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62. Le douzième degré d'humilité est que, non content de l'avoir dans son cœur, le moine manifeste sans cesse son humilité jusque dans son corps à ceux qui le voient,
63. autrement dit, qu'à l'œuvre de Dieu, à l'oratoire, au monastère, au jardin, en voyage, aux champs, partout, qu'il soit assis, en marche ou debout, il ait sans cesse la tête inclinée, le regard fixé au sol,
64. et se croyant à tout instant coupable de ses péchés, il croie déjà comparaître au terrible jugement,
65. en se disant sans cesse dans son cœur ce que le publicain de l'Évangile disait, les yeux fixés au sol : « Seigneur, je ne suis pas digne, pécheur que je suis, de lever les yeux vers le ciel. »
66. Et aussi avec le prophète : « Je suis courbé et humilié au dernier point. »
Au terme de ce long chapitre, au moine en quête de l'humilité, est proposée la figure du publicain priant au temple, avec humilité, et se reconnaissant indigne de lever les yeux au ciel. Figure magnifique qui va inspirer des générations de moines en leur apprenant, avec l'humilité, la prière du cœur, exprimée le plus souvent sous la forme: « Jésus, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur ».
Tout se passe comme si la pédagogie de ce chapitre consistait à entrer dans l'attitude du publicain. En effet la première phrase du chapitre de l'humilité : « quiconque s'élève sera humilié et qui s'humilie sera élevé» est la conclusion de la péricope du pharisien et du publicain (Le 18,14). Ainsi tout le chapitre de l'humilité est pris entre ces deux références à la parabole du pharisien et du publicain. Après en avoir montré la finalité, s'abaisser pour être élevé, Benoit entrai ne le moine de degré en degré, à entrer dans les dispositions de cœur du publicain, pour en épouser jusqu'à l'attitude extérieure.
Il n'est pas rare qu'une des principales tentations du moine soit le pharisaïsme. Tentation de vouloir s'appuyer sur ses bonnes œuvres, celle de la régularité de sa vie et de son observance vertueuse pour se sentir quelqu'un devant Dieu. Tentation aussi de regarder les autres de haut, avec une pointe de mépris. Face à ses tentations possibles, il est encore une autre tentation plus subtile qui est de dévaloriser la discipline monastique, en ne la prenant pas au sérieux, et en s'octroyant des facilités pour ne pas tomber dans le piège du pharisaïsme. Telle n'est pas la voie que St Benoit propose. Loin de dévaloriser l'exigence monastique, il invite à descendre toujours plus profondément en son cœur, en profitant de toutes les difficultés pour apprendre à ne pas prendre appui sur soi-même, mais sur le Christ humble et humilié. De degré en degré, le moine est invité à se détacher du souci de soi, de son image, pour se tourner plus en vérité vers le Christ en son mystère pascal. Lui seul rend libre. Lui seul justifie. De la conscience d'être quelqu'un, à la conscience d'être un pécheur justifié, sauvé et aimé, tel est la voie de bonheur que veut ouvrir la quête "é4'e l'humilité. Car en se reconnaissant pécheur, sans affectation, le moine libère en lui des capacités d'aimer nouvelles, que sa suffisance lui interdisait. (2013-11-16)
60. Le onzième degré d'humilité est que, quand le moine parle, il le fasse doucement et sans rire, humblement, avec sérieux, en ne tenant que des propos brefs et raisonnables, et qu'il se garde de tout éclat de voix,
61. ainsi qu'il est écrit : « Le sage se reconnaît à la brièveté de son langage. »
Au fur et à mesure que sont gravis les degrés de l'humilité, apparait la figure d'un moine dont l'attitude extérieure est empreinte de douceur, de gravité, de sagesse, de pondération dans les propos. Tout se passe comme si la personne prenait du poids, son vrai poids, ainsi que sa juste mesure à l'égard d'elle-même et dans les relations avec les autres. Rien de trop. Rien d'exagéré. Son être extérieur fait pressentir une sorte de profonde adéquation avec l'être intérieur. Rien de superficiel ou de plaqué. L'humilité est une école de vérité et d'authenticité dont le seul Maitre ne peut être que le Christ. L'humilité que je pressens chez un autre frère n'est jamais imitable. Tout l'enjeu est précisément pour chacun de trouver son vrai et profond chemin d'unification de toute sa personne. Chacun est unique aussi, seul le maitre intérieur, le Christ, peut nous conduire là où nous ne nous connaissons pas encore, là d'où nous sommes encore si loin. Le chemin de l'humilité veut permettre à chacun d'atteindre son vrai visage, le visage du fils de Dieu aimé et sauvé du plus profond de son péché. L'expérience de l'humilité nous entraine à laisser les masques, pour permettre à l'œuvre de grâce de toucher le fils perdu en chacun de nous.
