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1. De la sainte Pâque jusqu'à la Pentecôte, on dira alleluia sans interruption, aussi bien dans les psaumes que dans les répons ;
2. de la Pentecôte au début du carême, toutes les nuits, on le dira seulement aux nocturnes avec les six derniers psaumes.
3. Mais tous les dimanches, sauf en carême, les cantiques, les matines, prime, tierce, sexte et none seront dits avec alleluia, mais vêpres avec antienne.
4. Mais les répons ne seront jamais dits avec alleluia, si ce n'est de Pâques à la Pentecôte.
Ce petit chapitre est toujours un peu surprenant pour nous. Pourquoi s’arrêter sur ce mot, ce petit mot « alléluia » ? Si on l’avait oublié, il nous redit que la liturgie n’est faite que d’un ensemble de petits détails qui, mis en évidence ou au contraire omis, changent le sens d’une célébration. L’usage du mot « alléluia » en est un exemple significatif. Le mot exprime la joie et l’exultation pascale par excellence. C’est ainsi que les premiers chrétiens, enracinés dans la prière des psaumes, ont voulu exprimer leur foi, pleine d’allégresse en la résurrection du Christ. Au sortir des célébrations pascales, ils n’ont pas d’autres mots, pas d’autres cris de joie pour dire et répéter cette bonne nouvelle du Christ vivant et ressuscité. La liturgie surabonde alors en alléluia durant la semaine in albis et durant tout le temps pascal…La profusion semble être la seule manière adaptée pour crier l’inouï de la nouvelle.
Mais faut-il continuer toute l’année à chanter cette joie pascale ? Le choix et la répartition que Benoit propose est intéressant. A la fois il introduit une distinction qui valorise bien les temps ainsi que les jours. Durant le carême, on ne chantera pas l’alléluia, mais le dimanche (sauf en carême), tous les offices sont dits avec alléluia. A la fois, il donne une grande place à l’alléluia en dehors du carême. Tout se passe comme si durant l’année, notamment aux vigiles pour les psaumes du second nocturne, la répétition de l’alléluia venait rappeler cette note de joie et d’espérance ouverte à jamais par la résurrection du Christ. Le déjà là de la victoire est affirmé, prémices du Royaume à venir.
Notre office a perdu ce caractère aussi volontairement affirmé de chanter l’alléluia, à tous les offices du dimanche ou au 2d nocturne des vigiles de semaine…Certainement a prévalu l’option de mettre en valeur les psaumes par des antiennes appropriées. Peut-être aussi a-t-on voulu éviter la répétition machinale d’un alléluia qui ne se distingue pas d’un autre alléluia chanté d’un jour à l’autre…De ce chapitre de Benoit, il nous faut certainement garder la nécessaire note pascale qui doit marquer toute notre liturgie de Pâques au début du Carême, avec les nuances relevées. Nous célébrons le Christ vivant qui nous fait déjà participer à sa victoire. Il désire qu’en sachant mourir avec lui au péché, nous devenions plus vivant en Lui. (2013-12-11)
1. Cependant aux fêtes des saints et à toutes les solennités, on célébrera comme nous avons dit de célébrer le dimanche,
2. excepté qu'on dira les psaumes ou antiennes et leçons qui se rapportent à ce jour. Mais on gardera la mesure indiquée plus haut.
