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1. De la sainte Pâque jusqu'à la Pentecôte, on dira alleluia sans interruption, aussi bien dans les psaumes que dans les répons ;
2. de la Pentecôte au début du carême, toutes les nuits, on le dira seulement aux nocturnes avec les six derniers psaumes.
3. Mais tous les dimanches, sauf en carême, les cantiques, les matines, prime, tierce, sexte et none seront dits avec alleluia, mais vêpres avec antienne.
4. Mais les répons ne seront jamais dits avec alleluia, si ce n'est de Pâques à la Pentecôte.
Benoit nous le rappelle à nouveau : notre vie monastique se déroule sous le signe de la Pâque. La mémoire de la Mort et de la Résurrection du Christ. Il y a le temps où nous ne disons pas l’Alleluia, temps de conversion, dans la joie du désir spirituel, de l’attente. Et le temps de la joie du triomphe du Christ : sur le mal et sur la mort. Le temps de sa Glorification. Le Christ est le centre de nos vies de chrétiens et de moines. Croyons à sa victoire. Il est le Vivant. Chanter l’Alleluia, c’est renouveler notre insertion dans la Pâque du Christ.
La joie doit être l’une de notes caractéristiques de notre prière de moines célébrée en commun. Joie spirituelle, qui est la joie de Dieu lui-même. Dieu nous écoute. Il est attentif à notre prière. Il a besoin de cœurs attentifs, conscients du don qu’Il leur fait, joyeux de la joie même de Dieu. Sa joie est de se donner. Notre rôle dans l’Eglise est de célébrer jour et nuit ce Dieu qui se donne. Et de communier ainsi à la joie parfaite de Dieu.
Ce caractère d’allégresse que doit avoir notre prière : ce n’est pas la joie de vivre d’un corps en bonne santé. Ni l’euphorie passagère. Mais l’allégresse profonde qui nait de la certitude de la présence de Dieu. Cette joie peut accompagner toute notre vie. La seule tristesse c’est le péché qui nous sépare de Dieu. En nous efforçant de vivre en présence de Dieu, nous sommes à la source de la joie. Sans efforts contre le péché, pas de joie ni de louange possible. La joie est en Dieu, et dans la lutte contre l’égoïsme. Si chacun de nous combat son égoïsme, et se tourne vers Dieu, il y aura plus de joie au monastère. « Dieu aime celui qui donne avec joie. » (2012-09-21)
1. Comme dit le prophète : « Sept fois le jour, j'ai dit ta louange. »
2. Ce nombre sacré de sept, nous le réaliserons en nous acquittant des devoirs de notre service au moment du matin, de prime, de tierce, de sexte, de none, de vêpres et de complies,
3. car c'est de ces heures du jour qu'il a dit : « Sept fois le jour, j'ai dit ta louange. »
4. Quant aux vigiles nocturnes, le même prophète dit à leur sujet : « ;Au milieu de la nuit, je me levais pour te rendre grâce. »
5. C'est donc à ces moments que nous ferons monter nos louanges vers notre créateur « pour les jugements de sa justice » : à matines, prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies ; et la nuit, « nous nous lèverons pour lui rendre grâce ».
« Nous acquitter des devoirs de notre service ». Nous pouvons retenir déjà ce mot : « service ». Nous sommes des serviteurs de Dieu. Serviteurs de nos frères. Ce mot doit être notre nom propre. Spécialement à l’Office. Nous sommes là pour servir le Seigneur, et servir tous les hommes. C’est pourquoi nous devons retrancher avec soin tout ce qui n’y est pas service de Dieu.
Méfions de nos réactions d’agacement : nous ne sommes pas au chœur pour juger la façon de faire de nos frères, ni pour réformer la liturgie, mais pour servir Dieu, pour être aux aguets de son bon plaisir. Il y a tant d’occasions, au cours de nos offices, de nous oublier, de montrer à Dieu que c’est Lui que nous cherchons.
