vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 4, 34-38 Quels sont les instruments des bonnes œuvres? écrit le 10 septembre 2016
Verset(s) :

34. Ne pas être orgueilleux,

35. ni adonné au vin,

36. ni grand mangeur,

37. ni ami du sommeil,

38. ni paresseux,

Commentaire :

Maintenant, Benoit s'inspire de la liste des qualités de l'épiscope, énumérées par Paul dans la Lettre à Tite. (1/7).

« Ne pas être orgueilleux» Paul disait: « Ni arrogant, ni superbe. » Souvent, dans l'Evangile, Jésus nous redit que le premier d'entre nous doit être le serviteur de tous, que les derniers seront les premiers dans le Royaume. « Il renverse les puissants, il élève les humbles.» Les vertus évangéliques, qui sont recommandées à l'évêque, Benoit nous demande de les cultiver, nous aussi. Dans la Règle, en plus du chapitre sur l'humilité, Benoit revient souvent à l'attaque contre toute forme de superbe. Il est très attentif à tout ce qui pourrait porter le frère à s'enorgueillir. Spécialement l'exercice des charges. Le Psaume 130 est écrit pour nous guider: « Seigneur, je n'ai pas le cœur fier, ni le regard ambitieux. Je ne poursuis ni grands desseins, ni merveilles qui me dépassent ». Benoit dirait volontiers, comme le psalmiste au Ps 100 : « Le regard hautain, le cœur ambitieux, je ne peux les tolérer. » Toute l'Ecriture est sévère à l'extrême pour l'orgueil, le grand péché: « Le commencement de l'orgueil de l'homme, c'est de s'écarter du Seigneur, de révolter son cœur contre celui qui l'a créé. L'orgueil n'est pas fait pour l'homme! » Un apophtegme disait: « Je préfère un échec supporté humblement, à une victoire obtenue avec orgueil. »

Puis viennent ces instruments qui concernent le vin, la nourriture et le sommeil.

Ensuite Benoit parle de la paresse. Le Livre des Proverbes, et celui du Siracide, s'en prennent souvent au paresseux: « Jusques à quand, paresseux, resteras-tu couché? » Dans l'Evangile, c'est l'accusation que Jésus fait peser sur le serviteur qui a enfoui son talent: « paresseux et bon à rien! » Benoit, lui, revient souvent sur deux formes larvées de paresse: D'abord la négligence. Elle est mentionnée 15 fois. Nous la connaissons bien! Traiter avec négligence ou malpropreté les outils du monastère, ne pas achever ce que l'on a commencé, ne pas remettre en place. Choisir parmi les urgences celle qui me séduit, de préférence à celle qui me coûte et qui serait la plus nécessaire.

Toutes ces formes de paresse qui se revêtent d'un manteau d'activité, de fébrilité. La seconde forme larvée de paresse est celle que l'on nomme Acédie : Cette espèce de léthargie du corps et de l'esprit qui affecte notre vie spirituelle, qui mine notre élan. Pour en sortir, St Ignace recommande de ne rien changer des habitudes de prière prises en période de plus de ferveur. (10/9/16)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 4, 31-33 Quels sont les instruments des bonnes œuvres? écrit le 08 septembre 2016
Verset(s) :

31. aimer ses ennemis,

32. quand on nous maudit, ne pas répondre en maudissant, mais bénir au contraire,

33. souffrir persécution pour la justice.

Commentaire :