Là le Christ est un maitre fiable, parce qu'il n'a pas eu d'autre souci que de réaliser l'œuvre de son Père. Il n'a pas travaillé pour lui, pour se faire un nom ou une image. Il a consacré toute son énergie à être à l'écoute de son Père. Ecoute dans l'enfouissement de la longue expérience cachée à Nazareth, quand il était un parmi d'autres, le fils du charpentier. Et écoute intense, dans le feu de l'action quand il a sillonné les routes de Palestine pour annoncer le Royaume à venir. Homme détourné de lui-même, Fils tourné vers son Père, Jésus est le seul vers lequel nous pouvons nous tourner, dans l'assurance de ne pas nous tromper de voie. Tournons-nous vers Lui pour apprendre, à sa manière toujours à l'écoute, à devenir nous- mêmes, plus libre de nous-mêmes, plus détaché de nos images, plus heureux d'être un fils sauvé de ses errances et de son péché. (2013-11-15)
59. Le dixième degré d'humilité est que l'on ne soit pas facile et prompt à rire, car il est écrit : « Le sot élève la voix pour rire. »
Est-ce que l'on pourrait résumer ainsi ce 10° de l'humilité: « ne pas se complaire dans le rire» ? Il Y a en effet une complaisance à se tenir dans le rire qui semble loin du propos de l'humilité. Rire de tout, se placer du côté de ceux qui peuvent se permettre de regarder les choses du haut avec assurance, voire avec une certaine suffisance ... Ce rire-là traduit non pas la joie spontanée mais une recherche de soi qui veut afficher une sorte de légèreté et de capacité à dominer les situations ... Ce rire enferme celui qui s'y adonne dans le paraitre et l'illusion d'assurance. Le psalmiste parle du « rire des satisfaits et du mépris des orgueilleux» comme si les deux expressions juxtaposées désignaient une même réalité de suffisance orgueilleuse.
Le rire nous attire, car il donne du piment à la vie. Dans notre quête vers plus d'humilité, il n'est pas rare que nous découvrions en notre cœur ces parts de nous-mêmes très satisfaites et promptes à rire de tout, et surtout des autres. Accepter de laisser la lumière de l'humilité entrer dans notre cœur, dans notre vie, nous entraine à quitter ce rire pour goûter un autre rire. Non le rire moqueur et mordant sur les faiblesses des autres, mais le rire miséricordieux sur soi-même. Plus la lumière de l'humilité pénètre notre vie, plus nous mesurons nos faiblesses, nos pauvretés. Allons-nous pour autant nous dépiter ou nous apitoyer sur nous-mêmes, ou bien allons-nous au contraire nous regarder avec humour, pour apprendre à rire de nous-mêmes? Passage pas nécessairement facile à vivre qui témoigne de la profondeur du travail de l'humilité en notre cœur ...
Ce 10° est donc riche d'enseignement. Il nous laisse entrevoir que l'humilité n'est pas une affaire grave et triste. Elle nous sort de cette fausse joie qui se nourrit de la faiblesse des autres, pour nous introduire dans une joie plus forte et fructueuse qui nous fait rire de nous- même avec douceur. (2013-11-12)
56. Le neuvième degré d'humilité est que le moine interdise à sa langue de parler et que, gardant le silence, il attende pour parler qu'on l'ait interrogé.
57. En effet, l'Écriture indique qu'« en parlant beaucoup, on n'évite pas le péché »,
58. et que « l'homme bavard ne marche pas droit sur la terre ».
Ce 9°, comme la plupart des degrés de cette échelle, place le moine sur une ligne de crête, ligne sur laquelle il est facile de tomber du mauvais côté. On arrive alors à une parodie de l'humilité qui n'a rien à voir avec l'humilité. Interdire à sa langue de parler, oui, mais ... Ne parler que lorsqu'on nous interroge, oui, mais ... Si le cœur est habité de ruminations ou d'un incessant monologue de dépit sur soi-même ou sur les autres.. .le profit spirituel est nul. La bouche peut bien se taire, le moine n'est pas encore parvenu à l'humilité. Le mutisme comme le bavardage sont deux formes opposées d'un même souci encombré de soi-même.
