vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 18, 22-23 Dans quel ordre dire les psaumes écrit le 18 mars 2011
Verset(s) :

22. Par dessus tout, nous donnons cet avertissement : si quelqu'un n'aime pas cette distribution des psaumes, qu'il établisse une autre ordonnance, s'il la juge meilleure,

23. pourvu qu'il maintienne absolument la psalmodie intégrale des cent cinquante psaumes du psautier chaque semaine et la reprise perpétuelle par le commencement aux vigiles du dimanche,

Commentaire :

Ces lignes qui concluent le code liturgique de la RB peuvent permettre de nous arrêter un peu sur notre manière de considérer et de prier le psautier. Ce livre de prière du juif pieux est devenu le livre de prière de l’Eglise qui se rassemble, soit pour l’Eucharistie qui utilise de nombreux psaumes ou extraits, soit pour la liturgie des heures. Avec l’extension de la RB, la récitation hebdomadaire du psautier, s’est développée dans les monastères. Même si aujourd’hui la récitation du psautier peut se faire sur plusieurs semaines, les psaumes restent notre nourriture substantielle.

J’entends parfois la difficulté exprimée par tel ou tel de prier vraiment avec les psaumes avec certains qui semblent renvoyer à une culture religieuse si différente de la nôtre. Oui, la prière des psaumes nous demande toujours de consentir à plusieurs déplacements. Le premier est de nous faire entrer personnellement dans la prière de l’Eglise, dans une prière commune, pas d’abord la mienne. Je me coule dans une prière reçue en Eglise. C’est celle-là que je suis invité à faire mienne. Le second déplacement est culturel. En priant ces poèmes juifs d’avant le Christ, j’entre dans l’intelligence spirituelle et théologique de ce peuple dans lequel est né Jésus. Je m’approprie leur regard sur Dieu et leur espérance. Même si certains passages pris en eux-mêmes ne peuvent plus dire adéquatement aujourd’hui une parole sur Dieu, ils sont des témoins précieux de la recherche humaine et spirituelle vécue durant toute une histoire. Cela conduit à parler d’un troisième déplacement, plus humain celui-là. Avec les psaumes, j’apprends à quitter une certaine suffisance que pourrait voir ma prière personnelle, assurée d’être elle-même toujours juste et ajustée. La prière des psaumes m’apprend à rejoindre les cris et les tâtonnements de toute l’humanité qui cherche à se tourner vers Dieu ou vers un Au-delà quelle ne parvient pas à nommer. Ce faisant, la prière des psaumes m’apprend à rejoindre ma propre humanité dans ses zones plus sombres ou encore mal explorées. Les mots simples, parfois abruptes du psalmiste, ses coups de gueules toujours confiants, peuvent m’aider à oser mes propres mots. J’appartiens moi aussi à cette humanité qui cherche ses mots pour parler vraiment à Dieu. Ces trois déplacements auxquels nous provoquent les psaumes, nous les vivons plus ou moins facilement. C’est la raison pour laquelle, il y a toujours une grâce à demander au début de chaque office, pour être bien là, non de manière tendue, mais de manière disponible. Etre là offert et ouvert, pour entrer dans ce grand mouvement de prière que l’Esprit Saint veut susciter dans son peuple. (2011-03-18)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 18, v 12-21 Psaumes aux Vêpres, aux Complies et aux Vigiles écrit le 04 mars 2011
Verset(s) :

12. Les vêpres seront chantées chaque jour en modulant quatre psaumes.

13. Ces psaumes commenceront au cent-neuvième et ils iront jusqu'au cent-quarante-septième,

14. excepté ceux d'entre eux qui sont réservés à d'autres heures, c'est-à-dire depuis le cent-dix-septième jusqu'au cent-vingt-septième, ainsi que le cent-trente-troisième et le cent-quarante-deuxième ;

15. tous ceux qui restent sont à dire aux vêpres.

16. Et comme il manque trois psaumes, on divisera ceux qui, dans la série susdite, sont plus importants, c’est-à-dire le cent-trente-huitième et le cent-quarante-troisième et le cent-quarante-quatrième.