St Benoit continue de relire le ch 5 de Matthieu. Après la parabole de la joue gauche, Jésus avance plus loin encore dans le contraste entre l'Ancienne et la Nouvelle Alliance: « Vous avez appris qu'il a été dit: Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Et moi, je vous dis: Aimez vos ennemis ». Mt5/43. En réalité, il n'est dit nulle part, dans l'A.T. de haïr son ennemi. On ne hait que l'Ennemi de Dieu. Et collectivement les ennemis idolâtres du peuple de Dieu. On notera aussi que l'inimitié est située au cœur de l'autre, et non dans le mien. Il s'agit d'aimer ceux qui ne m'aiment pas, et qui me le montrent. Mais en reprenant ce conseil évangélique à son compte, Benoit prouve qu'il ne se fait pas d'illusion: l'inimitié mutuelle peut exister dans un monastère. Le moine peut un jour se trouver affronté à de violentes antipathies, au sein même de la communauté. La parabole du Fils Prodigue peut nous aider à le comprendre: les monastères sont assez bien peuplés de « fils aînés ». qui peuvent être habités par de violentes inimitiés conte leurs frères prodigues. Mais un moine sans miséricorde est une fontaine tarie! On dit que St Silouane priait très souvent pour ses ennemis. Il affirmait: « Le Saint Esprit est amour. Il donne la force d'aimer même les ennemis. Celui qui n'a pas cet amour n'a pas encore connu Dieu ». Cet amour des ennemis est déjà là dans les consignes de la Loi mosaïque: « Le bœuf ou l'âne égaré de ton ennemi, tu les lui ramèneras. Quand tu verras l'âne de celui qui t'en veut écrasé sous un fardeau, loin de l'abandonner, tu l'aideras à ordonner sa charge. » Ex 23/4-5. Ces directives ont l'avantage de nous indiquer des moyens concrets pour désamorcer l'inimitié, et vaincre l'inhibition où elle nous met. Faire les gestes de l'amour fraternel, comme le samaritain sur le blessé du chemin.

« Ne pas maudire ... Supporter persécution pour la justice ». Nous restons dans le Sermon sur la Montagne: « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, le Royaume des cieux est à eux ». Mais quelle est cette justice dont nous parle le Christ? Vouloir accomplir toute justice à sa suite, c'est se heurter à tous les refus d'amour et de justice. Y compris à ceux que nous véhiculons en nous-mêmes. Il y a certaines formes de harcèlement qu'il nous faut subir patiemment de la part de personnes que nous n'aimons pas assez, ni en vérité. Envers qui nous sommes donc « injustes ». Notre seule ressource, contre nous-mêmes en quelque sorte, est négative: ne pas rendre le mal pour le mal, ou l'insulte pour l'insulte. Avec Paul, supporter les faux frères, et bénir ceux qui nous maudissent. (8/9/16)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 4, 29-30 Quels sont les instruments des bonnes œuvres? écrit le 07 septembre 2016
Verset(s) :

29. Ne pas rendre le mal pour le mal,

30. ne pas faire d'injustice, et de plus supporter patiemment celles qui nous sont faites,

Commentaire :

« Ne pas rendre le mal pour le mat» c'est le message du Christ. La 1ère lettre de Pierre nous le dit: « Ne rendez pas le mal pour le mal, ou l'insulte pour l'insulte. Au contraire, bénissez, car c'est à cela que vous avez été appelés, afin d'hériter la bénédiction. » Déjà l'A.T. avait évolué vers cette attitude non violente. Au livre des Proverbes nous trouvons: « Ne dis pas: je rendrai le mal qu'on m'a fait. Espère plutôt dans le Seigneur, Il te sauvera! » Pr 20/22. Ce problème du Mal a toujours été posé, depuis l'origine de l'homme. Mais le scandale éclate sur la face du juste persécuté, livré sans défense. C'est ce qu'a vécu le Prophète Jérémie: « Comment peut-on rendre le mal pour le bien? Ils ont creusé une fosse pour me perdre. » Dans ce combat que se livrent le Mal et le Bien, il y a 4 alternatives: Rendre le mal pour le bien: C'est l'épreuve du Juste. C'est ce qu'a souffert Jésus. Insulté, il ne rendait pas l'insulte. Rendre le mal pour le mal: la loi du talion, qui est déjà une limitation à nos instincts de violence. Rendre le bien pour le bien: c'est équitable, les païens en font autant. Rendre le bien pour le mal: c'est le qui perd gagne de l'Evangile. Que Dieu nous aide à le vivre!