Ces degrés de l'échelle voudraient nous aider à aller plus loin dans la justesse avec nous même, avec les autres et avec Dieu ... Sans faux semblants, sans nonchalance. Avec exigence. Ici ce 9° nous entrai ne dans une parole toujours plus vraie et plus juste. Le silence peut-être ce sas où l'on apprend à parler vrai. Le bavardage permet le plus souvent de « se la jouer» et finalement de rester dans l'inauthentique. « L 'homme bavard ne marche pas droit ... » Nous demeurons dans l'apparence, bien en deçà de ce que nous sommes vraiment. Parler vraiment, humblement demande finalement qu'on sache se taire, qu'on sache mettre un frein à sa langue. Non par calcul, mais par volonté de ne pas monopoliser le terrain. Dans des échanges, on a tous fait ces deux expériences: la 1 èreest d'être en train de parler, et d'être coupé par un frère qui n'attend pas qu'on ait fini, et qui va dire: «ah oui c'est comme moi, .. moi j'ai le même cas que toi ... » Ce frère était plus préoccupé de dire quelque chose que m'écouter en train de parler. On sait alors le désagrément que l'on ressent. Et la seconde expérience, à l'inverse: c'est quand nous-mêmes nous coupons ou nous n'écoutons pas jusqu'au bout un frère, dans le souci d'en placer une ... « Oui, cela me rappelle dans ma famille etc ... ». Alors heureux sommes-nous si nous nous rendons compte que nous avons pu gêner le frère que nous avons alors interrompu ... Sachons faire fructifier de telles expériences, pour apprendre à retenir notre langue et à entrer vraiment dans l'écoute des frères. En travaillant ainsi notre parole et notre écoute, sans ressentiment peut-être de n'être parfois pas très écouté, nous grandirons dans l'humilité. Nous apprendrons à nous détacher un peu plus de ce souci envahissant de nous-mêmes... Sans que nous n'y prenions garde, notre parole acquerra alors un peu plus de poids ... dans le bonheur d'être simplement soi, que l'on parle ou que l'on ne parle pas. (2013-11-09)
55. Le huitième degré d'humilité est que le moine ne fasse rien qui ne se recommande de la règle commune du monastère et des exemples des supérieurs.
Tout au long de ce chapitre sur l'humilité, les degrés exposés portent l'attention tantôt sur des dispositions intérieures tantôt sur des attitudes extérieures. Ainsi regardant les dispositions intérieures, le 1 er exhorte à la crainte de Dieu, le 2° à la lutte contre sa volonté propre, le 4° à la patience dans les contradictions, le 6° invite à se contenter de tout, et le 7° à être intimement convaincu de son néant... autant de dispositions du cœur qui relèvent d'un travail intérieur aussi bien que d'une grâce reçue. Les autres degrés touchent des attitudes extérieures: le 3° l'obéissance au supérieur et le 5° la confession de ses mauvaises pensées. De même, aujourd'hui nous entendons le 8° où le moine choisit de vivre au plus près de la règle commune du monastère, sans chercher à se distinguer par des manières de faire propres.
L'engagement ici est on ne peut plus simple, apparemment. Au noviciat, on apprend ainsi les coutumes et les manières de vivre de la communauté. Cela parait naturel. On est venu pour apprendre un nouveau genre de vie. Et on est heureux de l'apprendre. Mais le temps passant, on prend une part plus active dans la communauté. On voit qu'on pourrait améliorer telle chose. On voit parfois des frères qui font autrement que ce qui dit et demandé. On découvre aussi en soi-même qu'il n'est pas toujours facile d'obéir, de faire comme on nous demande simplement sans discuter, sans vouloir toujours mettre son grain de sel. C'est ici précisément que le moine a rendez-vous avec l'humilité. Humilité de consentement profond à la vie qui est offerte dans ce lieu ci et dans ce temps-ci. On pourrait toujours faire autrement. On oublie que le plus important, c'est moins de changer les choses et les coutumes que de se changer soi- même. Se convertir soi-même avant de changer la vie de la communauté pour qu'elle s'adapte, à ce que je suis ... voilà le chemin de l'humilité. Heureux sommes-nous si nous repérons nos lieux de résistances, nos lieux où nous sommes finalement à côté ou en deçà de la règle commune. Non pour nous y complaire, mais pour inlassablement travailler ce point. De ce travail patient avec soi-même naitra une plus grande liberté, fruit de l'humilité. (2013-11-07)
51. Le septième degré d'humilité est que, non content de déclarer avec sa langue qu'on est le dernier et le plus vil de tous, on le croie en outre dans l'intime sentiment de son cœur,
52. en s'humiliant et en disant avec le prophète : « Pour moi, je suis un ver et non un homme, l'opprobre des hommes et le rebut du peuple.
