Pour offrir les meilleures expériences, nous utilisons des technologies telles que les cookies pour stocker et/ou accéder aux informations des appareils. Le fait de consentir à ces technologies nous permettra de traiter des données telles que le comportement de navigation ou les ID uniques sur ce site. Le fait de ne pas consentir ou de retirer son consentement peut avoir un effet négatif sur certaines caractéristiques et fonctions.
Le stockage ou l’accès technique est strictement nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de permettre l’utilisation d’un service spécifique explicitement demandé par l’abonné ou l’utilisateur, ou dans le seul but d’effectuer la transmission d’une communication sur un réseau de communications électroniques.
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de stocker des préférences qui ne sont pas demandées par l’abonné ou l’utilisateur.
Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement à des fins statistiques.
Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement dans des finalités statistiques anonymes. En l’absence d’une assignation à comparaître, d’une conformité volontaire de la part de votre fournisseur d’accès à internet ou d’enregistrements supplémentaires provenant d’une tierce partie, les informations stockées ou extraites à cette seule fin ne peuvent généralement pas être utilisées pour vous identifier.
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire pour créer des profils d’utilisateurs afin d’envoyer des publicités, ou pour suivre l’utilisateur sur un site web ou sur plusieurs sites web ayant des finalités marketing similaires.
24. S'il a des biens, il les distribuera aux pauvres préalablement, ou par une donation en bonne et due forme il les attribuera au monastère, sans se réserver rien du tout,
25. puisque, à partir de ce jour, il sait qu'il n'aura même plus pouvoir sur son propre corps.
26. Aussitôt donc, à l'oratoire, on lui enlèvera ses propres effets dont il est vêtu, et on l'habillera des effets du monastère.
27. Quant aux vêtements qu'on lui a enlevés, on les remettra au vestiaire pour y être conservés,
28. afin que, si jamais il consentait à sortir du monastère, sur la suggestion du diable, – ce qu'à Dieu ne plaise ! – on lui enlève alors les effets du monastère avant de le mettre dehors.
29. Cependant sa pétition, que l'abbé a prise sur l'autel, il ne la reprendra pas, mais on la conservera au monastère.
« Sans rien se réserver du tout »
Le rite d’admission du nouveau moine membre de la communauté aborde les aspects matériels aussi. La mention des biens donnés aux pauvres ou au monastère et le changement de vêtements inscrivent dans les faits l’engagement à suivre le Christ dans la vie monastique. Désormais le nouveau membre de la communauté accepte de ne « rien se réserver du tout », de tout recevoir de la communauté : sa subsistance, ses vêtements, ses outils, sa formation. Il va tout recevoir de la communauté… et jusqu’à sa propre évolution personnelle. Ce dernier point est plus subtile et délicat mais il est très profond. Chacun de nous rentrant dans la vie monastique se reçoit tout entier au gré des missions ou des obédiences à lui confiées, mais aussi au gré des relations tissées avec les uns et les autres. Le plus souvent cela se passe à notre insu et c’est la grâce d’une vie comme la notre de nous donner de nous laisser façonner… non par contrainte mais parce qu’on l'a choisi. En faisant profession, on choisit de se remettre à la communauté pour répondre avec elle à l’appel de Dieu ici et maintenant. Cette remise de soi n’est pas à faire seulement le jour de la profession mais encore jour après jour. Le changement d’obédience et d’emplois sont à cet égard souvent des points de passage sensibles. En effet, il nous oblige à un lâcher prise sur ce que l’on pourrait encore se réserver ou sur une image que l’on a de soi-même et de ses possibilités. Accepter dans la foi comme un appel de Dieu tel emploi ou telle mission est une grâce à demander et à cultiver pour grandir vraiment en liberté. Seul ce regard de foi peut nous aider à faire les pas difficiles… et faire de notre vie une offrande qui plaise à Dieu, sans rien nous réserver… surtout pas nous-même. (2009-08-09)
4. S'il faut vendre quelque objet fabriqué par les artisans, ceux par les mains desquels se fera la transaction prendront garde de ne commettre aucune fraude.
5. Ils se souviendront toujours d'Ananie et de Saphire, de peur que la mort infligée à ceux-ci en leur corps
6. ne les atteigne en leur âme, eux et tous ceux qui feraient quelque fraude sur les biens du monastère.
Des artisans du monastère.
