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1. Nous croyons qu'il suffit à toutes les tables pour le repas quotidien, qu'il ait lieu à sexte ou à none, de deux plats cuits, en raison des diverses infirmités,
2. pour que celui qui ne peut manger de l'un, fasse son repas de l'autre.
3. Donc deux plats cuits suffiront à tous les frères ; et s'il y a moyen d'avoir des fruits ou des légumes tendres, on en ajoutera un troisième.
4. Une livre de pain bien pesée suffira pour la journée, qu'il y ait un seul repas ou déjeuner et souper.
5. Si l'on doit souper, le cellérier gardera le tiers de cette même livre pour le rendre au souper.
Hier je parlais de réfréner son appétit en attendant les autres pour passer au plat suivant. St Benoit donne ce matin un cadre alimentaire à ses moines, scandé par la formule « il suffit ». La vie monastique commune est une école qui vient éduquer à tous les niveaux de notre vie humaine et chrétienne. Elle ne se contente pas d'énoncer des principes, elle offre une pédagogie concrète. Celle qui touche la nourriture est une des plus sensibles. Mangeant tous les jours, ne pouvant nous abstenir au risque de dépérir, la nourriture a toujours à voir avec notre lutte pour la vie et contre la mort. Lutte réelle, car si on jeûne trop ou mange mal, on s'expose à des risques de santé. Mais plus encore lutte qui se joue dans notre imaginaire qui peut vite exagérer et grossir les difficultés et les peurs.
La règle commune en temps normal comme en période de jeûne se veut éducative. Le vieil homme en nous, celui qui est toujours prompt à râler, à murmurer, voire à se rebeller, aura tendance à nous faire considérer cette règle commune comme un fardeau, voire comme une injustice. Mais l'homme nouveau, celui qui veut vivre à l'écoute de l'Esprit, tirera profit de la règle commune. Et quel profit? J'en vois deux: celui d'une plus grande confiance en Dieu, et celui d'une plus grande maitrise de soi. Nous lisions il y a peu au vigiles, le récit de la manne récoltée par le peuple hébreu dans le désert. Dieu donnait la manne à chacun selon ses besoins. Il invitait par l'intermédiaire de Moïse à ne pas faire de réserve pour le lendemain. Or certains s'en réservèrent pour le lendemain. Le surplus devint alors infecté de vers et nauséabond. Moïse s'irrita. Ces gens n'avaient pas fait confiance au Seigneur qui donnerait chaque jour le pain nécessaire. Nous tenir à une mesure précise, celle donnée par notre règle commune, c'est apprendre à demeurer dans la confiance. Consentir simplement à ce qui m'est donné, sans peur ni chercher à me réserver des choses, c'est dire à Dieu: « Je te fais confiance, je sais que tu prends soin de moi ». Second profit: la maitrise de soi. Celle-ci ne nous est pas spontanée, et nous avons tous à rester vigilants. La norme commune nous enseigne à mieux nous connaître, à mieux nous réguler. Elle nous aide aussi à ne pas devenir obsédés par ces questions de nourriture. En mangeant ce que la communauté me donne, j'apprends à réfréner mes désirs d'originalité ou de mets spéciaux. Il m'est laissé la liberté de prendre plus ou moins, et de régler ainsi mes appétits tout en partageant la vie de tous. (2016-02-26)
5. Et il se fera un silence complet, en sorte que, dans la pièce, on n'entende personne chuchoter ou élever la voix, sinon le seul lecteur.
6. Quant à ce qui est nécessaire pour manger et boire, les frères se serviront à tour de rôle, de telle sorte que nul n'ait besoin de rien demander.
7. Si pourtant on a besoin de quelque chose, on le demandera en faisant retentir un signal quelconque, plutôt qu'en élevant la voix.
8. Personne non plus, dans la pièce, ne se permettra de poser aucune question sur la lecture ou sur autre chose, pour ne pas donner d'occasion,
9. sauf si le supérieur voulait dire brièvement un mot pour l'édification.
