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HOMELIE

10 février
année 2018-2019

Année C - 5° dimanche du TO - 10 févier 2019
Is 6 1-6 ; 1 Co 151-11; Luc5 1-11
Homélie du F.Hubert

« Quiconque écoute mes paroles et les met en pratique, ressemble à celui qui construit une maison en posant les fondations sur le roc. » Lc 6, 47 « Heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! » 11, 28 Nous savons combien saint Luc insiste sur l’écoute de la Parole de Dieu et sa mise en pratique :
Il met un bel exemple sous nos yeux dans la page que nous venons d’entendre. « La foule se pressait autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu », « Sur ta parole, je vais jeter les filets. »
Pierre prend le relais de ceux qui l’ont précédé dans le récit de Luc. A Zacharie incrédule, l’ange Gabriel avait répondu : « Tu seras réduit au silence, parce que tu n’as pas cru à mes paroles. » A l’inverse, Marie s’était toute entière livrée en disant : « Que tout m’advienne selon ta parole. » Pierre maintenant répond à Jésus : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. » Le pêcheur, qui n’a rien pris au cours de la nuit, alors qu’il connaît son métier, donne foi à la parole du charpentier de Nazareth, parfaitement incompétent quant à la pêche. Il accueille la parole de celui qui parle avec autorité, qui chasse les esprits impurs, guérit les malades, annonce la bonne nouvelle aux pauvres, et est, lui-même, la Parole de Dieu. « Ta parole est vérité » dit le psalmiste. Pierre, fort de ce qu’il a déjà entendu et vu de Jésus, s’engage avec confiance : « Nous avons peiné sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. »

Et voici que la parole de celui qui enseigne avec autorité, accomplit ce qu’elle dit. « A Dieu, rien n’est impossible », disait Gabriel à Marie. Rien de ce qui est selon son être, selon sa vie, son amour. « Ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission. » dit Dieu par le prophète Isaïe. « Mes paroles s’accompliront en leur temps », avait conclu Gabriel avant de quitter Zacharie. Voici qu’en pleine journée, contre toute attente et toute logique, les filets se remplissent jusqu’à se déchirer, et les deux barques jusqu’à s’enfoncer.

Pierre fait alors l’expérience d’un évènement et d’une présence qui le dépassent totalement, l’expérience du mystère de l’abondance de la vie donnée par Dieu, l’expérience de la sainteté. Dans le contexte familier de sa vie quotidienne, dans cette pêche inimaginable, il rejoint l’expérience d’Isaïe, contemplant, dans une vision grandiose, le Seigneur, le Dieu d’Israël, dont la gloire emplit la terre entière : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » « Malheur à moi ! je suis perdu », s’était écrié Isaïe.

Dans la proximité de Jésus, Parole faite chair, qui se révèle être la parole même de Dieu, Pierre fait l’expérience et de la proximité et de l’altérité absolue du Dieu très saint.

Alors cette parole décisive de Jésus lui advient : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » La Parole, qui ne revient pas à Dieu sans avoir accompli sa mission, passera par lui et par chacun des disciples. Désormais, ils proclameront – et Jésus leur adjoindra saint Paul – que le Christ est mort pour nos péchés, qu’il est ressuscité, conformément aux Ecritures, et qu’en lui, nous sommes sauvés.

Leur chemin sera de faire confiance en la Parole, d’oser aller au large, persévérer dans le lancement des filets, malgré les longs temps apparents d’inefficacité, tout remettre à Dieu qui peut faire bien au-delà de ce que nous pouvons imaginer ou concevoir.

A nous, aujourd’hui, dans les frêles barques de nos vies, de l’Eglise, si cabossées qu’elles soient, de persévérer à rassembler les hommes par la parole vivante et vivifiante qu’est le Christ, pour qu’ils soient son Corps, débordant de sa vie ; à jeter les filets pas seulement dans les petites criques qu’on croit poissonneuses, mais aux périphéries, qui peuvent être aussi en nous-mêmes ; nous laisser prendre et rassembler, nous aussi, car nous sommes tout à la fois et Pierre et les poissons. Il nous faut, nous aussi, et jeter les filets et nous laisser prendre, quitter les eaux mortifères, pour suivre le Christ vivant. Cela se fait bien souvent sans que nous le sachions. Ce qui apparaît à nos yeux, comme succès ou comme échecs, est bien souvent trompeur.

« Ce sont des hommes que tu prendras » : cette parole m’a touché quand j’étais enfant. Comment s’accomplit-elle en moi ? Je ne sais pas. Le Christ m’a conduit dans la vie monastique : j’espère qu’à travers la vie qu’il me donne, il donne la vie à d’autres, et je sais bien que, moi, je suis pêché par d’autres, connus, ou la plupart du temps inconnus de moi. C’et la communion des saints, le partage dans le Corps du Christ. Que la grâce de Dieu, venant en nous, ne soit pas stérile ! - 10 févier 2019

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