Profitant de ce chapitre de la Règle de Saint Benoît sur les artisans et le commerce, je poursuis le partage de la conférence faite à « Monastic ». Après avoir parlé de l’activité commerciale dans la vie de la communauté, je voudrais parler ce matin de l’activité commerciale et du moine commerçant.
Travailler au magasin est avec l’accueil une des activités les plus exposée pour des moines qui ont choisi de mener une vie retirée dans le silence et la prière. Elle ne sera pas sans suscité des tensions qui appellent une vigilance. Je notais trois lieux particuliers.
Le 1er l’équilibre de la vie monastique du frère. Les frères au magasin prennent de plein fouet la tension crée autour de l’extérieur par notre rythme, et notre vie monastique. Nous vivons les temps au rythme de la liturgie pour sanctifier les heures à la gloire de Dieu. Les gens vivent le temps selon les exigences du travail, du commerce ou de la vie familiale. Choisir de fermer le magasin pendant vêpres alors qu’il y a beaucoup de monde à l’intérieur, demande aux frères beaucoup de patience et d’énergie pour inviter les gens à sortir. En conséquence, être présent aux exercices de la vie communautaire demande à chaque frère une vraie rigueur personnelle, nos frères hôteliers rencontre cela aussi. De même savoir préserver sa vie de prière personnelle et de lectio requiert une bonne discipline. Dans ce sens, je me demandais comment aider les frères qui ont un rythme continu au magasin, notamment le dimanche, à pouvoir prendre une demi-journée pour souffler, durant la semaine ? Et aussi : comment aider chacun à vivre ce temps de travail exposé aussi comme un lieu d’unification du cœur, comme un exercice spirituel, à l’instar de tout travail au monastère ?
Le 2ème point touchait le rapport à l’argent. S’il n’y a plus à considérer le commerce comme une activité où l’on risque de se salir les mains, il n’en faut pas moins demeurer vigilant pour rester libre dans le rapport à l’argent. A la fois il faut bien gérer, mais être dur en affaire ou être toujours en quête de mettre des prix forts serait malvenu pour un moine, pour lui-même d’abord et aux yeux de ceux qui passent.
Enfin le 3ème point que je relèverais regardait la qualité d’accueil et de discrétion. Certainement le moine commerçant doit se souvenir qu’il est regardé avant tout comme moine. Les gens voient aussi en l’homme donné à Dieu avant le commerçant. Du coup le magasin peut être pour eux le lieu d’une rencontre, d’un échange, voire d’une confidence qui auront leur importance. Le frère doit veiller à garder la juste distance qui est présente et qui accueille mais sans chercher les confidences, ni tomber dans la familiarité et le bavardage. Ceci n’est pas la moindre attention spirituelle à avoir dans un magasin. (2009-08-08)
5. Après cela il sera dans le logement des novices, où ils apprennent, mangent et dorment.
6. On leur donnera un ancien qui soit apte à gagner les âmes, qui veillera sur eux avec la plus grande attention.
7. On observera soigneusement s'il cherche vraiment Dieu, s'il s'applique avec soin à l'œuvre de Dieu, à l'obéissance, aux pratiques d'humilité.
8. On lui prédira toutes les choses dures et pénibles par lesquelles on va à Dieu.
On lui prédira toutes choses dures et pénibles par lesquelles on va à Dieu .
Le propos de benoît est clair : il ne veut pas que le novice se trompe sur la marchandise. La vie monastique est un chemin sur lequel il rencontrera des choses dures et pénibles. Dura et espera . Pourquoi ?
Parce que le moine est un chercheur de Dieu, et Dieu ne se trouve pas aisément. Celui que l’on cherche demande pour être trouvé, toute notre personne, toute notre affectivité et toute notre énergie. Lui dont la mesure est d’aimer sans mesure requiert de notre part qu’on lui donne toute notre mesure. Et se donner tout entier, cela nous coûte, cela nous fait peur. Ce qui est dur alors, c’est notre cœur d’abord qui peine à se laisser aimer par Dieu pour aimer totalement à son tour.
Pourquoi est-ce encore dur et pénible ?
Parce que nous cherchons Dieu ensemble, en communauté. Dans ce compagnonnage quotidien, les différences de caractères, d’histoire et de mentalités se frottent et nous éprouvent. Ce serait tellement plus simple que tout le monde soit comme moi. Ces frottements sont pénibles, car ils me révèlent mes limites, mes faiblesses, et savoir les regarder en face est toujours une épreuve.