10. Le frère lecteur hebdomadier prendra le mixte avant de commencer à lire, à cause de la sainte communion et de peur que le jeûne ne lui soit pénible à supporter.
11. Mais c'est plus tard qu'il prendra son repas, avec les hebdomadiers de la cuisine et les serviteurs.
12. Les frères ne liront ni ne chanteront tous à la suite, mais seulement ceux qui édifient les auditeurs.
RB 38, 5-12 Du lecteur hebdomadier.
« Il se fera un complet silence». Il n'est pas rare d'entendre des personnes qui nous envient de pouvoir manger en silence à l'écoute d'une lecture. Tant de repas laissent insatisfaits par les échanges banals. D'autres ne sont que des moments vite expédiés sans offrir un vrai repos. Notre repas monastique accompagné d'une lecture est un moment recréateur grâce à la parole entendue, ainsi qu'au temps laissé pour l'assimiler. Silencieux, il n'en demeure pas moins un temps de sobre convivialité fraternelle. Convivialité vécue dans l'attention mutuelle: « les frères se serviront à tour de rôle». L'art du repas commun tient ainsi à peu de chose: un climat de silence, une lecture qui nourrit l'esprit, une attention mutuelle dans une sobre convivialité et une nourriture simple mais bonne prise ensemble avec joie.
De cet art, nous sommes tous responsable. Nous pouvons nous entraider à le maintenir. Ici je rappelle, et j'insiste sur un point: prenons le temps de nous attendre les uns les autres dans la succession des plats. Faisons-nous cet honneur mutuel de manger ensemble. Il s'agit, avant tout d'une attention: attention à soi pour réfréner ses appétits et apprendre à manger sans courir, tranquillement. Notre estomac ne s'en trouvera que mieux. Mais aussi attention aux autres auxquels on s'ajuste pour vivre pleinement en communion avec eux dans un même rythme. Je remarque que c'est peut-être plus facile à vivre à la table du P. Abbé car on regarde le P. Abbé. Mais je crois que c'est possible à toutes les tables. Je demande qu'on veille à ne pas courir et à ne pas enfiler son repas comme si on était tout seul. Ce n'est pas un détail. Si nous prenions le repas en parlant, on ne supporterait pas qu'un frère prenne l'assiette de fromage alors que tous en sont au poisson. On lui dirait: « attends un peu». De même, dans nos repas en silence, ne pressons pas les choses. Certains frères, par souci de serviabilité tendent le fromage et le dessert à un frère, alors que tous en sont encore au plat principal.
Rendons-nous ce service, mieux cet honneur mutuel, de manger vraiment ensemble et de nous attendre. Nos repas s'en trouveront plus fraternels, plus dignes.(2016-02-25)
1. La lecture ne doit jamais manquer aux tables des frères. Il ne faut pas non plus que la lecture y soit faite au hasard par le premier qui aura pris un livre, mais un lecteur pour toute la semaine entrera en fonction le dimanche.
2. En entrant, après la messe et la communion, il demandera que tous prient pour lui, afin que Dieu éloigne de lui l'esprit d'orgueil.
3. Et tous, à l'oratoire, diront par trois fois ce verset, qui sera toutefois entonné par lui : « Seigneur, tu m'ouvriras les lèvres, et ma bouche annoncera ta louange. »
4. Et alors, ayant reçu la bénédiction, il entrera en fonction pour la lecture.
Ce chapitre sur le lecteur durant le repas prend place dans la série des services rendu au monastère: après celui de la cuisine et celui de l'infirmier. On peut noter qu'il vient avant ceux sur la quantité de nourriture (39) et de boisson (40), ainsi qu'avant celui sur l'heure du repas (41). Benoit met en première place la lecture durant le repas, en fait lecture de la Parole de Dieu, avant les considérations concrètes de nourriture, de boisson et d'horaire. Sans l'expliciter, il est fidèle à la conviction scripturaire: « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole venant de la bouche de Dieu» qui pouvait motiver d'autres auteurs monastiques dont il s'est inspiré sur le même sujet.