Si nous n’avions pas de fêtes ou de mémoires des saints, manquerait-il quelque chose à la liturgie ? Spontanément, on pourrait dire non. Effectivement, l’essentiel du mystère est célébré dans le mémorial de la mort et la résurrection du Christ, et dans toutes les fêtes qui actualisent et réalisent notre incorporation au Christ. Telle est la position protestante qui a estimé que ressortait mieux ainsi l’unicité du salut réalisé en Christ. Si on peut dire non, nous répondons en fait oui. Sans les fêtes et les mémoires des saints, il manquerait quelque chose à la liturgie. Celle-ci aime mettre en valeur la mémoire et les fêtes des saints. Se faisant, elle élargit notre compréhension du mystère du Christ que nous célébrons. Ce mystère s’est déployé dans le temps, à travers des hommes et des femmes qui en ont été tellement transformés qu’ils sont devenus comme des icônes vivantes du Christ, au milieu de leurs frères et sœurs. … « Heureux celui que ta présence a dépouillé, Seigneur Jésus, et dont la vie te laisse voir en transparence. » « Vivante icône où ton mystère est apparu sur nos chemins », chantons-nous pour une hymne de saint. A travers ces hommes et ces femmes dont nous nous souvenons, c’est l’action de l’Esprit-Saint que nous célébrons, et c’est un aspect du visage du Christ que nous contemplons. Merveille de la vie chrétienne que de nous laisser entrevoir, à travers les traits saillants et brillants des saints, quelques traits du visage du Christ que nos visages humains ne cessent de manifester au cœur de l’histoire. Aucun saint n’est le Christ, mais tous le montrent avec une fidélité unique. A travers les saints de chaque époque, nous glorifions Dieu qui nous dévoile la richesse inépuisable de ses dons si variés. Nous lui rendons grâce pour la lente maturation du Royaume qui vient dans les cultures humaines.
La liturgie sait ménager des degrés dans ces fêtes, celles de la Vierge Marie, la Mère de Dieu, celle de Jean le Baptiste, celles des Apôtres, des docteurs, des martyrs. Dans leur grande diversité, chacun à sa place, parce que chacun a joué un rôle unique pour le service de la gloire de Dieu. Cette multitude de visages aux caractères et aux origines humaines si diverses, nous rappellent, que nous avons tous un rôle à jouer dans l’Eglise. Tous, nous sommes appelés à entrer en sainteté, par notre baptême et par notre suite du Christ. Soyons heureux de pouvoir honorer les saints dans la liturgie, comme des frères ainés qui nous entrainent à aimer comme eux. Sachons recueillir au détour d’une oraison, d’une hymne, d’une préface ou d’une antienne le trait de leur vie qui stimulera notre propre vie de disciple du Christ. (2013-12-10)
12. Assurément, la célébration matinale et vespérale ne s'achèvera jamais sans que, en dernier lieu dans l'ordonnance de l'office, l'oraison dominicale soit dite d’un bout à l’autre par le supérieur, de façon à être entendue par tous, à cause des épines de disputes qui ont accoutumé de se produire.
13. Ainsi l'engagement pris par cette oraison qui leur fait dire : « ;Pardonne-nous comme nous pardonnons nous-mêmes », les mettra en demeure de se purifier de cette sorte de vice.
14. Quant aux autres célébrations, on y dira la dernière partie de cette oraison, en sorte que tous répondent : « Mais délivre-nous du mal. ;»
Mais délivre-nous du mal . Je ne sais pas si vous avez remarqué récemment comme moi, une intention de prière demandée par une soeur. Elle nous recommandait de prier pour une des employées d’un de leurs établissements dont le mari avait pendu leurs deux petits enfants…Il est devenu fou…La soeur concluait : le mal est bien là, celui dont nous demandons d’être protégé chaque soir à Complies …
Ce rapprochement entre un fait divers monstrueux et la liturgie quotidienne est touchant. Il nous invite à poser un regard très lucide sur la réalité humaine, mais à le faire dans la lumière de la foi, appuyé sur la prière du Seigneur. Oui le mal est là. Souvent sournois, il se laisse entrevoir sous la figure de la tentation, des duretés, des trahisons ou des lâchetés dont nous pouvons être complices nous aussi. Mais il peut se manifester tout d’un coup à visage découvert quand il semble dicter sa loi aux personnes ou aux évènements, à travers les guerres et les violences infligées aux autres…Il apparait alors dans toute sa puissance destructrice des relations et des êtres eux-mêmes.
