul poursuit en quelque sorte : ce vêtement revête-le vraiment. Laissez-le prendre tout son éclat, laissez vivre, osez vivre ces nouvelles qualités de tendresse, de compassion, de bonté, d’humilité de douceur et de patience, qui vous ont été données depuis votre baptême. Ailleurs, Paul osera même dire : « Revêtez-vous du Seigneur Jésus » (Rm 13, 14) pour manifester que désormais nous sommes étroitement unis au Christ. Et n’avons-nous là pas la Bonne Nouvelle apportée par la vie chrétienne : tout est d’abord donné, et s’il a un labeur spirituel à vivre aujourd’hui, c’est de permettre à ce don immense qui nous est fait de se déployer. Dieu nous a tellement aimés qu’il nous rend capable d’aimer comme Lui, dans la douceur, la compassion, l’humilité, la patience… S’il y a un trésor à rechercher, c’est de creuser notre cœur pour permettre que jaillisse toujours davantage cette source vive que l’Esprit Saint a ouvert en nous…

Mais avouons-le, il n’est pas si facile de vivre cela. Car faire venir au jour, laisser vivre ce nouvel habit blanc fait de tendresse, de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience, mais aussi de pardon mutuel nous met souvent en porte à faux avec notre entourage. Pour les uns, nous serons des naïfs, pour d’autres de doux rêveurs qui ne sont pas réalistes, ou complètement inefficaces ou qui se font avoir…etc… Sans compter qu’en nous-mêmes, il y a toujours cette part sombre qui préfère, impatiente, ne pas entendre les appels ou user de la force par souci d’efficacité… C’est ici que nous pouvons entendre peut-être autrement les béatitudes qui ouvrent le grand discours de Jésus sur la montagne : « Heureux les pauvres de cœur, heureux les doux, les miséricordieux, les artisans de paix, les persécutés… » Jésus ne propose pas un nouveau programme moral, ni une nouvelle loi. Non, il invite les disciples que nous sommes devenus, à ne pas avoir peur de ces qualités dont nous sommes porteurs dès maintenant par sa grâce. Jésus nous encourage à découvrir tout le bonheur qu’il y a dès maintenant à mettre en œuvre la paix, la douceur, la miséricorde, la justice, l’humilité, dans la conviction qu’ils portent en germe la lumière et la vie qui n’auront pas de fin.

Notre vie monastique s’offre comme une école concrète dans laquelle jour à après jour, nous apprenons à revêtir par-dessus l’autre le vêtement blanc…pour que notre vie de baptisé prenne pleinement sa dimension. Mais comme toute image, l’image du vêtement a ses limites. Le risque pourrait être de se contenter des apparences. Non, St Benoit nous engage à une vraie attention intérieure : nous confier à l’œuvre de la grâce pour descendre toujours plus profondément en notre cœur, en acceptant de regarder et traverser ses parts sombres en nous qu’on préfèrerait spontanément ignorer. Pour laisser advenir la tendresse, la compassion, la bonté, la douceur, la patience et le pardon mutuel.

Ce matin, en confiant à l’intercession de Benoit notre persévérance, rendons grâce en cette eucharistie d’être associés à ce labeur de la vie chrétienne, qui fait de notre vie en la création présente la première étape du Royaume.

Homélie du 07 juillet 2024 — 14e dim. ordinaire — Frère Basile
Cycle : Année B
Info :

Année B - 14° dim du Temps Ordinaire - 7 juillet 2024

Ezékiel 2, 2-5 / ps 122

2 Corinthiens 12, 7-10

Marc 6, 1-6

Homélie du F. Basile

Texte :



F et S, même si nous n’habitons pas Nazareth, c’est nous qui sommes aujourd’hui les auditeurs de Jésus, en pensant le connaître, comme de bons chrétiens. Peut-il encore nous surprendre ?