Je remercie notre f. Matthieu qui choisit les livres, ainsi que les articles de nos lectures à table. Choix toujours délicat et subtil entre ce qui est lisible durant le repas, ce qui est utile et nourrissant pour la communauté dans son ensemble. C'est toujours un défi. De même que tous n'aiment pas tel ou tel aliment, tous n'adhèrent pas nécessairement de la même manière à ce qui est lu. A la différence des aliments pour lesquels des exceptions et des régimes s'imposent, pour la lecture tous nous avons le même régime. Pas question de proposer des lectures particulières. Impossible aussi de ne pas les entendre. La lecture commune durant les repas est vraiment un bel exercice communautaire. A l'instar de l'office choral où un même menu de psaumes et de lectures de l'Ecriture nous est servi, durant le repas, nous sommes nourris et informés par les mêmes textes. Il est heureux parfois quand dans les groupes, on prend le temps de parler de cette lecture à table pour partager sur ce qu'on en a retenu, ce qui nous a formé, aidé et conforté. Jour après jour, cette lecture façonne une part de notre intelligence communautaire de la vie de l'Eglise et de son histoire, mais aussi de l’œuvre de l'Esprit dans les saints ou les grands témoins (P. Serge de Beaurecueil ou f. Aloïs, Monsieur Vincent). Elle nous ouvre aussi sur les grandes questions contemporaines, nous rendant attentifs aux évolutions de notre monde (la question des migrants, de l'Europe, de l'économie, des équilibres au Proche Orient). Comme Benoit le recommande, la lecture ne peut pas être faite au hasard. Elle demande un discernement toujours en quête de justesse et de vérité, d'amour de l'Eglise ainsi que d'ouverture au monde dans ses recherches et tâtonnements. Nous ne sommes pas des spectateurs qui jugent de tout, mais des hommes solidaires de nos contemporains qui voudrions laisser le ferment de l'évangile transformer nos intelligences et nos cœurs afin d'être là où nous sommes serviteurs de la volonté de notre Père. (2016-02-24)
1. Bien que la nature humaine incline par elle-même à l'indulgence pour ces âges, celui des vieillards et celui des enfants, l'autorité de la règle doit cependant y pourvoir.
2. On aura toujours égard à leur faiblesse et on ne les astreindra nullement aux rigueurs de la règle en matière d'aliments,
3. mais on aura pour eux de tendres égards et ils devanceront les heures réglementaires.
« Bien que le nature humaine incline par elle-même à l'indulgence pour ces âges, celui des vieillards et celui des enfants » ... Le P. Adalbert a traduit par « indulgence» le mot « misericordia» de la RB. Benoit part donc d'une considération assez générale sur la nature humaine qui est spontanément portée à la « miséricorde» envers la vieillesse et l'enfance. Je suis intéressé de retrouver sur ce point un parallèle étroit avec ce que le pape François dit dans la lettre d'indiction pour le jubilé de la Miséricorde. Je cite: « La miséricorde, c'est la loi fondamentale qui habite le cœur de chacun lorsqu'il jette un regard sincère sur le frère qu'il rencontre sur le chemin de la vie» (2). Le pape François parle de « loi fondamentale dans le cœur de chacun », St Benoit de la « nature humaine incline à» ... Si « la miséricorde est le propre de Dieu dont la toute-puissance consiste justement à faire miséricorde» selon les paroles de Thomas d'Aquin reprises par le pape François (6), elle est aussi inscrite dans le cœur de l'homme.