St Benoit invite donc ses moines à conclure l’office par la dernière formule du Notre Père : mais délivre-nous du mal . De cette manière, il les invite à prendre au sérieux leur propre conversion en demandant la grâce d’être délivré du mal, notamment du mal de la division ou de l’endurcissement dans des querelles fraternelles… les épines de disputes … Par cette formule qui scande notre prière quotidienne, mais qui ressort avec un relief particulier, chez nous, avant d’entrer dans la nuit, nous nous rappelons que nous sommes solidaires de ce grand combat contre le mal. Par la prière, ce combat trouve sa juste place. Car c’est fondamentalement le Seigneur qui mène ce combat et qui nous délivre du mal. Depuis la Croix et la résurrection du Christ, nous savons la victoire acquise. Mais nous savons aussi que nous y sommes associés étroitement. Sous la conduite de l’Esprit, nous devenons instruments pour participer en Christ à l’établissement de son Règne de justice et de paix. En ce temps de l’Avent, la prière délivre nous du mal devient un cri d’espérance en Celui qui vient et qui va définitivement tout ressaisir dans son amour et son pardon. Toi qui viens pour tout sauver, fait lever enfin ton jour de la paix dans ton amour, toi qui viens pour tout sauver …
07/12/2013
1. Les jours ordinaires, d'autre part, on célébrera la solennité des matines de cette façon,
2. c'est-à-dire qu'on dira le psaume soixante-sixième sans antienne, en traînant un peu, comme le dimanche, en sorte que tous soient présents pour le cinquantième qu'on dira avec antienne.
3. Après quoi on dira deux autres psaumes selon l'usage, c'est-à-dire
4. la deuxième férie, le cinquième et le trente-cinquième,
5. la troisième férie, le quarante-deuxième et le cinquante-sixième,
6. la quatrième férie, le soixante-troisième et le soixante-quatrième,
7. la cinquième férie, le quatre-vingt-septième et le quatre-vingt-neuvième,
8. la sixième férie, le soixante-quinzième et le quatre-vingt-onzième ;;
9. quant au samedi, le cent-quarante-deuxième et le cantique du Deutéronome, qu'on divisera en deux gloria.
10. Mais les autres jours, on lira un cantique des prophètes, chacun à son jour, comme les psalmodie l'Église romaine.
11. Après cela suivront les Laudes ; puis une leçon de l'Apôtre récitée de mémoire, le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie et c'est tout.
Et c’est tout ! Cette petite formule qu’on trouve déjà au chapitre précédent pour conclure l’énoncé des différents éléments de l’office de Laudes n’a pas un grand intérêt théologique, ni une grande teneur spirituelle. Il me semble bon pourtant de la relever car elle dit quelque chose de la liturgie des heures comme de l’eucharistie : sa précision et sa concision. L’action liturgique est précise. Rien n’est laissé au hasard, ni à la volonté d’un chacun. Quand on entre, on sait ce qu’on va y trouver et chacun des intervenants sait ce qu’il a à faire. Elle est mémorial du salut, une action humaine qui rappelle et rend présent l’action salvatrice de Dieu réalisée dans le Christ.
Il importe que tout ce qui se passe soit bien réglé et ordonné pour que les paroles et les gestes rendent effectivement présent le mystère célébré. Lorsqu’il y a des négligences ou des manques de préparation, toute l’attention se porte sur les erreurs et perd le sens de ce qui est train de se jouer vraiment : le mémorial du salut. Ici j’invite les uns et les autres à veiller à préparer et à se préparer aux offices ou à la messe…Retrouvons le sens de notre premier devoir : celui de chanter la gloire de Dieu et de garder vive sa mémoire…Il n’est pas normal d’être toujours à la bourre ou toujours très juste pour la prière. C’est le signe que nos priorités ne sont pas respectées, qu’elles ne nous habitent pas vraiment.
Deuxième aspect que souligne cette petite formule « c’est tout », c’est la concision de la liturgie. La liturgie a sa propre cohérence, une structure propre que ce soit pour l’office ou pour l’eucharistie. Et cette structure est porteuse de sens en elle-même, sans qu’il y ait besoin d’en rajouter. En ce sens, la liturgie ne supporte pas les rajouts plus dévotionnels qui, en surchargeant, risque de défigurer l’action liturgique. Celle-ci a sa force en elle-même. Là se trouve notre service de dévotion pour reprendre l’expression de St Benoit (RB 18, 24).
La liturgie est le lieu où notre dévotion, notre amour de fils de Dieu, uni à tous ses frères, peut le mieux s’exprimer.
