vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 48 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 18 mai 2012
Verset(s) :

48. Surveiller à toute heure les actions de sa vie,

Commentaire :

« Surveiller à toute heure les actions de sa vie ». Surveiller traduit le mot latin « custodire » que l’on retrouve 10 fois dans la RB. Garder sa bouche des mauvaises paroles, garder ses voies pour ne pas tomber, se garder du péché, garder son âme. Plusieurs usages de ce verbe vont dans le même sens d’une attention à soi-même, à ses paroles, actions et pensées. Une expression pourrait bien résumer cela : l’homme comme gardien de soi-même. Il y a un travail que personne ne peut faire à notre place. Personne ne peut veiller à nos pensées, ni à nos paroles, ni à nos actes.

Belle responsabilité humaine de chacun envers soi-même. Les différentes cultures à travers le monde et à travers le temps n’ont pas d’autres but que d’éveiller et de former à cette responsabilité personnelle pour rendre possible le vivre ensemble. Notre vie monastique est un autre type de culture qui veut permettre une conscience encore plus affinée de chacun à l’égard de lui-même. Elle veut surtout nous éviter d’être dupe de nous-mêmes ou d’être conduits par nos passions et nos pensées mauvaises. Dans la lumière de l’Evangile, à l’école du Christ, peu à peu s’affine notre connaissance de nous-mêmes. Nous repérons nos tendances mortifères et nous mouvements égoïstes. Heureux sommes nous si nous pouvons les nommer pour les tenir davantage à distance. La liberté se conquiert peu à peu à ce prix. Le moine gardien de lui-même sous la conduite de l’Esprit apprend à repérer toutes les fausses routes dans lesquelles il peut être entrainé s’il n’y prend pas garde. Nos vies quotidiennes sont remplies de ces moments de discernement où il nous faut choisir entre la facilité ou la vérité plus exigeante, entre la fuite ou le courage de faire face, entre la compromission ou la clarté, entre le repli sur soi ou l’ouverture aux autres. Notre vie monastique nous apprend cette belle vigilance intérieure qui nous rend plus disponible à l’œuvre de l’Esprit Saint pour faire la volonté de notre Dieu qui nous veut toujours plus libre, plus aimant. (2012-05-18)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 47 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 12 mai 2012
Verset(s) :

47. avoir chaque jour la mort présente devant ses yeux.

Commentaire :

« Avoir chaque jour la mort présente devant ses yeux ». En écho à ce précepte qui a des allures stoïciennes, j’entends la belle prière de st François : «Loué sois-tu, Mon Seigneur, pour notre sœur la mort corporelle aucun homme ne peut échapper ; malheur à ceux qui meurent en péché mortel, heureux ceux qui se trouveront conforme à tes saintes volontés, car la seconde mort ne leur fera point de mal ».

La mort à laquelle nul homme n’échappe est cette réalité que nous présentons bien et cette réalité dont nous repoussons au maximum l’échéance. Mort inéluctable reconnue et appel de la vie sans cesse entendue : voilà l’étrange paradoxale tension qui traverse notre existence et qui nous accompagne depuis la naissance. Demeurer, vivre avec cette tension est difficile, il est plus aisé de choisir, soit on s’enivre de vie en oubliant la mort, soit comme le suggère l’épitre aux Hébreux, on se laisse fasciner par la mort et on vit comme des esclaves devant la peur de la mort (Heb 2.15). Depuis que le Christ est ressuscité, un chemin s’est ouvert qui veut nous permettre d’assumer en profondeur et dans la paix cette tension paradoxale de la vie et de la mort. Chemin de foi, chemin de grâce à refaire chaque jour. Benoit et François l’ont creusé à leur manière et nous laissent des traces dans leurs écrits. La foi en Christ et le compagnonnage avec lui dans l’écoute de sa parole nous apprenne à regarder en face la mort, peu à peu avec moins de crainte. Au fur et à mesure que grandit l’amitié avec Christ se fait moins prégnante la peur de la mort. Au fur et à mesure que s’élargit notre intelligence du mystère de la foi, notre connaissance intérieure, il apparait plus clairement que la seule mort à redouter est celle qui nous couperait de l’amitié avec le Christ. La mort corporelle n’est qu’une porte vers la demeure où notre vie humaine s’illuminera dans la présence aimante de notre Dieu. La mort corporelle est alors notre sœur, cette auxiliaire nécessaire pour la rencontre. Que François nous aide à dire simplement avec confiance : « Loué sois-tu Mon Seigneur, pour notre sœur la mort corporelle. (2012-05-12)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 46 les instruments des bonnes œuvres écrit le 11 mai 2012
Verset(s) :

