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HOMELIE

17 mars
année 2018-2019

Année C - HOMELIE du 2ème dimanche Carême – 17/03/2019
(Genèse 15,5-18 ; Philippiens 3,17-4,1 ; Luc 9,28-36
) Homélie du F.Guillaume

Frères et sœurs, Chaque année, au second dimanche du Carême, la liturgie de l’Eglise nous donne à entendre le récit de la Transfiguration de Jésus sur la Montagne, dans l’un ou l’autre des évangiles synoptiques. Aujourd’hui, en année C, Saint Luc nous entraîne dans cette contemplation, qui est une anticipation du mystère pascal de la Passion et de la Résurrection du Christ. Arrêtons-nous un instant, si vous le voulez bien sur quelques détails propres à cette version lucanienne, pour en tirer éventuellement quelque profit spirituel sur notre route vers Pâques.
« Jésus prit avec lui, Pierre, Jean et Jacques et il gravit la montagne pour prier ».
Luc est le seul à mentionner cette prière de Jésus. A de nombreuses reprises dans son évangile il nous montre Jésus priant, surtout à l’occasion d’évènements importants : lors du baptême dans le Jourdain, avant le choix des 12 apôtres, avant de leur apprendre le Notre Père, et surtout au moment de Sa Passion à Gethsémani et sur la Croix. En quoi consiste cette prière de Jésus dans ce récit de la Transfiguration ? Dans un premier temps, il s’agit d’une conversation, d’un entretien avec Moïse et Elie, à propos d’un départ, d’un « exode » (selon le terme en grec) que Jésus doit accomplir à Jérusalem. Les 3 disciples assistent à cette conversation, mais ils sont surtout impressionnés par l’effet de la prière sur le visage de leur Maître et sur ses vêtements. La Gloire de Dieu rayonne d’un éclat éblouissant sur les 3 personnages. Dans ce premier temps, le texte ne dit pas que les apôtres sont saisis de crainte, mais qu’ils sont plutôt accablés de sommeil, comme ils le seront à nouveau à Gethsémani, à l’heure de la Passion et de la prière d’agonie de Jésus.
Eveillés cependant, ils voient, ils contemplent. Pierre essaie bien de parler, de balbutier, mais il ne sait pas trop ce qu’il dit. Ils se sentent pourtant plutôt bien, et Pierre voudrait prolonger la situation en installant des tentes.
C’est alors que le texte entre dans un second temps de la prière de Jésus. Une nuée recouvre la montagne, tous les personnages y pénètrent et une grande crainte, cette fois-ci, saisit les apôtres. Au cœur de la prière, une voix venue du Ciel se fait entendre et lance les mêmes paroles (ou des paroles très voisines) que celles qui avaient été prononcées au jour du baptême dans le Jourdain : « Celui-ci est mon Fils, Celui que j’ai choisi. Ecoutez-le ! » Après la conversation entre Jésus, Moïse et Elie, après les balbutiements de Pierre, après cette Voix venue du Ciel, la prière se fait alors silence. Les disciples vont garder au fond de leur cœur ce qu’ils ont vu, dit le texte, et aussi ce qu’ils ont entendus, et ils vont méditer cet évènement sans le comprendre, tout comme Marie gardait en son cœur les évènements entourant la naissance et la croissance de son enfant, à Bethléem et à Nazareth.
Un autre trait caractéristique de Saint Luc dans ce récit de la Transfiguration c’est la référence délibérée à l’Ancien Testament et au livre de l’Exode, qui estdavantage soulignée qu’en Matthieu et Marc. En effet le départ que Jésus doit accomplir à Jérusalem est présenté par l’évangéliste, comme le nouvel Exode, la nouvelle Pâque, de la Mort et de la Résurrection du Christ. La mention des tentes par Pierre, la présence de la nuée qui recouvre la montagne, la Gloire de Dieu qui repose sur les personnages, l’aspect du visage rayonnant de Jésus, rappelant celui de Moïse descendant du Sinaï, après le don de la Loi. Tous ces détails veulent souligner l’inscription de la mission du Christ dans l’histoire du salut. Les temps sont accomplis : Jésus est le Fils bien-aimé, qu’il faut désormais écouter, regarder et suivre. Il est le nouveau Moïse, le Messie, le sauveur annoncé par les prophètes et les saints de l’Ancienne Alliance.
Alors, frères et sœurs, que retenir de ce récit pour nous aujourd’hui, sur notre chemin de Carême ? Il nous faut l’accueillir comme un texte d’espérance, de consolation pour notre foi, si jamais comme l’exprime l’épitre aux Hébreux : « la foi est le moyen de posséder déjà ce que l’on espère, et un moyen de connaître ce que l’on ne voit pas ». La Gloire que possède Jésus, dès avant sa Résurrection est une Gloire qu’il partage avec tous ceux qui sont admis au monde à venir. Saint Paul le dit aux corinthiens, en évoquant le voile dont se protégeait Moïse pour se couvrir le visage qui rayonnait d’une gloire passagère. Avec le Christ, le voile qui recouvrait la lecture des Ecritures de l’Ancien Testament, tombe. « Et nous tous qui, le visage découvert, reflétons la Gloire du Seigneur, nous sommes transfigurés en cette même image, avec une gloire toujours plus grande, par le Seigneur qui est Esprit. »
Il nous est arrivé peut-être dans nos vies de rencontrer des personnes rayonnantes d’amour et modèles de prière. La tradition orientale met en avant bien des exemples de staretz, ces « pères spirituels », aux visages déjà transfigurés de la gloire de Dieu. Avons-nous assez de foi pour croire que nous, chrétiens, sommes appelés à être ces témoins de la Résurrection du Christ, de la Gloire de Dieu, pour notre monde et dans notre entourage ? Sommes- nous convaincus que la Voix venue du Ciel s’adresse aussi à chacun de nous : « Tu es mon fils, mon bien-aimé. Je suis ton Père, et en toi, j’ai confiance. Reste à l’écoute de Jésus et va vers tes frères leur annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile » AMEN - 17 mars 2019

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