La concision de la liturgie fait mieux apparaitre aussi que c’est la foi qui fonde notre être devant Dieu. C’est notre confiance en lui qui est notre force, et non l’ajout de paroles ou de pratiques. Foi et confiance qui nous engagent alors à une vraie qualité de présence, à être vraiment là… c’est tout !
05/12/2013
1. Aux matines du dimanche, on dira d'abord le psaume soixante-sixième sans antienne sur le mode direct.
2. Après quoi on dira le cinquantième avec alleluia.
3. Après quoi on dira le cent dix-septième et le soixante-deuxième,
4. puis les Bénédictions et les Laudes, une leçon de l'Apocalypse par cœur et le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie, et c'est tout.
La liturgie façonne notre être chrétien au jour le jour. Elle le fait en jouant sur deux registres : celui de la répétition et celui de l’innovation. Semaine après semaine, année après année, nous répétons les mêmes paroles et les mêmes gestes. Par cette répétition, la liturgie veut nous apprendre à lâcher prise. Elle nous entraine dans la célébration d’un mystère qui est plus grand que nous, et dont nous n’aurons pas assez de toute une vie pour le vivre vraiment. Ce faisant, lentement, notre conscience du temps qui passe prend en compte la grande histoire des hommes, inséparable du temps cosmique, unique histoire du Salut récapitulée dans le Christ. Et en même temps, cette répétition ne se fait pas de façon indifférenciée. Par petites touches, la liturgie introduit des différences qui nous révèle dans toute sa profondeur le mystère : l’heure de Sexte n’est pas celle de Vêpres, le dimanche n’est pas le vendredi, une semaine de l’Avent n’est pas une semaine du temps ordinaire. Les structures principales demeurent, mais bien des éléments changent. Ce sont ces éléments auxquels il nous faut être attentif pour peu à peu entrer dans l’intelligence de la liturgie, pour en goûter aussi toute la profondeur.
Ainsi l’office des Laudes n’est pas celui des Vigiles (importance notamment des Ps 148 à 150 et pour st Benoit du Ps 66 répété chaque jour, mais aussi du cantique de Zacharie). Les laudes du dimanche ne sont pas celles du vendredi (importance du choix des psaumes : Ps117 à la forte connotation pascale, et du Ps 62 qui nous remet dans l’attitude des femmes allant au tombeau le matin de Pâques : Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube… ), mais aussi importance du cantique des bénédictions tirés du livre de Daniel. St Benoit ne l’explicite pas, mais les Laudes d’un dimanche ordinaire ne sont pas les Laudes d’un dimanche de l’Avent ; importance des antiennes qui, tout en conservant souvent une note pascale qui célèbre la résurrection du Christ, mettent aussi en valeur la dimension de sa venue attendue, par ex, l’antienne que nous avons pour le Ps 99 : Voici venir le Sauveur que le monde attend déjà sa gloire illumine la maison du Seigneur, alleluia . Il y a le déjà du Ressuscité qui illumine la maison, et le pas encore du Sauveur qui vient et que l’on attend….
Sachons relever toutes ces touches qui nous manifesteront la saveur de la liturgie et qui en même temps nous révèleront la profondeur de l’action répétitrice de la liturgie. Jour après jour, elle nous fait entrer dans le mystère du Christ, nous faisant devenir fils en Lui, frère parmi tant de frères, humain uni à tous les humains rachetés et promis aux noces de l’Agneau.
03/12/2013
1. Le dimanche, on se lèvera plus tôt pour les vigiles.
2. A ces vigiles, on gardera la mesure, c'est-à-dire qu'après avoir modulé, comme nous l'avons réglé plus haut, six psaumes et le verset, tous s'assiéront, en bon ordre et selon leur rang, sur les banquettes, et on lira dans un livre, comme nous l'avons dit plus haut, quatre leçons avec leurs répons.
3. C'est seulement au quatrième répons que celui qui chante dira le gloria. Quand il l'entonnera, aussitôt tous se lèveront avec révérence.
4. Après ces leçons suivront six autres psaumes pris dans l'ordre, avec antiennes comme les précédents, et le verset.
5. Après quoi on lira de nouveau quatre autres leçons avec leur répons, selon l'ordonnance indiquée plus haut.
6. Après quoi on dira trois cantiques des prophètes, déterminés par l'abbé ; ces cantiques seront psalmodiés avec alleluia.
