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HOMELIE

22 décembre
année 2019-2020

Année A - 4e dimanche de l’Avent - 22 décembre 2019
Isaïe 7, 10-16 ;Romains 1, 1-7; Matthieu 1, 18-24
Homélie du F.Ghislain

Nous nous préparons à fêter Noël dans des circonstances difficiles, qui vont mettre un certain climat de tristesse, sinon d’amertume à nos célébrations. En fait, ces sentiments pénibles viennent du fait que les circonstances nous touchent aujourd’hui de près. Si tout allait bien chez nous, nous serions plus sereins, mais à condition d’oublier que cela va mal ailleurs. Dans les évangiles lus à la fin de l’année liturgique qui vient de se terminer, nous avons entendu le récit des signes dramatiques qui accompagneront la venue du Seigneur. Quand nous voyons la marche houleuse aujourd’hui de toutes les parties du monde, parfois nous nous disons : « mais qu’est-ce qui manque aux catastrophes, et alors pourquoi le Seigneur ne vient-il pas ? »

Mais regardons comment les choses se sont passées pour la venue du Seigneur. Dans la première lecture, il est annoncé comme Dieu avec nous. Si nous y pensons, c’est une annonce extraordinaire, inimaginable…Or comment s’est-elle réalisée ? Une venue discrète, incompréhensible même à ceux qui en ont été les acteurs. Et quels acteurs ? un ouvrier et sa jeune femme. Et, si nous regardons la fin de l’évangile de saint Matthieu dont nous avons ici le début, nous voyons que Jésus ressuscité est apparu à un tout petit groupe d’hommes après s’être manifesté à quelques femmes. C’est à cette poignée d’êtres humains qu’il confie la mission universelle, et alors il reprend la prophétie d’Isaïe entendue au début : « je suis avec vous tous les jours ». Jésus, Emmanuel à sa naissance, Emmanuel à sa résurrection. Et dans les deux cas, une extraordinaire discrétion dans un monde aussi troublé que le nôtre. Un peu le contraire de ce qu’on aurait attendu.

S’il en est ainsi, comment pouvons-nous vivre ce Noël ? Je pense : pas autrement que les destinataires de l’annonce évangélique : celle faite à Zacharie, à Joseph, à Marie, et, à l’autre bout, celle aux disciples en Galilée...Chacun d’entre nous ne serait-il pas invité à entendre, là où il est, là comme il est : « Je te salue, François, Jean-Marie, Isabelle, Nicole… le Seigneur est avec toi », et à percevoir quelle mission lui est confiée ? Déjà, au temps des Juges, un homme parmi d’autres israélites, Gédéon, avait reçu la visite d’un ange qui lui avait dit : « Le Seigneur est avec toi », et il avait répliqué : « si le Seigneur est avec nous, pourquoi les choses vont-elles si mal ? » Et l’ange l’avait envoyé sur le champ de bataille, mais avec un contingent de soldats non pas considérable, mais au contraire toujours plus petit.

S’il en est ainsi, chacun d’entre nous, pourrait prendre un peu de temps, se recueillir seul devant Dieu, entendre dans le silence la salutation de Dieu et poser humblement la question de Marie : « comment cela se fera-t-il ? » Comment puis-je laisser éclore en moi l’Emmanuel qui s’y trouve, comment discerner, pour ma part, ce que veut dire être « Dieu avec nous » pour les hommes et femmes que je rencontre, en ce moment, en ce temps de mouvements sociaux comme on dit, mais peu à peu dans toute ma vie.

Chacun de nous aura sa réponse, s’il veut bien prendre le temps de poser la question. De toutes manières elle sera une invitation à continuer ce qui a été essentiel dans la vie de Jésus : s’il est toujours avec nous, c’est pour nous pousser à faire comme lui. Or il a sans cesse prié son Père et nous a enseigné à le faire ; puis il a sans cesse répété à ses disciples : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». S’il y ces deux choses, concrètement mises en œuvre, prière et souci des autres aujourd’hui, là où nous sommes le Royaume des Cieux sera un peu plus annoncé et établi.

Frères et sœurs, comment le monde tient-il encore debout aujourd’hui ? Nous en sommes convaincus : par ce réseau invisible mais réel et serré de ceux que le pape François appelle « les saints de la porte à côté ». Nous en connaissons quelques-uns, de ces saints ; il y en a beaucoup d’autres : dans l’Eglise catholique, certes, mais aussi dans les autres communautés chrétiennes, dans les autres religions, et parmi ceux-mêmes qui, ne croyant pas, ne peuvent prier le Père mais qu’un instinct intérieur pousse à s’engager pour les autres et le font selon leur conscience : seuls, dans des associations, en politique, dans les syndicats... cherchant non à faire triompher des idées mais à y être des instruments de paix

Ecoutons aujourd’hui la salutation de l’ange qui, bien des fois déjà, mais à nouveau aujourd’hui, nous dit que le Seigneur est avec nous, qu’une part, même minime de l’Emmanuel, nous est confiée, et désirons entendre et répondre. Rejoignons ce réseau essentiel d’hommes et femmes de bonne volonté. Cela contribuera à changer la face du monde : c’est possible car l’Esprit-Saint nous a été donné que la puissance de Dieu transfigure notre petitesse et que « le Seigneur est avec nous ». - 22 décembre 2019

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