Textes spirituels

Règle de saint Benoît

Commentaires sur
la Règle


Homélies

Méditations

Références bibliographiques



Formations, stages


HOMELIE

01 novembre
année 2017-2018

Fête de la Toussaint
01 Novembre 2018
PROFESSION SOLENNELLE DE FRERE PAUL JACQUES MEUNIER
(Ap 7, 2-4, 9-14 ; Ps 23 ; 1 Jn 3, 1-3 ; Mt 5, 1-12)
Homélie du Père Abbé Luc

Frères et sœurs,
Cette fête de tous les saints est comme une fenêtre entrouverte sur la vie future… Sans bien voir encore, en espérance et dans la foi, la liturgie nous donne de pressentir, comme une promesse, tout le poids de lumière, de vie et d’amour qu’aura la Vie éternelle en Dieu. Les saints connus pour quelques-uns et inconnus pour beaucoup prennent déjà part à cette joie. Quant à nous, les saints en devenir, nous tendons vers cette joie, dans ce monde que nous habitons. Notre foi nous assure que la vie en ce monde porte déjà l’empreinte de la vie à venir. En creux, en attente, en espérance, en gestation aussi, comme les lectures nous l’ont fait comprendre. Gestation dans la souffrance de tant d’êtres passés par la grande épreuve. Gestation dans la quête de justice, de la paix, de miséricorde, de la douceur qui ouvre les voies du bonheur. Gestation aussi reçue comme une grâce, celle de devenir enfants de Dieu par le bon vouloir de Dieu notre Père… F. Paul, ta vie déjà bien remplie au service de l’évangile avec tes frères de la Mission de France, t’a donné d’entrer dans ce grand mouvement de gestation. Ce matin, tu vis ton engagement par la profession solennelle dans la continuité de ton baptême et de ton ordination sacerdotale. Comme nous le priions au début de cette célébration, tu désires que « la grâce de ton baptême et de ton ordination, fortifiée par les liens nouveaux de la profession monastique s’épanouisse dans toute sa plénitude »… La profession que tu vas prononcer te fait entrer dans des liens nouveaux avec cette communauté ainsi que dans une suite du Christ renouvelée par la vie monastique sous une règle et un abbé. Tel est l’appel que tu as entendu et telle est la réponse que tu souhaites donner au Christ comme un aboutissement, afin de le servir jusqu’au bout de tes forces. D’une manière renouvelée, la vie monastique que tu embrasses va faire de toi un veilleur, un missionnaire et un ami du Christ. Je voudrais mettre en lumière ces trois points maintenant.
Veilleur. Comme moine, nous aimons ce mot. Car il est un de ceux qui qualifie peut-être le mieux notre quête. Veiller dans la prière, le jour, la nuit. Veiller dans l’attente du Jour de la Rencontre avec le Christ qui vient. Veiller pour être prêt à l’accueillir au jour de notre mort. Par notre veille, nous essayons de tenir toujours allumée notre lampe, la lampe de notre disponibilité, la lampe de notre amour, tendu vers cet avènement du Christ qui donnera sens à cette profonde gestation à l’œuvre en notre monde. La prière des heures qui rythme nos journées fait de nous des veilleurs pour le monde. Par nos voix, montent les cris, les désirs, mais aussi les joies de tant d’hommes et de femmes qui ne savent pas bien vers qui se tourner pour dire leur détresse ou leur reconnaissance. En reprenant la prière plurimillénaire des psaumes, nous entrons dans le grand cortège des priants qui ont veillé, donnant du poids et du sens à toutes les quêtes humaines plus ou moins tâtonnantes. Nous aussi, nous cherchons, nous doutons et nous croyons. Avec toute l’Eglise, par cette prière liturgique, nous voulons nous offrir à l’œuvre de Dieu, à la brise légère de son Souffle qui en nous gémit le nom du Père, nous apprenant les mots de la confiance filiale. De manière voilée, encore imparfaite, notre veille dans la prière atteste de notre espérance en Dieu car déjà elle s’unit à la prière des anges rapportée dans la première lecture : « Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le trône et à l’Agneau »…
Missionnaire. A la suite de Ste Thérèse, aimée à la Mission de France, par la profession monastique, ta mission ne s’arrête pas. Mission par le témoignage d’une vie cachée dans la continuité de la vie en Chine. Mission pour donner au mot « heureux » tout son poids évangélique tel que la charte des béatitudes nous l’a fait entendre. F. Paul, tu choisis de témoigner que la recherche du bonheur est exigeante. Elle n’est pas assouvie par les seuls plaisirs de la vie. Non, le bonheur que St Benoit nous propose de vivre passe par la conversion de la part obscure de nous-mêmes. Par l’obéissance, par le renoncement à ta volonté propre, tu vas entrer dans cette pauvreté de cœur qui sait tout recevoir avec gratitude. Par les aspérités de la vie commune qui exerce notre patience, tu découvriras que la douceur avec soi et avec les autres peut vaincre beaucoup d’amertumes. Lorsque tu ressentiras des injustices, tu apprendras que la miséricorde et la recherche de la paix valent toujours mieux que la vengeance ou la rancune. Rude chemin des béatitudes que la vie monastique nous fait parcourir jour après jour, mais chemin balisé et orienté par cette promesse que peu à peu le cœur sort de soi, s’élargit, car l’amour de Dieu y prend place.
Ami. L’amitié a toujours tenu une grande place dans ta vie. L’amitié partagée avec les frères de la Mission de France, beaucoup, et avec les étudiants en Chine. Joie des relations qui s’enracine dans la joie de la relation avec le Christ. Lui, le premier est venu au-devant de toi, au-devant de chacun de nous. Avec toi, par notre baptême, devenus enfants de Dieu, nous sommes unis de façon privilégiés au Christ. Avec Lui, en Lui, par Lui, nous sommes des fils du Père. C’est ce mystère de filiation et d’amitié que tu vas approfondir au sein de la vie fraternelle. Si j’en soulignais sa part difficile souvent liée à notre étroitesse, la vie fraternelle s’offre comme un soutien, comme un espace où l’amitié avec le Christ peut se déployer au gré de m’amour partagé dans une vie très quotidienne. Les visages des frères, eux-mêmes en conversion, te montreront d’autres facettes du visage du Christ et d’autres manières d’aller à Lui. Découvrir chacun dans sa quête, avec respect et attention pour entrer dans une communion plus profonde. Ainsi la vie fraternelle tissera des liens nouveaux qui nourriront ton amitié avec le Christ. C’est cela que la profession va maintenant confesser et sceller… - 1° novembre 2018 - Toussaint

Retour à la sélection...