7. On dira aussi un verset, l'abbé bénira, et on lira quatre autres leçons du Nouveau Testament, selon l'ordonnance indiquée plus haut,
8. mais après le quatrième répons, l'abbé entonnera l'hymne Te Deum laudamus .
9. Celle-ci achevée, l'abbé lira la leçon de l'Évangile, tous se tenant debout avec honneur et crainte.
10. La lecture de celle-ci achevée, tous répondront Amen , et l'abbé enchaînera aussitôt l'hymne Te decet laus , et la bénédiction donnée, on entonnera les matines.
11. Cette ordonnance des vigiles sera gardée le dimanche également en toute saison, que ce soit en été ou en hiver,
12. sauf si – à Dieu ne plaise – on se lève en retard : on abrégera un peu les leçons ou les répons.
13. Mais qu'on mette tous ses soins à éviter que cela n'arrive. Si cela se produisait, que celui qui est responsable de l'accident par sa négligence en fasse une digne satisfaction à Dieu dans l'oratoire.
La description des vigiles du dimanche, présentée par Benoit peut surprendre. Aucune allusion n’y est faite à la résurrection du Christ dont on fait pourtant mémoire. On peut supposer que l’hymne -l’ambrosien- donnait la note en ce sens, de même les antiennes.
C’est dans la très belle hymne finale, Te Deum laudamus, que nous retrouvons une mention explicite… Christ, le Fils du Dieu vivant, le Seigneur de la gloire…par ta victoire sur la mort, tu as ouvert à tout croyant les portes du Royaume. Tu règnes à la droite du Père, tu viendras pour le jugement… .
Nos vigiles actuelles déploient la célébration de la résurrection du Christ depuis les versets d’entrée jusqu’au Te Deum. Les versets d’entrée, donnent le ton en nous faisant entendre, à travers les mots du psalmiste, la voix du Christ qui sort victorieux de l’épreuve de la mort : Seigneur, tu m’as fait remonter de l’abîme et revivre quand je descendais à la fosse …. Peu après, en temps ordinaire, une lecture nous redit le sens du mémorial de la Pâque qui s’accomplit aujourd’hui encore. C’est aujourd’hui que le Christ est vivant. C’est aujourd’hui que nous sommes appelés à vivre de sa Vie.
Ainsi l’office des vigiles va-t-il nous plonger dans ce mystère à travers psaumes et lectures. Pour entrer dans cet aujourd’hui de la résurrection, la liturgie nous fait redire les mots du psautier comme étant ceux du Christ Tu me mènes à la poussière de la mort…tu m’as répondu, je proclame ton nom devant mes frères (Ps 21) ; ou comme nous parlant de Lui : Portes levez vos frontons, qu’il entre le roi de gloire. C’est le Seigneur, le vaillant des combats (Ps 23) .
D’autres psaumes évoquent les conséquences de la victoire du Christ en nous faisant entrevoir la Jérusalem nouvelle : Maintenant notre marche prend fin devant tes portes Jérusalem (Ps121) ainsi que l’Eglise, le nouveau Temple : Heureux les habitants de ta maison, ils pourront te chanter encore. Heureux les hommes dont tu es la force… (Ps 83) .
Avant la lecture de l’évangile, le chant du Te Deum - A toi Dieu notre louange – vient comme récapituler tout le mystère du salut en proclamant la gloire du Dieu trois fois Saint qui culmine dans la résurrection du Christ.
La solennité du chant, celle des attitudes notamment avec la procession finale, manifeste que nous accueillons au milieu de nous le Christ vivant, lui le défenseur et l’ami des hommes qui nous a sauvés et qui veut nous prendre avec lui dans sa joie et dans sa lumière.
29/11/2013
1. De Pâques aux Calendes de novembre, d'autre part, on maintiendra intégralement toute la quantité de psalmodie indiquée plus haut,
2. excepté qu'on ne lira pas de leçons dans un livre en raison de la brièveté des nuits, mais à la place de ces trois leçons, on en dira de mémoire une de l'Ancien Testament, suivie d'un répons bref.