17. Quant au cent-seizième, comme il est petit, on le joindra au cent-quinzième.

18. L'ordonnance des psaumes de vêpres étant ainsi disposée, le reste, c'est-à-dire la leçon, le répons, l'hymne, le verset et le cantique, sera exécuté comme nous l'avons prescrit plus haut.

19. Aux complies, on répétera chaque jour les mêmes psaumes, c'est-à-dire le quatrième, le quatre-vingt-dixième et le cent-trente-troisième.

20. L'ordonnance de la psalmodie du jour étant ainsi organisée, tous les autres psaumes qui restent seront répartis également entre les vigiles des sept nuits,

21. en partageant ceux d'entre ces psaumes qui sont plus longs, et en en mettant douze à chaque nuit.

Commentaire :

La manière de Benoît de distribuer les psaumes peut paraitre surprenante. En effet, il y a des offices comme les Matines, les petites heures du jour et les Complies, où les psaumes sont minutieusement choisis, un à un, et jour après jour, surtout pour les Matines. Et puis, il y a les offices de Vêpres et des Vigiles qui semblent être davantage composés de psaumes pris à la suite l’un de l’autre, à l’exception de ceux qui sont déjà choisis pour les autres offices. Ainsi aux Vêpres a-t-on la série des psaumes 109 jusqu’à 147, et aux Vigiles tous les psaumes restants. De ce fait, il apparait que les offices de Matines ou Laudes et les petites heures sont davantage pensés dans une cohérence précise que les offices de Vêpres et des Vigiles. Qu’en conclure ? Que Benoît a éprouvé le besoin de donner davantage de relief aux Laudes et aux petites heures qu’aux Vêpres et aux Vigiles ? Il n’est pas facile de répondre. Peut-être est-ce le signe qu’à ses yeux les offices de Vêpres et des Vigiles offrent par leur place dans la journée et la nuit une cohérence suffisante : celle du sacrifice de louange qui monte le soir après une journée de travail pour les Vêpres et celle de la veille priante et implorante la nuit pour les Vigiles.

Je me pose encore une question. Benoît fait commencer les Vêpres du dimanche par le Ps 109. Est-ce pour les commodités de la série qu’il semble emprunter à la tradition romaine, ou bien y avait-il le souci de donner à ce Ps 109 une place particulière, le dimanche ? Ce qui est sûr, c’est qu’il a acquis désormais dans la liturgie des heures une place bien précise pour chaque Vêpres dominicale et festive. Avec ce psaume plusieurs fois cités dans le NT pour méditer sur la Seigneurie du Christ ressuscité, nous sommes, chaque dimanche soir, un peu dans la situation des disciples d’Emmaüs. Avec eux, comme eux, en redisant ce psaume nous nous laissons enseigner pour entrer plus avant dans le mystère du Christ vivant à jamais. Il a fait de ses ennemis le marchepied de son trône. Par sa croix, il a dominé jusqu’au cœur de l’ennemi. Comme la rosée qui nait de l’aurore, son Père l’a engendré avec son corps à la vie divine. Oui le Christ se tient désormais à la droite de son Père, où il intercède pour nous lui le Grand prêtre à jamais. (2011-03-04)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 18, v 7-11 Psaumes à tierce, sexte et none écrit le 03 mars 2011
Verset(s) :

7. A tierce, sexte et none de la seconde férie, on dira les neuf sections qui restent du psaume cent-dix-huit, à raison de trois à chacune de ces mêmes heures.

8. Ayant donc achevé le psaume cent-dix-huit en deux jours, à savoir le dimanche et la seconde férie,

9. à la troisième férie on psalmodiera à tierce, sexte et none trois psaumes chaque fois, depuis le cent-dix-neuvième jusqu'au cent-vingt-septième, c'est-à-dire neuf psaumes.