Aurons-nous la même réaction que les gens de Nazareth ? Ils étaient choqués, étonnés, dit st Marc ; à tout le moins déconcertés, jaloux peut-être. Bien sûr, Jésus avait été l’un des leurs ; ils connaissaient bien sa famille, ses frères, ses sœurs, ce qui veut dire sans doute ses cousins. D’où la question qu’ils se posent : « D’où cela lui vient-il ? cette sagesse, ces miracles ? » Puisse cette question être encore la nôtre aujourd’hui ? Elle revient tout au long de l’évangile de Marc : « Qui est-il celui-là ? » C’est la question essentielle dont la réponse ne nous est donnée qu’à la fin de l’évangile, lorsque Jésus est mort et que le centurion romain s’écrie : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu ».

Cette réponse, nous croyons la connaître, parce qu’elle est dans nos catéchismes, parce que nous la récitons le dimanche dans la profession de foi, mais qu’est-ce que cela veut dire si nous n’avons pas vraiment accueilli le Christ dans notre vie ?

Celui qui a reconnu le Christ dans sa vie, celui-là est sur le chemin de la foi et il va trouver dans la lecture continue de l’Evangile une parole qui lui fera découvrir de plus en plus le mystère du Christ.

Le texte d’aujourd’hui nous parle de cet échec de Nazareth, et moi ce qui m’étonne, c’est l’étonnement de Jésus lui-même, devant leur manque de foi. Car là où il n’y a pas de foi, il n’y a pas de miracle possible. Manifestement, Jésus ne s’attendait pas à cette réaction, c’est ce qu’affirme Marc : « Il s‘étonna de leur manque de foi. » Nous pouvons être surpris que Jésus s’étonne : cela veut dire que pour lui, tout n’était pas écrit d’avance. Sa mission, il l’avait reçue du Père, et quand Luc nous dira que dans la synagogue de Nazareth, Jésus a ouvert le Livre et lu le passage d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi : Il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres », là Jésus s’y retrouve tout à fait. Pourtant à Nazareth le message ne passe pas, les cœurs se ferment, ils ne veulent pas entendre et Jésus s’étonne : on pressent là déjà le mystère de la Croix, l’échec par excellence. Cet épisode préfigure aussi le sort des prophètes de tous les temps, affrontés à l’incroyance : c’est l’expérience d’Ezékiel, dans la 1° lecture, lorsqu’il s’adressait aux exilés de Babylone – ce sont des rebelles, lui dit le Seigneur - c’est aussi l’expérience de Paul lorsqu’il voit ses frères juifs rejeter la Bonne Nouvelle.

Je voudrais revenir sur cet échec de la mission, que Jésus lui-même a connu, Paul ensuite et tant d’autres, et qui touche certainement les prophètes et les missionnaires d’aujourd’hui, dans un contexte de plus en plus marqué par l’indifférence religieuse. Non pas revenir sur l’échec lui-même, mais sur ce mot que Paul utilise si souvent : la faiblesse et son opposé la force. Paul nous dit ce matin : « Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. » Est-ce de l’esbrouffe, une pirouette de mots, un paradoxe de plus ? Je crois au contraire que c’est un secret de la mission, et peut-être de notre vie humaine tout court lorsque nous sommes secoués par l’épreuve ou inquiets de l’avenir de notre pays.

Paul avait du tempérament, nous le savons, c’était un homme fort : premier terrassement, sa rencontre du Christ sur le chemin de Damas et le voici aveugle, sans force, obligé de se laisser conduire. Mais il va traverser d’autres épreuves, connaître d’autres moments angoissants, stressants. Cette écharde dans la chair, dont il parle aujourd’hui, on n’a jamais su à quoi il faisait allusion, mais on sent que c’est très personnel ; il supplie le Seigneur de l’en délivrer, il n’est pas exaucé ; c’est alors qu’il reçoit cette parole unique qu’il nous laisse aujourd’hui : « Ma grâce te suffit ; ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » Il y a là toute une théologie de la grâce et de la croix que nos frères protestants ont su mettre en valeur. Car c’est le renversement de tout triomphalisme, de toute prétention d’avoir raison, de tout orgueil spirituel. Ce n’est pas une parole magique, c’est un chemin spirituel de foi, d’humilité, de confiance qui conduit à l’action de grâces, parce que c’est là que Dieu se manifeste, là où ne l’attendait pas, non pas dans la réussite quand tout va bien mais dans la faiblesse, dans l’échec même. « Ma grâce te suffit. »