Dans la RB on retrouve ces deux aspects, quand St Benoit rapporte le mot « miséricorde» aussi bien à Dieu, qu'à l'homme. Propre de Dieu, la miséricorde est pour le moine comme un rempart dont il ne doit jamais désespérer (RB 4,74). Dans le même sens, l'assurance de la miséricorde divine encourage le moine à confesser ses péchés à un ancien (RB 7,46). Plus étonnant pour nous, en parlant de l'accueil de l'hôte, Benoit invite à conclure le rituel du lavement des pieds en disant le verset: « Nous avons reçu, ô Dieu, ta miséricorde au milieu de ton temple»(Ps 47, 10 - RB 53,14). La miséricorde du Seigneur s'est manifestée dans l'hôte qu'on a reçu. C'est une preuve de sa bonté qu'il soit venu jusqu'à nous dans l'hôte accueilli. Magnifique regard de foi. La miséricorde est aussi le fait de l'homme. D'une manière paradoxale, Benoit met en garde les frères qui ont davantage de besoins et à qui on marque davantage d'attention de ne pas tirer orgueil de la miséricorde qu'on a pour eux (RB 34, 5). A l'abbé, est recommandé d'être « miséricordieux », et de faire en sorte dans ce qu'il ordonne que « 'la miséricorde l'emporte toujours sur le jugement', afin qu'il obtienne pour lui le même traitement» (sous-entendu de Dieu) (Je 2,13 - RB 64, 9-10). L'abbé reste lui-même sous la miséricorde divine. Celle-ci se présente comme la vraie norme de la miséricorde vécue par l'homme. (2016-02-23)
7. Ces frères malades auront un logement à part affecté à leur usage, et un serviteur qui ait la crainte de Dieu et qui soit attentionné, soigneux.
8. Toutes les fois que c'est utile, on offrira aux malades de prendre des bains, mais à ceux qui sont bien portants et surtout aux jeunes, on ne le permettra que plus rarement.
9. En outre, on permettra aux malades très affaiblis de manger de la viande, pour qu'ils se remettent ; mais quand ils seront mieux, ils se passeront tous de viande comme à l'ordinaire.
10. L'abbé prendra le plus grand soin que les malades ne soient pas négligés par les cellériers ou par les serviteurs. Lui aussi, il est responsable de toute faute commise par ses disciples.
RB 36, 7-10 Des frères malades.
Benoit précise ce matin les conditions réservées aux frères malades : un logement à part, la possibilité de prendre des bains, et un régime alimentaire camé, tout cela sous la responsabilité d'un frère qui a « la crainte de Dieu attentionné et soigneux ». Ici, nous remercions f. Ambroise pour ce service exigent qui demande beaucoup de présence et de patience. En notre nom à tous, il veille sur les frères de l'infirmerie, et il est notre interlocuteur pour toutes les questions de santé.
Je voudrais dire un mot ce matin au sujet de f. Charles. Nous avions échangé entre Janvier et Avril 2014, sur l'opportunité de le placer dans une unité de soins pour personnes qui ont la maladie d'Alzheimer ou apparentée. De ces échanges était ressorti un consensus sur cette opportunité afin de ne faire trop peser sur les forces plus jeunes la charge. Nous avions visité deux lieux: Brinon et Avallon. Après réflexion, j'avais conclu qu' Avallon était sûrement préférable en raison de la proximité. Les choses sont restées en sommeil car f. Charles demeurait encore bien présent. Aujourd'hui, son état se dégrade davantage. Il marche plus difficilement. Il n'a pas toujours la capacité de manger, ne sachant pas comment faire. F. Ambroise a déposé le dossier à l'EPHAD d'Avallon, en vue d'une intégration qui pourrait se faire dans les mois qui viennent. Il est préférable qu'un changement intervienne pour lui maintenant alors qu'il est encore assez autonome, afin qu'il assume au mieux les bouleversements que cela impliquera. Ce sera une étape difficile pour lui et pour nous qui nous séparerons de lui. Cela sera aussi un soulagement pour le f. Ambroise pour qui les soins et l'attention journalière pouvaient être lourds parfois.
