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HOMELIE

16 avril
année 2022-2023

Année A - 2°dimanche de Pâques - 16 avril 2023
Act 2 42-47 ; 1 pet 1 2-9 ; Jn 20 19-31
Homélie du F. Alain

L’évangile nous reporte d’abord à la première rencontre du Ressuscité avec le groupe des disciples, au soir de pâques. Après le dernier repas, l’arrestation au jardin des oliviers, la fuite des disciples, le regard de Jésus posé sur Pierre repentant. Au pied de la croix, aucun des Douze n’était présent, seulement les femmes et « le disciple que Jésus aimait ».
Quel choc pour les disciples quand la nouvelle est tombée : il est mort crucifié, son corps est dans un tombeau. Ils l’ont tous aimé… et tous abandonné, sans pouvoir lui dire maintenant leur souffrance. Ils n’ont pas cru au témoignage de Marie Madeleine, et ils sont derrière ces portes verrouillées, par crainte des juifs…
Or voici qu’il est là, soudain, au milieu d’eux, car les portes fermées ne sont plus pour lui un obstacle. Que va-t-il dire ? Aucun reproche, une seule parole : Shalom ! « La paix soit avec vous ! ». Ils sont sidérés. Le Christ leur montre ses mains et son côté. Quand leur joie peut éclater, il les envoie. Leur désertion était pardonnée d’avance. Il leur redit sa confiance, leur confie sa propre mission, en leur donnant l’Esprit Saint pour les accompagner sur leur chemin.
Mais Thomas, un des Douze, était absent le soir de pâques. Il avait tout quitté pour suivre Jésus de Nazareth. Dans son désarroi, il était resté à l’écart, puis avait refusé de croire au témoignage des autres disciples. Il voulait voir le Christ Jésus, surmonter son doute, et apaiser ainsi son cœur.
Huit jours plus tard, Jésus vient de nouveau, toutes portes closes, et leur redit « La paix soit avec vous ». Connaissant le refus de Thomas, il accède à son désir, sans le moindre reproche. Thomas n’a plus besoin alors de toucher le Ressuscité. Il voit ses stigmates, écoute sa parole et sa voix, passe du refus de croire à la foi. Une foi qui va infiniment au-delà de ce qu’il voit, qui jaillit dans une parole qui a traversé les siècles : « Mon Seigneur et mon Dieu
Suit une béatitude : « Parce que tu m’as vu (Thomas), tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ».

Que dire, pour nous aujourd’hui, au-delà de cette grâce d’un pardon sans condition ? Insistons sur la dimension corporelle de la résurrection. Sur la naissance à la foi pascale.
Ressuscité dans son corps, le Christ garde encore les stigmates de sa passion. Mais il vit autrement l’espace et le temps, et échappe aux contraintes du monde présent. Il se manifeste, dans une souveraine liberté et une étonnante simplicité, à qui il veut, où et quand il veut, comme il le veut.
Les récits de ces manifestations du Ressuscité sont le seul lieu (avec le récit de la transfiguration) où nous pouvons pressentir notre avenir. Car dans le monde à venir, au dernier jour, nous ressusciterons comme le Christ (nous et ceux et celles que nous aimons), quand il rendra nos pauvres corps semblables à son corps de gloire. Nous ressusciterons comme lui, libérés des contraintes de ce monde, mais avec deux mains, deux pieds, deux yeux, deux oreilles, un visage unique entre tous. Avec un corps parlant et désirant, façonné par notre histoire, hautement personnalisé, hautement relationnel, enfin parvenu à sa vérité.

Seconde réalité : la naissance à la foi pascale. La résurrection du Christ est un événement inouï, inimaginable. De cet événement, comme de tout événement, on ne peut que témoigner. Et comme tout témoignage, ce témoignage ne peut être reçu que dans la foi.
Or croire, ne va pas de soi ! Cela suppose une nouvelle naissance. ll ne suffit pas de voir le Christ, et cela n’est plus nécessaire. Il faut encore l’écouter, et faire, comme Thomas, le saut dans la foi. Nous sommes alors renvoyés à notre liberté, à notre créativité sous la motion de l’Esprit Saint. A la mission de transmettre la joie de l’évangile dans notre monde déchiré par tant de conflits meurtriers.

La joie de pâques est-elle vraiment la nôtre ? Pensons-nous à notre mort comme à un événement purement personnel, ou bien la voyons-nous à sa vraie place, dans l’histoire de l’humanité et du cosmos. Où en sommes-nous dans notre joie de vivre ? Et si nous débordons de joie, cette joie blesse-t-elle les mal aimés, ou console-t-elle les affligés ?

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