« Ne faire injure à personne, mais supporter celles qu'on nous fait. » Cet instrument est en lien direct avec le précédent. Dans l'Evangile, ce conseil s'accompagne de la parabole de la joue gauche: «Bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous persécutent. A qui te frappe sur une joue, tend l'autre» Lc 6/9 « La charité supporte tout », chante Paul dans son hymne de la 1ère aux Corinthiens. La patience dans l'injustice: cette valeur chrétienne! Un Apophtegmes disait: « Un frère demande à un ancien: Dis-moi une seule chose que je puisse garder pour en vivre. L'ancien lui dit: si tu peux être injurié et le supporter, c'est une grande chose, qui surpasse toutes les vertus. »

Dans la Règle, Benoit recommande d'éprouver celui qui veut devenir moine et de voir s'il supporte patiemment les injures qui lui sont faites. Cette première patience le prépare à tous celles de la vie. Car chacun peut être tour à tour celui qui insulte, et celui qui est insulté. (7/9/16

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 4,28 Quelles sont les instruments des bonnes oeuvres? écrit le 06 septembre 2016
Verset(s) :

28. émettre la vérité de son cœur et de sa bouche.

Commentaire :

« Ils disent et ne font pas! » Mat 23/3. C'est ce que le Christ reproche aux scribes et aux pharisiens. Et l'Homélie sur Ezéchiel de St Grégoire le Grand, lue pour sa fête, nous disait l'humilité du pasteur, qui reconnait la distance entre ce qu'il enseigne et ce qu'il vit. Je le cite: « Comme il m'est cruel de dire ces paroles! Car en parlant, je me frappe moi-même ... Ma vie ne concorde pas avec ma parole. Je ne nie pas ma culpabilité, je vois ma torpeur et ma négligence. Mais le Créateur et Rédempteur du genre humain est assez puissant pour me donner, malgré tant d'indignité, la noblesse de la vie ... car c'est pour son amour que je me consacre totalement à sa Parole. »

Dans ce verset du chapitre 4, nous reconnaissons le souci de Benoit d'inviter le moine à se laisser unifier dans l'Esprit, qui est Esprit de Vérité et Esprit de louange. Donc, que notre bouche et notre cœur concordent, dans la vérité, comme dans la psalmodie. Nous sommes créés à l'image de la Vérité: il n'est donc pas étonnant que tout notre être soit sollicité par elle. Notre bouche est faite pour proférer le Verbe de Vérité. Notre cœur est fait pour aimer la vérité. Et pour aimer en vérité. Tout notre être, pour agir en Vérité. « Celui qui fait la Vérité vient à la lumière» Jn 3/21.

Mais nous le savons bien, notre langue et notre cœur peuvent devenir la proie du Menteur, et donc les ouvriers du mensonge: « Langue trompeuse, parole mensongère, langage d'un cœur double, » disent les psaumes. C'est pourquoi St Benoit, dans le chapitre 6, sur le silence, conseille:« Faisons ce que dit le Prophète: J'ai résolu de surveiller toutes mes voies, pour ne pas pécher par ma langue. J'ai placé une garde à ma bouche ». De même, dans le Prologue, il cite le Ps 14 : « Qui reposera sur ta montagne sainte? Celui qui dit la vérité du fond de son cœur, qui n'a pas commis de tromperie par sa langue ».

« Qu'est-ce que la vérité? » demandait Pilate. Jn 18/38. La vérité est la vocation de l'homme. Elle ne m'appartient pas. Je ne suis pas propriétaire de la Vérité. Elle ne peut s'accomplir que dans la communion en Dieu, de toutes les parcelles de vérité que nous sommes. Elle requiert la sincérité de notre être, de notre bouche, de notre cœur. Et la recherche des harmoniques avec la vérité qui est en l'autre, en tout autre. Le Christ nous dit: « Quiconque est de la Vérité écoute ma voix. »Jn 18/37. – (6/9/16)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 4, 20-28 Quels sont les instruments des bonnes œuvres ? écrit le 03 septembre 2016
Verset(s) :

20. Se rendre étranger aux actions du monde,

21. ne rien préférer à l'amour du Christ.

22. Ne pas accomplir l'acte qu'inspire la colère,

23. ne pas réserver un temps pour le courroux.

24. Ne pas entretenir la tromperie dans son cœur,

25. ne pas donner une paix mensongère,

26. ne pas se départir de la charité.

27. Ne pas jurer, de peur de se parjurer,

28. émettre la vérité de son cœur et de sa bouche.

Commentaire :

Les instruments s'éclairent les uns les autres. Tous ceux entendus ce matin ont à voir avec la vérité et la cohérence d'une vie chrétienne. Se rendre étrangers aux manières du monde faites de colère, de tromperie, de mensonge ... avec l'antidote qui est offerte: ne rien préférer à l'amour du Christ. L'amour du Christ seul, peut nous permettre de nous rendre étranger aux manières du monde. Dans l'amour reçu du Christ et dans l'amour que nous lui portons, nous apprenons à vivre à la manière du Christ.