Je voudrais relier cette parole de Paul à une autre parole sur la grâce, que nous connaissons bien : « Tout est grâce ». Nous savons que Thérèse de Lisieux l’a dite juste avant de mourir, mais c’est l’écrivain Georges Bernanos qui la cite tout à la fin de son livre, le « Journal d’un curé de campagne », un livre qui peut nous parler aujourd’hui où l’indifférence est grande autour de nous.

Ce jeune curé de campagne, miné par la maladie, termine sa vie sur un échec, il meurt privé des sacrements et du pardon de Dieu, mais son ami, un ancien prêtre, est là qui nous rapporte ses dernières paroles : « Qu’est-ce que cela fait ? Tout est grâce. » Voilà comment Dieu rejoint les siens au plus noir de l’épreuve, quand tout semble perdu. Cela devrait nous donner une force que rien ne peut abattre. « Ma grâce te suffit ; ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » Oui, tout est grâce et je vous invite à retrouver dans votre vie la rencontre du Christ, le passage de Dieu, pour que dans cette eucharistie, nous puissions vraiment rendre grâce à notre Père par le Christ et dans l’Esprit.

Frère Basile

Homélie du 30 juin 2024 — 13e dim. ordinaire — Frère Jean-Louis
Cycle : Année B
Info :

Année B - 13e dimanche ordinaire - (30/06/2024)

(Sg 1, 13-15 ; 2, 23-24 – Ps 29 – 2 Co 8, 7.9.13-15 – Mc 5, 21-43)

Homélie du F. Jean-Louis

Texte :

Frères et sœurs,

Les lectures que nous venons d’entendre sont parcourues par la force impressionnante de la vie. Et il me semble bon de nous ressourcer dans ces textes en une époque où la mort semble triomphante au point peut-être de nous faire douter ou de nous rendre sceptiques.

D’emblée, la première lecture est claire et ferme : « Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants ; la puissance de la Mort ne règne pas sur la terre car la justice est immortelle. » Et le texte poursuit en affirmant que « Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité », pour la vie éternelle et que c’est par jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde.

Bien sûr, la mort dont il s’agit peut-être entendue comme la mort physique mais, sans la mort physique, la vie ne serait pas possible, n’en déplaise aux transhumanistes d’aujourd’hui. Le renouvellement des générations est nécessaire à la permanence de la vie et je pense que l’auteur du Livre de la Sagesse en était bien conscient. Ainsi, la mort dont il s’agit ici peut surtout être entendue comme la mort spirituelle causée par le péché introduit dans le monde par le diable, selon le récit du début de la Genèse. Ce péché a introduit une rupture entre les êtres humains, une rupture, une méfiance de l’homme envers Dieu au point de rendre ce dernier responsable de la mort. Ce passage du Livre de la Sagesse nous rappelle que, face à la mort, la justice de Dieu est immortelle et que, pour le croyant, la mort physique n’est pas plongée dans le néant mais passage vers Dieu qui est la Vie. C’est le projet de Dieu : nous conduire à la vraie Vie par-delà la mort, et nous la faire connaître.

Ce projet, le Christ le réalise dans l’évangile de ce jour qui est un hymne à la vie. Cet évangile est bien dans la ligne de la première lecture. Il prend en compte le réel de la maladie et de la mort tout en nous montrant que le Christ est venu libérer l’humanité de ces malédictions. Mais ce qui est déterminant, dans les deux épisodes de cet évangile, c’est la foi. Foi de la femme victime de pertes de sang qui la rendent impure pour les rites religieux (c’est une forme de mort sociale) et foi du chef de synagogue se tournant vers le Christ, espérant pour sa fille quoiqu’il arrive.