La proximité d ' Avallon devrait permettre de rester proche de f. Charles en profitant d'une course pour aller le visiter, ou en y allant parfois le dimanche. Ce lien sera important pour lui, même si l'impact sera toujours difficile à mesurer, pour nous car il reste notre frère et pour le personnel qui 'Se dévoue et qui a besoin de se sentir encouragé. Nous en reparlerons quand les choses se préciseront. – (2016-02-20)
1. Il faut prendre soin des malades avant tout et par-dessus tout, en les servant vraiment comme le Christ,
2. puisqu'il a dit : « J'ai été malade, et vous m'avez rendu visite »,
3. et : « Ce que vous avez fait à l'un de ces plus petits, c'est à moi que vous l'avez fait. »
4. Mais les malades, de leur côté, considéreront que c'est en l'honneur de Dieu qu'on les sert, et ils ne peineront pas, par leurs vaines exigences, leurs frères qui les servent.
5. Il faut pourtant les supporter avec patience, car des hommes de cette espèce font gagner une plus grande récompense.
6. L'abbé veillera donc avec le plus grand soin à ce qu'ils ne souffrent d'aucune négligence.
Nous entendions il y a quelques jours l'évangile du jugement dernier en St Matthieu, dont Benoit utilise ici deux citations. Cet évangile se présente à nous comme un diamant que rien ne peut altérer et qui demeure une exigence de tous les temps et de tous les moments. Devant cette exigence, nous ne sommes jamais quittes. Jamais on ne peut dire: « ça y est, j'ai fait mon devoir, ou bien j'ai donné ma part, je peux me reposer et laisser les autres faire aussi leur part ». Le Seigneur Jésus ne cesse de venir à nous sous le visage du pauvre, du malade, de l'homme blessé qui attend de nous un réconfort. Nos frères malades, nos frères anciens et fragilisés dans leur santé, sont au milieu de nous cette icône du Christ qui a voulu s'identifier à nous jusque dans notre faiblesse. Leur présence, relue dans la foi, devient un appel. Là où la faiblesse des autres peut nous faire peur, là où nous sommes capable de l'occulter, cette parole du Christ nous engage à demeurer ouverts aujourd'hui et demain. Sans peur, sans culpabilité non plus, cette parole du Christ nous engage à assumer pleinement notre commune fragilité en la condition humaine. La fragilité de mon frère aujourd'hui sera un jour la mienne. Le Christ nous appelle à ne jamais oublier cette solidarité fondamentale. Solidarité d'intérêt, oui, mais pour devenir en Lui communion dans l'Amour. Chaque être humain est appelé à cette communion et ne peut en être exclu. Bonne Nouvelle de la prévenance de Dieu pour chacun qui vient bousculer les limites que nous mettons si facilement à l'amour et au don de nous- mêmes. Quand nous nous reconnaissons pécheur, c'est notre petitesse et notre étroitesse de cœur face à l'appel de l'Amour que nous confessons surtout.
Ce chapitre entendu pendant le Carême nous interpelle pour prendre plus au sérieux le poids de vérité et d'amour des mille petites attentions vécues au quotidien. Notre vie communautaire offre de multiples occasions de les pratiquer. Avec courage, exerçons-nous à la patience et à l'attention les uns envers les autres. Avec joie aussi car nous apprenons alors à aimer davantage. (2016-02-19)
7. Celui qui va sortir de semaine fera les nettoyages le samedi.
8. Ils laveront les linges avec lesquels les frères s'essuient les mains et les pieds.
9. Ils laveront aussi les pieds de tous, non seulement celui qui sort, mais aussi celui qui va entrer.
10. Il rendra au cellérier, propres et en bon état, les ustensiles de son service.
11. Le cellérier, à son tour, les remettra à celui qui entre, de façon à savoir ce qu'il donne et ce qu'il reçoit.
12. Quand il n'y a qu'un repas, les semainiers recevront auparavant, en plus de la ration normale, un coup à boire et un pain chacun,
13. pour que, au moment du repas, ils servent leurs frères sans murmure et sans trop de fatigue.