Mais plus profondément ces différences qui nous constituent, si elles sont un passage dur à accepter, nous aident peu à peu à entrer dans le mystère de notre Dieu. Il est ce Père pour qui tout hommes est un fils précieux à ses yeux.
Si je suis précieux à ses yeux, mon ennemi l’est aussi, le frère qui m’exaspère l’est aussi.
Cette prise de conscience peut nous ouvrir le cœur et le regard intérieur. Le cœur : pour aimer davantage en vérité mon ennemi ou celui qui m’exaspère. Le regard pour contempler en vérité ce Dieu qui est amour, amour infini qui peut embrasser tous les êtres dans une relation unique totale.
Mais cette ouverture du cœur et du regard est elle possible si on esquive toujours les dura et espera de la vie fraternelle ? Si on n’affronte pas ces dura et espera courageusement et fidèlement ?
(2009-08-08)
1. S'il y a des artisans au monastère, ils exerceront leur métier en toute humilité, si l'abbé le permet.
2. Si l'un d'eux s'enorgueillit de la connaissance qu'il a de son métier, dans la pensée qu'il rapporte quelque chose au monastère,
3. on l'enlèvera de ce métier et il n'y mettra plus les pieds, à moins qu'il ne s'humilie et que l'abbé l'y autorise.
Des artisans du monastère.
En retrouvant ce beau chapitre sur les artisans du monastère, je voudrais profiter pour partager ce que j’ai dit lors de la conférence à Monastic sur le Commerce dans les monastères .
En effet ce chapitre 57 reste d’une étonnante actualité en donnant des principes toujours valables : ne commettre aucune fraude dans les ventes et agir en tout dans le négoce de telle façon que Dieu soit glorifié.
Dans cette conférence, j’ai développé quatre parties : l’activité commerciale dans la vie d’une communauté, l’activité commerciale et le moine commerçant, l’activité commerciale et le client, et enfin cette activité comme trait d’union entre nos monastères. Ce matin, je prendrai le premier point : l’activité commerciale dans la vie de la communauté.
J’ai souligné le fait que de plus en plus d’activité s’était développée notamment avec des magasins de plus en plus importants mais aussi sur internet. C’est un fait, nos monastères trouvent là, au départ, un moyen pour écouler leurs produits et avec le temps une opportunité de ressources en proposant aussi d’autres articles.
Face à cette évolution, j’invitais les uns et les autres à savoir prendre le temps parfois pour considérer la part de cette activité au regard des autres activités tout aussi importantes, comme les services domestiques ou les artisanats. Si cette part devient prépondérante et trop importante, ne sommes-nous pas entrain de perdre l’équilibre de vie monastique où doivent trouver place les services et les artisanats comme activité manuelle à part entière ?
C’est ce que nous avons commencé de réfléchir dans notre équilibre à la Pierre-qui-Vire en choisissant de fermer le magasin le matin et en arrêtant la Vente par correspondance.
J’ai abordé un second point à savoir comment considérer le magasin au regard du projet monastique de la communauté ? Je soulignais que le magasin est un vrai lieu de relation et d’échange des dons avec les personnes qui y viennent. A travers l’échange des biens se vit un échange de dons et nous le savons, cet échange est d’autant plus important que le magasin est souvent le seul point de contact avec l’extérieur, avant l’Eglise et l’hôtellerie.
Ici j’invitais chaque communauté à s’interroger sur ce qui se vit et s’échange effectivement au magasin, car si les frères du magasin sont responsables de la gestion économique, c’est la communauté tout entière qui est responsable de la qualité de l’échange qui est vécu. Je proposais alors de pouvoir échanger en communauté sur ce qui se passe au magasin, sur ce qui se vend et sur la manière avec laquelle les objets son présentés.
Tout ceci n’est pas neutre et engage la communauté dans l’image qu’elle donne d’elle-même. Ne pourrait-on pas, à la Pierre-qui-Vire, dans les groupes, faire une visite du magasin et ensuite prendre le temps d’échanger sur ce que l’on perçoit là.
Cela pourrait être une aide pour nos frères du magasin et une manière d’assumer notre responsabilité commune.