La foi de ces deux personnes contraste avec l’attitude des gens qui les environnent : la foule, dont les disciples, évidemment totalement inconscients de ce qui s’est passé entre la femme et Jésus, et les gens de la maison de Jaïre qui ont perdu tout espoir à la mort de la jeune fille. Ainsi, la vie jaillira de la foi, guérison pour la femme, guérison reconnue par le Christ comme œuvre de la foi, et résurrection de la fille de Jaïre lui qui n’a pas craint mais cru, à la demande du Christ : « Ne crains pas, crois seulement. »

La foi, source de vie, la foi qui nous permet de ne pas voir Dieu comme l’auteur des drames qui peuvent nous toucher mais comme celui qui, par son Fils, fait jaillir la vie quand tout semble perdu.

La fin de la vie terrestre de Jésus prendra le même chemin que celui des deux acteurs de l’évangile de ce jour. Le Christ aura à être plongé dans la mort, abandonné de tous, ou presque, pour ressurgir vivant, au jour de Pâques, grâce à sa foi, sa confiance et sa fidélité au Père. La solidarité avec nous de Dieu en Jésus Christ est absolument totale. Ne l’oublions-nous pas parfois ?

« Ne crains pas, crois seulement », cette parole, le Christ ne l’a-t’il pas entendue à son tour lors de son « agonie » -comme nous disons- au jardin des Oliviers, à la veille de sa Passion ?

Cette vie, nous la retrouvons sous une autre forme dans la seconde lecture de ce jour. Paul invite la communauté et les autres Églises qu’il a fondées, à récolter de l’argent pour venir en aide à l’Église de Jérusalem. C’est sans doute très concret, mais ne s’agit-il pas de transmettre également un courant de vie à travers l’Église ? N’est-ce pas au nom de la foi commune que chaque communauté agit pour venir en aide aux autres ? Il s’agit d’un don source de vie.

Dieu veut la vie, évitons de le rendre responsable du mal et de la mort au risque de nous détourner de lui. La mort, réalité biologique incontournable, la seule certitude que nous ayons en notre vie, a été vaincue au matin de Pâques et si, dans sa dimension physique, elle demeure, sa signification en est complètement changée par la résurrection du Christ car elle est désormais passage vers Dieu, même si, bien sûr, et ce n’est pas à négliger, la douleur de la séparation, très vive et très compréhensible, demeure. Mais notre foi nous dit qu’elle n’aura qu’un temps.

Si, dans la foi, nous en sommes convaincus, si nous l’espérons, alors nous pouvons reprendre les versets du psaume chanté tout à l’heure : « Tu as changé mon deuil en une joie, mes habits funèbres en parure de joie. » Il ne s’agit pas de fuite, de déni de la mort, mais d’un saut dans la foi au-delà des apparences. C’est le message de ce dimanche, de tous les dimanches.

Frères et sœurs, Dieu nous appelle à la vie et chacun de nos actes peut être dans le sens de la vie si nous savons nous tourner vers lui et nous mettre à son écoute dans l’Esprit Saint. Sachons laisser de la place au Christ dans notre vie, dans les choix que nous y faisons. C’est la foi qui nous fera vivre en vérité, qui nous fera trouver les moyens concrets pour être à notre tour porteurs de vie à la suite du Christ.

Frères et sœurs, nous le savons, nous vivons et allons vivre ces jours et ces semaines qui viennent, des moments importants pour la vie de ce pays. Des choix nous sont proposés. Sachons poser un choix qui soit porteur de vie, pas que pour nous mais pour le bien commun de notre société. Nous avons là aussi à donner la vie. Au fond de notre cœur, si nous osons y descendre, nous trouverons les ressources pour un choix ouvert et généreux.

