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HOMELIE

20 avril
année 2018-2019

VIGILE PASCALE 20.04.2019
Rm 6, 3-11 ; Lc 24,1-12[br Homélie du Père abbé Luc

Frères et sœurs, « Ces propos leur semblèrent délirants»…Telle est la conclusion tirée par les apôtres à l’écoute du premier récit de la résurrection fait par les femmes. Des propos délirants… Cette réaction en dit long sur le côté ahurissant de la nouvelle. Pierre va quand même voir au tombeau d’où il revient tout étonné. A ces hommes encore blessés, et par ce qu’on a infligé à leur maitre, et par leur propre désertion, il ne s’agit pas de leur en raconter. Surtout pas de nouvelles illusions. A cette heure, il leur est impossible de croire.
Cette réaction des disciples nous replace devant l’énormité de la foi que nous confessons. La foi est un mystère, c’est-à-dire qu’elle nous enveloppe et nous fait vivre sans que l’on sache toujours bien dire comment. Pourquoi je crois ? Nous ne savons pas toujours bien en rendre compte. Dans une même famille, pourquoi je crois et pas mes frères et sœurs ? En qui, en quoi je crois ? Nous ne cessons de l’approfondir et de le chercher. Car la foi ne se réduit pas à un contenu doctrinal. Ce même mystère de la foi peut me faire poser encore d’autres questions : pourquoi aussi parfois je doute ? Parce que je me sens seul de mon espèce face à l’indifférence généralisée ? De quoi, de qui je doute ? De la cohérence du message de la foi ? Du Christ, de Dieu ou de moi-même ?
Ce récit de l’annonce de la résurrection au matin de Pâques, nous permet de revenir à la source de notre foi, sans crainte, sans honte non plus pour nos pas chancelants ou pour nos propos bredouillants… Sur le chemin de la foi, il y a place aussi pour cela. Car la foi nous demande d’affronter le manque, le vide du tombeau. Et ce n’est pas facile. Au début du récit, nous voyons les femmes désemparées, car elles ne trouvent plus le corps de Jésus qu’elles venaient honorer. La foi nous entraine à aller au-delà de ce que nous aimerions maitriser, au-delà de ce que nous connaissons déjà. Le Christ ressuscité se présente à nous, aujourd’hui encore, toujours plus grand, que nous ne pouvons l’imaginer et souvent ailleurs, en Galilée, aujourd’hui on dirait « aux périphéries ».
Et en même temps comment rendre compte de l’inouï de cet évènement de la résurrection ? L’ange qui apparait aux femmes se fait pédagogue. Il rapporte les propres paroles de Jésus qui avait annoncé sa passion et sa résurrection. « Rappelez-vous » leur dit-il… Et les femmes se rappelèrent. En faisant ainsi mémoire, elles peuvent accueillir l’inouï dans son surgissement éblouissant. N’est-ce pas ce que nous avons fait jusqu’à maintenant en cette vigile ? Nous avons fait mémoire de la longue histoire de Dieu avec son peuple. Une histoire de vie tellement accompagnée par le Dieu fidèle qu’elle ne peut se résoudre à buter sur la mort. La résurrection de Jésus, le Messie attendu, était déjà en germe, et en figure dans toutes les interventions divines depuis la création, en passant par Abraham, Moïse et tous les prophètes. Le Dieu des Vivants préparait la révélation du Vivant. Faire mémoire des actions de Dieu va nourrir et éclairer notre foi. Cela nous invite à saisir toutes les occasions qui nous sont offertes pour cultiver l’intelligence de la foi.
En venant cette nuit, nous désaltérer aux sources de la foi, nous avons demandé dans une oraison que le Seigneur ravive en nous l’esprit filial, celui reçu à notre baptême. En renouvelant dans quelques instants nos promesses baptismales, nous nous rappellerons que notre foi est engagement. Même dans le clair-obscur du croire, nous pouvons découvrir qu’une force nous est donnée dans l’engagement. Elle nous est même toujours promise au fur et à mesure que nous prenons au sérieux notre relation filiale avec Dieu le Père et son Fils Jésus. La foi qui s’engage fait grandir la foi.
Oui, frères et sœurs, en cette nuit, laissons-nous fortifier dans la foi. Laissons le Christ Ressuscité, accueilli en sa Parole et en son Corps et son Sang, faire naitre quelque chose de nouveau dans notre vie.

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