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HOMELIE

05 mai
année 2018-2019

Année C - 3e dimanche après Pâques - 5 mai 2019
Actes, 5, 27….41 -Apoc. 5, 11-14 -Jean 21, 1-19
Homélie du F.Ghislain

A l’Eucharistie du jour de Pâques, nous avons entendu le premier récit de la résurrection selon saint Jean : à l’aube, Marie-Madeleine découvre la tombe vide et elle court prévenir deux disciples de Jésus : Pierre et cet anonyme désigné comme « celui que Jésus aimait ». Ce dernier court plus vite que Pierre, mais il n’entre pas, il laisse son ancien arriver, constater le vide et apercevoir les linges qui avaient enveloppé le corps. Puis il entre à son tour, voit les mêmes objets que Pierre et, dit le texte, « il crut ».
Ce vide et ces linceuls sont pour lui les signes de la Résurrection ; pour Pierre, ils demeurent une énigme, et tous deux rentrent chez eux. Que va-t-il se passer ensuite ?

Dans l’évangile de ce jour, nous retrouvons ces deux hommes, ensemble avec des compagnons. Ils ont pris part les deux fois à l’événement impressionnant de l’apparition du Christ. Mais que faire ensuite, sinon continuer la vie telle qu’elle était ? Ils vont donc pêcher. Comme ils n’ont rien pris à bâbord, ils suivent l’indication d’un homme qui leur crie de la plage : jetez le filet à droite. Peut-être un pêcheur comme eux qui connaît les eaux et les fréquentations du poisson… Et survient la récolte, incroyable. Le disciple que Jésus aimait réagit comme quelques jours plus tôt au tombeau : il voit les poissons et il croit : l’homme qui les a invités à jeter le filet, c’est Jésus vivant. Et cette fois, il le dit à Pierre. Aussitôt celui-ci se jette à l‘eau et il nage. Le voici arrivé sur la plage, il n’est pas loin de Jésus qui attend près d’un feu. Il ne s’est pas approché, sans doute qu’il n’ose pas : ils ne se sont pas parlé depuis le jardin des oliviers. Pierre y était prêt à se battre pour défendre Jésus contre l’arrestation imminente : il blesse un comparse et aurait accepté d’être blessé lui aussi, à mort peut-être. Mais Jésus refuse le combat, guérit le comparse et se laisse arrêter. Pierre est comme perdu : devant Jésus désarmé volontaire, il perd ses repères et, quand on se met à lui poser des questions, il prend ses distances : il ne peut pas, il ne veut pas entrer dans la Passion. Le disciple que Jésus aimait l’avait pu, l’avait voulu, il était allé au pied de la Croix de sorte que, d’emblée, sur des signes très concrets, des linges pliés, du poisson en abondance, il avait perçu la Résurrection.

Voici maintenant Pierre tout proche de Jésus. Il ne dit rien ; quand Jésus invite le groupe à apporter du poisson, c’est lui qui va en chercher. Avec tout le groupe, il mange comme il l’avait fait mainte fois durant les mois de compagnonnage. En regardant Pierre, nous pouvons comprendre un peu son attitude intérieure, son désir, son attente, son humilité aussi car il n’oublie pas le reniement. Et voici que Jésus prend l’initiative : il lui parle et lui pose la seule question qui importe, la seule peut-être que Pierre avait envie que Jésus lui pose : « M’aimes-tu ? ». Sur la base en effet de tout ce qu’il avait vécu depuis le premier appel de Galilée jusqu’à ce moment sur la rive du lac, il avait pu en effet comprendre, au-delà des mots, que le lien entre Jésus et lui était définitivement l’amour. Et il répond : « oui Seigneur, je t’aime ». Jésus peut alors le former à son image et à sa ressemblance. Comme Jésus, toujours selon saint Jean, était le Bon Pasteur, ainsi Pierre le sera-t-il. Comme Jésus a accompli sa mission de Bon Pasteur en donnant sa vie pour ses brebis, ainsi fera Pierre, le moment venu. Nous en avons un exemple dans la première lecture : Pierre annonce le message de la Résurrection et il assume tous les risques liées à l’obéissance au Père, comme l’avait fait Jésus. Mais cela n’était pas possible avant que Pierre n’aime en Esprit et en Vérité, et cet amour n’était pas possible avant qu’un itinéraire complexe n’ait été parcouru.

Pierre, le disciple que Jésus aimait : deux icônes de la suite du Christ. Nous pouvons nous réjouir de ce que, aujourd’hui, dans l’Eglise et peut-être aussi dans la foule de ceux qui ne connaissent pas explicitement l’Evangile, il y ait des hommes et des femmes qui vivent selon ces modèles. Les uns, plus intérieurs, plus profonds, qui, par l’Esprit de Dieu, comprennent tout de suite les signes de la présence de Dieu aux hommes. Les autres plus spontanés, mais plus à la surface, que la vie, peu à peu, enseigne sur les signes des temps. Entre les deux, il y a une multitude de figures, qui empruntent plus ou moins à celle du disciple que Jésus aimait et à celle de Pierre qui aimait Jésus. Nous pourrions peut-être nous demander : et moi, où suis-je là-dedans, où sont ceux avec qui je vis quotidiennement ? Comment vivons-nous la Résurrection, comment nous est-elle annoncée, comment l’annonçons-nous ?

Alors l’Evangile deviendra pour nous lumière, force et sérénité, et nous contribuerons au salut des hommes. - 5 mai 2019

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