14. Mais aux jours sans jeûne, ils attendront jusqu'aux grâces.
On pourrait se demander: jusques à quand les moines ont-ils observé ce rituel institué par St Benoit, de laver les pieds des frères qui sortent ou qui entrent en service pour la cuisine? L'a-t-on repris au moment de notre fondation en 1850? Est-il encore en vigueur dans certains monastères aujourd'hui? Se poser cette question peut faire mesurer, et la force d'un tel geste et la difficulté de le perpétuer. La liturgie du Jeudi Saint l'a conservé comme une perle dans un écrin. Et le vivre tous les ans est toujours un moment particulier de grâce. A la différence de Benoit, nous peinons aujourd'hui à joindre à la vie très quotidienne ces gestes symboliques si profonds. Ils nous semblent être trop chargés de sens pour être ainsi répétés et associés à la vie ordinaire. En contrepartie, une compréhension unifiée de notre agir humain dans la lumière de l'évangile est moins évidente. Le moine de St Benoit qui lavait les pieds de son frère entrant en service, était uni au Christ, sans mot, ni réflexion, par le seul geste. De même le moine qui se prosternait devant un hôte avait-il une manière immédiate de reconnaitre le Christ en toute personne. De notre côté, les choses sont perçues plus conceptuellement mais sont moins inscrites dans la chair. Notre approche du mystère du Christ présent, servi et servant, au milieu de nous est donc autre.
Est-elle pour autant coupée de cette compréhension évangélique globale dont est empreinte la RB? Tout notre quotidien est porté par l'ambiance d'écoute et de silence, par le rythme de la prière liturgique. Ce cadre voudrait nous entrainer à vivre nos gestes les plus élémentaires de service, d'entraide, ou d'accueil de l'autre comme des moments pleins, sacrés. Sans sacraliser les choses, mais en leur donnant tout leur poids de vérité, de profondeur et de vie. C'est la raison pour laquelle Benoit insiste si souvent dans la RB sur la manière de faire et de vivre les choses, avec qualité et à propos, avec respect et humilité, avec charité et diligence. La manière de nous servir les uns les autres, de nous parler, de nous entraider va dire cette beauté et cette profondeur de nos relations et de nos activités vécues en Christ. Finalement, il ne nous est pas demandé de faire des choses extraordinaires, mais de les vivre avec justesse et noblesse. Elles sont l'expression de la charité vécue et toujours recherchée. (2016-02-12)
1. Les frères se serviront mutuellement et personne ne sera dispensé du service de la cuisine, sauf maladie ou si l'on est occupé à une chose d'intérêt majeur,
2. parce que cela procure une plus grande récompense et charité.
3. Aux faibles, on accordera des aides, pour qu'ils ne le fassent pas avec tristesse,
4. mais ils auront tous des aides suivant l'importance de la communauté et l'état des lieux.
5. Si la communauté est nombreuse, le cellérier sera dispensé de la cuisine, ainsi que ceux qui, comme nous l'avons dit, sont occupés à des tâches d'intérêt supérieur.