(2009-08-06)
9. En recevant du neuf, on rendra toujours l'ancien, qui devra être déposé temporairement au vestiaire pour les pauvres.
10. Il suffit en effet à un moine d'avoir deux tuniques et deux coules pour la nuit et pour laver ces effets.
11. Ce qui serait en plus, c'est du superflu, il faut le retrancher.
12. De même les chaussons et tout ce qui est ancien ;; on le rendra en recevant du neuf.
13. Ceux qui sont envoyés en voyage recevront du vestiaire des caleçons, qu'ils y remettront à leur retour après les avoir lavés.
14. Les coules et tuniques seront un tant soit peu meilleures que celles qu'ils portent d'ordinaire. Ils les recevront du vestiaire en partant en voyage et les remettront au retour.
De la garde robe et des chaussures de frères.
« On rendra toujours l’ancien… ils remettront au retour… »
Rendre ce qui ne sert plus, remettre ce qu’on a emprunté temporairement. Benoît invite ses moines à la légèreté, gare à l’encombrement dans les choses inutiles dont ne se sait plus quoi faire et qui étouffent la vie. Pourquoi s’encombrer des choses inutiles . Pourquoi entasser sans fin ? Par peur de manquer ? par peur de ne plus avoir si ou demande une nouvelle fois ? ou tout simplement pour ne pas avoir à demander ? Note vie monastique est une école pour être libre, être libre par rapport aux biens et plus encore par rapport à nous-même. Demander ce dont on a besoin, rendre ce que l’on utilise plus, remettre ce que l’on a utilisé temporairement et un apprentissage à la liberté. Ici je voudrais attirer l’attention sur les appareils modernes qui risquent de se multiplier et deviennent notre propre propriété : Les appareils pour écouter de la musique ou les appareils photo etc.. Nous avons des communs ou des frères à qui les demander. Ne nous approprions pas ces appareils sauf si un usage habituel s’avère nécessaire.. qu’on en parle à l’abbé… sinon le risque de l’embourgeoisement nous guette. Sachons veiller à garder la sève d’une vie dépouillée libre et pauvre pour le Christ. Vérifions nos placards et nos tiroirs, faisons le vide de temps en temps. Nous ne sommons que de passage c’est là notre fierté et dignité de demeurer libre, surtout pas assujettis à des objets ou des vêtements. (2009-07-29)
1. On donnera aux frères des vêtements selon la nature des lieux où ils habitent et selon le climat de ceux-ci,
2. car dans les régions froides il faut davantage, dans les chaudes moins.
3. Cette appréciation est donc l'affaire de l'abbé.
4. Pour notre part, cependant, nous croyons que dans les lieux moyens il suffit aux moines d'avoir chacun une coule et une tunique, –
5. coule velue en hiver, lisse ou usée en été, –
6. et un scapulaire pour le travail ; pour se couvrir les pieds, des chaussons et des souliers.
7. Quant à la couleur ou à l'épaisseur de tous ces effets, les moines ne s'en plaindront pas, mais ils les prendront tels qu'on peut les trouver dans la province où ils demeurent, ou ce qui peut s'acheter meilleur marché.
8. Cependant l'abbé veillera à la mesure, de façon que ces vêtements ne soient pas trop courts pour ceux qui les portent, mais à leur mesure.
De la garde robe et de la chaussure des frères.
Le choix des vêtements des moines obéit à plusieurs critères selon Benoît : le climat, les ressources de la province où l’on se trouve, en matière de tissu, le prix et enfin la juste mesure pour chacun. Volontiers aujourd’hui j’ajouterai un autre critère le « signe communautaire » Notre habit commun à tous exprime notre appartenance à la vie monastique. Il signifie par là quelque chose de notre désir de vivre à la suite du Christ dans de genre de vie particulière qui est la nôtre.
A la Pierre Qui Vire, nous avons choisi notre habit actuel pour ses qualités pratiques et aussi pour la facilité qu’il permet d’être porté aussi bien au monastère qu’à l’extérieur. A travers lui, nous signifions pour nous-même et pour les autres notre appartenance à la communauté. Ici je voudrais attirer l’attention sur deux points : Comment portons-nous cet habit ? Et pour quelle visibilité de notre unité ?