46. désirer la vie éternelle de toute sa convoitise spirituelle,

Commentaire :

Après Redouter la géhenne , désirer la vie éternelle de toute sa convoitise spirituelle . Comme on le sait la nouveauté de cet instrument par rapport à la RM tient à l’ajout que Benoit fait de l’expression de toute sa convoitise spirituelle . Benoit a éprouvé le besoin de cette précision qui n’est pas sans rappeler une autre expression voisine : la joie du désir spirituel recommandée en Carême (RB 49.7). Qu’entend Benoit par convoitise spirituelle ? L’expression s’enracine certainement dans la pensée de Paul exprimée en Gal 5.17, quand il affirme : la chair convoite contre l’esprit et l’esprit contre la chair . Paul recommande alors de se laisser conduire par l’Esprit Saint pour ne pas risquer de satisfaire la convoitise charnelle. A convoitise charnelle s’oppose donc une convoitise spirituelle reçue de L’Esprit Saint. Et Paul détaille ensuite les fruits de l’une et de l’autre convoitise ; d’un côté les péchés de dérèglement, de violence et d’égoïsme, de l’autre la charité, la paix, la joie, la modestie, la chasteté etc…

La question concrète pourrait être pour nous, comment laisser grandir cette convoitise spirituelle, comment mieux nous mettre à l’écoute de l’Esprit Saint et nous rendre disponible à son action ? Comment le laisser vivifier cette bonne convoitise ? En effet l’expérience nous montre qu’il est plus facile de vivre selon la convoitise charnelle que selon la convoitise spirituelle. La première s’impose souvent à nous sous les apparences de la nécessité, du besoin ou de l’urgence ou encore de la survie. Apparences qui se révèlent souvent ensuite être de belles illusions trompeuses. Et on tombe dans le panneau !! La convoitise spirituelle se manifeste toute en délicatesse, en respect ; l’Esprit Saint nous aime et nous respecte trop pour nous brusquer. Aussi fait-il tendre l’oreille du cœur et cherche à vraiment vouloir lui plaire pour le reconnaitre dans nos choix de la vie quotidienne. En effet pour permettre à l’Esprit Saint de nous conduire, nous faut-il toujours un peu plus orienter notre désir et notre cœur vers Dieu et vers la recherche de sa volonté. C’est ce lent compagnonnage fait d’attention et de disponibilité qui va faire grandir en nous la convoitise spirituelle et avec elle le goût de la vie éternelle. (2012-05-11)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 44-45 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 09 mai 2012
Verset(s) :

44. Craindre le jour du jugement,

45. redouter la géhenne,

Commentaire :

Craindre ou aimer. Craindre le jugement, redouter la géhenne

« L’amour chasse la crainte » dit Jean. Et Benoit de renchérir à propos de l’humilité : « Le moine (humble) arrivera à cet amour de Dieu qui est parfait et qui met dehors la crainte. Grâce à lui tout ce qu’il observait auparavant, non sans frayeur, il commencera à le garder sans aucun effort, comme naturellement, par habitude, non plus par crainte de la géhenne, mais par amour du Christ » (RB 7.68-69) Ces lignes merveilleuses de Benoit nous montre le sommet vers lequel nous marchons. Sommet de l’Amour libéré de la crainte, de toutes ces entraves qui paralysent l’élan. En ce chapitre 4, Benoit n’hésite pas à recommander de craindre le jugement et de redouter la géhenne, même si quelques pages plus loin, il montre un dépassement possible lorsque, par le travail de l’humilité, l’amour chasse la crainte de la géhenne. Cette graduation vers la liberté nous laisse entrevoir qu’il s’agit là d’un profond travail spirituel. C'est-à-dire d’un travail de l’Esprit Saint agissant en nous et avec nous. Car il ne suffit pas de dire : «Je ne crains pas » ou « je suis libre pour aimer » pour effectivement ne pas craindre et aimer. La crainte et la peur sont un phénomène si profond que nous ne le maitrisons pas comme nous le voulons. Nous sommes habités par nos peurs souvent à notre insu. Est-ce par un souci pédagogique que des anciens encouragent à orienter ce sentiment de crainte vers la crainte du jugement ou de la géhenne ? Peut-être. Cela inviterait à transformer ou à déplacer sur le champ spirituel toutes nos peurs. Il s’agirait de craindre ce qui peut nous perdre et nous séparer de Dieu (le jugement ou la géhenne). Cette importance donnée à la crainte de tout ce qui peut nous éloigner de Dieu est certainement le fruit d’une prise au sérieux de la complexité humaine affrontés à des sentiments très contrastés. L’homme réel habité par des craintes diverses ne grandit dans l’amour réel de Dieu et des autres qu’au prix d’un long travail de la grâce et de sa liberté, comme s’en fera l’écho le chapitre 7 sur l’humilité. Ces instruments peuvent nous inviter à regarder cela en face pour ne pas nous faire illusion sur nous-mêmes et pour mieux confier notre espoir à Dieu. (2012-05-09)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 42-43 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 05 mai 2012
Verset(s) :