Un autre danger, c’est de tomber dans la routine. Nous devons garder une jeunesse et une fraîcheur de cœur dans la prière liturgique.
« Sept fois le jour » Le chiffre sept, cité ici par Benoit, signifie la plénitude. Cela veut dire que nous ne cessons pas de louer Dieu quand nous quittons le chœur. C’est à tout instant, dans toutes nos occupations que nous devrions confesser notre Dieu.
« Sept fois le jour ». On pourrait commenter ce verset du Psaume 118/164 par la parole de l’Evangile, lorsque des grecs s’adressent à Philippe : « Nous voudrions voir Jésus » Jn 12/21. En effet, si nous nous réunissons si souvent pour prier, c’est pace que nous désirons le connaître, vivre en sa Présence. Et c’est vrai, à travers ces longs moments passés au chœur, une expérience spirituelle du Christ se fait peu à peu en nous. Nous devons garder ce désir, entrer davantage dans la connaissance du Christ : Il nous révèle le Mystère de Dieu. (2012-09-21)
1. Cependant aux fêtes des saints et à toutes les solennités, on célébrera comme nous avons dit de célébrer le dimanche,
2. excepté qu'on dira les psaumes ou antiennes et leçons qui se rapportent à ce jour. Mais on gardera la mesure indiquée plus haut.
La liturgie nous dit la place des saints dans la vie de l’Eglise. Les saints nous aident à mieux connaitre le Christ : sous leurs traits nous découvrons un aspect du visage du Christ. Et ils nous rappellent que c’est nous, personnellement, qui devons devenir des saints.
Nous ne pouvons pas avoir de la dévotion pour tous les saints ! Leur nombre a beaucoup augmenté. Mais c’est bon d’avoir pour amis et pour modèles quelques saints et quelques saintes. La dévotion aux saints demande un peu d’humilité : accepter d’avoir à recevoir de leur exemple, de leur intercession. Remercier Dieu pour les grâces qui leur ont été données. Leur vie nous enseigne l’Evangile.
Ils ont été les témoins du Christ. Ils nous révèlent un aspect de son visage. Ils nous indiquent une voie pour aller à Dieu. Tous les saints du ciel sont comme un immense prisme, à facettes innombrables, qui nous renvoie la Lumière de Dieu. C’est la joie de cette lumière qui passe dans les fêtes des saints. Un saint, c’est d’abord un homme de prière. C’est dans la prière que tous ont trouvé la force de lutter contre le mal. C’est aussi le fond de notre existence : ce combat contre le mal, et la victoire espérée. La Rédemption est un grand drame cosmique, auquel chaque homme participe. Si nous laissons vivre en nous le Christ, nous serons victorieux des puissances de la mort et du Mauvais. Les saints nous rappellent que cette victoire, Dieu la donne. Ils sont des exemples pour nous. Nous pouvons les aimer.
Chacun de nous a besoin de frères ainés pour l’entrainer dans le sillage du Christ. Qu’il les cherche, et ils lui seront donnés. (2012-09-20)
1. Les jours ordinaires, d'autre part, on célébrera la solennité des matines de cette façon,
2. c'est-à-dire qu'on dira le psaume soixante-sixième sans antienne, en traînant un peu, comme le dimanche, en sorte que tous soient présents pour le cinquantième qu'on dira avec antienne.
3. Après quoi on dira deux autres psaumes selon l'usage, c'est-à-dire
4. la deuxième férie, le cinquième et le trente-cinquième,
5. la troisième férie, le quarante-deuxième et le cinquante-sixième,
6. la quatrième férie, le soixante-troisième et le soixante-quatrième,
7. la cinquième férie, le quatre-vingt-septième et le quatre-vingt-neuvième,
8. la sixième férie, le soixante-quinzième et le quatre-vingt-onzième ;;
9. quant au samedi, le cent-quarante-deuxième et le cantique du Deutéronome, qu'on divisera en deux gloria.
