Textes spirituels

Règle de saint Benoît

Commentaires sur
la Règle


Homélies

Méditations

Références bibliographiques



Formations, stages


HOMELIE

23 septembre
année 2017-2018

Année B - HOMELIE du 25ème dimanche du TO – 23 septembre 2018
(Sagesse 2,12-20; Jacques 3,16 à 4,3 ; Marc 9,30-37)
Homélie de F.Guillaume

Frères et sœurs Les trois textes de la liturgie de ce dimanche que nous venons d’entendre peuvent se comprendre à différents niveaux. Le premier que je qualifierai de psychologique serait celui d’un tableau des passions humaines composées d’ambition, de rivalités, de manipulation dans une volonté de puissance et de domination sur les autres.
L’extrait du livre de la Sagesse, dans la 1ère lecture, décrit la situation du juste persécuté en raison de sa fidélité à la Loi. Nous sommes au temps de la domination grecque et les notables juifs sont tentés de composer avec le pouvoir païen. La parole de ce juste dérange. Pour le faire taire et l’éliminer, ses adversaires, qui se prétendent des sages, usent de procédés pervers, pour ne pas dire sadiques, afin de l’attirer dans des pièges, le pousser à des reniements, avec des mises à l’épreuve et des menaces de condamnation à mort. C’est ce qu’ont vécu les authentiques prophètes d’autrefois, et en particulier Jérémie, le plus souffrant et le plus persécuté des prophètes, dont la vie et la passion préfiguraient celle de Jésus.
La lettre de Saint Jacques, elle, pointe les jalousies, les tensions et les conflits qui mènent au désordre, au sein même de la communauté des croyants. Ici, c’est l’appétit des plaisirs, les convoitises qui attisent ces passions. Le tableau n’est pas brillant. Il s’étale pour susciter la honte et la confusion des correspondants de la lettre, afin de les conduire à une conversion salutaire.
Enfin, l’évangile de Marc met en avant le goût du pouvoir chez les disciples de Jésus, leur désir de prendre les meilleures places dans le futur Royaume proclamé par leur Maître. Et cela alors même que Jésus vient de leur annoncer pour la seconde fois qu’il lui fallait souffrir, être tué et ressusciter 3 jours après sa mort. Mais dans leur psychologie, cette annonce était totalement incompréhensible, car ils étaient prisonniers de leurs rêves terrestres et politiques.

A un second niveau de lecture, nous pourrions placer ces textes sur un registre moral, du bien et du mal. D’un côté, il y a des bons, des fidèles, des victimes, et nous serions enclins à nous ranger de ce côté, bien sûr. En face, les méchants, les coupables, les pécheurs responsables de toutes les injustices ou des horreurs. Lecture dualiste, par trop simpliste, car nous savons bien que les situations ne sont pas toujours aussi facilement tranchées. La vérité en morale suppose l’exercice du discernement et la juste délimitation des frontières, ce qui est plus subtil en réalité.

Nous sommes alors invités à passer à un niveau plus spirituel, plus théologal. Celui de la vraie Sagesse qui vient d’en Haut, qui est d’abord pure, puis pacifique, bienveillante, conciliante, pleine de miséricorde et féconde en bons fruits, sans hypocrisie, ainsi qu’en parle la lettre de Jacques.
Cette Sagesse, c’est celle que Salomon, jeune roi a demandé à son Dieu, plutôt que la richesse matérielle, ou la victoire guerrière sur ses ennemis. Dans une belle prière, il demandait la sagesse et le discernement afin de gouverner son peuple avec droiture et dans la vérité.
C’est aussi cette Sagesse qui jouait auprès de Dieu, comme un enfant (était-ce déjà celui de l’évangile ?) au moment de la création du monde. Elle faisait les délices du Créateur. Cette Sagesse s’est peu à peu identifiée à une Personne Divine, en qui les premiers chrétiens ont reconnu le Christ Jésus lui-même, au sein de la Trinité.
Que dit cette Sagesse, Verbe de Dieu, fait chair, venu partager notre condition humaine sur notre terre ? Elle nous enseigne la volonté d’un Père qui nous aime et elle rend témoignage à la Vérité. Mais en disant cela, elle prend à rebours les souhaits trop naturels de l’homme, épris de grandeur, de désir de possession et de domination.
« Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous, et qu’il se fasse le serviteur de tous ! » En appelant ses disciples à se servir mutuellement, Jésus les invite à se situer sur le plan de l’amour gratuit, et à faire le don de leur vie, généreusement, sans attente de retour, comme lui-même il le fera jusqu’à l’extrême, jusqu’à la mort sur une croix.

Frères et sœurs, ces textes n’ont rien perdu de leur actualité. Nous les entendons alors que notre église catholique vit un moment de crise profonde et grave. Les mots, le vocabulaire peuvent être différents : On dénoncera ainsi volontiers aujourd’hui, le cléricalisme, le consumérisme, le narcissisme ou l’individualisme, que sais-je encore... Mais la réalité des passions en jeu, le discernement moral qu’elles impliquent et qu’il nous faut exercer à leur égard, la nécessité d’une conversion spirituelle sont bien les mêmes qu’aux temps de Jérémie, de l’auteur du livre de la Sagesse, de Jésus ou de Saint Jacques. Oui, il nous faut retrouver un esprit d’enfance, de sagesse simple et humble, non pas sous un mode infantile et déresponsabilisé mais dans une attitude de confiance, d’abandon et de dépendance de tout-petits face à leurs parents. Nul ne l’exprime mieux que le psaume 130 que nous aimons chanter à l’office et à l’intime de nous-mêmes :
« Seigneur, je n’ai pas le cœur fier, ni le regard ambitieux. Je ne poursuis ni grand dessein, ni merveille qui me dépasse. Non, mais je tiens mon âme, égale et silencieuse. Mon âme est en moi, comme un enfant, un tout-petit enfant contre sa mère. Attend le Seigneur, maintenant et toujours. « AMEN - 23 septembre 2018

Retour à la sélection...