3. Tout le reste, on l'accomplira comme il a été dit, c'est-à-dire qu'on ne dira jamais aux vigiles nocturnes une quantité moindre que douze psaumes, non compris les psaumes trois et quatre-vingt-quatorze.
En lisant ce chapitre, j’ai été arrêté par l’expression du titre la louange nocturne …Une belle expression pour dire les Vigiles . Le terme vigile, veille, met en avant l’effort que représente ce lever au cœur de la nuit…Alors que la plupart dorment, les moines se lèvent pour tenir leur quart de veille dans la louange. D’autres personnes veillent aussi auprès des malades ou pour la sécurité des routes et des cités, d’autres veillent pour assurer le travail par équipes de nuit dans les usines…et les moines veillent pour célébrer la louange nocturne .
Les vigiles ne sont pas seulement veille pour attendre la venue glorieuse du maître, le Christ. Elles sont veille pour chanter la louange divine, comme le verset d’introduction nous y invite… ma bouche annoncera ta louange …
L’office des Vigiles, au milieu de la nuit, est peut-être l’office où l’on mesure le mieux la dimension gratuite de la louange. Plus qu’à aucun autre moment de la journée, apparait le caractère insensé de la prière de l’office, et en même temps sa grandeur. Là, nous sommes entrainés à louer Dieu, pour rien sinon parce qu’il est Dieu. Du tout début de ma vie monastique, je garde une parole du P. Damase qui m’avait dit : la vie monastique, c’est louer Dieu parce qu’il est Dieu . Cette parole m’est restée comme une belle définition de notre quête profonde. Aucune obligation dans cette louange. Elle n’apporte rien à Dieu, qui n’a pas besoin de notre louange, comme le dit une préface. Mais elle nous rend heureux, et de plus en plus heureux. Elle élargit notre cœur et notre désir aux dimensions de Celui dont on chante la louange.
Car la louange n’est pas ici seulement émerveillement, bénédictions ou action de grâce, elle est aussi ce chant qui fait monter le cri des hommes, leurs attentes et leurs souffrances. Par nos lèvres, ce qui serait perdu dans le silence ou le désespoir, devient louange à Dieu parce qu’offert à lui avec confiance.
Là où beaucoup de cris humains semblent perdus de ne trouver d’oreilles à qui s’adresser, notre prière les exprime à Dieu dans l’espérance et la confiance. Elle devient louange à sa gloire car elle confesse que Dieu n’est pas sourd aux cris de ses enfants.
Parmi tous les veilleurs qui veillent dans la nuit des hommes, à leur service, nous pouvons être heureux de tenir cette veille de la louange nocturne, vivons-la comme une veille d’amour.
1. En la saison d'hiver définie ci-dessus, on dira d'abord trois fois le verset : « Seigneur, tu ouvriras mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange. »
2. On y joindra le psaume trois et le gloria.
3. Après cela, le psaume quatre-vingt-quatorze avec antienne, ou du moins chanté d'un trait.
4. Alors suivra l'ambrosien ; ensuite six psaumes avec antiennes.
5. Quand on les aura dits, et qu’on aura dit le verset, l'abbé bénira, tous s'assiéront sur les bancs et des frères liront tour à tour dans un livre posé sur le pupitre trois leçons, entre lesquelles on chantera trois répons.
6. Deux répons seront dits sans gloria, mais après la troisième leçon, celui qui chante dira le gloria.
7. Quand le chantre commencera de le dire, aussitôt tous se lèveront de leurs sièges en signe d'honneur et de révérence pour la Sainte Trinité.
8. On lira aux vigiles les livres d'autorité divine de l'Ancien Testament aussi bien que du Nouveau, ainsi que les commentaires qu'en ont faits les Pères catholiques réputés et orthodoxes.
9. Après ces trois leçons avec leurs répons, suivront les six psaumes restants, qu'on chantera avec alleluia.
10. Après ceux-ci suivra la leçon de l'Apôtre, qu'on récitera par cœur, le verset et la supplication de la litanie, c'est-à-dire Kyrie eleison ,
11. et ainsi s'achèveront les vigiles nocturnes.