10. Mais les autres jours, on lira un cantique des prophètes, chacun à son jour, comme les psalmodie l'Église romaine.
11. Après cela suivront les Laudes ; puis une leçon de l'Apôtre récitée de mémoire, le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie et c'est tout.
12. Assurément, la célébration matinale et vespérale ne s'achèvera jamais sans que, en dernier lieu dans l'ordonnance de l'office, l'oraison dominicale soit dite d’un bout à l’autre par le supérieur, de façon à être entendue par tous, à cause des épines de disputes qui ont accoutumé de se produire.
13. Ainsi l'engagement pris par cette oraison qui leur fait dire : « ;Pardonne-nous comme nous pardonnons nous-mêmes », les mettra en demeure de se purifier de cette sorte de vice.
14. Quant aux autres célébrations, on y dira la dernière partie de cette oraison, en sorte que tous répondent : « Mais délivre-nous du mal. ;»
Notre vie de prière a besoin de cette alternance des jours ordinaires et des jours de fête. Ce sont des jalons pour raviver notre attention au mystère de Dieu. Dans notre vie personnelle aussi, nous devons trouver des moyens pour rompre la monotonie, pour renouveler notre ferveur. Là encore notre corps peut nous aider : l’attention à tel geste, le signe de Croix, l’inclination profonde, les bras levés pour le Notre Père… Ou une intention de prière : l’Eglise, le synode pour la Nouvelle Evangélisation, ces chrétiens éprouvés au Moyen Orient, les personnes que nous connaissons… Le but est de demeurer éveillés, attentifs dans la tâche de notre service.
Simplicité et liberté de la prière. En elle-même, la vie de prière est simple, sinon ce n ‘est pas la prière. Son mouvement est abandonné, filial, intime. Mais comment y parvenir ? Comment se dégager des complications, des obstacles ? Surtout de ceux qui viennent de l’ambiance concrète : les lieux, le bruit, le voisinage parfois éprouvant, les détails liturgiques qui agacent. Faisons retentir en nous la Parole du Christ que nous avons entendue, et qui nous a engagés dans cette vie de moine : « Viens, suis-moi ! ». Cela nous donnera plus d’aisance intérieure. En nous fixant sur le Seigneur, nous aurons plus de liberté et de charité dans la prière commune.
« Afin que tous aient le temps d’arriver ». A lire ce chapitre et le précédant, on a l’impression que Benoit a prévu qu’il y a des frères qui seront toujours en retard. Cela doit nous remplir de confusion d’être si lents et si endormis. Si peu empressés d’aller répondre à l’appel de Dieu. Prenons à cœur d’être plus ponctuels, plus rapides, plus soucieux de venir servir Dieu à l’Office. (2012-09-19)
1. Aux matines du dimanche, on dira d'abord le psaume soixante-sixième sans antienne sur le mode direct.
2. Après quoi on dira le cinquantième avec alleluia.
3. Après quoi on dira le cent dix-septième et le soixante-deuxième,
4. puis les Bénédictions et les Laudes, une leçon de l'Apocalypse par cœur et le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie, et c'est tout.
Après l’attente nocturne des Vigiles, les Laudes célèbrent l’aube de la Résurrection. L’aurore en est le symbole. Tous les matins nous proclamons « les louanges de Celui qui nous appelés des ténèbres à son admirable lumière », comme le dit la 1ère Lettre de Pierre. (2/9)
Notre vie de prière doit être soulevée par un grand désir. Elle doit être un chant à Dieu. Sommes-nous heureux d’être en la présence de Dieu ? Sommes-nous reconnaissants pour cet honneur qui nous est fait ? Nous le savons bien, chanter est aussi un travail, qui demande notre attention, notre soin, notre écoute des frères. Mais c’est d’abord une question de Foi : Si nous pensions vraiment à qui nous parlons, et au Nom de qui. Nous le réalisons mieux certains jours de Fête. Mais c’est tous les jours que nous devrions tressaillir de joie, à la pensée que nous chantons en présence de Dieu.