10. Ces psaumes seront toujours répétés identiquement jusqu'au dimanche à ces mêmes heures, en gardant tous les jours également une disposition uniforme pour les hymnes, leçons et versets,

11. et ainsi l'on commencera toujours le dimanche par le psaume cent-dix-huit.

Commentaire :

Après avoir traité de l’office de prime, Benoît aborde les offices de tierce, sexte et none pour tous les jours de la semaine. Ce qui caractérise ces offices, c’est la répétition des mêmes psaumes. Seuls le dimanche et le lundi bénéficient d’un menu varié, puisqu’en chacune des petites heures, on psalmodie les vingt deux divisions du Ps 118. Par contre, les mardis, mercredis et jeudis, vendredis et samedis, on reprendra à chaque fois les mêmes Ps 119 à 127, répartis par trois sur les trois petites heures de tierce, sexte et none. Cette façon de distribuer les psaumes donnent par le fait même, une place singulière et au Ps 118 et aux psaumes des montées de 119 à 127. Psaume de l’amoureux de la Loi pour le 118 et psaumes de pèlerinage pour les 119 à 127. Le moine ne craint pas de reprendre ces psaumes sans cesse, car sa vie n’est-elle pas une quête amoureuse de la Loi et de la Parole de Dieu, n’est-elle pas ce long et fidèle pèlerinage par lequel on ne voudrait jamais s’installer ? La prière répétitive des psaumes nous entraine ici dans une identification au psalmiste. Nous entrons dans l’intimité du chant qui a jailli de son cœur. Nous apprenons à le faire nôtre, que ses mots deviennent les nôtres, que son audace et sa confiance envers son Dieu deviennent les nôtres. En ce sens, les psalmistes sont nos maîtres de prière, nos guides spirituels. La répétition incessante de ces mêmes prières, si elle est un risque - celui de nous endormir- est davantage encore une chance. En effet, ces psaumes s’offrent à nous comme ces oignons dont il faut les éplucher, enlever une à une les lamelles. Jour après jour, nous épluchons les psaumes, nous les laissons nous révéler leur saveur, leur profondeur. Nous ne cessons pas de les éplucher, pour atteindre le cœur, pour que notre cœur se mette au diapason du cœur du psalmiste. « Dans ma détresse, j’ai crié vers le Seigneur. Non il ne dort pas ne sommeille pas le gardien d’Israël. (2011-03-03)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 18, v 1-6 En quel ordre dire les psaumes écrit le 01 mars 2011
Verset(s) :

1. Tout d'abord, on dira le verset « Dieu, viens à mon aide ; Seigneur, hâte-toi de m'aider », gloria ; puis l'hymne de chaque heure.

2. Ensuite à l'heure de prime, le dimanche, on dira quatre sections du psaume cent-dix-huit.

3. Aux autres heures, à savoir tierce, sexte et none, on dira chaque fois trois sections du susdit psaume cent-dix-huit.

4. A prime de la seconde férie, on dira trois psaumes, à savoir le premier, le deuxième et le sixième.

5. Et ainsi, chaque jour à prime jusqu'au dimanche, on dira à la suite trois psaumes chaque fois jusqu'au psaume dix-neuf, en divisant en deux les psaumes neuf et dix-sept.

6. De la sorte, on commencera toujours par le vingtième aux vigiles du dimanche.

Commentaire :



La RM avait une toute autre façon d’utiliser le psautier dans l’office : on reprenait la suite des psaumes à chaque office, là où on l’avait arrêté à l’office précédent.

Benoît lui s’inspire de l’office romain, avec deux principes de base : l’utilisation de certains psaumes des offices précis. Et la récitation hebdomadaire du psautier.