AMEN

Homélie du 24 juin 2024 — Saint Jean-Baptiste — Frère Jean-Louis
Cycle : Année B
Info :

B -Nativité de Jean-Baptiste - 24 juin 2024

Is 49 1-6 ; Ac 13 22-26 ; Luc 1 57-66.80

Homélie du F. Jean-Louis

Texte :

Saint Jean-Baptiste (24/06/2024)

« Il s’appellera Jean », c’est-à-dire « Le Seigneur fait grâce. »

Le dernier prophète de l’Ancien Testament ouvre une ère nouvelle mais qui s’enracine bien dans le Premier Testament, et les deux premières lectures de la messe nous le disent bien. Le passage d’Isaïe entendu a été considéré par les chrétiens comme désignant Jean le Baptiste et Paul, dans le Livre des Actes des Apôtres, montre bien que Jean a préparé la venue du Christ, de Jésus.

Jean, appelé par Jésus « le plus grand des enfants des hommes, Jean, le Précurseur, qui a tressailli d’allégresse dans le ventre de sa mère à l’approche du Sauveur. Il a désigné l’Agneau de Dieu après avoir prêché, comme le Christ plus tard, l’urgence de la conversion. Jean, qui a baptisé l’auteur du baptême, qui a donné sa vie comme témoignage suprême rendu au Christ. Mais aussi Jean, qui a vu ses disciples, dont André&, le frère de Simon-Pierre, se détacher de lui pour rejoindre le Christ. Jean qui, en prison, enverra des disciples demander à Jésus : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »

Comme le disait la lecture entendue cette nuit aux Vigiles, un texte du P. Albert-Marie Besnard : « Le plus grand des prophètes a été traité par le Dieu, qui pourtant l'aimait, comme le moindre dans le Royaume n'a jamais été traité. Ce privilégié du Seigneur n'a d'aucune manière été choyé par le Seigneur. Prophète de l'Attente, prophète du renoncement, il a été, c'est vrai, comblé dans son renoncement en ayant entendu la « voix de l'Epoux », mais cette voix ne s'adressait même pas à lui et l'Epoux ne vivait que pour d'autres... Sa figure pourrait nous apparaître, si nous ne nous doutions de l'inconcevable amour de Dieu pour cet homme effacé, comme la seule figure tragique de toute l'histoire du salut... mais nous pouvons à peine soupçonner de quelle gloire le Seigneur a dû envelopper son serviteur, l'humble Prophète du Jourdain. »

À une époque où l’Église peut avoir l’impression de prêcher dans le désert, la figure de Jean le Baptiste peut nous aider à garder confiance, à rester fidèle au Dieu fidèle.

AMEN

Homélie du 23 juin 2024 — 12e dim. ordinaire — Frère Vincent
Cycle : Année B
Info :

B - 12° dimanche du Temps Ordinaire - 23 juin 2024

Job 38 1.8-11; 2 Co 5 14-17 ; Mc 4 35-41

Homélie du F. Vincent

Texte :

Les textes bibliques de ce dimanche nous invitent à passer de la peur à la confiance. Nous savons tous que cela n’est pas facile, surtout quand nous sommes affrontés à des tempêtes. La première lecture nous parle de Job quand il se trouve douloureusement éprouvé par le mal. Il reproche à Dieu de rester muet devant la souffrance qui lui est infligée et qui lui paraît injuste ; mais Dieu lui répond en affirmant sa puissance sur la mer, et, à travers elle, sur tout ce qui détruit l’homme. La suite de ce récit nous montrera que Job va retrouver une situation bien plus belle que celle qu’il avait au début.

Ce cri de souffrance est toujours d’actualité : des hommes, des femmes et des enfants sont douloureusement éprouvés par la maladie, la pauvreté, la famine. Beaucoup n’ont plus la force de crier vers le Seigneur ; nous pouvons le faire en leur nom. Ce cri est une prière que Dieu entend. La bonne nouvelle c’est qu’il ne nous laisse pas désespérés. Il ne cesse de venir vers nous.