C’est, en même temps, inséparablement, une question de don de soi. La louange est l’expression d’une vie donnée. Elle suppose que l’âme soit vivante. Qu’elle soit libre, souple. C’est l’œuvre de toute notre vie monastique. Elle doit nous simplifier afin de mieux chanter Dieu. Celui qui est replié sur lui-même ne peut pas chanter. Ni celui qui met des parenthèses dans sa vie, des compartiments réservés.
Demandons à Dieu une plus grande Foi, un amour plus généreux : nous serons plus joyeux dans la célébration de notre Office. Mettons dans notre psalmodie, à Laudes, l’allégresse de la vie qui reprend. L’adoration s’apprend par toute la vie. C’est ce qu’il y a de plus grand pour un homme. Ce à quoi doivent tendre tous nos efforts. Surtout, c’est ce qu’il faut sans cesse demander à Dieu.
Il est bon de projeter sur la journée nouvelle qui commence la lumière éblouissante du Christ qui parait. (2012-09-18)
1. Le dimanche, on se lèvera plus tôt pour les vigiles.
2. A ces vigiles, on gardera la mesure, c'est-à-dire qu'après avoir modulé, comme nous l'avons réglé plus haut, six psaumes et le verset, tous s'assiéront, en bon ordre et selon leur rang, sur les banquettes, et on lira dans un livre, comme nous l'avons dit plus haut, quatre leçons avec leurs répons.
3. C'est seulement au quatrième répons que celui qui chante dira le gloria. Quand il l'entonnera, aussitôt tous se lèveront avec révérence.
4. Après ces leçons suivront six autres psaumes pris dans l'ordre, avec antiennes comme les précédents, et le verset.
5. Après quoi on lira de nouveau quatre autres leçons avec leur répons, selon l'ordonnance indiquée plus haut.
6. Après quoi on dira trois cantiques des prophètes, déterminés par l'abbé ; ces cantiques seront psalmodiés avec alleluia.
7. On dira aussi un verset, l'abbé bénira, et on lira quatre autres leçons du Nouveau Testament, selon l'ordonnance indiquée plus haut,
8. mais après le quatrième répons, l'abbé entonnera l'hymne Te Deum laudamus .
9. Celle-ci achevée, l'abbé lira la leçon de l'Évangile, tous se tenant debout avec honneur et crainte.
10. La lecture de celle-ci achevée, tous répondront Amen , et l'abbé enchaînera aussitôt l'hymne Te decet laus , et la bénédiction donnée, on entonnera les matines.
11. Cette ordonnance des vigiles sera gardée le dimanche également en toute saison, que ce soit en été ou en hiver,
12. sauf si – à Dieu ne plaise – on se lève en retard : on abrégera un peu les leçons ou les répons.
13. Mais qu'on mette tous ses soins à éviter que cela n'arrive. Si cela se produisait, que celui qui est responsable de l'accident par sa négligence en fasse une digne satisfaction à Dieu dans l'oratoire.
P. Adalbert nous aide à comprendre l’origine de la composition de cet Office des Vigiles du dimanche, chez St Benoit. Le Maître avait adopté l’usage antique des Vigiles commençant le soir, et durant toute la nuit, jusqu’au deuxième chant du coq.
Benoit prend la façon de faire de l’Eglise de Rome : des Vigiles célébrées à la même heure que les autres jours, mais plus développées.
Par contre, à la fin de cet Office, la lecture de l’Evangile par l’Abbé, est inspirée de la liturgie de Jérusalem. Un siècle et demi avant Benoit, la voyageuse espagnole Egérie décrit cette fin des Vigiles dominicales : dans l’église de l’Anastasis qui s’élève sur le Sépulcre du Christ, l’évêque lit l’Evangile de la Résurrection. Il est probable que, pour Benoit, l’Evangile lu était lui aussi un récit de la Résurrection, comme le précise Césaire d’Arles, à la même époque que Benoit.