42. Quand on voit quelque bien en soi, l'attribuer à Dieu, non à soi-même ;

43. quant au mal, savoir qu'on en est toujours l'auteur et se l'imputer.

Commentaire :

Benoit réécrit ces deux instruments qu’il emprunte au Maitre en accentuant leur note augustinienne. Ainsi met-il davantage en lumière que Dieu est l’auteur unique du bien en nous et pour le mal que nous en sommes responsables. Dans le contexte de la querelle sur la relation entre la grâce et la nature, ces paroles se comprennent. Elles sont plus difficiles d’accès pour nous aujourd’hui. Elles ont cependant ce mérite de nous poser la question : quelle compréhension ai-je du rôle de la grâce dans ma vie ? Comment je pense on considère ce que je fais ? Comment j’en parle à Dieu ? Quand je repère quelques biens en moi, comment je le regarde devant Dieu ? Comment je le considère à mes propres yeux ?

La question vaut la peine d’être posée, car je crois qu’aucun de nous n’échappe à ce regard sur ce qu’on a vécu ou sur ce que l’on fait. Est-ce que cela va être un retour satisfait sur soi, plein de soi, ou au contraire un repli honteux, dépité pour s’enfermer dans une image négative sur soi-même ? Ou bien est-ce que cela va être une occasion de se tourner vers Dieu pour lui rendre grâce, le remercier pour ce qu’il nous donne de vivre et de faire, ou encore si nous avons vécu des choses difficiles, lourdes, voir peccamineuses, est-ce qu’on est aussi capables de les présenter à Dieu ? De les mettre sous son regard pour recevoir s lumière, peut-être son pardon ? Nous touchons là un lien important de notre vie spirituelle : la manière avec laquelle nous relisons ce que nous vivons, les pièges ne manquent pas qui enferment sur soi-même, dans la vaine gloire toujours illusoire ou au contraire dans la culpabilité ou la déprime non moins illusoire. Apprendre à tout remettre sous le regard de Dieu est une manière sûre pour prendre de la distance et ne pas s’attarder aux illusions. Une manière de dire merci quand tout va bien ou de demander la lumière, la miséricorde quand rien ne va plus. Mais dans chaque cas avec cette confiance filiale que le Seigneur nous connait et nous aime …

(2012-05-05)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 41 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 28 avril 2012
Verset(s) :

41. Confier son espoir à Dieu.

Commentaire :

« Confier son espoir à Dieu ». Magnifique petit instrument qui porte en lui la force de l’Espérance chrétienne. Après tous les instruments qui engageaient dans la pratique et lutte spirituelles contre nos tendances sombres (orgueil, désir de vengeance, murmure) ce petit instrument vient à la manière d’un poteau indicateur nous redonner la direction. Il nous dit en substance : « dans la lutte contre nos tendances sombres, surtout n’oubliez pas de confier votre espoir à Dieu, de mettre en lui votre espérance ». Et en ce temps pascal, cette espérance brille encore plus nettement. Depuis que Jésus est ressuscité, nous participons à sa vie et à la puissance de sa Résurrection. Puissance discrète mais puissance réellement transformante si nous nous confions à elle . Dans l’hymne « Pâques de Jésus Christ » nous le confessons quand nous chantons : « Vivre ressuscités pour Dieu dans la lumière neuve, aurore de la joie ; les hommes surgiront au grand espoir qui pointe dans leur corps à l’aube de ce matin ». Comme baptisés, nous vivons déjà comme des ressuscités, en nos corps monte comme une sève le grand espoir d’être un jour transformés et transfigurés dans le Christ. Le grand espoir de la Résurrection, comme une sève, comme un ferment nous porte à avancer avec confiance au milieu de toutes les embûches. Dans le Christ, nous avons la certitude que Dieu est avec nous dans nos luttes. Et nous vivons de cette grâce qui déjà nous transforme en des hommes plus vivants. Comme Paul, nous pouvons dire : « Nous qui rendons notre culte par l’Esprit de Dieu, nous qui plaçons notre gloire en Jésus Christ, nous ne nous confions pas en nous-mêmes » (Ph 3.3). C’est la grâce de ce temps pascal de nous conforter, non dans la confiance en nous-mêmes, mais dan la confiance en Jésus Christ. En lui est toutes notre espérance. (2012-04-28)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 39-40 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 27 avril 2012
Verset(s) :

39. ni murmurateur,

40. ni médisant.