53. J'ai été exalté, humilié et confondu. »
54. Et aussi : « Il m'est bon que tu m'aies humilié, pour que j'apprenne tes commandements. »
L'humilité n'aime pas les façades et les faux semblants. On peut entendre ainsi ce 7° de l'humilité. A la suite du 6°, il ne s'agit pas seulement de se déclarer « le dernier et le plus vil de tous », mais de le « croire dans l'intime sentiment de son cœur». Comme ceci nous parait loin de ce que nous pouvons vivre! Est-ce possible d'entrer dans une telle dynamique? Nous mesurons trop bien la ligne de crête périlleuse entre un masochisme de mauvais aloi et la vraie humilité. Jusqu'où St Benoit veut-il nous entrainer ? Vers une radicale reconnaissance et acceptation de notre condition humaine jusque dans ces expériences les plus humiliantes. Là, au cœur du trou, le moine humble apprend à ne pas se rebiffer, mais à reconnaitre son néant radical. Humilié par la vie, il est humble, sans revendication. Il ne s'apitoie pas sur lui-même, mais il se tourne vers Dieu, pour devant lui, se tenir en vérité, dans l'acceptation de son néant mis en lumière par les humiliations subies ... « n m'est bon que tu m'aies humilié. pour que j'apprenne tes commandements ». Derrière une telle attitude, il y a soit de la folie, soit au contraire une très belle grandeur d'âme.
Si nous nous sentons petits devant de telle perspective, nous pouvons au moins retenir que les chemins de la vie spirituelle, dont l'échelle de l'humilité est une expression, n'ont pas finis de nous ouvrir des possibilités d'approfondissement. Si nous sommes tentés de nous contenter d'une petite vie où le but est de bien faire ce qu'il y a faire, (et c'est déjà beaucoup), de tels passages nous rappellent que les chemins vers Dieu nous engagent dans une recherche toujours plus profonde. Sans éclat, sans faux semblants, mais au contraire dans une vérité de nous-mêmes sous le regard de Dieu. Cette vérité et cette humilité vécue par amour peut nous engager loin dans le don et dans l'abandon de nous-mêmes à la volonté de Dieu ... par amour. Là où spontanément nous allons nous plaindre ou geindre devant les difficultés, le chemin de l'humilité veut creuser en nous une autre attitude, faite toute d'amour et de consentement. Loin d'être une démission devant l'humiliation ou l'épreuve, c'est à une autre force d'âme que nous sommes invités à puise Que le Seigneur Jésus doux et humble de cœur, jusqu'en sa passion, nous vienne en aide. (2013-11-06)
44. Le cinquième degré d'humilité est que, par une humble confession, on ne cache à son abbé aucune des pensées mauvaises qui se présentent à son cœur, ni des mauvaises actions qu’on a commises en secret.
45. L'Écriture nous y exhorte en disant : « Révèle ta voie au Seigneur et espère en lui. »
46. Et elle dit aussi : « Confessez-vous au Seigneur, parce qu'il est bon, parce que sa miséricorde est à jamais. »
47. Et à son tour le prophète : « Je t'ai fait connaître mon délit et je n'ai pas dissimulé mes injustices.
48. J'ai dit : je m'accuserai de mes injustices devant le Seigneur, et tu as pardonné l'impiété de mon cœur. »
L'ouverture de cœur au P. Abbé ou au Père Spirituel nous met dans la lumière de Dieu. Sa miséricorde emplit le cœur de celui qui s'humilie.
Nous pouvons tout mettre dans la lumière de Dieu. Ce n'est pas notre misère qui peut nous éloigner de Dieu. C'est de ne pas la lui donner. Parfois, nous ne la reconnaissons pas: nous nous croyons justes! Parfois nous demeurons attachés à cette faiblesse, nous ne voulons pas la porter à la lumière. Souvent aussi, nous ne croyons pas que sa miséricorde est plus grande que notre misère. Nous ne croyons pas assez qu'il nous aime, tout pêcheur que nous sommes.