Notre Règle ne se contente pas de ces emprunts à diverses traditions. Benoit introduit deux éléments nouveaux : les deux hymnes « Te Deum » et « Te decet laus ». Ces deux louanges à la Sainte Trinité diffèrent par leur origine. Le Te Deum est occidental, contemporain de Benoit. Le Te decet laus, beaucoup plus bref, est oriental et plus ancien.
Benoit réunit ainsi, autour de la Parole du Christ Ressuscité, les voix de l’Orient et de l’Occident acclamant la Trinité Sainte.
En ce sommet de la semaine, la liturgie des Vigiles du dimanche nous donne de célébrer le Mystère central de notre Foi : la Mort et la Résurrection du Christ, et la louange des Trois Personnes Divines. Notre pratique nouvelle permet à presque toute la communauté d’être réunie pour cette célébration si importante. (2012-09-15)
1. De Pâques aux Calendes de novembre, d'autre part, on maintiendra intégralement toute la quantité de psalmodie indiquée plus haut,
2. excepté qu'on ne lira pas de leçons dans un livre en raison de la brièveté des nuits, mais à la place de ces trois leçons, on en dira de mémoire une de l'Ancien Testament, suivie d'un répons bref.
3. Tout le reste, on l'accomplira comme il a été dit, c'est-à-dire qu'on ne dira jamais aux vigiles nocturnes une quantité moindre que douze psaumes, non compris les psaumes trois et quatre-vingt-quatorze.
Lorsque Benoit parle de la prière, nous pouvons être choqués par son insistance sur la quantité. Ici la quantité de Psaumes durant l’Office de nuit. Nous serions tentés d’insister plutôt sur la qualité de la prière. Mais comment déterminer cette qualité ? En faisant le choix du critère quantitatif, Benoit ne cède pas à la facilité. Il veut nous rendre attentifs à des aspects essentiels de la prière.
D’abord, la qualité de notre prière ne répond pas au sentiment subjectif que nous en avons. Le véritable travail de la prière se fait dans la profondeur de notre être, en un point qui n’affleure que très rarement à notre conscience. Le travail de l’Esprit Saint en nous, nous ne le percevons qu’à de rares moments. Mais cela n’empêche pas qu’il existe, et qu’il nous transforme en profondeur. La prière est à l’œuvre en nous.
Nous n’avons donc pas prise sur la qualité de notre prière. Seulement sur notre disponibilité, notre persévérance, et notre dépouillement intérieur. Ce qui dépend de nous, c’est le désencombrement de notre esprit, de notre cœur, et de notre vie, pour que la prière fasse son œuvre en nous. Qu’elle creuse son chemin dans notre existence. Et si nous nous laissons transformer, c’est le corps entier, la communauté, l’Eglise, qui sont entrainés. Pour Benoit, ce long travail suppose du temps.
« De Pâques aux calendes de novembre… » Ce chapitre a une saveur de Pâques. Il est bon pour nous de l’entendre, ce jour où nous célébrons la Croix Glorieuse du Christ. Notre vie monastique, qu’il s’agisse de l’Office Divin ou de toute notre observance, est tout organisée autour de la Résurrection, en fonction de Pâques. Ce doit être notre référence, en toutes circonstances : Le Christ est Ressuscité ! Cela peut tout transformer. Surtout à ces étapes de nos vies qui, par la voie de la Croix, nous conduisent vers la manifestation de la Gloire du Christ. (2012-09-14)
1. En la saison d'hiver définie ci-dessus, on dira d'abord trois fois le verset : « Seigneur, tu ouvriras mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange. »
2. On y joindra le psaume trois et le gloria.
3. Après cela, le psaume quatre-vingt-quatorze avec antienne, ou du moins chanté d'un trait.
4. Alors suivra l'ambrosien ; ensuite six psaumes avec antiennes.
5. Quand on les aura dits, et qu’on aura dit le verset, l'abbé bénira, tous s'assiéront sur les bancs et des frères liront tour à tour dans un livre posé sur le pupitre trois leçons, entre lesquelles on chantera trois répons.