Il fait commencer l’office par le verset du Ps 69 : « Dieu viens à mon aide », c’est sans doute à cause de la conférence 10 de Cassien, où il vante ce verset comme formule de prière appropriée à tout besoin, à toute circonstance. Pour Cassien, ce verset répété était un moyen pour arriver à prier sans cesse. Chez Benoît, il ne s’agit plus d’une formule répétée sans cesse par chaque moine, dans sa prière personnelle. Mais c’est l’introduction liturgique aux heures de l’office, et à la semaine de service des frères cuisiniers. St Colomban, dans sa règle, demande de dire trois fois ce verset dans le temps de prière silencieuse qui suit chaque psaume de l’office. Ces utilisations limitées et réglées diffèrent beaucoup de l’usage incessant et spontané préconisé par Cassien. Il n’a pas réussi à convaincre les moines latins d’utiliser le « Dieu viens à mon aide » pour prier sans cesse. Mais la récitation de ce verset au début des offices est précieuse : elle nous rappelle que notre prière est l’œuvre de Dieu en nous. Prier, c’est s’adresser au Père, que le Fils nous révèle, dans l’Esprit qui nous fait crier « Abba » et Seigneur-Jésus. Sans l’Esprit nous ne savons pas prier. En demandant à Dieu son aide, nous entrons dans la prière par sa seule porte : l’humble reconnaissance du don mystérieux dont tout dépend.

Ce chapitre nous renvoie à deux questions importantes : comment prions-nous pour que la psalmodie soit une prière, et non une récitation machinale ? Et la deuxième question : sommes nous des hommes de prière ? Sommes-nous en relation avec le Christ, habités par l’Esprit ? Que faisons-nous pour que cette relation soit réellement vivante et vraie ? (2011-03-01)

La RM avait une toute autre façon d’utiliser le psautier dans l’office : on reprenait la suite des psaumes à chaque office, là où on l’avait arrêté à l’office précédent.

Benoît lui s’inspire de l’office romain, avec deux principes de base : l’utilisation de certains psaumes des offices précis. Et la récitation hebdomadaire du psautier.

Il fait commencer l’office par le verset du Ps 69 : « Dieu viens à mon aide », c’est sans doute à cause de la conférence 10 de Cassien, où il vante ce verset comme formule de prière appropriée à tout besoin, à toute circonstance. Pour Cassien, ce verset répété était un moyen pour arriver à prier sans cesse. Chez Benoît, il ne s’agit plus d’une formule répétée sans cesse par chaque moine, dans sa prière personnelle. Mais c’est l’introduction liturgique aux heures de l’office, et à la semaine de service des frères cuisiniers. St Colomban, dans sa règle, demande de dire trois fois ce verset dans le temps de prière silencieuse qui suit chaque psaume de l’office. Ces utilisations limitées et réglées diffèrent beaucoup de l’usage incessant et spontané préconisé par Cassien. Il n’a pas réussi à convaincre les moines latins d’utiliser le « Dieu viens à mon aide » pour prier sans cesse. Mais la récitation de ce verset au début des offices est précieuse : elle nous rappelle que notre prière est l’œuvre de Dieu en nous. Prier, c’est s’adresser au Père, que le Fils nous révèle, dans l’Esprit qui nous fait crier « Abba » et Seigneur-Jésus. Sans l’Esprit nous ne savons pas prier. En demandant à Dieu son aide, nous entrons dans la prière par sa seule porte : l’humble reconnaissance du don mystérieux dont tout dépend.

Ce chapitre nous renvoie à deux questions importantes : comment prions-nous pour que la psalmodie soit une prière, et non une récitation machinale ? Et la deuxième question : sommes nous des hommes de prière ? Sommes-nous en relation avec le Christ, habités par l’Esprit ? Que faisons-nous pour que cette relation soit réellement vivante et vraie ? (2011-03-01)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 17, v 1-10 Combien de psaumes faut-il dire écrit le 26 février 2011
Verset(s) :

1. Nous avons déjà disposé l'ordonnance de la psalmodie aux nocturnes et aux matines ; voyons maintenant les heures suivantes.

2. A l'heure de prime, on dira trois psaumes séparément et non sous un seul gloria,

3. l'hymne de cette même heure après le verset : « Dieu, viens à mon aide », avant de commencer les psaumes.