« Alors même que tes péchés seraient comme l'écarlate, je les rendrais blancs comme la neige ». Nous n'avons pas de moyen plus infaillible pour déjouer les pièges du démon: ouvrir notre cœur. L'ouvrir à Dieu en l'ouvrant au Père Spirituel. Il y a une grande distance entre ce que nous sommes intérieurement, et ce que nous paraissons aux yeux des autres. C'est cet être intime qu'il faut ouvrir à la lumière de Dieu, dans la relation au Père Spirituel. L'ouverture du cœur nous met dans la vérité. Le diable déteste la lumière. Il cultive l'illusion. C'est normal que ce démon muet fasse tout pour nous empêcher d'ouvrir notre coeur.
Dieu veut nous faire participer à sa Vie. L'orgueil est l'obstacle. Il empêche l'Esprit Saint d'avoir prise sur nous. Reconnaissons humblement que nous sommes encore très orgueilleux. Très préoccupés de nous-mêmes. L'ouverture de cœur est un moyen sûr pour combattre notre orgueil. Il ne s'agit pas de se raconter. Il s'agit de livrer le fond de son cœur, et de l'ouvrir à Dieu.
Et nous savons la joie qu'il y a à pouvoir vivre dans la vérité et dans la lumière. (2013-10-31)
35. Le quatrième degré d'humilité est que, dans l'exercice même de l'obéissance, quand on se voit imposer des choses dures et contrariantes, voire des injustices de toute sorte, on embrasse la patience silencieusement dans la conscience,
36. et que, tenant bon, on ne se décourage ni ne recule, selon le mot de l'Écriture : « Celui qui persévérera jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé. ;»
37. Et aussi : « Que ton cœur soit ferme ! Supporte le Seigneur. »
38. Et voulant montrer que le fidèle doit même supporter pour le Seigneur toutes les contrariétés, elle place ces paroles dans la bouche de ceux qui souffrent : « A cause de toi, nous sommes mis à mort chaque jour. On nous regarde comme des brebis de boucherie. »
39. Et sûrs de la récompense divine qu'ils espèrent, ils poursuivent en disant joyeusement : « Mais en tout cela, nous triomphons, à cause de celui qui nous a aimés. »
40. Et ailleurs, l'Écriture dit aussi : « Tu nous as éprouvés, ô Dieu, tu nous as fait passer par le feu, comme on fait passer au feu l'argent. Tu nous as fait tomber dans le filet. Tu nous as mis sur le dos des tribulations. »
41. Et pour montrer que nous devons être sous un supérieur, elle poursuit en ces termes : « Tu as fait chevaucher des hommes sur nos têtes. »
42. En outre, ils accomplissent le précepte du Seigneur par la patience dans les adversités et les injustices : frappés sur une joue, ils présentent aussi l'autre ; à qui ôte leur tunique, ils abandonnent aussi le manteau ; requis pour un mille, ils en font deux ;
43. avec l'Apôtre Paul, ils supportent les faux frères, et ils supportent la persécution et quand on les maudit, ils bénissent.
« A cause de toi, nous sommes mis à mort chaque jour ». « Mais en tout cela nous triomphons, à cause de Celui qui nous aimés ». Ces deux citations de l'Epitre aux Romains sont le sommet spirituel de ce 4ème degré d'humilité.
Il envisage le poids que peut être parfois l'obéissance à un supérieur: « Tu as fait chevaucher des hommes sur nos têtes ». Mais aussi les tribulations qui viennent des frères plus difficiles à vivre: les persécuteurs, les détracteurs: « Avec l'apôtre Paul, ils supportent les faux frères, ainsi que la persécution. Et quand on les maudit, ils bénissent ».
Dieu Lui-même, dans sa vie d'homme, a expérimenté les épreuves de l'humilité. L'Incarnation est une entrée réelle de Dieu dans nos souffrances d'hommes. Dans nos lassitudes. Mais aussi dans la persévérance et le courage. Dans les moments de dure contrariété, d'injustice, ou de malheur, nous devons penser que nous sommes en communion très concrète avec le Christ. Il a voulu connaitre tout cela, beaucoup plus violemment encore que ce que nous subissons parfois. Pour que notre force soit plus grande lorsque notre tour arrive.
