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HOMELIE

11 novembre
année 2017-2018

Année B - 32ème Dimanche du temps ordinaire - 11 novembre 2018
1ere lecture : 1 Rois, 17,10-16 2eme lecture : Lettre aux Hébreux 9,24-28 Evangile selon saint Marc 12,38-44
Homélie du F.Matthieu

Au début de notre Evangile, Marc nous dit que Jésus parle "dans son enseignement", les deux parties sont donc là pour nous instruire.
Jésus, d'abord, avertit ses disciples d'éviter les attitudes ostentatoires de certains "scribes", docteurs de la Loi, "qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques, les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners". Autrement dit, la religion leur sert à se mettre en avant, elle n'a rien d'une relation gratuite et confiante avec Dieu. Ils vont plus loin, jusqu'à l'hypocrisie, dissimulant des actions mauvaises : "Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières". La religion, la Loi dont ils sont chargés, est complétement dévoyée. La suffisance et la richesse semblent avoir fermer leurs cœurs.
Mais oserons-nous nous reconnaître dans ces scribes qui ne donnaient que ce qui ne menaçait pas leurs économies et, donc, leur bien-être ? Principe de précaution ? Comme pour l’homme riche de l’évangile (Mc 10, 27-37), l’argent sert parfois à se protéger des autres, à se garantir de l’inconnu et du danger du futur, à s’assurer contre la peur du lendemain, sans plus compter sur Dieu.
Et justement, dans la seconde partie, Jésus nous invite à réfléchir sur le "superflu" et sur "l’indigence" : "beaucoup de riches mettaient de grosses sommes" dans le tronc du Temple, ils prennent "sur leur superflu", souligne Jésus. Ils ne donnent rien d'eux-mêmes en réalité, à l’inverse de la pauvre veuve aux "deux petites pièces de monnaie", qui "a pris sur son indigence et mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre". Peut-être est-ce pour cette raison qu'à Sarepta, en un temps de famine, Elie avait demandé l'hospitalité, non à quelqu'un de riche, mais à une pauvre veuve à bout de ressources, proche de mourir avec son fils, mais, en dépit de tout, comme les vrais pauvres, toujours capable de donner ? Ce don total lui vaudra de tout recevoir de la générosité de Dieu : et d’abord la vie. Notons bien que Sarepta est en territoire païen, que cette femme n'est pas une Israélite, même si, semble-t-il, elle croit au Seigneur, Dieu d'Israël : "Je le jure par la vie du Seigneur TON Dieu..." Elle n'obéit pas à la Loi, mais à son cœur, à son humanité. A travers elle, s'annonce le salut pour tous les peuples.
Quel rapport entre cette "veuve de Sarepta" qui donne de ses dernières ressources pour nourrir Elie et la "veuve" du Temple de Jérusalem dont Jésus fait l'éloge, mais dont nous ne saurons rien de plus ?
Peut-être deux choses, qui attirent justement ces éloges de Jésus : la générosité et la confiance. Car l'une et l'autre donnent tout ce qu'elles ont pour vivre. L'une se fie à la prière d'Elie, l'autre à la Loi et à l'amour de Dieu. Toutes les deux en fait donnent leur vie parce qu’elles font confiance à l’Autre.
La différence pourrait être que la veuve de Sarepta va recevoir une récompense immédiate, et durable : "Et la jarre de farine ne s’épuisa pas, et le vase d’huile ne se vida pas, ainsi que le Seigneur l’avait annoncé par l’intermédiaire d’Élie." Celle du Temple ne voit pas de récompense, et n'en attend certes pas ; mais se peut-il que Jésus, infiniment plus grand qu'Elie, ne lui accorde pas le "centuple" ?
C’est que pour Jésus, le vrai culte, ce ne sont pas les "longues prières", mais le don, sous toutes ses formes. Car c’est dans le don que la relation à l’autre existe, et, à travers elle, la relation à Dieu. Le lieu de Dieu, ce n’est pas le Temple, mais le prochain. La pauvre veuve, comme son ancêtre de Sarepta, n’avait plus rien à perdre puisqu’elle avait tout donné. Mais, elles deux, étaient riches de leur humanité. Elles n’avaient plus rien à défendre ; débarrassées du souci d’elles-mêmes, plus rien ne les séparaient des autres ; elles étaient proches de tous. Elle n’avait plus que leurs mains vides pour recevoir le don de leur Seigneur ! Et moi ? Serais-je capable de faire un jour, aujourd’hui ou demain, dans la vie de tous les jours, complètement confiance à Dieu, mon Seigneur ?
Serais-je capable, un jour, de donner jusqu'au bout, même de mon "nécessaire", même de mon "indigence" ? Tour simplement ma vie ! Et il y a mille manières de le faire au long des jours ! Sous forme d’avertissement, aujourd’hui, Jésus nous appelle à être ses disciples dans notre monde. Et l’accueil de l’autre, et le partage des richesses sont certainement parmi les principaux défis de notre vivre ensemble demain. - 11 novembre 2018

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