6. Deux répons seront dits sans gloria, mais après la troisième leçon, celui qui chante dira le gloria.
7. Quand le chantre commencera de le dire, aussitôt tous se lèveront de leurs sièges en signe d'honneur et de révérence pour la Sainte Trinité.
8. On lira aux vigiles les livres d'autorité divine de l'Ancien Testament aussi bien que du Nouveau, ainsi que les commentaires qu'en ont faits les Pères catholiques réputés et orthodoxes.
9. Après ces trois leçons avec leurs répons, suivront les six psaumes restants, qu'on chantera avec alleluia.
10. Après ceux-ci suivra la leçon de l'Apôtre, qu'on récitera par cœur, le verset et la supplication de la litanie, c'est-à-dire Kyrie eleison ,
11. et ainsi s'achèveront les vigiles nocturnes.
« En signe d’honneur et de révérence pour la Sainte Trinité ». L’œuvre de l’Esprit, c’est de créer en tous lieux des adorateurs du Père, en esprit et vérité. Devenir des hommes de prière. C’est le but de notre vie, de nos observances, de nos gestes liturgiques. L’office Divin modèle notre prière sur celle du Christ. Il nous met en harmonie avec toute l’Eglise.
« Par honneur et révérence envers la Sainte Trinité ». C’est le sens de notre Office des Vigiles. Ce temps pris sur notre nuit. C’est aussi la raison pour laquelle nous nous levons et nous prosternons à chaque doxologie. Adorer Dieu. Habiter nos gestes liturgiques. Nous y engager. Notre corps peut nous aider à prier. Le danger est l’automatisme, l’oubli du respect dû à Dieu. Avec le risque d’être complètement ailleurs.
. Habiter notre corps peut nous aider à être là, présent. A trouver le silence du cœur. Nous ne sommes pas bouddhistes. Nous ne cherchons pas le vide intérieur. Nous cherchons à être en relation avec Dieu notre Père. Cette relation est d’abord écoute, attention. Pour écouter, il faut se taire, faire silence. Quand un frère me parle, si je continue d’être dans mes pensées, j’ai l’air d’être là, mais je suis ailleurs. Cela nous arrive dans la liturgie. Et notre corps peut être un chemin pour être présent. Pour accueillir Dieu qui, Lui, est toujours là, qui nous attend.
Habiter son corps, c’est très simple, mais c’est aussi très difficile. C’est accepter d’aller en profondeur. De ne pas rester à la surface. Prendre ce chemin de la profondeur, de l’intériorité, c’est courir la chance de nous laisser recréer dans ce que nous sommes vraiment. Réconciliation avec moi-même. Me recevoir de Dieu. Il est mon Père. Il me donne la vie. En cet instant.
Notre corps nous est confié par Dieu. Avec notre corps, nous pouvons le glorifier. (2012-09-12)
1. En saison d'hiver, c'est-à-dire depuis les Calendes de novembre jusqu'à Pâques, il faut, suivant la norme raisonnable, se lever à la huitième heure de la nuit,
2. afin de se reposer un peu plus de la moitié de la nuit et d'être dispos au lever.
3. Quant à ce qui reste après les vigiles, les frères qui ont besoin d'apprendre quelque chose du psautier ou des leçons, l'emploieront à cette étude.
4. De Pâques aux susdites Calendes de novembre, on réglera l'heure de telle sorte que l'office des vigiles, après un tout petit intervalle où les frères pourront sortir pour les besoins de la nature, soit immédiatement suivi des matines, qui doivent être dites au point du jour.
Nous commençons une nouvelle section de la Règle. Après avoir décrit les vertus individuelles, Benoit parle des pratiques communautaires. Ce qu’il fera jusqu’à la fin de la Règle. Ces Ch. 8 à 20, consacrés à la prière liturgique, P. Adalbert nous dit que c’est, de toute la Règle, la section où Benoit se montre le plus original par rapport au Maître.