Toutes ces souffrances qui accablent notre monde, le Christ les a prises sur lui ; c’est la grande découverte de Paul : Jésus est mort pour tous les hommes en portant le poids de leur mal ; nous ne devons plus rester centrés sur nous-mêmes mais sur lui qui est mort et ressuscité pour nous. Notre priorité absolue doit être d’accueillir cette vie nouvelle qu’il nous a obtenue par sa Passion et sa mort ; c’est une vie essentiellement caractérisée par un immense amour.

Dans l’Évangile, nous voyons que c’est cet amour qui pousse le Christ vers “l’autre rive”. Pour comprendre cette décision, nous devons comprendre qu’il ne s’agit pas seulement de l’autre côté du lac. C’est d’abord celle du monde païen. Jésus veut le rejoindre là où il en est. Il veut le libérer des puissances du mal et lui annoncer la bonne nouvelle de l’Évangile. C’est une manière de dire qu’il n’est pas venu pour le seul peuple d’Israël mais aussi pour tous les hommes du monde entier. Il veut que tous aient la vie en abondance.

Mais au moment de la traversée, les puissances du mal se déchaînent pour faire obstacle à cette annonce de l’Évangile. Elles veulent engloutir la barque de la Parole pour l’empêcher d’atteindre cette autre rive. Ce qui est étonnant dans cet évangile, ce n’est pas la peur des disciples ni leur crainte quand ils reconnaissent Jésus comme Dieu. Le plus surprenant c’est la question qu’il leur pose : “Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ?

Quand on se trouve sur un bateau mal maîtrisé, face à une violente tempête, on a vite fait d’avoir peur. Quand saint Marc écrit son évangile, il s’adresse à des chrétiens persécutés. L’Église est un peu comme la barque de Pierre en train de couler. Ils ont l’impression que Jésus dort. Alors, ils l’appellent au secours : “Seigneur, sauve-nous ; nous périssons.” Et dans son Évangile, Marc leur rappelle ce qui s’est passé autrefois avec Jésus et les Douze sur la mer. Ils étaient complètement désemparés par la violente tempête qu’ils ont dû affronter. Mais avec Jésus, les puissances du mal n’ont jamais le dernier mot.

Cet évangile est une bonne nouvelle pour notre Église et notre monde affrontés aux tempêtes de la vie. C’est surtout un appel à la foi. Le Seigneur marche à nos côtés. Il est sur la barque de Pierre. Depuis le matin de Pâques, nous sommes passés sur “l’autre rive” celle de la “re-création” du monde. Désormais, plus rien n’est comme avant. Nous vivons de la vie nouvelle du Ressuscité. Cette vie doit être remplie de solidarité, de partage, de justice. Désormais, nous pouvons vivre comme le Christ, non pour être servis mais pour servir. Nous pouvons affronter les mêmes combats que lui pour maîtriser toutes les tempêtes des hommes, celles du mal et de la haine sous toutes ses formes. Avec lui, nous sommes assurés de la victoire.

Le Seigneur est toujours là au cœur de nos vies. Son Eucharistie nous le rappelle. Quelles que soient les tempêtes, et même s’il semble dormir, il veille sur nous comme sur son bien le plus précieux. Il est proche de nous, en nous. Il est notre lumière et notre salut. Rien ne saurait nous séparer de son amour.

(Sources diverses)

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Homélie du 09 juin 2024 — 10e dim. ordinaire — Frère Charles Andreu
Cycle : Année B
Info :

10e dimanche TO, année B - 09-06-2024

– Gn 3, 9-15 ; 2 Co 4, 13 – 5, 1 ; Mc 3, 20-35

Homélie du F. Charles Andreu

Texte :

Adam, où es-tu ? La première lecture a mis sur la bouche de Dieu une bien étrange question : question d’un Dieu désemparé, d’un Dieu qui cherche, d’un Dieu qui ne sait pas. Dieu ne sait pas où est l’homme, Dieu ne sait pas ce qui s’est passé dans le jardin. Nous sommes tellement habitués à entendre parler d’un Dieu qui voit tout, qui sait tout, qui comprend tout ! Et pourtant ce récit nous invite à méditer sur le Dieu qui ne sait pas.