A la manière du monde, on accomplit l'acte qu'inspire la colère; à la manière du Christ qui n'a pas répliqué aux insultes, on apprend à supporter avec patience et humilité des injustices. A la manière du monde, on se réserve pour la vengeance; à la manière du Christ qui a pardonné, on reçoit la grâce de remettre l'offense sans chercher à avoir le dernier mot. A la manière du monde, on entretient la tromperie dans son cœur, on ne dit pas la vérité ou l'on donne une paix mensongère; dans le Christ qui est la vie et la vérité, on puise l'assurance d'être soi-même sans faux semblants.

Il faut du temps pour se rendre étranger à la manière du monde afin de vivre, selon la manière évangélique. A-t-onjamais fini? Les disciples dans les évangiles nous montrent combien en compagnie de Jésus même, ils ont résisté à sa Parole pour quitter des réflexes trop immédiatement humains, ainsi Jacques et Jean appelant la foudre sur les samaritains qui ne leur avaient pas permis passer. Par notre baptême, nous avons reçu l'Esprit Saint, cette loi intérieure qui guide notre jugement et soutient notre volonté pour vivre à la manière de Jésus. La vie monastique, à laquelle f. Xavier promettra de se donner demain, nous entraine concrètement à la suite de Jésus. Comme les apôtres, nous quittons tout. Nous désirons vivre sous sa seule Parole reconnue à travers la médiation de la règle, de la communauté et de l'abbé. C'est Jésus que nous voulons suivre. Comment le préférer vraiment? Comment lui donner la première place dans notre cœur? Comment mieux le connaitre d'une connaissance intérieure? Comment tisser avec lui une relation vraiment personnelle? Comment le laisser nous transformer? Jour après jour, essayons de répondre à ces questions. Nous resterons en alerte, pour aimer Jésus qui nous a attirés en ce monastère ...( 03.09.2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 4, 10-19 Quels sont les instruments des bonnes œuvres ? écrit le 02 septembre 2016
Verset(s) :

10. Se renoncer à soi-même pour suivre le Christ.

11. Châtier le corps,

12. ne pas rechercher les plaisirs,

13. aimer le jeûne.

14. Restaurer les pauvres,

15. vêtir les gens sans habits,

16. visiter les malades,

17. ensevelir les morts,

18. secourir ceux qui sont dans l'épreuve,

19. consoler les affligés.

Commentaire :

Dans son homélie d'hier, le P. Damase soulignait combien après le premier renoncement lors de notre entrée, demeurait un renoncement plus exigent parce que permanent: le renoncement à soi-même, et tout ce à quoi on s'identifie, les choses, et surtout les représentations de soi pour suivre le Christ, ici et maintenant.

Dans ce groupe d'instruments placés sous le précepte évangélique « se renoncer à soi-même », se dessinent deux manières de renoncer à soi-même: celle qui touche le rapport à soi, à son corps, et celle qui touche le rapport aux autres. Benoit propose aux moines des instruments éprouvés, notamment par les pères du désert d'Egypte : l'ascèse corporelle, la distance à l'égard des plaisirs et le jeûne. Ces instruments sont à manier avec discernement tant nos mentalités ont changé depuis 16 siècles. Le renoncement moderne serait de nous exercer davantage à une vigilance par rapport à tout ce gui serait désir de maitrise absolue de notre corps, comme si je pouvais le commander comme une machine. Et à l'inverse, le renoncement peut nous conduire à surveiller nos excès, excès dans la quantité de nourriture absorbée parfois, mais peut-être davantage excès dans la fatigue infligée, ou excès dans un laisser aller paresseux ... Renoncer à être un maitre absolu, et renoncer à jouir sans limite de notre corps ... c'est renoncer à ces fausses images de toute puissance qui nous guettent et nous piègent. Notre corps est un allié fragile et fiable à la fois qui mérite une humble écoute autant qu'une vigilance responsable.