Nous pouvons contempler ce 4ème degré d'humilité comme un une icône du visage du Christ. Pour situer en Lui nos petites ou nos grandes épreuves. A cette lumière, la joie arrivera à dominer la tristesse et le découragement. Car la Victoire de Jésus transforme tous nos ennuis, petits ou grands, en semence de Vie Eternelle. « En tout cela nous remportons la victoire, à cause de Celui qui nous a aimés ».(2013-10-30)
1. ÉCOUTE, ô mon fils, ces préceptes de ton maître et tends l'oreille de ton cœur. Cette instruction de ton père qui t'aime, reçois-la cordialement et mets-la en pratique effectivement.
Tenir pour certain que Dieu nous est toujours présent: C'était le premier degré d'humilité. Concrètement, ne pas aimer sa volonté propre, ne pas se complaire dans l'accomplissement de ses propres désirs: c'était le second. Mais comment conformer notre volonté à celle de Dieu? C'est le 3ème degré. Immédiatement apparaît le Supérieur, qui représente Dieu. « Pour l'amour de Dieu, se soumettre au supérieur en toute obéissance ». L'obéissance par amour. « Pro Dei amore ». Benoit l'avait déjà dit au chapitre de l'Obéissance: Le commencement de l'humilité est l'obéissance par amour. À l'imitation du Christ: « Il s'est fait obéissant jusqu'à la mort ».
L'obéissance du cadavre est une caricature de l'obéissance chrétienne. « Perfectae caritatis », le document du Concile sur la vie religieuse, demande que les communautés et les supérieurs collaborent à l'élaboration des décisions. Serait-ce en contradiction avec ce 3ème degré d'humilité? Certainement pas. « Se laisser faire» parce qu'on est sans idée, volontairement ou non, n'est pas obéir. Obéir matériellement, sans que le cœur y soit, n'est pas davantage obéir. L'obéissance vraie est communion et collaboration. Elle suppose donc le dialogue et l'écoute mutuelle, pour qu'il y ait pleine lucidité de part et d'autre. Elle peut prendre alors sa vraie dimension humaine et spirituelle. Bien sûr, elle peut être une véritable mort à tout ce que je désire. Mais surtout, elle devient communion au « Non pas ma volonté, mais ta volonté» du Christ.
« Viens et suis-moi ». Tel est l'appel que nous avons entendu un jour, et auquel nous essayons, jour après jour de répondre. C'est le but de toute vie chrétienne. C'est le but de notre vie de moine. C'est ce que l'obéissance doit nous aider à vivre. (2013-10-29)
1. ÉCOUTE, ô mon fils, ces préceptes de ton maître et tends l'oreille de ton cœur. Cette instruction de ton père qui t'aime, reçois-la cordialement et mets-la en pratique effectivement.
Tenir pour certain que Dieu nous est toujours présent: C'était le premier degré d'humilité. Concrètement, ne pas aimer sa volonté propre, ne pas se complaire dans l'accomplissement de ses propres désirs: c'était le second. Mais comment conformer notre volonté à celle de Dieu? C'est le 3ème degré. Immédiatement apparaît le Supérieur, qui représente Dieu. « Pour l'amour de Dieu, se soumettre au supérieur en toute obéissance ». L'obéissance par amour. « Pro Dei amore ». Benoit l'avait déjà dit au chapitre de l'Obéissance: Le commencement de l'humilité est l'obéissance par amour. À l'imitation du Christ: « Il s'est fait obéissant jusqu'à la mort ».
L'obéissance du cadavre est une caricature de l'obéissance chrétienne. « Perfectae caritatis », le document du Concile sur la vie religieuse, demande que les communautés et les supérieurs collaborent à l'élaboration des décisions. Serait-ce en contradiction avec ce 3ème degré d'humilité? Certainement pas. « Se laisser faire» parce qu'on est sans idée, volontairement ou non, n'est pas obéir. Obéir matériellement, sans que le cœur y soit, n'est pas davantage obéir. L'obéissance vraie est communion et collaboration. Elle suppose donc le dialogue et l'écoute mutuelle, pour qu'il y ait pleine lucidité de part et d'autre. Elle peut prendre alors sa vraie dimension humaine et spirituelle. Bien sûr, elle peut être une véritable mort à tout ce que je désire. Mais surtout, elle devient communion au « Non pas ma volonté, mais ta volonté» du Christ.
« Viens et suis-moi ». Tel est l'appel que nous avons entendu un jour, et auquel nous essayons, jour après jour de répondre. C'est le but de toute vie chrétienne. C'est le but de notre vie de moine. C'est ce que l'obéissance doit nous aider à vivre. (2013-10-29)