4. Après l'achèvement des trois psaumes, d'autre part, on récitera une leçon, le verset et Kyrie eleison , et le renvoi.

5. A tierce, sexte et none, d'autre part, on célébrera la prière de même, selon cette ordonnance, c'est-à-dire le verset, les hymnes de ces mêmes heures, trois psaumes à chacune, la leçon et le verset, Kyrie eleison et le renvoi.

6. Si la communauté est plus nombreuse, on psalmodiera avec antiennes, mais si elle est moins nombreuse, sur le mode direct.

7. Pour la synaxe vespérale, on se bornera à quatre psaumes avec antiennes.

8. Après ces psaumes, on récitera la leçon, puis le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Evangile, la litanie, et par l'oraison dominicale se fera le renvoi.

9. Pour les complies, on se bornera à dire trois psaumes. Ces psaumes seront dits directement, sans antiennes.

10. Après quoi l'hymne de cette même heure, une leçon, le verset, Kyrie eleison , et par la bénédiction se fera le renvoi.

Commentaire :

Au chapitre 16, Benoît avait précisé combien de fois par jour le moine doit faire halte pour la prière. Dans ce chapitre 17, après avoir déterminé la répartition au long du jour, il précise la mesure des psaumes à dire à ces heures. Dans le chapitre suivant, il indiquera de manière plus exacte quels psaumes il faut dire, en fonction de chaque heure et de chaque jour.

L’office se caractérise donc par plusieurs traits : d’abord il revient à intervalles réguliers tout au long de la journée. Ensuite on distingue les petites heures et les autres offices. Cela ne signifie pas que les petites heures ont moins d’importance. Qu’on peut les oublier au gré de son intérêt personnel. C’est le rythme des offices qui est important. Au son de la cloche, revenir des occupations et des préoccupations à l’unique essentiel, à ce qui fait le fond de notre vocation, à ce qui nous a amenés au monastère.

Ces offices qui rythment nos journées, nous font toucher, de manière très concrète, notre difficulté à rester ouverts à ce qui vient d’ailleurs, d’un autre, même quand cet autre est Dieu.

Il peut sembler plus facile d’organiser nos journées selon nos goûts, à notre rythme propre, selon nos choix. Mais nous savons par expérience que la liberté du cœur, cette disponibilité aux appels de Dieu, est source de beaucoup plus de paix et de beaucoup plus de joie. La cloche nous rappelle que nous sommes ici parce que Dieu nous a appelés. Nous avons été choisis par Dieu, appelés par notre nom. Nous sommes appelés à entrer dans un projet qui nous dépasse. « Là où est notre trèsor, là aussi sera notre cœur ». (2011-02-26)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 16, v 1-5 Comment célébrer l’office divin écrit le 25 février 2011
Verset(s) :

1. Comme dit le prophète : « Sept fois le jour, j'ai dit ta louange. »

2. Ce nombre sacré de sept, nous le réaliserons en nous acquittant des devoirs de notre service au moment du matin, de prime, de tierce, de sexte, de none, de vêpres et de complies,

3. car c'est de ces heures du jour qu'il a dit : « Sept fois le jour, j'ai dit ta louange. »

4. Quant aux vigiles nocturnes, le même prophète dit à leur sujet : « ;Au milieu de la nuit, je me levais pour te rendre grâce. »

5. C'est donc à ces moments que nous ferons monter nos louanges vers notre créateur « pour les jugements de sa justice » : à matines, prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies ; et la nuit, « nous nous lèverons pour lui rendre grâce ».

Commentaire :

Benoît dans ce chapitre replace l’office divin dans sa véritable perspective, qui est celle de la création. Ce chiffre sept est celui des sept jours de la Création au livre de la genèse. Chiffre sacré, en lien avec notre Créateur.

La journée du moine, rythmée par l’office, est une hymne à la Création, c’est une création nouvelle où toute activité prend un sens nouveau.