Comment portons-nous cet habit ? Par habit, je pense pas seulement à notre blouson, mais à notre terme global de la propreté et de la manière de se vêtir, chacun est responsable. Nous ne souhaitons pas être richement vêtus mais simplement sans négligence ni fausse pauvreté.
Pour quelle visibilité de notre unité ? Notre manière de nous habiller n’engage pas que nous même, mais toute la communauté. Ici je voudrais dire une chose : je demande que l’on veille à une certaine uniformité de nos pantalons ; qu’ils aient une couleur sombre afin d’avoir une tenue assez semblable en cohérence avec le blouson. Ce signe d’unité dans notre tenue vestimentaire n’est pas anodin pour nous-même et pour l’extérieur. J’invite nos frères lingers à y veiller pour nous, avec nous, qu’ils nous aident à présenter la sobriété et la simplicité, ainsi que l’unité de notre habillement personnel et communautaire. Je les remercie. (2009-07-28)
1. Il ne sera aucunement permis à un moine de recevoir ou de donner, sans permission de l'abbé, lettres, eulogies ou petits présents quelconques, ni de ses parents, ni d'aucun homme, ni entre eux.
2. Même si ses parents lui envoient quelque chose, il ne se permettra pas de l'accepter avant d'en avoir référé à l'abbé.
3. Si l'abbé permet qu'on l'accepte, il sera en son pouvoir de donner la chose à qui il veut,
4. et le frère à qui on l'avait envoyée ne s'en fâchera pas, « pour ne pas donner d'occasion au diable. »
5. Celui qui se permettrait de faire autrement, sera soumis à la sanction de règle.
Si le moine doit recevoir des lettres…
On connaît cette phrase de M.Delbrel : « Seigneur je vous aime plus que tout.. en général ; mais j’aime tellement plus que vous dans cette petite minute qui passe une cigarette anglaise ou même gauloise.. » On pourrait paraphraser : « Seigneur
Je t’aime plus que tout .. mais tellement plus que toi ce pull ou ce livre que j’ai reçu et que j’aimerais bien garder …voir sans même en parler… »
Ce petit chapitre de la règle nous exhortant à faire la lumière sur ce que l’on reçoit et aussi sur ce que l’on donne, n’a pas d’autre but que de nous aider à demeurer dans l’unique amour de notre vie, le Christ. Là où les choses restées dans l’ombre risquent de nous rendre esclaves de notre convoitise, la parole au P.Abbé rend libre…. Cette parole est un vrai exercice spirituel par lequel on s’exerce à la liberté. Et cet exercice n’est pas facile, car il nous oblige à une prise de distance intérieure. On m’a donné telle chose, spontanément j’aimerais bien la garder, suis-je aussi assez libre pour la présenter au jugement de l’abbé ? Suis je assez libre pour accepter, si je n’en n’ai pas un réel besoin, qu’elle soit remise à la communauté ? Heureux sommes-nous si nous sommes capables de vivre cette parole à l’abbé comme une occasion de nous exercer à la liberté car alors nous apprenons à donner la 1ère place à l’amour du Christ jusque dans les moindres détails de notre vie. Il en est de même pour les choses que l’on donne, le cadeau que l’on veut faire. Sachons en parler, car il s’agit non pas de mes biens propres mais de ceux de la communauté. Car nous voulons vivre toute chose dans la lumière du Christ, lui à qui on a voulu tout donner et de qui on veut tout recevoir. (2009-07-18)
16. La cuisine de l'abbé et des hôtes sera à part, afin que les hôtes arrivant à des heures incertaines, – ils ne manquent jamais au monastère, – les frères n'en soient pas dérangés.
17. Dans cette cuisine entreront en charge pour l'année deux frères qui remplissent bien la fonction.
18. S'ils en ont besoin, on leur procurera des aides, pour qu'ils servent sans murmure, et inversement, quand ils ont moins d'occupation, ils iront au travail là où on leur commande.
19. Et l'on y veillera, non seulement pour eux, mais aussi dans tous les services du monastère :
20. quand ils en ont besoin, on leur attribuera des aides, et inversement, quand ils sont libres, ils obéiront aux commandements qu'on leur donne.
