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HOMELIE

19 mai
année 2018-2019

Année C - 5ème dimanche de Pâques - 19 mai 2019
(Actes 14,21-27 ; Apoc 21,1-5 ; Jean 13,31-35)
Homélie du F.Guillaume

Frères et sœurs S’il fallait trouver un thème commun aux 3 lectures que nous venons d’entendre, il me semble que celui de nouveauté, conviendrait le mieux. D’ailleurs, ce thème accompagne notre prière et notre vie chrétienne tout au long du Temps Pascal, depuis l’évènement de la Résurrection du Christ, au cœur de notre foi.
Nouveauté de l’annonce du message évangélique par les apôtres Paul et Barnabé à l’occasion de leur premier voyage missionnaire en Asie Mineure, vision d’un ciel nouveau et d’une terre nouvelle, que Jean, sur l’ile de Patmos, décrit dans le livre de l’Apocalypse, don d’un commandement nouveau de Jésus à ses amis, enfin, dans le IV°évangile.
Revenons sur chacune de ces nouveautés. Et quelle en peut bien être l’actualité pour nous chrétiens aujourd’hui ?
Les apôtres Paul et Barnabé ont été envoyés pour annoncer la Bonne Nouvelle du Christ et ils ont parcouru toute l’Asie Mineure, en s’adressant d’abord à leurs frères juifs dans les synagogues, puis aux païens. De retour à Antioche, ils font leur rapport à l’église, et l’auteur du livre des Actes écrit : « ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment Il avait ouvert aux nations la porte de la foi ». La nouveauté consiste donc dans cette ouverture d’une porte : la porte de la foi dans le cœur des païens. Or pour ouvrir une porte, il faut en général une clé. Je lisais dans un commentaire de Magnificat de l’évangile de vendredi dernier, ces lignes : « un rabbin comparait l’amour de Dieu à une clé. Cette clé, ajoutait-il, sert à Dieu de trois manières : elle lui permet d’ouvrir le sein de la mère pour y faire jaillir la vie, elle lui permettra de rouler la pierre du tombeau en vue de la résurrection des morts : et entre ce début et cet accomplissement de nos existences, elle redonne au cœur enfermé sur lui-même par le mal, subi ou acté, la liberté, fruit de la miséricorde ! »
Tout envoi en mission est donc ouverture d’une porte dont la clé est l’amour de Dieu pour tous les hommes. Chaque baptisé est un disciple missionnaire à sa place, en son temps. Aujourd’hui, nous avons conscience que le monde évolue très vite et qu’il s’ouvre à des horizons très nouveaux, du fait du développement de la science et des technologies. Une nouvelle société, marquée par l’emprise du numérique et des découvertes en génétique, en intelligence artificielle et en bien d’autres domaines, s’ébauche. Comment l’évangile va-t-il la rejoindre ? Quels seront les Paul et Barnabé qui vont annoncer la Résurrection du Christ, avec Dieu, pour ouvrir la porte de la foi à nos contemporains. Les défis sont immenses et urgents.

Et si la première lecture nous place devant une nouveauté apostolique, actuelle, la seconde lecture, elle, propose une nouveauté contemplative, avec la vision eschatologique d’un ciel nouveau, d’une terre nouvelle, de la Jérusalem nouvelle qui descend d’auprès de Dieu, prête pour des noces, comme une épouse parée pour son mari. Le premier ciel, la première terre s’en sont allés ; et de mer, il n’y en a plus. Place désormais à la demeure de Dieu avec les hommes, avec ceux qui ont traversé les grandes épreuves et qui ont fait face aux persécutions, qui ont lavé leur sang dans le sang de l’Agneau. Message de consolation, de réconfort du livre de l’Apocalypse. Un message à écouter à toutes les époques et qui vaut encore pour bien des communautés chrétiennes d’aujourd’hui de par le monde. Message de grande espérance en vue du Jour du Seigneur, quand Dieu essuiera toute larme de nos yeux, quand la mort ne sera plus et qu’il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur. Alors Celui qui siège sur le Trône déclarera : « voici, je fais toutes choses nouvelles ».

Enfin, dans le passage de l’évangile que nous avons écouté, c’est Jésus qui apporte la nouveauté d’un commandement et qui en fait le don à ses amis, au cours du dernier repas qu’il partage avec eux. « Petits enfants, je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez vous les uns les autres. »

La nouveauté ici ne tient pas tant au commandement de l’amour qui était présent dans l’Ancienne Alliance et dans la Loi de Moïse. Que l’on pense aux textes du Deutéronome du Schéma Israël « tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force », et du livre du Lévitique : « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». La nouveauté de l’évangile réside dans le « comme je vous ai aimé » de Jésus. Jésus se donne en exemple, Ses paroles font suite, dans ce dernier repas, au geste surprenant du lavement des pieds de ses disciples et de cet abaissement de leur maître, à la manière d’un serviteur. « Si je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres : car c’est un exemple que je vous ai donné : ce que j’ai fait pour vous, faites-le vous aussi. » Dans ce geste à l’égard de ses amis, Jésus donnait le signe de son abaissement, qui n’était autre que celui de son amour pour eux, jusqu’à l’extrême. Un signe non pas réservé aux seuls 12 apôtres, mais en direction de toute l’humanité, comme le nouveau rituel de l’Eglise voulu par le pape François pour le Jeudi Saint, où le prêtre peut laver les pieds à des femmes et des non-chrétiens. Ce geste de Jésus si radicalement nouveau ouvre le Triduum Pascal, dans la célébration liturgique du mystère de l’abaissement du Christ, à la veille de sa Passion et de sa Résurrection. C’est ce que nous rappelait une récente mystagogie, reçue en communauté.

Il nous revient, alors, en réponse à l’écoute de ces textes et de la nouveauté qu’ils contiennent de faire passer le message de l’Evangile en nous et autour de nous. La Pentecôte approche, et c’est dans le souffle de l’Esprit Saint que nous trouverons la force et le courage de la foi et de l’espérance.
« Hommes nouveaux, baptisés dans le Christ, alléluia ! nous avons revêtu le Christ, alléluia ! Héritiers avec lui d’un royaume de lumière, nous possédons la liberté des fils de Dieu pour annoncer au monde : nous sommes au Christ, et le Christ est à Dieu. Alleluia, Alleluia ! - AMEN - 19mai 2019

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