vendredi 7 novembre 2025 : journée de solitude pour la communauté
(eucharistie vers 6h45, juste après Laudes). 

« « Tu l’offriras en sacrifice sur la montagne … »

« Jésus les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne… »

Tout se tient, tout se répond dans les Ecritures, mais aujourd’hui, nous pouvons légitimement nous demander comment le sacrifice d’Isaac, notre première lecture, peut bien entrer en résonance avec la Transfiguration de Jésus telle que nous l’a fait entendre l’évangile de Marc…

Je l’ai souligné par les citations faites en commençant : les deux évènements se passent sur « la » montagne et ce n’est peut-être déjà pas un hasard si elle est nommée au livre de la Genèse et pas dans l’évangile de Marc. Dieu désigne à Abraham comme lieu du sacrifice à venir, le mont Morriyah, que la tradition biblique identifiera au mont du Temple à Jérusalem (2 Ch 3,1), lieu des sacrifices offerts jour après jour au Seigneur. Et n’oublions pas que Jésus sera crucifié sur « la montagne » du Golgotha et qu’il attendra ses disciples après sa résurrection sur « une montagne » de Galilée.

Enfin la présence de Moïse et d’Elie au côté de Jésus sur cette montagne de la transfiguration fait immédiatement penser au mont Sinaï, lieu du don de la Loi, qui est aussi le mont Horeb, lieu de la révélation du nom de miséricorde du Seigneur à son prophète, nous dit le second livre des Rois.

Ainsi tout nous parle ici du Don de Dieu, de la Révélation de son amour, du sacrifice de Jésus sur la Croix et de sa Résurrection d’entre les morts comme accomplissement de la Révélation de l’amour du Père…

Mais revenons à notre comparaison de nos deux textes…

On peut donc noter encore, qu’il est question dans les deux cas « du » fils unique, du « fils bien aimé » et Isaac reçoit ces qualificatifs de la bouche même du Seigneur, comme Jésus lors de la théophanie dans la nuée.

Et il faut évidemment noter encore cette présence du Seigneur dans les deux récits, présence transcendante manifestée, par des paroles impératives et qui doivent être écoutées !

Dans le récit de la Genèse, Abraham se révèle comme le parfait « écoutant » et Isaac par son silence même se montre le parfait disciple. Dans l’évangile de Marc, ce sont les disciples qui sont invités à l’écoute et à l’obéissance.

Ainsi peut-on voir dans ces deux récits les deux faces d’un même mystère, celui de la mort et de la résurrection de Jésus ; mort préfigurée dans le sacrifice d’Isaac, résurrection anticipée par la transfiguration, où la présence de Moïse et d’Elie nous place déjà dans le monde à venir.

Deux faces d’un même mystère dont l’essentiel est le plan de Dieu, qui mène le jeu ici et là, en révélant toujours son amour et sa miséricorde inlassables au service du salut du monde et de tous les hommes.

Car pour que le monde échappe au mal, pour que nous échappions au mal qui nous domine et nous tient encore, il faut que le « Fils unique » ouvre à nouveau le chemin de l’obéissance parfaite, le chemin de cet acte de foi absolu en l’amour inconditionnel du Seigneur, quelque soient les apparences.

Le Diable trompeur avait suggéré à Eve et à Adam que Dieu n’agissait pas par amour mais par intérêt propre… et la relation en avait été radicalement blessée : le mal était entré dans l’homme, la crainte et la défiance avant la suffisance et le désir de s’en sortir tout seul… Tout ce qui fait notre malheur !

Il fallait rouvrir le chemin de la Foi, inconditionnelle, absolue. Jésus, le Fils bien-aimé, devenu homme avec notre chair de péché, a pu, lui seul, accomplir en plénitude ce qu’Abraham et Isaac et tous les grands obéissants de la Loi du Seigneur avaient seulement esquissé.

Sa mort n’est que le signe accompli de cette foi retrouvée, totale reconnaissance que Dieu n’offre que son amour, même dans la Croix, et qu’il n’y a qu’à l’accueillir pour devenir des « vivants », créatures animées de l’Esprit vivifiant que seul Dieu peut donner par son Fils à ceux qui essaie de croire en son amour et en sa miséricorde qui sont de toujours.

FRERE MATTHIEU COLLIN »