Notre journée n’est pas une plate succession d’activités, c’est une histoire d’amour, un crescendo qui part de la Création du monde, au cœur de la nuit, qui passe par la Passion et la Résurrection du Christ, et qui se termine dans l’attente du Seigneur, qui vient. Nous pouvons vivre notre journée, au fils des heures de l’office, comme une histoire d’amour avec notre Dieu. L’office divin devient alors, non une obligation à accomplir, mais une suite de rendez-vous avec le véritable compagnon de notre vie. Des moments où nous nous arrêtons pour lui, pour écouter sa parole.

Pour Benoît le nombre des offices est important puisqu’il le rattache à deux versets de l’Ecriture. Mais au fond, ce n’est pas cela qui importe. Pour Benoit, les offices sont là, tout au long de la journée, comme des points d’appuis, des rappels, des oasis dans le désert.

L’office permet d’imprimer le visage de Dieu dans le temps, De rendre à Dieu ce qui est à Dieu, le temps de l’homme. L’office est un point d’appui : il nous garde du découragement, de la fatigue, de l’acédie. Quand on commence à dérailler dans la vie monastique, cela débute toujours par là, notre fidélité à l’Office. Car l’Office a un rôle de rappel. Il est là pour nous rappeler l’essentiel de notre vie ce que nous sommes venus chercher quand nous avons frappé à la porte du monastère. Celui pour qui nous sommes ici. L’Office est aussi comme une oasis dans le désert. Oasis pour nous-mêmes, mais aussi pour tous les hommes et les femmes du monde qui souffrent et qui peinent. Notre vocation n’est pas une villégiature tranquille, à l’abri des problèmes et des soucis des autres. Si nous sommes ici, si Dieu nous appelle ici, c’est pour que nous accomplissions cette œuvre de prière au service du monde. Nous sommes à l’Office pour cela, pour cette mission que Die nous confie pour le monde. (2011-02-25)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 15, v 1-4 L’alléluia écrit le 24 février 2011
Verset(s) :

1. De la sainte Pâque jusqu'à la Pentecôte, on dira alleluia sans interruption, aussi bien dans les psaumes que dans les répons ;

2. de la Pentecôte au début du carême, toutes les nuits, on le dira seulement aux nocturnes avec les six derniers psaumes.

3. Mais tous les dimanches, sauf en carême, les cantiques, les matines, prime, tierce, sexte et none seront dits avec alleluia, mais vêpres avec antienne.

4. Mais les répons ne seront jamais dits avec alleluia, si ce n'est de Pâques à la Pentecôte.

Commentaire :

L’alléluia : il ne s’agit pas d’un détail ! Ce n’est pas une rubrique sans importance : Benoît nous parle de l’année liturgique. Comment elle rythme notre vie sur le mystère pascal du Christ. C’est le but de l’année liturgique : nourrir et enrichir notre relation au Christ. Chacun de ces temps a un répondant du côté de Dieu, permet de célébrer un aspect du mystère pascal. C’est un des meilleurs relais pour faire entrer l’histoire, le temps de notre histoire dans la vision de Dieu. Voir Dieu à l’œuvre sous les différents modes de ses interventions. Dans l’histoire du salut comme dans chacune de nos vies.

La RB évoque le cycle liturgique surtout en mentionnant les particularités du Carême, au chapitre 49, et du Temps pascal, dans notre chapitre. Benoît note sagement que notre vie ne peut se soumettre à une seule observance, qui serait celle du Carême. Il est dans la nature de l’homme de connaître des temps et des saisons. C’est d’ailleurs sous l’angle de la plus ou moins grande abstinence : Carême, Pâques Pentecôte, de la plus ou moins grande allégresse liturgique que Benoît évoque les temps liturgiques.

Et le temps Ordinaire est aussi un temps liturgique : celui de la Parole; c’est aussi le cycle du pain quotidien. Le don de Dieu à chaque aujourd’hui, dans sa banalité et sa fidélité. Ce temps pascal tout entier, c’est aujourd’hui.