Ces chapitres sur l’Office Divin peuvent sembler décevants, à première lecture. On se serait attendu à des considérations plus élevées. Un enseignement sur la prière. Mais si Benoit parle à peine de l’attitude intérieure pendant l’Office c’est qu’il en a parlé avant. L’obéissance, le silence, l’humilité définissent l’état de grâce monastique. A présent Benoit peut parler de la prière : de l’Adoration de la communauté des frères. Il va régler l’Office Divin, de façon précise et méthodique.
« Ne rien préférer à l’œuvre de Dieu », dira la Règle plus loin, à propos des frères en retard à l’Office. Le but de notre vie de moine, c’est de vivre en relation avec Dieu, par la purification du cœur. Un cœur libre des choses terrestres, et occupé de Dieu. Habité par la louange de Dieu. L’Office Divin est le lieu et le moment où nous nourrissons notre esprit des choses de Dieu. Pour nous aider à parvenir à la prière continuelle. Pour que notre mémoire et notre cœur s’imprègnent de la Parole de Dieu. Pas seulement du Psautier, mais de toute la Bible. Pour faire de l’Office Divin, de la Parole de Dieu, la respiration de notre cœur.
(2012-09-11)
67. Lors donc que le moine aura gravi tous ces degrés d'humilité, il arrivera à cet amour de Dieu qui est parfait et qui met dehors la crainte.
68. Grâce à lui, tout ce qu'il observait auparavant non sans frayeur, il commencera à le garder sans aucun effort, comme naturellement, par habitude,
69. non plus par crainte de la géhenne, mais par amour du Christ et par l'habitude même du bien et pour le plaisir que procurent les vertus.
70. Cet état, daigne le Seigneur le faire apparaître par le Saint-Esprit dans son ouvrier purifié de ses vices et de ses péchés !
« Lorsque le moine aura gravi tous ces degrés… ». On peut reconnaître dans cette expression, l’image d’une lente ascension. Plus qu’une simple échelle, on imagine la lente ascension d’une montagne. Ascension laborieuse, lente et patiente. On ne gravit pas l’échelle de l’humilité par quelques enjambées rapides. Comme pour l’ascension d’une montagne, il arrive que l’on ait soudain une perception nette du sommet, on penserait alors être arrivé. Mais non, il y a encore plusieurs niveaux. Parfois, il faudra redescendre pour remonter encore. Le sommet n’est pas si facile à atteindre car il est élevé et beau. Arriver à cet amour de Dieu qui chasse la crainte, observer les choses par amour du Christ, comme naturellement, par habitude et par plaisir. Il est heureux que Benoit nous donne un aperçu de ce sommet, comme pour réveiller notre désir. Étonnant sommet qui pour être atteint, nous demande de plonger dans les abimes de notre petitesse – se reconnaitre pécheur et indigne. Mais qui, alors, nous révèle que nous sommes tout proche de Dieu et du Christ, lui le très bas. Sommet sublime à la portée de celui qui se sait tout petit. Seule la grâce, le st Esprit peut nous faire comprendre et entrer dans ce dynamisme , se perdre pour gagner, être rien pour être en Dieu.
En ce jour où nous célébrons la nativité de Marie, nous pouvons tourner nos regards vers elle. Sa vie d’humble servante à l’écoute du Seigneur nous donne d’entrevoir la beauté du sommet. Pleine de grâce en qui Dieu a fait des merveilles, elle a fait de grandes choses - être Mère de Dieu – au cœur de la vie la plus ordinaire et cachée qui soit. Sur notre chemin de moine qui peut être obscure et rude à certains jours, regardons Marie, demandons lui d’être comme elle docile à l’œuvre de l’Esprit Saint qui veut nous conduire au sommet, sommet de l’humilité qui est équivalemment sommet de l’amour