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HOMELIE

04 septembre
année 2021-2022

Année C – 23° dimanche du Tps Ordinaire – 4 sept 2022
Sag 9 13-18 ; Philémon 9-17 ; Luc 14 25-33
Homélie de Mgr Louis Portella – évêque émérite de Kinkala (Congo-B)

Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple » Luc 14,26

Chers frères et sœurs, Préférer le Seigneur à tout, même à mes relations familiales, même à moi-même, pour être son disciple, il faut reconnaître combien de telles conditions sont vraiment difficiles, voire même trop exigeantes. Certains seraient même tentés d’avouer qu’elles sont inhumaines (d’autant plus que dans certaines versions, c’est le verbe « haïr » qui est utilisé à la place de « me préférer à »).
Jésus, en effet, nous donne l’impression d’ébranler les relations familiales qui, de manière générale, sont les relations humaines les plus chères, car c’est par elles que chacun de nous s’est laissé façonner, s’est laissé structurer.
D’autre part, les deux paraboles proposées, celle du bâtisseur d’une tour et celle du roi qui va affronter son ennemi, nous invitent à ne pas prendre à la légère la décision de suivre le Christ, d’être son disciple de ce qu’elle doit couter, à savoir : porter ma croix, renoncer à ce qui m’appartient etc.

Mais on peut et on doit même poser cette question : Pourquoi de telles exigences aussi dures, pour être disciples du Christ ?
Pour y répondre, nous osons affirmer qu’une telle question nous met en demeure de prendre conscience du mystère de « l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ » Rom 8.39) En effet, « Dieu est Amour » (1 Jn 4.8) , comme l’affirme l’apôtre Jean dans sa première lettre.
Et c’est toujours le même Jean qui, dans son évangile, rapporte les paroles de Jésus dans son entretien avec Nicodème : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son Fils Unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3.16)
Or, c’est cet amour divin dont Jésus a témoigné en donnant sa vie pour le salut du monde, particulièrement à l’heure de la Croix, « Heure en laquelle, déclare le Pape François dans son Encyclique « Lumière de la Foi », « resplendissent la grandeur et l’ampleur de l’amour divin » (n°16)
Ainsi donc, la « logique de la Croix », c’est l’expression même de la « logique de l’Amour » et Lui-même Jésus s’est présenté comme celui qui « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10.45)
Et en donnant à ses disciples un « nouveau commandement » à savoir, « vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés, il a immédiatement ajouté : « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn15 12-13)
C’est encore lui, Jésus, qui s’était présenté comme le « Bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10.11)

Or le pape saint Jean-Paul II, dans l’exhortation Apostolique, publiée suite au synode sur le mariage et la famille » en 1981, avait affirmé dans l’introduction, en reprenant le récit de la Création du livre de la Genèse (Gen 1.27), que « Dieu a créé l’homme à son image, à l’image de Dieu, il le créa » Or « Dieu est amour », selon l’affirmation de st jean dans sa première lettre (1Jn 6.8). Ainsi, conclut-il « l’amour est donc la vocation fondamentale et innée de tout être humain » (Familiaris Consortio n°11)
Ainsi donc, l’homme, de manière générale, ne peut véritablement s’épanouir, ne peut s’accomplir en profondeur qu’en essayant de vivre selon la logique de l’amour qui s’exprime, de manière éminente, dans le fait de donner sa vie pour les autres. Et c’est dans cette logique de l’amour poussé jusqu’à l’extrême dont a témoigné Jésus (Cf Jn 13.1) que se situe la condition d’un véritable disciple.

Renoncer à tout, porter sa croix, c’est pour aimer comme Jésus a aimé ; c’est donc le chemin de l’accomplissement de soi, puisque telle est la vocation de l’homme, « vocation innée et fondamentale » (Cf St Jean-Paul II)
Ainsi les relations familiales, qui sont les relations humaines les plus chères, ne peuvent pas, ne doivent pas empêcher, ni freiner une personne dans son élan d’amour à la suite du Christ.
Préférer le Christ à tous et à tout, voilà le chemin le plus sûr de l’accomplissement total de la personne humaine.

Oui, Chers frères et sœurs, être disciples du Christ, suivre le Christ, c’est un choix exigeant, difficile, certes ; mais c’est le choix par lequel chacun de nous peut se réaliser selon « sa vocation innée et fondamentale » sa vocation à l’amour.
C’est cette grâce que nous pouvons demander au Seigneur dans notre célébration. Amen

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