Textes spirituels

Règle de saint Benoît

Commentaires sur
la Règle


Homélies

Méditations

Références bibliographiques



Formations, stages


HOMELIE

15 août
année 2021-2022

ASSOMPTION 2022
Ap 11,19a, 12, 1-6a.10ab; 1 Co 15, 20-27a; Lc 1, 39-56
Homélie du Père Abbé Luc

Ces jours-ci, comme chaque année, se déroule à Lourdes, le pèlerinage national à Marie. Pour cette édition 2022, il a pour thème : « avec Marie, devenons témoins de l’espérance » … Oui, frères et sœurs, cette fête de l’Assomption voudrait nous conforter dans l’espérance pour la partager à notre monde qui en a tant besoin. Que veut dire, devenir avec Marie témoins de l’espérance ? Et quelle est notre espérance ? En regardant Marie en ce jour de fête, nous espérons que le mal et la mort n’auront jamais le dernier mot, nous espérons que notre vie terrestre sera toute entière glorifiée dans la vie divine, et nous espérons que notre corps et notre âme seront définitivement unis.

Je voudrais reprendre ces trois points.
Le mal et la mort n’auront jamais le dernier mot. Notre foi au Christ ressuscité nous assure de cette vérité, lui qui, lors de son retour, anéantira son dernier ennemi qu’est la mort. L’assomption de Marie nous le confirme. Comme la lecture de l’apocalypse le décrit de manière imagée, la femme, figure de Marie, a été fortement associée et éprouvée dans cette lutte contre le dragon figure du mal et de la mort. Ainsi Marie, au pied de la croix, a-t-elle pu être fortement déchirée devant la mort de son fils. Lui le Messie annoncé, semblait submergé par la mort. Marie a tenu bon, elle est restée debout. Etre avec elle témoin de l’espérance, n’est-ce pas nous aussi tenir bon, debout lorsque les puissances de mort et les sirènes destructrices semblent crier plus fort ? La parole de Mgr Saliège donnée courageusement à temps et à contre temps, le 13 août 1942, pour s’insurger contre la violence faite aux juifs, est un beau témoignage d’espérance. Il nous laisse un bel exemple de cette détermination face aux forces du mal qui défigurent n’importe quel être humain. Ou que nous soyons, lorsque nous nous positionnons aux côtés de celui qui est maltraité, méprisé, abandonné ou simplement laissé dans l’oubli comme un frère malade ou un ancien tout proche, nous témoignons que le mal et la mort n’auront jamais le dernier mot.
En regardant Marie, nous espérons que notre vie humaine dans sa simplicité sera glorifiée dans la vie divine. Avec elle, nous parviendrons à la gloire de la résurrection comme nous le demanderons dans l’oraison finale. Ce mot de gloire sonne peut-être étrangement à nos oreilles tant nous en pressentons la forte ambigüité. Si ce mot peut évoquer un resplendissement, ou un grand éclat de lumière en Dieu, sans bien savoir, nous pressentons qu’il s’agit de bien autre chose que nos succès ou nos grandeurs humaines. La gloire promise vient plutôt renverser l’ordre établi de nos hiérarchies de valeurs. « Il renverse les puissants de leur trône il élève les humbles, il renvoie les riches les mains vides et comble de biens les affamés… » avons-nous entendu dans l’évangile. Comme le suggère l’étymologie du mot gloire en hébreu, la gloire désigne ce qui a du poids…ce qui pèse… Qu’est-ce qui pèsera vraiment devant Dieu ? Tout l’évangile nous le dit : l’amour donné, les biens partagés et non pas jalousement conservés, une vie offerte. Ainsi Marie n’a rien fait d’éclatant. Sa vie a été la plus ordinaire qui soit, celle d’une mère de famille. Mais sa vie a eu le poids de l’amour et de la fidélité à la parole entendue. Elle ne s’est jamais départie de son oui initial donné à la parole de l’ange. Avec Marie, nous devenons témoin d’espérance lorsque nous donnons du poids au quotidien le plus ordinaire, lorsque nous soignons nos relations, nos gestes de tous les jours. Par ce soin, par cet amour par cette patience offerte, nous pressentons que rien de l’ordinaire des jours ne sera perdu parce qu’il est chargé d’amour…
Enfin, avec Marie, nous espérons que notre âme et notre corps seront unis dans la vie à venir. Dans la grâce de Jésus Ressuscité, Marie n’a pas connu la corruption du tombeau. « Commencement et image de ce que deviendra l’Eglise en sa plénitude », comme nous le chanterons, nous entrevoyons avec les yeux de la foi la profonde unité de notre être dans la vie à venir. Cette espérance est une précieuse lumière contre toutes les méprises vis-à-vis de notre être humain, profondément uni âme, corps et esprit. Elle nous redit la beauté incomparable de toute personne humaine depuis sa conception jusqu’à son dernier souffle. Entre l’écueil du mépris du corps et celui de l’oubli de l’âme, cette espérance nous redit combien l’unité de notre personne humaine sans cesse recherchée dès ici bas est promise à une plénitude. Avec Marie qui en son corps a été temple, demeure du Verbe, le Dieu Très Haut, nous pouvons devenir témoin de l’espérance que nos corps eux-mêmes temple de l’Esprit Saint, sont promis au partage de la vie divine. Dans notre manière de prendre soin de notre corps, nous manifestons sa noble destinée. Il ne s’agit pas de l’idolâtrer comme s’il était sa propre fin, mais en prendre soin pour tendre de tout notre être vers les réalités d’En Haut. Et lorsque notre corps peu à peu est dessaisi de sa propre vitalité, offrons-le. Nous serons témoins d’espérance lorsque nous résistons à l’amertume ou au découragement face à la maladie ou la perte de nos facultés, au dépit qui enferme sur soi. Avec tout notre être grandissons dans le désir d’être tout à Dieu…. Comme nous le prierons dans quelques instants, « que l’Esprit Saint fasse de nous une éternelle offrande à ta gloire, pour que nous obtenions un jour l’héritage promis, avec tes élus, en premier lieu la bienheureuse Vierge Marie… »

Retour à la sélection...