Ce chapitre nous rappelle aussi que l’alléluia doit être le climat habituel de notre cœur. Nous sommes ressuscités avec le Christ. Nous avons reçu l’Esprit Saint. L’éternité a fait son irruption dans le temps. Nous attendons le jour de la manifestation, où Dieu sera tout en tous. Cette attente, loin de nous distraire de l’accomplissement de notre tâche quotidienne, doit nous permettre de nous y donner plus librement, plus fidèlement. C’est dans ce climat tout à fait réaliste que Benoît nous invite à vivre. Etre dans le temps des hommes d’éternité. Notre vie se déroule dans la lumière de Pâques. C’est ce que signifie l’alléluia. (2011-02-24)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 14, v 1-2 L’office aux fêtes des saints écrit le 23 février 2011
Verset(s) :

1. Cependant aux fêtes des saints et à toutes les solennités, on célébrera comme nous avons dit de célébrer le dimanche,

2. excepté qu'on dira les psaumes ou antiennes et leçons qui se rapportent à ce jour. Mais on gardera la mesure indiquée plus haut.

Commentaire :

En Italie, au temps de Benoît, on était en train de rassembler la liste des saints des diverses parties de la chrétienté en un calendrier unique. Il s’appellera le martyrologe. Les fêtes étaient principalement celles des apôtres et des martyrs. Ceux qui ont confessé le Christ. Ceux en qui s’est manifesté la victoire du Christ sur la mort et sur le péché. C’est dans cet esprit chrétien qu’il faut célébrer les saints : voir comment l’image du Christ a été imprimée en eux. Comment ils ont su recevoir cet appel à la ressemblance. Comment leur témoignage rend le Christ encore plus présent à notre cœur.

Nous fêtons les saints, nous sommes en fête à cause d’eux, parce que leur vie nous manifeste un aspect du visage du Christ, nous indique une voie pour aller à Dieu. Tous les saints du ciel sont comme un immense prisme à facettes innombrables, qui nous renvoie, infiniment diversifiée, la lumière de Dieu. C’est la joie de cette lumière qui passe dans les fêtes des saints.

La liturgie nous rappelle la place des saints dans la pensée de l’Eglise. Il ne suffit pas de nous conformer au calendrier : il faut que notre cœur concorde avec notre voix. Nous ne pouvons pas avoir de la dévotion pour tous le s saints, c’est évident ! Mais chacun de nous peut repérer les saints qu’il aime davantage. Ceux avec lesquels, par notre tempérament, notre histoire, nous nous sentons plus en affinité. Qui nous stimulent vers un plus grand amour de Dieu. Nous n’ôtons rien à Dieu par là. C’est lui qui nous les donne. Eux nous poussent vers Lui. (2011-02-23)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 13, v 12-14 Comment célébrer les Laudes écrit le 22 février 2011
Verset(s) :

12. Assurément, la célébration matinale et vespérale ne s'achèvera jamais sans que, en dernier lieu dans l'ordonnance de l'office, l'oraison dominicale soit dite d’un bout à l’autre par le supérieur, de façon à être entendue par tous, à cause des épines de disputes qui ont accoutumé de se produire.

13. Ainsi l'engagement pris par cette oraison qui leur fait dire : « ;Pardonne-nous comme nous pardonnons nous-mêmes », les mettra en demeure de se purifier de cette sorte de vice.

14. Quant aux autres célébrations, on y dira la dernière partie de cette oraison, en sorte que tous répondent : « Mais délivre-nous du mal. ;»

Commentaire :

Pour Benoît cette récitation intégrale du Notre Père par le Père Abbé, à la fin des Laudes et de Vêpres, a une signification bien particulière. De toutes les demandes du Notre Père, il n’en retient qu’une seule : Pardonnes-nous comme nous pardonnons. La prière des psaumes se termine par ce pardon demandé parce qu’il a été donné.

