Textes spirituels

Règle de saint Benoît

Commentaires sur
la Règle


Homélies

Méditations

Références bibliographiques



Formations, stages


HOMELIE

08 septembre
année 2018-2019

Année C - 23° Dim du Temps Ordinaire - 8 septembre 2019
Sg 9 13-18; Philémon 9-17; Luc 14 25-33;
Homélie du F.Bernard

L‘Évangile de dimanche dernier évoquait un repas pris par Jésus, chez un Pharisien, un jour de sabbat. La discussion portait sur la conduite à tenir, quand on était invité, ou quand on invitait. Mais au- delà il était avant tout question du repas messianique auquel le Seigneur nous convie tous.
Aujourd’hui, le décor a changé. Jésus a repris la route vers Jérusalem. Des foules maintenant nombreuses le suivent. Mais Jésus les prévient : il ne s’agit seulement de le suivre quelques jours, le temps d’une montée à Jérusalem, mais de devenir ses disciples. Cela c’est le travail de toute une vie.
Etre de vrais fils d’Israël, entrer dans l’alliance, les contemporains de Jésus en connaissaient très bien les exigences. Trois fois par jour, ils devaient réciter le Shema Israël : « Écoute Israël, le Seigneur est Un. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces. » (Dt 6,5)
Cela voulait dire que rien ne devait s’interposer, faire de quelque manière obstacle entre le Dieu d’Israël et son fidèle, aucune affection familiale ou conjugale, aucun bien, pas même notre propre vie. Rien.
Mais la nouveauté ici est que Jésus revendique pour lui ce qui est dit du Dieu d’Israël. Jésus est la face visible de Dieu, la face visible du Père. Lui-même nous l’a dit : « Qui me voit, voit le Père ». Qui voit Jésus voit le Père. Qui aime Jésus aime le Père.
Ainsi il s’agit d’aimer Jésus d’un amour sans partage, sans compromission. Autrement la tour en construction ne sera jamais achevée. La guerre entreprise ne sera jamais gagnée, ce combat spirituel que nous devons mener sans cesse contre toutes les sollicitations qui nous assaillent et nous dispersent.
Il s’agit de prendre sa croix. Sans doute les contemporains de Jésus connaissaient-ils le supplice de la croix, son côté infamant et les souffrances qu’il causait, car les Romains avaient l’habitude d’infliger ce supplice à ceux qui se révoltaient contre leur domination. Mais pour nous, disciples de Jésus, prendre sa croix, c’est se situer en continuité totale avec Jésus, qui lors de sa Passion a porté lui-même sa croix (Jn 19,17).
Il s’agit de renoncer à tout, pour tout recevoir de lui. Certes il se peut que la radicalité de l’Évangile nous effraie. Pourtant elle est faite pour susciter en nous la joie spirituelle. Il s’agit de faire mourir le vieil homme, pour que grandisse l’homme nouveau, créé dans le Christ Jésus. Il s’agit de pressentir, d’accueillir « ce centuple promis par Jésus, avec des persécutions dans le temps présent, et la vie éternelle dans le monde à venir » (Mc 10,30).

Peut-être convient-il de nous arrêter un moment ici sur la deuxième lecture entendue. Elle était tirée de la lettre de Paul à Philémon. Cette lettre, l’une des sept lettres attribuées sans aucun doute à l’Apôtre, n’est utilisée qu’une seule fois, aujourd’hui même, dans le cycle des lectures du dimanche réparti sur trois ans. C’est dommage, car elle est remarquable de finesse psychologique et d’intelligence spirituelle. Je ne puis que conseiller à ceux qui ne la connaîtraient pas ou mal, de prendre la peine de la lire en entier dans le premier NT qu’ils auront sous la main. Ils ne regretteront pas sa lecture.
De quoi s’agit-il dans cette lettre ? Précisément de ce centuple expérimenté par Paul et proposé à Philémon. Celui-ci a été évangélisé par Paul. Il est propriétaire d’un esclave du nom d’Onésime, qui a fui son maître, lui dérobant en plus quelques biens. Réfugié à Éphèse, il a été instruit à son tour dans la foi chrétienne par Paul, alors prisonnier dans cette ville, et s’est mis à son service. Mais Paul ne veut pas le garder mais le restituer à son légitime propriétaire, pour que celui-ci le lui renvoie librement afin de le soutenir dans sa captivité.
Mais comment Philémon va-t-il accueillir Onésime ? Comme son esclave sur lequel, selon la législation antique, il a droit de vie et de mort, et qu’il peut châtier à sa guise ? Ou bien comme un frère devenu bien aimé dans le Christ ? C’est ce que suggère Paul. Il lui demande de l’accueillir comme si c’était lui-même.
De nos jours il n’y a plus d’esclave, du moins en principe, car on pourrait en trouver sans doute en bien des parties du monde. En tout cas beaucoup de personnes ont connu ou connaissent dans leur propre pays des situations de détresse qui les ont obligées à fuir. D’autres migrants viennent dans nos pays dans l’espoir d’un avenir meilleur. Peut-on le leur reprocher ?
Bien sûr il n’est pas question de rapprocher les situations vécues au temps de saint Paul et celles d’aujourd’hui. Mais peut-être la lettre à Philémon est-elle l’occasion d’éveiller nos sens spirituels, de nous faire pressentir combien dans des situations de grande détresse, établir des relations plus humaines, plus évangiles avec ceux qui les vivent peut faire découvrir ce centuple dont parle l’Évangile ? En tout cas c’est la conviction du pape François.
« Le Seigneur nous a envoyé d’en-haut son Esprit-Saint pour nous communiquer sa Sagesse, et nous faire connaître sa volonté », disait la première lecture .

Retour à la sélection...