Le second volet du renoncement est de nous décentrer de nous-mêmes pour sortir vers les autres: les pauvres, les sans habits, les malades, les affligés ... Faire un pas, se lever de table pour répondre à une demande, donner de son temps auprès du frère rivé à sa chambre, se laisser toucher par les personnes en souffrance sans les rabrouer ni les tenir à distance ... Autant d'attitudes qui nous demandent un réel renoncement au mouvement premier qui veut qu'on se préserve pour ne pas être atteint par la pauvreté de l'autre. Il nous en coûte de nous laisser déposséder de notre temps ou de notre fausse image de tranquillité alors que tant d'hommes et de femmes souffrent et peinent. Salutaire renoncement qui nous permet en allant vers les autres, d'éviter l'enfermement dans une sorte de bulle illusoire et mortifère. Laissons les plus pauvres venir nous déranger, ils nous rendent un vrai service, ils nous humanisent. (02.09.2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 4, 3-9 Quels sont les instruments des bonnes œuvres? écrit le 01 septembre 2016
Verset(s) :

3. Ensuite « ne pas tuer,

4. ne pas commettre d'adultère,

5. ne pas voler,

6. ne pas convoiter,

7. ne pas porter faux témoignage. »

8. Honorer tous les hommes,

9. et « ne pas faire à autrui ce qu'on ne veut pas qu'on nous fasse ;».

Commentaire :

Hier un frère me mettait un billet pour me donner avec raison un conseil, estimant que s'il ne le faisait pas il manquerait au précepte: « Je ne veux pas faire à autrui ce que je ne veux pas qu'on me fasse à moi ». La vie quotidienne ne cesse de nous surprendre en train d'utiliser ces instruments des bonnes œuvres de St Benoit. Et nous savons combien tous sont utiles à un moment ou à un autre Même le « ne pas tuer» ou « ne pas commettre d'adultère» « ne pas voler» etc entendus ce matin. Ils nous rappellent s'ils en étaient besoin que nous faisons partie de cette humanité fragile qui peut toujours trébucher, en parole, en acte, en pensée ou par omission. Les épreuves ne manquent pas dans une existence humaine, pas moins dans la vie monastique. Ces instruments tirés du décalogue nous rappellent combien il pourrait être présomptueux de se prévaloir d'une quelconque assurance. Qui d'entre nous peut prétendre qu'il ne tuera pas, ou ne commettra pas l'adultère, ni ne volera ... Dans leur franche crudité, ces instruments nous invitent sans le dire à ne pas mettre notre force en nous-mêmes, mais en Dieu seul. Sous sa Parole, sous ses préceptes, nous pouvons demeurer vigilants pour nous abandonner davantage à l'œuvre de son Esprit. La blessure du péché nous rend vulnérable à la violence, à la convoitise chamelle, et au mensonge. En certaines situations, nous nous révélons très faibles. « Un frère interrogea abba Agathon sur la fornication. Celui-ci répondit: 'Va, jette devant Dieu ta faiblesse, et tu obtiendras le repos' » (Apoph. Agathon 21). Le psalmiste invite à faire de même en situation de violence: {(Laisse ta colère, calme ta fièvre les méchants seront déracinés, mais qui espère le Seigneur possèdera la terre» (Ps36) ou encore en situation de mensonge: «Seigneur, au secours, la loyauté a disparu chez les hommes ...Les paroles du Seigneur sont des paroles pures ... Toi Seigneur, tu tiens parole ... » (Ps 11).( 01.09.2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 4, 1-2 Quels sont les instruments des bonnes œuvres? écrit le 31 août 2016
Verset(s) :

1. En premier lieu, « aimer le Seigneur Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toutes ses forces » ;

2. ensuite « son prochain comme soi-même ».

Commentaire :

Pour commenter ces deux premiers instruments, fondements de notre foi chrétienne, je

voudrais citer les propos reçus d'une sœur il y a peu ... Elle me parlait de son travail qui avait

pris beaucoup de retard pour des raisons indépendantes de sa volonté. Elle concluait :

« Allons, rien n'est grave, disait frère Roger, sinon perdre l'amour (une merveilleuse

maxime ... que je me répète souvent) ». J'ai apprécié cette réflexion. D'une part, elle met bien

en évidence combien la maxime de f. Roger joue pour elle le rôle d'un bon instrument qu'elle

se répète. Ainsi dans le cas présent, parvient-elle à dépasser le mouvement d'impatience et le

murmure légitime qui pourraient s'installer. D'autre part, cette maxime toute simple de f.