Benoît sait que la vie commune produit des épines et des animosités. Cela n’a rien d’extraordinaire, ni de scandaleux, pour lui. C’est seulement ordinaire, humain. Le scandale n’est pas que nous nous heurtions ou que nous nous blessions. Le scandale, c’est si nous refusons de nous pardonner. Et il ne s’agit pas de pardonner une fois, « parce que c’est bon pour cette fois, mais n’y revenez pas ». Non, pardonner plusieurs fois par jour. Sept fois par jour, autant de fois que le Notre Père est récité à la fin des offices chaque jour.

La communauté n’est pas une communauté parfaite. Elle n’est pas exempte de difficultés, de discussions, d’animosités, de ressentiments. Non, tout cela reste très ordinaire. Mais ce qui doit la caractériser, c’est qu’elle est composée d’hommes qui veulent vivre le pardon. Le pardon reçu et le pardon donné.

Pour toujours, Jésus a lié le pardon reçu et le pardon donné. Il a fait du pardon la clé de notre vie chrétienne : « Laisse-là ton offrande devant l’autel et va d’abord te réconcilier avec ton frère ». (2011-02-22)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 13, v 1-11 Comment célébrer les laudes les jours ordinaires écrit le 21 février 2011
Verset(s) :

1. Les jours ordinaires, d'autre part, on célébrera la solennité des matines de cette façon,

2. c'est-à-dire qu'on dira le psaume soixante-sixième sans antienne, en traînant un peu, comme le dimanche, en sorte que tous soient présents pour le cinquantième qu'on dira avec antienne.

3. Après quoi on dira deux autres psaumes selon l'usage, c'est-à-dire

4. la deuxième férie, le cinquième et le trente-cinquième,

5. la troisième férie, le quarante-deuxième et le cinquante-sixième,

6. la quatrième férie, le soixante-troisième et le soixante-quatrième,

7. la cinquième férie, le quatre-vingt-septième et le quatre-vingt-neuvième,

8. la sixième férie, le soixante-quinzième et le quatre-vingt-onzième ;;

9. quant au samedi, le cent-quarante-deuxième et le cantique du Deutéronome, qu'on divisera en deux gloria.

10. Mais les autres jours, on lira un cantique des prophètes, chacun à son jour, comme les psalmodie l'Église romaine.

11. Après cela suivront les Laudes ; puis une leçon de l'Apôtre récitée de mémoire, le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie et c'est tout.

Commentaire :



Les jours ordinaires ; Notre vie a besoin de cette alternance des jours ordinaires et des jours de fête. Ce sont des jalons pour raviver notre attention au mystère de Dieu. Dans notre vie personnelle aussi, nous devons chercher à renouveler notre ferveur, tel geste, la participation plus active de notre corps, telle intention de prière. Ceci pour demeurer éveillés, attentifs, à l’écoute.

Que tous aient le temps d’arriver. On a l’impression que Benoît a prévu la récitation du Ps 66 à cause des retardataires : ils ne manquent jamais ! Le but est que tout le monde soit là pour le Ps 50. Cette prescription devrait nous remplir de confusion. Comment pouvons nous être si lents, si endormis ! Le père Muard disait : » C’est Dieu qui m’appelle ». Ayons à cœur d’être plus ponctuels, plus soucieux de venir servir Dieu à l’office.

« Comme les psalmodie l’Eglise romaine ». C’est la seule mention de l’Eglise romaine dans la Règle. Il faut penser que c’est un romain qui parle. Il invite à suivre la pratique courante autour de lui. Mais pour Benoît le monastère est une cellule d’Eglise, qui ne se développe pas en vase clôt ! Il doit rester en contact avec le corps tout entier, avec l’ensemble du Peuple de Dieu. Deux fois la Règle parle de l’évêque du lieu. Au Chapitre 62, sur les prêtres du monastère, si’ l’un d’eux se rebellait, on aurait recours à l’intervention de l’évêque. Au chapitre 64, à propos de l’établissement de l’Abbé. Si la communauté choisit un Abbé complice de ses dérèglements l’évêque aura à intervenir. Nos relations avec notre évêque ne se situent pas uniquement à ce niveau juridique. Mais nous lui reconnaissons une autorité sur nous. Il est notre Pasteur. (2011-02-21)