Commentaire :

« Ni murmurateur, ni médisant ». Étonnant petit organe que notre langue !! St Jacques la compare à un gouvernail qui, bien que petit, dirige et oriente un grand navire. La langue qui murmure ressemble à ce gouvernail qui conduirait le bateau à tourner en rond, replié sur lui-même, en faisant des vagues tout autour de lui. La langue qui médit serait plutôt comme un gouvernail instable qui entraine le bateau de-ci delà, qui pointe dans une direction puis dans une autre, sans constance. Dans les deux cas, le navire est malmené et il est condamné à voguer seul, très seul incapable de faire route avec d’autres. Murmure et médisance font le lit de l’isolement et de l’enfermement sur ses illusions.

Comment éviter de tomber dans ce piège où il est si facile de tomber ? Il faut tout d’abord avoir le courage de se regarder soi-même en train d’errer. Errer dans les pensées de récriminations ou de jugements. Oser reconnaître le bruit de fond qui s’installe parfois sournoisement et qui devient un discours avec soi-même. Si le murmure intérieur devient trop assourdissant va-t-il franchir le seuil des lèvres pour se répandre à toutes oreilles confondues en critiques et médisances ? Ici notre responsabilité est engagée. Allons nous être capable de contenir notre langue ? Si ce n’est pas possible, allons-nous être assez humble pour parler à des oreilles qui ne seront pas complaisantes, celle d’un père spirituel, d’un ancien ou du Père Abbé ? Apprendre à repérer la mécanique du murmure et de la médisance pour ne pas se laisser entrainer est un vrai exercice spirituel. Savoir lutter et prendre les moyens à notre disposition pour parler en vérité n’est pas un des moindres combats que nous avons à mener. C’est aussi notre honneur de mener ce bon combat, et notre joie de, peu à peu, mieux comprendre pourquoi nous sommes si facilement sujets à certaines pensées de murmure et de critique.

Demandons humblement à Dieu de nous éclairer et de nous libérer de ces pensées obscures.

(2012-04-27)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 37-38 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 26 avril 2012
Verset(s) :

37. ni ami du sommeil,

38. ni paresseux,

Commentaire :

« Ne pas être ami du sommeil, ni paresseux ».

Sommeil excessif et paresse. Est-il juste de les associer ainsi ? Dans le dictionnaire, le mot « sommes », traduit par sommeil, peut avoir aussi un sens figuré traduit par « inaction, inactivité, paresse ». Le rapprochement n’est donc pas illégitime. Plus profondément, le sommeil excessif et la paresse ont en commun une même difficulté d’affronter la vie dans toute sa réalité. Celui-là peine à se lever le matin qui a du mal à prendre en main la journée nouvelle qui commence. Quelque chose de pesant ou de triste le retient au lit, à l’idée de ce qu’il doit faire. La paresse est ce mouvement qui nous engage à en faire le moins possible et à trouver une satisfaction dans ce repli sur soi. Mais au fond, c’est une peur de vivre vraiment, en prenant des risques qui nous paralyse.

« Serviteur paresseux » dit à celui qui a enterré son talent, le maitre de la parabole (Mt 25.26). Ce serviteur s’est trompé sur la véritable identité de son maitre. Parce qu’il a pensé que celui-ci était un maitre très exigeant, et pour être sûr de lui remettre son bien, il enterre son talent. Il enterre le don de la vie en se contentant d’une vie à demi-mesure. Sa paresse est d’abord un refus du risque de la vie. Sommeil, paresse, peur de vivre, cette parabole des talents peut nous offrir une lumière pour nous en sortir. Si nous ressentons parfois l’abattement ou si nous nous découvrons des pieds de plomb, c’est vers le maitre de la vie qu’il nous faut regarder. Nous devons vérifier si vraiment nous avons cette confiance vive qu’il veut notre bien et que tout ce qu’il nous demande, c’est pour notre profond bonheur. La somnolence et la paresse peuvent être une sorte de « à quoi bon », qui se nourrit d’une sorte de défiance à l’égard de Dieu. Celui-ci n’est plus en fait « un bon maitre ». On subit tout, même la vie pour l’Évangile est un fardeau, car au fond nous pensons que Dieu ne veut pas vraiment notre bien. Soyons attentifs à ces mouvements intérieurs qui peuvent parfois sournoisement nous mettre à terre, ou nous enfermer dans une somnolence paresseuse. Ils pourraient bien être le fuit d‘une confiance en Dieu qui s’est attiédie, affadie.