Roger, éclaire à sa manière les deux commandements de l'amour. D'un point de vue humain,

et à fortiori en christianisme, rien ne serait pire que de perdre l'amour.« La seule chose

importante, c'est d'aimer », renchérit le f. Yvan dans la vidéo PqV. Aimer, tout le monde en

parle, parce que tous nous avons un besoin vital et existentiel d'aimer et d'être aimé. Le

cinéma et la littérature ne se lassent pas d'explorer le thème de l'amour, comme s'il échappait

toujours au moment même où il surgit comme une exigence lancinante. Notre foi chrétienne

et notre vie monastique rejoignent le cœur de cette quête humaine en proposant « en premier

lieu» ces deux commandements. Ce faisant, elles apportent une triple lumière à la quête de

l'amour. La première, le cœur de l'homme peut déployer des potentialités insoupçonnées en

aimant de toutes ses facultés Dieu qu'il ne voit pas. Celui qui est Amour nous fait l'honneur

de quémander notre amour.Il nous entraîne dans la richesse de son amour infini, nous ses si

petites créatures. Seconde lumière: tous nos prochains, proches ou lointains, sont dignes de

notre amour.Ils l'attendent et en ont besoin, comme nous-mêmes avons besoin du leur.Aimer

les autres comme on s'aime soi-même, balaie toutes les limites qu'on pourrait être tenté de

mettre à l'amour. Troisième lumière apportée par la foi chrétienne: amour de Dieu et amour

de l'homme, c'est tout un. Si par faiblesse, ou par confort, on était tenté de séparer ou de

hiérarchiser l'un par rapport à l'autre, amour de Dieu et amour des hommes se rappellent à

nous comme une exigence unique en Jésus. Alors, allant à l'église, dans le silence de notre

cellule, dans le service du frère, dans la visite au malade, dans le sourire démuni, dans

l'accueil de la parole acide, dans le pardon de l'offense, « aujourd'hui, aimons ... » (2016-08-31)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 4, 1-2 Quels sont les instruments des bonnes œuvres? écrit le 30 août 2016
Verset(s) :

1. En premier lieu, « aimer le Seigneur Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toutes ses forces » ;

2. ensuite « son prochain comme soi-même ».

Commentaire :

Au début de ce chapitre, je voudrais m'arrêter sur le titre: « quels sont les instruments

des bonnes œuvres?» Voilà les instruments que Benoit propose en puisant dans la tradition

biblique, patristique et monastique comme des repères pour baliser le chemin spirituel.

Chacun pourrait se demander: « et pour moi, quels sont mes instruments des bonnes œuvres?

». Quelles sont les sentences tirées peut-être de ce chapitre, ou bien de la bible, ou bien de la

tradition spirituelle qui m'aident sur mon chemin ... Ces phrases sont celles qui reviennent à la

mémoire quand nous sommes face à une difficulté, ou bien quand, à un croisement, il y a un

discernement à faire pour avancer. Ces phrases peuplent notre mémoire et la nourrissent aussi

pour éclairer notre agir. Quelles sont les phrases qui comptent pour moi, que je garde comme

une référence ?

En espérant ne pas être indiscret, je me suis plié à l'exercice et je vous livre ces

phrases qui me sont venues car elles m'inspirent toujours à un moment ou à un autre ...

Ecoute, Israël, le Seigneur Ton Dieu est l'unique ... en lien avec le: Ecoute, mon

fils ... Tu parviendras de la RB.