21. Quant au logement des hôtes, il sera confié à un frère dont l'âme est pénétrée de la crainte de Dieu.
22. Il y aura là des lits garnis en nombre suffisant, et la maison de Dieu sera administrée par des sages et sagement.
23. Celui qui n'en a pas reçu l'ordre n'entrera aucunement en rapport avec les hôtes ni ne conversera avec eux,
24. mais s'il les rencontre ou les aperçoit, il les saluera humblement, comme nous l'avons dit, et demandant une bénédiction, il passera son chemin en disant qu'il n'a pas permission de converser avec un hôte.
De la réception des hôtes.
« La maison de Dieu sera administrée par des sages et sagement. »
Comme le chapitre sur cellérier, on retrouve ici à propos de l’hôtellerie la mention de la « Maison de Dieu » Magnifique expression qui veut qualifier soit, le monastère, soit l’hôtellerie perçue dans leur épaisseur très concrète… A propos du cellérier, il s’agissait de donner les choses de la vie quotidienne en temps voulu. A propos des hôteliers, il s’agit de veiller sur le logement des hôtes, à leur lit afin qu’il y ait de la place pour tout le monde. Qu’est-ce qui va faire que cette maison où l’on travaille ne sera pas seulement une entreprise, mais une maison de Dieu ? Qu’est-ce que ce logement sera plus qu’un hôtel mais plutôt une maison de Dieu ? C’est la qualité des relations qui sont vécues en chacun de ces lieux. C’est le climat de paix et de concorde et de respect qui règne entre les moines et avec les hôtes….et cela au travers de choses toutes simples de la vie quotidienne. Dans la « Maison de Dieu » on ne fait pas des choses extraordinaires ou grandioses, non, ou mène la vie quotidienne de tout le monde mais en y apportant un soin très particulier, soin d’attention aux hôtes, soin de bienveillance entre frères, soin de charité qui regarde l’autre d’abord avec un regard positif, sans juger ou murmurer, de ce monde naîtra la paix.
Je remercie ici nos frères hôteliers pour leur service de nos hôtes, surtout en cette période estivale. Je les invite aussi à prendre soin d’eux-mêmes, en sachant se garder du temps pour se nourrir spirituellement afin de mieux donner.
La paix et la sagesse qui régneront dans l’hôtellerie pour en faire une « Maison de Dieu » ne peuvent venir que du plus profond du cœur. (2009-07-14)
6. En saluant, on donnera toutes les marques d'humilité à tous les hôtes qui arrivent ou qui partent.
7. La tête inclinée, le corps prosterné par terre, on adorera en eux le Christ que l'on reçoit.
8. Une fois reçus, on conduira les hôtes à l'oraison, et après cela le supérieur s'assiéra avec eux, lui ou celui qu'il aura désigné.
9. On lira devant l'hôte la loi divine, pour l'édifier. Après quoi, on lui donnera toutes les marques d'hospitalité.
10. Le supérieur rompra le jeûne à cause de l'hôte, sauf si c'est un jour de jeûne majeur que l'on ne puisse violer,
11. tandis que les frères continueront à observer les jeûnes accoutumés.
12. L'abbé versera l'eau sur les mains des hôtes.
13. L'abbé, ainsi que toute la communauté, lavera les pieds de tous les hôtes.
14. Après le lavement des pieds, on dira ce verset : « Nous avons reçu, ô Dieu, ta miséricorde au milieu de ton temple. »
15. On accordera le maximum de soin et de sollicitude à la réception des pauvres et des étrangers, puisque l'on reçoit le Christ davantage en leur personne, la crainte des riches obligeant par elle-même à les honorer.
De la réception des hôtes.
Dans un recueil de Maximes spirituelles, on trouve cette phrase d’Evrage » : « L’hôte et le pauvre : collyre de Dieu qui les reçoit, bientôt recouvrera la vue ».
