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HOMELIE

12 février
année 2022-2023

Année A - 6e dimanche Temps ordinaire – 12 février 2023
Si 15 15-20 ; 1Co 2 6-10 ; Mt 5 17-37
Homélie du F. Hubert

" Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. »

Qui mieux que st Paul a vécu ce dépassement, cette conversion ? Qui mieux que lui a reçu la révélation du don gratuit de Dieu, et l’a formulée pour toutes les générations ? « Nous avons reconnu, écrit-il aux Galates, que ce n’est pas en pratiquant la loi de Moïse que l’homme devient juste devant Dieu, mais seulement par la foi en Jésus Christ » Gal 2, 16 sv

Et aux Philippiens : « À cause de Jésus, mon Seigneur, j’ai tout perdu afin d’être reconnu juste, non pas de la justice venant de la loi de Moïse mais de celle qui vient de la foi au Christ. » Phil 3

Paul était un jeune juif qui mettait toute la force de sa volonté à l’accomplissement des commandements de Dieu. Mais l’enthousiasme et la volonté ne suffisent pas. Il écrira plus tard : « Vouloir le bien est à ma portée, mais non pas l’accomplir ».

Sur le chemin de Damas, il fait l’expérience, dans la rencontre inattendue et inimaginable du Christ, que l’amour de Dieu ne se mérite pas, qu’il est gratuit et au-delà de toute mesure, au-delà de tous nos efforts, de toutes nos mises en œuvre des commandements.

L’Alliance n’est pas une morale, elle est une bonne nouvelle, un amour. Elle est l’Amour. Dieu est Alliance, et sa toute-puissance n’est pas de faire n’importe quoi, mais de tenir l’Alliance, de tenir l’Amour. C’est pourquoi il est mort, pour que nous demeurions dans l’Amour. Cet Amour, le seul Amour, est plus fort que la Mort, plus fort que le Péché. Rien ne peut lui faire échec.

Alors que deviennent les commandements ? Ils sont des bornes sur le chemin de l’amour. Ils n’ont de valeur et ne se comprennent qu’englobés dans l’amour. Ils nous indiquent comment répondre à l’amour, comment vivre à l’image de Dieu, en enfants de Dieu. Et non pas comment mériter l’amour de Dieu.

Observer les commandements est impossible à nos seules forces humaines, encore plus quand ils sont portés à leur perfection par Jésus, au-delà de toute mesure. Ce n’est que dans la grâce offerte et accueillie que nous pouvons les observer. Dans notre faiblesse, dans nos chemins blessés par le péché, nous sommes toujours en deçà de leur observance. Aussi, de la même manière qu’il n’y a pas de vie humaine commune possible sans pardon, il n’y a pas de vie commune entre nous et Dieu sans que le pardon de Dieu soit plus grand que nos infidélités. C’est bien l’expérience de Paul : « Le Christ m’a aimé et il s’est livré pour moi ! »

Nous n’avons pas à mériter d’être aimés de Dieu ! Ni des autres d’ailleurs. Cela empoisonne nos vies. Nous avons à répondre à l’amour par l’amour, non à mériter l’amour. L’amour est gratuit et se donne de lui-même. « La preuve que Dieu nous aime, c’est que Christ est mort, alors que nous étions pécheurs » dit encore Paul.

Sur le chemin de Damas, « la vérité vient le frapper en plein visage, écrit Adrien Candiard : tous les efforts qu’il a déployés pour aimer Dieu l’ont conduit à l’exact contraire : il croyait le servir de son mieux mais il n’a réussi qu’à Le persécuter, Lui, le Dieu qu’il voulait aimer de tout son cœur. »

Jésus lui montre un autre chemin : celui du renoncement à lui-même et à sa propre perfection, pour se laisser envahir par la présence du Christ. « L’amour du Christ nous saisit, écrit Paul aux Corinthiens, … Le Christ est mort pour tous, afin que les vivants ne vivent plus centrés sur eux-mêmes, mais sur Celui qui est mort et ressuscité pour eux. » Paul a découvert qu’il était « aimé sans la moindre condition », et par celui-là même qu’il persécutait !

Dans le n° de Panorama de mars 2022, Hubert de Boisredon, un chef d’entreprise, témoigne de façon similaire qu’il a fait l’expérience, à 18 ans, d’une « rencontre fondamentale avec Dieu » : alors qu’il voyait Dieu comme « celui qui comptait les points pour déterminer s’il était digne de son amour ou non », il s’est senti « comme enveloppé d’une présence venue le visiter de manière très intime. Ce jour-là, a été semée en lui la certitude qu’il était aimé de Dieu gratuitement. Pour rien. » Puissions-nous vivre cette expérience, et d’abord la désirer !

Jésus ne vient pas abolir mais accomplir. Il accomplit les commandements en les poussant à l’extrême, parce que l’amour est extrême ; et il les accomplit en les vivant lui-même, en recevant en lui-même tout l’amour du Père, et en offrant au Père tout l’amour de l’homme. C’est cette victoire de l’amour, en Jésus, que nous célébrons dans l’eucharistie.

Mais que veut dire une célébration si nous n’y engageons tout notre être, si nous ne désirons être nous-mêmes total accueil à l’amour qui nous est offert, et totale offrande ?

Demandons les uns pour les autres d’accueillir cet amour du Christ dans lequel les commandements prennent sens. Demandons la sagesse qui vient de Dieu, et accueillons déjà ce que Dieu a préparé pour ceux dont il est aimé.

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