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HOMELIE

01 novembre
année 2021-2022

TOUSSAINT 2022
Ap 7, 2-4. 9-14 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12a
Homélie du Père Abbé Luc

Frères et sœurs, Sur fond de menaces de guerre généralisée qui confinerait à la folie et qui entrainerait un désastre pour l’avenir de l’humanité, comment entendre ces paroles de Jésus, les béatitudes ? Par leur caractère plein d’humanité et d’espérance veulent-elles nous endormir ou nous bercer dans un rêve doux et paisible ? Ou alors, veulent-elles nous dire quelque chose de fort et de profond pour affronter ce temps de crise ?
En effet, on a peut-être trop tendance à entendre ces paroles de Jésus en privilégiant celles qui nous semblent plus acceptables, et qui font entrer dans une dynamique spirituelle : heureux les pauvres de cœur, heureux les doux, les artisans de paix, les miséricordieux…. Mais on laisse en second plan, voire on oublie les autres : heureux ceux qui pleurent, heureux ceux qui ont faim et soif de justice, les persécutés pour la justice, heureux serez-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute, si l’on dit toute sorte de mal contre vous à cause de moi…. Ces béatitudes sont plus difficiles à entendre. Elles nous dérangent. Nous préférons les oublier si nous ne sommes pas affrontés à ces oppositions ou difficultés. Nous ne voulons pas trop de ce bonheur-là. Mais ne risque-t-on pas alors de passer à côté de la compréhension profonde de ces paroles de feu ? En effet, ces dernières béatitudes, plus rugueuses, et qui achèvent les paroles de Jésus, ne sont-elles pas celles qui donnent le ton à l’ensemble ? Les béatitudes ne s’entendent peut-être vraiment bien que si l’on a en arrière fond l’ensemble de la vie et de prédication de Jésus, puis après lui celle des premiers chrétiens à qui écrit l’évangéliste Matthieu, qui ont dû faire face à la contradiction, une contradiction qui peut conduire à la mort. C’est sur ce fond d’opposition et de persécutions, que Jésus propose les béatitudes, comme pour nous suggérer que là se révèle plus profondément la voie du bonheur. Se faisant, fait-il autre chose que d’offrir les repères de son propre bonheur, de Fils du Père ? Face aux contradictions, il est resté pauvre de cœur, sans répondre ; il a été doux en refusant l’usage de la force, il a été miséricordieux vis-à-vis de ceux qui l’on abandonné…. Il a fait œuvre de paix. Il a pleuré sur Jérusalem endurcie. Jésus a fait l’expérience d’un bonheur en creux, non accompli…qui l’a tenu tout entier, tourné en espérance vers son Père jusque sur la croix. Sans se départir de l’amour pour les hommes, les mains vides et impuissantes, le cœur orienté vers son Père, Jésus a ouvert ce chemin de bonheur qui a trouvé toute son expression dans sa résurrection des morts. Avec elle, le Royaume est désormais ouvert à tous ceux qui le suivent.
Frères et sœurs, en ce temps de crise, les béatitudes peuvent nous conforter, nous chrétiens. Elles nous entrainent à mener le bon combat, celui de la foi, de l’espérance et de la charité. Le combat de la foi : nous croyons que Jésus, l’Agneau, est vainqueur du mal et toute ces tendances mortifères qui traversent nos sociétés, notre humanité, et notre propre cœur. Nous croyons qu’Il nous délivre des emprises du mal. Le combat de l’espérance : face à notre monde fini, face à la mort, nous croyons que nous, pèlerins sur cette terre, nous gagnerons un jour la patrie céleste, comme nous le prierons en fin de célébration. Le Dieu de la vie nous prendra dans sa Gloire. Nous tendons aves cette plénitude du bonheur. Le combat de la charité. En ces temps où nous menace le découragement face à notre impuissance devant les graves dangers qui nous menacent, il nous faut mener le combat de la charité. Alors qu’est grand le danger du repli sur soi, sur son petit pré carré, en quête de sécurité et de bienêtre, il nous faut lutter pour demeurer ouvert, accueillant aux autres. Ne nous laissons pas gagner par la désillusion…ou l’égoïsme. La douceur, la paix, la miséricorde, la justice attendent des ouvriers qui fassent entrevoir que l’absurdité n’est pas le dernier mot de notre réalité humaine. Comme le Christ, avec Lui, en Lui, par Lui, aimons. Le monde a besoin de cette modeste mais nécessaire lumière que tous nous pouvons offrir là où nous sommes.

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