6. Les autres se serviront mutuellement dans la charité.
A « l'école du service du Seigneur» (RB ProI4S), il n'est pas surprenant que Benoit rappelle que l'on doit « se servir mutuellement», particulièrement dans le service de la cuisine et des tables. Le service mutuel est l'expression concrète de notre désir de servir le Christ. Quand Benoit dit «personne ne sera dispensé », l'expression est en fait plus précise pour signifier « que personne ne se tienne pour dispensé », même les plus faibles qui pourront avoir des aides. Plus que l'écueil de l'oisiveté, Benoit tient ici à éviter que quelqu'un reste en dehors de cet élan de charité qui anime profondément la vie communautaire. Que personne ne se tienne pour dispensé de servir, parce que personne n'est dispensé de vivre la charité. Celle-ci n'est pas une option parmi d'autre, elle est la vie même d'une communauté chrétienne. La charité exprimée dans le service mutuel fonde notre vivre ensemble et le consolide. En même temps, elle est toujours un appel qui nous tire plus loin hors de notre égoïsme et de nos replis frileux sur nous-mêmes. A ce propos, je rappelle ici ce que dit très justement notre coutumier: « Chaque frère doit avoir à coeur d'assurer les services qui lui sont demandés. S'il ne peut raisonnablement et durablement accomplir certaines tâches, qu'il en parle aux responsables, et qu'il prenne davantage sa part d'autres services plus à sa mesure. D'autres services nous seront encore demandés, qui ne pourront jamais être prévus: accueil inopiné d'un hôte ou d'un moine, course en voiture, etc ... C'est dans la mesure où chaque frère cherche à être disponible que la communauté vit non seulement dans l'ordre, mais selon l'ordre de la charité»(9). Je remarque que tel ou tel frère ne pouvant être toujours là dans son groupe de desservice, ou ayant peu de service, s'arrange pour donner un coup de main, même dans les autres groupes. Cette disponibilité généreuse qui ne compte pas vivifie tout le corps communautaire. Elle aide à sortir chacun de la logique syndicale: «je fais mon service et pas plus », pour entrer dans la logique de la charité: je me donne et je reste attentif aux besoins afin de rendre service.
Dans la lumière de la fête de N.D. de Lourdes, nous pouvons nous souvenir de la parole de Ste Bernadette:« la Ste Vierge s'est servie de moi, comme d'un balai. Après usage, elle m'a remis derrière la porte », pour signifier l'humble service de sa vie cachée à Nevers. (2016-02-11)
1. Comme il est écrit : « On distribuait à chacun selon ses besoins. ;»
2. Ici nous ne disons pas que l'on fasse acception des personnes, – ;à Dieu ne plaise ! – mais que l'on ait égard aux infirmités.
3. Ici, que celui qui a moins de besoins, rende grâce à Dieu et ne s'attriste pas ;
4. quant à celui qui a plus de besoins, qu'il s'humilie de son infirmité et ne s'enorgueillisse pas de la miséricorde qu'on a pour lui,
5. et ainsi tous les membres seront en paix.
6. Avant tout, que le fléau du murmure ne se manifeste sous aucun prétexte par aucune parole ou signe quelconque.
7. Si l'on y est pris, on subira une sanction très sévère.
Hier St Benoit insistait sur le fait que tout est commun et que l'on n'a rien en propre.
Aujourd'hui, il prend en compte le fait que les besoins de chacun sont différents. Bel équilibre
évangélique enraciné dans l'exemple de la première communauté chrétienne qui mettait tout
en commun, en ayant égard aux besoins de chacun. La vie selon l'évangile n'est pas le
communisme égalitariste.
Mais cette attention aux besoins de chacun demande autant, sinon plus, une vigilance
intérieure que l'attention à mettre tout en commun. L'esprit d'envie ou de jalousie peut
s'insinuer. St Benoit propose une parade: rendre grâce à Dieu. Rendre grâce à Dieu de ne pas
avoir ce besoin-là. L'esprit de vanité ou d'orgueil peut habiter celui que l'on gratifie de
choses que tous n'auront pas. La parade est l'humilité devant Dieu et les autres. Reconnaître
qu'on a des faiblesses ou des limites auxquels on concède des faveurs. Dans tous les cas,
Benoit invite à se référer à Dieu. Regarder mon frère et ses besoins, se regarder soi-même
dans la lumière de Dieu. Oui, apprenons non pas à mesurer les besoins des autres à nos
propres besoins, mais à la mesure de la bonté de Dieu qui sait s'adapter à chacun. Et de
même, apprenons à nous regarder nous-mêmes comme ne méritant pas tout ce que nous
recevons de la bonté de Dieu et de celle des frères. Cultivons ce regard de la reconnaissance
émerveillée devant les largesses de notre Dieu pour nous et pour chacun.