« Décharge ton fardeau sur le Seigneur, il prendra soin de toi » nous assure le psalmiste (Ps 54.23) (2012-04-26)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 35-36 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 25 avril 2012
Verset(s) :

35. ni adonné au vin,

36. ni grand mangeur,

Commentaire :

« Ne pas être adonné au vin, ni grand mangeur ». Ces recommandations de la RB pourraient se rencontrer aujourd’hui dans de nombreux écrits de diététique ou de santé. Les connaissances acquises en médecine peuvent même nous préciser les fonctions ou les organes de notre corps qui risquent de pâtir d’excès en matière de nourriture et de boisson.

Bref nous sommes armés pour savoir ce que nous faisons et les implications de nos choix. Mais cela suffit-il pour être raisonnable ?

Benoit met en garde contre l’ivresse et le risque de l’indigestion. L’une et l’autre qu’il juge indigne d’un moine. Et pourtant nous savons que cela peut arriver, par expérience personnelle ou à travers celle des autres. Nous mesurons alors le poids de cette part humaine en nous qui ne parvient pas à se contrôler. On le voudrait et on ne le peut pas. Humiliante impuissance pour celui qui doit l’affronter, qui appelle l’humilité du regard de celui qui est plus libre. Car nous sommes de la même pâte humaine. La faiblesse de l’un peut devenir un jour la faiblesse de l’autre. Et la charité du 2d peut porter la victoire du 1er contre ce qui l’enchaine. C’est la grâce de notre vie communautaire de nous entrainer à vivre la solidarité dans la faiblesse jusqu’à la charité qui reconstruit. L’heure n’est donc jamais au jugement, mais à la présence fraternelle qui voit autrement par ce qu’elle aime. Heureuse communauté formons-nous si nous nous entrainons dans cette attention fraternelle et dans ce regard qui ne juge pas. Chacun demeurant vigilant quant à son propre équilibre et à son combat personnel. Equilibre et combat dont nous savons bien que le fruit est toujours reçu. Fruit de notre histoire et fruit de la grâce du Christ. (2012-04-25)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 34 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 24 avril 2012
Verset(s) :

34. Ne pas être orgueilleux,

Commentaire :

« Ne pas être orgueilleux ». Cet instrument peut être surprenant au premier abord. Car l’orgueil n’est –il pas à la racine de notre péché ? Est-il possible de ne pas être orgueilleux ? C’est ainsi que les Pères considèrent assez souvent l’orgueil comme le 1° péché duquel tous les autres découlent. L’orgueil est cette suffisance foncière qui nous pousse à ne pas vouloir vivre en relation avec Dieu et avec les autres. L’orgueil nous enferme dans l’illusion tenace que nous nous suffisons et que nous ne devons rien à personne.

Ne pas être orgueilleux : comment comprendre cet instrument ? Si cela renvoie à ce péché premier qui marque notre être pécheur, nous pouvons l’entendre comme une invitation à demander la grâce, qui, seule, peut nous guérir et nous changer le cœur.

Mais dans la RB, cela peut renvoyer aussi à ces mouvements qui sont plusieurs fois associés à la désobéissance et à la dureté (2.28) ou encore au murmure (23.1). Etre orgueilleux peut s’entendre de s’entêter ou de s’enfermer dans une position où l’on se durcit. Le frère orgueilleux se couvre du manteau de son bon droit et s’isole de la communauté dans sa superbe. Cet orgueil, ainsi vécu et exprimé, est fortement redouté par Benoit car il est facteur de division. Il affaiblit la communion et risque de stériliser la charité. Ce péril spirituel entrevu nous engage à la vigilance dans la vie la plus quotidienne. Car la tentation est grande, face à une contrariété ou une incompréhension, face à des divergences de points de vue, d’estimer que les autres sont tous des nuls ou des incapables, et de se réjouir sur son bon droit illusoire. Notre vie commune est en elle-même une école d’humilité. Le plus important n’est pas de chercher à avoir raison ou de vouloir faire de grande choses, mais avec des frères d’apprendre à marcher ensemble et à aimer. Que le Christ nous garde de l’orgueil et nous apprenne ce chemin là de la vie commune. (2012-04-24)