Dieu premier servi (Ste Jeanne d'Arc)

Se réconcilier avec son frère avant le coucher du soleil (RB 4, 73)

Ne jamais désespérer de la Miséricorde de Dieu (RB 4, 74)

Tu as vu ton frère tu as vu ton Dieu (St Augustin)

Venez à moi, je suis doux et humble de cœur (Mt Il,28-29)

Une minute de patience vaut mieux que trois jours de jeûne (St Curé d'Ars)

Voulez-vous me faire la grâce de venir en ce lieu? (la Vierge Marie à Ste Bernadette)

Vivre en mourant pour mourir en vivant (D. Vasse)

La mort, ce n'est ce qui est à la fin de notre existence, mais ce qui nous empêche de

naitre (D. Vasse)

Cela pourrait être un beau partage fraternel en groupe, de se dire les uns aux autres,

quelles sont les 10 instruments, les 10 sentences qui me viennent spontanément comme des

repères utiles et précieux pour m'aider à avancer ... en sachant qu'il y en a d'autres ... (30-08-2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 3, 8-13 De l'appel des frères en conseil écrit le 26 août 2016
Verset(s) :

8. Personne au monastère ne suivra la volonté de son propre cœur,

9. et nul ne se permettra de contester avec son abbé insolemment ou en dehors du monastère.

10. Si quelqu'un se le permet, il subira les sanctions de règle.

11. De son côté, cependant, l'abbé fera tout dans la crainte de Dieu et le respect de la règle, sachant qu'il devra sans aucun doute rendre compte de tous ses jugements au juge souverainement équitable qu'est Dieu.

12. S'il est question de choses moins importantes pour le bien du monastère, il aura recours seulement au conseil des anciens,

13. comme il est écrit : « Fais tout avec conseil, et quand ce sera fait, tu ne le regretteras pas. »

Commentaire :

« Personne ne suivra la volonté de son propre cœur». L'avertissement est net, pour

chaque frère, et pour l'abbé comme le suggère la recommandation qui lui est faite de ne rien

faire sans prendre conseil. Le meilleur moyen pour éviter de suivre la volonté de son propre

cœur n'est-il pas de tout faire avec conseil? Telle est une des forces de notre vie monastique

cénobitique, tel est aussi un des lieux de notre combat spirituel. Force parce qu'à plusieurs on

est toujours plus intelligent. Combat parce qu'il y a toujours en nous une résistance à

soumettre une décision ou une opinion à l'avis d'un autre. Notre cœur a une part tenace qui

l'incline à penser qu'il est autonome, adulte et qu'il peut mener sa vie comme il l'entend.

Inclination forte qui répugne à s'ouvrir au regard d'un autre. Au monastère, nous sommes

venus pour chercher à faire la Volonté d'un Autre, celle de Dieu, et pour unir notre volonté à

la sienne. Notre propos de vie religieuse est de mettre tout notre cœur, toute notre volonté à la

disposition de Dieu. Notre choix de vie nous entraine à vivre ce pari un peu fou de renoncer à

gouverner notre vie comme on l'entendrait pour la laisser être gouverné par le Christ, à

travers la médiation d'une règle, d'une communauté et d'un abbé. Voilà un des points

scandaleux pour l'esprit humain qui a conduit les révolutionnaires français de 1789 à

supprimer les vœux religieux. Cette aliénation de la liberté de la personne à l'autorité d'un

supérieur, reconnue comme médiation de la volonté divine, leur était intolérable. Au nom de

la liberté, l'obéissance religieuse est inadmissible. Scandale et folie pour celui qui ne croit

pas, mais sagesse et force pour celui qui a la foi, pourrait-on dire en paraphrasant Paul. La foi

nous fait reconnaitre dans la Volonté divine, manifestée dans le Christ, et traduite dans la

pédagogie monastique, un chemin de grande sagesse. Ce chemin de l'obéissance prend en

compte notre faiblesse humaine si prompte à s'égarer lorsqu'elle est laissée à elle-même. Plus

profondément, l'obéissance nous insère dans le projet de Dieu pour toute l'humanité. Projet

d'alliance où l'homme n'est plus laissé à son isolement, mais où il peut s'ouvrir à une relation

renouvelée avec Dieu, avec les autres, mais aussi avec lui-même. Sous l'impulsion de l'Esprit.

de Dieu, écouté, discerné et cherché avec soin, toute ma vie s'élargit et prend sens d'une

manière bien plus grande et bien plus cohérente que si je voulais tout gérer par moi-même.

Lorsque modestement, concrètement, je veille à demander conseil, ou à soumettre ma vie sous

le regard d'un autre, c'est dans ce grand mouvement de vie divine que je m'insère. «Justice

éternelle tes exigences, éclaire-moi et je vivrai» pouvons-nous dire avec le Ps 118, 144. - (26-08-2016)