« Seigneur, ouvre mes lèvres et ma bouche annoncera ta louange » Ce verset repris trois fois, introduit notre prière nocturne et diurne à la fois. Il est bon de nous rappeler que ce verset est tiré du Ps 50, cette belle prière où le psalmiste confesse, et son péché et sa grande espérance en la miséricorde divine. Il croit tellement en cette dernière qu’il demande à Dieu d’opérer en lui un total renouvellement : « créé en moi un cœur, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit…aux pécheurs j’enseignerai tes chemins…ouvre mes lèvres et ma bouche annoncera ta louange… ». Recréé par le repos de la nuit, le moine pécheur recréé par la grâce de son baptême, se présente devant Dieu disponible pour le service de sa louange. Tel un instrument qui attend le souffle pour vibrer, le moine s’offre au Souffle divin pour qu’il vienne chanter en lui les louanges divines.
L’office des vigiles porte en lui avec la grâce de la veille, la grâce d’un commencement. Là au cœur de la nuit, nous commençons notre journée de prière comme une patiente disponibilité au Souffle qui vient prier en nous. Souvent, nous ne sommes pas très bien réveillés. Nous sommes parfois encore fatigués. Notre fragilité est bien plus sensible qu’en n’importe quel autre office. Nous sommes là pauvres, appelant la grâce de la prière et de la veille : « Seigneur, ouvre mes lèvres »…Si le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain. On pourrait paraphraser : si le Seigneur ne déverrouille nos lèvres et notre cœur, le moine prie en vain.
Notre office des vigiles, précieux entre tous dans notre prière monastique, nous rappelle donc que nous sommes toujours des commençants dans la prière. Comme des apprentis, humblement, il nous faut nous présenter en demandant la grâce d’être bien disponible, la grâce d’être instrument docile au Souffle de Dieu. Je pense que nous avons tous fait l’expérience que pour une bonne part, la qualité de notre présence à l’office, va dépendre de cette grâce demandée au début de chaque office. Si nous la demandons vraiment, trop conscient de notre faiblesse prompte à partir dans des divagations de toutes sortes, elle nous sera accordée. Tachons d’être un peu à l’avance à l’office et mettons à profit ces quelques minutes, pour demander la grâce de la prière, pour entrer en disponibilité. (2013-11-27
1. En saison d'hiver, c'est-à-dire depuis les Calendes de novembre jusqu'à Pâques, il faut, suivant la norme raisonnable, se lever à la huitième heure de la nuit,
2. afin de se reposer un peu plus de la moitié de la nuit et d'être dispos au lever.
3. Quant à ce qui reste après les vigiles, les frères qui ont besoin d'apprendre quelque chose du psautier ou des leçons, l'emploieront à cette étude.
4. De Pâques aux susdites Calendes de novembre, on réglera l'heure de telle sorte que l'office des vigiles, après un tout petit intervalle où les frères pourront sortir pour les besoins de la nature, soit immédiatement suivi des matines, qui doivent être dites au point du jour.
Est-ce une manière de résumer ce chapitre que de dire : « les vigiles sont pour la nuit, et les matines pour le lever du jour ». En effet, st Benoit est soucieux de régler l’heure de telle manière que les offices gardent leur caractère propre en accord avec le temps cosmique. En hiver où les nuits sont plus longues, le lever pour les vigiles se fait après un nombre jugé raisonnable d’heures de sommeil. La nuit est loin d’être achevée. Si bien qu’après les vigiles, alors qu’il fait encore noir, le temps disponible est utilisé pour l’étude, et particulièrement pour l’apprentissage par cœur de psaumes ou de textes de l’Ecriture. Apprentissage qui ne nécessite pas beaucoup de lumière. En été, la brièveté des nuits entraine une autre façon de faire. L’heure des vigiles est calculée, et même peut-être avancée, pour que les matines soient célébrées au point du jour. Et de plus, comme on le verra plus loin, l’office est abrégé de 3 à 1 lectures au premier nocturne, « en raison de la brièveté des nuits » (10, 2). Désormais, entre les deux offices, il n’y a place que pour un petit intervalle bref. Mais reste sauf le fait que les vigiles sont nocturnes et les matines diurnes.
