Textes spirituels

Règle de saint Benoît

Commentaires sur
la Règle


Homélies

Méditations

Références bibliographiques



Formations, stages


HOMELIE

24 février
année 2018-2019

Année C - 7e Dimanche ordinaire, - 24 février 2019
2 Sam. 26, I Cor. 15, 45-49 Luc 6, 27-38
Homélie du F.Ghislain

Nous venons d’écouter et d’entendre un évangile au cours de la liturgie. Cela veut dire que le Christ est présent aujourd’hui, maintenant : lui-même nous dit ces choses-là, à nous qui sommes ici. Comme les disciples ou simplement les gens qui l’écoutaient, nous avons tous des contentieux avec certaines personnes : il y en a qui ne nous aiment pas, éventuellement qui parlent mal de nous ; peut-être sommes-nous en butte à la calomnie et, en tous cas, à la médisance ; plus rarement (mais rien n’est impossible) nous avons été agressés physiquement ; enfin nous pouvons avoir été victimes d’indélicatesses, voire davantage, en ce qui concerne nos biens : ce que nous avons et qu’on nous prend injustement, ce qu’on ne nous donne pas alors que nous y avons droit. Jésus nous invite, dans tous ces cas, à ne pas résister, à perdre, et même, un peu plus, à aimer les personnes qui nous font ces torts.
Afin que les choses soient claires, Jésus les reprend du côté non de ce nous subissons mais de ce que nous faisons. Ici encore, il faut donner à perte, sans espoir de retour, de compensation, de reconnaissance. Des dons sans réciprocité attendue. Comment est-ce possible ?
La raison enfin que Jésus donne est-elle convaincante ? Il nous faut imiter Dieu qui, dit-il, est « bon pour les ingrats et les méchants ». Mais cela même a quelque chose de choquant : s’il y a quelque chose, en effet, qui met en question notre foi et empêche beaucoup de gens de croire, c’est justement l’inaction de Dieu devant le mal. Comment Dieu n’empêche-t-il pas tout cela ? Pourquoi laisse-t-il faire ? Comment est-il continuellement en situation de non-assistance en personne en danger ?

Mes frères, ces choses-là sont vraiment dures à écouter et à vivre. Nous pouvons être tentés de ne pas les entendre et de sortir de cette chapelle comme si nos oreilles avaient été bouchées. Sinon, comment faire ? Je vous offre quatre suggestions.
Il faudrait peut-être entendre Jésus nous parler lui-même ? Le ton de sa voix, la ferme douceur de son visage, la profondeur de son regard… Jésus sait de quoi il parle, lui-même est en butte à ces hostilités. Dans le recueillement, écoutons-le, afin de faire naître un peu en nous l’envie d’aller dans la direction qu’il indique. On ne fait pas le bien sans désir : reçue de Jésus, une parole même dure peut provoquer le désir.
Il faudrait aussi nous rendre attentifs à l’Esprit de Jésus qui nous a été donné et par lequel la Parole devient un souffle qui anime. Saint Paul dit de la Loi juive : « La lettre tue, mais l’Esprit vivifie ». Saint Augustin, repris par saint Thomas d’Aquin, dit que même la parole évangélique peut tuer, si elle n’est pas reçue dans l’Esprit. Il ne s’agit pas d’appliquer littéralement ce qui est écrit en général et pour tous. Il faut demander à l’Esprit de mettre en nous une sensibilité évangélique, qui nous fera comprendre, dans la forêt de nos contentieux, comment réagir chrétiennement et nous donnera le discernement et la force de le faire. Dans cette sensibilité évangélique, il y a ce que notre texte appelle le pardon, qui avant tout geste ou toute démarche concrète, crée en nous l’attitude intérieure juste.
Puis, dans certains cas plus difficiles, plus urgents, il est bon d’en parler discrètement afin d’être éclairé par la vision qui vient d’autrui : entre époux, entre deux frères d’une communauté, avec un ami fidèle.
Enfin, nous ne devons pas oublier que nous sommes aussi parfois, volontairement ou non, du côté des méchants. La dureté de jugement, la médisance, la calomnie, l’indélicatesse, - tout cela a parfois fait partie de nos sentiments, de nos attitudes, de nos comportements. Il ne s’agit pas de s’auto-flageller, mais de garder le sens de nos limites.

Il me semble que, si nous essayons humblement de réagir de la manière que je viens de vous esquisser, nous arriverons à la paix du cœur, Je veux dire à quelque chose comme : « dans cette conjoncture difficile, je crois humblement que je ne peux pas faire mieux », donc je continue et je laisse à Dieu de diriger les choses. « Les âmes des justes sont dans la main de Dieu, dit l’Ecriture, qui dit aussi que le Seigneur fait briller son soleil aussi sur les injustes ». Alors nous pouvons demeurer en paix. - 24février 2019

Retour à la sélection...