Ce que Dieu ne sait pas, ici, c’est le péché de l’homme. Contrairement à une image tenace, Dieu ne passe pas son temps à nous épier, à compter nos fautes, nos refus. Le livre de la Genèse force le trait jusqu’à la désinvolture : Dieu a mieux à faire ; il se promène dans le jardin. Cela ne veut pas dire qu’il se désintéresse de nous. Au contraire, il désire la relation : si nous nous cachons, il est désemparé, il nous appelle. Le Seigneur nous aime. Et parce qu’il nous aime précisément, il ne nous traque pas, ne nous contrôle pas, il nous appelle.

Adam, où es-tu ? Dans la Règle de saint Benoît, la première parole du Dieu qui appelle est encore une question : Quel est celui qui veut la vie, et désire des jours heureux ? Dieu ne s’interroge pas d’abord sur notre péché, mais sur notre désir : manière bien plus radicale de demander Adam, où es-tu ? Car d’une certaine manière, nous sommes là où est notre désir.

À nouveau, ce Dieu qui ne sait pas nous libère de l’idole d’un Dieu qui veut tout contrôler, qui aurait tout décidé à l’avance, du haut de son éternité ; d’un Dieu-sphynx dont la volonté est une sorte d’énigme qu’une vie entière ne suffit pas à déchiffrer, et avec quelle angoisse : nous sommes lents à comprendre, lents à faire le bien, lents à nous libérer du mal, et donc nous sommes toujours en retard, toujours en faute devant le projet trop parfait pour nous d’un Dieu « jamais content ».

Mais le Dieu qui ne sait pas interroge d’abord notre désir, et pas notre obéissance. Il ne désire pas à notre place, ce qui serait une sorte de viol ; il se tient à la porte, il frappe : nous seuls pouvons lui ouvrir ce désir qu’il ne sait pas, et que pourtant il pourra comprendre mieux que personne. Alors notre désir peut rencontrer son désir, dans une alliance d’amour ; alors ce désir d’abord flou, avec ses illusions, ses erreurs, se travaillera, se purifiera dans une quête rude et vivante, dont Dieu ne sait pas plus que nous-mêmes l’issue, car nous la cherchons ensemble. Mais connaissons-nous notre désir profond ? La première exigence du discernement serait peut-être d’apprendre à connaître son désir, à ne pas le suspecter comme une faute, à le travailler en lien avec le désir de Dieu et de nos frères.

Adam, où es-tu ? Le Dieu qui ne sait pas devrait aussi nous apprendre à aborder nos frères avec la même attitude, la même question – où es-tu ? – c’est-à-dire comme un mystère qui nous échappe, sur lequel nous n’avons pas prise.

C’est peut-être le problème qui se joue dans l’évangile de ce dimanche. La famille de Jésus s’inquiète : il a perdu la tête… Littéralement, le texte dit : il est sorti de lui-même. Mais Jésus est-il sorti de lui-même, ou sorti de ce que ses proches croient savoir de lui, sorti du savoir des scribes ? Jésus a été rejeté par ceux qui savaient trop bien où il devait être, mais ne lui ont jamais demandé : Christ, nouvel Adam, où es-tu ?

De même, dans toute relation humaine, nos prétentions à savoir qui est l’autre doivent céder devant cet où es-tu ? qui laisse l’autre dire qui il est, trouver son désir et le donner. Paradoxalement, ce sont nos prétentions à connaître l’autre, plus que nos ignorances, qui engendrent violence, jugement, emprise. « Tu sais comment il est ! » entendons-nous parfois – « Non, je ne sais pas. Et, c’est parce que je ne sais pas que je peux réellement entrer en relation avec ce frère, l’aimer en vérité, l’accueillir dans la surprise aimante de ce qu’il est et de ce qu’il me donne ».

Adam, où es-tu ? Puissions-nous entrer peu à peu dans la lumière du Dieu qui ne sait pas.