On peut être frappé par cette minutie avec laquelle St Benoit règle la célébration de l’office dans le respect de ce qu’on a appelle depuis le Concile : « la vérité des heures ». Ce même sens réaliste de la célébration des heures se retrouve dans la recommandation ferme de célébrer l’œuvre de Dieu, là où l’on se trouve, soit au travail, soit en voyage (RB 50). Chaque heure du jour a donc une note unique à apporter dans la louange que nos voix font monter de la terre vers leur Seigneur et Créateur. Nous sommes conviés à nous accorder au rythme du temps pour exprimer en louange l’indicible mouvement de la création. Sur nos lèvres est recueillie l’admirable beauté de la nature en travail. Interprété dans nos chants d’action de grâce, ce silencieux travail, dans lequel nous sommes profondément inscrits et liés, retourne vers Celui de qui tout vient, en hommage de reconnaissance. « Louez le Seigneur soleil et lune… sur son ordre ils furent créés », posés « sous une loi qui ne passera pas »…(Ps 148, 3-6). (2013-11-26)
67. Lors donc que le moine aura gravi tous ces degrés d'humilité, il arrivera à cet amour de Dieu qui est parfait et qui met dehors la crainte.
68. Grâce à lui, tout ce qu'il observait auparavant non sans frayeur, il commencera à le garder sans aucun effort, comme naturellement, par habitude,
69. non plus par crainte de la géhenne, mais par amour du Christ et par l'habitude même du bien et pour le plaisir que procurent les vertus.
70. Cet état, daigne le Seigneur le faire apparaître par le Saint-Esprit dans son ouvrier purifié de ses vices et de ses péchés !
Sans ces dernières lignes, le chapitre de l’humilité serait-il audible ? Cette quête de l’humilité que St Benoit place au cœur de la vie monastique serait-elle désirable ? L’échelle de l’humilité où l’on monte en s’abaissant n’a en effet de sens qu’en vertu du but qu’elle nous laisse entrevoir : une capacité d’aimer décuplée. Benoit parle « d’amour de Dieu parfait qui chasse la crainte »…Et en même temps, Benoit suggère avec les mots « sans frayeur, sans aucun effort, comme naturellement, par habitude, pour le plaisir » que l’humilité nous donne de nous retrouver pleinement à l’aise avec nous-mêmes. C’est le retour à la maison après une longue errance, le moine humble rentre chez lui.
Là où la peur paralyse, l’humilité donne confiance, parce qu’elle apprend à ne plus compter sur ses propres forces. Là où il fallait beaucoup d’efforts, souvent par manque de goût des observances ou des règles à observer, l’humilité puise l’énergie dans le Christ qui fait naitre la vie de la mort à soi. L’humilité nous conduit peu à peu au lieu de notre cœur qui prend plaisir à se donner, comme naturellement et par habitude. Le cœur humain créé par Dieu est fait pour cela : se donner dans la rencontre de Dieu et des autres, aimer jusqu’à renoncer à soi-même par amour. Le péché de la désobéissance nous a éloignés de notre propre capacité à aimer vraiment. Il nous a repliés sur nous-mêmes. Revenir de cette désobéissance profonde demande beaucoup d’humilité : un vrai travail de renoncement à nous-mêmes qu’il nous faut accueillir jour après jour. Rien de morbide ou encore moins de mortifère, mais bien plutôt la promesse de revenir en terre natale. Sous la lumière du Christ mort et ressuscité, dans la force de l’Esprit Saint, la route est possible. Elle est toujours ouverte. Au lieu même de notre petitesse, et de notre faiblesse offerte, nous est dévoilé l’amour immense du Christ qui s’est abaissé pour nous. Gratuitement, il nous aime tel que nous sommes désarmés, démunis…totalement remis à lui. N’ayons pas peur de descendre au lieu de notre petitesse, en tirant profit de tout ce qui nous humilie, notre péché, les contradictions vécues avec les frères, les contrariétés de la vie, les misères de l’âge…Offrons tout cela au Christ qui est venu pour prendre soin de nous. Détachons-nous du souci de nous-même, le Christ s’en charge. Accueillons son Amour. (2013-11-19)