L’hôte et le pauvre telle un collyre, nous ouvrent les yeux sur la présence de Dieu au milieu de nous… Cette conviction d’Evrage n’est-elle pas celle de Benoît quand il propose après le lavement des pieds des hôtes de dire le verset : « Nous avons reçu, ô Dieu, ta miséricorde au milieu de ton temple » Tout se passe en un double regard de foi : le regard de la foi appuyé sur les écritures qui s’applique à accueillir l’hôte comme le Christ … et le regard de la foi qui, après la réception de l’hôte, confesse la présence miséricordieuse de Dieu reconnue dans la rencontre.. Ce double regard de foi peut nous éviter l’écueil d’un certain volontarisme maladroit qui voudrait se forcer à considérer tout hôte comme le Christ. Non, la reconnaissance du Christ en tout hôte n’est pas affaire de décision. Elle est plutôt le fruit d’une attention humble à toute personne qui passe dans une égale disponibilité à tous. Et elle est toujours le fruit d’une grâce de reconnaissance.. Souvent nous ne faisons pas attention ? Nous rencontrons les hôtes, nous les accueillons et les servons du mieux possible. Et parfois nos yeux s’ouvrent de façon émerveillée sur le mystère de la rencontre vécue…. Dieu est là, le Christ est là au milieu de nous… Il est là en la personne du pauvre surtout. Entre le désir de servir tout hôte comme Christ et la reconnaissance émerveillée de la Présence du Christ au cœur de la rencontre, nous sommes toujours des chercheurs de Dieu. Les moments de grâce où le « collyre » agit vraiment pour nous ouvrir la vue sont là pour nous encourager. Ils nous aident dans la monotonie des jours à demeurer des serviteurs de nos frères et des chercheurs de Dieu, qui est là présent. Toute rencontre porte en elle plus qu’elle-même. Elle nous introduit au mystère plus large de toute vie humaine dans la lumière de Dieu. Rendons grâce à notre Dieu de nous introduire à travers nos relations vers une plus grande connaissance de son mystère. (2009-07-08)
1. L'oratoire sera ce que signifie son nom, et on n'y fera ou déposera rien d'autre.
2. L'œuvre de Dieu achevée, tous sortiront dans un silence complet et l'on aura le respect de Dieu,
3. en sorte qu'un frère qui voudrait prier à par soi en particulier, n'en soit pas empêché par l'importunité d'un autre.
4. Si en outre, à un autre moment, il voulait prier à part soi en privé, il entrera et il priera sans bruit, non à voix haute, mais avec larmes et application du cœur.
5. Donc celui qui ne fait pas ainsi, on ne lui permettra pas de demeurer à l'oratoire, une fois achevée l'œuvre de Dieu, comme il a été dit, de peur qu'un autre n'y trouve un empêchement.
De l’oratoire du monastère.
« Il priera sans bruit avec larmes et application du cœur »
Cette précision de Benoît nous donne quelques éléments pour la prière… ce qui est assez rare dans la Règle qui ne se veut pas être un traité sur la prière… Parler de la prière n’est pas facile car elle est cette relation si intime à chacun qu’il est délicat de trop en dire… Et en même temps, les mots des uns peuvent éclairer et révéler l’expérience des autres. Ou encore ce que partagent les uns peu conforter les autres, les encourager à persévérer sur leur chemin.
Ici Benoît nous laisse trois mots qui balisent une manière de prier : « sans bruit, avec larmes, avec application de cœur » « Sans bruit » : Après la prière chorale communautaire, la prière seul en silence. Silence extérieur sur lequel nous devons veiller les uns pour les autres… pour faciliter le silence intérieur… « Sans bruit » nous le savons les bruits intérieurs sont les plus difficiles à faire taire. Chercher à les apaiser en présentant au Seigneur ce qui en est la cause (nos soucis, nos colères ou nos tristesses) est déjà chemin de prière. Chemin qui peut être laborieux.
« Larmes » : Les anciens étaient familiers de la prière avec larmes, non des larmes de tristesse, mais des larmes de repentir qui lavent… Finalement il s’agit de larmes de libération du cœur qui se reconnaît humblement à la fois pécheur et à la fois aimé par Dieu … La confession des péchés libère du joug du remord et de la culpabilité malsaine… Et les larmes expriment ce que le cœur ressent, bien mieux que ne le feraient les mots…
« Application du cœur » : La prière engage notre cœur… Appliquer notre cœur à la prière, nous rendre vraiment disponible. être là vraiment dans la lumière de la présence de Dieu… n’est pas le moindre de notre labeur spirituel… Notre cœur peine souvent à demeurer là, vulnérable, sans maîtrise… La facilité est de divaguer.. de se laisser aller ailleurs… Un des labeurs de notre prière est de vouloir être là sous le regard de notre Père… et de nous appliquer à l’écouter… La répétition d’un mot ou d’un verset entendu est souvent un moyen concret d’appliquer notre cœur à se tenir là présent à la présence de notre Père… Que l’Esprit Saint qui prie en nos cœurs nous vienne en aide. (2009-07-07)