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HOMELIE

18 avril
année 2018-2019

JEUDI SAINT - 18.04.2019
Ex 12, 1-8.11-14 ; 1 Co 11,23-26 ; Jn 13, 1-15
Homélie du P.Abbé Luc

Frères et sœurs, Au début de cette célébration, nous avons prié ainsi avec l’oraison : « ton Fils unique, avant de se livrer lui-même à la mort, a voulu remettre à son Eglise, le sacrifice nouveau de l’Alliance éternelle ». Déjà, dans la première alliance, Moïse avait transmis des instructions précises pour accomplir le rite du repas pascal. Ainsi le peuple célèbrerait le mémorial du passage du Seigneur préservant son peuple de la mort, et le sauvant des eaux. Ce soir, au cours du repas pascal, Jésus laisse désormais à ses disciples, le sacrifice nouveau, le mémorial de son propre sacrifice, en un double geste : d’un côté l’offrande de son corps et de son sang, dans le pain et le vin, et de l’autre le lavement des pieds, signe de son abaissement à notre service. Quand l’Eglise fait mémoire de ce double geste, particulièrement ce soir, elle accueille pour elle-même et pour toute l’humanité « le sacrement de l’amour » de Dieu. Elle devient alors témoin de « l’Alliance éternelle » que Dieu désire nouer avec l’humanité. Je suis conscient en prononçant ces mots, de dire des réalités chargées de sens. Car la lumière de la foi nous laisse entrevoir, à travers des signes simples, une profondeur insoupçonnée. Elle nous donne de comprendre ainsi combien notre humanité n’est pas laissée à elle-même. Elle n’est pas abandonnée au non-sens de la mort et du mal. Elle est accompagnée. Depuis Moïse, le petit peuple des croyants d’Israël porte cette espérance. Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, l’aime et lui ouvre des passages, des chemins de vie. Avec Jésus, le Dieu de Moïse poursuit son œuvre d’alliance. Scellée en un pacte, celui du sang versé de Jésus, « l’alliance nouvelle » nous donne d’oser nous tenir avec confiance, devant notre Dieu, comme devant un Père. Avec Jésus, mort et ressuscité, et en Lui, s’est nouée une relation unique entre le ciel et la terre, entre Dieu et les hommes. En célébrant l’eucharistie, l’Eglise donne à chacun accès à cette relation de vie et d’amour.
En méditant et en célébrant ce mystère d’alliance ce soir, il nous est proposé de tendre simplement nos pieds au Seigneur Jésus pour qu’il les lave. Quelques-uns d’entre nous le ferons tout à l’heure au nom de tous. Etre disciple de Jésus, c’est cela d’abord : lui présenter nos pieds, et tout notre être pour qu’il le purifie. Avant de songer à ce que nous devons faire, il est bon de consentir à reconnaitre notre profonde incapacité à faire le bien par nous-mêmes. Au début de chaque eucharistie, n’est-ce pas ce même mouvement par lequel nous nous disposons à accueillir la vie, en nous reconnaissant pécheur… Nous nous présentons comme ayant besoin d’être sauvés. En ce soir d’avril 2019, avec toute l’Eglise, nous pouvons nous tenir là plus conscients de notre faiblesse. Nous tenir là avec les membres du Corps du Christ, nos frères qui ont gravement blessé, et leurs frères et soeurs plus vulnérables, et le corps ecclésial tout entier, discrédité dans la confiance qu’on lui porte. Avec toute l’Eglise, avec les personnes blessées et ceux qui ont blessé, mettant notre assurance dans la miséricorde du Christ, laissons-nous laver et régénérer… Et entrons ensemble dans une nouvelle attitude faite d’humilité, de vigilance, de respect et de vérité en tous nos rapports humains. Sauvés par le Christ, lavés et purifiés par lui, déjà nous pouvons nous mettre au service de nos frères. « Si moi, le Seigneur et le Maitre, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns des autres ». Ce service sera souvent caché. Il n’aime pas la publicité. Appelé à grandir en vérité et générosité, il ne connait pas de limitation. En ce domaine, comme en bien d’autres, à la suite de St Antoine le moine du désert, nous pouvons dire : « aujourd’hui, je commence ». Dans le don de nous-mêmes, pas possible de capitaliser pour se reposer sur ses acquis… Alors, aujourd’hui, comme le Christ et avec lui, je m’incline vers mes frères pour les servir. Avec Lui, je fais alors de ma vie un sacrifice nouveau. Avec Lui et en Lui, je deviens un maillon vivant de l’Alliance éternelle qui se noue entre Dieu et l’humanité.  

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