« Ainsi tous seront en paix », dit St Benoit. La vie commune est une école de paix, car
elle nous entrai ne chacun à dépasser les jugements immédiats et à tout regarder dans la
lumière de Dieu. Non pas se boucher les yeux, mais les ouvrir selon la miséricorde de Dieu.
La paix est au prix de cette purification du regard et du cœur.Ici nous sommes tous plus ou
moins des mal voyants ou des aveugles, et sur nos propres besoins que nous avons tendance à
majorer, et sur ceux des autres que nous minorons très facilement. Dieu ne fait pas ainsi. Il
donne abondamment à chacun, non pour satisfaire nos appétits infantiles, mais pour faire
grandir notre désir d'homme. Dieu ne nous cajole pas, il nous aime en nous donnant à chacun
d'acquérir notre vraie stature d'homme adulte qui se donne et s'engage à aimer. (2016-01-29)
1. Comme il est écrit : « On distribuait à chacun selon ses besoins. ;»
2. Ici nous ne disons pas que l'on fasse acception des personnes, – ;à Dieu ne plaise ! – mais que l'on ait égard aux infirmités.
3. Ici, que celui qui a moins de besoins, rende grâce à Dieu et ne s'attriste pas ;
4. quant à celui qui a plus de besoins, qu'il s'humilie de son infirmité et ne s'enorgueillisse pas de la miséricorde qu'on a pour lui,
5. et ainsi tous les membres seront en paix.
6. Avant tout, que le fléau du murmure ne se manifeste sous aucun prétexte par aucune parole ou signe quelconque.
7. Si l'on y est pris, on subira une sanction très sévère.
Hier St Benoit insistait sur le fait que tout est commun et que l'on n'a rien en propre.
Aujourd'hui, il prend en compte le fait que les besoins de chacun sont différents. Bel équilibre
évangélique enraciné dans l'exemple de la première communauté chrétienne qui mettait tout
en commun, en ayant égard aux besoins de chacun. La vie selon l'évangile n'est pas le
communisme égalitariste.
Mais cette attention aux besoins de chacun demande autant, sinon plus, une vigilance
intérieure que l'attention à mettre tout en commun. L'esprit d'envie ou de jalousie peut
s'insinuer. St Benoit propose une parade: rendre grâce à Dieu. Rendre grâce à Dieu de ne pas
avoir ce besoin-là. L'esprit de vanité ou d'orgueil peut habiter celui que l'on gratifie de
choses que tous n'auront pas. La parade est l'humilité devant Dieu et les autres. Reconnaître
qu'on a des faiblesses ou des limites auxquels on concède des faveurs. Dans tous les cas,
Benoit invite à se référer à Dieu. Regarder mon frère et ses besoins, se regarder soi-même
dans la lumière de Dieu. Oui, apprenons non pas à mesurer les besoins des autres à nos
propres besoins, mais à la mesure de la bonté de Dieu qui sait s'adapter à chacun. Et de
même, apprenons à nous regarder nous-mêmes comme ne méritant pas tout ce que nous
recevons de la bonté de Dieu et de celle des frères. Cultivons ce regard de la reconnaissance
émerveillée devant les largesses de notre Dieu pour nous et pour chacun.
« Ainsi tous seront en paix », dit St Benoit. La vie commune est une école de paix, car
elle nous entrai ne chacun à dépasser les jugements immédiats et à tout regarder dans la
lumière de Dieu. Non pas se boucher les yeux, mais les ouvrir selon la miséricorde de Dieu.
La paix est au prix de cette purification du regard et du cœur.Ici nous sommes tous plus ou
moins des mal voyants ou des aveugles, et sur nos propres besoins que nous avons tendance à
majorer, et sur ceux des autres que nous minorons très facilement. Dieu ne fait pas ainsi. Il
donne abondamment à chacun, non pour satisfaire nos appétits infantiles, mais pour faire
grandir notre désir d'homme. Dieu ne nous cajole pas, il nous aime en nous donnant à chacun
d'acquérir notre vraie stature d'homme adulte qui se donne et s'engage à aimer. (2016-01-29)